dimanche, 30 mars 2025
Nord Stream, Trump et l'auto-tromperie européenne
Nord Stream, Trump et l'aveuglement européen
Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2025/03/nord-stream-trump-und-der...
Washington négocie, Moscou parle - et l'Europe s'indigne en s'imaginant être une "coalition des volontaires" au sommet sur l'Ukraine à Paris, tel un végétalien offusqué lors d'un barbecue.
Imaginez : la Russie et les États-Unis négocient sur Nord Stream - sans les Européens. Et à Bruxelles, c'est le choc collectif. Comment osent-ils ? Après tout, nous sommes censés être des "partenaires".
Mais la réalité est que l'Europe ne joue plus aucun rôle. Et ce n'est pas parce que de méchants puissants se seraient ligués contre nous, mais parce que nous nous sommes délibérément mis hors jeu. Pendant que Washington et Moscou pratiquent la Realpolitik, l'UE se livre à des discours idéologiques sur les budgets CO2, l'égalité des genres dans le réchauffement climatique et sur le climat du globe en 2100.
Le nouvel impérialisme énergétique: ressources, pouvoir et dépendance
Les États-Unis ne pensent plus en termes de partenariats - ils pensent en termes d'axes de pouvoir. Le Canada fournit des ressources, les États-Unis le capital, et l'Europe… éructe de l'indignation. Pas étonnant donc que Donald Trump souligne à nouveau au printemps 2025 que le Canada est "de facto déjà le 51ème État" - une phrase qu'il a lâchée avec un sourire suffisant lors d'une apparition de campagne en Ohio. Derrière cette prétendue plaisanterie se cache un sérieux d'ordre géopolitique : les États-Unis ont un intérêt vital à devenir complètement indépendants sur le plan énergétique - et le Canada, avec ses gigantesques réserves de pétrole, de gaz et d'uranium, est le réservoir de matières premières naturel de l'empire américain.
La cupidité visant à s'emparer de l'énergie enfouie dans le sol canadien n'est pas un réflexe colonial, mais un calcul stratégique. Pendant que l'Europe discute d'éoliennes, les États-Unis s'assurent l'accès aux fondementaux de la domination technologique et militaire - avec un sourire aimable et un calcul géostratégique. Le Canada fournit, l'Amérique dirige - et l'Europe paie la note. Indignation. Pendant que Trump et son équipe disent ouvertement de quoi il s'agit - ressources, énergie, autonomie stratégique - Bruxelles reste abasourdie. On ne parle pas ainsi dans une "communauté de valeurs" (libérales-atlantistes) !
Marco Rubio résume la situation: sans énergie bon marché, pas de leadership technologique. Pas de prospérité. Pas de souveraineté. Point. Particulièrement dans le domaine de l'intelligence artificielle, selon Rubio, il se révélera qui possède la base énergétique pour le pouvoir futur. L'IA sera si énergivore que seul l'accès à une électricité bon marché déterminera la domination ou l'insignifiance.
L'intelligence artificielle consomme de l'énergie - l'idéologie verte consomme des opportunités
Quiconque croit que l'Allemagne peut se positionner comme un leader numérique sans assurer un approvisionnement énergétique stable et bon marché vit dans une illusion techno-romantique. Un seul cluster de calcul pour l'IA générative consomme aujourd'hui plus d'électricité que certaines petites villes. Ainsi, celui qui dispose d'électricité bon marché gouverne l'avenir. Celui qui n'en a pas sera au mieux un spectateur.
Cependant, l'Allemagne a décidé de ne pas se lancer dans cette course - ou pire encore: de la mener avec le frein à main tiré. Le dogmatisme vert, jadis camouflé en protection climatique, est aujourd'hui un programme d'entrave à la croissance. Il détruit la création de valeur industrielle, empêche la souveraineté technologique et transforme un site industriel autrefois leader en musée climatiquement neutre.
L'Allemagne se démantèle - la Chine construit
Pendant que l'Allemagne démolit des centrales électriques, la Chine en construit de nouvelles - chaque semaine. Il n'est pas surprenant que Pékin raffine aujourd'hui plus de pétrole que toute autre nation. Ils parlent d'un avenir vert, mais ils agissent dans le présent. Ils font les deux. Énergie éolienne pour l'image, charbon pour la croissance. En Chine, le contraste entre l'ambition verte et la réalité des énergies fossiles n'est pas un dilemme, mais une stratégie.
