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dimanche, 30 mars 2025

Nord Stream, Trump et l'auto-tromperie européenne

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Nord Stream, Trump et l'aveuglement européen

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/nord-stream-trump-und-der...

Washington négocie, Moscou parle - et l'Europe s'indigne en s'imaginant être une "coalition des volontaires" au sommet sur l'Ukraine à Paris, tel un végétalien offusqué lors d'un barbecue.

Imaginez : la Russie et les États-Unis négocient sur Nord Stream - sans les Européens. Et à Bruxelles, c'est le choc collectif. Comment osent-ils ? Après tout, nous sommes censés être des "partenaires".

Mais la réalité est que l'Europe ne joue plus aucun rôle. Et ce n'est pas parce que de méchants puissants se seraient ligués contre nous, mais parce que nous nous sommes délibérément mis hors jeu. Pendant que Washington et Moscou pratiquent la Realpolitik, l'UE se livre à des discours idéologiques sur les budgets CO2, l'égalité des genres dans le réchauffement climatique et sur le climat du globe en 2100.

Le nouvel impérialisme énergétique: ressources, pouvoir et dépendance

Les États-Unis ne pensent plus en termes de partenariats - ils pensent en termes d'axes de pouvoir. Le Canada fournit des ressources, les États-Unis le capital, et l'Europe… éructe de l'indignation. Pas étonnant donc que Donald Trump souligne à nouveau au printemps 2025 que le Canada est "de facto déjà le 51ème État" - une phrase qu'il a lâchée avec un sourire suffisant lors d'une apparition de campagne en Ohio. Derrière cette prétendue plaisanterie se cache un sérieux d'ordre géopolitique : les États-Unis ont un intérêt vital à devenir complètement indépendants sur le plan énergétique - et le Canada, avec ses gigantesques réserves de pétrole, de gaz et d'uranium, est le réservoir de matières premières naturel de l'empire américain.

La cupidité visant à s'emparer de l'énergie enfouie dans le sol canadien n'est pas un réflexe colonial, mais un calcul stratégique. Pendant que l'Europe discute d'éoliennes, les États-Unis s'assurent l'accès aux fondementaux de la domination technologique et militaire - avec un sourire aimable et un calcul géostratégique. Le Canada fournit, l'Amérique dirige - et l'Europe paie la note. Indignation. Pendant que Trump et son équipe disent ouvertement de quoi il s'agit - ressources, énergie, autonomie stratégique - Bruxelles reste abasourdie. On ne parle pas ainsi dans une "communauté de valeurs" (libérales-atlantistes) !

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Marco Rubio résume la situation: sans énergie bon marché, pas de leadership technologique. Pas de prospérité. Pas de souveraineté. Point. Particulièrement dans le domaine de l'intelligence artificielle, selon Rubio, il se révélera qui possède la base énergétique pour le pouvoir futur. L'IA sera si énergivore que seul l'accès à une électricité bon marché déterminera la domination ou l'insignifiance.

L'intelligence artificielle consomme de l'énergie - l'idéologie verte consomme des opportunités

Quiconque croit que l'Allemagne peut se positionner comme un leader numérique sans assurer un approvisionnement énergétique stable et bon marché vit dans une illusion techno-romantique. Un seul cluster de calcul pour l'IA générative consomme aujourd'hui plus d'électricité que certaines petites villes. Ainsi, celui qui dispose d'électricité bon marché gouverne l'avenir. Celui qui n'en a pas sera au mieux un spectateur.

Cependant, l'Allemagne a décidé de ne pas se lancer dans cette course - ou pire encore: de la mener avec le frein à main tiré. Le dogmatisme vert, jadis camouflé en protection climatique, est aujourd'hui un programme d'entrave à la croissance. Il détruit la création de valeur industrielle, empêche la souveraineté technologique et transforme un site industriel autrefois leader en musée climatiquement neutre.

L'Allemagne se démantèle - la Chine construit

Pendant que l'Allemagne démolit des centrales électriques, la Chine en construit de nouvelles - chaque semaine. Il n'est pas surprenant que Pékin raffine aujourd'hui plus de pétrole que toute autre nation. Ils parlent d'un avenir vert, mais ils agissent dans le présent. Ils font les deux. Énergie éolienne pour l'image, charbon pour la croissance. En Chine, le contraste entre l'ambition verte et la réalité des énergies fossiles n'est pas un dilemme, mais une stratégie.

