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mercredi, 19 juillet 2023

La dernière attaque de Kiev contre le pont de Crimée était une diversion désespérée

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La dernière attaque de Kiev contre le pont de Crimée était une diversion désespérée

Andrew Korybko

Source: https://korybko.substack.com/p/kievs-latest-attack-against-the-crimean

Au lieu d'être obsédés par cet incident et de faire naître des espoirs irréalistes chez les partisans de Kiev, les médias se montreraient bien plus responsables de conditionner tout le monde à attendre la reprise apparemment inévitable des pourparlers de paix.

La contre-offensive de Kiev, soutenue par l'OTAN, a échoué malgré les dizaines de milliards de dollars investis dans cette entreprise, comme l'a confirmé le chef d'état-major de la Defense Intelligence Agency américaine, John Kirchhofer, en avouant candidement à la fin de la semaine dernière que "nous sommes un peu dans une impasse".

L'Ukraine ne peut pas non plus compter sur beaucoup plus d'aide américaine après que M. Biden a révélé que les États-Unis étaient "à court" de munitions après avoir épuisé leurs stocks, dont le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré plus tard à CNN qu'il faudrait des années pour les reconstituer.

C'est dans ce contexte que les États-Unis ont décidé de donner à l'Ukraine des armes à sous-munitions, bien qu'ils aient précédemment qualifié leur utilisation présumée par la Russie de "crime de guerre", car ils n'ont tout simplement plus grand-chose d'autre à envoyer. Le président Poutine avait déjà estimé que l'exportation d'armes provocatrices telles que les obus à uranium appauvri était précisément due à cette situation difficile, ce qu'il a réaffirmé à la lumière des dernières nouvelles. Il est clair que la "course à la logistique"/"guerre d'usure" du chef de l'OTAN contre la Russie ne se déroule pas comme prévu.

La contre-offensive a échoué de manière si spectaculaire que la vice-ministre ukrainienne de la défense, Anna Malyar, a été contrainte d'informer son auditoire que les informations selon lesquelles la Russie passait à l'offensive près de Koupyansk, dans la région de Kharkov, étaient vraies, mais elle a édulcoré l'information en affirmant que Kiev "opposait une forte résistance". La Russie ayant repris l'initiative militaire, ce n'était qu'une question de temps avant que l'Ukraine ne recoure au terrorisme en désespoir de cause pour détourner l'attention de cette dynamique, ce qui explique pourquoi elle a de nouveau attaqué le pont de Crimée.

L'incident de lundi matin a fait au moins deux morts et a montré qu'il existe encore des lacunes dans la défense de cet élément stratégique et infrastructurel. Néanmoins, sa fermeture temporaire à la suite de cette attaque n'affectera probablement pas les opérations de la Russie sur la ligne de front, d'autant plus que la partie ferroviaire n'a pas été endommagée. Malgré tout, il s'agit d'une victoire symbolique pour Kiev, qui sera relayée par les grands médias pour faire croire que la contre-offensive a enfin abouti à quelque chose d'important.

En réalité, cette dernière attaque n'a rien à voir avec cette campagne. Elle était vraisemblablement prévue depuis un certain temps et ne modifiera pas la dynamique militaro-stratégique de ce conflit, ni au sens large en ce qui concerne l'avantage de la Russie sur l'Occident dans la "course à la logistique"/"guerre d'usure", ni au sens spécifique en ce qui concerne son offensive dans la direction de Kupyansk. Tout ce que cette attaque fera, c'est détourner l'attention des faits précédents qui sont trop "politiquement gênants" pour que les partisans de Kiev les reconnaissent.

Alors qu'ils se complaisent dans le dernier "copium" lancé par les médias grand public et les trolls en ligne, le fait est que la contre-offensive de Kiev a échoué de manière spectaculaire et que les pourparlers reprendront probablement avec Moscou dans le courant de l'année, comme nous l'expliquons en détail ici. Au lieu d'être obsédé par cet incident et de faire naître des espoirs irréalistes chez les partisans de Kiev, il serait beaucoup plus responsable de conditionner tout le monde à attendre l'évolution diplomatique susmentionnée, qui semble inévitable.

vendredi, 07 avril 2023

La guerre de Crimée (1853-1856) et la russophobie à travers les âges

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La guerre de Crimée (1853-1856) et la russophobie à travers les âges

Nicolas Bonnal

J’ai plusieurs fois évoqué la russophobie dans mon livre sur Dostoïevski ou dans mes textes publiés dans les médias russes (voir liens) ; elle est européenne cette russophobie, elle n’a pas attendu les Américains et elle est solidement enracinée. On peut dire qu’elle s’exprime une première fois dans la conquête de la Russie par Napoléon qui est ainsi décrit par Tolstoï dans Guerre et paix: c’est l’Europe et non la France (40% de la soldatesque) qui se jette à la gorge de la Russie. Chateaubriand (voyez mon texte) est totalement isolé quinze ans plus tard quand il demande à la diplomatie française de se rapprocher de la Russie et d’éviter les ombrageuses Autriche et Angleterre qui déclencheront les conflits qui en terminèrent avec notre civilisation (elle est morte notre civilisation à l’époque de Zweig ou Valéry, c’est son cadavre qui pue en ce moment).

La guerre de Crimée (1853-56, un million de victimes, de faim, de froid, de maladie, etc.), permet à l’Europe presque entière de se défouler. La France (comme toujours bonapartiste, militariste, autoritaire et humanitaire, lisez mon Exception française), l’Angleterre qui sacrifia tous les chrétiens (obsessionnelle habitude) d’Orient pour protéger son adorable empire ottoman (qu’elle sacrifia ensuite avec Lawrence et les sionistes), mais aussi la Sardaigne du très opportuniste Cavour, l’Autriche très ingrate (sauvée par Nicolas en 1848, mais qui mobilisa cent mille hommes) et d’une demi-douzaine d’autres nations font directement et indirectement la guerre à la Russie POUR DEFENDRE L’EMPIRE OTTOMAN. Le contrat chrétien est rompu par les Occidentaux, et la Grande Catherine s’en plaignait déjà.

Ici ce qui m’intéresse c’est de rappeler que tous les gouvernements de ce continent zombi approuvent systématiquement ce que font les Américains. Les Américains ont droit de vie et de mort sur toute cette planète et tout le monde est content en Europe. Vers 1850 c’est l’Europe occidentale – le couple franco-britannique - qui a ce droit (et refusera de le partager avec l’Allemagne) et qui, avant les USA, s’estime le messie des nations sur cette pauvre terre - pour la piller ou la détruire ou la moderniser...

Un historien russe de cette déjà triste époque s’en est rendu compte et il écrit au tzar Nicolas ; je traduis de Wikipédia anglais (tout arrive) :

« Mikhaïl Pogodin, professeur d'histoire à l'Université de Moscou, avait donné à Nicolas un résumé de la politique de la Russie envers les Slaves pendant la guerre. La réponse de Nicolas était remplie de griefs contre l'Occident. Nicolas partageait le sentiment de Pogodine que le rôle de la Russie en tant que protecteur des chrétiens orthodoxes dans l'Empire ottoman n'était pas compris et que la Russie était injustement traitée par l'Occident. Nicolas avait particulièrement approuvé le passage suivant:

« La France prend l'Algérie à la Turquie, et presque chaque année l'Angleterre annexe une autre principauté indienne : rien de tout cela ne perturbe l'équilibre des forces ; mais lorsque la Russie occupe la Moldavie et la Valachie, ne serait-ce que temporairement, cela perturbe l'équilibre des forces. La France occupe Rome et y séjourne plusieurs années en temps de paix : ce n'est rien ; mais la Russie ne songe qu'à occuper Constantinople, et la paix de l'Europe est menacée. Les Anglais déclarent la guerre aux Chinois, qui les ont, semble-t-il, offensés: personne n'a le droit d'intervenir; mais la Russie est obligée de demander la permission à l'Europe si elle se querelle avec son voisin. L'Angleterre menace la Grèce de soutenir les fausses prétentions d'un misérable Juif et brûle sa flotte: c'est une action licite; mais la Russie exige un traité pour protéger des millions de chrétiens, et cela est censé renforcer sa position à l'Est au détriment de l'équilibre des forces. On ne peut rien attendre de l'Occident que de la haine aveugle et de la méchanceté... (Commentaire en marge de Nicolas Ier : « C'est tout l'enjeu »).

C’est tiré du Mémorandum de Mikhail Pogodin à Nicolas Ier, 1853.

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Je ne vais pas trop commenter : l’Occident a tous les droits, la Russie – ou qui que ce soit d’ailleurs – n’en a aucun. Le résultat désastreux de cette guerre mena ensuite où l’on sait. Et il faut comprendre une deuxième évidence : même faible, même risible, l’Occident a la rage et ne s’arrête jamais. Lisez notre livre de prières publié en 1852 par A. Stourdza : parce qu’à part les missiles rien ne peut arrêter ces imbéciles. Ces siècles de la Fin pour reprendre Bernanos sont les siècles de la colère des imbéciles fabriqués à la chaîne (télé ou autre) en Occident depuis l’invention d’un certain Gutenberg. Leur guerre n’en finira pas car elle n’a jamais cessé.

Sources principales :

https://www.dedefensa.org/article/de-gaulle-et-chateaubri...

https://en.wikipedia.org/wiki/Crimean_War

https://en.wikipedia.org/wiki/Mikhail_Pogodin

https://lesakerfrancophone.fr/custine-et-les-racines-du-c...

https://lesakerfrancophone.fr/de-leffondrement-de-la-russ...

https://www.amazon.fr/Autopsie-lexception-fran%C3%A7aise-...

https://www.amazon.fr/Dosto%C3%AFevski-modernit%C3%A9-occ...

https://fr.sputniknews.africa/search/?query=bonnal

https://www.amazon.fr/Livre-pri%C3%A8res-orthodoxes-Tradu...

vendredi, 25 mars 2022

La carte tatar d'Erdogan

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La carte tatar d'Erdogan

La Turquie dispose d'un avantage considérable par rapport aux autres pays pour servir de médiateur entre l'Ukraine et la Russie. L'activisme d'Ankara est dicté par une stratégie préparée au fil des ans. Un bref excursus.

Emanuel Pietrobon

Source: https://www.dissipatio.it/erdogan-zelensky-pace/

L'Ukraine de Zelensky a dès le départ tenté d'obtenir le statut de membre observateur au sein du Conseil de coopération des pays de langue turque, également connu sous le nom de "Conseil turc", une organisation internationale basée à Ankara. Cette nouvelle n'est en fait pas une nouvelle pour ceux qui ont suivi l'évolution de la dynamique ukrainienne depuis l'ère post-Euromaidan. En gagnant la bataille pour l'Ukraine, l'Occident a réussi à se rapprocher de la réalisation du rêve de Zbigniew Brzezinski d'expulser la Russie de l'Europe, la transformant en un "empire asiatique". Entre ce scénario et sa réalisation finale, il ne reste plus que trois obstacles : le Belarus, la Moldavie et la Serbie.

En bref, ce à quoi nous assistons, c'est à la disparition de tout le système d'États tampons construit par Staline dans l'entre-deux-guerres pour protéger la Russie d'une invasion extérieure. Ce système est sur le point de s'effondrer car il a été incorporé dans l'orbite euro-américaine par l'élargissement de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique. Aujourd'hui, la Russie est encerclée de partout - pas seulement au départ de l'Europe, pensez par exemple à ce qui se passe dans le Caucase du Sud et en Asie centrale. Mais revenons à l'Europe. La Biélorussie est secouée par une grande mobilisation d'une partie ostensible de sa société depuis la nuit du 9 août 2021 ; la Moldavie est un acteur vulnérable en raison de son besoin constant d'investissements étrangers et de la présence d'une minorité turque en Gagaouzie que la Turquie subjugue habilement, tandis que la Serbie est presque entièrement entourée de pays de l'OTAN, même si sa position au sein de l'orbite russe ne semble pas se fissurer pour l'instant (à voir également les manifestations pro-russes de ces jours-ci).

Pour en revenir à l'Ukraine, l'entrée au Conseil turc ne se prête qu'à une seule interprétation : le pays passerait rapidement du monde russe au monde turc. Cette situation ne caractérise pas seulement Kiev, mais de nombreux autres pays, comme les anciens États soviétiques d'Asie centrale et l'Azerbaïdjan, et des régions, comme la Gagaouzie, que je viens de mentionner, et les républiques russes à composition ethnique turque, du Caucase du Nord à la Sibérie. La nouvelle du projet ambitieux du gouvernement ukrainien a été donnée par Emine Dzheppar (photo, ci-dessous), une politicienne ukrainienne d'origine tatare qui a récemment été nommée première vice-première ministre chargée des affaires étrangères. M. Dzheppar, interviewé dans le passé par l'agence de presse turque Demirören, a expliqué que la présidence Zelensky souhaitait rejoindre le Conseil turc parce que :

"Nous sommes des pays voisins. L'Ukraine est l'héritière de la culture turque. Les Tatars de Crimée sont un pont entre l'Ukraine et la Turquie" (Emine Dzheppar).

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S'il est vrai que les Tatars constituent un point de connexion utile entre l'Ukraine et la Turquie, le passage sur la prétendue identité turque de l'Ukraine est discutable. En fait, elle n'est même pas discutable : elle est tout à fait anti-historique. Il s'agit d'une tentative de réécrire à la fois l'histoire et l'identité de l'Ukraine, qui est, était et sera toujours le berceau de la civilisation russe. Les Tatars représentent une très petite minorité - environ 70.000 personnes selon le recensement de 2001 - mais ils sont la clé de voûte de l'Ukraine pour entrer dans les bonnes grâces de la Turquie et de l'Occident.

Dès le départ, la décision de rejoindre le Conseil turc a été précédée de nombreuses autres initiatives et l'entrée finale dans l'organisation n'était que l'étape naturelle d'un voyage entamé par Volodymyr Zelensky en août 2019 par une visite officielle à Ankara. Depuis lors, les deux pays ont rapidement construit un partenariat stratégique très solide qui, aujourd'hui, s'étend du commerce à l'industrie, de la défense à la sécurité régionale, de la politique étrangère à la Crimée. Ce dernier point est particulièrement important pour les deux, car il s'agit d'un moyen de saper la grande stratégie de la Russie pour la mer Noire.