En revanche, en Allemagne, la politique énergétique a été menée avec un mélange d'hubris, d'hystérie et d'impuissance. La sortie complète du charbon, du pétrole et du gaz, accompagnée d'une exaltation morale et d'une ignorance technique, s'apparente à un suicide industriel volontaire. Même si Robert Habeck a depuis quitté ses fonctions, ses décisions politiques résonnent comme un avertissement économique.
Dépendance au gaz russe ? Une illusion orchestrée
Tout cela repose sur un mythe qui a été traité dans les médias et les parlements allemands comme un credo : la prétendue dépendance dangereuse au gaz russe. Mais ceux qui argumentent ainsi confondent partenariat stratégique et vulnérabilité à l'extorsion. La Russie a été un fournisseur d'énergie fiable pendant des décennies - même pendant la guerre froide. Il n'y a pas eu d'arrêts de livraison motivés politiquement, mais des contrats à long terme, des prix équitables et une prévisibilité mutuelle. La véritable dépendance commence là où l'on se prive volontairement d'accès aux ressources - pas là où l'on achète par prudence économique.
Aujourd'hui, l'Allemagne n'est pas davantage souveraine, mais est devenue encore plus dépendante - du gaz de schiste américain, du GNL volatil du marché mondial, des importations d'électricité en provenance d'autres pays. Pourtant, ces dépendances sont considérées comme idéologiquement correctes, car elles correspondent au narratif atlantiste.
Ce que nous vivons, ce n'est pas le prix de la liberté, mais la facture de la folie politique. Et elle ne se paie pas en euros, mais en compétitivité perdue, en dépendance technologique - et dans un avenir où d'autres décident de qui ouvre le robinet et de qui reste dans l'obscurité.
La politique énergétique est une politique de sécurité
La leçon est simple : la politique énergétique n'est pas une question de morale, mais de sécurité nationale. Qui se sépare volontairement des combustibles fossiles sans garantir des alternatives s'auto-démantèle - économiquement, géopolitiquement et technologiquement. Qui pense qu'il peut marquer des points avec une indignation morale dans un monde d'intérêts durs n'a ni compris Clausewitz ni le présent.
Pendant que l'on mène à Berlin des débats sur les pompes à chaleur, l'égalité des genres dans l'approvisionnement énergétique et des élucubrations de l'ex-gouvernement "feu tricolore" sur le CO2 dans les cantines scolaires, d'autres pays programment des réseaux neuronaux, modernisent leurs réseaux électriques - et s'assurent l'accès à ce qui propulse l'avenir numérique : une énergie bon marché, disponible à tout moment.
Le vide géopolitique
L'Europe n'est pas mise à l'écart. Elle s'est auto-démolie. Cela se manifeste notamment dans la manière dont les États-Unis et la Russie négocient sur des projets d'infrastructure européens centraux comme Nord Stream - en excluant l'Europe. Comme le rapportait Politico tout récemment, des diplomates de l'UE s'expriment avec incrédulité sur le fait que Washington et Moscou ont déjà depuis longtemps mené leurs entretiens sur l'avenir des pipelines de manière bilatérale. Un des interlocuteurs cités parle même de "folie" qui laisse l'Europe sur le côté.
Mais cette "folie" n'est que la conséquence logique du vide géopolitique que l'Europe a créé elle-même.
Lorsqu'on déclare que chaque politique visant la défense des intérêts propres est une dangereuse hérésie et que l'on pose chaque partenariat stratégique avec la Russie comme une trahison, il ne faut pas s'étonner si d'autres décident de nos destinées. Pendant que la Russie préserve ses leviers géopolitiques et que les États-Unis en tirent une nouvelle pression sur l'Europe, le continent reste pur spectateur. On s'est éloigné de la réalité - et on s'étonne maintenant que personne ne demande plus ce à quoi l'Europe aspire réellement. Maintenant que Washington négocie avec la Russie à propos de Nord Stream, on se frotte les yeux avec étonnement. Pourtant, l'exclusion était prévisible. On a cru qu'avec une supériorité morale (auto-proclamée), on pourrait remplacer le réel incontournable de la géopolitique. Mais au final, ce n'est pas le "vertueux" qui gagne - mais celui qui contrôle le robinet de gaz.
