dimanche, 17 novembre 2024
Moldavie: Le véritable pouvoir derrière la victoire électorale de Maia Sandu
Moldavie: Le véritable pouvoir derrière la victoire électorale de Maia Sandu
Maia Sandu reste présidente de la Moldavie. Elle a remporté le second tour grâce au soutien des Moldaves de l'étranger.
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/11/moldawien-die-wahre-macht...
La Moldavie, un petit pays stratégiquement situé entre l'Europe et la sphère eurasienne, est marqué par une histoire de fractures et de luttes de pouvoir. Les élections de novembre montrent que ce pays est déchiré non seulement entre l'Est et l'Ouest, mais aussi en interne: entre une élite urbaine et une diaspora européenne qui influence de plus en plus le destin politique de la Moldavie.
Un phénomène commun aux États post-soviétiques devient de plus en plus évident: le rôle croissant des citoyens expatriés dans la politique de leur pays. Dans le cas de Maia Sandu, les voix de la diaspora moldave dans l'Union européenne – souvent stratégiquement positionnées et facilement accessibles – ont joué un rôle central. Rien qu’en Italie, où les électeurs pro-européens sont majoritaires, 60 bureaux de vote étaient ouverts, tandis que pour environ un demi-million de Moldaves vivant en Russie, seulement cinq bureaux de vote étaient disponibles.
Cette répartition inégale est perçue par beaucoup comme une stratégie délibérée: les élections n’ont pas simplement été « organisées », elles ont été structurées pour poursuivre un objectif politique clair. De nombreux citoyens moldaves parlent ainsi d’une « stratégie de la diaspora », visant à mettre en avant les voix soutenant le projet pro-européen de Sandu.
Un pays pris dans l’étau de l’Histoire
Historiquement, la Moldavie a toujours constitué un enjeu dans les rivalités entre grandes puissances. Aujourd’hui, fortement dépendante des subventions européennes et de l’argent envoyé par sa diaspora occidentale, la Moldavie oscille entre des aspirations pro-européennes et une base fidèle, souvent favorable à la Russie. Cet équilibre fragile est de plus en plus orienté vers les intérêts européens, comme l’illustrent les conditions qui ont marqué ces élections.
En Moldavie même, la majorité des voix s’est portée sur Stoïanoglo, le candidat de l’opposition, mais la diaspora en Europe a inversé le résultat en faveur de Sandu. Dans la région sécessionniste de Transnistrie – loyale à la Russie – les citoyens ont pratiquement été empêchés de voter. Les ponts sur le Dniestr étaient prétendument fermés « pour des raisons de sécurité », rendant le déplacement vers les bureaux de vote impossible pour beaucoup.
Une expérimentation de manipulation?
Pour de nombreux Moldaves, la victoire de Sandu n’est pas simplement un résultat électoral. Elle illustre comment des élections peuvent être utilisées comme outils d’influence géopolitique. La politique de la diaspora, qui mise délibérément sur le poids des voix européennes tout en marginalisant les électeurs pro-russes, révèle une conception contestable de la démocratie. Est-ce réellement la majorité des Moldaves qui maintient Sandu au pouvoir, ou bien les intérêts de la diaspora et de l’Union européenne?
Cette stratégie évoque les dynamiques qui se sont manifestées antérieurement en Ukraine, où les diasporas pro-occidentales au Canada et aux États-Unis ont également joué un rôle clé dans la direction politique du pays. Cependant, ces manipulations comportent des risques. Elles érodent la confiance des électeurs et créent un dangereux précédent.
2025 : un tournant pour la Moldavie
Les élections législatives de 2025 révéleront l’ampleur réelle des divisions. Pour Sandu, il ne s’agit pas seulement de conserver le pouvoir. Si son parti échoue, son rôle en tant que présidente pourrait être fortement limité, à l’image de Salomé Zourabichvili en Géorgie, qui reste symboliquement en fonction mais sans réelle influence politique.
Sandu semble de plus en plus l'incarnation d'une présidente de la diaspora pro-européenne – et non de tous les Moldaves. Son gouvernement cherche à ancrer constitutionnellement le projet pro-européen avant que l’opposition ne puisse regagner en influence. Certains critiques évoquent ouvertement une « stratégie de micro-Roumanie », transformant la Moldavie en un prolongement des intérêts occidentaux.
La question demeure: un pays aussi dépendant de l’étranger peut-il réellement revendiquer sa souveraineté? Et quelles implications cela a-t-il pour la démocratie? Les mois à venir détermineront si la Moldavie peut trouver sa propre voie ou si elle restera un pion dans un jeu d’échecs géopolitique.
Qui est Elena Fritz?
Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et y a obtenu un diplôme. Elle s'est engagée dans l'AfD en 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez sur le lien pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.
15:16 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, moldavie, maia sandu | | del.icio.us | | Digg | Facebook