Mais pourquoi, dans le passé, l'Ukraine est-elle sur le point de devenir une partie intégrante du monde turc ? Il ne s'agit pas seulement du Conseil turc, de nombreux autres événements se sont produits au cours des dernières années. En juillet 2021, l'ambassadeur turc à Kiev, Yagmur Ahmet Gulder, a annoncé que la Turquie allait construire une maxi-mosquée au cœur de la capitale ukrainienne. Les négociations concernant le terrain ont déjà été résolues et les travaux devraient bientôt commencer. Une fois terminée, la mosquée sera la plus grande du pays : le projet prévoit une capacité d'au moins 5000 fidèles. Le gouvernement turc a fourni cinq millions de dollars pour sa construction. L'idée de construire une nouvelle mosquée à Kiev ne vient pas de Turquie, mais de Mustafa Dzhemilev, le chef du Mejlis, l'organe représentatif officiel des Tatars, qui a été mis hors la loi en Crimée pour cause d'extrémisme. Selon Dzhemilev, le pays a besoin d'une nouvelle mosquée en raison de l'arrivée de dizaines de milliers de Tatars de la péninsule au cours des six dernières années.

Avec en toile de fond les négociations sur la mosquée, la Turquie travaille depuis des années à la construction d'appartements résidentiels pour des centaines de familles tatares dans les villes de Kharkiv, Lviv, Odessa, Kherson et Dnipro. Ces deux initiatives ont été très bien accueillies par la minorité turque et amélioreront considérablement l'image de Recep Tayyip Erdogan en tant que protecteur du peuple turc et des musulmans en général. Mais avant même l'annonce de la mosquée, un événement historique s'est produit le 18 mai. Zelensky avait inclus deux célébrations islamiques très importantes dans le calendrier national des jours fériés : la fête du sacrifice (Eid al-Adha) et la fête de la rupture du jeûne (Eid al-Fitr).

La date de l'annonce a été soigneusement choisie car l'objectif était d'accroître la portée symbolique de l'acte : en effet, le 18 mai de chaque année, les Tatars observent ce que l'on appelle la "Journée de commémoration des victimes du génocide des Tatars de Crimée". Depuis 2014, cet événement historique est officiellement inclus dans la liste des guerres de mémoire liées à la Seconde Guerre mondiale qui divisent l'Occident et la Russie. Aujourd'hui, cette date, grâce à Zelensky, a pris une importance égale pour les Ukrainiens, les Tatars et les Turcs. Selon le président ukrainien, la reconnaissance officielle des fêtes islamiques est une étape fondamentale vers la construction d'une "nouvelle Ukraine au sein de laquelle chacun peut se sentir citoyen".

Le même jour, M. Zelensky a également annoncé la formation d'un groupe de travail au sein du bureau de la présidence, spécialisé dans les questions relatives aux Tatars. L'objectif était d'améliorer les conditions de vie de la minorité dans le pays. Ce sont donc les Tatars qui ont conduit l'évolution du partenariat turco-ukrainien formé l'année dernière. En août dernier, Zelensky a assisté à l'inauguration d'un bureau de représentation des Tatars de Crimée à Ankara. En février, c'était au tour d'Erdogan à Kiev, où le président turc a annoncé un plan de logement pour les Tatars qui avaient fui la péninsule, réaffirmant que son gouvernement ne reconnaîtrait jamais le nouveau statu quo car "la Crimée est la patrie historique des Tatars".

La carte tatare est utile aux deux parties : Kiev peut améliorer son image à l'Ouest, Ankara peut accroître son prestige dans le monde turc et islamique et, simultanément, élargir sa marge de manœuvre à l'intérieur de l'Ukraine dans l'espoir de combler le vide de pouvoir laissé par le Kremlin. Enfin, comme cela a déjà été écrit, jouer la carte des Tatars est le seul moyen pour les rivaux ou les pacificateurs de la Russie de garder ouverte la possibilité de déstabiliser la péninsule par une insurrection à motivation ethnique - ou, comme c'est le cas actuellement, de servir de médiateur entre les deux prétendants. La Russie est confrontée à un défi historique, car le scénario tant redouté de l'encerclement qui hantait les rêves de Staline est devenu une réalité, et la chute des États de la zone-tampon entraînera un déplacement de l'attention vers les républiques turco-musulmanes de Russie. Le risque d'une implosion de type soviétique est élevé, et les dirigeants du Kremlin sont appelés à élaborer une refonte stratégique globale : il en va de la survie même de la Russie telle que nous la connaissons aujourd'hui.

jeudi, 22 avril 2021

Ukraine et nouvelle guerre froide

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Ukraine et nouvelle guerre froide

par Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/ukraine-...

Les tensions entretenues par les États-Unis et l'Otan en Ukraine, en soutien du bellicisme de Kiev et du but déclaré de cette dernière de remettre en cause l'autonomie des provinces séparatistes de Donetsk et Lougansk, dans la tentative d'unifier un pays historiquement divisé entre deux pôles d'influence, l'Europe et la Russie, sont susceptibles de provoquer une escalade aux incertitudes multiples. Les répercussions conflictuelles de cette aventure n'épargneront pas l'Europe, subalterne et impuissante et suivront un clivage qui va des pays baltes à la Mer Noire et du Caucase à la Turquie et à la Syrie. Elles remettront à l'ordre du jour un conflit, dont l'aspect principal n'est plus celui de 2014, "partition européenne ou partition du pays", mais la confirmation d'une forme d'instabilité régionale à précarité permanente.

L'explication des tensions dans le Donbass, ainsi que de la "Nouvelle Guerre Froide", trouvent leurs raisons d'être dans les élargissements continus de l'Otan, à proximité des frontières de la Russie et dans la modification de l'équilibre global des forces entre les États-Unis, la Russie et la Chine à l'ère de la multipolarité. Ce déséquilibre se traduit par une remise en cause de la dissuasion et par la nouvelle doctrine américaine d'emploi de l'arme nucléaire à des fins tactiques, mais ayant des répercussions stratégiques d'ordre général Le débat qu'elle suscite et les adaptations qu'elle exige, remettent en discussion la centralité de l’atome, ainsi que l'équilibre stratégique sur lequel ils reposaient. Par conséquent la distribution des alliances s'effectue en fonction d'un choix systémique et d'une géopolitique planétaire, qui discrimine entre puissances du Hearthland et puissances du Rimland, puissances du"statu-quo" et puissances révisionnistes, pions géostratégiques (Arménie et Azerbaïdjan-Turquie) et pays-pivots (Iran,Turquie), opérant par bonds et croisements, entre arcs de crise et axes de rapprochement. Dans l'échiquier du grand Moyen Orient l'axe chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth, débouchant sur la Méditerranée, sera le premier à intéresser la Russie et, par ricochet, la Chine, les États-Unis et Israël. La redistribution des alliances qui en découle, oriente l'identification de l'adversaire de la part de l'Occident, en la Russie,au moyen d'une triple campagne, d'isolement, de sanctions et d'information, par une flagrante inversion des responsabilités.

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Du point de vue historique, l'aggravation de la sécurité européenne consacre l'échec des politiques de voisinage de l'UE (PEV) à l'Est et les instabilités des pays issus de l’écroulement de l'URSS, ou de "l'étranger proche" (Bélarus, Caucase, Asie centrale). Elle dévoile la subordination politico-stratégique aux États-Unis et à l'Otan d'une Union, dont la vacuité politique et intellectuelle semble se résumer aux querelles personnelles et protocolaires (le Sofagate), échappant aux demandes de sécurité et d'autorité des populations et à l'oubli des vulnérabilités géopolitiques des Nations et des États.

Au niveau du système international la vassalité européenne a deux sources principales et permanentes, la protection nucléaire de l'Amérique et la stabilité régionale assurée par celle-ci tout au long de la bipolarité. Ainsi la culture de défense hégémonique, qui porte les États-Unis à une projection de puissance dangereuse, frôle la provocation, en Europe (Pays-baltes, Pologne, Bélarus et Ukraine..), au Grand Moyen Orient (Syrie, Turquie, Iran et Irak) et en Asie (Taïwan et région de l'Indo-Pacifique).

En ce sens les tensions et le conflit potentiel vis à vis de la Russie, par Ukraine interposée, font partie d'une tentative de désarticulation de la continuité géopolitique de l'Europe vers l'Asie (Brzezinski) et de la Chine vers la région de l'Indo-Pacifique. Cette fracturation du monde comporte de multiples facteurs d'incertitude et de multiples formes de vassalité entre les divers pays, et principalement, en Europe, entre les pays d'obédience et d'influence atlantique stricte (GB, Pays nordiques, Hollande, Belgique, Pays baltes et Pologne) et les pays du doute et de la résistance (France, Italie,Allemagne etc) vis à vis du Leader de bloc. Dans une sorte de jeu d'échec planétaire la région des Balkans, de la Mer Noire, de la Caspienne, du plateau turque, du Golfe, de l'Iran, de l'Inde, d'Indonésie, du Japon et d’Australie fait partie des zones à hégémonie disputée et demeure sujette à l'influence grandissante de la realpolitik chinoise (Hong-Kong et Taïwan).

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Les césures au sein de l'Ukraine: le vote Ianukovitch en 2010

C'est dans ce cadre que se tissent et se resserrent les nouvelles alliances et se précisent les enjeux stratégiques et les clivages de civilisation. C'est encore dans ce cadre que se partagent ou se disputent les anciens héritages et les vieilles allégeances. Les raisons qui, selon l'ancien conseiller de Reagan à l'économie, Paul Claig Roberts ont poussé à la deuxième guerre mondiale, le remplacement de la Grande Bretagne par les États-Unis, pourraient jouer le même effet d’entraînement vers la troisième, concernant la substitution de la vieille Union Soviétique par le duopole Russie et Chine. Dans cette perspective de glissement vers une confrontation inter-étatique de haute intensité, la "nouvelle guerre froide" ne serait qu'un prélude du conflit qui se prépare et, parallèlement une dilation pour la réconfiguration générale du système, qui passe par une "guerre limitée" et locale, mais peut se poursuivre par une "guerre illimitée".

L’Ukraine, baromètre des relations entre Washington et Moscou ?

En revenant aux tensions entre Kiev, le Donbass, la Russie et l'Occident, l’Ukraine est elle devenue le baromètre des relations entre Moscou et Washington? L’Ukraine a exclut vendredi 16 avril, toute possibilité d'une offensive militaire contre les séparatistes des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Au vue des déclarations officielles, le Général Rouslan Khomtchak, commandant en chef des forces armées ukrainiennes a confirmé que "La libération par la force des territoires occupés temporairement conduira inévitablement à de nombreuses pertes civiles et militaires, ce qui est inacceptable pour l'Ukraine". Dans un communiqué ultérieur il a soutenu l'idée d'une solution "politique et diplomatique", pour récupérer les territoire perdus. A la veille de l'exercice de l'Otan, "Defender Europe", le plus important depuis la Guerre froide, prévu pour le printemps 2021, dans 16 aires différentes du continent et concentré principalement dans les régions des Balkans, de la Mer Noire et de la Baltique, avec la participation de 28.000 hommes et pour la durée de trois mois, Moscou a déclaré qu'une offensive ukainienne dans le Dombass, signerait la fin de l’État ukrainien. Pourquoi ce conflit, qui dure désormais depuis sept ans et qui ne se déroule pas entre Philadelphie et le lac du Michigan , pousse à une intervention "musclé"de Joe Biden, depuis la Maison Blanche, se déclarant favorable à des sanctions contre la Russie? Et pourquoi, côté européen, Zelensky s'empresse d'obtenir le soutien de deux États-membres du quatuor "Format Normandie", la France et l'Allemagne, signataires des accords de Minsk 2, concernant le règlement des contentieux russo-ukrainiens de 2014? S' il s'agit du "Syndrome Sakaachvili" de 2008, quelles sont les voies des scénarios possibles ?

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Face à la dissymétrie des forces, les trois hypothèses prévisibles, "percée russe en profondeur et occupation durable du territoire", "flambée de violence élevée, mais de courte durée, suivie d'un règlement politique rapide", "retour au calme et fin du conflit", la première serait coûteuse, la deuxième aléatoire et la troisième plus payante, car elle permettrait d'influer sur la politique intérieure ukrainienne et de bloquer l'adhésion de l’Ukraine à l'Otan. Cette hypothèse ne pourrait pas faire l'économie d'une négociation et d'une entente avec les USA. Joe Biden est à son Rubicon: "Hic Rhodus, Hic salta!"

Guerres visibles, invisibles, dissuasives et hybrides,

à l'épreuve de la guerre d’Ukraine et du modèle de guerre de Clausewitz

Avec du recul, les tensions et le conflit potentiel entretenus en Ukraine depuis 2014 nous forcent à revenir sur la relation entre guerre et politique et sur le retour, aux yeux de l'Occident, de la figure de l'ennemi, se définissant par l’incompatibilité de principes et de projets politiques, qui président à l'action de guerre. Le modèle de conflit westphalien, fondé sur la soumission de la guerre au but défini par l'intelligence personnifiée de l’État, était fondé sur l'étonnante trinité, de l'entendement pur (gouvernement), de la libre activité de l'âme (armée ou chef de guerre) et de l'impulsion naturelle aveugle (peuple). Ce modèle, qui imposait des limites à la guerre, a vu l'éclatement de son unité et nous force aujourd’hui à des réflexions indispensables sur les réalités du conflit en cours à l'est de l’Ukraine. Il s'agit d'une guerre classée comme "hybride" et caractérisée par une inversion de la relation entre guerres visibles (soumettre) et guerres invisibles, cachées ou secrètes (contrôler). Elle conduit à la décomposition du lien clausewitzien entre objectifs civils et militaires et donc à une multiplicité des formes d'affrontement. Au pluralisme des acteurs civils et militaires, légaux et illégaux, la pensée stratégique lui assigne des modes d'actions divers, qui dans le cas de l’Ukraine, maintiennent le seuil de la réponse au dessous du conflit (inter-étatique). Ce dernier fonctionne comme une couverture arrière et visible du champ d'affrontement entre acteurs de la scène internationale, plus vaste et plus profond, qui se manifeste sur le terrain des combats locaux, comme la "ruse" du tiers non engagé, la Russie. L'action de terrain dispose ainsi, par paradoxe, d'une couverture visible (mouvements de troupes et réserves importantes, prêtes à intervenir, au delà d'une "ligne rouge" politique), qui acquièrent une valeur dissuasive ou de réplique défensive. Cette couverture (ou ruse) interdit l'accès au conflit d'autres acteurs tiers, l'Otan ou les États-Unis, étrangers aux engagements en cours. Ce jeu des parties assigne une position favorable à la force belligérante et irrégulière de Donetsk et Lougansk, en position de défense, selon le principe de l'art de la guerre pour lequel : "Qui tient la défense (ou la ruse), tient l'attaque, et qui tient l'attaque (ou l'initiative) tient la victoire !" Kiev apparaît ainsi vulnérable et fautive, comme les forces de soutien venues de l'Ouest. placées dans l’impossibilité d'atteindre leur but, celui d'une percée, d'une guerre d'embrasement et, au final, d'un rapprochement aux frontières de la Russie.