En conclusion
Qui ne prend pas place à la table figure comme plat suggéré par le menu. L'Europe a volontairement cédé sa chaise - et essai maintenant de se vendre comme un beau bibelot, aux allures éthiquement correctes, trônant sur la cheminée du bureau principal de l'institution mondiale de la géopolitique.
19:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, énergie, géopolitique, politique internationale | |
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La comédie du kit de survie
La comédie du kit de survie
Jordi Garriga
J’ai récemment regardé une vidéo mettant en scène une femme nommée Hadja Lahbib. J’ai fait quelques recherches et j’ai appris qu’elle est l’actuelle commissaire européenne chargée de la préparation aux crises, de la gestion des crises et de l’égalité. J'ai dû relire le titre : gestion de crise et égalité. Je me demande encore ce que cela veut bien pouvoir dire. Cela m'a rappelé une blague des années 1980, lorsqu'une émission humoristique à la télévision catalane parlait du « département de l'optique et de l'élevage » d'une ville. Le 21ème siècle dépasse l’humour absurde du 20ème siècle.
Cette femme, née en Belgique, que 99% des Européens n'ont jamais entendu parler ni pour laquelle ils ont voté, apparaît dans une vidéo et dit sur un ton humoristique, dans une performance conçue pour les personnes à capacité cérébrale limitée, que nous devrions préparer un kit d'urgence en cas de guerre ou de quelque chose de similaire. J'étais abasourdi.
C'est la même femme qui, en tant que ministre belge des Affaires étrangères, a déclaré en 2023 : « La meilleure façon de protéger la Belgique est d'envoyer des F-16 en Ukraine ». Dit et fait, puisqu'en mai 2024 elle a annoncé que la Belgique enverrait 30 avions de combat F-16 d'ici 2028. Et maintenant il semble que cela ne suffira pas à « protéger » la Belgique (ni l'Europe) et elle nous exhorte à nous préparer à une éventuelle guerre sur le territoire belge, puis européen.
J’ai le sentiment que nous ne sommes pas traités comme des enfants immatures pour qui il faut édulcorer les choses, mais comme des animaux de ferme. Selon eux, il suffit de rester immobile dans un coin, de faire des provisions de nourriture pour trois jours et d'attendre les instructions. Aucun besoin spirituel, force mentale ou quoi que ce soit, n'est évoqué. Ni aucune doctrine civique. Au moins dans les temps jadis, il y avait un service militaire où l'on apprenait à utiliser correctement une arme et à se coordonner avec les autres. Il n'existe pas non plus de kit familial (couvrant les besoins des enfants et des bébés, des personnes âgées, des handicapés) puisque les esclaves n'ont pas de famille... C'est un kit pour un adulte individuel et fonctionnel qui fait confiance à son gouvernement: à ce même gouvernement qui nous a mis dans cette situation.
En Espagne, nous avons récemment vécu la tragédie des inondations à Valence. C’était très semblable à une guerre et nous avons tous vu ce qui s’est passé et ce qui se passe encore en ce moment. Dès la première minute, des groupes organisés ont commencé à voler et à piller, alors imaginez ce que cela serait dans une situation de guerre avec des individus armés. Un individu isolé ne pourra rien faire si un groupe de pillards rôde dans son quartier, donc la seule chose qui sera efficace (comme cela a toujours été le cas), c'est la protection communautaire entre voisins, avec des chefs de famille organisés et hiérarchisés pour contrôler la zone et s'assurer que les fournitures et la nourriture parviennent à toutes les familles. Le kit individuel est une mauvaise blague commise par un groupe de politiciens qui vivent dans une réalité parallèle à celle du peuple.
La meilleure preuve en est toutes les blagues, les gags et les mèmes qui lui sont dédiés et le rire qu'il apporte à tout le monde. Personne n’est allé au supermarché en désespoir de cause pour faire des provisions. Tout n’est donc pas perdu.
