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dimanche, 21 janvier 2024

Iran et Israël: des héritages anciens qui façonnent le Moyen-Orient

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Iran et Israël: des héritages anciens qui façonnent le Moyen-Orient

Constantin von Hoffmeister

Source: https://www.eurosiberia.net/p/iran-and-israel-ancient-legacies?utm_source=post-email-title&publication_id=1305515&post_id=140741968&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&utm_medium=email

L'ascension de l'Iran au Moyen-Orient s'inscrit dans le cadre de l'ordre multipolaire émergent, où les puissances régionales affirment leur influence, réduisant ainsi la domination unipolaire des États-Unis. Les actions de l'Iran illustrent une transition géopolitique des structures contrôlées par l'Occident vers une dynamique de puissance mondiale plus équitable.

Ce changement n'est pas uniquement une question d'alliances politiques éphémères ou de triomphes militaires fugaces ; il est au contraire profondément enraciné dans l'histoire ancienne et les héritages culturels durables qui définissent la région. Pour saisir pleinement l'importance du renforcement stratégique de l'Iran dans des pays comme la Syrie, le Liban et le Yémen, il faut plonger dans les profondeurs de l'histoire, en particulier à l'époque de l'Empire perse et de l'exil juif de Babylone.

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L'Empire perse, à son apogée, était un bastion de la diversité culturelle et de l'ingéniosité administrative. C'était un empire qui transcendait la conquête de terres ; il représentait une intégration sophistiquée de diverses cultures sous une éthique impériale singulière. Cette toile de fond historique est essentielle pour comprendre les manœuvres géopolitiques actuelles de l'Iran. L'Iran, qui a hérité de l'Empire perse, incarne un État civilisationnel qui gravite naturellement autour d'un ordre mondial multipolaire, défiant l'hégémonie unipolaire des États-Unis de l'après-guerre froide.

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L'exil juif de Babylone est un chapitre important de ce récit historique. Le judaïsme était fortement influencé par le zoroastrisme (dualisme : ciel et purgatoire, lumière et ténèbres, Yahvé et Satan, Ahura Mazda et Ahriman). Après la conquête de l'empire babylonien par le roi perse Cyrus en 539 av. J.-C., celui-ci promulgue un décret permettant au peuple juif, exilé à Babylone, de retourner dans sa patrie en Judée. Cet événement est notamment relaté dans la Bible, en particulier dans les livres d'Esdras et de Néhémie. Le décret de Cyrus permet non seulement aux Juifs de retourner en Judée, mais aussi de reconstruire le Temple de Jérusalem, qui avait été détruit par les Babyloniens. L'Empire perse, sous Cyrus et ses successeurs, a apporté un soutien politique et financier à la reconstruction du Temple, un geste qui a considérablement amélioré les relations entre les Perses et les Juifs.

Cette ancienne alliance met en évidence une mémoire historique partagée, qui transcende les alignements politiques et les clivages sectaires contemporains. C'est dans ce contexte qu'il faut envisager le potentiel d'une alliance naturelle entre l'Iran et l'Israël d'aujourd'hui. Ces deux nations, issues de trajectoires historiques riches et distinctes, se retrouvent en tant qu'entités non arabes dans une région majoritairement arabe. Cette distinction n'est pas simplement géographique ou ethnique ; il s'agit d'une caractéristique civilisationnelle profonde qui façonne leurs orientations géopolitiques.

La montée en puissance de l'Iran au Moyen-Orient ne doit donc pas être considérée de manière isolée ou comme une simple réaction à l'hégémonie occidentale. Elle s'inscrit dans un processus historique et civilisationnel plus large. Le soutien de l'Iran à ses alliés en Syrie, au Liban et au Yémen n'est pas seulement une manœuvre stratégique dans un jeu géopolitique ; c'est l'affirmation d'un rôle spécial, la reconquête d'un espace que la civilisation perse a historiquement occupé. De même, la position d'Israël dans la région, bien qu'elle soit souvent considérée à travers le prisme de la politique de l'après-guerre, est profondément liée à ses expériences historiques anciennes, notamment l'exil babylonien et la libération qui s'en est suivie.

Comme il est écrit dans la chronique du prophète Khorshidbakhsh datant de 1982 :

En vérité, dans la sagesse des temps passés, il est décrété que le Shah, gardien des anciens royaumes, reviendra au bercail. Et avec son ascension, que la lumière du zoroastrisme, aussi ancienne que les étoiles elles-mêmes, soit rallumée, brillant comme la lumière qui guide le chemin spirituel de l'État. Qu'il y ait une union forte et durable entre la vénérable terre de Perse et le peuple béni d'Israël. Ensemble, aux yeux du Très-Haut, ils se dresseront comme des piliers de force et de sagesse au milieu du Moyen-Orient. Les nations arabes qui les entourent, ces terres de mystère et de contes anciens, témoigneront de cette alliance et rendront hommage à la puissance et à la majesté de leurs protecteurs irano-juifs.

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jeudi, 18 août 2022

Kurdes : ethnologie, religion, géopolitique

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Kurdes : ethnologie, religion, géopolitique

par l'équipe de Katehon.com

Source: https://www.geopolitika.ru/article/kurdy-etnologiya-religiya-geopolitika

Groupes ethniques et tribus kurdes

Les Kurdes sont un peuple indo-européen qui, à partir d'un certain moment, a commencé à jouer un rôle important dans la région qui englobe l'Anatolie orientale, la zone nord de la Mésopotamie et le nord-ouest de l'Iran, une région précédemment habitée par les Hourrites, qui ont ensuite migré vers le Caucase.

Les Kurdes sont les descendants des Mèdes, des tribus iraniennes nomades, qui sont arrivés à la fin du IIe - début du Ier millénaire au nord-ouest de l'Iran moderne, où ils ont fondé un État appelé Mèdie. Au VIIe siècle avant J.-C., ils ont créé un immense empire, qui comprenait de nombreux peuples, territoires et langues. Le noyau des Mèdes est resté dans les mêmes territoires qui sont devenus le pôle de leur expansion, où se trouvait également leur capitale Ekbatana (la ville iranienne moderne de Hamadan). Les descendants directs des Mèdes, outre les Kurdes, sont les peuples caucasiens des Talysh et des Tat (qu'il convient de séparer strictement des Juifs des montagnes).

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Comme les Kurdes vivaient sur le territoire des anciens Hurrites et Urartiens, qui étaient également des Arméniens et des Kartvéliens assimilés, on peut supposer qu'il y avait une composante hurrite dans leur ethnogenèse. Dans le même temps, des populations captives de Houthis (Tochars), de Kassirs et de Lullubéens, que certains historiens considèrent comme des Indo-Européens, vivent depuis des temps immémoriaux dans les montagnes du Zagros, au nord-ouest de l'Iran. Ils peuvent également avoir participé à l'ethnogenèse des Mèdes et des Kurdes. L'ancien nom des Kurdes était "kurtii", en grec Κύρτιοι, et des références à eux en tant que peuple habitant les régions de l'Atropatène (Azerbaïdjan) et du nord de la Mésopotamie sont conservées dans des sources anciennes.

Dans les chroniques persanes, le terme "kurt" (kwrt) désigne les tribus iraniennes nomades habitant le nord-ouest de l'Iran, ce qui permet d'inclure les Kurdes dans la typologie des sociétés touraniennes.

On peut distinguer plusieurs groupes parmi les Kurdes :

- Les Kurdes du nord, qui forment la base du peuple kurde actuel - les Kurmanji (kurmancî), le nom - kur mancî - étant interprété comme "fils du peuple de Mèdie" ;

- La partie sud des Kurdes de Kurmanji est désignée par l'ethnonyme iranien Sorani ;

- Un groupe distinct est constitué par les Kurdes de Zaza, qui se nomment eux-mêmes dımli, dymli, et sont les descendants des peuples du nord de l'Iran qui vivaient autrefois dans la région de Dailam, au sud de la mer Caspienne (ces peuples étaient appelés "caspiens") ;

- Le peuple kurde Ghurani, qui habitait aussi autrefois la région de Daylam mais a ensuite migré plus au sud que les Kurdes de Zaza, a la même origine;

- Les plus méridionaux sont les Kurdes Kelhuri, ainsi que les tribus Feili et Laki, dont la situation est similaire,

- Auparavant, les Luriens qui vivaient dans le sud-ouest de l'Iran étaient comptés parmi les Kurdes, et aujourd'hui ils sont communément appelés Iraniens.

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Il existe également une hypothèse selon laquelle les Kurdes et les Baloutches seraient apparentés.

Contrairement aux autres peuples iraniens, les Kurdes ont longtemps conservé un mode de vie nomade, ce qui, combiné à l'habitat montagneux, leur a permis de garder intactes de nombreuses caractéristiques archaïques, entretenant ainsi un lien continu avec la culture touranienne.

Les Kurdes sont aujourd'hui un peuple important (plus de 40.000.000 d'âmes) qui vit sur le territoire de quatre États - la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran - mais qui ne dispose pas de son propre statut d'État. Ceci est également un indicateur de la préservation par les Kurdes d'une société traditionnelle affectée par la modernisation dans une moindre mesure que les peuples parmi lesquels les Kurdes vivent. Cependant, les processus de modernisation les atteignent également, ce qui a créé un "problème kurde" au siècle dernier, c'est-à-dire qu'il a soulevé la question de la création d'un État kurde séparé, car dans la Modernité politique, on ne peut penser à un peuple en dehors de l'État, c'est-à-dire à une nation politique.

La Mèdie et les polities kurdes médiévales

Dans le lore kurde, il y a l'idée de leur lien avec l'Arche de Noé. Parce que les Kurdes ont vécu dans les régions adjacentes au mont Ararat, ils se considèrent comme les descendants directs des habitants du village situé à son pied, que Noé a fondé lorsqu'il est descendu dans la vallée à la fin du Déluge. Cette même légende d'une présence autochtone et originelle dans les régions situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, dans la région du mont Ararat, se retrouve chez d'autres peuples caucasiens - notamment les Arméniens, les Géorgiens et les Tchétchènes, qui - chacun selon sa logique ethnocentrique - y trouvent un certain nombre de preuves symboliques. Les Kurdes du vingtième siècle justifient cela par leur descendance des Urartiens et des Hurrites, ce qui est toutefois généralement vrai des Arméniens, des Kartveliens et des Vainakhs, dont l'ethnogenèse - bien qu'à des degrés divers - inclut les Hurrites. Cependant, l'identité kurde proprement dite est touranienne (tribus nomades indo-européennes) et plus spécifiquement mède.

En supposant un lien génétique direct avec les Mèdes, les Kurdes peuvent être considérés comme porteurs d'une tradition étatique ancienne, antérieure à la Perse et revendiquant la succession d'un empire mondial après sa prise conjointe de l'Assyrie avec les Chaldéens de Nouvelle-Babylone. Mais aux époques suivantes, à commencer par les Achéménides, l'Iran était aux mains des Perses, qui habitaient les territoires du sud de l'Iran, et les terres de Mèdie, ainsi que l'Arménie et d'autres territoires, n'étaient que des provinces iraniennes.

À une certaine époque - après la mort d'Alexandre le Grand - les tribus nomades (touraniennes) des Parthes, qui ont fondé la dynastie des Parthes, se placent également à la tête de l'Iran, mais la base culturelle reste toujours les traditions spécifiquement persanes, ce qui devient encore plus prononcé à l'époque sassanide. Néanmoins, il existe une théorie, partagée par de nombreux historiens, selon laquelle les Parthes et les Kurdes sont apparentés, car tous deux habitaient les territoires du nord de l'Iran et appartenaient à des peuples indo-européens nomades. Plus tard, les peuples du nord de l'Iran et de l'Atropatène (Azerbaïdjan) se trouvent à la périphérie de ce processus, et lors de la vague suivante de création d'un État iranien, venant tout juste du nord sous les Safavides, les Turcs iraniens (chiites-kizilbashi) s'avèrent être la base de l'élite politique. Les Kurdes ne jouent pas un rôle majeur dans ce processus.

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Historiquement, les Kurdes, descendants des Mèdes, étaient zoroastriens, et la religion zoroastrienne de l'Iran sassanide était traditionnelle pour eux.

Dès le premier siècle de notre ère, le christianisme a commencé à être prêché parmi les Kurdes. Eusèbe de Césarée rapporte que Thomas l'Apôtre a prêché parmi les Mèdes et les Parthes. Comme les Kurdes chrétiens vivaient dans les régions orientales, le nestorianisme s'est ensuite répandu parmi eux, ce qui les a fait entrer dans l'Église iranienne. Au Kurdistan, il y avait de nombreux centres influents de la religion nestorienne qui ont joué un rôle important à cette époque - le centre d'Erbil au 16ème siècle, celui de Jezir au 17ème siècle, et la ville kurde de Kujan au 19ème siècle est devenue le centre d'un diocèse nestorien. Le miaphysisme s'est également répandu (cette fois sous influence arménienne). 

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L'expansion du nestorianisme en Asie

À partir du VIIe siècle de notre ère, lorsque l'Iran a été envahi par les Arabes, qui ont atteint le Caucase et le sud de la mer Caspienne, c'est-à-dire occupé tout le territoire historiquement habité par les Kurdes, ces derniers se sont retrouvés sous l'autorité du califat arabe et, par suite, sous l'influence de l'islam. Au début, les Kurdes ont opposé une résistance farouche aux Arabes lors de leur conquête de Holwan, Tikrit, Mossoul, Jizra et de l'Arménie du Sud, puis ils ont pris part aux révoltes anti-arabes. Petit à petit, cependant, les Kurdes eux-mêmes ont commencé à se convertir à l'Islam.

Parmi eux, l'islam sunnite du mazkhab shafiite est le plus répandu, ce qui les rapproche des musulmans du Daghestan et du Caucase du Nord dans son ensemble. Une petite minorité de Kurdes pratique le chiisme. À l'époque de la propagation du soufisme (IXe siècle), les Kurdes ont volontiers accepté ses enseignements, et le soufisme dans ses deux principales versions, naqshbandiya et kadyriya, est devenu une partie intégrante de l'islam kurde. Cependant, le soufisme ne s'est pas répandu avant le XVIe siècle.

À certaines périodes, les Kurdes ont créé des formations politiques de grande envergure et fondé des dynasties dirigeantes. L'une de ces dynasties kurdes était les Shaddadids ou Saddadides, qui ont établi un État indépendant sur le territoire de l'Albanie caucasienne aux XI-XIIe siècles. Les Saddadides pratiquaient l'islam sunnite et se présentaient comme des adeptes de l'islam, contrairement à la Géorgie et à l'Arménie chrétiennes. En 1072, la dynastie s'est divisée en deux branches: Ganja et Ani. La population des émirats de Ganja et d'Ani était majoritairement arménienne et la culture majoritairement perse.

Les Saddadides ont régné jusqu'à la fin du douzième siècle. Plus tard, les Kurdes ont reconnu la domination des Seldjoukides, avec lesquels ils étaient alliés, et ont obtenu le droit de créer une autre entité vassale, l'émirat d'Ani.

Une autre dynastie kurde a été fondée dans la province de Jebel en 959 par le chef kurde de la tribu Barzikan, Hasanwayhid bin Hasan, qui a été renversé par les Bouyides.

Une autre dynastie, la plus célèbre, fut celle des Mervanides (de 990 à 1096). Cette dynastie kurde a été fondée par Abu Ali bin Mervan bin Dustak.

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Salah ad-Din (1138 - 1193), le plus grand chef militaire du XIIe siècle, qui était d'origine kurde et appartenait à la même tribu Ravadi, dont le fondateur de la dynastie des Shaddadis - Mohammed Shaddad ben Kartu devrait être mentionné séparément.

Salah ad-Din dépose le dernier souverain chiite de l'État fatimide, élimine le califat fatimide, conquiert aux croisés d'immenses territoires du Moyen-Orient, dont la Terre sainte, et devient le sultan d'Égypte, d'Irak, du Hedjaz, de Syrie, du Kurdistan, du Yémen, de Palestine et de Libye, établissant la dynastie ayyoubide, qui existera jusqu'en 1250. Mais dans ses exploits, Salah ad-Din ne parle pas au nom des Kurdes en tant que communauté, mais au nom des Seldjoukides, au service desquels il était et sur l'armée desquels il comptait.

Néanmoins, le fait même de l'existence de dynasties kurdes confirme le modèle classique des débuts touraniens: les nomades indo-européens belliqueux sont souvent devenus les fondateurs de dynasties ou l'élite militaro-politique d'États sédentaires.

La région habitée par les Kurdes jusqu'au treizième siècle était appelée "Jebel" (littéralement, "Hautes terres") par les Arabes; plus tard, elle a été connue sous le nom de "Kurdistan". Au début du XVIe siècle, il existait de petites principautés ou émirats kurdes au Kurdistan: Jazire, Hakari, Imadia, Hasankayf, Ardelan (au Kurdistan iranien), Soran et Baban. En plus de ceux-ci, il y avait des fiefs plus petits. En outre, depuis le début du Moyen Âge (de 1236 à 1832), les Kurdes yézidis possédaient un petit émirat dans le nord de la Mésopotamie, le Sheikhan. L'"État idéal" des Yazidis, en partie politico-administratif, en partie ethno-religieux, comprenait Sheikhan et Sinjar, ainsi que la vallée sacrée de Lalesh, où se trouve le principal sanctuaire yazidi - la tombe de Sheikh Adi, le fondateur de la religion kurde du yazidisme.

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Après l'établissement de la dynastie safavide, les Iraniens ont délibérément détruit l'indépendance des principautés kurdes. Le souvenir de la résistance héroïque des Kurdes à cet égard est conservé dans les légendes kurdes sur la défense de la forteresse de Dymdım. Après la défaite du Shah par les Ottomans sous Selim I, la majeure partie du Kurdistan est passée sous la domination des Turcs, qui ont également commencé à abolir les principautés kurdes autonomes.

Pendant les conquêtes mongoles, la plupart des régions peuplées de Kurdes sont passées sous la domination des Halaguidés. Après l'écrasement de la résistance kurde, de nombreuses tribus kurdes ont quitté les plaines pour les régions montagneuses, répétant en partie le scénario de civilisation des peuples caucasiens, avec lesquels les Kurdes étaient à bien des égards très semblables. Certains Kurdes se sont également installés dans le Caucase.

Plus tard, les territoires kurdes se sont retrouvés dans la zone frontalière entre la Turquie ottomane et l'Iran, ce qui a eu pour effet douloureux de diviser l'horizon culturel et de donner une dimension tragique au Dasein kurde. Descendants directs des grands Mèdes qui ont dirigé l'empire mondial, ils ont été privés de pouvoir politique et déchirés entre deux empires en guerre, dont aucun n'a été pour les Kurdes le leur jusqu'au bout. Avec les Iraniens, ils étaient liés par leur ascendance indo-européenne, leurs anciennes racines zoroastriennes et la proximité de leur langue, et avec les Turcs par le sunnisme et un lien commun de militantisme nomade, ce qui en faisait des alliés même à l'époque seldjoukide.

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Le yazidisme et ses strates

La plupart des Kurdes appartiennent à l'islam sunnite, mais dans tous les cas, les Kurdes ressentent vivement leur différence avec les autres peuples, gardant leur identité inchangée. Cette identité est l'horizon kurde, qui depuis des siècles est étroitement lié aux montagnes et au paysage d'accueil montagneux. Comme les Kalash et les Nuristanis, les Kurdes ont conservé de nombreux traits archaïques des peuples indo-européens du Touran, ne s'étant jamais totalement mêlés aux Perses sédentaires (majoritairement chiites) ni aux Turcs sunnites, malgré des contacts culturels étroits et durables avec les uns et les autres.

Cette identité kurde s'exprime le plus clairement dans le phénomène hétérodoxe (d'un point de vue islamique) du yézidisme ou yazidisme, un mouvement religieux particulier et unique parmi la branche nord des Kurdes, les Kurmanji. Ce courant est lui-même apparu comme une ramification du soufisme au XIIe siècle, sur la base des enseignements du cheikh soufi Adi ibn Musafir (1072 - 1162), venu au Kurdistan irakien depuis la région de Balbek au Liban. Le cheikh Adi connaissait des figures majeures du soufisme comme al-Ghazali et le fondateur de la tariqat qadiriyyah Abdul-Qadir al-Gilani. Les Yazidis eux-mêmes croient que Cheikh Adi, qu'ils révèrent comme l'incarnation de la divinité, n'a fait que réformer et renouveler conformément au mandat divin l'ancienne foi, qu'ils appellent "Sharfadin".

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Les enseignements des Yazidis sont pratiquement inexplorés en raison de la nature fermée de ce groupe religieux, qui se tient à l'écart non seulement des autres confessions et peuples, mais aussi de la majorité des Kurdes, et qui est très réticent à communiquer les fondements de sa foi. Une légende veut que les Yazidis possèdent des collections de textes sacrés, que les représentants des castes supérieures - les cheikhs et les pirs - dissimulent soigneusement aux autres. Seuls deux de ces textes - manifestement fragmentaires et composés d'éléments hétérogènes - ont été connus et traduits dans les langues européennes: le "Livre des Révélations" (Kitab-ol-Jilwa) et le "Livre noir" (Mashaf-Resh). Ils ont été publiés en anglais en 1919, et en russe en 1929. Dans l'ensemble, cependant, la religion yézidie est restée pratiquement inconnue jusqu'à aujourd'hui.

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Certains détails de la théologie religieuse yézidie ont donné aux peuples environnants, les musulmans surtout, l'impression que la religion yézidie vénère Shaitan (le diable chrétien). Cependant, cette tradition est certainement quelque chose de plus complexe, bien qu'elle se distingue nettement de l'Islam - même dans sa forme soufie.

Il existe plusieurs versions sur l'origine de la religion yazidi, qui peuvent être considérées non pas comme mutuellement exclusives, mais comme correspondant à différentes couches de cette tradition.

La couche la plus profonde est le zoroastrisme, qui se manifeste dans la doctrine sur les sept archanges (Amesha Spenta du mazdéisme), dans le culte du feu, dans le culte du soleil, et même le principal symbole des Yézides - le Grand Paon, parfois représenté simplement par un oiseau (les Yézides dans le "Livre noir" nommé Angar) - peut être une version de l'image de l'oiseau sacré zoroastrien Simurg. Tous les Kurdes en général (y compris les Yezidis) admettent qu'avant l'adoption de l'Islam, ils pratiquaient la religion zoroastrienne. La préservation chez les Indo-Européens des montagnes de fragments de l'ancienne foi semble donc tout à fait naturelle. Les vêtements sacrés des Yézidis sont également proches de la tenue zoroastrienne - une chemise blanche (kras) avec un col spécial brodé (toka yezid ou grivan) et une longue ceinture sacrée en laine (banne pshte), appelée "kusti" par les Zoroastriens.

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Le nom Yezid est dérivé du fils du premier calife omeyyade, Muwiya I Yazid. Les Yazidis eux-mêmes soulignent parfois que le réformateur (ou fondateur) de leurs enseignements, Sheikh Adi, était lui-même un descendant de Muawiya par Yazid. Yazid était un adversaire majeur de l'Imam Ali et de sa famille et est considéré comme responsable de la mort de l'Imam Hussein. Pour cette raison, il n'est pas très populaire auprès des musulmans, et les chiites le détestent ouvertement et avec véhémence. Dans le même temps, les traces du Yazid historique ont été presque entièrement effacées par les Yazidis, le pathos anti-chiite est absent, et Yazid ou Yazid lui-même est considéré comme une divinité céleste (peut-être la plus élevée). En effet, l'étymologie iranienne interprète le mot Yazid ou Yezid comme un mot moyen persan yazad ou yazd (de la base iranienne ancienne *yazatah), signifiant "divinité", "ange", "être digne d'adoration". Par conséquent, le nom même de "Yazidis" peut être interprété comme "peuple des anges" ou "peuple du culte", mais aussi comme "peuple de Yazd", c'est-à-dire "peuple de Dieu".

