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vendredi, 13 décembre 2024

Risques d'escalade dans le conflit ukrainien. Les Européens veulent la paix!

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Risques d'escalade dans le conflit ukrainien. Les Européens veulent la paix!

Sous les auspices du Centro Studi Eurasia e Mediterraneo et de SpecialEurasia

Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2024/12/report-escalation-ris...

Introduction

Le 6 décembre 2024, le CeSEM - Centro Studi Eurasia Mediterraneo, en collaboration avec SpecialEurasia, a accueilli un événement pivot intitulé «Risques d'escalade dans le conflit ukrainien : Les Européens veulent la paix!». L'événement a rassemblé un panel impressionnant de professionnels de la chose militaire, d'analystes politiques, de diplomates et d'experts dans divers domaines pour aborder l'escalade actuelle dans le conflit ukrainien et pour explorer des solutions potentielles. Les organisateurs ont structuré l'événement autour de trois thèmes principaux : la défense, la politique et la diplomatie. Chaque section a permis de discuter des multiples facettes de la crise et de ses implications profondes pour l'Europe et l'ordre mondial.

L'appel urgent à la désescalade et à l'identification de stratégies pragmatiques pour atténuer les conséquences humanitaires, économiques et géopolitiques dévastatrices du conflit a été au cœur de l'événement. Les discussions ont abouti à la rédaction d'une proposition de paix préliminaire, reflétant les idées et les perspectives collectives des participants. Ce projet offre un cadre pour un cessez-le-feu et des négociations politiques, tout en équilibrant les besoins de sécurité de toutes les parties concernées et en promouvant la paix et la stabilité à long terme en Europe.

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Panel sur la défense : Analyse et préparation militaires

Le panel sur la défense, modéré par Giuliano Bifolchi, directeur de recherche de SpecialEurasia, a fourni un examen détaillé des vulnérabilités militaires de l'Europe compte tenu du conflit ukrainien.

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L'analyse du général Francesco Cosimato (photo) était une critique serrée des mécanismes de défense fragmentés de l'Europe. Il a plaidé pour la mise en place d'une stratégie militaire européenne cohérente et indépendante afin que l'Europe puisse sécuriser ses frontières et protéger ses citoyens sans dépendre uniquement d'acteurs extérieurs, tels que les États-Unis.

Le général Cosimato a mis en évidence des lacunes importantes dans l'infrastructure militaire de l'Europe, notamment des systèmes d'artillerie obsolètes, l'absence de capacités suffisantes en matière de missiles à longue portée et une capacité de transport aérien stratégique inadéquate. Selon lui, ces lacunes exposent l'Europe à des menaces conventionnelles et non conventionnelles. Il a noté que, si la défense collective de l'OTAN est solide dans certains domaines, elle s'est avérée insuffisante pour faire face à la nature dynamique de la guerre moderne, en particulier avec l'avènement des tactiques de guerre hybrides.

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Le lieutenant-colonel Fabio Filomeni (photo) a développé ces préoccupations, soulignant que la nature de la guerre a considérablement changé au 21ème siècle. La guerre électronique, les cyberattaques et l'utilisation de drones et de missiles hypersoniques définissent de plus en plus les conflits modernes. M. Filomeni a mis en garde contre le fait que si les armes de pointe peuvent modifier l'équilibre des forces sur le champ de bataille, la technologie à elle seule ne garantit pas le succès stratégique. Il a souligné l'importance d'une planification globale, d'une formation solide et de capacités logistiques. Il a critiqué la gestion de la crise ukrainienne par l'Union européenne, soulignant que Bruxelles n'avait pas réussi à adopter une politique cohérente à l'égard de la Russie. M. Filomeni a décrit l'approche de Bruxelles comme un double standard, prônant d'une part la diplomatie et soutenant d'autre part des mesures militaristes qui ont entraîné une escalade du conflit. Selon lui, cette attitude a exacerbé les tensions avec la Russie et n'a pas permis d'engager les négociations nécessaires à la résolution de la crise.

