lundi, 21 juillet 2025
Le curieux cas d'al-Julani
Le curieux cas d'al-Julani
par Daniele Perra
Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-curioso-caso-a...
Tout récemment, l'ambassadeur américain en Turquie, Tom Barrack, a intimé au Liban l'ordre de désarmer le Hezbollah, faute de quoi il serait attaqué conjointement par la Syrie et Israël.
Que l'un des objectifs du « conflit syrien » était précisément de permettre à Tel-Aviv d'encercler le Liban est un fait connu qui a été maintes fois répété. À cette fin, les miliciens qaïdistes et celles de l'EI ont occupé la région de Maaloula, à la frontière avec le pays du cèdre et à proximité de la vallée de la Beeka (fief du Hezbollah), où vit (vivait) une importante communauté chrétienne (décimée pour l'occasion). Et sa libération, grâce à la coopération entre le Hezbollah, l'armée arabe syrienne, les milices chrétiennes et les Forces Quds, a été, avec la libération d'Alep, l'un des plus grands succès de ce qu'on appelle « l'Axe de la Résistance ».
Or, il est tout aussi connu qu'al-Julani dépend de la CIA et du MI6 qui l'ont longtemps alimenté dans l'enclave d'Idlib avec un flux continu d'armes et d'argent qui ont permis d'acheter une partie importante des fonctionnaires de l'ancien régime et des hommes d'affaires qui lui étaient liés. Il est également bien connu qu'avant la chute de Damas, Israël a ouvert la voie à l'offensive qaïdiste par des bombardements ciblés, pour ensuite détruire presque entièrement l'arsenal de l'Armée arabe syrienne, une fois l'objectif atteint (il va sans dire qu'avant cela, il existait un accord tacite avec Moscou - aujourd'hui manifestement rompu - qui consistait à garantir à Damas un minimum de contrôle territorial et d'efficacité militaire).
Quoi qu'il en soit, il n'existe aujourd'hui pas de véritable armée syrienne, malgré les tentatives d'al-Julani de légitimer à cette fin un agglomérat de milices composées en grande partie de Caucasiens et de Centrasiatiques. C'est pourquoi les déclarations de Barrack sur l'attaque conjointe contre le Liban m'ont presque fait sourire. Même si cette éventualité est réelle, compte tenu notamment des pressions exercées par les États-Unis sur Beyrouth (il convient de souligner le rôle de l'envoyé pour le Moyen-Orient et l'Afrique, Massad Boulos, Américano-Libanais et père du gendre de Trump). Et je ne doute pas qu'al-Julani puisse se rendre disponible même maintenant qu'il est sous le feu des attaques israéliennes.
À cet égard, je tiens à souligner qu'Israël ne veut en aucun cas des « partenaires commerciaux » (selon les « accords d'Abraham » tant vantés), mais simplement des sujets soumis (la Jordanie en est un exemple). Israël ne se contente pas d'une Syrie sans Assad et sans influence iranienne. Israël veut une Syrie détruite et morcelée, malgré les tentatives d'al-Julani de se présenter comme un « ami » d'Israël, prêt à faire des concessions sur le Golan occupé et à normaliser pleinement les relations syro-israéliennes. Il faut bien noter que les actions retentissantes et récentes ne visent en aucun cas à défendre la communauté druze attaquée par le gouvernement central. Elles visent l'expansion et l'occupation du sud de la Syrie, peut-être jusqu'à Damas (comme l'affirmait Smotrich à l'époque). Et le « pauvre » al-Julani est un complice d'Israël, pas une victime.
Comme je l'ai déjà dit à d'autres occasions, la chute de Damas a marqué la fin de la Syrie. Ce qui existe actuellement n'est plus la Syrie, c'est quelque chose de très différent.
21:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, syrie, proche-orient, levant | |
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