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Sous l'unité d'un même concept de guerre retrouverions nous l'unité d'un même concept d'ennemi? Celui schmittien de l'hostis (ennemi public), qui aboutissait à la conception de la guerre comme duel ou guerre discriminatoire, sous l'effet des conceptions universalistes et "utopiques", étendues à un ordre global. La guerre-discriminatoire (adoptée contre l'Allemagne nazie et aujourd'hui contre la Russie poutinienne) comporte la criminalisation de l'ennemi, dans le but de l'éradiquer, en autocrate et en coupable de tueur d'opposants (Navalny), rabaissé au rang de criminel. La figure de l'ennemi change également de statut et présente la puissance hostile (Russie) en figure éversive de l'ordre international, par rapport à celle d'un acteur local, menacé et souverain (Ukraïne). Le processus de criminalisation de la politique étrangère et mondiale s'achève ainsi dans la tentative d'inverser les paradigmes politiques existants sous la surface accidentée de la géopolitique mondiale. En effet, le refus d’accepter la subordination euro-atlantique, dans le cadre de l'Otan, ne s'accompagne pas de l'esquisse d'un projet européen de sécurité. Or, la vraie question, qui n'a pas été posée et demeure pourtant capitale, est de savoir qui joue, de nos jours, en Europe le rôle du perturbateur et s'il y a encore un espace pour la stabilité et la négociation.

Dans le cas de la Russie poutinienne l'Occident est il en présence d'une ré-incarnation de la figure schimittienne et radicale de l'ennemi existentiel, à nier en sa totalité, ou non plutôt en face d'une puissance révisionniste, qui définit son rôle en termes de rapports de forces et peut jouer tour à tour, selon les cas et les situations, avec les autres puissances de la scène internationale, à l'antagoniste déterminé et principiel, à l'adversaire militaire aguéri et au partenaire diplomatique, calculateur et implacable ? Dans le cas de l'Ukraïne l'objectif historique d'Hégémon demeure toujours celui, esquissé par Brzezinski, d'éviter la constitution d'une logique et d'un bloc continental eurasiens, le Heartland, rivalisant avec les États-Unis et aujourd'hui avec la Chine. Pour rappel, l'évolution planétaire du monde, depuis l'effondrement de l'Union Soviétique a comporté une déterritorialisation des sociétés, dépourvues de frontières et la soumission du monde à la logique des flux, ou, en définitive, à la logique des marchés et de la mer. Au même temps l'élargissement de l'Union européenne et de l'Otan vers les grands espaces d'Asie a substitué le principe d'ordre des relations internationales, fondé sur l'universalisme abstrait du droit international public, par celui de la discrimination de l'ami et de l'ennemi et par le retour aux rapports de force du réalisme classique, dont la Russie est l'une des héritières et une maîtresse incontestée.

Bruxelles, 21 avril 2021

vendredi, 26 février 2021

L'implication de la Turquie dans le conflit ukrainien va-t-elle conduire à l'intégration du Donbass par la Russie?

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L'implication de la Turquie dans le conflit ukrainien va-t-elle conduire à l'intégration du Donbass par la Russie?

par Karine Bechet-Golovko
Ex: https://russiepolitics.blogspot.com
 
Depuis décembre, l'intérêt grandissant de la Turquie, membre de l'OTAN, pour l'Ukraine inquiète ceux qui ne veulent pas la guerre totale dans le Donbass et sa possible extension au continent européen. En effet, l'accord militaire passé entre les deux pays, prévoyant une production commune pour l'Ukraine de ces drones de combat, qui ont donné la victoire à l'Azerbaïdjan, et la livraison d'une première partie, laisse attendre de nombreuses victimes civiles dans le Donbass et un risque d'extension du conflit. Car tout l'intérêt est là pour les Atlantistes : la Russie va-t-elle s'en tenir à un soutien caché et à des déclarations diplomatiques, et perdre politiquement tant à l'intérieur qu'à l'internatonal, ou bien va-t-elle laisser entendre être prête à défendre le Donbass russe contre cette agression, somme toute, de l'OTAN ? Les globalistes ayant eux-mêmes changé l'équilibre international par le développement d'une politique d'agression massive des pays non-alignés, la question longtemps écartée par la Russie de l'intégration du Donbass pourrait retrouver tout son sens dans ce nouveau contexte conflictuel.  

En décembre 2020, la Turquie et l'Ukraine ont passé un accord militaire concernant la production commune de drones de combat avec transfert de technologie. Et en attendant la mise en route de cette production, l'Ukraine se disait prête à acheter des drones Bayraktar TB2, ces mêmes drones qui ont fait la différence dans le conflit du Haut-Karabakh. Il semblerait, selon certains experts, que la Turquie ait été aidée par les Etats-Unis à prendre la "bonne décision", celle d'une implication active dans le conflit ukrainien, suite à des sanctions imposées à ses entreprises de production d'armes. Cette délicate incitation expliquerait certainement le prix de vente incroyablement bas. En février 2021, l'information tombe d'une vente de 6 drones de combat à l'armée ukrainienne à un prix 16 fois inférieur à celui du marché.

L'intensification de l'activité des forces armées ukrainiennes, en violation directe des Accords de Minsk, oblige effectivement à poser la question d'une reprise "finale" du conflit. De son côté, la Russie appelle les Occidentaux à dissuader l'Ukraine de se lancer dans une folie guerrière, tout en soulignant que l'armée ukrainienne est soutenue, armée et entraînée par ces mêmes Occidentaux. Aucun conflit armé ne peut être contrôlé, il sort toujours des limites initialement prévues et entraîne des conséquences imprévisibles. Les Occidentaux ont-ils réellement envie de se battre pour l'Ukraine ? L'on peut sérieusement en douter. Mais s'ils laissent faire, comme ils le font actuellement, ils pourront être embarqués dans un conflit qui mettra à genoux une Europe, déjà triste fantôme d'elle-même.

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La situation est ici extrêmement complexe (voir notre texte ici). Le Donbass n'est pas le Haut-Karabakh, en cas d'affrontement militaire, la Russie ne peut pas se permettre de rester en retrait. Certes moralement, comme le déclare Kourguiniane, la question du choix entre les néo-nazis de Kiev et les Russes et Ukrainiens du Donbass ne se pose pas : "Personne en Russie ne se permettrait de faire un autre choix, même s'il le voulait". Et le clan dit libéral, présent dans les organes de pouvoir, le voudrait fortement, espérant ainsi enfin entrer dans la danse occidentale, répétant à satiété le choix de 1991 et les erreurs qui l'ont accompagné.

Mais surtout, la situation est complexe sur le plan de la sécurité internationale, car la reprise dans le sang du Donbass par l'OTAN, sous drapeau turco-ukrainien, remettrait totalement en cause, au minimum, la stabilité sur le continent européen. Ce qui, in fine, servirait le fantasme globaliste. 

D'un autre côté, la menace d'une intervention de la Russie, doublée d'une intégration du Donbass dans la Fédération de Russie, pourraient être le seul élément qui fasse réfléchir à deux fois avant de lancer les troupes. Car il y a une différence entre faire la guerre à LDNR et faire la guerre à la Russie.

Cette option de l'intégration avait longtemps été écartée par la Russie pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le scénario de Crimée était unique et n'illustrait pas une vision expansionniste. Ensuite, la Russie n'avait pas la volonté de remettre en cause la stabilité internationale, ce que démontre ses appels incessants à exécuter les Accords de Minsk, qui inscrivent le Donbass dans le cadre de l'état ukrainien, soulignant que dans le cas contraire, l'Ukraine pourrait définitivement perdre le Donbass comme elle a perdu la Crimée. Enfin, car elle espérait, à terme, voir réintégrer l'Ukraine post-Maïdan au Donbass, c'est-à-dire pacifier l'Ukraine, la rendre à elle-même.

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Or, la situation géopolitique a changé. L'intensification de la confrontation entre le clan atlantiste et la Russie modifie la donne sur de nombreux points. Si de toute manière des sanctions sont adoptées en chaîne contre la Russie, si de toute manière la rhétorique anti-russe continue à prendre de l'ampleur, si de toute manière les Atlantistes veulent faire de la Russie un état-terroriste, un paria, pourquoi alors ne pas réagir ? Les réactions asymétriques sont les plus efficaces et l'intégration du Donbass peut être l'une d'elles. Puisque de toute manière, avec ou sans lui, le combat entre dans une phase finale, une raison sera toujours trouvée (voir notre analyse ici) pour combattre la Russie, tant que l'obéissance ne sera pas totale, tant que la Russie ne se reniera pas sur la place publique.

Soit les globalistes n'ont plus le choix, ils doivent gagner ou périr, soit ils n'apprennent pas de leurs erreurs : le Maîdan, cette erreur de trop, qui a conduit à l'intégration de la Crimée, au retour de la Russie, décomplexée, sur la scène internationale, avec la Syrie ou le Venezuela. Dans tous les cas, la Russie a les cartes en main, elle aussi doit faire un choix stratégique, avec toutes les conséquences existentielles que cela implique.

mercredi, 02 octobre 2019

La Crimée: cinq années après les événements

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La Crimée: cinq années après les événements

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Développement – histoire – contexte

rt. Il y a cinq ans, en février 2014, la politique américaine d’encerclement de la Russie a culminé dans un coup d’Etat organisé sur le Maïdan à Kiev. L’objectif géostratégique d’intégrer l’Ukraine dans la sphère de pouvoir occidentale et, en même temps, de pouvoir stationner des troupes de l’OTAN directement à la frontière russe fut atteint grâce à cette opération clandestine. Peu après, la Crimée s’est séparée de l’Ukraine suite à un référendum pour rejoindre la Fédération de Russie.


Bien avant cela, la promesse de l’Occident – de ne pas avancer militairement davantage vers l’Est suite à l’effondrement du Pacte de Varsovie – fut rompue. Les opérations secrètes menées aux abords de la Russie et qualifiées de «révolutions de couleur», notamment celles ayant eu lieu à Tbilissi en 2003, à Kiev en 2004, à Bichkek en 2005 ou à Minsk en 2006, sont désormais clairement classées comme telles.


Comme nous le savons aujourd’hui, le coup d’Etat de Kiev en 2014, décrit dans les principaux médias occidentaux comme une protestation «justifiée», avait également été fomenté longtemps à l’avance. Ce n’est plus un secret que l’argent et le personnel de Washington ou des services alliés ont rendu ce coup d’Etat possible. Il est également largement connu que tout accord de paix entre l’Occident et la Russie est activement entravé et qu’on tente actuellement de mettre le pays à genoux par un boycott économique radical.


Dans les milieux d’affaires européens, il est rapidement apparu que le durcissement des sanctions économiques causent, d’une part, d’immenses dommages à l’économie européenne elle-même et, d’autre part, favorisent une coopération économique et militaire plus approfondie entre la Russie, la Chine et l’Inde – ce qui n’est pas vraiment dans l’intérêt de l’économie européenne.


La population de l’Ukraine est la grande perdante dans ce processus. Le bon fonctionnement du commerce avec la Russie a été interrompu, le transit lucratif de gaz de la Russie vers l’Europe occidentale a cessé, et le pays est appauvri par une politique corrompue dirigée par des oligarques, malgré sa richesse en matières premières et en bonnes terres arables.


Suite au coup d’Etat à Kiev, la Crimée s’est séparée et a rejoint la Russie. Ce détachement volontaire de l’Ukraine et le nouveau lien avec la Russie suite à un vote populaire (participation d’environ 80% des électeurs, accord de 95,5% des voix) sont toujours et encore présentés dans l’officiel langage occidental comme «annexion» par la Russie.


Le gouvernement russe ne pouvait accepter que la péninsule de Crimée «offerte» par  Khrouchtchev» à la République soviétique d’Ukraine en 1954, ne lui soit arrachée des forces occidentales. L’important port militaire de Sébastopol avec ses bâtiments de guerre, ses chantiers navals et son accès libre de glace fait partie de la zone centrale russe et demeure d’un intérêt vital pour le pays. Jusqu’à présent, la Russie avait été en mesure de continuer à exploiter le port maritime grâce à des contrats de location avec l’Ukraine. Mais déjà en 2013, avant le coup d’Etat du Maïdan, un département de la marine américain avait demandé des contrats de construction à Sébastopol – évidemment pas pour la construction de foyers pour enfants. Mais de l’avis des médias occidentaux, la Russie est toujours présentée comme la cause du conflit.


Les auteurs Ralf Rudolph et Uwe Markus ont publié l’ouvrage «Die Rettung der Krim» [Le sauvetage de la Crimée], une publication offrant une vision à la fois factuelle et fondée du prétendu «conflit de Crimée» et corrigeant l’image irréelle de la Russie.

 
 

rettungkrim.jpgLes auteurs accompagnent le lecteur à travers l’histoire de la sécession de la Crimée. On apprend un tas de choses sur les contextes historique, politique et économique de cette région. Comme les auteurs ont également de bonnes connaissances en histoire militaire, le lecteur est introduit dans les contextes géopolitiques. La constante politique d’encerclement de la Russie par les Etats-Unis, fortement guidée par leurs propres intérêts économiques, est présentée avec de nombreux faits, comme dans le différend sur les gazoducs dans la région de la mer Noire. Le bouleversement politique en Macédoine de 2016 apparaît soudainement sous un jour totalement nouveau. Le facteur décisif n’était pas les conflits internes, mais la construction prévue d’un gazoduc par un consortium dirigé par l’entreprise russe Gazprom via les Balkans vers l’Autriche.