La réalité dans laquelle vit le peuple est une réalité où vivent des gens misérablement connectés à des machines pour survivre, qui dépendent de médicaments, des gens à qui on n'a jamais pardonné de ne pas payer d'impôts, de ne pas payer de loyer, où beaucoup d'entre eux n'osent même pas allumer le chauffage parce qu'ils n'en ont pas les moyens et doivent allumer la machine à laver certains jours à certaines heures. L'histoire du kit, c'est quelque chose qui les fait rire: il y a quand même de l'humour dans cette colossale bêtise officielle.
On nous propose donc un kit qui comprend des choses comme :
- Une radio alimentée par batterie pour écouter les annonces et les avertissements du gouvernement. Espérons que ni le gouvernement valencien ni l'Agence météorologique espagnole ne s'en chargent.
- Des espèces. Je pense que c'est parfait que l'on découvre maintenant la valeur de l'argent liquide, qui, soit dit en passant, est pratiquement inexistant dans les foyers et les poches de la plupart des Espagnols. De plus, personne ne se souvient que dans une vraie guerre, le papier-monnaie ne vaut rien, puisque le règne du troc est alors rétabli (des choses réelles en échange de choses réelles).
- Tout le monde a généralement le reste du contenu du kit à la maison. Les politiciens et les riches sont les seuls à devoir se souvenir des choses essentielles parmi la montagne d’objets qu’ils possèdent et qui leur confèrent un statut.
En bref : le kit de survie est une autre excuse pour vendre de la peur, pour rester au pouvoir et pour se préparer à une guerre improbable à l’Est contre la Russie pendant que l’Afrique et l’Amérique s’établissent en Europe par le Sud, détruisant véritablement toute identité digne d’être défendue. Peut-être que la Belge Hadja Lahbib, le cas échéant, sortira pour la défendre.
17:55 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, kit de survie, hadja lahbib | |
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Stig Wikander et le Männerbund indo-européen
Stig Wikander et le Männerbund indo-européen
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/03/20/stig-wikander-och-de...
Pour les historiens ayant abordé la thématique du Männerbund indo-européen, le Suédois Stig Wikander (1908-1983) est un nom devenu presque mythique, notamment en raison de sa thèse Der arische Männerbund: Studien zur indo-iranischen Sprach- und Religionsgeschichte publiée en 1938. Elle a été beaucoup plus difficile d'accès que l'œuvre tout aussi novatrice d'Otto Höfler, Kultische Geheimbünde der Germanen, qui a d'ailleurs influencé Wikander. Ce dernier est ensuite devenu professeur de sanskrit. Cet iranologue et indologue semble avoir été un homme de droite ; il a écrit, entre autres, la préface à l'un des ouvrages de Bertil Lundman et était ami avec Georges Dumézil.
À l'occasion de la nouvelle année iranienne, nous avons plusieurs fois, ou au moins une fois, abordé différents aspects de la tradition et de l'histoire de nos cousins indo-européens d'Orient. Il peut donc être intéressant de signaler que Der arische Männerbund vient d'être traduit en anglais et est désormais disponible sur Amazon. Le traducteur, Tom Billinge, est d'origine anglaise et grecque, et a un parcours peu commun puisqu'il a étudié l'histoire et la mythologie tout en pratiquant les arts martiaux. Billinge a notamment publié WarYoga et Undying Glory: The Solar Path of Greek Heroes. Je ne les ai pas encore lus, mais qu'importe, c'est un projet prometteur (le site de Billinge est à recommander: https://tombillinge.com/). La traduction de Wikander est de bonne qualité, à une exception près (de longs passages en vieil-iranien et autres langues similaires n'ont pas été traduits).