La discussion a pris une tournure plus féconde lorsque le panel a examiné les risques d'escalade du conflit vers une guerre plus large impliquant l'OTAN. Les intervenants ont souligné que l'utilisation potentielle par l'Ukraine d'armes à longue portée fournies par les États-Unis et le déploiement par la Russie de missiles hypersoniques étaient la preuve que les enjeux s'intensifiaient. Ces armes ne menacent pas seulement les capacités défensives de l'OTAN, mais soulignent également la fragilité de l'architecture de sécurité de l'Europe. Les experts ont averti que toute nouvelle provocation pourrait conduire à une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie, avec des conséquences catastrophiques pour la sécurité européenne.

Le groupe d'experts a également examiné les implications de la guerre hybride, en soulignant l'importance croissante des cyberattaques, des campagnes de désinformation et d'autres formes de guerre non traditionnelles. Selon eux, ces tactiques pourraient avoir un impact déstabilisant sur les infrastructures critiques, les systèmes politiques et la confiance du public dans les institutions gouvernementales. Les intervenants ont souligné la nécessité d'un cadre de sécurité global qui prenne en compte non seulement les menaces militaires conventionnelles, mais aussi la nature évolutive de la guerre hybride et de la cyberguerre.

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Panel politique : Les erreurs stratégiques de l'Europe

Le panel politique, modéré par Stefano Vernole, responsable des affaires étrangères au CeSEM, s'est concentré sur l'approche politique de l'Europe dans le conflit ukrainien et a critiqué son incapacité à agir en tant que médiateur neutre.

Gianni Alemanno et Roberto Vannacci ont tous deux affirmé que l'Union européenne n'avait pas réussi à s'affirmer en tant qu'acteur indépendant dans cette crise, choisissant au contraire de s'aligner inconditionnellement sur les politiques américaines. Cet alignement, selon les intervenants, a exacerbé les vulnérabilités économiques de l'Europe, en particulier dans le secteur de l'énergie, tout en négligeant les intérêts stratégiques plus larges de l'Europe.

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La critique de Gianni Alemanno (photo) sur le cadre géopolitique et politique intérieur actuel de l'Italie met en lumière la complexité et les contradictions de son orientation stratégique. Il affirme que le gouvernement italien, en particulier sous Giorgia Meloni et Mario Draghi, a adopté une position ouvertement pro-atlantique, s'alignant sur les États-Unis et les intérêts occidentaux plus larges. Cet alignement a été motivé, en partie, par des considérations économiques, telles que le maintien de faibles écarts obligataires, facilité par les notations favorables des agences basées aux États-Unis. Toutefois, M. Alemanno affirme que les coûts d'un tel alignement dépassent les avantages, l'Italie subissant d'importants revers industriels et stratégiques en raison de son éloignement de la Russie. La perte des approvisionnements énergétiques russes, qui constituaient autrefois le fondement de la croissance industrielle européenne, a précipité la désindustrialisation - une préoccupation bien plus grave que la récession cyclique, étant donné ses implications à long terme pour la structure économique de l'Italie.

Alemanno critique également les fondements idéologiques des politiques italiennes qui, selon lui, sont influencées par les objectifs géopolitiques de l'administration Biden et par l'agenda Green Deal de l'Union européenne. Selon lui, ces politiques induisent non seulement une confrontation avec la Russie, mais aussi une attaque contre la souveraineté économique européenne. Le retour potentiel de Donald Trump à la présidence des États-Unis introduit d'autres incertitudes, avec des divisions au sein des cercles politiques américains sur la façon de traiter la Russie - qu'il s'agisse de l'isoler et de la vaincre de manière décisive ou de s'engager avec elle de manière stratégique pour affaiblir les liens sino-russes. M. Alemanno suggère qu'une approche pragmatique et pacifique devrait prévaloir, contrebalançant les tendances militaristes des appareils de défense et de renseignement américains.