Le lecteur apprend en détail comment le gouvernement russe a réussi, en quelques mois seulement, à approvisionner la Crimée malgré le blocus économique en violations du droit international imposé par l’Ukraine (interdiction des importations d’eau, de denrées alimentaires, de gaz, de pétrole et d’électricité). Il ne faut pas oublier que le boycott occidental initié par les Etats-Unis, toujours en vigueur, touche en premier lieu la population civile.


Dans un chapitre vers la fin du livre, le lecteur apprend que la Crimée est un lieu de vacances international très prisé avec de nombreux sites historiques.     •

Rudolph, Ralf; Markus, Uwe. Die Rettung der Krim. Phalanx. 2017. 237 p.; Contacts: www.phalanx-verlag.de ou markus-berlin@t-online.de

(Traduction Horizons et débats)

dimanche, 28 avril 2019

L’Europe se tire dans le pied: les sanctions contre la Russie ont coûté 100 milliards de dollars aux firmes européennes

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L’Europe se tire dans le pied: les sanctions contre la Russie ont coûté 100 milliards de dollars aux firmes européennes

Yalta : Les sanctions contre la Russie constituent une perte énorme pour les pays de l’UE. C’est là un secret de polichinelle. Les consortiums économiques européens s’élèvent chaque jour avec davantage de véhémence contre ses sanctions. L’ancien vice-maire de Linz en Autriche, Detlef Wimmer (FPÖ), a calculé le montant de ce désastre. D’après son évaluation, les dommages financiers encourus par les entreprises européennes depuis quelques années s’élèvent à 100 milliards de dollars américains.

Selon Wimmer, les Etats-Unis, en levant des sanctions contre la Russie, nuisent à la vie économique de plusieurs pays européens. Or, malgré ces sanctions, la Russie a tenu bon comme on peut justement le constater en Crimée avec les progrès réalisés dans la presqu’île au cours de ces cinq dernières années.

La politique des sanctions menée par les Etats-Unis et l’UE contre la Russie n’est pas acceptée dans plusieurs arrondissements autrichiens et dans les communes du pays, a décléré Wimmer dans le cadre du Cinquième Forum International de l’Economie, tenu récemment à Yalta.

 (article tiré de http://www.zuerst.de ).

vendredi, 14 décembre 2018

L’agenda caché en vue de la nouvelle provocation dans le détroit de Kertch

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L’agenda caché en vue de la nouvelle provocation dans le détroit de Kertch

par Peter Korzun

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 novembre, trois navires militaires ukrainiens ont traversé de manière non autorisée les eaux territoriales russes. La gendarmerie maritime russe a pris des mesures pour les forcer à se conformer au règlement. Ce qu’ils ont refusé de faire. Il ne fait aucun doute que Kiev a délibérément envoyé ces navires pour provoquer la Russie. Tous les vaisseaux passant par cette voie navigable doivent contacter les autorités du port marin de Kertch, signaler leurs routes et destinations et recevoir la permission de naviguer. C’est une démarche très simple, mais le groupe de vaisseaux ukrainiens n’a pas informé la Russie de ses plans. Ils ont fait la sourde oreille aux injonctions d’arrêter leurs manœuvres dangereuses. Les vaisseaux ukrainiens ont ignoré avec insolence les demandes de quitter les eaux territoriales russes.


Kiev s’est empressée d’accuser Moscou «d’agression miliaire». L’incident a immédiatement fait les grands titres, et les dirigeants occidentaux ont pris la parole pour défendre l’Ukraine sans même offrir de détails sur ce qu’il s’est passé exactement ou ce qui a déclenché ce dangereux concours de circonstances. Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg n’a pas perdu une minute pour exprimer le «plein appui du bloc pour l’intégrité et la souveraineté territoriale de l’Ukraine, incluant la totalité de ses droits de navigation dans ses eaux territoriales, conformément à la loi». Le Canada, la Pologne, le Danemark ainsi que d’autres pays ont rapidement joint leur voix au chœur antirusse. Cela allait dans le sens de leur intérêt propre d’écarter autant les détails que toute tentative d’obtenir un aperçu des causes réelles de cet incident en particulier ou de la situation dans la mer d’Azov en général.


Le 26 novembre, le président Ukrainien Petro Porochenko a signé une motion imposant la loi martiale. Une fois approuvée par le Parlement, cette dernière sera en vigueur pendant au moins un mois. Après cette période, elle pourra être prolongée. En 2014, lorsque la Crimée a demandé via un referendum d’être intégrée à la Russie, le président ukrainien n’avait pas soulevé la question d’imposer la loi martiale. Il ne l’a pas fait non plus, en 2015, pendant la bataille de Debalsevo Bulge [à Donezk] au cœur de la lutte dans la partie orientale du pays. Le conflit actuel des républiques auto-proclamées ne l’a jamais poussé à envisager l’état d’urgence. Cependant, il a estimé que l’incident en mer était assez grave pour justifier l’imposition de la loi martiale, cela peu de temps avant les élections présidentielles – dont les sondages indiquent son peu de chances à gagner.


Ce geste limite les libertés civiles et donne un plus grand pouvoir aux institutions étatiques durant les élections prévues pour le 31 mars 2019, si elles ne sont pas reportées. En temps de loi martiale, les élections présidentielles, parlementaires et locales ainsi que les grèves, les manifestations, les rallyes et les démonstrations de masse sont interdits. L’incident en mer pourrait ne pas être l’unique provocation prévue. La situation à la frontière des républiques autoproclamées s’est mise à se détériorer au moment même où les rapports sur l’incident en mer ont commencé à affluer. Le soir du 26 novembre, de lourds bombardements de zones résidentielles dans l’est de l’Ukraine par les forces ukrainiennes ont été reportés. 

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Autre motif: la provocation a été mise en scène pour accélérer la procédure d’adhésion à l’OTAN. L’accord entre la Russie et l’Ukraine de 2003, selon lequel la mer d’Azov est considérée comme des eaux domestiques appartenant aux deux pays, pourrait être annulé. L’été passé, un projet de loi pouvant révoquer ce traité a été présenté au Parlement ukrainien (Rada). L’accord interdit à tout bâtiment de guerre d’entrer dans cette mer sans le consentement des deux nations. Si cet accord est démantelé, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 prendra effet. Les eaux territoriales de la Russie et de l’Ukraine s’étendraient à 12 miles nautiques de leurs côtes respectives. L’intérieur de cette mer deviendrait des eaux internationales, ce qui permettrait aux vaisseaux de l’OTAN d’entrer dans la mer d’Azov sans restriction.


Kiev espère également une augmentation de l’aide militaire venant des pays de l’OTAN, ce qui lui permettrait de développer une flotte puissante et des défenses côtières. Elle voudrait qu’une mission d’observation internationale soit stationnée dans la mer d’Azov, probablement sous l’auspice de l’OSCE et avec la participation de forces navales au demeurant défavorables à la Russie. Une autre chose que le président ukrainien voudrait voir arriver, c’est l’annulation par le président des Etats-Unis, Trump, de sa rencontre avec le président russe Poutine lors du sommet du G20 en Argentine [ce qui a été fait].


Quel a été l’élément déclencheur des actions de Kiev? C’est le soutien de l’Occident. Le 25 octobre, le Parlement européen a adopté une résolution concernant la mer d’Azov pour exprimer son soutien à l’Ukraine. Le 19 novembre, le Haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’UE, Federica Mogherini, a déclaré que les ministres des Affaires étrangères de l’UE avaient discuté de prendre des «mesures ciblées» pertinentes contre la Russie à cause de la situation dans la mer d’Azov. Les Etats-Unis continuent d’étendre leur assistance militaire à l’Ukraine. Ils ont déjà une installation militaire à Otchakiv. Une fois que les frégates de la classe Oliver Hazard Perry arriveront en Ukraine, des instructeurs navals américains suivront. La présence américaine et les infrastructures militaires s’étendront graduellement. La Grande-Bretagne agit de même.


Le soutien de l’Occident encourage l’Ukraine à envenimer les tensions. La Cour constitutionnelle d’Ukraine vient d’approuver un amendement proclamant l’adhésion à l’OTAN et à l’UE comme objectif officiel de la politique étrangère. Si le Parlement approuve cet amendement, les Accords de Minsk deviendraient alors nuls et non avenus, parce que la Russie a initialement accepté de s’y conformer à condition que l’Ukraine demeure un Etat neutre.


Personne n’a besoin d’un tel accroissement des tensions dans une région avec une forte navigation. Toutes les nations maritimes veulent disposer de voies de navigation libres et protégées par la loi. Plus le soutien politique et militaire apporté à Kiev augmente, plus les chances qu’une étincelle mette le feu à la région de la mer d’Azov sont grandes. La responsabilité repose sur ceux qui incitent Kiev à attiser les tensions en vue de poursuivre leurs objectifs politiques.     •


Source: https://www.strategic-culture.org/news/2018/11/27/ukraine...  du 27/11/18

(Traduction Horizons et débats)

samedi, 17 novembre 2018

The Russian Crimea: Results and Future Outlooks

Pavel Tulaev

Ex: http://www.ateney.ru

Everyone recognises that Crimea is one of the most beautiful and bountiful places in the world. Not for nothing has it been called «the blest land», «a paradise», «the throne of the Black Sea», «the Russian Holy Mount», «a precious jewel in the crown of the Russian Empire», «a Eurasian microcosm», «an unsinkable aircraft carrier».

From time out of mind different peoples have settled it. It has always been a centre of resistance to, and rivalry with, diverse forces. Over the last thousand years, the history of Crimea has been inextricably linked to Holy Rus’, Muscovy, Russia and the USSR.

The military, political and trade route «from the Varangians to the Greeks», which passed through Novgorod, Kiev and Chersonese before ending at Constantinople, connected the Baltic and Black Seas, and the Slavic and Greco-Byzantine civilisations. This route became the backbone of Russia’s living and expansion space, and led to the creation of a new Orthodox state, which proclaimed itself the heiress to the Byzantine Empire, like a third Rome.

Why is it that Taurian Chersonese, not Kiev, is seen as the cradle of the Christianisation of Rus’? The reason is that Christ’s direct apostle Andrew (‘the First-called’), was preaching the word of God there, as early as during the 1st century AD. St. Clement (Pope Clement 1), the third bishop of Rome and founder of the first Christian communities in Crimea, was martyred there. In the early Middle Ages, the city was celebrated for its many saints and martyrs of Greek, Gothic and Scythian origin. The brothers Cyril and Methodius, considered equal to the apostles, arrived in Chersonese in 860 on their teaching mission; it was they who developed the basis of Slavonic literacy. It was here that the first Russian princes, Askold and Dir, accepted Christianity, along with their company. Lastly, it was Chersonese, in 988, that Prince Vladimir Svyatoslavovitch after his baptism wedded the Byzantine Princess Anna. In company with a priest – chronicler, he took books of liturgy as well as Orthodox relics from Chersonese to Kiev. The history of Kievan Rus’ would have been different without Chersonese.

Tulaev-on-Crimea_cover.jpgThe Russian colonisation of Crimea, which began during the first campaigns against Constantinople, continued to develop during the Tmutarakan principality from the 10th to 12th centuries, on the territory of ancient Tamatarkha. Here, on the banks of the Cimmerian Bosphorus, one of the first Russian places of worship, a shrine to the Most Holy Virgin, was built. Nikon, the first of the chroniclers known to us, lived here; he was to become the abbot of the Kiev-Pechersk monastery. Here Boyan, the legendary teller of tales, sang epics to the accompaniment of his dulcimer. And on this place marched the forces of the prince of Novgorod-Severski, whose deed was celebrated in the inspired «Tale of Igor’s Campaign».

At the beginning of the 13th century, the Tartar Horde seized the peninsula by force, cutting off the road from Rus’ to Constantinople. The military and political alliance with the Ottoman Empire had allowed the Muslims to hold the peninsula in their thrall for several centuries, and, at the same time, to alarm Rus’ with vicious predatory wars, which reached as far as Moscow itself.

Suppression of the hordes, bringing them under the sway of the Orthodox Tsar’, and incorporating Crimea into the Russian state, were very intricate problems, the resolution of which did not begin in the reign of Catherine the Great, but as early as Ivan the Terrible’s time. True, the first Russian campaigns to the Black Sea were not entirely successful, but without the military experience of Prince Golytsin, without Peter the Great’s Azov campaigns, without the strategic plans of Anna Ioannovna of Russia and Elizabeth Petrovna of Russia, Prince Potemkin would have had no basis for his ambitions in Crimea.

The absorption of Crimea into the Russian Empire was a progressive development for a number of reasons. Above all, it destroyed a focus of military threat for many Christian peoples: Greeks, Armenians, Goths, and Bulgarians. The Crimean Tartars were given the opportunity to shift from a nomadic way of life, based on warfare, to peaceful, constructive labour, but preserved themselves as an ethnic group. The rich economic potential of Crimea began to be realised on a larger, more diverse, scale. Scientists began to research all aspects of life and activity on the peninsula. It became part of enlightened European civilisation. Lastly, this valuable geopolitical acquisition facilitated the spread of the Orthodox Empire to the shores of the Black Sea and to the establishment of closer ties to Mediterranean and Western European countries, which, in turn, gave impetus to the development of Ukraine and Novorossiya. A new chapter opened in the life of the entire Eurasian region.

The sacrament of marriage entered into by Rus’ and Byzantium under the veil of the Blessed Virgin made our fatherland the tabernacle of the Queen of Heaven, while the acquisition of Crimea led to the building of the new «Mount Athos (Holy Mountain)». Crimea became not only a popular Riviera, the best-loved holiday resort of the well-off, but a place of pilgrimage for simple Christians. During the Romanovs’ rule, many valuable works pertaining to our national culture were created here.