Comparée à l'œuvre fascinante d'Höfler, la thèse de Wikander est plutôt un véritable casse-tête linguistique et mythologique. Wikander suit des termes obscurs comme merak et ziyanak à travers des documents historiques, il compare les marya védiques et les mairyo avestiques, et il explore les liens entre Agni, Rudra et Indra. Peu à peu, un tableau d'anciens cultes et de dieux plus anciens, qui ont été diabolisés au fil du temps, se dessine : "dans l'Avesta, Indra et les maryas ont été diabolisés", "nous voyons la lutte entre le cercle autour de Zarathoustra et certains représentants du culte mithraïque". Certains aspects de ce dernier culte ont été adoptés par les adeptes de Zarathoustra, d'autres non (comme l'Aesma). Intéressante est la reconstruction d'Aesma par Wikander, avec des éléments comme un culte haomatique extatique et une "chasse sauvage" ressemblant aux marut d'Indra (comparer à Odin et aux koryos). Son symbole cultuel est un gourdin sanglant, le drafsa ; Wikander écrit "il doit s'agir d'un culte dont les caractéristiques principales sont la vénération des morts, les festivals sacrificiels orgiaques, le lien avec les organisations martiales et une attitude positive envers les forces sombres et démoniaques de la vie". Ce culte semble avoir été particulièrement fort dans le nord-est de l'Iran.
Der arische Männerbund est une étude sur les transformations religieuses qui ont eu lieu dans l'espace irano-indien. Les dieux et les mythes sont "zoroastrianisés" au fil du temps, des représentants du Männerbund deviennent des dieux de la nature, des mots qui étaient chargés positivement deviennent négatifs et finissent par être oubliés. Même le Männerbund subit des transformations : "le chef ou le roi peut appartenir au Männerbund et occuper une position de leader en son sein ; il peut aussi complètement se subordonner au chef et il peut également être utilisé comme force de police ou garde du corps. Ou le Männerbund maintient sa position indépendante, ou, peut-être, exerce-t-il une certaine influence sur le pouvoir royal – ou, au contraire, entre en opposition hostile avec lui et la société, se dégradant en une organisation secrète et terroriste". Le rôle du Männerbund en tant que représentant de l'ordre politique et de la justice est mis en avant par Wikander, y compris son rôle en tant que faiseur de rois. L'État chez les Indo-Européens ne naît pas de la famille mais du Männerbund (même si ce dernier peut, comme on le sait, se retourner contre elle et contre le peuple).
Il est intéressant de noter que même lorsque l'ancien culte, relié entre autres à mairyo, Taxma Urupi, haomawarga et d'autres représentants du Männerbund, a sombré dans l'oubli, il est resté dans la mémoire. Lorsque Feredun a mené une révolte nationale, il a ordonné aux forgerons de lui fabriquer une "massue de combat à tête de taureau", "car il les connaissait grâce aux anciennes traditions". La massue, si semblable à l'arme sanglante d'Aesma, était aussi nécessaire que le bannière "drafs-i-kavyan" pour le succès du combat. Ce ne fut d'ailleurs pas la dernière fois que le Männerbund iranien joua un rôle décisif dans la liberté de la nation. Wikander note que nous avons affaire à une forme sociologique qui n'est pas nécessairement liée à un dieu spécifique. À ce sujet, il écrit que "la restauration de l'Iran au début du 16ème siècle a été, comme on le sait, réalisée par les Grands Maitres de l'Ordre Safavide". Les ordres et les Männerbünde ne sont pas des entités identiques, mais la similitude entre eux est significative (il faudrait comparer le Männerbund primitif à l'ordre qui a porté les Safavides au pouvoir en Iran et ensuite le Männerbund tardif aux ordres chevaleresques en Europe).
Dans l'ensemble, c'est une étude fascinante. On y trouve tout, des loups et des hommes-loups aux tueurs de dragons et aux dieux vengeurs. Les similitudes avec le Männerbund germanique sont évidentes, tout comme avec les dieux indiens. Wikander a identifié une tradition et une forme de culte qui ont été en partie refoulées mais qui ont subsisté dans l'inconscient collectif iranien. C'était de plus une tradition qui a contribué à l'indépendance de la nation en des moments cruciaux de l'histoire.
* * *
Annexe:
Euro-Synergies: L'indologue, sanskritologue et iranologue suédois Stig Wikander aurait publié plusieurs ouvrages sur les Kurdes, qui ont été traduits en langue kurde et semblent toujours circuler dans les milieux kurdes. Quelles sont les thèses sur l'histoire de ce peuple qu'a énoncées Stig Wikander et pourquoi sont-elles appréciées dans les milieux kurdes?