En ce qui concerne la situation en Ukraine, M. Alemanno prévoit un règlement éventuel impliquant un cessez-le-feu, suivi d'un processus de négociation réaliste et non idéologisé. Il défend le principe de l'autodétermination et propose la tenue de référendums sous contrôle international dans les régions contestées, comme le Donbass, afin de déterminer leur alignement. Il estime que cette approche permettrait non seulement de refléter la volonté des populations locales, mais aussi de jeter les bases d'un compromis durable. En outre, il souligne la nécessité pour la Russie d'obtenir des garanties contre l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, une concession essentielle pour les préoccupations stratégiques de Moscou en matière de sécurité. M. Alemanno étend cet argument à une vision plus large, appelant à la dissolution de l'OTAN en faveur d'une capacité de défense européenne véritablement indépendante, éloignant le continent de l'agenda militariste de l'alliance atlantique.

Enfin, M. Alemanno déplore l'érosion de la crédibilité internationale de l'Italie, qu'il attribue à ce qu'il perçoit comme une position de soumission à l'égard de Washington. Il soutient que cet alignement a compromis à plusieurs reprises les intérêts nationaux de l'Italie avec des interventions militaires dirigées par l'OTAN, qu'il considère comme contraires aux priorités stratégiques du pays. M. Alemanno reproche au gouvernement Meloni d'avoir encore affaibli la position de l'Italie, comparant la nation à un État de « troisième rang » et appelant à la fin rapide du mandat de M. Meloni. Sa vision implique un recalibrage stratégique vers un cadre politique européen plus autonome, permettant à l'Italie de recouvrer sa souveraineté et de réaffirmer sa pertinence sur la scène mondiale.

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Vannacci a développé ce point en décrivant la guerre en Ukraine comme faisant partie d'une lutte géopolitique plus large entre l'Occident dirigé par les États-Unis et la Russie. Selon lui, cette rivalité a transformé l'Ukraine en un champ de bataille par procuration plutôt qu'en une nation souveraine capable d'agir de manière indépendante sur la scène mondiale. Il a noté que l'Europe, plutôt que d'agir en tant que médiateur, s'est empêtrée dans un conflit qui sert les intérêts de puissances extérieures tout en négligeant son propre bien-être économique et politique.

Les panélistes ont également discuté de l'impact négatif de la décision de l'UE d'adopter des sanctions contre la Russie. M. Alemanno a fait valoir que ces sanctions, qui avaient pour but d'affaiblir la Russie, ont au contraire nui aux économies européennes en perturbant le commerce et en faisant grimper les coûts de l'énergie. M. Vannacci a ajouté que la décision de l'Europe de prendre parti sans comprendre clairement les conséquences à long terme a affaibli sa position géopolitique, réduisant sa capacité à négocier en position de force.

Panel sur la diplomatie : Le vide diplomatique

Le panel diplomatique, modéré par Federico De Renzi, analyste au CeSEM, s'est concentré sur l'absence d'engagement diplomatique efficace dans le conflit ukrainien.

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L'ambassadeur Bruno Scapini (photo) présente le conflit actuel en Ukraine non pas comme une question bilatérale entre la Russie et l'Ukraine, mais comme une manifestation d'une lutte géopolitique plus large impliquant des entités puissantes au-delà de la région immédiate. Il décrit la situation comme une tentative délibérée de déstabilisation des systèmes mondiaux, facilitée par l'érosion des valeurs traditionnelles telles que la famille et la paix. Selon M. Scapini, cette déstabilisation est due à la domination du « capital mondialisé » et au remplacement de la gouvernance politique par une élite technocratique. Il affirme en outre que la prévalence croissante des conflits militaires dans le monde - plus de 350 au total, dont 250 sont actuellement en cours - reflète l'ascendant de la militarisation sur le désarmement et la paix. Dans son analyse, la rhétorique contre la Russie et la Chine sert de mécanisme pour soutenir les moteurs économiques alimentés par les intérêts militaro-industriels, faisant du conflit ukrainien un champ de bataille idéologique pour les élites américaines qui cherchent à saper la souveraineté territoriale et politique de leurs adversaires.