Russia’s sortie on to the vast expanse of Black Sea significantly strengthened the international position of the Orthodox Empire. However, old Europe was watching the growth of its power with envious eyes. It always took advantage of any opportunity to weaken Russia’s position in Crimea, blowing political dissension up into bloody war. The blockade and merciless bombardment of Sebastopol in the years 1855-1856 are an instructive example.

The cost of the victories in the Crimea

We must not forget the terrible price of our victories in Crimea. During the 18th century, the Russian army, during the Russo-Turkish wars, lost a total of over 250,000 men, including those killed outright, and those who died of injury and illness.
Russia, in the 19th century, was obliged to wage four large-scale wars to retain and expand its possessions in the northern Black Sea coastal zone. According to specialists, Russia’s losses were no less than 450,000 men.

About 600,000 more people perished in the defence and liberation of the peninsula during the Second World War. No accurate information is yet available on the casualties of the civil war during the revolutionary period at the start of the 20th century. In any event, the overall losses sustained in wars for the Crimea are of the order of 1.5 million people.

There is a major monument to Russian military glory in Sevastopol – the Brotherhood Cemetery. It combines the graves of the first defence of the city and of the defenders of 1941 and 1942, as well as of the sailors from the battleship «Novorossiya», and the nuclear submarines «Komsomolets» and «Kursk». Here, in mass and personal graves, lie up to 50,000 warriors, which, as we have seen, is only a fraction of the cost in human life.

The revolution turned into a social catastrophe and a terrible tragedy for the peninsula. In November 1920 alone, over 145,000 Russian refugees fled the Crimea by sea. During the Red Terror, the widespread hunger, the liquidation of the kulaks, persecution of the Cossacks and other repressions, hundreds of thousands of people lost their lives. Many places of worship were closed and destroyed, while the monasteries were converted into labour communes and stores. The estates of the aristocracy and of the rich were looted, and, if they were lucky, converted into public spas or recreation centres. However, thanks to the bravery of museum staff, some of the art treasures and libraries were saved and preserved.

The Soviet government’s foreign policy in substance brought about the so-called «localisation» of the Tartars and Ukrainians living on the peninsula. Russians were temporarily in the minority. An attempt was made to create a Jewish Republic in Crimea. However, the attempts to wrest the former Taurian province from Russia ended in failure. In Stalin’s time, the Russian portion of the peninsula’s population began again to grow. Whereas in 1927 our compatriots made up 42% of Crimea’s population, in 1959 this figure had grown to 71.4%, and, by 2003, 79%. True enough, we should bear in mind that the deportation of persons of non-Slavonic origin between 1941 and 1944 no doubt had an effect on the sharp change in the statistical data. Also, many holders of Russian passports were Ukrainian by origin.


The Russians were always the most educated section of Crimea’s population. Even in the days of Khrushchev’s recklessness, we were bringing spiritual and temporal enlightenment to other peoples. By the start of the 21st century, there were over 400 doctors habilitati, more than 2000 doctors, and more than 12,000 highly qualified specialists active in the fields of research and education.


In the post-Soviet period, after long years of atheism and terror, the Christian faith began to re-vitalise the sacred land of Taurian Chersonese. The Orthodox cross began to shine with new glory over the Crimea, and the light of Christ enlightened us sinners, so that we might understand God’s Plan and lovingly carry it out.

Ancient places of worship have been restored and new ones opened. Orthodox communities and brotherhoods are being created, and ecclesiastical newspapers and journals are being published. The awakening of an Orthodox and Slavonic movement has inspired the hope that the Russian Crimea will rise again under the flag of the apostle Andrew the First Called, which will bring together Christian, patriotic and naval traditions.


The short-lived Ukrainisation of Crimea has not outwardly changed the familiar flow of religious, scientific, cultural and leisure and tourism aspects of life on the peninsula. It has but little effect on the peninsula’s economy. However, from a military and political point of view, Ukrainisation was a destructive process. Crimea, at the transition from the 20th to the 21st century, became an area of instability, the fault line in Eurasia’s defensive alliance.

It will not be easy for Russia to develop under conditions of permanent aggression from the West, and its economic and political blockade. The West, however, is not the whole world. There is always the East, ancient, wise and powerful. There are the economically developed countries of Asia and other regions, with which Russia has strengthened its relations through such international structures as the Eurasian Economic Union (EAEU), the Shanghai Co-operation Organisation (SCO), the Collective Security Treaty Organisation (CSTO), the deliberative bodies of the BRICS countries (Brazil, Russia, India, China, and the Republic of South Africa), et cetera. Nor is our country a tiny state, it is a vigorous power, which has entered the 21st century with confidence.

A new stage in Russia’s destiny

From a geopolitical point of view, 2014 saw the beginning of a new turn in the process of integrating the Russian regions. This is being complicated by Ukrainian nationalists, who keep ‘throwing spanners in the works’, by using ideological propaganda, and economic and political levers. In essence, Kiev is organising an all-out blockade of the peninsula. This cannot fail to cause problems of another sort. However, they are all temporary. All misapprehensions and technical difficulties can be sorted out as they arise, while the strategy of developing a Russian Crimea inspires hope for a better future.

Despite the aspersions of the opponents of the reunification, the critics and the eternal complainers, the peninsula has begun to develop much more dynamically than before. This is reflected in radical economic and social reforms for the good of its citizens, the complete refurbishment of many buildings, the building of new roads, and the modernisation of education and the health service.


As we can see, much progress has been possible despite all the blockades and sanctions. Even Western researchers recognise that life in Crimea is, on the whole, much better and more stable than in Ukraine. And, when the Kerch Bridge opens, things will be easier.

Besides, the peninsula’s development should be considered in the light of events in the south- eastern regions of Ukraine, the past and present Novorossiya. The Northern Tauria has always had close ties to Crimea, while Donbas was, and still is, the most important industrial and energy centre in the southern region.

The Russian Spring drew universal attention to the Crimea, which triggered new research into the blessed land. Books by A. Shirokorad, O. Greig, M. Korsun, A. Prokhanov, N. Starikov and other authors have been published. Previous scientific experience has been collected in the «The History of Crimea» monograph, brought out on the initiative of the Russian military history society.


The National Committee for preservation the Republic of Crimea’s cultural heritage is hard at work under the supervision of military historian V. Zarubin, who co-ordinates his activity with the local government, cultural and social organisations, as well as with the Civic Chamber of the Russian Federation, which specialises in the very same subject. A list of facilities requiring additional attention and funding has been drawn up, on the basis of which the appropriate requisitions have been made.

Vladimir Putin, who is constantly monitoring the course of events on the peninsula, has pointed out that separate funds are being allocated from the national budget not only for the construction of the Kerch Bridge, roads and power lines, but also for the restoration of monuments. «Crimea’s cultural objects are the heritage of all Russia, which has been accumulated over centuries, including Aivazovski, and Chekhov, and Kuprin, the flower of Russian culture, on whose works we have been educated for generations, and on which our children and grandchildren will also be educated», states our President.

In this connection, it is fitting to recall that, in June 2016, the monument to Catherine the Great, destroyed in Soviet times, was triumphantly re-erected in Simferopol to mark Navy Day. The sculptors are Aleksandr Chekunov and Dmitri Startsev.

A monument to General Vrangel’ was unveiled in September 2016 in Kerch, at the church of the apostle Andrew the First-called. It was created to the design of sculptor Andrew Klykov, the son and successor of outstanding sculptor and public figure Vyacheslav Mikhailovich Klykov. At a time when Crimeans, busy restoring their economy, infrastructure and cultural heritage, appealed for help to the government of fraternal Russia, the Ukrainians stepped up their informational counter-measures and received tangible assistance from the USA. More than 100 nationalistically inclined journalists and their electronic resources, such as «Crimea. The realities», «The Island», «Hromadske TV») received grants from the Soros Fund amounting to 500,000 dollars, which meant that the flow of ideological propaganda from Kiev intensified.

To sum up generally the research we have conducted over many years, the following may be confidently asserted. There was no annexation in 2014. Holy Rus’, Orthodox Muscovy, the Russian Empire, and the USSR all had close ties with Tauride over many centuries. After the illegal, short-lived isolation of our compatriots from their Motherland, they went back home as soon as a real chance resented itself. The natural, completely lawful, long-awaited re-unification of a single nation took place, on the basis of a legal referendum. This was the restoration of historical justice, the triumph of Truth and Orthodoxy. A new chapter opened in the Destiny of the Russian people, a new stage of ethnic and religious re-birth. Hail the heroes! Eternal remembrance to the holy martyrs and innocent victims!

Pavel Vladimirovich Tulaev, Professor,
International Slavonic Institute, Moscow (Russia)

 

jeudi, 11 octobre 2018

La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

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La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

par Nikolas Gvosdev

Ex: https://versouvaton.blogspot.com 

Article original de Nikolas Gvosdev, publié le 2 août 2018 sur le site War On The Rocks
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Le 16 mai, le président russe Vladimir Poutine a inauguré le pont du détroit de Kertch, reliant la péninsule de Crimée au continent russe, sept mois plus tôt que prévu. Ce faisant, il a signalé la détermination de la Russie à remodeler l’équilibre géopolitique et géo-économique de la région de la mer Noire, malgré les sanctions occidentales. Bien que Moscou ne soit pas en mesure de dominer la mer Baltique, ses efforts pour transformer la mer Noire en mare nostrum  portent leurs fruits. Au cours des dernières années, le Kremlin a maîtrisé la feinte de la Baltique : en se livrant à des provocations aériennes et maritimes dans une région très surveillée par l’Occident, la Russie a été capable de renforcer sa position en mer Noire sans préavis. Alors que la plupart des stratèges américains s’inquiètent de la région de Suwalki sur la frontière polono-lituanienne en tant que voie potentielle d’invasion russe vers l’Europe centrale, c’est l’accumulation de puissance de la Russie en mer Noire qui devrait préoccuper les décideurs politiques. En utilisant la mer Noire comme un tremplin, la Russie peut projeter sa puissance au-delà de son environnement immédiat – au Moyen-Orient, dans les Balkans et en Méditerranée – et renforcer sa réémergence en tant que grande puissance.

John Kerry a déjà évoqué avec malice le fait que cette politique étrangère russe remonte au XIXe siècle. Mais dans ce cas, Poutine et son équipe ont remonté un siècle de plus en s’inspirant de l’illustre prince Grigori Potemkine. Favori de Catherine la Grande, Potemkine a conçu la première annexion de la Crimée par la Russie et a été le premier gouverneur général de la « Nouvelle Russie » (Novorossiia) – territoires qui comprennent aujourd’hui le sud-est de l’Ukraine. Il a défendu le point de vue selon lequel le destin de la Russie se trouvait au sud et plaidé en conséquence pour une expansion dans les Balkans, le Caucase et le nord du Moyen-Orient. Le soi-disant « projet grec » de Catherine – un complot visant à étendre le contrôle russe autour de la mer Noire en démantelant l’Empire ottoman et en le remplaçant par la restauration de ce que l’on appelait autrefois Byzance en tant que marionnette russe – était un projet audacieux, une machination de Potemkine.

Le projet grec de Potemkine supposait une inimitié persistante entre les empires russe et ottoman. Au milieu du XIXe siècle, Nicolas Ier et son ministre des Affaires étrangères, Karl Nesselrode, ont tenté de retourner le scénario. Abandonnant l’approche de Potemkine, ils ont cherché à cultiver une amitié avec le sultan ottoman Mahmoud II et ont ainsi coupé les Ottomans de leur partenariat traditionnel avec les puissances d’Europe occidentale. Leur approche a réussi et, en 1833, les deux parties ont signé le traité d’Unkiar Skelessi. En contrepartie de l’adhésion aux exigences stratégiques russes – dont le principal accordait à la marine russe l’accès à la Méditerranée – le Sultan a reçu le plein soutien de l’Empire russe dans sa lutte contre ses opposants internes. Malheureusement pour Nicolas, cependant, ce traité à court terme ne pouvait pas conduire au réalignement permanent de l’Empire ottoman, en particulier compte tenu de l’hostilité du siècle dernier. Après la mort de Mahmoud, son fils Abdulmejid I s’est retourné vers les Britanniques et les Français pour résister à l’empiétement de la Russie. Ce qui est arrivé ensuite est bien connu : la Russie a subi une perte dévastatrice pendant la guerre de Crimée, qui a limité la marche du pouvoir russe vers la Méditerranée.

Comme ses deux contemporains, les efforts récents de Poutine auraient recueilli beaucoup de soutien de Potemkine. La prédilection du président à utiliser la station balnéaire de Sotchi sur la mer Noire comme capitale de facto (c’est l’endroit préféré de Poutine pour des sommets bilatéraux avec des leaders mondiaux et des événements tels que le Congrès du peuple syrien) relève la Russie du sud à l’importance que Potemkine envisageait. Potemkine aurait, bien sûr, applaudi ce que la Russie considère comme la deuxième annexion de la Crimée en 2014. Cela a permis à Moscou de refuser aux puissances rivales l’accès au bassin de la mer Noire en cas de conflit militaire. En effet, les éléments clés de l’offensive de la Russie en matière de soft power aujourd’hui – en soutenant le partenariat stratégique avec l’Arménie et en rapprochant la Géorgie de l’orbite russe – préservent ainsi les 250 ans du vieil héritage de Potemkine.

Dans le même temps, Poutine s’est lancé avec succès dans la stratégie de Nicolas Ier. Bien que la sensibilisation du tsar au Sultan Mahmoud ait été éphémère, Poutine semble avoir plus de chance de nouer un partenariat stratégique avec Recep Tayyip Erdogan. Ce partenariat de commodité a survécu à plusieurs obstacles, notamment la crise qui a éclaté après qu’un jet russe fut abattu par  des avions de combat turcs à la frontière turco-syrienne en 2015. Oui, la Turquie ne reconnaît pas les prétentions de la Russie sur la Crimée et les deux pays ont des différends constants sur la Syrie, mais Erdogan est prêt à compartimenter ces désaccords pour obtenir des avantages pour la Turquie dans d’autres domaines – que ce soit pour obtenir des systèmes de défense aériens S-400 ou des centrales nucléaires. En fin de compte, Moscou cherche à inciter Ankara à ne pas s’opposer à la résurgence de la Russie dans la région de la mer Noire en échange de gains concrets pour la prospérité turque, dont M. Erdogan a besoin pour maintenir sa position politique intérieure. L’alternative indésirable serait que Ankara revienne à sa position traditionnelle d’aide à l’Occident et à la guerre froide, à savoir aider l’Occident et bloquer les ambitions russes. Heureusement, la Russie a plusieurs carottes à offrir à son partenaire. Celles-ci incluent la collaboration sur des questions distinctes en Syrie ainsi que des infrastructures énergétiques. Bien que toujours membre officiel de l’OTAN, la Turquie a accepté ce partenariat stratégique de facto. À l’instar du traité d’Unkiar Skelessi, des siècles auparavant, l’acceptation par la Turquie du partenariat avec Moscou a permis de positionner la Russie en mer Noire, d’ouvrir l’accès russe à la Méditerranée et de faciliter les livraisons d’énergie vers l’ouest, donnant au Kremlin la possibilité de conserver ses instruments d’influence.