17:09 Publié dans anthropologie, archéologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : stig wikander, kurdes, männerbund, zoroastrisme, monde avestique, monde védique, iranologie, indologie | |
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Gouvernement mondial des juges
Gouvernement mondial des juges
par Georges Feltin-Tracol
Le 11 mars dernier, alors qu’il revenait d’un court séjour à Hong Kong, l’ancien président des Philippines de 2016 à 2022, Rodrigo Duterte, est arrêté, mis dans un avion privé sans aucune décision judiciaire et déporté à La Haye aux Pays-Bas. Les autorités philippines justifient cette forfaiture en se référant à un mandat d’arrêt international émis en secret, le 7 mars dernier, par la Cour pénale internationale (CPI). Une fois encore, cette instance se fait tristement remarquer.
Cet enlèvement confirme l’installation progressive d’un gouvernement de juges à l’échelle planétaire. L’incroyable arrestation de l’ancien président s’interprète selon deux grilles de lecture non exclusives. La première concerne le contexte politique à Manille. Ferdinand Marcos dit « Bongbong », fils de Ferdinand Marcos, chef d’État anti-communiste de 1965 à 1986, succède en 2022 à Rodrigo Duterte avec son appui officiel. Élue au suffrage universel direct lors d’un autre scrutin le même jour que la présidentielle, la vice-présidente de Marcos s’appelle Sara Duterte, l’une de ses filles. Or, très vite, les familles Marcos et Duterte entrent en conflit. Par ailleurs, si Rodrigo Duterte incline plutôt vers la Chine populaire, « Bongbong » se tourne vers les États-Unis. Les tensions entre le président et sa vice-présidente atteignent une telle violence que la Chambre des représentants vote la destitution de Sara Duterte, le 5 février 2025. Cette décision doit maintenant être entérinée par le Sénat à la majorité des deux tiers.
En ordonnant l’arrestation de son prédécesseur, toujours populaire auprès des Philippins, « Bongbong » abat une carte majeure dans la perspective des échéances législatives à venir. Pas sûr que l’actuel chef d’État philippin réussisse son pari, car la scandaleuse détention de l’ancien président électrise une grande partie de l’opinion philippine en sa faveur. Le contentieux politico-judiciaire entre les familles Marcos et Duterte arrive à son paroxysme.
Le seconde lecture de cette arrestation soi-disant légale se rapporte au rôle néfaste qu’exerce la CPI dans les relations internationales. Fondée par le sordide Statut de Rome de 1998, cette institution supranationale entreprend des enquêtes, avec l’assistance d’ONG complices souvent subventionnées, organise des procès selon le droit anglo-saxon et prononce des condamnations. Elle a engagé des poursuites contre Rodrigo Duterte pour meurtres, tortures et viols considérés comme « crimes contre l’humanité ». La CPI possède un tableau de chasse fourni avec, pour victimes expiatoires, l’ex-président islamiste soudanais Omar el-Béchir ou l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo finalement acquitté en 2021 après huit longues années en prison ! L’extrême gauche habituellement si rétive à toutes formes d’incarcération ne proteste guère contre ces atteintes répétées au droit des peuples.
Ces derniers temps, la CPI a lancé d’autres mandats d’arrêt internationaux, fort médiatiques, contre le président russe Vladimir Poutine (mars 2023) et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (novembre 2024) alors que la Russie et Israël ne la reconnaissent pas. Les États-Unis méprisent aussi ce machin aberrant.
La CPI viole ouvertement la souveraineté des États et se moque de l’immunité de droit accordée aux chefs d’État et de gouvernement. Elle s’attaque à tout responsable qui refuse en fait le nouvel ordre mondial des cosmopolites. En revanche, ce tribunal supranational ne s’occupe guère du complotiste d’extrême-centre de l’Élysée qui manipule les peurs collectives (pandémies, insécurité, guerre) et qui a maltraité son propre peuple au moment des Gilets jaunes, de la fumisterie dramatique du co vid et des manifestations massives contre la réforme débile des retraites.