Mais la trace la plus frappante du zoroastrisme est la fermeture complète de la communauté yézidie, fondée sur les castes. Elle est strictement divisée en trois castes - deux sacerdotales (cheikhs et pirs) et une séculière (mrid), bien que la caste séculière, à laquelle appartiennent la plupart des Yezidis, représente par définition les adeptes des maîtres spirituels et soit le plus étroitement liée aux deux plus hautes. Ainsi, chaque mrid (simple yazid) doit avoir un "frère dans l'au-delà", qui ne peut être qu'un membre de la caste des cheikhs et des pirs. Le "frère dans l'au-delà" est censé aider le yezid décédé à passer le pont mince (l'équivalent direct du pont Chinwat zoroastrien) vers le paradis. Les castes sont strictement endogènes, et il est strictement interdit à tous les Yazidis de se marier ou même d'avoir des relations extraconjugales avec des membres d'une autre caste. Ceci est justifié par le fait que les Yezidis appartiennent à un type spécial de personnes, radicalement - ontologiquement - différent du reste.

La légende yézidie raconte que les premiers êtres humains Adam et Eve, qui ne connaissaient pas le mariage, ont essayé de produire une progéniture à partir de leurs propres graines en les plaçant dans deux jarres. Après neuf mois, des bébés mâles et femelles ont émergé dans la cruche d'Adam à partir de sa semence, et dans la cruche d'Eve à partir de sa "semence", des vers puants ont émergé. Les Yezidis croient qu'ils poursuivent la lignée de ces enfants d'Adam créés sans femelles. Le reste du peuple est issu des enfants ultérieurs d'Adam, déjà conçus par Eve. Nous voyons ici le motif zoroastrien classique de la pureté sacrée des enfants de la Lumière, qui ne doivent en aucun cas se mêler aux enfants des Ténèbres. D'où l'endogamie rigide des castes.

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La première des trois règles principales de la religion yazidie est l'interdiction du mélange des castes. La deuxième règle est l'interdiction de changer de foi. La troisième est l'interdiction de la désobéissance aux prêtres et plus encore de la violence à l'encontre des membres du Sheikh et des castes de fétiches.

Tous ces éléments, qui sont essentiels et fondamentaux pour la religion yézidie et son organisation ethno-politique, remontent directement au zoroastrisme classique.

En même temps, il y a un trait curieux dans les mythes et légendes des Yezidis qui a, cette fois, des racines touraniennes. Elle concerne l'interdiction des cultures céréalières. La chute même d'Adam n'est pas décrite comme une conséquence de la consommation d'une pomme, mais comme une conséquence de la consommation du grain interdit par Dieu. Il s'agit d'une caractéristique classique de la société nomade, qui percevait les céréales - partie intégrante de la culture agricole - comme un domaine interdit, une sorte d'"enfer pour le nomade". Pour un porteur d'une culture purement touranienne, manger du pain est un péché. La même parcelle a été conservée chez le peuple indo-européen Talysh, proche des Kurdes par la langue et la culture, mais contrairement aux Kurdes (principalement du sud - Zaza et Gurani), les Talysh n'ont pas quitté leurs territoires et ne se sont pas déplacés de la mer Caspienne vers la Mésopotamie, l'Anatolie et le Moyen-Orient, restant sur la terre d'Azerbaïdjan. Ainsi, une trace touranienne prononcée s'ajoute au zoroastrisme classique dans le yézidisme kurde.

On peut en outre distinguer certains éléments de l'iranisme hétérodoxe combinés à des motifs judéo-chrétiens. Les courants judéo-chrétiens sont proches de l'iranisme tant au niveau génétique que conceptuel dans leur structure. Inversement, les sectes judéo-chrétiennes ont eu une grande influence sur le manichéisme. Nous voyons des traces du judéo-christianisme chez les Yezidis dans les rites préservés du baptême et de la communion avec le vin lors d'un repas sacré. En outre, les Yezidis pratiquent la circoncision, qui correspond également au cycle judéo-chrétien.

Le fait que le principal sanctuaire yézidi de Lalesh était autrefois un monastère nestorien s'inscrit donc bien dans cette séquence. Ces mêmes courants hétérodoxes irano-chrétiens (comme les Mandéens, les Sabéens, etc.) étaient également caractérisés par des motifs gnostiques, que l'on retrouve en abondance chez les Yézidis. Cette couche a, cette fois, une origine moyen-orientale et se superpose à une identité tourano-iranienne plus ancienne.

Enfin, les influences islamiques proprement dites constituent la dernière couche de la religion complexe des Yezidis. Nous voyons ici les deux traditions soufie et chiite. Associée au soufisme, la pratique même de l'adoration du Sheikh comme kutb, le poteau. Un rôle majeur dans la métaphysique yazidi est joué par l'image de la perle blanche, dans laquelle l'essence divine s'est incarnée avant même le début de la création. Ce thème est central à l'ontologie soufie, développant la thèse du hadith selon lequel "Dieu était un trésor caché (la perle) mais voulait être connu". Cette image joue un rôle majeur dans les enseignements du shi'ite Nusayri. Sont également associées à l'islam chiite les notions de l'importance particulière du premier cercle des disciples du cheikh, qui dans l'islam chiite a été transféré à la famille de Mohammad et surtout à la famille de l'imam Ali.

Dans les enseignements des Yazidis, une attention particulière est portée à l'ambiguïté du principal gestalt sacré, l'Ange-Paulin (Malaki-Ta'uz), identifié à l'ange juif Azazil. Dans la Kabbale juive, le même nom (Aza, Azazil) est utilisé pour le démon de la mort. Les textes yézidis soulignent que dans les autres religions, qui ont leurs origines dans Adam et Eve et pas seulement Adam, comme les Yézidis eux-mêmes, l'ange-Paulin est mal compris comme un "ange déchu". C'est l'aspect le plus inquiétant de la religion yézidie, et il a conduit d'autres cultures à les considérer comme des adorateurs du diable.

D'une part, l'oiseau primordial peut être rattaché à la tradition indo-européenne, aux oiseaux sacrés des Scythes, au Garuda des Hindous, au Simurg des Perses et à l'aigle de Zeus des Hellènes. Mais cette image ne souffre nulle part de la moindre ambiguïté et est considérée comme un attribut de la plus haute divinité céleste.

Mais nous rencontrons la diabolisation de l'aigle en dehors du contexte indo-européen chez les peuples adyguéens-abkhazes du Caucase, où l'aigle de fer du dieu maléfique Paco devient la victime du héros "positif" Bataraz, et en plus il y a une image encore plus expressive de la "Tha des oiseaux de proie", comme la tête des anges déchus. La proximité géographique des Caucasiens et des Kurdes, et les liens communs avec le substrat hurrite, suggèrent une autre dimension de la religion kurde yazidie responsable de ses aspects "sombres" ou du moins ambigus.

À cette ambiguïté s'ajoute la subtile dialectique de la métaphysique soufie d'al-Khallaj, qui contient une sorte de justification d'Iblis (le Diable), qui a refusé de se prosterner devant Adam non par orgueil, mais par Amour absolu pour Dieu qui ne permet aucun intermédiaire. Ce thème est en accord avec les motifs gnostiques de la Sophia déchue. Bien que chez les Yezidis ce thème ne soit pas directement souligné, la structure gnostique de leur tradition et certaines allusions antinomiennes - par exemple, l'intrigue du Livre noir des Yezidis, où c'est Malaki-Ta'uz qui encourage Adam à enfreindre l'interdiction divine de manger du grain - permettent cette interprétation.

Dans l'ensemble, la religion des Yezidis reflète une identité kurde profonde qui remonte au fond des âges. L'analyse de ce que les critiques extérieurs reprochent aux Yazidis et de ce qui constitue des aspects ambigus de leur religion repose en grande partie sur une mauvaise compréhension de sa structure interne, ainsi que sur une mauvaise interprétation des figures et images individuelles, ce qui est exacerbé par une nature véritablement syncrétiste et fermée des Yazidis, rendant difficile la compréhension de la morphologie intégrale de leurs enseignements.

Kurdes chiites

L'identité kurde se manifeste de manière tout à fait différente à l'autre extrémité du spectre religieux - chez les Kurdes chiites. Il convient ici de distinguer deux courants : les Kurdes alévis, les plus nombreux parmi l'ethnie Zaza (mais aussi parmi les Kurdes du nord - les Kurmanji) et les Kurdes partageant la doctrine des Ahli Haq (littéralement, "peuple de la vérité").

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Les Alevis sont un ordre chiite-soufi qui est apparu au 13ème siècle dans le sud-est de l'Anatolie, près de l'école fondée par Hadji Bektash et qui est devenue plus tard la base religieuse de la "nouvelle armée" des sultans ottomans - les janissaires. Les Alévis ont perpétué la tradition du soufisme iranien extrême (Gulat), centré sur la vénération d'Ali et des Imams, et de Salman Fars comme figure clé particulière de la gnose lumineuse iranocentrique. Plus tard, aux XVe et XVIe siècles, les Alévis ont été rejoints par les branches turques des Qizil Bash, qui sont devenus le fondement de la dynastie safavide d'Iran, mais dans les territoires turcs sous contrôle sunnite, ils ont dû s'adapter à des conditions hostiles et dissimuler leur identité. De même, les Kurdes ont vu dans l'alévisme la possibilité de rester au sein de la société ottomane, où un islam zahirite agressif et plutôt intolérant est devenu la force dominante après Sélim Ier, parce que les dirigeants ottomans avaient du respect pour l'alévisme - en tant qu'idéologie religieuse originelle des premiers dirigeants ottomans et base spirituelle de la plus importante institution militaire et religieuse de l'Empire ottoman - l'armée des janissaires et l'ordre des bektashi.

D'autre part, les Kurdes voyaient dans l'alévisme de nombreux traits proches de la tradition zoroastrienne, ce qui rendait leur participation à ce courant justifiée en termes de préservation de leur identité indo-européenne originelle. Un certain nombre de caractéristiques rituelles rapprochent les Alévis kurdes des Yazidis. Parmi eux, on trouve par exemple le principe de l'endogamie stricte - les Kurdes alévis ont le droit de n'épouser que des membres de la communauté alévie, préservant ainsi la pureté des "enfants de la Lumière" sur laquelle se fondent la tradition mazdéenne et diverses versions ultérieures de l'iranisme.

Un autre courant du shi'isme radical (gulat) est l'Ahli Haqq, fondé par le sultan Sahak à la fin du quatorzième siècle. Cette tendance s'est répandue parmi les Kurdes du sud et surtout parmi les Kurdes d'Iran. La plupart d'entre eux appartiennent à l'ethnie Goran, mais il existe également des groupes importants d'Ahli Haqq dans les peuples kurdes de Kelhuri et de Lur. Un autre nom pour cette doctrine est Yarsan (Yâresân - littéralement, "communauté d'amoureux" ou "communauté d'amis").

La doctrine du mouvement Ahli Haqq est sensiblement la même que celle du yézidisme. Il affirme également l'idée de l'incarnation d'êtres supérieurs (Dieu ou les anges) dans une chaîne de sept messagers choisis. Ce thème est un classique de la prophéologie judéo-chrétienne et du manichéisme. Elle est également assez caractéristique du chiisme - en particulier du chiisme radical, où les membres de la famille de Mohammad et du clan de l'imam Ali sont considérés comme de telles incarnations. Les membres de l'Ahli-Haqq reconnaissent sept de ces incarnations successives, où la deuxième et la troisième coïncident avec la lignée des séminaristes chiites, Ali et Hasan ("Shah Khoshen"). En général, il est facile d'identifier l'influence ismaélienne dans les enseignements d'Ahli Haqq (par exemple, la mention de Sheikh Nusayr parmi les assistants d'Ali). La première incarnation, cependant, est Havangdagar, par laquelle les membres de l'Ahli Haqq font référence à la Déité suprême elle-même. Chaque incarnation est accompagnée de quatre "anges amis" ou "anges aides" (yārsān-i malak), d'où le nom de toute la communauté des Yarsan. La cinquième "aide" est l'ange féminin, une figure classique du zoroastrisme (fravarti).

L'Ahli Haqq partage la doctrine soufie traditionnelle des quatre étapes de la connaissance de la vérité - shariah, tarikat, marifat et haqiqat, et des étapes du développement spirituel de l'âme respectivement. Les adeptes de cette école de pensée pratiquent le zikr soufi traditionnel.

Un trait irano-zoroastrien est l'idée de la dualité d'origine de l'humanité, qui rapproche également l'Ahli Haqq des Yazidis. Selon leur doctrine, les membres de la communauté Ahli-Haqq ont été créés à l'origine à partir de "l'argile jaune" (zarda-gel), tandis que le reste de l'humanité est issu de la "terre noire" (ḵāk-e sīāh).

L'eschatologie d'Ahli Haqq reproduit généralement le chiisme classique: les élus attendent la venue de l'Homme du Temps, le Mahdi. Mais selon Ahli Haqq, le Mahdi doit apparaître parmi les Kurdes - dans la région kurde de Sultaniyah (province iranienne de Zanjan) ou à Shahrazur, la ville qui, selon les légendes kurdes, a été fondée par le roi Dayok (ou Dayukku), considéré comme le fondateur d'une dynastie de rois mèdes. Ce détail souligne le caractère ethnocentrique de l'eschatologie kurde.

En même temps, comme chez les Yezidis, on constate l'influence des groupes judéo-chrétiens - on reconnaît notamment l'immaculée conception du fondateur (ou réformateur) de cette doctrine, le sultan Sahak, dont la tombe dans la ville de Perdivar est un centre de pèlerinage.

À la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, l'un des chefs spirituels de l'Ahli Haqq, Hajj Nematallah, a beaucoup fait pour activer ce groupe, en publiant un certain nombre de textes religieux et poétiques, qui ont joui d'une grande popularité parmi les Kurdes - surtout le Shah-name-i haqikat (Le livre de la vérité du roi).

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Les Kurdes : identité et État

Bien que leurs origines remontent aux Musulmans qui ont fondé le puissant Empire, et bien qu'ils aient parfois été les ancêtres de puissantes dynasties (comme les Ayubides), les Kurdes n'ont pas été en mesure de construire un État propre jusqu'à aujourd'hui.

Ils ont cependant apporté une contribution significative à la culture du Moyen Âge islamique, notamment dans le domaine de la poésie. Le premier poète kurde est considéré comme étant Piré Sharir, qui a vécu au 10ème siècle et a laissé un corpus de courts poèmes aphoristiques, extrêmement populaires parmi les Kurdes. Un autre des premiers poètes kurdes était Ali Hariri (1009-1079). La première grammaire de la langue kurde a été compilée aux Xe et XIe siècles par un contemporain d'Ali Hariri, le poète Termuqi, qui a été le premier à écrire des poèmes en kurmanji. L'une des œuvres de Termuqi porte le même nom que la célèbre pièce de Calderon "La vie, en effet, est un rêve".

Plus tard au XVIe siècle, l'éminent poète kurde Mela Jeziri a jeté les bases d'un courant soufi dans la poésie kurde, devenant un modèle pour les générations successives de poètes soufis kurdes. Dans toutes les élites intellectuelles kurdes, un accent particulier sur l'identité kurde est évident dès les premiers poètes. Au 17e siècle, un autre poète soufi kurde, Faqi Tayran (1590 - 1660) (illustration, ci-dessous), également appelé "Mir Mehmet", a rassemblé de nombreux contes populaires kurdes dans un recueil intitulé "Contes du cheval noir" (Kewlê Hespê Reş). Il a été le premier à faire l'éloge de la défense héroïque de la forteresse de Dymdım en 1609-1610.

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Les représentants de l'élite kurde commencent progressivement à se rendre compte de l'anomalie - le fossé entre la grande histoire des Kurdes, le niveau de conscience de leur identité unique, leur militantisme et leur héroïsme d'une part, et la position subordonnée au sein d'autres empires - d'abord le califat arabe, puis la Turquie ottomane et l'Iran séfévide.

Ainsi, le plus grand poète kurde Ahmed Khani (1650-1708), l'auteur du célèbre poème épique parmi les Kurdes sur l'histoire d'amour tragique "Mom et Zin", est imprégné de la douleur pour l'État kurde disparu et de la nostalgie de la grandeur passée. Ahmed Hani est considéré comme l'un des premiers idéologues du renouveau kurde et est reconnu comme un combattant de l'identité kurde, préparant la prochaine étape de l'éveil de la conscience nationale. Un autre poète kurde de premier plan, Hadji Qadir Koy (1816-1894) (illustration,ci-dessous), a poursuivi cette tendance. Dans son œuvre, le désir de libération des Kurdes et d'établissement de leur propre État est encore plus contrasté et sans ambiguïté.

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Au XIXe siècle, lorsque l'Empire ottoman a commencé à s'affaiblir et que nombre des peuples qui le composaient (Arabes, Grecs, Slaves, etc.) ont commencé à élaborer des projets d'indépendance, des sentiments similaires ont surgi chez les Kurdes. En 1898, le premier journal en kurde, Kurdistan, est publié au Caire. Plus tard, le journal Kurdish Day (rebaptisé plus tard Kurdish Sun) commence à être imprimé à Istanbul. Un magazine appelé Jin (Vie) est publié en turc, qui proclame ouvertement la volonté de créer un État kurde indépendant.

À la fin du XIXe siècle, les Kurdes provoquent de plus en plus de soulèvements anti-turcs (par exemple, en 1891 à Dersim).

Les Kurdes ont d'abord soutenu les Jeunes Turcs et l'arrivée au pouvoir de Kemal Ataturk, y voyant l'espoir de mettre fin à l'oppression de l'administration ottomane. Les Alévis ont même reconnu Ataturk comme le Mahdi, une figure eschatologique destinée à libérer les peuples de l'oppression et de l'injustice : C'est ainsi que la conscience religieuse a interprété la fin de l'ère de la domination du zahirisme sunnite rigide qui, depuis l'époque de Selim Ier et de Soliman le Magnifique, avait été remplacée par une religion entièrement différente - spirituelle et de style iranien - des premiers dirigeants ottomans, inextricablement liée au soufisme ardent du cheikh Haji-Bektaş, de Yunus Emre et de Jalaladdin Rumi et comportant de nombreux thèmes chiites.

Cependant, les Kurdes n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient de l'effondrement de l'Empire ottoman. Une partie du Kurdistan est restée dans le nouvel État turc, une autre partie a été incorporée à l'Irak par l'administration d'occupation britannique, la troisième a été cédée à la Syrie et la quatrième est restée en Iran. Ainsi, une immense nation de quarante millions de personnes a été divisée en quatre parties, comprenant deux puissances coloniales, où le nationalisme arabe ou est devenu l'idéologie dominante (Syrie et Irak), la Turquie, où s'est affirmé le nationalisme turc sous une nouvelle forme - laïque, et l'Iran, où le chiisme dominant duodécimain et l'identité perse ont également servi de dénominateur commun à l'État, sans accorder aux Kurdes une place particulière, sans toutefois les opprimer autant qu'en Irak, en Syrie et en Turquie.

Le vingtième siècle n'a donc pas été l'occasion pour les Kurdes d'établir leur propre statut d'État, et la question a été reportée à un avenir incertain. En même temps, il n'y avait pas de consensus clair parmi les Kurdes sur le type d'État kurde qu'il devait être et sur quelle base idéologique il devait être fondé. De plus, il n'y avait pas non plus de consensus entre les dirigeants.

Ainsi, dans chacun des pays dans lesquels les Kurdes ont vécu, les forces suivantes ont pris forme.

En Turquie, l'organisation de gauche basée sur les principes socialistes (communistes) - le Parti des travailleurs du Kurdistan - est devenu l'expression politique de la lutte des Kurdes pour l'autonomie et, à la limite, l'indépendance. Depuis le milieu des années 40, l'Union soviétique apporte un soutien militaire et politique aux Kurdes afin de contrer les intérêts des pays occidentaux au Moyen-Orient. Ainsi, le leader des Kurdes irakiens Mustafa Barzani (1903 - 1979) s'est enfui vers le territoire soviétique après avoir été vaincu par les Irakiens de la République kurde de Mehabad, où il a été accueilli, soutenu, puis à nouveau envoyé en Irak. Pour les Kurdes, l'URSS était donc considérée comme un point d'appui géopolitique, qui prédéterminait dans une large mesure l'orientation idéologique des Kurdes - en particulier en Turquie. Chez les Kurdes vivant dans une société traditionnelle, le communisme était difficilement compréhensible et attrayant, de sorte que ce choix a très probablement été déterminé par des considérations pragmatiques. En outre, les Kurdes irakiens se sont heurtés à plusieurs reprises aux Britanniques (le premier soulèvement anti-anglais a été soulevé par Ahmed, le frère de Mustafa Barzani, en 1919), au cours duquel les Britanniques ont mené des opérations punitives contre les Kurdes, détruisant tout sur leur passage, mais les Britanniques étaient des ennemis de l'URSS.

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Le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan était Abdullah Öçalan, qui a dirigé le mouvement d'insurrection armée kurde, proclamant en 1984 le début de la lutte armée pour l'établissement d'un Kurdistan indépendant. L'aile militaire du parti est les Forces d'autodéfense du peuple. Öçalan est actuellement emprisonné en Turquie, après avoir été condamné à la prison à vie.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan lui-même est considéré comme une "organisation terroriste" dans de nombreux pays. En fait, le Parti de la paix et de la démocratie, qui a été transformé à partir du Parti de la société démocratique, interdit en 2009, agit désormais au nom des Kurdes en Turquie. Mais pour toutes ces structures, la tradition des idées socialistes et sociales-démocratiques de gauche parmi les Kurdes turcs est maintenue.

Les Kurdes irakiens sont unis au sein du Parti démocratique du Kurdistan, formé par Mustafa Barzani, qui, comme nous l'avons vu, était également tourné vers l'URSS et bénéficiait de son soutien. L'aile militaire du parti est devenue l'armée kurde - les Peshmerga (Pêşmerge littéralement, "ceux qui regardent la mort en face"), qui est apparue à la fin du 19ème siècle pendant la lutte des Kurdes irakiens pour l'indépendance.

Il y a eu une confrontation précoce entre deux leaders à la tête du Parti démocratique du Kurdistan, reflétant les intérêts de deux formations tribales kurdes - les Barzani, centrés à Bahdinan, et les Kurdes Sorani, centrés à Sulaymaniyah.

Le représentant de la tribu Barzani était le héros de la lutte pour l'indépendance kurde Mustafa Barzani, dont la cause après sa mort a été dirigée par son fils Masoud Barzani, l'ancien président de la région du Kurdistan irakien dans la période critique pour l'Irak de 2005 à 2017. Masoud Barzani était impliqué dans des opérations militaires avec les unités kurdes peshmerga depuis 16 ans. Après que Massoud Barzani a quitté la présidence, son neveu, le petit-fils de Mustafa Barzani, Nechirvan Idris Barzani, a repris le poste.