En revanche, en Allemagne, la politique énergétique a été menée avec un mélange d'hubris, d'hystérie et d'impuissance. La sortie complète du charbon, du pétrole et du gaz, accompagnée d'une exaltation morale et d'une ignorance technique, s'apparente à un suicide industriel volontaire. Même si Robert Habeck a depuis quitté ses fonctions, ses décisions politiques résonnent comme un avertissement économique.

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Dépendance au gaz russe ? Une illusion orchestrée

Tout cela repose sur un mythe qui a été traité dans les médias et les parlements allemands comme un credo : la prétendue dépendance dangereuse au gaz russe. Mais ceux qui argumentent ainsi confondent partenariat stratégique et vulnérabilité à l'extorsion. La Russie a été un fournisseur d'énergie fiable pendant des décennies - même pendant la guerre froide. Il n'y a pas eu d'arrêts de livraison motivés politiquement, mais des contrats à long terme, des prix équitables et une prévisibilité mutuelle. La véritable dépendance commence là où l'on se prive volontairement d'accès aux ressources - pas là où l'on achète par prudence économique.

Aujourd'hui, l'Allemagne n'est pas davantage souveraine, mais est devenue encore plus dépendante - du gaz de schiste américain, du GNL volatil du marché mondial, des importations d'électricité en provenance d'autres pays. Pourtant, ces dépendances sont considérées comme idéologiquement correctes, car elles correspondent au narratif atlantiste.

Ce que nous vivons, ce n'est pas le prix de la liberté, mais la facture de la folie politique. Et elle ne se paie pas en euros, mais en compétitivité perdue, en dépendance technologique - et dans un avenir où d'autres décident de qui ouvre le robinet et de qui reste dans l'obscurité.

La politique énergétique est une politique de sécurité

La leçon est simple : la politique énergétique n'est pas une question de morale, mais de sécurité nationale. Qui se sépare volontairement des combustibles fossiles sans garantir des alternatives s'auto-démantèle - économiquement, géopolitiquement et technologiquement. Qui pense qu'il peut marquer des points avec une indignation morale dans un monde d'intérêts durs n'a ni compris Clausewitz ni le présent.

Pendant que l'on mène à Berlin des débats sur les pompes à chaleur, l'égalité des genres dans l'approvisionnement énergétique et des élucubrations de l'ex-gouvernement "feu tricolore" sur le CO2 dans les cantines scolaires, d'autres pays programment des réseaux neuronaux, modernisent leurs réseaux électriques - et s'assurent l'accès à ce qui propulse l'avenir numérique : une énergie bon marché, disponible à tout moment.

Le vide géopolitique

L'Europe n'est pas mise à l'écart. Elle s'est auto-démolie. Cela se manifeste notamment dans la manière dont les États-Unis et la Russie négocient sur des projets d'infrastructure européens centraux comme Nord Stream - en excluant l'Europe. Comme le rapportait Politico tout récemment, des diplomates de l'UE s'expriment avec incrédulité sur le fait que Washington et Moscou ont déjà depuis longtemps mené leurs entretiens sur l'avenir des pipelines de manière bilatérale. Un des interlocuteurs cités parle même de "folie" qui laisse l'Europe sur le côté.

Mais cette "folie" n'est que la conséquence logique du vide géopolitique que l'Europe a créé elle-même.

Lorsqu'on déclare que chaque politique visant la défense des intérêts propres est une dangereuse hérésie et que l'on pose chaque partenariat stratégique avec la Russie comme une trahison, il ne faut pas s'étonner si d'autres décident de nos destinées. Pendant que la Russie préserve ses leviers géopolitiques et que les États-Unis en tirent une nouvelle pression sur l'Europe, le continent reste pur spectateur. On s'est éloigné de la réalité - et on s'étonne maintenant que personne ne demande plus ce à quoi l'Europe aspire réellement. Maintenant que Washington négocie avec la Russie à propos de Nord Stream, on se frotte les yeux avec étonnement. Pourtant, l'exclusion était prévisible. On a cru qu'avec une supériorité morale (auto-proclamée), on pourrait remplacer le réel incontournable de la géopolitique. Mais au final, ce n'est pas le "vertueux" qui gagne - mais celui qui contrôle le robinet de gaz.

En conclusion

Qui ne prend pas place à la table figure comme plat suggéré par le menu. L'Europe a volontairement cédé sa chaise - et essai maintenant de se vendre comme un beau bibelot, aux allures éthiquement correctes, trônant sur la cheminée du bureau principal de l'institution mondiale de la géopolitique.

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