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L'ambassadeur Marco Carnelos (affiche, ci-dessus) situe le conflit dans le contexte du déclin de l'hégémonie de l'Occident, marquant un moment charnière qui rappelle la crise des missiles de Cuba en 1962 ou le prélude à la Seconde Guerre mondiale en 1938. Il affirme que l'issue de la guerre déterminera non seulement le sort de l'Ukraine, mais aussi l'équilibre mondial des pouvoirs, et qu'une victoire russe est le scénario le moins préjudiciable. M. Carnelos critique la fourniture d'armes à longue portée à l'Ukraine, suggérant qu'elle découle de calculs politiques intérieurs américains sous la direction du président Biden, visant à contraindre ses rivaux politiques. Il souligne également que la crise de la dette mondiale est un facteur qui entrave la prise de décision stratégique. M. Carnelos met en garde contre l'absence d'options de cessez-le-feu viables et souligne l'intérêt de la Chine dans le conflit, affirmant qu'une défaite russe laisserait Pékin isolé et en concurrence avec l'Union européenne.

Les deux diplomates ont souligné les conséquences profondes du conflit sur le paysage géopolitique européen. M. Scapini met l'accent sur la dimension idéologique, suggérant que les récits occidentaux contre la Russie et la Chine renforcent la militarisation et servent les intérêts des élites. Carnelos, quant à lui, critique le rôle de plus en plus fragmenté de l'Union européenne, la décrivant comme une entité géographiquement limitée, façonnée par l'influence balte et polonaise, la Grande-Bretagne continuant à dicter les orientations stratégiques malgré son départ du bloc qu'est l'UE. Il établit des parallèles historiques avec les moments de menace existentielle du 20ème siècle, affirmant que l'UE doit redéfinir sa position stratégique pour éviter l'escalade et délimiter une frontière durable entre elle et la Russie.

En fin de compte, les deux points de vue convergent sur l'idée que la guerre en Ukraine illustre les crises systémiques plus larges du monde moderne. Ils soulignent l'érosion des structures de pouvoir traditionnelles, la montée en puissance de la technocratie et la militarisation croissante des relations internationales. Les réflexions de Scapini et Carnelos soulignent la nécessité de repenser les cadres de gouvernance mondiale et de s'attaquer aux forces sous-jacentes à l'origine de ces conflits. En l'absence de tels efforts, le système international semble prêt à s'enfoncer davantage dans la déstabilisation et la confrontation.

Conclusion

L'événement s'est conclu par la formulation d'un projet de proposition de paix destiné à répondre à l'escalade du conflit en Ukraine et à préparer le terrain pour une stabilité à long terme. La proposition, qui est le fruit d'un effort collectif des participants, comprend plusieurs recommandations clés visant à désamorcer le conflit et à favoriser une paix durable.

Principaux éléments de la proposition

    - Cessez-le-feu immédiat : Un appel à toutes les parties concernées pour qu'elles s'engagent immédiatement dans un cessez-le-feu afin d'éviter de nouvelles pertes humaines et destructions.

    - Négociations en vue d'un accord politique : Après le cessez-le-feu, un processus de négociation global devrait être lancé pour répondre aux préoccupations territoriales et sécuritaires de la Russie et de l'Ukraine.

    - Adhésion de l'Ukraine à l'UE sous conditions : L'Ukraine devrait être autorisée à adhérer à l'Union européenne, ce qui renforcerait ses liens économiques et politiques avec l'Europe. Toutefois, l'accord devrait explicitement stipuler que l'Ukraine n'adhérera pas à l'OTAN et qu'elle n'accueillera pas de bases militaires de l'OTAN sur son territoire.

    - Suppression des sanctions et renouvellement des relations commerciales : Les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie devraient être progressivement levées, sous réserve du respect de l'accord. Parallèlement, Bruxelles et Moscou devraient envisager de nouvelles relations commerciales et économiques afin de rétablir la confiance mutuelle et la coopération.

    - Il est nécessaire de comprendre et de prendre en compte les intérêts de la Russie. Il est nécessaire de procéder à une évaluation indépendante complète des raisons objectives de l'escalade militaire de la Russie.

Ce cadre reflète le consensus entre les participants selon lequel une solution durable doit équilibrer les préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité, tout en favorisant l'interdépendance économique et la stabilité régionale. En privilégiant le dialogue et le pragmatisme à la confrontation, la proposition offre une voie pour mettre fin au conflit et prévenir une nouvelle escalade. La proposition de paix n'est pas seulement un appel à la fin des hostilités, mais une vision à long terme pour une Europe plus équilibrée et plus pacifique.

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