L'alliance tribale opposée après 1991 était représentée par la figure flamboyante de Jalal Talabani (photo), qui a été président de l'Irak de 2005 à 2014...

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Après la défaite des forces de Saddam Hussein par les forces de la coalition occidentale, Masoud Barzani et Jalal Talabani ont travaillé ensemble pour établir un contrôle militaire et politique sur les territoires du Kurdistan irakien. Toutefois, les contradictions entre les dirigeants se sont reflétées dans la division effective du Kurdistan irakien en deux parties - la partie orientale (Sulaymaniyah, district de Soran, du nom de la tribu kurde des Sorani), patrie de Talabani, où sa position était la plus forte, et la partie nord-ouest (Bahdania), patrie de Barzani, où ses partisans l'emportaient.

Ce dualisme relatif parmi les Kurdes irakiens a persisté jusqu'à aujourd'hui. Dans certaines situations, les dirigeants des deux entités tribales forment des alliances entre eux. Dans d'autres, la coopération cède la place à la rivalité.

En Syrie, le Parti démocratique kurde de Syrie peut être considéré comme la principale organisation kurde. Actuellement, pendant la guerre civile syrienne, il y a aussi le Conseil national syrien, qui comprend d'autres forces. Les Kurdes syriens n'avaient pas de figures aussi brillantes que Barzani, Talabani ou Öçalan, leurs idées et leurs structures étaient donc fortement influencées par les structures kurdes turques ou irakiennes, où dans les deux cas les tendances gauchistes étaient fortes.

En Iran, les Kurdes vivent dans quatre provinces - Kurdistan, Kermanshah, Azerbaïdjan occidental et Ilam. Les Kurdes iraniens ont historiquement montré moins de volonté d'établir un statut d'État indépendant et n'ont pas organisé de structures politiques autonomes centralisées.

En 2012, deux partis, le Parti démocratique du Kurdistan iranien et le Komala (Parti révolutionnaire des travailleurs du Kurdistan) ont fait une offre pour une telle unification.

mercredi, 09 février 2022

Les Kurdes et le Moyen-Orient

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Les Kurdes et le Moyen-Orient

Source: https://katehon.com/ru/article/kurdy-i-blizhniy-vostok

Une compréhension adéquate des processus politiques au Moyen-Orient nécessite une connaissance détaillée du facteur kurde.

Ethnies et tribus kurdes

Les Kurdes sont un peuple indo-européen qui, à partir d'un certain moment, a commencé à jouer un rôle important dans la région qui englobe l'Anatolie orientale, la zone septentrionale de la Mésopotamie et le nord-ouest de l'Iran, une région précédemment peuplée par les Hourrites, qui se sont ensuite déplacés vers le nord dans le Caucase.

Les Kurdes sont les descendants des Mèdes, tribus iraniennes nomades, qui sont arrivés à la fin du IIe - début du Ier millénaire au nord-ouest de l'Iran moderne, où ils ont fondé un État appelé Mèdie. Au VIIe siècle avant J.-C., ils ont créé un immense empire, qui comprenait de nombreux peuples, territoires et langues. Le noyau des Mèdes est resté dans les mêmes territoires qui sont devenus le pôle initial de leur expansion, où se trouvait également leur capitale Ekbatana (la ville iranienne moderne de Hamadan). Les descendants directs des Mèdes, outre les Kurdes, sont les peuples caucasiens des Talyches et des Tats (qu'il convient de séparer strictement des Juifs des montagnes).

Comme les Kurdes vivaient sur le territoire des anciens Hourrites et Urartéens, qui étaient également des Arméniens et des Kartvéliens assimilés, on peut supposer qu'il y avait une composante hourrite dans leur ethnogenèse. Parallèlement, des populations captives des Guties (Tochars), des Kassirs et des Lullubéens, que certains historiens considèrent comme des Indo-Européens, vivent depuis des temps immémoriaux dans les montagnes du Zagros, au nord-ouest de l'Iran. Ils peuvent également avoir participé à l'ethnogenèse des Mèdes et des Kurdes. Le nom ancien des Kurdes était "kurtii", en grec Κύρτιοι, et des références à eux en tant que peuple habitant les régions de l'Atropatène (Azerbaïdjan) et du nord de la Mésopotamie ont survécu dans les sources anciennes.

Dans les chroniques persanes, le terme "kurt" (kwrt) désigne les tribus iraniennes nomades habitant le nord-ouest de l'Iran, ce qui permet d'inclure les Kurdes dans la typologie des sociétés touraniennes.

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En haut, Mèdes; montagnes du Zagros en Iran.

On peut distinguer plusieurs groupes parmi les Kurdes :

    - Les Kurdes du nord, qui forment la base du peuple kurde actuel - les Kurmanji (kurmancî), dont le nom - kur mancî - est interprété comme "fils du peuple de Midian/Mèdie" ;
    - La partie sud des Kurdes de Kurmanji est désignée par l'ethnonyme iranien Sorani ;
    - Un groupe distinct est constitué par les Kurdes de Zaza, qui se nomment eux-mêmes dımli, dymli, et sont les descendants des peuples du nord de l'Iran qui vivaient autrefois dans la région de Dailam, au sud de la mer Caspienne (ces peuples étaient appelés "kaspiens") ;
    - Le peuple kurde Ghurani, qui a également habité la région de Daylam mais a ensuite migré plus au sud que les Kurdes de Zaza, a la même origine ;
    - Les plus méridionaux sont les Kurdes Kelhuri, ainsi que les tribus Feili et Laki, dont la situation est similaire,
    - Auparavant, les Luriens qui vivaient dans le sud-ouest de l'Iran étaient comptés parmi les Kurdes, et aujourd'hui ils sont communément appelés Iraniens.

Il existe également une hypothèse selon laquelle les Kurdes et les Baloutches seraient apparentés.

Contrairement aux autres peuples iraniens, les Kurdes ont longtemps conservé un mode de vie nomade, ce qui, combiné à leur habitat montagneux, leur a permis de garder intactes de nombreuses caractéristiques archaïques, entretenant ainsi un lien continu avec la culture turque.

Les Kurdes constituent aujourd'hui un peuple important (plus de 40.000.000) qui vit sur le territoire de quatre États - la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran - mais ne dispose pas de son propre statut d'État. C'est aussi un indicateur de la préservation par les Kurdes d'une société traditionnelle, moins touchée par la modernisation que les peuples parmi lesquels les Kurdes vivent. Cependant, les processus de modernisation les atteignent également, ce qui a créé un "problème kurde" au siècle dernier, c'est-à-dire qu'il a soulevé la question de la création d'un État kurde séparé, car dans la Modernité politique, on ne peut pas penser à un peuple en dehors de l'État, c'est-à-dire à une nation politique.

"Midia" et les polities kurdes médiévales

Dans la tradition kurde, il y a l'idée de leur lien avec l'Arche de Noé. Parce que les Kurdes vivaient dans les régions adjacentes au mont Ararat, ils se considèrent comme les descendants directs des habitants du village situé à son pied, que Noé a fondé lorsqu'il est descendu dans la vallée à la fin du Déluge. Cette même légende d'une présence autochtone et originelle dans les zones situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, dans la région du mont Ararat, se retrouve chez d'autres peuples caucasiens - notamment les Arméniens, les Géorgiens et les Tchétchènes, qui - chacun selon sa logique ethnocentrique - y trouvent un certain nombre de preuves symboliques. Les Kurdes du XXe siècle justifient cela par leur descendance des Urartéens et des Hourrites, ce qui est pourtant généralement vrai des Arméniens, des Kartveliens et des Vainakhs, dont l'ethnogenèse - bien qu'à des degrés divers - inclut les Hourrites. Cependant, l'identité kurde proprement dite est touranienne (tribus nomades indo-européennes) et plus spécifiquement "midienne".

Si l'on admet un lien génétique direct entre Kurdes et Moussiens [1], on peut les considérer comme porteurs d'une tradition étatique ancienne, antérieure à la Perse et revendiquant la succession à l'empire mondial après la prise conjointe de l'Assyrie avec les Chaldéens de la Nouvelle Babylone. Mais aux époques suivantes, à partir des Achéménides, l'Iran était aux mains des Perses, qui habitaient les territoires du sud de l'Iran, et les terres de Midia, ainsi que l'Arménie et d'autres territoires, n'étaient que des provinces iraniennes.

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À une certaine époque - après la mort d'Alexandre le Grand - les tribus nomades (touraniennes) des Parthes qui ont fondé la dynastie parthe sont également devenues les maîtresses de l'Iran, mais la base culturelle reste toujours les traditions spécifiquement persanes, ce qui devient encore plus prononcé à l'époque sassanide. Néanmoins, il existe une théorie, partagée par de nombreux historiens, selon laquelle les Parthes et les Kurdes sont apparentés, car tous deux habitaient les territoires du nord de l'Iran et appartenaient à des peuples indo-européens nomades. Par la suite, les peuples du nord de l'Iran et de l'Atropatène (Azerbaïdjan) se retrouvent à la périphérie de ce processus, et lors de la vague suivante de création d'un État iranien, venant tout juste du nord sous les Safavides, les Turcs iraniens (chiites-kizilbashi) s'avèrent être la base de l'élite politique. Les Kurdes ne jouent pas un rôle majeur dans ce processus.

Historiquement, les Kurdes, descendants des Mèdes, étaient zoroastriens, et la religion zoroastrienne de l'Iran sassanide était traditionnelle pour eux.

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Dès le premier siècle de notre ère, le christianisme a commencé à être prêché parmi les Kurdes. Eusèbe de Césarée rapporte que Thomas l'Apôtre a prêché parmi les Midians et les Parthes. Comme les Kurdes chrétiens vivaient dans les régions orientales, le nestorianisme s'est ensuite répandu parmi eux, ce qui les a intégrés à l'Église iranienne. Il y avait de nombreux centres influents de la religion nestorienne au Kurdistan, qui ont joué un rôle important à cette époque - le centre d'Erbil au 16ème siècle, Jezir au 17ème siècle, quant à la ville kurde de Kujan est devenue le centre d'un diocèse nestorien au 19ème siècle [2]. Le miaphysisme se répand également (cette fois sous l'influence des Arméniens).  

À partir du VIIe siècle de notre ère, lorsque l'Iran a été envahi par les Arabes, qui ont atteint le Caucase et le sud de la mer Caspienne, c'est-à-dire ont occupé tout le territoire historiquement habité par les Kurdes, ces derniers se sont retrouvés sous l'autorité du califat arabe et, respectivement, sous l'influence islamique [3]. Ainsi, les Kurdes ont d'abord opposé une résistance farouche aux Arabes lors de la conquête de Holwan, Tikrit, Mossoul, Jizra et de l'Arménie du Sud, puis ils ont constamment pris part aux révoltes anti-arabes. Petit à petit, cependant, les Kurdes eux-mêmes ont commencé à se convertir à l'Islam. Parmi eux, l'islam sunnite du mazkhab shafiite est le plus répandu, ce qui les rapproche des musulmans du Daghestan et du Caucase du Nord dans son ensemble. Une petite minorité de Kurdes pratique le chiisme. À l'époque de la propagation du soufisme (IXe siècle), les Kurdes ont volontiers accepté ses enseignements, et le soufisme, dans ses deux principales versions, naqshbandiya et kadyriya, est devenu partie intégrante de l'islam kurde. Cependant, le soufisme ne s'est pas répandu avant le XVIe siècle.

À certaines périodes, les Kurdes ont créé des formations politiques de grande envergure et fondé des dynasties dirigeantes. L'une de ces dynasties kurdes était les Shaddadides, qui ont établi un État indépendant sur le territoire de l'Albanie caucasienne aux XIe et XIIe siècles. Les Saddadides pratiquaient l'islam sunnite et se présentaient comme des adeptes de l'islam, contrairement à la Géorgie et à l'Arménie chrétiennes. En 1072, la dynastie se divise en deux branches : Ganja et Ani. La population des émirats de Ganja et d'Ani était majoritairement arménienne et la culture majoritairement persane.

Les Shaddadides ont régné jusqu'à la fin du XIIe siècle. Plus tard, les Kurdes ont reconnu la domination des Seldjoukides, avec lesquels ils étaient alliés, et ont obtenu le droit de créer une autre entité vassale, l'émirat d'Ani.

Une autre dynastie kurde a été fondée dans la province du Jebel en 959 par le chef kurde de la tribu des Barzikan, Hasanwayhid bin Hasan, qui a été renversé par les Bouyides.

Une autre dynastie, la plus célèbre, fut celle des Mervanides (de 990 à 1096). Cette dynastie kurde a été fondée par Abu Ali bin Mervan bin Dustak.

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Salah ad-Din (1138 - 1193), le plus grand chef militaire du XIIe siècle, qui était d'origine kurde et appartenait à la même tribu Ravadi, que le fondateur de la dynastie des Shaddadides - Mohammed Shaddad ben Kartu devrait être mentionné séparément. 

Salah ad-Din dépose le dernier souverain chiite de l'État fatimide, élimine le califat fatimide, conquiert face aux croisés d'immenses territoires du Moyen-Orient, dont la Terre sainte, et devient le sultan d'Égypte, d'Irak, du Hedjaz, de Syrie, du Kurdistan, du Yémen, de Palestine et de Libye, établissant la dynastie ayyoubide, qui existera jusqu'en 1250. Mais Salah ad-Din, dans ses exploits, ne parle pas au nom des Kurdes en tant que communauté, mais au nom des Seldjoukides, au service desquels il était et sur l'armée desquels il comptait.

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Néanmoins, le fait même de l'existence de dynasties kurdes confirme le modèle classique des débuts turaniens : les nomades indo-européens belliqueux sont souvent devenus les fondateurs de dynasties ou l'élite militaro-politique d'États sédentaires.

La région habitée par les Kurdes jusqu'au XIIIe siècle était appelée "Jebel" par les Arabes. (littéralement, "Hautes Terres"), plus tard, il sera connu sous le nom de "Kurdistan". Au début du XVIe siècle, il existait de petites principautés ou émirats kurdes au Kurdistan : Jazire, Hakari, Imadia, Hasankayf, Ardelan (au Kurdistan iranien), Soran et Baban. En plus de ceux-ci, il y avait des fiefs plus petits. En outre, depuis le début du Moyen Âge (de 1236 à 1832), les Kurdes yézidis possédaient un petit émirat dans le nord de la Mésopotamie, le Sheikhan. L'"État idéal" des Yazidis, en partie politique et administratif, en partie ethno-religieux, comprenait Sheikhan et Sinjar, ainsi que la vallée sacrée de Lalesh, où se trouve le principal sanctuaire yazidi - la tombe de Sheikh Adi, le fondateur de la religion kurde du yazidisme [4].

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Après l'établissement de la dynastie safavide, les Iraniens ont commencé à détruire délibérément l'indépendance des principautés kurdes. Le souvenir de la résistance héroïque des Kurdes est conservé dans les légendes kurdes sur la défense de la forteresse de Dymdim. Après la défaite du Shah par les Ottomans de Selim Ier, la majeure partie du Kurdistan est passée sous l'autorité des Turcs, qui ont également commencé à abolir les principautés kurdes autonomes.

Au cours des conquêtes mongoles, la plupart des régions peuplées de Kurdes sont passées sous la domination des Halaguidés, et après l'écrasement de la résistance kurde, de nombreuses tribus kurdes ont quitté les plaines pour les régions montagneuses, reproduisant en partie le scénario de civilisation des peuples caucasiens, dont les Kurdes étaient très proches à bien des égards. Certains Kurdes se sont également installés dans le Caucase.

Plus tard, les territoires kurdes se sont retrouvés dans la zone frontalière entre la Turquie ottomane et l'Iran [5], ce qui a eu un effet douloureux sur la rupture de l'horizon culturel unique et a donné une dimension tragique au Dasein kurde [6]. Les descendants directs des grands Midi/Mèdes, qui ont dirigé l'empire mondial, ont été privés du pouvoir politique et déchirés entre deux empires en guerre, dont aucun n'a été favorable aux Kurdes jusqu'à la fin du leur. Avec les Iraniens, ils étaient liés par leur ascendance indo-européenne, leurs anciennes racines zoroastriennes et la proximité de leur langue, et avec les Turcs par le sunnisme et un lien commun de "guerrièrisme" nomade, ce qui en faisait des alliés même à l'époque seldjoukide.

Le yazidisme et ses strates

La plupart des Kurdes appartiennent à l'islam sunnite, mais dans tous les cas, les Kurdes ressentent vivement leur différence par rapport aux autres peuples, gardant leur identité inchangée. Cette identité est l'horizon kurde, qui depuis des siècles est étroitement lié aux montagnes et au paysage d'accueil montagneux. Comme les Kalash et les Nuristanis, les Kurdes ont conservé de nombreux traits archaïques des peuples indo-européens du Touran, et ne se sont jamais complètement mélangés avec les Perses sédentaires (majoritairement chiites) ou les Turcs sunnites, malgré des contacts culturels étroits et de longue date avec les uns et les autres.

Cette identité kurde s'exprime le plus clairement dans le phénomène hétérodoxe (d'un point de vue islamique) du yézidisme, un mouvement religieux particulier et unique parmi la branche nord des Kurdes, les Kurmanju. Ce courant est lui-même apparu comme une ramification du soufisme au XIIe siècle, sur la base des enseignements du cheikh soufi Adi ibn Musafir (1072 - 1162), venu au Kurdistan irakien de la région de Balbek au Liban. Le cheikh Adi connaissait des figures majeures du soufisme comme al-Ghazali et Abdul-Qadir al-Gilani, le fondateur de la tariqat qadiriyyah. Les Yazidis eux-mêmes croient que Sheikh Adi, qu'ils révèrent comme l'incarnation de la divinité, n'a fait que réformer et renouveler conformément au mandat divin l'ancienne foi, qu'ils appellent "Sharfadin".

Les enseignements des Yazidis ne sont pratiquement pas étudiés en raison de la nature fermée de ce groupe religieux, qui se tient à l'écart non seulement des autres confessions et peuples, mais aussi de la majorité des Kurdes, et qui est très réticent à communiquer les fondements de sa foi. Une légende veut que les Yazidis possèdent des collections de textes sacrés, que les représentants des castes supérieures - les cheikhs et les pirs - cachent soigneusement aux autres. Seuls deux de ces textes - manifestement fragmentaires et composés d'éléments hétérogènes - ont été connus et traduits dans les langues européennes : le " Livre des Révélations " (Kitab-ol-Jilwa) et le " Livre noir " (Mashaf-Resh). Ils ont été publiés en anglais en 1919 [7], et en russe leur compte rendu est paru en 1929 [8]. Dans l'ensemble, cependant, la religion yazidie est restée pratiquement inconnue jusqu'à aujourd'hui.

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Certains détails de la théologie religieuse yézidie ont donné aux peuples environnants, notamment aux musulmans, l'impression que le culte yézidi vénère Shaitan (le diable chrétien). Cependant, cette tradition est certainement quelque chose de plus complexe, bien qu'elle se distingue nettement de l'Islam - même dans sa forme soufie.

Il existe plusieurs versions de l'origine de la religion yazidie, qui peuvent être considérées non pas comme mutuellement exclusives, mais comme correspondant à différentes couches de cette tradition.

La couche la plus profonde est le zoroastrisme, qui se manifeste dans la doctrine des sept archanges (Amesha Spenta du mazdéisme), dans le culte du feu, dans le culte du soleil, et même le principal symbole des Yezidis - le grand paon, parfois représenté simplement par un oiseau (les Yezidis dans le "Livre noir" s'appellent Angar) - peut être une version de l'image de l'oiseau sacré zoroastrien Simurg. Tous les Kurdes en général (y compris les Yezidis) admettent qu'avant l'adoption de l'Islam ils pratiquaient la religion zoroastrienne, donc ilspréservaient dans les montagnes indo-européennes des fragments de l'ancienne foi, ce qui semble tout à fait naturel. Les vêtements sacrés des Yézidis sont également proches de la tenue zoroastrienne : une chemise blanche (kras) avec un col spécial brodé (toka yezid ou grivan) et une longue ceinture sacrée en laine (banne pshte), appelée "kusti" par les Zoroastriens.

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Le nom Yezid est dérivé du fils du premier calife omeyyade, Muwiya I Yazid. Les Yazidis eux-mêmes soulignent parfois que le réformateur (ou fondateur) de leurs enseignements, Sheikh Adi, était lui-même un descendant de Muawiya par Yazid. Yazid était un adversaire majeur de l'Imam Ali et de sa famille et est considéré comme responsable de la mort de l'Imam Hussein. Pour cette raison, il n'est pas très populaire auprès des musulmans, et les chiites le détestent ouvertement et avec véhémence. En même temps, les traces du Yazid historique ont été presque complètement effacées par les Yazidis, le pathos anti-chiite est absent, et Yazid ou Yazid lui-même est considéré comme une divinité céleste (peut-être la plus haute). En effet, l'étymologie iranienne interprète le mot Yazid ou Yezid comme un mot moyen persan yazad ou yazd (de la base iranienne ancienne *yazatah"), signifiant "divinité", "ange", "être digne de culte". Par conséquent, le nom même de "Yazidis" peut être interprété comme "peuple des anges" ou "peuple du culte", mais aussi comme "peuple de Yazd", c'est-à-dire "peuple de Dieu".

Mais la trace la plus frappante du zoroastrisme est la fermeture complète de la communauté yézidie, fondée sur les castes. Elle est strictement divisée en trois castes - deux sacerdotales (cheikhs et pirs) et une séculière (mrid), bien que la caste séculière, à laquelle appartiennent la plupart des Yezidis, représente par définition les adeptes des maîtres spirituels et soit la plus étroitement liée aux deux plus hautes. Ainsi, chaque mrid (simple yazid) doit avoir un "frère dans l'au-delà", qui ne peut être qu'un membre de la caste des cheikhs et des piers. Le "frère dans l'au-delà" est censé aider le yézid décédé à franchir le pont mince (l'équivalent direct du pont Chinwat zoroastrien) pour entrer au paradis. Les castes sont strictement endogènes, et il est strictement interdit à tous les Yazidis de se marier ou même d'avoir des relations extraconjugales avec des membres d'une autre caste. Cela se justifie par le fait que les Yezidis appartiennent à un type spécial de personnes, radicalement - ontologiquement - différent du reste. La légende yézidie raconte que les premiers êtres humains Adam et Eve, qui ne connaissaient pas le mariage, ont essayé de produire une descendance à partir de leurs propres graines en les plaçant dans deux jarres. Après 9 mois, des bébés mâles et femelles sont apparus dans la cruche d'Adam à partir de sa semence, et dans la cruche d'Eve à partir de sa "semence", des vers puants sont apparus. Les Yezidis croient qu'ils continuent la lignée de ces enfants d'Adam créés sans femelles. Le reste du peuple est issu des enfants ultérieurs d'Adam, déjà conçus par Eve. On retrouve ici le motif zoroastrien classique de la pureté sacrée des enfants de la Lumière, qui ne doivent en aucun cas se mêler aux enfants des Ténèbres. D'où l'endogamie rigide des castes.

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La première des trois règles principales de la religion yazidie est l'interdiction du mélange des castes. La deuxième règle est l'interdiction de changer de religion. La troisième est l'interdiction de la désobéissance aux prêtres et plus encore de la violence à l'encontre des membres du Sheikh et des castes de fétiches.

Tous ces éléments, qui sont essentiels et fondamentaux pour la religion yézidie et son organisation ethno-politique, remontent directement au zoroastrisme classique.

