Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 14 mars 2014

Les nationalismes en Ukraine et en Crimée

Euromaidan-01-dec-2013_41.JPG

LES NATIONALISMES EN UKRAINE ET EN CRIMEE
 
Au-delà de l’affaire…

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Parler de l’affaire ukrainienne, c’est aussi parler de ce pays et de sa population, de ses forces vives. En fait, l'Ukraine peut-elle devenir un pays indépendant ? Doit-elle forcément être inféodée à l'Europe  ou à la Russie ? Le destin de ce pays ne nous est-il pas commun ?

Il faut évoquer la fierté combattante du peuple ukrainien, comme quelque chose d'inestimable. C'est tellement vrai qu'à Paris, on « hitlérise » ce peuple, on le pestifère. Les nationalistes ukrainiens seraient d'extrême-droite et en plus, d'affreux antisémites. Cela n'a pas gêné Bernard Henri-Lévy tant qu'on pouvait manipuler Maïdan ! Or, les nationalistes ukrainiens, ce sont les  ( le ''Secteur Droit'', rassemblement de plusieurs mouvements nationalistes ukrainiens comme Tryzub ou l’UNA-UNSO, NDT) et un parti nationaliste jugé plus «modéré», Svoboda. Ce sont les militants de ces partis qui sont morts à Maïdan. Or, les nationalistes ukrainiens sont morts pour Kiev pas pour Poutine.
 
Poutine avait confié l’Ukraine à une minorité ethnique qui a profité du pouvoir pour s’imposer et russifier. C'était une minorité corrompue qui a utilisé la pire des propagandes, l'ancienne propagande soviétique à savoir l'anti-fascisme, l'anti-nazisme et qui en a abusé pour faire taire aux Ukrainiens l'amour de la patrie. Mais, victorieux, les nationalistes ukrainiens ont gagné une première manche ! D'abord, ils ont obtenu la libération de toutes les personnes arrêtées lors des émeutes, le licenciement de cinquante juges accusés de corruption, la grâce d’un père et de son fils condamnés pour avoir abattu un magistrat, symbole de la corruption post-communiste et l’octroi à un membre du parti Svoboda du poste de procureur général de toute l’Ukraine. Pendant ce temps, la rue, dominée par le Praviy Sektor a poussé Yulia Timochenko à la retraite anticipée en lui faisant retirer sa candidature et a clairement fait savoir que l’Ukraine n’est pas disposée à devenir une colonie américaine.
 
C’est d'ailleurs toujours le Praviy Sektor, décrit dans les médias occidentaux comme une bête immonde qui a réussi à faire rejeter la candidature au poste de Premier ministre du champion des Américains, Vitaliy Klitchko. Le fait est que le Praviy Sektor a été maître de la négociation et ne regarde pas comme Svoboda en direction de l'Ouest. Car qu'est-ce qu'un regard confiant vers  l’Ouest (dixit Svoboda),  dans une zone de frontière, si ce n'est une allégeance ? 

Si Svoboda et le Praviy Sektor entrent en conflit , si les fonctionnaires de Svoboda s’abaissent devant les hommes de Soros, le Praviy Sektor sera le mouton noir sacrifié sur l’autel de l’occidentalisation. Les nationalistes ukrainiens doivent au plus vite demander des garanties dans leurs nouvelles relations économiques, énergétiques et diplomatiques avec la Russie. Les relations internationales ne se bâtissent pas sur la sympathie entre partenaires ou sur la défense d'une cause commune. Elles sont basées sur des intérêts communs, lorsque les parties contractantes sont dans un rapport de force à peu près égal. Paradoxalement, c'est parfois aussi dans la haine réciproque que se bâtissent les meilleures alliances, ce qui est le cas actuellement en Ukraine, entre nationalistes ukrainiens et nationalistes russes. Il n’est pas inconcevable que, dans les prochains mois, il incombe précisément aux nationalistes ukrainiens de gérer leurs relations avec la Russie. Le pire serait une polarisation Svoboda contre Praya Sektor, source potentielle d'une guerre civile profitable à beaucoup selon le vieux principe machiavélien du ''diviser pour régner''. 

Le retour au calme en Ukraine ne se fera pas sans un consensus fort avec les nationalistes radicaux qui ont débordé l’opposition parlementaire et sont  la force vive de l'eurasisme à construire, cet espoir de bâtir un nouvel Etat au frontière de l’Europe, un Etat, nationaliste et orthodoxe. Sinon, l’Ukraine se dirigera vers une scission de fait, se transformera en une grande Moldavie à l’Ouest et une Nouvelle Ossétie à l’Est (et en Crimée notamment). L’Ukraine aura alors été sacrifiée au sein d’une féroce lutte géopolitique des grands ensembles sur le continent. Elle sera alors réduite à n'être qu'une sorte de colonie dont on aurait instrumentalisé les nationalistes afin de briser un espoir européen plus grand, un espoir de constituer un réel pays indépendant. 

On peut alors imaginer que ces micro-nationalismes, ces régio-nationalismes n'auront servi qu'à assurer l’extension de l’Otan et l’intégration des nations européennes dans un conglomérat sous domination américaine. Priver l’Europe d’une alliance avec la Russie, c’est aussi empêcher le grand retour européen vers l'Est, vers la Sibérie, l'Asie centrale.