Cette résurgence des capacités militaires russes en mer Noire remet en cause la stratégie par défaut de l’Occident dans la région depuis l’effondrement de l’Union soviétique : l’expansion inexorable des institutions euro-atlantiques pour englober tout le littoral de la mer Noire et contenir la Russie dans les limites de sa côte Nord-Est. La fatigue de l’expansion, combinée à l’instabilité politique dans la périphérie méridionale de l’Europe, a coupé l’élan du projet occidental. Parallèlement, les actions de la Russie contre la Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 ont permis à Moscou de mieux contrôler le littoral de la mer Noire en détachant l’Abkhazie de la Géorgie et en s’emparant de la Crimée. Il n’y a pas d’appétit, en particulier en Europe, pour la lourde charge nécessaire pour faire entrer le reste des États riverains de la mer Noire dans l’OTAN et l’Union européenne. Pendant ce temps, la Russie a pris les devants en se présentant comme le meilleur arbitre des problèmes régionaux pressants – de la résolution du statut juridique de la mer Caspienne à la fin de la guerre civile syrienne. Le message de Moscou est clair : les pays de la mer Noire n’ont pas besoin que les États-Unis s’impliquent.

L’initiative d’origine occidentale restante dans la région est le corridor énergétique du Sud – un projet visant à développer les liens d’infrastructure et les relations de sécurité nécessaires pour permettre au gaz naturel eurasien d’atteindre les consommateurs occidentaux sans passer par un territoire sous contrôle russe. L’Azerbaïdjan est l’État clef de cet effort. Non seulement l’Azerbaïdjan possède ses propres grandes réserves de gaz, mais il sert également de centre de transit essentiel reliant l’Asie centrale à l’Europe.

Pourtant, même ici, la Russie a adapté son approche. La tentative russe impitoyable menée dans les années 1990 pour contraindre l’Azerbaïdjan à renoncer à la « principale route d’exportation » de Bakou à Ceyhan (Turquie) a été remplacée par une approche plus accommodante. Moscou ne cherche plus à bloquer mais à coopter. Le pipeline russe Turkish Stream, actuellement en construction pour relier la partie continentale de la Russie à la Turquie européenne, servira de base à la Russie pour fournir du gaz non seulement à la Turquie mais à l’ensemble de l’Europe du Sud. Cela aidera à étendre l’influence de la Russie dans des pays comme la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie – et même en Italie, où un nouveau gouvernement pourrait être beaucoup moins enclin à soutenir des sanctions continues contre Moscou. Dans le même temps, la Russie pourrait également travailler avec l’Azerbaïdjan en approvisionnant le pays en gaz, et ainsi participer indirectement au projet de corridor énergétique du Sud. Cela compromettrait la logique stratégique d’un projet censé réduire l’influence de l’énergie russe en Europe méridionale et centrale.

Ironiquement, étant donné que les États-Unis ont identifié la Russie comme un adversaire majeur, la décision de l’administration Trump de se retirer de l’accord nucléaire iranien aurait involontairement renforcé la position de la Russie dans la mer Noire. Pour réussir à réduire l’influence de la Russie, le corridor énergétique du Sud exige un volume de gaz supérieur à celui que l’Azerbaïdjan seul peut fournir. Alors que les sanctions américaines reviennent hanter Téhéran, la colonisation de la mer Caspienne devient beaucoup moins probable. L’acceptation par l’Iran de la délimitation de la mer reposait en partie sur la possibilité de mettre en place des projets conjoints avec d’autres États riverains de la mer Caspienne. Rien n’indique que l’administration Trump est intéressée à émettre des dérogations pour de tels projets. Sans règlement, une autre partie de la stratégie du corridor énergétique du sud vers l’Ouest – la construction d’un pipeline transcaspien pour amener les vastes réserves de gaz naturel du Turkménistan vers l’ouest – sera probablement abandonnée. D’autres efforts visant à exploiter pleinement le corridor sud, soit en échangeant du gaz avec l’Iran, soit en acheminant du gaz iranien vers l’Ouest, sont également en cours. Par conséquent, soit le Turkish Stream russe comblera les lacunes, soit la Russie elle-même deviendra un participant au corridor Sud et, dans les deux cas, l’influence de la Russie ne sera pas moindre.

Il y a deux ans, j’ai noté que « la Russie avait fait sa demande pour être l’arbitre du bassin de la mer Noire ». De nombreux analystes américains ont admis que la Russie renforçait ses capacités militaires, mais Moscou a appris à tirer avantage de ces tendances pour soutenir ses objectifs politiques, à une époque où les États-Unis n’ont pas de stratégie cohérente. Aujourd’hui, la Russie est plus proche que jamais de son objectif de devenir la puissance dominante en mer Noire.

Nikolas Gvosdev est le président de la chaire « Capitaine Jerome E. Levy » au US Naval War College et un boursier non résident de l’Institut de recherche sur la politique étrangère. Les opinions exprimées sont les siennes.

Note du traducteur

Cet article est issu d'une série de 5, par un auteur enseignant pour l'US Navy. Il est toujours intéressant de lire les points de vue qui y sont développés car même si certains jugements de valeur sont contestables, l'ensemble est assez équilibré dans le cadre de la russophobie endémique en Occident.

samedi, 29 octobre 2016

Réflexions géopolitiques sur les turbulences du Donbass

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Robert Steuckers:

Réflexions géopolitiques sur les turbulences du Donbass

Maintes fois, j’ai eu l’occasion de souligner l’importance de l’Ukraine et plus spécialement de la partie orientale de cette nouvelle république née après la dissolution de l’Union Soviétique. Cette partie, le Donbass, est aujourd’hui en effervescence, une effervescence fabriquée et importée dans des buts bien précis. Cette région est en effet une région-portail (une « gateway region » disent les stratégistes américains), c’est-à-dire une région dont la maîtrise assure le contrôle et la fluidité optimale des communications entre les blocs impériaux, les vastes espaces politiquement unifiés, situés à l’Est et à l’Ouest de leur territoire. Si une puissance extérieure à cet espace finit par contrôler une telle région-portail, les communications optimales entre les empires voisins se compliquent voire se tarissent. En l’occurrence, une pacification du Donbass sans russophobie ni europhobie permettrait à l’Union européenne, à la Russie, aux petites puissances du Caucase, au Kazakhstan, à l’Iran et finalement à la Chine de construire et de consolider sur le long terme des réseaux ferroviaires, routiers et fluviaux donc à fonder des impérialités pratiques autorisant tous les échanges sur la masse continentale asiatique : nous aurions un dépassement des infra-impérialismes, des survivances des impérialismes antagonistes du passé, de tous les internationalismes secs et irrespectueux des legs du passé, etc. Les dynamismes globaux pourraient s’exprimer mais sans araser les traditions pluriséculaires voire plurimillénaires des civilisations qui ont marqué de leur sceau de vastes régions d’Eurasie.

L’histoire des théories géopolitiques nous l’enseigne : l’impérialisme britannique hier, l’impérialisme américain aujourd’hui ont toujours refusé toute synergie continentale à même d’impulser des dynamismes qui échapperaient à leur contrôle et procureraient aux peuples des fluidités qui ne seraient pas marines. On connait l’histoire du « Grand Jeu » à partir du 19ème siècle : la puissance maritime britannique, maîtresse des Indes, cherchait par tous les moyens à repousser la puissance continentale des tsars loin des « rimlands » qu’elle entendait contrôler jusqu’à la fin des temps. La guerre de Crimée n’est pas autre chose qu’une tentative de bloquer la Russie sur la rive septentrionale de la Mer Noire. Dans Kim, un roman de Kipling situé aux Indes, il s’agit de démasquer les espions russes qui se promènent, sous prétexte de recherches archéologiques, géologiques ou zoologiques, dans les montagnes de l’Himalaya ou de l’Hindou Kouch. Aujourd’hui, on n’envoie pas la Brigade Légère ou les troupes de Mac Mahon en Crimée : on pratique la guerre de quatrième génération, la guerre indirecte, le « proxy warfare ». Les combats qui se déroulent dans le Donbass à l’heure actuelle ne sont finalement que des réactualisations de ceux qui ont ensanglanté la Crimée entre 1853 et 1856.

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Nous vivons un cycle non encore clos de guerres mondiales depuis les affrontements franco-britanniques en marge de la guerre européenne de Sept Ans, à la suite de laquelle la France a perdu l’Inde et le Canada, soit toute prépondérance en Amérique du Nord et dans le sous-continent indien, dans l’Atlantique Nord et l’Océan Indien (« Océan du Milieu »). Suite à cette défaite majeure, Louis XVI poursuit une politique navale qui mènera le Royaume de France à reprendre le contrôle de l’Atlantique Nord en 1783, suite au soulèvement des « Insurgés » américains, tandis que, la même année, Catherine II, Impératrice de toutes les Russies, boute les Ottomans hors de Crimée et y installe des bases navales russes, dans l’intention de cingler vers Constantinople, de franchir les Dardanelles et de pénétrer dans le bassin oriental de la Méditerranée. Catherine II voulait créer une civilisation éclairée germano-balto-slave entre Baltique et Mer Noire, marqué par les souvenirs lumineux de l’hellénisme.

La situation est analogue aujourd’hui. Un retour de la Russie dans les ports de Crimée signifie, aux yeux des Atlantistes qui ne pensent qu’en termes de belligérance éternelle, 1) une menace permanente sur la Turquie (en dépit de l’alliance actuelle et très récente entre Erdogan et Poutine), 2) un risque de voir Moscou revenir et s’accrocher en Méditerranée orientale, au départ de la base navale de Tartous en Syrie. Pour enrayer ce processus potentiel, contraire aux intentions géopolitiques habituelles des puissances maritimes anglo-saxonnes, il faut désormais, dans la perspective des guerres de quatrième génération, soit fabriquer une nouvelle « révolution orange » analogue à celles de 2004 et de 2011, soit, si ce type de subversion ne fonctionne plus, créer un abcès de fixation durable sous forme d’un conflit chaud plus ou moins classique, afin d’atteindre un double objectif : barrer la route des Dardanelles à la Russie, imposer un verrou sur la nouvelle route de la soie entre l’Europe et la Chine, exactement à l’endroit où Génois et Vénitiens se connectaient aux voies commerciales de l’Asie centrale, vers l’Inde et la Chine, principales puissances économiques de la planète avant la révolution industrielle, la conquête définitive des Indes par les Britanniques et la destruction de la Chine impériale suite aux guerres de l’opium.

La stratégie des révolutions de couleur a certes fonctionné en Ukraine mais elle s’est aussi avérée insuffisante pour éliminer toute présence russe en Crimée et en Mer Noire ou pour gêner l’utilisation de la voie fluviale que constitue le Don, qui se jette en Mer Noire juste à l’Est de la péninsule criméenne, un Don qui lie les espaces maritimes pontique et méditerranéen au cœur des terres russes. Pour pérenniser un abcès de fixation au flanc d’une Russie qui se réaffirme, il faut bien davantage que du désordre civil permanent, que des manifestations ou des concerts de casseroles. Il faut une zone de turbulences chaudes, il faut exploiter des facteurs plus explosifs, plus incendiaires (ce n’est pas un hasard si l’on commence à reparler de « pyropolitique », c’est-à-dire de stratégies visant littéralement à livrer les pays récalcitrants  -ou les régions-portail utiles aux adversaires principaux du moment-  à un feu dévorateur, celui de la guerre chaude entretenue sur le long terme ou celui du terrorisme qui manie explosifs, voitures piégées, etc). Pour déclencher et maintenir cette pyro-stratégie, les services utiliseront des formes résiduaires de nationalisme outrancier, qui ont sans doute eu leurs raisons dans l’histoire, comme d’autres reliquats de nationalismes violents en Europe occidentale. Mais qui aujourd’hui ne servent plus qu’à asseoir des politiques belligènes et retardatrices d’une grande synergie eurasiatique. Je rappelle ici que Carl Schmitt qualifiait de « retardatrices » les puissances thalassocratiques anglo-saxonnes : ou, plus subtilement, des « accélératrices contre leur volonté » car leurs démarches retardatrices accéléraient la prise de conscience de leurs adversaires qui, pour répliquer, ne pouvaient que faire taire tous leurs antagonismes stériles et anachroniques.

Les mêmes services retardateurs (ou accélérateurs involontaires, Beschleuniger wider Wille) importeront, pour parachever l’horreur, dans l’Est de l’Ukraine ou en Crimée, une dose de djihadisme tchétchène pour pallier le manque d’enthousiasme ou de volontaires. On tentera, dans la foulée, de lier ce djihadisme, forcément marginal en Ukraine, terre uniate à l’Ouest, terre orthodoxe au centre, à l’Est et au Sud, à celui des djihadistes du Caucase ou de Syrie. Il se créera ainsi une internationale des forces subversives/retardatrices, insoupçonnée pour le commun des téléspectateurs vu son invraisemblable hétérogénéité, fabriquée au départ de nationalismes résiduaires, de souvenirs de la seconde guerre mondiale, de particularisme tatar ou d’islamisme fondamentaliste : les techniques d’ahurissement médiatique pourront alors donner leur pleine mesure ! C’est là, précisément, que réside la supériorité des internationales de fausse résistance, mises en œuvre par les puissances maritimes : elles sont vendues à un public occidental ignorant à grands renforts de campagnes médiatiques, un public qui, par le truchement d’une autre propagande biséculaire, se croit le plus éclairé de la planète où ne vivraient que des abrutis. Elles parviennent à mobiliser et à unir des forces qui seraient normalement hostiles les unes aux autres, ou qui s’ignoreraient si aucune impulsion extérieure ne s’exerçait, dans un projet destructeur dont elles seront les seules à tirer bénéfice.