En même temps, il y a un trait curieux dans les mythes et légendes des Yezidis qui a, cette fois, des racines touraniennes. Elle concerne l'interdiction des cultures céréalières. La chute même d'Adam n'est pas décrite comme une conséquence de la consommation d'une pomme, mais comme une conséquence de la consommation de céréales interdites par Dieu. Il s'agit d'une caractéristique classique de la société nomade, qui percevait les céréales - partie intégrante de la culture agricole - comme un domaine interdit, une sorte d'"enfer pour le nomade". Pour un porteur d'une culture purement touranienne, manger du pain est un péché. La même parcelle a été préservée chez le peuple indo-européen Talyche, proche des Kurdes par la langue et la culture, mais contrairement aux Kurdes (principalement du sud - Zaza et Gurani), les Talyches n'ont pas quitté leurs territoires et ne se sont pas déplacés de la mer Caspienne vers la Mésopotamie, l'Anatolie et le Moyen-Orient, restant sur la terre d'Azerbaïdjan. Ainsi, une trace touranienne prononcée s'ajoute au zoroastrisme classique dans le yézidisme kurde.

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On peut en outre distinguer certains éléments de l'iranisme hétérodoxe combinés à des motifs judéo-chrétiens. Les courants judéo-chrétiens sont proches de l'iranisme tant au niveau génétique que conceptuel dans leur structure. Inversement, les sectes judéo-chrétiennes ont eu une grande influence sur le manichéisme. Nous voyons des traces du judéo-christianisme chez les Yezidis dans les rites préservés du baptême et de la communion avec le vin lors d'un repas sacré. En outre, les Yezidis pratiquent la circoncision, qui correspond également au cycle judéo-chrétien. Le fait que le principal sanctuaire yézidi de Lalesh était autrefois un monastère nestorien s'inscrit donc bien dans cette séquence. Ces mêmes courants hétérodoxes irano-chrétiens (comme les Mandéens, les Sabéens, etc.) étaient également caractérisés par des motifs gnostiques, que l'on retrouve en abondance chez les Yézidis. Cette couche a, cette fois, une origine moyen-orientale et se superpose à une identité tourano-iranienne plus ancienne.

170px-Pilgrims_and_festival_at_Lalish_on_the_day_of_the_Ezidi_New_Year_in_2017_20.jpgEnfin, les influences islamiques proprement dites constituent la dernière couche de la religion complexe des Yézidis. On retrouve ici les traditions soufie et chiite. La pratique même de l'adoration du Sheikh en tant que kutb, le poteau, est associée au soufisme. Un rôle majeur dans la métaphysique yazidi est joué par l'image de la perle blanche, dans laquelle l'essence divine s'est incarnée avant même le début de la création. Ce thème est central dans l'ontologie soufie, développant la thèse du hadith selon lequel "Dieu était un trésor caché (la perle) mais voulait être connu". Cette image joue un rôle majeur dans les enseignements du Shi'ite Nusayri. L'islam chiite est également associé à la notion d'importance particulière du premier cercle des disciples du cheikh, qui, dans l'islam chiite, a été transféré à la famille de Mahomet et surtout à la famille de l'imam Ali.

Dans les enseignements des Yazidis, une attention particulière est portée à l'ambiguïté du principal gestalt sacré, l'Ange-Paulin (Malaki-Ta'uz), identifié à l'ange juif Azazil. Dans la Kabbale juive, le même nom (Aza, Azazil) est utilisé pour le démon de la mort. Les textes yézidis soulignent que dans les autres religions, qui ont pour origine Adam et Eve et pas seulement Adam, comme les Yézidis eux-mêmes, l'ange-Paulin est mal compris comme un "ange déchu". C'est l'aspect le plus inquiétant de la religion yézidie, qui a conduit d'autres cultures à les considérer comme des adorateurs du diable. D'une part, l'oiseau primordial peut être rattaché à la tradition indo-européenne, aux oiseaux sacrés des Scythes, au Garuda des Hindous, au Simurg des Perses et à l'aigle de Zeus des Hellènes. Mais nulle part cette image ne souffre de la moindre ambiguïté et est considérée comme un attribut de la plus haute divinité céleste.

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Mais nous rencontrons la diabolisation de l'aigle en dehors du contexte indo-européen chez les peuples adyguéens et abkhazes du Caucase, où l'aigle de fer du dieu maléfique Paco devient la victime du héros "positif" Bataraz, et où il existe une image encore plus expressive de la "Tha des oiseaux de proie", à l'image de laquelle apparaît la tête des anges déchus. La proximité géographique des Caucasiens et des Kurdes, et les liens communs avec le substrat hourrite, suggèrent une autre dimension de la religion kurde yazidie responsable de ses aspects " sombres " ou du moins ambigus.

A cette ambiguïté s'ajoute la subtile dialectique de la métaphysique soufie d'al-Khallaj, qui contient une sorte de justification d'Iblis (le Diable), qui a refusé de se prosterner devant Adam non par orgueil, mais par Amour absolu pour Dieu qui ne permet aucun intermédiaire. Ce thème est en accord avec les motifs gnostiques de la Sophia déchue. Bien que chez les Yezidis ce thème ne soit pas directement souligné, la structure gnostique de leur tradition et certaines allusions antinomiennes - par exemple, l'intrigue du Livre noir des Yezidis, où c'est Malaki-Ta'uz qui encourage Adam à violer l'interdiction divine de manger du grain - permettent une telle interprétation.

Dans l'ensemble, la religion des Yezidis reflète une identité kurde profonde qui remonte au fond des âges. L'analyse de ce que les critiques extérieurs reprochent aux Yazidis et de ce qui constitue des aspects ambigus de leur religion repose en grande partie sur une mauvaise compréhension de sa structure interne, ainsi que sur une mauvaise interprétation des figures et des images individuelles, ce qui est exacerbé par une nature véritablement syncrétiste et fermée des Yazidis, rendant difficile la compréhension de la morphologie intégrale de leurs enseignements.

Les Kurdes chiites

L'identité kurde se manifeste de manière tout à fait différente à l'autre extrémité du spectre religieux - chez les Kurdes chiites. Il convient ici de distinguer deux courants : les Kurdes alévis, les plus nombreux parmi l'ethnie Zaza (mais aussi parmi les Kurdes du nord - les Kurmanji), et les Kurdes partageant la doctrine des Ahli Haq (littéralement, "peuple de la vérité").

Les Alévis sont un ordre chiite-soufi qui est apparu au XIIIe siècle dans le sud-est de l'Anatolie, à proximité de l'école fondée par Hadji Bektash et qui est devenue par la suite la base religieuse de la "nouvelle armée" des sultans ottomans - les janissaires. Les Alévis ont poursuivi la tradition du soufisme iranien extrême (Gulat), centrée sur la vénération d'Ali et des Imams, et de Salman Fars en tant que figure clé particulière de la gnose lumineuse iranocentrique.

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Plus tard, aux quinzième et seizième siècles, les Alévis ont été rejoints par les branches turques des Qizil Bash, qui sont devenues le fondement de la dynastie safavide d'Iran, mais dans les territoires turcs sous contrôle sunnite, ils ont dû s'adapter à des conditions hostiles et dissimuler leur identité. De même, les Kurdes ont vu dans l'alévisme la possibilité de rester dans la société ottomane, où un islam zahirite agressif et plutôt intolérant est devenu la force dominante après Sélim Ier, car l'alévisme était respecté par les dirigeants ottomans - en tant qu'idéologie religieuse originelle des premiers dirigeants ottomans et base spirituelle de la plus importante institution militaro-politique et religieuse de l'Empire ottoman - l'armée des janissaires et l'ordre bektashi.

D'autre part, les Kurdes voyaient dans l'alévisme de nombreux traits proches de la tradition zoroastrienne, ce qui rendait leur participation à ce courant justifiée en termes de préservation de leur identité indo-européenne originelle. Un certain nombre de caractéristiques rituelles rapprochent les Alévis kurdes des Yazidis. Parmi elles, on trouve par exemple le principe de l'endogamie stricte - les Kurdes alévis ont le droit de n'épouser que des membres de la communauté alévie, préservant ainsi la pureté des "enfants de la Lumière" sur laquelle se fondent la tradition mazdéenne et diverses versions ultérieures de l'iranisme.

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Un autre courant du shi'isme radical (gulat) est l'Ahli Haqq, fondé par le sultan Sahak à la fin du quatorzième siècle. Cette tendance s'est répandue parmi les Kurdes du sud et surtout parmi les Kurdes d'Iran. La plupart d'entre eux appartiennent à l'ethnie Goran, mais il y a aussi des groupes importants d'Ahli Haqq dans les peuples kurdes de Kelhuri et de Lur. Un autre nom pour cette doctrine est Yarsan (Yâresân - littéralement, "communauté d'amoureux" ou "communauté d'amis").

La doctrine du mouvement Ahli Haqq est sensiblement la même que celle du yézidisme. Il affirme également l'idée de l'incarnation d'êtres supérieurs (Dieu ou les anges) dans une chaîne de sept messagers choisis. Ce thème est un classique de la prophéologie judéo-chrétienne et du manichéisme. Elle est également assez caractéristique du chiisme - en particulier du chiisme radical, où les membres de la famille de Mahomet et du clan de l'imam Ali sont considérés comme de telles incarnations. Les membres de l'Ahli-Haqq reconnaissent sept de ces incarnations successives, dont la deuxième et la troisième coïncident avec la lignée des séminaristes chiites, Ali et Hasan ("Shah Khoshen"). En général, il est facile d'identifier l'influence ismaélienne dans les enseignements d'Ahli Haqq (par exemple, la mention de Sheikh Nusayr parmi les assistants d'Ali). La première incarnation, cependant, est Havangdagar, par laquelle les membres de l'Ahli Haqq font référence à la divinité suprême elle-même. Chaque incarnation est accompagnée de quatre "anges amis" ou "anges aides" (yārsān-i malak), d'où le nom de toute la communauté Yarsan. La cinquième "aide" est l'ange féminin, une figure classique du zoroastrisme (fravarti). L'Ahli Haqq partage la doctrine soufie traditionnelle des quatre étapes de la connaissance de la vérité - shariah, tarikat, marifat et haqiqat, et des étapes du développement spirituel de l'âme respectivement. Les adeptes de cette école de pensée pratiquent le zikr soufi traditionnel.

Un trait irano-zoroastrien est l'idée de la dualité d'origine de l'humanité, qui rapproche également l'Ahli Haqq des Yazidis. Selon leur doctrine, les membres de la communauté Ahli-hakk ont été créés à l'origine à partir de "l'argile jaune" (zarda-gel), tandis que le reste de l'humanité est issu de la "terre noire" (ḵāk-e sīāh).

L'eschatologie d'Ahli Haqq reproduit généralement le chiisme classique : les élus attendent la venue de l'Homme du Temps, le Mahdi. Mais selon Ahli Haqq, le Mahdi doit apparaître parmi les Kurdes - dans la région kurde de Sultaniyah (province iranienne de Zanjan) ou à Shahrazur, la ville qui, selon les légendes kurdes, a été fondée par le roi Dayok (ou Dayukku), considéré comme le fondateur d'une dynastie de rois midiens. Ce détail souligne le caractère ethnocentrique de l'eschatologie kurde.

En même temps, comme chez les Yezidis, on constate l'influence des groupes judéo-chrétiens - on reconnaît notamment l'immaculée conception du fondateur (ou réformateur) de cette doctrine, le sultan Sahak, dont la tombe dans la ville de Perdivar est un centre de pèlerinage.

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l'un des chefs spirituels de l'Ahli Haqq, Hajj Nematallah, a beaucoup fait pour activer ce groupe, en publiant un certain nombre de textes religieux et poétiques, qui ont joui d'une grande popularité parmi les Kurdes - surtout le Shah-name-i haqiqat (Le livre de la vérité du roi).

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Les Kurdes : identité et État

Bien que leurs origines remontent aux musulmans qui ont fondé le puissant Empire, et bien qu'ils aient parfois été les ancêtres de puissantes dynasties (comme les Ayubides), les Kurdes n'ont pas été en mesure de construire un État propre jusqu'à aujourd'hui.

Ils ont cependant apporté une contribution significative à la culture du Moyen Âge islamique, notamment dans le domaine de la poésie. Le premier poète kurde est considéré comme Piré Sharir, qui a vécu au 10e siècle et a laissé un corpus de courts poèmes aphoristiques, extrêmement populaires parmi les Kurdes. Un autre des premiers poètes kurdes est Ali Hariri (1009-1079). La première grammaire de la langue kurde a été compilée aux Xe et XIe siècles par un contemporain d'Ali Hariri, le poète Termuqi, qui a été le premier à écrire des poèmes en kurmanji. L'une des œuvres de Termuqi porte le même nom que la célèbre pièce de Calderon "La vie, en effet, est un rêve".

Plus tard au XVIe siècle, Mela Jeziri, un éminent poète kurde, a jeté les bases d'un courant soufi dans la poésie kurde, devenant un modèle pour les générations successives de poètes soufis kurdes. Dans toutes les élites intellectuelles kurdes, un accent particulier sur l'identité kurde est évident dès les premiers poètes. Au XVIIe siècle, un autre poète soufi kurde, Faqi Tayran (1590 - 1660), également appelé "Mir Mehmet", a rassemblé de nombreux contes populaires kurdes dans un recueil intitulé "Contes du cheval noir" (Kewlê Hespê Reş). Il est le premier à faire l'éloge de la défense héroïque de la forteresse de Dymdım en 1609-1610.

Les représentants de l'élite kurde commencent peu à peu à se rendre compte de l'anomalie - le fossé entre la grande histoire des Kurdes, le niveau de conscience de leur identité unique, leur militantisme et leur héroïsme d'une part, et la position subordonnée au sein d'autres empires - d'abord le califat arabe, puis la Turquie ottomane et l'Iran séfévide.

143972.JPGAinsi, le plus grand poète kurde, Ahmed Khani (1650-1708) (tableau, ci-contre), auteur du célèbre poème épique des Kurdes, sur l'histoire d'amour tragique "Mam et Zin", est plein de tristesse pour l'État kurde disparu et de nostalgie pour la grandeur passée [9]. Ahmed Khani est considéré comme l'un des premiers idéologues du renouveau kurde et est connu comme un combattant de l'identité kurde, préparant la prochaine étape de l'éveil de la conscience nationale. Un autre grand poète kurde, Hadji Qadir Koy (1816-1894), a poursuivi cette tendance. Dans son œuvre, le désir de libération des Kurdes et d'établissement de leur propre État est encore plus contrasté et sans ambiguïté.

Au XIXe siècle, lorsque l'Empire ottoman a commencé à s'affaiblir et que nombre des peuples qui le composaient (Arabes, Grecs, Slaves, etc.) ont commencé à élaborer des projets d'indépendance, des sentiments similaires sont apparus chez les Kurdes. En 1898, le premier journal en kurde, Kurdistan, est publié au Caire. Plus tard, le journal Kurdish Day (rebaptisé plus tard Kurdish Sun) commence à être imprimé à Istanbul. Un magazine appelé Jin (Vie) est publié en turc, qui proclame ouvertement la volonté de créer un État kurde indépendant.

À la fin du XIXe siècle, les Kurdes soulèvent de plus en plus de soulèvements anti-turcs (par exemple, en 1891 à Dersim).

Les Kurdes ont d'abord soutenu les Jeunes Turcs et l'arrivée au pouvoir de Kemal Ataturk, y voyant l'espoir de mettre fin à l'oppression de l'administration ottomane. Les Alévis ont même reconnu en Ataturk le Mahdi, une figure eschatologique destinée à libérer les peuples de l'oppression et de l'injustice : c'est ainsi que la conscience religieuse a interprété la fin de l'ère de la domination du zahirisme sunnite rigide, qui, depuis l'époque de Selim Ier et de Soliman le Magnifique, avait remplacé une religion entièrement différente - spirituelle et de style iranien - des premiers dirigeants ottomans, inextricablement liée au soufisme ardent du cheikh Haji-Bektaş, de Yunus Emre et de Jalaladdin Rumi et comportant de nombreux thèmes chiites.

Cependant, les Kurdes n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient lors de l'effondrement de l'Empire ottoman. Une partie du Kurdistan est restée dans le nouvel État turc, une autre partie a été incorporée à l'Irak par l'administration d'occupation britannique, la troisième a été cédée à la Syrie et la quatrième est restée en Iran. Ainsi, une immense nation de quarante millions de personnes a été divisée en quatre parties, comprenant deux puissances coloniales, où le nationalisme arabe est devenu l'idéologie dominante (Syrie et Irak), la Turquie, où s'est affirmé le nationalisme turc sous une nouvelle forme - laïque, et l'Iran, où le chiisme dominant et l'identité persane en douze points servaient également de dénominateur commun à l'État, sans accorder aux Kurdes une place particulière, sans toutefois les opprimer autant qu'en Irak, en Syrie et en Turquie.

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Le vingtième siècle n'a donc pas été l'occasion pour les Kurdes d'établir leur propre État, et la question a été reportée à un avenir incertain. En même temps, il n'y avait pas de consensus clair parmi les Kurdes sur le type d'État kurde qu'il devait être et sur quelle base idéologique il devait être fondé. De plus, il n'y avait pas non plus de consensus entre les dirigeants.

Ainsi, dans chacun des pays où vivaient les Kurdes, les forces suivantes ont pris forme.

En Turquie, l'organisation de gauche fondée sur les principes socialistes (communistes) - le Parti des travailleurs du Kurdistan - est devenu l'expression politique de la lutte des Kurdes pour l'autonomie et, à la limite, l'indépendance. Depuis le milieu des années 40, l'Union soviétique apporte un soutien militaire et politique aux Kurdes afin de contrer les intérêts des pays occidentaux au Moyen-Orient. Ainsi, le leader des Kurdes irakiens Mustafa Barzani (1903 - 1979) s'est enfui vers le territoire soviétique après avoir été vaincu par les Irakiens lors de l'affaire de de la République kurde de Mehabad, où il a été accueilli, soutenu, puis à nouveau envoyé en Irak. Pour les Kurdes, l'URSS était donc considérée comme un point d'appui géopolitique, qui prédéterminait dans une large mesure l'orientation idéologique des Kurdes - en particulier des Turcs.

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Chez les Kurdes vivant dans une société traditionnelle, le communisme était difficilement compréhensible et nullement attrayant, de sorte que ce choix a très probablement été déterminé par des considérations pragmatiques. En outre, les Kurdes irakiens se sont heurtés à plusieurs reprises aux Britanniques (le premier soulèvement anti-anglais a été soulevé par Ahmed, le frère de Mustafa Barzani, en 1919), au cours duquel les Britanniques ont mené des opérations punitives contre les Kurdes, détruisant tout sur leur passage, mais les Britanniques étaient des ennemis de l'URSS.

Le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan était Abdullah Öçalan, qui a dirigé le mouvement d'insurrection armée kurde, proclamant en 1984 le début de la lutte armée pour l'établissement d'un Kurdistan indépendant. L'aile militaire du parti est constituée des Forces d'autodéfense du peuple. Öçalan est actuellement emprisonné en Turquie, après avoir été condamné à la prison à vie.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan lui-même est considéré comme une "organisation terroriste" dans de nombreux pays. En fait, le Parti de la paix et de la démocratie, issu du Parti de la société démocratique, interdit en 2009, agit désormais au nom des Kurdes de Turquie. Mais pour toutes ces structures, la tradition des idées socialistes et sociales-démocratiques de gauche parmi les Kurdes turcs est maintenue.

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Les Kurdes irakiens sont réunis au sein du Parti démocratique du Kurdistan, formé par Mustafa Barzani, qui, comme nous l'avons vu, était également tourné vers l'URSS et bénéficiait de son soutien. L'aile militaire du parti est devenue l'armée kurde - les Peshmerga (Pêşmerge littéralement, "ceux qui regardent la mort en face"), qui est apparue à la fin du XIXe siècle pendant la lutte des Kurdes irakiens pour l'indépendance.

Il y a eu une confrontation précoce entre les deux leaders à la tête du Parti démocratique du Kurdistan, reflétant les intérêts de deux unités tribales kurdes - les Barzani [10], basés à Bahdinan, et les Kurdes Sorani, basés à Sulaymaniya.

La tribu Barzani était représentée par Mustafa Barzani, le héros de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan, dont la cause, après sa mort, a été dirigée par son fils Masoud Barzani, l'ancien président du Kurdistan irakien pendant la période critique pour l'Irak de 2005 à 2017. Masoud Barzani participait depuis 16 ans à des opérations militaires avec les unités kurdes peshmerga. Après que Massoud Barzani a quitté la présidence, son neveu, le petit-fils de Mustafa Barzani, Nechirvan Idris Barzani, a repris le poste.

L'alliance tribale opposée après 1991 était représentée par la figure flamboyante de Jalal Talabani, qui a été président de l'Irak de 2005 à 2014....

Après la défaite des forces de Saddam Hussein par les forces de la coalition occidentale, Masoud Barzani et Jalal Talabani ont travaillé ensemble pour établir un contrôle militaire et politique sur les territoires du Kurdistan irakien. Toutefois, les contradictions entre les dirigeants se sont traduites par la division effective du Kurdistan irakien en deux parties : la partie orientale (Sulaymaniyah, district de Soran, du nom de la tribu kurde des Sorani), patrie de Talabani, où sa position était la plus forte, et la partie nord-ouest (Bahdania), patrie de Barzani, où ses partisans l'emportaient.

Ce dualisme relatif parmi les Kurdes irakiens a persisté jusqu'à aujourd'hui. Dans certaines situations, les dirigeants des deux entités tribales forment des alliances entre eux. Dans d'autres, la coopération fait place à la rivalité. 

En Syrie, le Parti démocratique kurde de Syrie peut être considéré comme la principale organisation kurde. Actuellement, pendant la guerre civile syrienne, il y a aussi le Conseil national syrien, qui comprend d'autres forces. Les Kurdes syriens n'avaient pas de personnalités aussi brillantes que Barzani, Talabani ou Öçalan, et leurs idées et structures ont donc été fortement influencées par les structures kurdes turques ou irakiennes, où dans les deux cas les tendances gauchistes étaient fortes.

En Iran, les Kurdes vivent dans quatre provinces - Kurdistan, Kermanshah, Azerbaïdjan occidental et Ilam. Les Kurdes iraniens ont historiquement montré moins de volonté d'établir un statut d'État indépendant et n'ont pas organisé de structures politiques autonomes centralisées.

En 2012, deux partis, le Parti démocratique du Kurdistan iranien et Komala (Parti révolutionnaire des travailleurs du Kurdistan), ont fait une offre pour une telle unification.

Notes:


[1] Les peuples voisins appellent les musulmans "Mar". Les Kurdes estiment que ce nom doit être attribué à leurs ancêtres directs et suggèrent que le "Mars" soit identifié aux Kurdes.

[2] Le célèbre temple yazidi de Lalesh, où se trouve la tombe du cheikh Adi ibn Musafir, vénéré par les Kurdes, faisait autrefois partie du monastère nestorien de l'apôtre Thomas. Dans la période pré-chrétienne, le même complexe sacré était un temple du Soleil.

[3] Selon une légende, le premier Kurde à avoir accepté le Silam était un compagnon de Mohammad (sahib), Jaban al-Kurdi, qui retourna au Kurdistan après la mort de Mohammad et y prêcha l'islam.

[4] Spät E., Les Yezidis. Londres : Saqi, 2005.