Les magistrats hors-sol de la CPI accusent Rodrigo Duterte d’avoir commandé, soutenu et couvert des exactions pendant son mandat contre les usagers de la drogue. Le président des Philippines avait déclenché une guerre impitoyable contre les trafiquants de drogue et les consommateurs. Alors maire de Davao, il se félicitait que des unités spéciales nettoyassent quartiers et rues de toutes formes de racaille. Devenu président, il généralisa ces pratiques musclées. La CPI lui reproche donc le recours massif à des condamnations à mort extra-judiciaires. Le fléau des drogues ravage pourtant l’archipel. Rodrigo Duterte a agi en véritable « président-flingueur » et montré à ses concitoyens qu’il tenait ses promesses, quoi qu’il en coûte. À l’heure où les narco-trafics se répandent en Europe, le président Duterte devrait être remercié, célébré et salué au lieu d’être traité tel un paria. La CPI pratique l’inversion des valeurs. L’honnête homme devient un prévenu et la racaille une pauvre victime ! Honteux !
On a ici une mise en œuvre d’un nouveau délire, la toxicophobie, promu par les inévitables crasseux gauchistes. Critiquer les drogués, contester l’ouverture des salles de shoot, refuser la légalisation de la toxicomanie constitueraient des discriminations bientôt punies par la loi. Face à un fumeur de crack zombifié, il faudrait se taire, accepter et se soumettre. Et si la fameuse loi sur la fin de vie et l’assistance à mourir portait en priorité sur les drogués ? L’avortement post-natal devrait devenir un droit.
Pour revenir au président Dutertre, il est intéressant de savoir que la délivrance de son mandat d’arrêt relève d’un triumvirat de magistrates (où est donc la fameuse parité ?) d’origine ivoirienne, mexicaine et roumaine. Ce précédent devrait inquiéter les autorités belges et néerlandaises qui luttent avec difficulté contre les réseaux de narco-trafiquants qui gangrènent leurs pays. Il devrait aussi provoquer l’inquiétude chez les ministres français Retailleau et Darmanin en pointe médiatique contre ces mêmes milieux criminels. Enfin, le président salvadorien Nayib Bukele pourrait être la prochaine cible, lui qui a restauré l’ordre et la sécurité dans son pays par des moyens énergiques non conformes au dogme badintérien de l’excuse permanente accordée aux auteurs de crimes et de délits. On peut d’ailleurs s’interroger si la CPI ne serait pas sous l’influence des barons de la drogue…
La CPI croit défendre un supposé « droit international » ainsi que les mirifiques et fallacieux « droits de l’homme, de la femme, du non-binaire et d’autres genres ». Héritière des sinistres tribunaux de Nuremberg et de Tokyo si bien dénoncés en leur temps par Maurice Bardèche le visionnaire ainsi que des tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Ruanda, cet aréopage de magistrats se pose en instance supérieure capable de surveiller les États. Les citoyens qui détiennent en théorie la souveraineté politique ont-ils été sollicité pour accepter ce surplomb politico-judiciaire ? On ne le pense pas…
Des rétorsion tombent enfin sur la CPI. La Russie a pour sa part émis des mandats d’arrêt internationaux contre ses différents responsables dont son procureur en chef Karim Khan (photo). L’administration Trump a signé contre elle un décret de sanction. Il gèle ses avoirs détenus aux États-Unis; il interdit l’entrée sur leur sol de ses dirigeants, employés et agents ainsi que de leurs proches membres de famille. Certes, la CPI pourrait répliquer par des condamnations par contumace à cinq ans de prison pour quiconque limiterait son action. Or, face à Moscou, Washington et Tel-Aviv, on lui souhaite bien du plaisir d’autant qu’il est maintenant possible que des troupes étatsuniennes puissent intervenir manu militari à La Haye afin de libérer tout éventuel accusé emprisonné (citoyen étatsunien ou d’un État allié).
Des politiciens français dits de « droite nationale » critiquent régulièrement dans l’ordre intérieur le gouvernement des juges à travers l’omnipotence du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État et de la Cour de cassation. Les plus téméraires d’entre eux dénoncent aussi la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour de justice de l’Union européenne. Tous oublient l’action délétère de la CPI qui nie la volonté souveraine des communautés politiques, des peuples et des États. L’avènement d’un nouvel ordre multipolaire réellement pluriversel ne se réalisera pleinement que sur les ruines, fumantes ou non, de la Cour pénale internationale.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 149, mise en ligne le 25 mars 2025 sur Radio Méridien Zéro.
15:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, cpi, gouvernement des juges | |
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