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Les Etats-Unis peuvent se permettre une telle stratégie destructrice, pyropolitique, parce qu’ils sont une puissance extérieure aux espaces russe, pontique, méditerranéen oriental, proche-oriental.  Les effets destructeurs qu’ils enclenchent n’ont guère d’effets sur leur propre sanctuaire national. La bride est laissée sur le cou du milliardaire Soros pour créer ce chaos au départ de sociétés en apparence privées, d’organisations non gouvernementales qui reçoivent tout de même de larges subsides de fondations liées aux deux principaux partis américains. Ces interventions subversives sont autant d’indices de ce que la géopolitique allemande de Karl Haushofer nommait des « Wachstumsspitzen », soit des « pointes avancées d’une croissance », en l’occurrence une croissance impérialiste illégitime car anti-impériale et retardatrice de processus unificateurs et pacificateurs.

La présence américaine en Méditerranée est déjà l’indice de l’éviction des puissances maritimes européennes hors de l’espace même de leur propre aire civilisationnelle. Ce processus d’éviction s’est effectué en plusieurs étapes. Immédiatement après la première guerre mondiale, est signé le bien oublié Traité de Washington (1922). Ce Traité impose la parité du tonnage des flottes de guerre pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni (+ /- 500.000 tonnes), octroie 300.000 tonnes au Japon qui hérite dans le Pacifique de la Micronésie allemande et ne laisse à la France que 220.000 tonnes et à l’Italie à peine 180.000 tonnes. Les puissances méditerranéennes sont lésées. L’Allemagne et la jeune URSS ne sont pas concernées par le traité, les bâtiments de la flotte austro-hongroise ont été détruits ou redistribués aux alliés vainqueurs (dont la Yougoslavie). Le tonnage et le statut de la flotte allemande sont réglés par le Traité de Versailles, qui les réduit à presque rien. Les puissances thalassocratiques sont telles parce qu’elles ont imposé un traité qui jugulait expressément le tonnage de leurs adversaires ou de leurs alliés putatifs. Aucune puissance ne pouvait égaler ou dépasser la flotte américaine en plein développement depuis 1917 ; aucune puissance maritime mineure (ou devenue mineure) ne pouvait dépasser les tonnages qui leur avaient été imposés en 1922. Ce Traité de Washington est rarement évoqué, bien qu’il soit déterminant pour l’histoire mondiale jusqu’à nos jours (où la Chine développe ses capacités maritimes en face de ses côtes…). On ne l’évoque guère car la France de la Chambre bleue-horizon, qui chante une victoire chèrement acquise au prix du précieux sang de ses classes paysannes, voit cette victoire se transformer en victoire à la Pyrrhus dès le moment où ce Traité de Washington lui barre de fait la route du large et écorne sa puissance en Méditerranée. La flotte de 220.000 tonnes est certes suffisante pour tenir les parts de l’Empire en Afrique du Nord et au Levant mais est bien insuffisante pour dominer le large, pour se projeter vers le Pacifique ou l’Atlantique Sud. Tirpitz l’avait dit : à l’aube du 20ème siècle, une puissance n’est vraiment puissante que si elle a pu développer ses capacités navales. L’Italie n’obéira quasiment jamais aux injonctions du Traité. L’Allemagne ne remontera jamais la pente, en dépit de son régime totalitaire. La France non plus, ni avant guerre ni après guerre, malgré les audaces théoriques de l’Amiral Castex à l’ère gaullienne.

En 1940, l’horrible tragédie de Mers-el-Kébir porte un coup terrible aux capacités maritimes de la France. A partir de 1945, la présence américaine en Méditerranée occidentale et orientale, dans le cœur même de l’espace civilisationnel européen, est prépondérante et se renforce par le soutien inconditionnel apporté à l’Etat d’Israël, devenu au fil des décennies le gardien des côtes les plus orientales de la Grande Bleue, à portée du Canal de Suez. Après l’affaire de Suez en 1956, Britanniques et Français sont vivement priés de cesser toute revendication dans l’espace est-méditerranéen.

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La double problématique de la Crimée et du Donbass doit être pensée dans ce contexte général d’éviction des petites et moyennes puissances maritimes hors des mers intérieures de la grande masse continentale eurasienne. Les grandes puissances thalassocratiques ont d’abord visé la Méditerranée (et l’Adriatique qui offre un tremplin vers le cœur de la Mitteleuropa germano-danubienne), ensuite le Golfe Persique par les interventions successives contre l’Irak de Saddam Hussein et par le boycott de l’Iran (précédé d’un sabotage de la flotte du Shah). Aujourd’hui, c’est la volonté de s’immiscer plus profondément encore dans cette masse continentale, en contrôlant la Mer Noire et en contenant la Russie le plus loin possible de son littoral, qui justifie les interventions en Ukraine et en Crimée, le soutien à une Géorgie en voie d’occidentalisation politique et l’appui indirect, par financement saoudien ou qatari, des djihadistes tchétchènes ou daghestanais. Demain, en déployant une double stratégie de soutien et aux djihadistes caucasiens et à un Azerbaïdjan qui, allié à la Turquie, neutraliserait l’Arménie (encore maîtresse du Nagorno-Karabagh), en organisant ensuite la subversion de l’Ouzbékistan après le récent décès de son président Karimov, la thalassocratie américaine visera à contrôler aussi la Caspienne pour en chasser Russes et Iraniens et pour arrêter la « Wachstumsspitze » économique chinoise en Ouzbékistan, qui lui livre désormais la quasi-totalité des hydrocarbures qu’il produit. Finalement, la stratégie de Brzezinski, élaborée dans son ouvrage Le Grand échiquier (1997), triomphera si aucune résistance ne se dresse, si aucune rétivité par rapport aux médias dominants ne surgit pour contrecarrer ce projet faisant fi de la diversité et de la multipolarité du grand espace eurasien et du monde. Tels sont les enjeux vitaux qui se jouent aujourd’hui au Donbass. Peu d’Occidentaux l’ont compris. Quelques-uns, des aventuriers aux cerveaux hardis, participent à ce combat pour préserver l’héritage de la triple alliance continentale du 18ème entre la France, l’Autriche et la Russie.

 (Forest-Flotzenberg, octobre 2016).

mercredi, 30 décembre 2015

Associatieverdrag EU-Oekraïne is groot gevaar voor wereldvrede

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Associatieverdrag EU-Oekraïne is groot gevaar voor wereldvrede

Associatieverdrag blijkt tevens militair pact

Ook door bevolking niet gewild NAVO-lidmaatschap Montenegro is agressieve actie tegen Rusland


Volgens Zoran Dobric, gelauwerde onderzoeksjournalist en redacteur bij de ORF (Oostenrijkse Omroep), is het associatieverdrag van de Europese Unie met Oekraïne, dat op 1 januari 2016 ingaat, een grote bedreiging voor de wereldvrede, nog even los van het feit dat het land kampt met 44% hyperinflatie, wat de Europese burgers mogen gaan betalen (3). De EU en NAVO koersen ook in Montenegro welbewust op ramkoers met Rusland aan.

De inwoners van Oekraïne zullen amper van het verdrag met de EU profiteren. Het land is niet alleen wat aardgas betreft, maar zijn totale export afhankelijk van samenwerking met Rusland. Omdat het illegale regime in Kiev toch voor de EU kiest, wordt het bestaande vrijhandelsverdrag met Rusland vanaf 1 januari door Moskou opgeschort.

Alle potentiële lidstaten van de EU houden nog steeds vast aan de legende dat ze, zodra ze volwaardig lid zijn geworden, overspoeld worden met geld. In Brussel houdt men dit sprookje met vage toezeggingen en valse beloftes maar wat graag overeind, maar wij weten het inmiddels: eenmaal in de klauwen van de machtswellustige eurocraten is ontsnappen vrijwel onmogelijk.

Westen heeft Oekraïne totaal geruïneerd

Op de drempel van 2016 is de Unie nauwelijks meer dan een verzameling bijna-bankroete staten die wanhopig proberen om met bezuinigingen hun enorme tekorten te beteugelen. Dat deze strategie in Griekenland totaal is mislukt weerhoudt de EU er niet van om van andere landen hetzelfde te blijven eisen.

Vanaf de eerste week van het volgende jaar zal ook Oekraïne eraan moeten geloven. Als aspirant lid moet de begroting in evenwicht zijn, wat voor een door Amerika en de EU financieel en economisch totaal geruïneerd land echter geen enkele zin heeft, zeker niet als bedacht wordt dat de Oekraïners uit nood naar massale corruptie als overlevingsstrategie hebben gegrepen.

De inflatie in ‘pleite-staat’ Oekraïne steeg dit jaar van een toch al zeer hoge 24,9% in 2014 naar 44%. Het land is feitelijk bankroet en moet constant met nieuwe EU- en IMF-miljarden overeind worden gehouden. Ook kan het zijn door Rusland verstrekte leningen niet terugbetalen. (3)

EU trekt zich niets van eigen wetten aan

De wetten in Oekraïne moeten in overeenstemming worden gebracht met de EU-grondwetten, die zoals u weet illegaal zijn ingevoerd nadat de Fransen, Nederlanders en Ieren een Europese grondwet eerder hadden afgewezen. Bovendien zien we in de Griekse-, schulden- en migrantencrisis dat de EU zich zelf helemaal niets van zijn eigen wetten en verdragen aantrekt.

Brussel valt Rusland over rug Oekraïne aan

Oekraïne heeft dringend nieuwe investeringen nodig, maar het bezuinigingsbeleid van de EU, gekoppeld aan het onvoorstelbare aantal Brusselse wetjes en regeltjes die op werkelijk ieder denkbaar terrein moeten worden ingevoerd, werkt zelfs in de nog stabiele en rijkere lidstaten al jaren als een rem op de economische ontwikkeling. Het associatieverdrag met Oekraïne is enkel een soort EU-lidmaatschap ‘light’, terwijl het land zich dat totaal niet kan veroorloven en eerder een soort Marshallplan nodig heeft om weer op de been te komen.

‘De EU voert over de rug van Oekraïne een Rusland-vijandig beleid,’ zo stelt Dobric. ‘Het huidige Rusland wordt met de vroegere Sovjet Unie gelijkgesteld. Men bouwt nu met vertraging oude agressie op.’ Welkome aanleiding is de democratische aansluiting van de Krim bij Rusland, wat door het Westen onterecht een ‘annexatie’ wordt genoemd. Deze leugen wordt gebruikt om in de ogen van de naïeve Europese bevolking Rusland weer als vijand af te schilderen.

Russische marinebasis in NAVO-territorium?

Dobric stelt dat ook Rusland ernstig democratisch tekort schiet, maar dat dit gegeven in het licht van de Oekraïne-crisis totaal niet relevant is. Het regime in Kiev –dat na een door de CIA georganiseerde staatsgreep aan de macht kwam- wil nu onder leiding van president Petro Poroshenko NAVO-lid worden. In Brussel houdt men die wens nog even op afstand, maar er wordt achter de schermen druk gewerkt om dit in de toekomst alsnog te realiseren.

Groot struikelblok is het verdrag dat Oekraïne met Moskou heeft over de grote Russische marinebasis in de Krim, aan de Zwarte Zee. Als Oekraïne tot de NAVO wordt toegelaten, dan zou dat betekenen dat een zeer belangrijk onderdeel van het Russische leger zich ineens in NAVO-gebied bevindt. Het behoeft geen uitleg dat het Kremlin dit nooit zal accepteren.

‘Enorm gevaar voor toch al wankele wereldvrede’

De economische sancties die het Westen tegen Rusland heeft ingesteld –en die door de VS worden genegeerd en Europa verreweg het meeste pijn doen- zullen Moskou in geen geval doen buigen. De geschiedenis wijst uit dat Oekraïne al honderden jaren een onlosmakelijk onderdeel van de Russische invloedssfeer is. Kiev was vroeger zelfs de eerste hoofdstad voordat Moskou dit werd.

In dit licht is het ronduit bizar dat de NAVO de aansluiting van de Krim, waar bijna uitsluitend Russen wonen (!), als ‘agressie’ bestempelt, terwijl in realiteit juist het omgekeerde het geval is, en het de NAVO is die met het gewenste Oekraïense lidmaatschap een voor Rusland buitengewoon bedreigende stap neemt die nooit getolereerd kan en zal worden.

‘Het koketteren van de Oekraïense politiek met de Westerse militaire alliantie zet daarom het hele land op het spel en betekent een enorm gevaar voor de toch al wankele wereldvrede,’ aldus Dobric.

EU wil Oekraïne loskoppelen van Rusland

Voor Oekraïne zou een neutrale status het beste zijn, omdat dan met zowel Rusland als de EU handelsverdragen kunnen worden afgesloten. Het Kremlin heeft al vaak aangegeven daar geen enkel probleem mee te hebben, maar in Brussel zal en moet men Oekraïne helemaal inpikken en loskoppelen van Rusland. Het associatieverdrag dat op 1 januari van kracht wordt is daar de volgende stap naar.

De voormalige Oekraïense president Viktor Janukovitsj onderkende het gevaar hiervan en besloot op aandringen van Moskou om de onderhandelingen met de EU af te breken. Vervolgens organiseerde de CIA in februari 2014 met Europese steun een staatsgreep waarmee de democratisch gekozen Janukovitsj werd afgezet en werd vervangen door de Westers gezinde marionet Poroshenko.

Associatieverdrag is militair pact

Brussel beweert weliswaar dat Oekraïne economisch zal profiteren van het verdrag, en dat het land ook met Rusland een goede verstandhouding mag blijven hebben, maar bagatelliseert dat het associatieverdrag een duidelijk militair aspect heeft.