[5] Pendant une courte période, à la fin du XVIIIe siècle, la dynastie kurde des Zend s'est établie en Iran, avec à sa tête Kerim-khan Zend. Il est révélateur que les Kurdes manquaient tellement de solidarité ethnique que les Qajars, adversaires des Zends, se sont appuyés sur les tribus des Kurdes - Mukri, Ardelan, etc.

[6) Cela rapproche les Kurdes des Arméniens, qui ont subi un sort similaire.

[7] Joseph I.  Devil Worship: The Sacred Books and Traditions of the Yezidiz.Boston : R.G. Badger, 1919.

[8] Semenov A.A. Le culte de Satan chez les Kurdes Yezidiz// Bulletin de l'Université d'État d'Asie centrale, 1927, № 16.

[9] Rudenko M. B. Texte critique, traduction, avant-propos et index du poème d'Ahmad Hani Mam et Zin. M. : ANS SSR, 1962.

[10] La tribu Barzan est une confédération de plusieurs tribus kurdes, unies au XIXe siècle, sous la direction de cheikhs soufis Naqshbandi. Cela a eu lieu pour la première fois sous le Cheikh Abdel-Salam I. Le cheikh Abd-al-Salam II lui succède. Il prend part aux rébellions anti-turques, se cache ensuite en Russie et, après son retour au Kurdistan iranien, est extradé vers les Turcs et exécuté à Mossoul. Abdel-Salam II était le frère d'Ahmed Barzani et de Mustafa Barzani.

mercredi, 08 mai 2019

Un futur Iran bonapartiste ?

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Un futur Iran bonapartiste ?

La question de l’avenir immédiat de l’Iran a probablement des implications plus profondes que toute autre crise contemporaine pour la survie à long terme de l’héritage aryen.

Par Jason Reza Jorjani

Ex: https://altright.com

Le 19 avril 2017, le Secrétaire d’Etat des USA Rex Tillerson a tenu une conférence de presse dans laquelle il a annoncé que l’Administration Trump allait entreprendre un « examen complet » de sa politique iranienne. Certains d’entre nous savent, même avant l’investiture [de Trump], qu’un changement de régime était envisagé pour l’Iran – la seule question étant : quelle sorte de changement de régime ? La fausse nouvelle de l’attaque au gaz d’Assad et les frappes de représailles en Syrie ne furent pas du tout rassurantes. Un mois plus tard, le 19 mai, la République Islamique a tenu sa douzième élection présidentielle. Une chose est claire : celui qui est élu pourrait être le dernier président de la théocratie chiite.

Il y a un plan pour détruire l’Iran, un plan élaboré avec l’Arabie Saoudite par ceux dans le complexe militaro-industriel américain qui considèrent les Saoudites comme un allié des Etats-Unis. Hillary Clinton, qui a des liens étroits avec les financiers saoudites, voulait certainement mettre en œuvre ce plan. A en juger par les références répétées à l’Arabie Saoudite dans les déclarations sur l’Iran faites par le Secrétaire à la Défense, le général « chien fou » Mattis, et le Secrétaire d’Etat Tillerson, il semble que ce plan pourrait commencer à être appliqué, même s’il semble qu’il y avait des plans substantiellement différents pour l’Iran à l’époque où le général Flynn et Steve Bannon étaient les principaux membres de l’équipe Trump. La réussite ou l’échec de ce plan saoudite aura un profond impact sur l’avenir des Occidentaux et d’autres dans le plus large monde indo-européen. La question de l’avenir immédiat de l’Iran a probablement des implications plus profondes que toute autre crise contemporaine pour la survie à long terme de l’héritage aryen.

Entouré par une douzaine d’Etats artificiels qui n’existaient pas avant les machinations coloniales européennes des XVIIIe et XIXe siècles, l’Iran est la seule vraie nation entre la Chine et l’Inde en Orient et la sphère de la civilisation européenne déclinante à l’Ouest et au Nord.  Abréviation d’Irânshahr ou « Imperium aryen », l’Iran ne fut jamais désigné par la majorité à 55% perse du pays comme l’« Empire perse ». Les Grecs antiques forgèrent ce terme et il s’implanta en Occident. Il est dangereusement trompeur parce que si les Perses ont été le groupe ethno-linguistique le plus dominant culturellement à l’intérieur de la Civilisation Iranienne (jouant un rôle comparable aux Hans dans la Civilisation Chinoise), les Kurdes, les Ossètes, les Baloutches et d’autres sont ethniquement et linguistiquement iraniens même s’ils ne parlent pas la langue perse (appelée pârsi ou, erronément, fârsi en Iran de l’Ouest et dari ou tâjiki en Asie Centrale iranienne).

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La combinaison d’« Iran » et de « Perse » a, depuis un bon nombre d’années, été utilisée comme partie d’un complot pour éroder encore plus l’intégrité territoriale de l’Iran en le réduisant à un Etat-croupion perse. Si les conspirateurs globalistes sans racines essayant de présenter l’« Iran » comme une construction conceptuelle de l’impérialisme perse sont certainement motivés par des considérations économiques et stratégiques, leur but ultime est l’effacement de l’idée même d’Iran ou d’Irânshahr. Ils voient le renouveau de cette idée comme peut-être la plus grande menace singulière pour leur agenda global, et depuis l’échec total du Mouvement de Réforme Islamique de 1997-2009 c’est justement ce renouveau qui est au cœur d’une révolution culturelle ultranationaliste connue sous le nom de Renaissance Iranienne.

Ce mouvement s’efforce de parvenir à une renaissance de la vision-du-monde préislamique de la Civilisation Iranienne, voyant le dénommé « âge d’or » de l’islam comme une dernière lueur ou un avortement de ce qui aurait pu être si l’Iran avait continué sa trajectoire de développement en tant que nation aryenne. Après tout, l’immense majorité des scientifiques et des ingénieurs qui furent forcés à écrire en arabe sous le Califat étaient des Iraniens ethniques dont la langue maternelle était le perse. A tous les égards, de la science à la technologie, à la littérature, à la musique, à l’art et à l’architecture, la soi-disant « Civilisation Islamique » agit comme un parasite s’appropriant une Civilisation Iranienne vraiment glorieuse qui était déjà âgée de 2000 ans avant que l’invasion arabo-musulmane impose l’islam et que les Mongols génocidaires la cimentent (en écrasant les insurrections perses en Azerbaïdjan, sur la côte caspienne, et au Khorasan).

La Renaissance Iranienne est basée sur le renouveau de principes et d’idéaux anciens, dont beaucoup sont partagés par l’Iran avec l’Europe à travers leur ascendance caucasienne commune et par des échanges interculturels intensifs. Cela inclut la pénétration profonde des Alains, des Scythes et des Sarmates iraniens dans le continent européen, et leur intégration finale avec les Goths dans la « Goth-Alanie » (Catalogne) et les Celtes dans « Erin » (un mot apparenté à « Iran »). Leur introduction de la culture de la Chevalerie (Javanmardi) et du mysticisme du Graal en Europe laissa sur l’ethos « faustien » de l’Occident un impact aussi profond que les idéaux « prométhéens » (en réalité, zoroastriens) du culte de la Sagesse et de l’industriosité innovante, qui furent introduits en Grèce par des siècles de colonisation perse.

La barrière civilisationnelle entre l’Iran et l’Europe a été très poreuse – des deux cotés. Après l’hellénisation de l’Iran durant la période d’Alexandre, l’Europe fut presque persisée par l’adoption du mithraïsme comme religion d’Etat à Rome. En partie comme une conséquence des machinations de la dynastie parthe et des opérations secrètes de sa flotte en Méditerranée, c’était imminent à l’époque où Constantin institutionnalisa le christianisme – probablement comme un rempart contre l’Iran.

Il ne faut donc pas être surpris si beaucoup des éléments essentiels de l’ethos de la Renaissance Iranienne semblent étonnamment européens : le respect pour la Sagesse et la recherche de la connaissance avant tout ; et donc aussi l’accent mis sur l’innovation industrieuse conduisant à un embellissement et une perfection utopiques de ce monde ; la culture de la liberté d’esprit chevaleresque, de l’humanitarisme charitable, et de la tolérance et de la largeur d’esprit ; un ordre politique qui est basé sur le droit naturel, où l’esclavage est considéré comme injuste et où les femmes fortes sont grandement respectées.

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Mais il faut se souvenir que dans la mesure où l’Irânshahr s’étendait loin vers l’Est en Asie, ces valeurs étaient jadis aussi caractéristiques de la culture aryenne orientale – en particulier du bouddhisme du Mahayana, qui fut créé par les Kouchites iraniens. L’Iran colonisa l’Inde du Nord cinq fois et toute la Route de la Soie jusqu’à ce qui est maintenant la Chine du nord-ouest était peuplée par des Iraniens à l’apparence caucasienne, jusqu’aux conquêtes turques et mongoles aux XIe et XIIe siècles.

Alors que la Renaissance Iranienne veut « rendre l’Iran à nouveau grand » en faisant revivre cet héritage indo-européen, et même en reconstituant territorialement ce que les gens de notre mouvement appellent le « Grand Iran » (Irâné Bozorg), les globalistes sans racines, les sheikhs arabes du pétrole, et leurs collaborateurs islamistes en Turquie et au Pakistan veulent complètement effacer l’Iran de la carte. Evidemment ce n’est pas du goût des centaines de milliers de nationalistes iraniens qui se sont rassemblés devant le tombeau de Cyrus le Grand le 29 octobre 2016 pour chanter le slogan : « Nous sommes des Aryens, nous n’adorons pas les Arabes ! ». Le slogan est aussi clairement anti-islamique que possible dans les limites de la loi de la République Islamique. Le prophète Mahomet et l’Imam Ali étaient bien sûr des Arabes, donc le sens est très clair. On voit aussi clairement qui est celui que ces jeunes gens considèrent comme leur vrai messager, puisque l’autre slogan le plus chanté était : « Notre Cyrus aryen, tu es notre honneur ! ».

Depuis le soulèvement brutalement écrasé de 2009, presque tous les Iraniens ont rejeté la République Islamique. Beaucoup d’entre eux, spécialement les jeunes, sont convaincus que l’islam lui-même est le problème. Ils se sont clandestinement convertis au néo-zoroastrisme qui est indistinguable de l’ultranationalisme iranien. L’image de Zarathoustra dans un disque ailé, symbolisant la perfection évolutionnaire de l’âme, connue sous le nom de « Farvahar », est partout : sur les pendentifs, les bagues, et même les tatouages (en dépit du fait que les tatouages, qui étaient omniprésents parmi les Scythes, étaient bannis par le zoroastrisme orthodoxe). Maintenant même des éléments-clés dans le régime, spécialement les Gardiens de la Révolution, lisent des traités sur « la pensée politique de l’Imperium Aryen » qui sont extrêmement critiques vis-à-vis de l’islam tout en glorifiant l’ancien Iran.

Pendant ce temps, la soi-disant « opposition » en exil a été presque entièrement corrompue et cooptée par ceux qui souhaitent morceler le peu qui reste de l’Iran. D’un coté vous avez les gauchistes radicaux qui livrèrent en fait l’Iran aux Ayatollahs en 1979 avant que Khomeiny ne se retourne contre eux, forçant ceux qui échappèrent à l’exécution à partir en exil. D’un autre coté vous avez les partisans aveuglément loyaux du Prince héritier Reza Pahlavi, dont la vision – ou le manque de vision – s’aligne largement sur celle des gauchistes, du moins dans la mesure où elle cadre avec  les buts des globalistes et des islamistes.

Les gens de l’opposition marxiste et maoïste à la République Islamique promeuvent le séparatisme ethnique, transplantant un discours anticolonialiste des « luttes de libération des peuples » dans un contexte iranien où il n’a rien à faire. Les Perses n’ont jamais méprisé personne. Nous fûmes des libérateurs humanitaires. Nous fûmes plutôt trop humanitaires et trop libéraux.

Les gauchistes des « peuples de l’Iran », comme si les Kurdes et les Baloutches n’étaient pas ethniquement iraniens et comme si un dialecte turcique n’avait pas été imposé à la province d’Azerbaïdjan, la source caucasienne de l’Iran, par les méthodes génocidaires de conquérants asiatiques à demi-sauvages. Tout en prétendant être féministes et partisans de la révolution prolétarienne, ces gauchistes acceptent d’être financés par l’Arabie Saoudite, qui veut les aider à séparer la région riche en pétrole et partiellement arabisée du Khuzistan de l’Iran et à la transformer en nation d’Al-Ahwaz, avec une façade côtière considérable sur ce qu’ils appellent déjà le « Golfe Arabe ». Le Kurdistan, l’Azerbaïdjan, Al-Ahwaz, le Baloutchistan : ces micro-Etats, ostensiblement nés des « mouvements de libération » gauchistes, seraient faciles à contrôler pour les capitalistes globaux sans racines. Dans au moins deux cas, Al-Ahwaz et le « Baloutchistan Libre », ils seraient aussi un terrain de développement pour une plus grande diffusion du terrorisme islamiste. Finalement, ils laisseraient les Perses dépourvus de presque toutes les ressources en pétrole et en gaz naturel de l’Iran, et contiendraient la marée montante de l’Identitarisme Aryen dans un Etat-croupion de « Perse ».

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Le mieux armé et le mieux organisé de ces groupes gauchistes est celui des Mojaheddin-e-Khalq (MEK), qui est aussi connu sous les noms de Moudjahidines du Peuple de l’Iran (PMOI) et de Conseil National de la Résistance Iranienne (NCRI). Leurs guérillas armées mirent en fait Khomeiny et le pouvoir religieux au pouvoir avant d’être eux-mêmes dénoncés comme hérétiques. Leur réponse fut de prêter allégeance à Saddam Hussein et de mettre à sa disposition quelques unités militaires qui firent défection pendant la guerre Iran-Irak. Cela signifie qu’ils avaient de facto accepté l’occupation du Khuzistan par l’Irak. Plus tard, lorsqu’ils furent obligés de se repositionner dans le Kurdistan irakien, ils promirent aux Kurdes de soutenir la sécession kurde de l’Iran. Toute une foule de politiciens importants des Etats-Unis et de l’Union Européenne fut soudoyée pour apporter leur appui au leader du groupe, Maryam Radjavi, incluant John McCain, Newt Gingrich, Rudy Giuliani, John Bolton, et les NeoCons.

La majorité des Iraniens voit le MEK comme des traîtres, et le fait qu’ils sont essentiellement une secte dont les membres – ou les captifs – sont aussi coupés du monde extérieur que les Nord-Coréens n’arrange rien. Si cela signifie qu’ils ne seraient jamais capables de gouverner l’Iran efficacement, le MEK pourrait être utilisé comme un agent catalytique de déstabilisation durant une guerre contre la République Islamique.

C’est ici qu’intervient le Prince héritier Reza Pahlavi, avec son groupe de l’« opposition » iranienne en exil. La cabale globaliste et ses alliés arabes dans le Golfe Persique (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis) veulent créer un problème pour lequel il serait la solution. Il est dans leur poche.

Lors d’une réunion du CFR à Dallas au début de 2016, que j’ai révélée dans une interview bien connue avec le journaliste indépendant résidant en Suède, Omid Dana de Roodast (« le  Alex Jones perse »), Reza Pahlavi ironisa sur la soi-disant « rhétorique nationaliste exagérée » concernant la conquête arabo-musulmane génocidaire de l’Iran. Il parla de cette tragédie historique incomparable comme d’une chose qui, si elle a vraiment existé, est sans importance parce qu’elle a eu lieu il y a longtemps. En fait, il la voit comme un obstacle pour de bonnes relations de voisinage avec les Etats arabes du « Golfe ». Oh oui, dans des interviews avec des médias arabes il a parlé du Golfe éternellement Persique comme du « Golfe » tout court pour ne pas contrarier ses riches bienfaiteurs arabes. Reza Pahlavi a aussi permis à des représentants de ses organes de presse officiels de faire la même chose à plusieurs reprises. Il a même utilisé le terme dans un contexte qui implique que l’Iran pourrait abandonner plusieurs îles dans « le Golfe » avec l’idée d’améliorer les relations de voisinage (comme si le renoncement de son père à Bahreïn n’était pas suffisant !).

En fait, il a suggéré que l’Arabie Saoudite et d’autres gouvernements arabes inhumains devraient investir dans l’économie de l’Iran dans une mesure telle que l’Iran serait si dépendant d’eux que faire la guerre à ces nations deviendrait impossible. De plus, et de manière très embarrassante, le Prince héritier affirma que son futur Iran ne devrait pas avoir d’armes nucléaires parce qu’il aurait peur de passer une nuit dans son palais, puisque si l’Iran devait acquérir des armes atomiques alors d’autres nations rivales de la région auraient le droit de faire la même chose et pointeraient leurs missiles sur l’Iran.

Le pire de tout dans cette rhétorique est le plan très concret du Prince de soumettre la question d’une fédéralisation de l’Iran à un vote populaire ou à un référendum à l’échelle nationale. Ce n’est pas simplement une proposition. Il rencontre des individus et des groupes qui promeuvent le séparatisme et la désintégration territoriale de l’Iran, la première étape étant « l’éducation dans la langue maternelle » (autre que le perse) et l’autonomie régionale dans le contexte d’un système fédéral. En même temps, il a dénoncé comme « fascistes » les patriotes iraniens qui, au risque d’être emprisonnés ou tués, se sont rassemblés devant le tombeau de Cyrus le Grand le 29 octobre de l’année dernière et qui ont chanté le slogan « Nous sommes des Aryens, nous n’adorons pas les Arabes ! ». En dépit du fait que certains des mêmes protestataires chantèrent aussi des slogans félicitant le Prince héritier pour son anniversaire, c’est une erreur qu’ils ne referont jamais plus. Il fit même des remarques qui ridiculisaient de manière suggestive les partisans de la Tradition impériale perse.

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Reza Pahlavi saisit toutes les occasions pour faire savoir que ses vrais idéaux sont la « démocratie libérale » et les « droits humains universels », des concepts occidentaux qu’il adopte imprudemment sans la moindre compréhension des problèmes fondamentaux qu’ils posent lorsqu’on les compare à notre philosophie politique iranienne aristocratique – qui influença des théories politiques occidentales essentielles comme celles de Platon, d’Aristote et de Nietzsche, et qui est beaucoup plus en accord avec celles-ci.

Si son acceptation de la démocratie et des droits de l’homme va jusqu’à un vote populaire sur une fédéralisation qui conduit à l’autonomie régionale et finalement à la sécession de nombreuses provinces, elle ne protège apparemment pas le criticisme envers l’islam. Et sous l’influence de ses manipulateurs occidentaux néolibéraux et de la police PC gauchiste de l’Occident, et totalement en désaccord avec le sentiment populaire parmi la jeunesse iranienne, il a affirmé que si l’islam devait être insulté ou que s’il devait y avoir de l’« islamophobie » dans le futur Iran, alors il vaudrait mieux que la République Islamique reste au pouvoir. Il a le toupet de dire cela tout en dénonçant ses critiques comme des agents de la République Islamique. Quand des dizaines d’éminents monarchistes patriotes signèrent un « Dernier Avertissement » (Akharin Hoshdâr) adressé à lui en juillet 2016, certains d’entre eux étant d’anciens proches conseillers de son père, il les accusa tous d’être des agents de la République Islamique qui falsifiaient ses déclarations et qui fabriquaient des preuves (ce qui était justement une affirmation clairement fausse et calomnieuse).

Nous n’étions pas des agents de la République Islamique, et nous ne serons jamais les complices d’une théocratie chiite sous sa présente forme. Mais étant donné la crise à laquelle nous faisons face aujourd’hui, nous devons envisager une alternative radicale pour les traîtres sécessionnistes de l’opposition gauchiste basée à Paris et les Shahs du Coucher de Soleil de Los Angeles qui seront tous trop heureux de faire régner leur Prince de Perse sur l’Etat-croupion qui restera de l’Iran après le « changement de régime ». Je propose un grand plan, une anticipation bonapartiste du règne de la terreur qui approche.

Ceux qui ont suivi mes écrits et mes interviews savent qu’il n’y a pas de plus sévère critique de l’islam, sous toutes ses formes, que votre serviteur. Je n’ai pas encore publié mes critiques vraiment sérieuses et rigoureuses de l’islam, incluant en particulier ma déconstruction de la doctrine chiite. Rien de ce que je vais proposer ne change le fait que j’ai la ferme intention de le faire dans les toutes prochaines années.

Cependant, nous entrons dans ce que Carl Schmitt appelait un « état d’urgence ». Dans cette situation exceptionnelle, où nous nous trouvons face à une menace existentielle pour l’Iran, il est important de faire la différence entre questions ontologiques ou épistémologiques et le genre de distinction ami/ennemi qui est définitive pour la pensée politique au sens approprié et fondamental. Les nationalistes iraniens ont des amis dans le système de la République Islamique, et le Seigneur sait que nous avons une quantité d’ennemis en-dehors de celui-ci.

Le jeune Gardien de la Révolution (Pasdaran) de Meshed qui récite Hafez en patrouillant le long de la frontière irakienne et attendant d’être tué par des séparatistes kurdes, mais dont la mère est kurde, et qui accompagne son père perse pour aller prier devant l’autel de l’Imam Reza en portant un Farvahar autour du cou n’est pas seulement un ami, il est le frère de tout vrai patriote iranien. Ce ne sont pas les Pasdarans qui ont tué et massacré de jeunes Iraniens pour mater la révolte de 2009, c’étaient des voyous paramilitaires dévoués au Guide Suprême Ali Khamenei – qui est maintenant sur son lit de mort.

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Nous devons penser à l’avenir. Le cœur et l’âme de l’enseignement de Zarathoustra était son futurisme, son insistance sur l’innovation évolutionnaire. S’il était vivant aujourd’hui, il ne serait certainement pas zoroastrien. Franchement, même s’il avait été vivant durant l’Empire sassanide, il n’aurait pas été un zoroastrien au sens orthodoxe.

La Renaissance Iranienne considère la période sassanide comme le zénith de l’histoire de l’Iran, « l’apogée avant le déclin spectaculaire ». Mais les deux plus grands hérétiques, du point de vue de l’orthodoxie zoroastrienne, avaient le soutien de l’Etat sassanide. Chapour 1er était le patron de Mani, qui créa une religion mondiale syncrétique dans laquelle Gautama Bouddha et le Christ gnostique étaient vus comme des Shaoshyants (des Sauveurs zoroastriens) et des successeurs légitimes de Zarathoustra. Le manichéisme se répandit jusque dans le sud de la France en Occident, où il suscita la Sainte Inquisition en réaction contre lui, et jusqu’en Chine en Orient, où Mani était appelé « le Bouddha de Lumière » et où son enseignement influença le développement du bouddhisme mahayana. L’ésotériste libertin Mazdak, dont la révolution socialiste était d’après moi plus nationale-bolchevique que communiste, reçut le plein appui de l’empereur perse sassanide Kavad 1er. Même Khosrô Anushiravan, qui écrasa le mouvement mazdakien, n’était pas du tout un zoroastrien orthodoxe. C’était un néo-platonicien, qui invita les survivants de l’Académie à trouver refuge dans les bibliothèques et les laboratoires iraniens comme Gondechapour après la fermeture des dernières universités de l’Europe sur l’ordre de Justinien.

De plus, l’évolution de la tradition spirituelle iranienne fondée par Zarathoustra ne prit pas fin avec la Conquête islamique. La Renaissance Iranienne condamne Mazdak sans équivoque, et pourtant Babak Khorrdamdin est considéré comme un héros de la résistance nationaliste contre le Califat arabe. Mais les partisans de Khorrdamdin en Azerbaïdjan étaient des mazdakiens ! Une claire ligne peut être tracée depuis le mouvement mazdakien, à travers les Khorrdamdin, jusqu’aux groupes chiites ésotériques tels que les Ismaéliens nizarites ou Ordre des « Assassins » comme ils sont généralement connus en Occident. Combattant contre le Califat et les Croisés simultanément, il n’y eut jamais de plus grand champion de la liberté et de l’indépendance iraniennes que Hassan Sabbah. Et sa variété d’ésotérisme chiite ne déclina pas non plus avec la secte ismaélienne.

sohrawardi.jpgIl y a encore en Iran aujourd’hui des religieux supposément chiites qui doivent plus à Sohrawardi, à travers Mullah Sadra, qu’à l’enseignement réel de l’Imam Ali. A l’époque du Sixième Imam, Jaafar al-Sadiq, la foi chiite fut cooptée par les partisans iraniens luttant contre me Califat sunnite. Le genre de doctrine chiite que certains des collègues de l’Ayatollah Khomeiny tentèrent d’imposer à l’Iran en 1979 représenta une reconstruction radicale du premier chiisme arabe, pas le genre d’ésotérisme chiite qui donna naissance à la dynastie safavide. Cette dernière permit à l’Iran de resurgir en tant qu’Etat politique distinct séparé et opposé au Califat Ottoman sunnite et à un Empire Moghol qui était aussi tombé dans le fondamentalisme islamique après que la littérature et la philosophie persisées d’Akbar se soient révélées être un rempart insuffisant contre celui-ci. Certains de ces chiites persisés sont présents aux plus hauts niveaux dans la structure de pouvoir de la République Islamique. Ils doivent être accueillis dans la communauté du nationalisme iranien, et même dans la communauté de la Renaissance Iranienne.

La Renaissance italienne eut recours à la Rome païenne pour accomplir une revitalisation civilisationnelle, mais elle n’abolit pas le christianisme. Benito Mussolini non plus, lorsqu’il adopta comme but explicite une seconde Renaissance italienne et un renouveau de l’Empire romain. Au contraire, le Duce recruta le catholicisme romain comme allié de confiance dans son vaillant combat contre le capitalisme sans racines, parce qu’il savait que les catholiques romains étaient « romains », même en Argentine.

De même, aujourd’hui, les chiites sont d’une manière ou d’une autre culturellement iraniens, même dans l’Azerbaïdjan du nord turcique, dans l’Irak arabophone et à Bahreïn, sans parler de l’Afghanistan du nord-ouest où le perse demeure la lingua franca. Si les néo-zoroastriens, en Iran ainsi que dans les parties du Kurdistan actuellement en-dehors des frontières de l’Iran, devaient s’allier avec les chiites persisés, cela ferait plus que consolider l’intégrité territoriale de l’Iran. Cela établirait un nouvel Empire perse, fournissant à l’Iran central de nombreuses zones-tampons et positions avancées chiites tout en réincorporant aussi, sur la base du nationalisme iranien, des régions qui sont ethno-linguistiquement iraniennes mais pas chiites – comme le grand Kurdistan et le Tadjikistan (incluant Samarkand et Boukhara).

Ce que je propose est plus qu’un coup d’Etat militaire à l’intérieur de la République Islamique. Le qualificatif de « bonapartiste » est seulement en partie exact. Nous avons besoin d’un groupe d’officiers dans les Pasdarans qui reconnaissent que la Timocratie, comme Platon la nommait, est seulement la seconde meilleure forme de gouvernement et que leur pouvoir aura besoin d’être légitimé par un roi philosophe et un conseil des Mages avec l’intelligence et la profondeur d’âme requises pour utiliser le pouvoir étatique afin de promouvoir la Renaissance Iranienne qui est déjà en cours. Ironiquement, si nous séparons la forme politique de la République Islamique de son contenu – comme le ferait un bon platonicien –, les structures centrales antidémocratiques et intolérantes du régime sont remarquablement iraniennes. Le Conseil Gardien (Shorâye Negahbân) est l’Assemblée des Mages et le Gouvernement du Docte (Velâyaté Faqih) est le Shâhanshâhé Dâdgar qui possède le farr – celui qui est justement guidé par la divine gloire de la Sagesse. Cela ne devrait pas être surprenant puisque, après tout, l’Ayatollah Khomeiny emprunta ces concepts à Al Fârâbî qui, au fond de lui, était tout de même un Aryen.

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Le Parti Pan-Iranien, qui est issu du Parti des Travailleurs National Socialiste (SUMKA) de l’Iran du début des années 1940, est un élément-clé dans ce stratagème. Célèbre pour son opposition parlementaire très bruyante à l’abandon de Bahreïn par Mohammad Reza Shah Pahlavi en 1971, l’opposition loyale ultranationaliste (c’est-à-dire à la droite du Shah) du régime Pahlavi pourrait devenir l’opposition loyale de la République Islamique si elle était légalisée après un coup d’Etat par ceux parmi les Gardiens de la Révolution qui comprennent la valeur du nationalisme iranien pour affronter la menace existentielle imminente pour l’Iran.

A la différence de tous les autres partis d’opposition, l’existence clandestine du Parti Pan-Iranien a été seulement à peine tolérée par la République Islamique. Bien qu’il soit techniquement illégal et qu’il ne puisse pas présenter de candidats aux élections, il n’a pas été écrasé par le régime – parce la loyauté du parti envers l’Iran ne fait pas de question. Le parti a des liens étroits avec les principaux intellectuels de la Renaissance Iranienne et avec les membres les plus patriotes du clergé chiite. S’il était le seul parti d’opposition légal, tous les nationalistes iraniens voteraient pour lui et en une seule élection, ou deux tout au plus, les Pan-Iraniens obtiendraient une majorité au Parlement. Leur premier acte de législation devrait être quelque chose avec un grand pouvoir symbolique et peu de chances de réaction hostile de la part du complexe militaro-industriel de la République Islamique : le retour du Lion et du Soleil comme drapeau national légitime de l’Iran (l’un des buts déclarés du Parti).

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Le Lion et le Soleil incarne parfaitement l’ambiguïté de l’identité iranienne. Les chiites affirment que c’est une représentation zoomorphique de l’Imam Ali, « le Lion de Dieu » (Assadollâh) et que l’épée brandie par le lion est le Zulfaqâr. La République Islamique  remplaça ce symbole parce que ses fondateurs fondamentalistes savaient que c’était faux. Le Lion et le Soleil est un drapeau aryen extrêmement ancien, qui représente probablement Mithra c’est-à-dire le Soleil entrant dans la maison zodiacale du Lion.

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De plus, les néo-zoroastriens ont tort de croire que l’épée recourbée est un ajout islamique (et qu’elle doit donc être remplacée par une épée droite). Au contraire, l’épée du lion est la serpe,  qui était le symbole du cinquième degré de l’initiation dans le mithraïsme, connu sous le nom de Perses. Perses était le fils de Perseus, le progéniteur des Aryens perses. Il tranche la tête de la Gorgone avec une épée-serpe. Les Gorgones étaient sacrées pour les Scythes, les tribus rivales des Perses à l’intérieur du monde iranien. Perseus brandissant la tête tranchée de la Méduse symbolise le fait qu’il a saisi sa puissance (sa Shakti) tout en restant humain (sans se transformer en pierre). Mais oui, bien sûr, c’est l’Imam Ali.

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Dans le nouvel Iran, les néo-zoroastriens devront tolérer les rituels de deuil de masse de Moharrem et de l’Achoura, car après tout leurs vraies origines sont dans les anciennes processions de deuil iraniennes pour le martyre de Siyâvosh. En échange, les chiites devront tolérer les tatouages de Farvahar chez les femmes néo-zoroastriennes qui ont été tellement ciblées par la République Islamique qu’elles sont prêtes à sauter nues par-dessus des feux de joie Châhâr-Shanbeh Suri allumés en brûlant des Corans.

A la différence de ce qui se passait à l’époque de Reza Shah Pahlavi II, et de la République Arabe d’Al-Ahwaz proposée, il n’y aura pas de criminalisation de l’islamophobie dans l’Iran nationaliste. En fait, la composante chiite du nouveau régime servira à légitimer l’alliance de l’Iran avec les nationalistes européens combattant la cinquième colonne de nouveau Califat sunnite à Paris, Londres, Munich et Dearborn. Les têtes de l’hydre sont en Arabie Saoudite, en Turquie, et au Pakistan. Le Lion de Mithra tranchera ces têtes avec son épée. Pour la première fois depuis la dynastie fatimide des Assassins, La Mecque et Médine seront gouvernées par des mystiques chiites. Les Perses fêteront cela à Persépolis.

Il n’y a pas de doute là-dessus. Le temps est venu pour l’Iran bonapartiste – la forteresse islamique-aryenne et nationaliste-religieuse de la résistance contre les globalistes sans racines, pour qui « Rien n’est vrai, et tout est permis ». Il ne nous reste qu’une question : « Qui est le Napoléon perse ? ».

 

 

lundi, 04 septembre 2017

The Geopolitics of Jason Jorjani

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The Geopolitics of Jason Jorjani

Jason Reza Jorjani
World State of Emergency [2]
London: Arktos Media, 2017

Dr. Yen Lo: ”You must try, Comrade Zilkov, to cultivate a sense of humor. There’s nothing like a good laugh now and then to lighten the burdens of the day. [To Raymond] Tell me, Raymond, do you remember murdering Mavole and Lembeck?”[1] [3]

If Dr. Jason Jorjani were an inanimate object, he would be an exploding cigar; or perhaps one of those cartoon guns with a barrel that twists around [4] and delivers a blast to the man behind the trigger.[2] [5] Jorjani, however, is neither a gun nor a cigar, but an author, and with his new book he delivers another kind of unexpected explosion of conventional — albeit alt-Right — expectations. Anyone possessed with the least amount of intellectual curiosity — and courage — needs to read this book; although you should keep well away from windows and beloved china, as you will likely want to hurl it away from time to time.

After the twin hammer blows of first, publishing Prometheus and Atlas (London: Arktos, 2016), and then almost immediately taking on the job of Editor-in-Chief at Arktos itself, Jorjani has symmetrically one-upped himself by almost simultaneously resigning from Arktos and unleashing a second book, World State of Emergency, the title of which represents, he tells us almost right at the start, his “concept for a state of emergency of global scope that also demands the establishment of a world state.”[3] [6]

It’s no surprise that there hasn’t been much change here, but a glance at his resignation statement — helpfully posted at his blog[4] [7] — shows that he has set his sights on new targets, and changed his focus from how we got here to where we — might? must? — be going.

In my view, the seismic political shift that we are shepherding, and the Iranian cultural revolution that underlies it, represents the best chance for the most constructive first step toward the Indo-European World Order that I conceptualize in my new book, World State of Emergency.

Another change is that unlike his previous book, where the length and variety made it a bit difficult to keep the thread of the argument before one’s mind, this work is relatively straightforward. In fact, he provides an admirably clear synopsis right at the start, and by Ahura Mazda he sticks to it.

Over the course of the next several decades, within the lifespan of a single generation, certain convergent advancements in technology will reveal something profound about human existence. Biotechnology, robotics, virtual reality, and the need to mine our Moon for energy past peak oil production, will converge in mutually reinforcing ways that shatter the fundamental framework of our societies.

It is not a question of incremental change. The technological apocalypse that we are entering is a Singularity that will bring about a qualitative transformation in our way of being. Modern socio-political systems such as universal human rights and liberal democracy are woefully inadequate for dealing with the challenges posed by these developments. The technological apocalypse represents a world state of emergency, which is my concept for a state of emergency of global scope that also demands the establishment of a world state.

An analysis of the internal incoherence of both universal human rights and liberal democracy, especially in light of the societal and geopolitical implications of these technologies, reveals that they are not proper political concepts for grounding this world state. Rather, the planetary emergency calls for worldwide socio-political unification on the basis of a deeply rooted tradition with maximal evolutionary potential. This living heritage that is to form the ethos or constitutional order of the world state is the Aryan or Indo-European tradition shared by the majority of Earth’s great nations — from Europe and the Americas, to Eurasia, Greater Iran, Hindu India, and the Buddhist East.

In reviewing Jorjani’s previous book [8], Prometheus and Atlas, I said that it could serve as a one-volume survey of the entire history of Western thought, thus obviating the need to waste time and money in one of the collegiate brainwashing institutes; I also said that “the sheer accumulation of detail on subjects like parapsychology left me with the feeling of having been hit about the head with a CD set of the archives of Coast to Coast AM.”

The new book changes its focus to technology and its geopolitical implications, but a bit of the same problem remains, on a smaller scale and, as I said, the overall structure of the argument is clear. In the first chapter, Jorjani lands us in media res: the Third World War. Unlike the last two, most people don’t even realize it’s happening, because this is a true world war, a “clash of civilizations” as Samuel Huntington has famously dubbed it.

The dominance of Western values after the Second World War was a function of the West’s overwhelming military and industrial power; the ease which that power gave to the West’s imposition of its values misled it into thinking those values were, after all, simply “universal.” With the decline of that power, challenges have emerged, principally from the Chinese and Muslim sectors.

Jorjani easily shows that the basis of the Western system — the UN and its supposed Charter of Universal Human Rights — is unable to face these challenges; it is not only inconsistent but ultimately a suicide pact: a supposed unlimited right to freedom of religion allows any other right (freedom from slavery, say, or from male oppression) to be checkmated.

Chapter Two looks at the neocon/neoliberals’ prescription for an improved world order, the universalizing of “liberal democracy.” Here again, Jorjani easily reveals this to be another self-defeating notion: liberalism and democracy are separate concepts, which history shows can readily be set to war with each other, and Moslem demographics alone predicts that universal democracy would bring about the end of liberalism (as it has wherever the neocon wars have brought “democracy”).[5] [9]

For a more accurate and useful analysis, Jorjani then pivots from these neo nostrums to the truly conservative wisdom of the alt-Right’s political guru, Carl Schmitt.

Schmitt’s concept of the state is rooted in Heraclitus: the state emerges (note the word!) not from the armchair speculations of political philosophers on supposed abstract “rights,” but from

Decisive action required by a concrete existential situation, namely the existence of a real enemy that poses a genuine threat to one’s way of life.

Thus, there cannot be a “universal” state: the state must be grounded in the ethos or way of life of a particular people, from which it emerges; and it does so in the state of emergency, when the people confronts an existential Enemy. Unless . . .

Humanity as a whole were threatened by a non-human, presumably extraterrestrial, enemy so alien that in respect to it “we” recognized that we do share a common way of life that we must collectively defense against “them.”[6] [10]

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There it is — bang! Just as Jorjani found a passage in Heidegger’s seminar transcripts that he could connect to the world of the paranormal,[7] [11] he grabs hold of this almost off-hand qualification and runs for daylight with it.

We have in interplanetary conflict a threat to Earth as a whole, which according to the logic of Schmitt’s own argument ought to justify a world sovereign. This is even more true if we substitute his technological catalyst[8] [12] with the specter of convergent advancements in technology tending towards a technological singularity, innovations that do not represent merely incremental or quantitative change but qualitatively call into question the human form of life as we know it. This singularity would then have to be conceived of, in political terms, as a world state of emergency, in two senses: a state of emergency of global scope, and a world state whose constitutional order emerges from out of the sovereign decisions made therein.

After this typically Jorjanian move, we are back to the land of Prometheus and Atlas, where each chapter is a mini-seminar; Chapters Three, Four and Five are devoted to documenting this “technological singularity” that “calls into question the human form of life as we know it.”

Take biotechnology:

What is likely to emerge in an environment where neo-eugenic biotechnology is legalized but not subsidized or mandates is the transformation of accidental economic class distinctions, which is possible for enterprising individuals to transcend, into a case system based on real genetic inequality.[9] [13]

Next up, robotics, artificial intelligence, drones, and most sinister of all, virtual reality:

In some ways, the potential threat to the human form of life from Virtual Reality is both more amorphous and more profound than that posed by any other emergent technology. It could become the most addictive drug in history. The enveloping of the “real world” into the spider-web of Cyberspace could also utterly destroy privacy and personal identity, and promote a social degenerative sense of derealization.

None of this matters, however, if we cannot maintain the “development of industrial civilization” after “the imminent decline in petroleum past the global peak in oil production.” This can only be addressed by the third technological development, “a return to the Moon for the sake of Helium-3 fueled fusion power.” This will “challenge us to rethink fundamental concepts such as nationalism and international law.” Who, on the Moon, is to be sovereign?

Having softened up the reader with this barrage of terrifying facts, Jorjani is ready to spring his next trap. The task of regulating biotechnology and guiding us to the moon requires a world state; Schmitt has shown us that a state can emerge only from the ethos of a particular people.

However,

We have also seen that a bureaucratic world state will not suffice. Certain developments in robotics mean the end of personal privacy [and] as we live ever more of our lives in cyberspace, identity theft is coming to have a much more literal meaning. All in all, the convergent technological advancements that we have looked at require a maximal trust society simply for the sake of human survival. We need a world society with total interpersonal transparency, bound together by entirely sincere good will.

And yet, even if we could create such a society, perhaps by biotechnology itself, we don’t have the time: we have at most a generation to act. Is there “an already existing ethos, a living tradition that is inter-civilizational[10] [14] and global in scope,” as well as promoting high levels of mutual trust?

That would be, of course, “the common Aryan heritage of the Indo-European civilizations.”

It’s as if Jorjani took Carl Schmitt and Kevin MacDonald[11] [15] and through some kind of genetic engineering produced a hybrid offspring: the World State.

Reeling but still upright, the Alt-Right reader at least still has this to hang onto: “good old Aryan culture!” Lulled into complacency, he doesn’t even see the next punch coming:

Iran or Iran-Shahr — literally the “Aryan Imperium” — is the quintessentially Indo-European Civilization.

Iran is not just one great civilization among a handful of others, it is that crossroads of the world that affords all of humanity the possibility for a dialogue toward the end of a new world order.

A renaissance of Greater Iran . . . will be the spearhead of the war for an Indo-European World Order.

Once the Iranian or Aryan Renaissance triumphs domestically, the Persians and Kurds in the vanguard of the battle against the nascent global Caliphate — with its fifth-column in the ghettos of the major European cities — will reconstitute Greater Iran as a citadel of Indo-European ideals at the heart of what is now the so-called “Islamic world” . . . this is going to happen.

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At this point, the alt-Right reader throws up his hands and shouts “No mas! I didn’t sign up for this crusade!”

Now might be the point to bring up the general question: in what sense — if any – is Jorjani an Alt-Right writer? There is that resignation business, and what’s with all this Iranian Renaissance stuff?[12] [16]

Well, you say “Aryan,” he says “Iran.” The point is that the Aryan Imperium is explicitly White, and fulfills Greg Johnson’s principle of setting up a white hegemony where all public issues are discussed in term of “what’s good for the White race,” rather than other hot button issues like school choice, abortion, etc. Under Jorjani’s postulated “world emergency” the new Aryan overlords would be viewed as both necessary and, therefore, literally unquestionable.[13] [17]

In a way, the Aryan Imperium is even too white, hence the alt-Rightist’s discomfort. Jorjani delights in taking “conservative” ideas and taking them to their logical endpoint. Enumerating the accomplishments of the Indo-Iranians, he lists “major . . . religious traditions such as . . . Zoroastrianism, Hinduism, and Buddhism.” As in his previous book, Jorjani goes beyond the fashionable anti-Jihadism of the Right and locates the root of the problem in the Semitic tradition as such.

This is probably not what most alt-Rightists signed on for. But then, it is they who are among “those self-styled ‘identitarians’ who want to hold on to Traditional Christianity and hole up in one of many segregated ethno-states.” Not to worry; they will “perish together with the other untermenschen” in the coming world state of emergency, which will be the “concrete historical context for the fulfillment” of Zarathustra’s prophecy of a “new species,” the Superman.

So, I guess we have that to look forward to, at least.[14] [18]

As you can see, the anti-Christian animus can claim a pedigree back to that alt-right darling, Nietzsche, although it may not be something one is supposed to mention in public. That brings us to another sense in which Jorjani is an alt-Right thinker: he draws on, and orients himself by, the alt-Right canon: Nietzsche, Heidegger, Schmitt, de Benoist, Faye, Dugin, etc.

But again, as always . . .

“I’ve tried to clear my way with logic and superior intellect. And you’ve thrown my own words right back in my face, Brandon. You were right, too. If nothing else, a man should stand by his words. But you’ve given my words a meaning that I never dreamed of! And you’ve tried to twist them into a cold, logical excuse for your [Aryan Imperium].”[15] [19]

Calm down, people! Always with a little humor, comrades, to lighten the day’s geopolitical work.

While there is a cottage industry of goodthinkers trying to find evidence — well, more evidence — of how Heidegger’s allegiance to National Socialism “twisted” his thought, Jorjani found connections with parapsychology and even the occult; it’s a toss-up which association Heidegger epigones found more infuriating.

Now, Jorjani uptilts Heidegger’s colleague and fellow party-member Carl Schmitt; did Schmitt argue that the world-state of liberal globalist dreams was logically and existentially impossible? Sure, except this place here where he grants that one would be possible and necessary — if aliens invaded.[16] [20]

As for your White Imperium, sure, we’ll have that . . . run out of Tehran![17] [21]

The alt-Right is full of titanic thinkers of the past — Heidegger, Spengler, Yockey, Benoist — and their modern epigones (fully their equals, at least in their own minds), but Jorjani is the thinker we need now: more than just a lover of wisdom, he’s a wise guy.[18] [22]

That’s how Wolfi Landstreicher describes Max Stirner, and we might compare our situation to the Left Hegelians and Die Freien who populated the Berlin beerhalls and Weinstube — the blogs of the day — in the wake of Hegel. Among them were such “serious” thinkers as Karl Marx — and we know how that turned out — and Bruno Bauer, who invented the Christ Myth theory.

But there was also an individual — a Unique One — born Caspar Schmidt, calling himself — his online handle, if you will — “Max Stirner.”

As I wrote in my review [23] of Landstreicher’s new translation of The Unique One and Its Property, Stirner was driving people nuts right from the start.

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Marx famously claimed to have found Hegel standing on his head, and to have set him right-side up; in other words, he re-inverted Hegel’s already inverted idealist dialectic and made material reality the basis of ideas.

Stirner, by contrast, picked Hegel up and held him over his head, spun him around, and then pile-drove him into the mat; a philosophical Hulk Hogan.

Stirner’s magnum opus is a kind of parody of Hegelianism, in which he spends most of his time using the famous dialectic to torment Hegel’s epigones, first Feuerbach and then, at much greater length, the Whole Sick Crew of (mid-19th century Euro-)socialism.

Have you philosophers really no clue that you have been beaten with your own weapons? Only one clue. What can your common-sense reply when I dissolve dialectically what you have merely posited dialectically? You have showed me with what kind of ‘volubility’ one can turn everything to nothing and nothing to everything, black into white and white into black. What do you have against me, when I return to you your pure art?[19] [24]

Of course, unless you’re Howard Roark claiming “no tradition stands behind me,” everyone has their sources; the more creative among us are the ones who transform them, and no one’s alchemical sleight of hand is as dramatic as Jorjani’s.[20] [25] As the great Neoplatonist John Deck wrote:

Clearly, there can be no a priori demonstration that any philosophic writer is more than a syncretist: but if it is good to keep our eyes open to spot “sources,” it is even better to bear in mind that a philosopher is one who sees things, and to be ready to appreciate it when sources are handled uniquely and, in fact, transmuted.[21] [26]

As always, the Devil — or Ahriman — is in the details.[22] [27]

In reviewing his previous book, I took Jorjani to task for assuming that a particular view of Islam, the fundamentalist, was ipso facto the “true” or “original” version of the religion.

Why privilege the fundamentalist, or literalist, view? It is as if Jorjani thinks that because religion determines culture (true) it does so in a way that would allow you to read off a culture simply from a study its sacred books, especially the ethical parts.[23] [28]

But the latter is neither the same as nor a valid inference from the former. A religion does not “imply” a culture, like a logical inference. Both the Borgia’s Florence and Calvin’s Geneva are recognizably “Christian” and totally unlike any Islamic society, but also almost totally unlike each other.

By this method, one could readily predict the non-existence of lesbian rabbis, which, in fact, seem to be everywhere.

The temptation, of course, is to dismiss those outliers are “not really Islam,” in preference to one’s own, whether one is a Wahabi oneself or an observer like Jorjani insisting Wahbism is “real” Islam; but to call the moderate Islam that made Beirut “the Islamic Riviera” heretical ironically puts Jorjani and other anti-jihadis in the same boat as an Obama, who hectors terrorists about “betraying Islam” and lectures us that “Islam is a religion of peace.”[24] [29]

And yet Jorjani himself upbraids Huntington for advising Westerners to “take pride in the uniqueness of western culture, reaffirming, preserving and protecting our values from internal decay,” which he derides as “the kind of conservatism that imagines “western values” to be static.”

In the book under review here, Jorjani doubles down: Islam is still based on a book actually written by this chap Mohammed, and a reading thereof shows it to be “impervious to reform or progressive evolution.”

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But to this he now adds a similar concept of Zoroastrianism, but of course given a positive spin:

A handful of ideas or ideals integral to the structure of Iranian Civilization could serve as constitutional principles for an Indo-European world order: the reverence for Wisdom; industrious innovation; ecological cultivation, desirable dominion; chivalry and tolerance.

Jorjani writes in his two, last, geopolitical chapters as if there were a discernable set of “principles” written down or carved in stone as defining Zoroastrianism, and that these principles were adhered to, unquestionably, down through Persian history, accounting for its salient features. In reality, like all religions, Zoroastrianism was in favor and out of favor, adhered to strictly and given mere lip service, and always subject to reinterpretation and syncretism with outside sources.

After flourishing early on among the Achaemenid Persians (600s to 300s BC), Zoroastrianism was suppressed under the Parthian regime (200s BC to 200s AD), only to reemerge under the Sassanid dynasty for a few final centuries before the Arab conquest imposed Islam.

Zaehner distinguished three distinct periods in the history of pre-Islamic Zoroastrianism: “primitive Zoroastrianism,” that is, the prophet’s own message and his reformed, monotheistic creed; “Catholic Zoroastrianism,” appearing already in the Yasna Haptaŋhaiti and more clearly in the Younger Avesta, which saw other divinities readmitted in the cult, a religious trend attested in the Achaemenid period, probably already under Darius I and Xerxes I, certainly from Artaxerxes I onwards as shown by the calendar reform that he dates to about 441 BCE and finally the dualist orthodoxy of Sasanian times.[25] [30]

At times Jorjani recognizes this interplay of text, interpretation, and historical necessity, at least with Christianity:

The so-called “Germanization of Christianity” would be more accurately described as an Alanization of Christianity, since Alans formed the clerical elite of Europe as this took shape.[26] [31]

Or here:

One particularly colorful practice which reveals the love of Truth in Achaemenid society is that, according to Herodotus, the Persians would never enter into debates and discussions of serious matters unless they were drunk on wine. The decisions arrived at would later be reviewed in sobriety before being executed. . . . It seems that they believed the wine would embolden them to drop all false pretenses and get to the heart of the matter.

Indeed, and rather like the Japanese salarymen as well.[27] [32] But it comports poorly with Zoroaster’s insistence on sobriety and temperance; indeed, according to Zaehner, the whole point of Zoroaster’s reforms was the recognition that the drunken, orgiastic rites of the primitive Aryans (involving the entheogen haoma, the Hindu soma) were inappropriate for peasants in a harsh mountainous terrain.[28] [33]

I have spent this time — shall we say, deconstructing — Jorjani’s account of Zoroastrian culture because it is the envelope in which he presents us with his Indo-European principles, and is therefore important; but this must not be taken to mean I object to the principles themselves. They are fine ones, but if we choose to make them the principles for our Indo-European Imperium, it will be because we do so choose them our own, not because they instantiate some hypothetical, synchronic version of Zoroastrianism which we have already persuaded ourselves must govern our choices.[29] [34]

Such great, world-creating choices require the guidance of great minds, and not just those of the past. The Great Thinkers of the past are not only Titans but dinosaurs; and racing around them is a wily newcomer, Jason Jorjani — a prophet, like Nietzsche or Lawrence, who imagines new forms of life rather than reiterating the old ones[30] [35] — to whom the archeo-future belongs.

Notes

[1] [36] The Manchurian Candidate (Frankenheimer, 1962)

[2] [37] Surprisingly, this myth is confirmed: MythBusters Episode 214: Bullet Baloney [38] (February 22, 2014).

[3] [39] Big scope and small scope, as we used to make the distinction back in the analytic philosophy seminars. Down the hall in the English Department corridor, Joyce Carol Oates was typing away at her novel of madness in Grosse Pointe, Expensive People: “I was a child murderer. I don’t mean child-murderer, though that’s an idea. I mean child murderer, that is, a murderer who happens to be a child, or a child who happens to be a murderer. You can take your choice. When Aristotle notes that man is a rational animal one strains forward, cupping his ear, to hear which of those words is emphasized — rational animal, rational animal? Which am I? Child murderer, child murderer? . . . You would be surprised, normal as you are, to learn how many years, how many months, and how many awful minutes it has taken me just to type that first line, which you read in less than a second: I was a child murderer.” (Vanguard Press, 1968; Modern Library, 2006).

[4] [40] “My Resignation from the alt-Right,” August 15th, 2017, here [41].

[5] [42] It’s happening here as well; a commenter at Unz.com observes that [43] “That’s the thing about representative democracy with universal, birthright citizenship suffrage. You don’t need to invade to change it, just come over illegally and have children. They’ll vote their homeland and culture here.”

[6] [44] Jorjnan’s paraphrase of Schmitt’s The Concept of the Political, p. 54: “Humanity as such cannot wage war because it has no enemy, at least on this planet.

[7] [45] In Prometheus and Atlas, Jorjani discusses an imaginal exercise conducted by Heidegger himself in his Zollikon Seminars, in which participants are asked to “make present” the Zurich central train station. Heidegger insists that “such ‘making present’ directs them towards the train station itself, not towards a picture or representation of it,” his conclusion being that ‘We are, in a real sense, at the train station.” (Quoting from Zollikon Seminars: Protocols, Conversations, Letters [Northwestern, 2001], p. 70). See my review [8] for a discussion of the implications of the Japanese saying, “A man is whatever room he is in.”

[8] [46] In a late work, Theory of the Partisan, Schmitt already begins to suggest that the development of what we would now call “weapons of mass destruction” may already constitute such a planetary threat.

[9] [47] Perhaps only evaded by “a small but highly motivated and potentially wealthy anarchical elite of Transhumanists who want to push the boundaries ad infinitum.”

[10] [48] I think Jorjani reverses “civilization” and “culture” (i.e., ethos) as defined by “Quintillian” here [49] recently: “The left cunningly advances its false narrative by deliberately contributing to the confusion between two terms: culture and civilization. Simply put, a civilization is an overarching (continental) commonality of shared genetics, religious beliefs, and political, artistic, and linguistic characteristics. A civilization is generally racially identifiable: African civilization, Asian civilization, and white European civilization. A civilization can have any number of constituent cultures. The culture of the Danes and that of the Poles are very different in superficial details, but they are both immediately identifiable as belonging to the same Western civilization. Africans are similarly divided among a variety of culture and ethnicities.” But “As I [Jorjani] understand it, a civilization is a super-culture that demonstrates both an internal differentiation and an organic unity of multiple cultures around an ethno-linguistic core.” Both would agree, however, that “the Indo-Europeans originated nearly all of the exact sciences and the technological innovations based on them, the rich artistic and literary traditions of Europe, Persia and India, as well as major philosophical schools of thought and religious traditions.” (Jorjani)

[11] [50] See, for example, the discussion of trust in White societies in Greg Johnson’s interview with Kevin MacDonald, here [51].

[12] [52] Not that there’s anything wrong with that.

[13] [53] A typically subtle point: by requiring a high-trust population, Jorjani implicitly excludes Jews and other Semites. A low-trust people themselves, the Jewish plan for World Order is to encourage strife within and between societies, until the sort of managerial or administrative state Jorjani rejects is installed to maintain order, under the wise leadership of the secular rabbis.

[14] [54] “So we finish the eighteenth and he’s gonna stiff me. And I say, “Hey, Lama, hey, how about a little something, you know, for the effort, you know.” And he says, “Oh, uh, there won’t be any money, but when you die, on your deathbed, you will receive total consciousness.” So I got that goin’ for me, which is nice.” Bill Murray, Caddyshack (Landis, 1980).

[15] [55] Rupert Cadell, upbraiding the crap-Nietzscheanism of his former pupils in Rope (Hitchcock, 1948). Cadell, of course, actually refers to “your ugly murder” which, the viewer knows, sets off the action of the film.

[16] [56] A not uncommon trope in science fiction, from The Day the Earth Stood Still to Childhood’s End to Independence Day; as well as a particularly desperate kind of Keynesian economic punditry: in a 2011 CNN interview video Paul Krugman proposed Space Aliens as the solution to the economic slump (see the whole clip here [57] for the full flavor).

[17] [58] I am reminded of the moment when Ahab reveals his hidden weapon against the Great White Whale: “Fedallah is the harpooner on Ahab’s boat. He is of Indian Zoroastrian (“Parsi”) descent. He is described as having lived in China. At the time when the Pequod sets sail, Fedallah is hidden on board, and he later emerges with Ahab’s boat’s crew. Fedallah is referred to in the text as Ahab’s “Dark Shadow.” Ishmael calls him a “fire worshipper,” and the crew speculates that he is a devil in man’s disguise. He is the source of a variety of prophecies regarding Ahab and his hunt for Moby Dick.” (Wikipedia [59]) For more on Moby Dick and devils, see my review of Prometheus and Atlas.

[18] [60] “You know, we always called each other goodfellas. Like you said to, uh, somebody, “You’re gonna like this guy. He’s all right. He’s a good fella. He’s one of us.” You understand? We were goodfellas. Wiseguys.” Goodfellas (Scorsese, 1990). Who but Jorjani would define “arya” as “‘crafty,’ and only derivatively ‘noble’ for this reason.” But then is that not precisely the Aryan culture-hero Odysseus?

[19] [61] Max Stirner,The Philosophical Reactionaries: The Modern Sophists by Kuno Fischer,reprinted in Newman, Saul (ed.), Max Stirner (Critical Explorations in Contemporary Political Thought), (Basingstoke and New York: Palgrave Macmillan, 2011), p. 99.

[20] [62] Given Jorjani’s love of Heraclitus, one thinks of Water Pater’s description, in Marius the Epicurean, of the Roman philosopher Aristippus of Cyrene, in whom Heraclitus’ “abstract doctrine, originally somewhat acrid, had fallen upon a rich and genial nature well fitted to transform it into a theory of practice of considerable simulative power toward a fair Life.”

[21] [63] John N. Deck, Nature, Contemplation, and the One: A Study in the Philosophy of Plotinus (University of Toronto Press, 1969; Toronto Heritage series, 2017 [Kindle iOS version].

[22] [64] Including such WTF moments as Jorjani off-handedly defines “Continental Philosophy” as “largely a French reception of Heidegger.”

[23] [65] Ethical treatises, such as Leviticus, as best seen as reactions to the perceived contamination of foreign elements, rather than practical guides to conduct; Zaehner dismisses the Zoroastrian Vendidad as a list of “impossible punishments for ludicrous crimes. . . . If it had ever been put into practice, [it] would have tried the patience of even the most credulous.” R. C. Zaehner, The Dawn and Twilight of Zoroastrianism, London, 1961, pp. 27, 171.

[24] [66] As one critic riposted, “Who made Obama the Pope of Islam?” Indeed, the Roman Catholic model may be the (mis-)leading model here; Islam, like Judaism, lacks any authoritative “magisterium” (from the Greek meaning “to choose”) to issue dogma and hunt down heretics. Individual imams have only their own personal charisma and scholarly chops to assert themselves, just as individual synagogues hire and fire their own rabbis, like plumbers. On Jorjani’s model, lesbian rabbis should be as scarce as unicorns, rather than being a fashionable adornment of progressive congregations.

[25] [67] Encyclopedia Iranica Online, here [68]. Quoting Zaehner, op. cit., pp. 97–153.

[26] [69] Compare, on your alt-Right bookshelf, James C. Russell: The Germanization of Early Medieval Christianity: A Sociohistorical Approach to Religious Transformation (New York and Oxford: Oxford University Press, 1994).

[27] [70] What, by the way, happened to Japan, which in Jorjani’s first book was specially favored by its non-Abrahamic traditions and catastrophic encounter with atomic energy to lead the way into the new future?

[28] [71] Zaehner, op. cit., p. 81. In fact, Herodotus never mentions Zoroaster at all, suggesting how obscure and un-influential the cult was at that time. Rather than the modern idea of “in vino veritas,” the “wine” here, as in the symposiums of Greece, may have been “mixed wine” containing entheogenic substances. “Visionary plants are found at the heart of all Hellenistic-era religions, including Jewish and Christian, as well as in all ‘mixed wine’, and are phenomenologically described in the Bible and related writings and art.” (Michael Hoffman, “The Entheogen Theory of Religion and Ego Death,” in Salvia Divinorum, 2006.)

[29] [72] Whether it’s Cyrus or Constantine, periods of Imperium are ipso facto periods of syncretism not orthodoxy. Surely this is more in accord with the author’s notion, here and elsewhere, of truth emerging from a Heraclitean struggle?

[30] [73] “[Henry] James evidently felt confident that he could make his last fictions not as a moralist but as a prophet; or a moralist in the sense in which Nietzsche and Lawrence were prophets: imagining new forms of life rather than reinforcing old ones.” Denis Donoghue, “Introduction” to The Golden Bowl (Everyman’s Library, 1992).

jeudi, 02 février 2017

Fête de Sadeh

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Fête de Sadeh

Grandes festivités universelles du feu

Babak Ershadi

Ex: http://www.teheran.ir 

Sadeh (qui veut dire littéralement "centaine" en persan) est la fête de l’apparition du feu, une centaine de jours après la fin de l’été ou une centaine de jours avant le début du printemps, selon la légende. La fête de Sadeh est une fête aussi ancienne que Norouz ou Mehregân. Elle était la plus grande fête du feu de l’antiquité iranienne et également l’une des plus grandes solennités des Perses. A ce titre, elle était célébrée avec magnificence et par des cérémonies publiques. Lorsqu’arrivait le soir de la fête, au dixième jour du mois de Bahman (onzième mois du calendrier persan), sur toute l’étendue du vaste territoire de la Perse antique, la population en liesse célébrait la fête en allumant des feux sur les collines et sur les toits. Les gens se rassemblaient autour des feux et priaient ensemble pour le retour de la saison chaude. Venait ensuite le moment des spectacles, des jeux et des chants d’allégresse autour des feux.

L’histoire de la fête de Sadeh remonte à la plus haute Antiquité. Dès l’origine, Sadeh fut une festivité populaire puisant ses sources dans l’observation par l’homme des changements cycliques des conditions climatiques pendant une année, durée conventionnelle voisine de celle d’une révolution complète de la Terre autour du Soleil. Initialement, la fête de Sadeh n’avait donc aucune origine ethnique ou religieuse : elle était une festivité populaire appartenant à tout le monde, animée du souffle d’un sentiment "cosmique" dans le sens philosophique du terme : sentiment d’appartenir à l’univers considéré comme un système bien ordonné. La fête de Sadeh était célébrée en des temps immémoriaux, et ses sources remontent à une époque si ancienne qu’elle s’est effacée de la mémoire collective. Cette ancienneté est, en réalité, la raison principale de l’hétérogénéité des récits et des légendes que relatent les documents anciens sur les origines de Sadeh, documents qui ne manquent pas d’ailleurs de se contredire parfois concernant la date de l’apparition de la fête de Sadeh.

Dans la mythologie iranienne, la légende attribue l’instauration de la fête de Sadeh au roi Houchang. Dans son "Livre des rois", le poète épique iranien Ferdowsî dépeint la scène de la découverte du feu par l’homme : un jour, le roi Houchang et son cortège suivaient leur chemin au pied de la montagne. Le roi vit un grand serpent noir sur un rocher. Il descendit de cheval, prit une petite pierre et la lança vers le serpent qui avait effrayé les chevaux. La pierre ne toucha pas le serpent, mais le caillou qu’avait lancé le roi Houchang était une pierre à feu, et heurta brusquement une autre pierre à fusil sur le rocher. Le contact brusque des deux petits morceaux de pierre fit jaillir des étincelles. Le serpent prit la fuite, mais les étincelles qui jaillissaient de la pierre mirent le feu à un petit arbrisseau. Le roi Houchang se prosterna devant Dieu et le remercia pour lui avoir appris comment faire du feu. Le dixième jour du mois de Bahman, nous dit Ferdowsî, est devenu ainsi la fête du feu, car l’homme est le seul être qui fasse du feu, ce qui lui a donné l’empire du monde.

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Abû Raihân al-Bîrûnî (973-1048), savant, philosophe, voyageur et historien, a relaté dans Les signes restants des siècles passés (الآثار الباقیة عن القرون الخالیة) et son Comprendre la science de l’astronomie (التفهیم لصناعة التنجیم), que est le roi Fereydoun qui a donné l’ordre, pour la première fois, d’allumer des feux sur les toits. Dans son ouvrage consacré à l’astronomie, Omar Khayyâm (1048-1131) a écrit : "Fereydoun instaura la fête de Sadeh le jour où il vainquit Zahak. Le peuple émancipé de l’oppression de Zahak célébra la fête. Dès lors, les Iraniens et les habitants des pays voisins célèbrent chaque année cette fête pour commémorer les bons rois des époques lointaines."

Les Perses célébraient la fête de Sadeh, une centaine de jours après le début de la saison froide. Ils croyaient que cent jours après le début de la saison froide, l’hiver commençait peu à peu à s’affaiblir. Pour eux, l’hiver était un symbole de stagnation et de chaos, œuvres du diable (Ahriman). Les gens se réunissaient donc dans la plaine, à l’extérieur de leurs villes et villages, pour faire un grand feu au crépuscule. Selon les Perses anciens, le feu était un rayon de la lumière divine et luttait contre le froid. La tradition de faire un grand feu pour la fête de Sadeh s’est institutionnalisée, pour la première fois, à l’époque de la dynastie des Sassanides.

Dans le calendrier ancien des Perses, la fête de Sadeh était célébrée cent jours après le début de la saison froide, et quarante jours après le début de l’hiver. Selon les croyances populaires qui puisent leurs racines dans les légendes mythologiques, au quarantième jour de l’hiver, la terre qui s’est endormie depuis le début de la saison froide, reprend souffle et arrive enfin à respirer. La fête a été appelée "Sadeh" (qui veut dire littéralement "centaine" en persan) car cinquante jours et cinquante nuits après cette fête, commence le printemps.

Selon certains autres récits sur l’origine de la fête de Sadeh, la fête a été appelée ainsi car, dans l’ancien calendrier des Perses, il n’y avait que deux saisons : un été de 210 jours et un hiver de 150 jours. La fête de Sadeh comptait d’une part le centième jour de l’hiver, elle arrivait une centaine de jours avant que ne poussent les céréales, vers le mois de mai (Ordibehesht).

En 226 de notre ère, un grand seigneur perse, Ardeshîr Ier, se rebella contre les Parthes, les battit à la bataille d’Ormuz (en 224 ap. J.-C.) et fonda une nouvelle dynastie perse, les Sassanides. Il fit du zoroastrisme la religion officielle de la Perse. Selon Abu Reyhan al-Birûnî, c’est Ardeshîr Ier qui fit de la fête de Sadeh une fête solennelle. Dans son ouvrage, il relate que cette fête était appelée "Sadeh" (centaine), car le jour de la fête se situait, dans le calendrier ancien, cinquante jours et cinquante nuits avant le début du printemps. Selon des légendes plus anciennes, la fête de Sadeh était le jour où le nombre des enfants du roi Kiyoumars (premier homme et père de la race humaine dans la mythologie perse) était arrivé à cent, et ce jour-là, ils choisirent l’un d’entre eux comme roi.

Le chercheur contemporain, Mehrdâd Bahâr présente une autre théorie pour expliquer l’étymologie du mot "Sadeh" : Selon lui, dans le persan ancien, le mot "Sadeh" voulait dire "apparition", et il était célébré quarante jours après la fête de Yaldâ, la nuit qui précède le premier jour de l’hiver dans l’hémisphère nord, considéré comme jour anniversaire de la naissance du Soleil. Mehrdâd Bahâr écrit : "La fête de Sadeh était célébrée quarante jours après le début de l’hiver. Le même jour, il existait une autre fête avec une origine différente : une fête du feu puisant ses racines dans le mithraïsme, culte de Mithra, dieu de la lumière et de la sagesse dans la Perse antique, qui est devenu plus tard l’une des religions principales de l’Empire romain et le rival du christianisme dans le monde romain. Si la fête de Yaldâ célébrait la naissance du Soleil, la fête de Sadeh était la fête du quarantième jour de sa naissance, comme il est de coutume chez les Iraniens, depuis des temps immémoriaux, de célébrer le quarantième jour d’un événement important." Dans sa recherche étymologique, Mehrdâd Bahâr rappelle que dans l’Avesta, les écritures sacrées zoroastriennes des anciens Perses, le mot "Sadheh" (سذه) a été utilisé à la fois comme "aube" et "crépuscule". Selon les légendes avestiques, il y a cinq mille ans, un événement astronomique se produisit et il devint l’origine de la fête de Sadeh : deux grands astres connus des gens de l’époque apparurent en même temps dans le ciel, l’un en ascension droite, l’autre en déclinaison finale. L’apparition et la disparition de ces deux astres en même temps, créèrent l’idée de la "dualité", notion chère dans l’esprit et les croyances mythiques des Perses d’où, selon Mehrdâd Bahâr les deux significations contradictoires et dualistes du mot Sadeh ou Sadheh dans les textes avestiques.

De nos jours, la fête de Sadeh est célébrée uniquement dans les temples zoroastriens. Cependant, malgré les grands efforts des zoroastriens pour protéger les cérémonies de la fête de Sadeh, une grande partie des us et des coutumes de cette fête ancienne a disparu avec le temps.

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Cérémonies festives de Sadeh

Dans les temps anciens, la cérémonie festive la plus importante de Sadeh était d’allumer un grand feu. La somptuosité de la fête dépendait fondamentalement du feu allumé le dixième jour et le onzième soir du mois de Bahman. Les rois et les grands seigneurs faisaient préparer un très grand feu de bois de tamarix (Gaz), arbuste originaire des pays d’orient. Le feu était parfois si grand que l’on pouvait le voir de très loin. Le célèbre historien de l’époque de la dynastie des Ghaznavides au XIe siècle Beyhaghî relate dans l’un de ses ouvrages que le sultan Massoud de Ghaznî avait fait préparer un très grand feu en l’an 426 de l’Hégire pour la fête de Sadeh, feu dont la lumière était visible, dans la nuit, à une distance d’une dizaine de lieues (environ 40 km). Les grands feux de Sadeh étaient souvent allumés à l’extérieur des villages, dans les plaines, sur les collines ou sur les montagnes. Mais la fête de Sadeh n’était pas seulement une fête royale, car les petites gens aussi la célébraient avec magnificence. Hommes, femmes et enfants sautaient par dessus les feux et chantaient des chants d’allégresse. Aujourd’hui, les zoroastriens célèbrent majestueusement la fête de Sadeh. Ce sont les mages qui allument les premiers feux. Tenant une petite torche à la main, le mage prie et tourne trois fois autour du bois ; il allume ensuite le feu avec sa torche. Les cérémonies, les chants et les jeux s’organisent autour du feu, dans une ambiance de joie et d’allégresse.

Etendue géographique de la fête de Sadeh

La fête de Sadeh était célébrée autrefois dans une vaste étendue géographique, de l’Anatolie, région de l’ouest de l’Asie qui désignait dans l’Antiquité l’Asie Mineure (qui recouvre aujourd’hui l’ensemble de la Turquie d’Asie) à Sin-Kiang, province occidentale de la Chine, en passant par l’ensemble du monde iranien. Les documents historiques témoignent que dans cette vaste partie du monde, la fête de Sadeh était connue des habitants de races, de cultures et de religions différentes, tout comme la fête de Norouz marquant le début du printemps. Aujourd’hui, la fête de Sadeh est propre surtout aux milieux ruraux : les habitants des régions du nord-ouest de la région iranienne du Khorasan, certains groupes ethniques en Afghanistan, en Asie centrale, au Kurdistan iranien, irakien et turc, les habitants des villages du plateau central de l’Iran et les tribus nomades des provinces iraniennes du Lorestan, de Kerman et d’Azerbaïdjan célèbrent encore la fête de Sadeh.

Sadeh à des périodes historiques différentes

Avant la période sassanide :

Comme nous l’avons déjà évoqué, Ferdowsî attribue l’apparition de la fête de Sadeh au roi légendaire Houchang, tandis que pour Abû Raihân al-Bîrûnî et Omar Khayyâm, l’histoire de l’apparition de cette fête remonte au grand roi de la mythologie perse Fereydoun. Les auteurs anciens sont plus ou moins unanimes pour dire que c’est à partir du règne d’Ardeshîr Ier, fondateur de la dynastie sassanide, que la fête de Sadeh fut considérée comme une fête générale dans le calendrier royal.

Pendant la période islamique :

Les grands auteurs de la période islamique tels que al-Bîrûnî, Beyhaghî, Gardizî, ou encore Mekouyeh ont décrit les évolutions des cérémonies de célébration de la fête de Sadeh depuis la dynastie des Ghaznavides (XIe siècle) jusqu’à l’invasion mongole de Gengis Khan et de Tamerlan (XIIe et XIVe siècles). La plupart des documents historiques de cette période décrivent les cérémonies de la fête de Sadeh à la cour des rois perses et des sultans d’origine turque, sans nous donner cependant beaucoup de détails quant à la manière dont le peuple la célébrait.

A l’époque contemporaine :

Dans les régions telles que le Mazandaran, le Lorestan ou le Sistan et le Baloutchistan, les paysans, les éleveurs ou les tribus nomades choisissent un jour de l’hiver, plutôt vers le début ou vers la fin, pour allumer des feux au coucher du soleil, sur le toit d’une maison, au pied de la montagne, près d’un lieu de culte, ou encore près d’une prairie ou d’un champ, sans connaître pour autant la fête de Sadeh, son histoire ou ses cérémonies.

A Kermân, ville du sud-est de l’Iran, chef-lieu de la province du même nom, la population, toutes religions confondues (musulmans, zoroastriens, juifs, …) organise chaque année des cérémonies spéciales le dixième jour du mois de Bahman pour célébrer la fête de Sadeh. Les éleveurs nomades de la province de Kermân, ceux qui vivent aux alentours de Bâft et Sirdjan, allument des feux avec quarante bois, symbole du quarantième jour de l’hiver, au coucher du soleil. Les paysans de la même région allument leurs feux sur la place centrale de leur village, et ils chantent ensemble :

(سده سده دهقانی / چهل کنده سوزانی / هنوز گویی زمستانی)

Sadeh, Sadeh des paysans,

Nous allumons quarante bouts de bois,

Comme si l’hiver allait durer encore très longtemps.

D’après les documents et les ouvrages historiques, la fête de Sadeh est demeurée dépourvue de dimension religieuse, d’autant plus que les légendes et les mythes liés à cette fête ancienne ont tous un aspect profane. Cet héritage culturel appartient donc non seulement aux zoroastriens, mais à tous les Iraniens, héritage que partage également une grande partie des populations des pays voisins de l’Iran.

jeudi, 05 mai 2016

Heirs to Forgotten Kingdoms – illuminating the plight of the Middle East’s minorities

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Heirs to Forgotten Kingdoms – illuminating the plight of the Middle East’s minorities

This journey by Gerard Russell into the ‘disappearing religions of the Middle East’ is a fascinating record of the end of tolerance

William Dalrymple

Ex: http://www.theguardian.com

Book-cover-UK.jpgIn the spring of 2006, Gerard Russell was a bored British diplomat stewing in the heat of the Green Zone in Baghdad, “a five-mile 21st-century dystopia filled with concrete berms and highway bridges that ended in midair where a bomb had cleaved them”. Then he received a call from the high priest of the Mandeans.

The Mandeans, he knew, claimed descent from Seth, son of Adam, and believed themselves to be the last followers of John the Baptist. They were also said to be the last surviving remnant of the Gnostic sects that once proliferated across the Middle East in late antiquity. In addition, Arab scholars had long recognised them as “the last Babylonians”. It was, writes Russell, “rather like being summoned to meet one of the knights of the Round Table”. He arranged to meet the high priest and his entourage in Al-Rasheed hotel on the edge of the Green Zone.

The encounter had, however, a sad conclusion. The high priest told Russell how the American invasion of Iraq had unleashed a firestorm on his people. The Mandeans had been protected by Saddam Hussein, who saw them as a link to the ancient Babylonian empire that the Ba’athists claimed as the precursor of the modern nation state of Iraq. But during the anarchy after his fall, and the US occupation that followed, life had become impossible. The high priest spoke of the long series of forced conversions, bombings, killings and kidnappings for ransom that had affected his flock since 2002. Now he wanted to transport the entire community to the west: “There are only a few hundred of us left in Iraq,” said the high priest. “And we want to leave. We want your country to give us asylum.”

The slow and still continuing unravelling of the vast multiethnic, multireligious diversity of the Ottoman empire has been the principal political fact of both the Middle East and the Balkans ever since the mid-19th century. Under the capricious thumb of the sultans, the different faiths, tribes and ethnicities of the Ottoman empire had lived, if not in complete harmony, then at least in a kind of pluralist equilibrium: an interwoven patchwork of different communities living separately, yet side by side. But with the Ottoman retreat from the Balkans in the early 19th century, and the eventual collapse of the rest of that empire in the aftermath of the first world war, that patchwork was ripped apart.

Everywhere, pluralism was replaced with a ferocious polarisation. Almost all the former Ottoman lands suffered bouts of savage bloodletting, and some of these – Turkey 1919-21, Palestine 1948, Cyprus 1963-4, Lebanon 1975-90, Bosnia 1991-2, Iraq from 2002 and most recently in Syria from 2011 – grew into civil wars of startling violence and fought along religious faultlines.

In the aftermath of each of these wars, from Sarajevo to Baghdad, in dribs and drabs and occasional tragic exoduses such as occurred with the Yezidis last summer, ethnic and religious minorities have fled to places where they can be part of a majority: the Pontic and Smyrna Greeks to Greece; the Anatolian Armenians to Armenia; the various Jewish communities to Israel – in each case creating religious nationalisms operating in two directions. Those too few for that, such as the Mandeans and Yezidis, have tended to abandon the region altogether, seeking out places less heavy with history, such as North America or Australia. The recent Isis-driven departure of the Yezidis and Chaldean Christians of Mosul is only the latest chapter in a process that began with the secession of Serbia and Greece from Ottoman control in the 19th century, and the subsequent explusion of their Turkish minorities: in 1878, for example, about 130,000 Bosnian Muslims migrated from Sarajevo to areas under Ottoman rule.

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Baptism ritual of the Mandeans

Islam has traditionally been tolerant of minorities: the relatively gentle treatment of Christians under Muslim rule contrasts strongly with the fate of Jews and Muslims in, say, 15th-century Spain, forced to flee or convert and even then pursued by the cruelties and tortures of the Inquisition. As Aubry de la Motraye, a 17th-century Huguenot exile escaping religious persecution in Europe, admiringly put it, “there is no country on earth where the exercise of all religions is more free and less subject to being troubled than in Turkey”. The same broad tolerance that gave homes to the Jews expelled from Spain and Portugal also protected the survivors of other religions that preceded Islam: not just Judaism and eastern Christianity, but also Yezidis, Samaritans and Mandeans, as well as relative latecomers such as the Druze and the Alawites.

All this came to an abrupt end after the first world war, and the establishment of a series of ethno-religious Ottoman successor states such as Serbia, Turkey and Israel. Here, citizenship was often conflated with a religious and ethnic identity. In each of these, majoritarianism was the rule, and minorities felt increasingly unloved and unwelcome.

This process has only accelerated in the 21st century, especially in Iraq, Syria and Egypt, where the slow decline of communism and Arab nationalism, “Islamism’s secular competitors”, has taken place in parallel with the rise of fundamentalist Salafi Islam. As Russell observes: “In Egypt, the past 50 years have seen much more violence against the Copts than the previous 50 years had. Iraq, a country ruled in the 1950s by a man of mixed Shi’a-Sunni parentage, is now a maelstrom of communal violence.”

In each case, the situation of the minorities has grown increasingly untenable: the Chaldeans, Mandeans and Yezidis have all had to flee Iraq, the last Armenians have left Syria and the Copts are now haemorrhaging out of Egypt. To the east of Ottoman lands, among the Zoroastrians of Iran and the Kafir Kalash of Afghanistan, there has been a similar process of growing violence culminating in emigration.

There have been good studies of individual parts of the process, but Heirs to Forgotten Kingdoms, Russell’s brilliant and constantly engaging account of his travels through the disappearing religions of the Middle East, is the first attempt to pull all these diverse threads together. His descriptions of dogged believers clinging on in their last shrines may be terse compared with the fully drawn pen portraits one gets from Ryszard Kapuściński or Colin Thubron, but where Russell excels is in his ability to link the past and the present, and to draw from a well of historical and theological scholarship, and his deep erudition in Arabic and Farsi, to show why we must take note of these unlikely survivors from the ancient Middle East, why their emigration matters and how this is likely to affect contemporary politics.

The opening Mandean chapter shows the full range of Russell’s strengths. The Mandeans are usually looked on as the last of the Gnostics, yet he convincingly shows that many of their customs and traditions date from many centuries earlier: their scriptures are written “in a language very close to that used by Jewish scholars who compiled the Babylonian Talmud”. Their music and hymns and their avoidance of meat and alcohol, as well as their suspicion of sex, link them to the Manicheans, whose founder, Mani, was born into a Mandean household. Their use of astronomy and some of their spells, which still invoke the goddess Libat or Ishtar, are inheritances from Babylon.

It is a similar case with the Yezidis. They have long been accused by their Muslim and Christian neighbours of being devil worshippers. This is a crude caricature of a much more interesting and complex esoteric theology, whose worship of the peacock angel, Melek Taus, draws on elements of Assyrian and Sumerian religious beliefs and whose bull slaughter is an inheritance from that early competitor of Christianity, Mithraism. At the centre of their belief is their faith that Melek Taus, having rebelled against God, “extinguished the fires of hell with his tears of repentance and was restored to favour as the chief of all the angels”.

The book, which opens with one dystopia, Baghdad, ends with another: the urban wasteland of Detroit, the unlikely destination of many of these exiles. On the way, Russell takes us on a fascinating and timely journey through the beliefs and predicaments of seven fascinating but little-known religions; as well as the Mandeans and Yezidis, we meet the last of the Iranian Zoroastrians, the Druze and Samaritans lodged uneasily between Israel and the Arabs, the increasingly persecuted Coptic Christians of Egypt and the Kafir Kalash of the Hindu Kush. It’s a long time since I read a travel book that taught or illuminated so much, but its importance is greater than that. Tragically, this book puts on record for the last possible time a once-plural world that is on the verge of disappearing for ever.

• William Dalrymple’s Return of a King: The Battle for Afghanistan is out in paperback.

• To order Heirs to Forgotten Kingdoms for £16 go to bookshop.theguardian.com or call 0330 333 6846.

lundi, 14 septembre 2015

Zarathoestra beleeft revival in Noord-Irak

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Door: Dirk Rochtus - Ex: http://www.doorbraak.be

Zarathoestra beleeft revival in Noord-Irak

Koerden in Noord-Irak herontdekken de oude religie van Zarathoestra als een wapen in de strijd tegen het door IS belichaamde Kwaad.

Een golf van politiek, religieus en sektarisch geweld overspoelt het Midden-Oosten. In Syrië woedt de soennitische terreurorganisatie Islamitische Staat (IS) in alle hevigheid tegen andersdenkenden en aanhangers van andere geloofsstrekkingen. In Turkije escaleert de strijd tussen het Turkse leger en de milities van de Koerdische Arbeiderspartij PKK. Iran en Saoedi-Arabië wedijveren met elkaar om de macht in de regio. Sjiieten en soennieten bestrijden elkaar om de juiste uitlegging van de islam.

Ware cultuur

De chaos drijft niet alleen vele mensen op de vlucht, maar doet ook velen onder de thuisblijvers snakken naar zekerheid en geborgenheid. Zo komt het bijvoorbeeld dat meer en meer Koerden een oude religie herontdekken. In de provincie Suleiman, in de Koerdische deelstaat van Noord-Irak, vond in de maand mei een merkwaardige ceremonie plaats. Honderden Koerden deden er een gewijde gordel, de 'koeshti', om. Ze betoonden zo hun gehechtheid aan het zoroastrisme, de religie van de Perzische profeet Zarathoestra (ook Zarathustra of Zoroaster genaamd). Ook dienden ze bij de overheid van de Kurdistan Regional Government (KRG) een aanvraag in voor de bouw van twaalf zoroastrische tempels en voor de erkenning van het zoroastrisme als officiële godsdienst. Volgens Luqman al Hadsch Karim van de zoroastrische organisatie Zand zouden met de revival van het zoroastrisme de 'ware cultuur en religie van de Koerden' weer in ere worden hersteld.

De 'betere Bijbel'

Over het leven van Zarathustra is niet veel geweten. Hij zou rond 1200 voor Christus geleefd hebben in Perzië, het huidige Iran. Hij predikte als eerste het geloof in 'één God' - Ahura Mazda, de 'Wijze Heer' of de god van het goede die strijdt tegen de duivel Ahriman -, het bestaan van engelen, van hemel en hel en het Laatste Oordeel. Al deze geloofsbeelden zouden via de Joden in ballingschap in Babylon binnengeslopen zijn in de latere monotheïstische religies. Voor de publicist Paul Moonen schreef Zarathustra daarom ook de 'betere Bijbel'. Maar juist omdat Zarathoestra als de 'vader' van het monotheïsme geldt, gebruikte de godloochenende Duitse filosoof Friedrich Nietzsche hem in een ironische omkering in zijn poëtisch meesterwerk 'Also sprach Zarathustra' om de 'dood van God' te verkondigen.

zor520-9-8df4d.jpgVuur

De zoroastriërs vereren in hun vuurtempels het eeuwig brandende vuur als afbeeld van Ahura Mazda. Het zoroastrisme groeide later uit tot de staatsgodsdienst van het Perzische Rijk. Toen de islam in de zevende eeuw Perzië veroverde, vluchtten vele zoroastriërs naar het naburige India. Vandaag de dag leven er vooral nog in Bombay een paar tienduizend 'parsi's' die vasthouden aan het zoroastrische geloof. In Iran zelf telt de zoroastrische gemeenschap een dertigduizend leden. Ze wordt in de Islamitische Republiek van Iran erkend als een minderheid. Net zoals de Armeense en de Joodse gemeenschap heeft ze recht op één zetel in de Majlis, het Iraanse parlement. Toch moet ze nog heel wat onderdrukking en discriminatie doorstaan. Ook de Jezidi's, de aanhangers van een door IS vervolgde Koerdische 'volksreligie', zouden door het zoroastrisme beïnvloed zijn. Zijzelf wijzen elke band met de leer van Zarathoestra af.

Strijdtoneel

Het zoroastrisme leek de laatste jaren op de terugweg. Het aantal gelovigen in Iran en India was aan het slinken ten gevolge van lagere geboortecijfers, vervolging en discriminatie. Merkwaardig is het dan ook dat Koerden in Noord-Irak de Oud-Perzische religie van Zarathoestra herontdekken. Sowieso zijn er culturele verbanden. De Koerden spreken een met het Farsi (Perzisch) verwante taal en in Newroz, hun nieuwjaarsfeest, speelt het vuur een grote rol. Volgens analisten zou de onzekerheid over wat nu de ware islam is nationalistische en liberaal denkende Koerden in de armen van een tolerante religie als het zoroastrisme drijven. Zarathoestra zag in de wereld het strijdtoneel van het Goede en het Kwade en riep de mensen op om de zijde van de goede god Ahura Mazda te kiezen. In zulk een wereldbeeld past voor vele Koerden ook de strijd tegen IS als de belichaming van het Kwade.

 

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lundi, 01 juin 2015

Iraqi Kurds revive ancient Kurdish Zoroastrianism religion

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Thanks to Islamic extremism, Iraqi Kurds revive ancient Kurdish Zoroastrianism religion

by Alaa Latif

Ex: http://ekurd.net

The One, True Kurdish Prophet

SLEMANI, Kurdistan region ‘Iraq’,— The small, ancient religion of Zoroastrianism is being revived in Iraqi Kurdistan. Followers say locals should join because it’s a truly Kurdish belief. Others say the revival is a reaction to extremist Islam.

One of the smallest and oldest religions in the world is experiencing a revival in the semi-autonomous region of Iraqi Kurdistan. The religion has deep Kurdish roots – it was founded by Zoroaster, also known as Zarathustra, who was born in Iranian Kurdistan (the Kurdish part of Iran) and the religion’s sacred book, the Avesta, was written in an ancient language from which the Kurdish language derives. However this century it is estimated that there are only around 190,000 believers in the world – as Islam became the dominant religion in the region during the 7th century, Zoroastrianism more or less disappeared.

Until – quite possibly – now. For the first time in over a thousand years, locals in a rural part of Slemani (Sulaymaniyah) province conducted an ancient ceremony on May 1, whereby followers put on a special belt that signifies they are ready to serve the religion and observe its tenets. It would be akin to a baptism in the Christian faith.

The newly pledged Zoroastrians have said that they will organise similar ceremonies elsewhere in Iraqi Kurdistan and they have also asked permission to build up to 12 temples inside the region, which has its own borders, military and Parliament. Zoroastrians are also visiting government departments in Iraqi Kurdistan and they have asked that Zoroastrianism be acknowledged as a religion officially. They even have their own anthem and many locals are attending Zoroastrian events and responding to Zoroastrian organisations and pages on social media.

Although as yet there are no official numbers as to how many Kurdish locals are actually turning to this religion, there is certainly a lot of discussion about it. And those who are already Zoroastrians believe that as soon as locals learn more about the religion, their numbers will increase. They also seem to selling the idea of Zoroastrianism by saying that it is somehow “more Kurdish” then other religions – certainly an attractive idea in an area where many locals care more about their ethnic identity than religious divisions.

As one believer, Dara Aziz, told Niqash: “I really hope our temples will open soon so that we can return to our authentic religion”.

“This religion will restore the real culture and religion of the Kurdish people,” says Luqman al-Haj Karim, a senior representative of Zoroastrianism and head of the Zoroastrian organisation, Zand, who believes that his belief system is more “Kurdish” than most. “The revival is a part of a cultural revolution, that gives people new ways to explore peace of mind, harmony and love,” he insists.

In fact, Zoroastrians believe that the forces of good and evil are continually struggling in the world – this is why many locals also suspect that this religious revival has more to do with the security crisis caused by the extremist group known as the Islamic State, as well as deepening sectarian and ethnic divides in Iraq, than any needs expressed by locals for something to believe in.

“The people of Kurdistan no longer know which Islamic movement, which doctrine or which fatwa, they should be believing in,” Mariwan Naqshbandi, the spokesperson for Iraqi Kurdistan’s Ministry of Religious Affairs, told Niqash. He says that the interest in Zoroastrianism is a symptom of the disagreements within Islam and religious instability in the Iraqi Kurdish region, as well as in the country as a whole.

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“For many more liberal or more nationalist Kurds, the mottos used by the Zoroastrians seem moderate and realistic,” Naqshbandi explains. “There are many people here who are very angry with the Islamic State group and it’s inhumanity.”

Naqshbandi also confirmed that his Ministry would help the Zoroastrians achieve their goals. The right to freedom of religion and worship was enshrined in Kurdish law and Naqshbandi said that the Zoroastrians would be represented in his offices.

Zoroastrian leader al-Karim isn’t so sure whether it is the Islamic State, or IS, group’s extremism that is changing how locals think about religion. “The people of Kurdistan are suffering from a collapsing culture that actually hinders change,” he argues. “It’s illogical to connect Zoroastrianism with the IS group. We are simply encouraging a new way of thinking about how to live a better life, the way that Zoroaster told us to.”

On local social media there has been much discussion on this subject. One of the most prevalent questions is this: Will the Kurdish abandon Islam altogether in favour of other beliefs?

“We don’t want to be a substitute for any other religion,” al-Karim replies. “We simply want to respond to society’s needs.”

However, even if al-Karim doesn’t admit it, it is clear to everyone else. Committing to Zoroastrianism would mean abandoning Islam. But even those who want to take on the Zoroastrian “belt” are staying well away from denigrating any other belief system. This may be one reason why, so far, Islamic clergy and Islamic politicians haven’t criticised the Zoroastrians openly.

As one local politician, Haji Karwan, an MP for the Islamic Union in Iraqi Kurdistan, tells Niqash, he doesn’t think that so many people have actually converted to Zoroastrianism anyway. He also thinks that those promoting the religion are few and far between. “But of course, people are free to choose whatever religion they want to practise,” Karwan told Niqash. “Islam says there’s no compulsion in religion.”

On the other hand, Karwan disagrees with the idea that any religion – let alone Zoroastrianism – is specifically “Kurdish” in nature. Religion came to humanity as a whole, not to any one specific ethnic group, he argues.

By Alaa Latif
Regions and cities names in Kurdish may have been changed or added to the article by Ekurd.net.

jeudi, 19 mars 2015

Norooz, Persian New Year

Shakila Norouz Eid Persian New Year Song

 

Norooz, The Persian New Year