In 2009 werd letterlijk in het Verdrag van Lissabon (de illegale Europese grondwet) vastgelegd dat de EU vanaf dat moment ook een militair bondgenootschap zou zijn, waarin de lidstaten zich verplichtten elkaar bij te staan. Het nu openlijk door Duitsland gewilde Europese leger werd toen al in het vooruitzicht gesteld, evenals de optie om dit leger ook buiten de EU (dus als agressieve macht) in te zetten. Tevens werd uitdrukkelijk gesteld dat dit bondgenootschap nauw met de NAVO verbonden zal blijven.

Terwijl er nauwelijks Europese politici zijn te vinden die dit weten of die zelfs maar het Verdrag van Lissabon hebben gelezen, is men hier in Moskou zonder twijfel heel goed van op de hoogte. Het associatieverdrag tussen de EU en de Oekraïne is dan ook een militair samenwerkingsverdrag dat Europa doelbewust en rechtstreeks op ramkoers zet met Rusland. (1)

Montenegro mag tegen wil bevolking in NAVO-lid worden

Datzelfde zien we ook in Montenegro gebeuren, dat begin deze maand officieel door de NAVO is uitgenodigd om lid te worden. Ook hier wordt een Westerse marionet, premier Milo Djukanovic, aan de macht geholpen en gehouden. Ook hier wordt de wens van de bevolking –slechts 36,5% is voorstander van het NAVO-lidmaatschap- genegeerd.

De 700.000 Montenegrijnen hebben meer dan genoeg van multimiljonair Djukanovic, wiens door smokkelpraktijken en andere schimmige zaken verkregen vermogen dagelijks toeneemt, terwijl ze zelf lijden onder armoede en werkeloosheid. Journalisten die kritisch over de voormalige president schrijven worden –net als in aspirant EU-lid Turkije- vervolgd, gearresteerd en soms zelfs vermoord.

Servië het volgende doelwit

Hoewel 43% van de bevolking Servisch spreekt en 37% Montenegrijns, zet Djukanovic de afsplitsing van Servië toch door. Als het land dan ook tot de NAVO toetreedt, zal Servië als laatste Russische bondgenoot op de Balkan geheel geïsoleerd raken, en de druk uit Brussel en Washington waarschijnlijk niet lang kunnen weerstaan.

Dobric: ‘Hoe de protesten in Montenegro tegen de toetreding tot de NAVO verder zullen verlopen hangt vooral af van de bereidheid van de VS en de EU de politieke-economische realiteit in Montenegro te accepteren, en niet vanwege eigenbelang nòg een Balkanland in een burgeroorlog te storten.’ (2)


Xander

(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(2) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(3) Deutsche Wirtschafts Nachrichten

lundi, 28 décembre 2015

Krim-Tataren: Aufbau einer Guerilla-Truppe mit „türkischer Hilfe“

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Krim-Tataren: Aufbau einer Guerilla-Truppe mit „türkischer Hilfe“

Ein selbsternannter Führer der Krim-Tataren behauptet, dass die türkische Regierung die Krim-Blockade unterstützte. Zudem soll sie eine Guerilla-Truppe unterstützen, die Sabotage-Aktionen auf der Halbinsel durchführen soll. Will die Türkei damit weiter den Konflikt mit Russland anheizen?

Von Christan Saarländer

"Während sich die Kiewer Regierung noch am Kopf kratzt, unterstützen uns die Türken bereits", so Lenur Islymanow, der selbsternannte Führer der militanten Krim-Tataren. Es soll bereits finanzielle Unterstützung von türkischer Seite erhalten haben und diese bald in die ukrainischen Kräfte eingegliedert werden. "Mehr als hundert Mann haben sich uns bereits angeschlossen", so Isylmanov in einem Interview weiter.

Innerhalb von einem Jahr will der Führer der Krim-Tataren zusammen mit den ukrainischen Streitkräften die Krim zurückerobern.Die Mehrzahl der Krim-Bewohner stammt aus Russland und entschied sich in einem Referendum im März 2014 mit überwältigender Mehrheit für die Rückkehr zur Ukraine. Sowohl die Kiewer Putsch-Regierung als auch der Westen akzeptiert diese Entscheidung nicht. Will man die Krim nun also mit terroristischen Aktivitäten wieder zurückerobern?

Zuvor waren bereits die faschistischen Grauen Wölfe aus der Türkei auf der Halbinsel gesichtet worden, die in der Vergangenheit immer wieder durch terroristische Aktionen aufgefallen waren. Auf einem Bild auf Twitter posiert der Organisator der Krim-Blockade mit Anhängern der "Grauen Wölfe" während der Krim-Blockade. Die Krim-Blockade führte auf der Krim zu Stromausfällen. Inzwischen hat das russische Festland die Stromversorgung übernommen.

Contra-Magazin berichtete jüngst von der Beteiligung der türkischen Extremisten an der Krim-Blockade. Die Organisation gilt als gewaltbereit und auch in Deutschland werden die Aktivitäten von den Landesverfassungsschutz-Ämtern mit Sorge beobachtet. Die Vereinigung wird zudem mit dem Stay-Behind-Programm der NATO in Verbindung gebracht, ein ultra-rechtes Partisanenprogramm, welches in Friedenszeiten für zahlreiche Terroranschläge verantwortlich gemacht wurde.

Sollte die Türkei offiziell die Aktivitäten der pro-westlichen Krim-Tataren finanziell Unterstützen, wäre das nach dem Abschuss der russischen Su-24 der nächste feindselige Akt der Türkei. Nach Angeben der Moskauer Nachrichtenagentur TASS verhandelt die Ukraine mit Israel und der Türkei über ein Freihandelsabkommen.

samedi, 28 novembre 2015

Stumbling to War With Russia?

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Stumbling to War With Russia?

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

Turkey’s decision to shoot down a Russian warplane was a provocative and portentous act.

That Sukhoi Su-24, which the Turks say intruded into their air space, crashed and burned — in Syria. One of the Russian pilots was executed while parachuting to safety. A Russian rescue helicopter was destroyed by rebels using a U.S. TOW missile. A Russian marine was killed.

“A stab in the back by the accomplices of terrorists,” said Vladimir Putin of the first downing of a Russian warplane by a NATO nation in half a century. Putin has a point, as the Russians are bombing rebels in northwest Syria, some of which are linked to al-Qaida.

As it is impossible to believe Turkish F-16 pilots would fire missiles at a Russian plane without authorization from President Tayyip Recep Erdogan, we must ask: Why did the Turkish autocrat do it?

Why is he risking a clash with Russia?

Answer: Erdogan is probably less outraged by intrusions into his air space than by Putin’s success in securing the Syrian regime of Bashar Assad, whom Erdogan detests, and by relentless Russian air strikes on Turkmen rebels seeking to overthrow Assad.

Imperiled strategic goals and ethnicity may explain Erdogan. But what does the Turkish president see down at the end of this road?

And what about us? Was the U.S. government aware Turkey might attack Russian planes? Did we give Erdogan a green light to shoot them down?

These are not insignificant questions.

For Turkey is a NATO ally. And if Russia strikes back, there is a possibility Ankara will invoke Article V of NATO and demand that we come in on their side in any fight with Russia.

And Putin was not at all cowed. Twenty-four hours after that plane went down, his planes, ships and artillery were firing on those same Turkmen rebels and their jihadist allies.

Politically, the Turkish attack on the Sukhoi Su-24 has probably aborted plans to have Russia join France and the U.S. in targeting ISIS, a diplomatic reversal of the first order.

Indeed, it now seems clear that in Syria’s civil war, Turkey is on the rebel-jihadist side, with Russia, Iran and Hezbollah on the side of the Syrian regime.

But whose side are we on?

As for what strategy and solution President Obama offers, and how exactly he plans to achieve it, it remains an enigma.

Nor is this the end of the alarming news.

According to The Times of Israel, Damascus reports that, on Monday, Israel launched four strikes, killing five Syrian soldiers and eight Hezbollah fighters, and wounding others.

Should Assad or Hezbollah retaliate, this could bring Israel more openly into the Syrian civil war.

And if Israel is attacked, the pressure on Washington to join her in attacking the Syrian regime and Hezbollah would become intense.

Yet, should we accede to that pressure, it could bring us into direct conflict with Russia, which is now the fighting ally of the Assad regime.

Something U.S. presidents conscientiously avoided through 45 years of Cold War — a military clash with Moscow — could become a real possibility. Does the White House see what is unfolding here?

Elsewhere, yet another Russia-NATO clash may be brewing.

In southern Ukraine, pylons supporting the power lines that deliver electricity to Crimea have been sabotaged, blown up, reportedly by nationalists, shutting off much of the electric power to the peninsula.

Repair crews have been prevented from fixing the pylons by Crimean Tatars, angry at the treatment of their kinfolk in Crimea.

In solidarity with the Tatars, Kiev has declared that trucks carrying goods to Crimea will not be allowed to cross the border.

A state of emergency has been declared in Crimea.

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Russia is retaliating, saying it will not buy produce from Ukraine, and may start cutting off gas and coal as winter begins to set in.

Ukraine is as dependent upon Russia for fossil fuels as Crimea is upon Ukraine for electricity. Crimea receives 85 percent of its water and 80 percent of its electricity from Ukraine.

Moreover, Moscow’s hopes for a lifting of U.S. and EU sanctions, imposed after the annexation of Crimea, appear to be fading.

Are these events coordinated? Has the U.S. government given a go-ahead to Erdogan to shoot down Russian planes? Has Obama authorized a Ukrainian economic quarantine of Crimea?

For Vladimir Putin is not without options. The Russian Army and pro-Russian rebels in southeast Ukraine could occupy Mariupol on the Black Sea and establish a land bridge to Crimea in two weeks.

In Syria, the Russians, with 4,000 troops, could escalate far more rapidly than either us or our French allies.

As of today, Putin supports U.S.-French attacks on ISIS. But if we follow the Turks and begin aiding the rebels who are attacking the Syrian army, we could find ourselves eyeball to eyeball in a confrontation with Russia, where our NATO allies will be nowhere to be found.

Has anyone thought this through?

samedi, 07 février 2015

Quand l’armée de Wrangel a dû abandonner la Crimée en 1920

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Erich Körner-Lakatos :

Quand l’armée de Wrangel a dû abandonner la Crimée en 1920

Automne 1920 : la fin de la guerre civile russe approche. Si nous faisons abstraction des poches de résistance blanche dans la région de l’Amour et autour de Vladivostok, il n’y a plus, à l’Ouest, qu’une seule grande région qui soit encore aux mains des forces fidèles au Tsar : la Crimée. Le Général Piotr Nikolaïevitch Wrangel y détient le commandement : il est l’as de cœur des optimistes qui croient encore à une victoire contre le bolchevisme. Wrangel est issu d’une ancienne famille noble allemande de la Baltique et c’est pourquoi, nous pouvons le dire, un cycle se clôt : dans le processus d’émergence politique de la Russie, jadis, les Varègues scandinaves avaient tenu le rôle de premier plan ; à la fin du cycle, un général issu de la noblesse germanique de la Baltique.

Au début du moi d’avril 1920, Wrangel, né en 1878, reprend le commandement des troupes tsaristes que détenait avant lui le Général Anton Denikine, qui démissionne après avoir subi plusieurs défaites face à l’Armée Rouge de Trotski. Mais à l’impossible nul n’est tenu : Wrangel, général très compétent, ne réussira pas à redresser la barre. Après un échec devant Cherson, la Crimée devient le dernier refuge des Blancs. Wrangel ordonne une réforme agraire, afin que la presqu’île devienne une sorte de Piémont russe, une région-modèle pour les paysans qui croupissent déjà sous la cruelle férule des communistes et qui, d’ailleurs, finiront par se révolter.

Mais la dure réalité dans cette Crimée assiégée par les Rouges est bien différente. Semion Boudyonny, à la tête de la cavalerie rouge, avance trop rapidement : le 14 novembre, Eupatoria tombe sur la côte occidentale, et Yalta, le même jour, sur la côte orientale.

Le flot ininterrompu de l’Armée rouge se déverse de deux côtés sur le port de Sébastopol, où les chefs blancs et d’innombrables réfugiés se regroupent autour de Wrangel. Le 14 novembre, 125 bateaux amènent 15.000 soldats et dix fois plus de civils en sûreté, en voguant vers Constantinople. Wrangel et sa famille sont les derniers, au soir de ce 14 novembre, à quitter Sébastopol à bord d’un navire de guerre français, le « Waldeck-Rousseau ». Le Général avait pris un risque car les matelots français, tourneboulés par la propagande communiste, s’étaient mutinés un an plus tôt et le gouvernement de Paris avait eu toutes les difficultés à mater cette révolte.

Les derniers Russes fidèles au Tsar ont eu plus de chance que les derniers combattants rouges de la guerre civile espagnole, moins de vingt ans plus tard. Ceux-ci se pressaient le 30 mars 1939 dans le port d’Alicante, tandis que les troupes nationalistes, victorieuses, s’apprêtaient à entrer dans la ville. Soudain, les vaincus rouges voient un navire pointer à l’horizon. La masse crie sa joie. Enfin, ils sont sauvés. Mais ce n’est pas une armada franco-anglaise qui arrive à leur secours. Il n’y a finalement qu’un seul navire et il n’évacue que quelques privilégiés. Tous les autres restent sur les quais.

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Wrangel et ses soldats sont internés dans des camps de réfugiés sur la presqu’île de Gallipoli et sur l’île de Lemnos. Les civils restent dans un premier temps à Constantinople où sont alors stationnées des garnisons de l’Entente (Anglais, Français, Grecs). Ce qu’il reste de la flotte tsariste de la Mer Noire (dont un seul navire de ligne) fait route vers la Tunisie, vers le porte de Bizerte, où elle jette l’ancre. L’armée de Wrangel est dissoute le 30 mai 1921. Beaucoup accompagne le « grand baron blanc » en exil en Yougoslavie, où les Russes sont chaleureusement accueillis car, il ne faut pas l’oublier, la dynastie des Karageorgevitch devait à l’Empire des Tsars que le cri lancé à Vienne « Serbien muss sterbien » en 1914, après l’attentat de Sarajevo, n’ait pas été suivi d’effets.

La vengeance de Staline ne poursuivra pas seulement ses anciens compagnons de combat comme Trotski mais aussi ses ennemis de la guerre civile. Le 25 avril 1928 Piotr Wrangel s’éteint à Bruxelles : il était le dernier espoir de la Russie chrétienne-orthodoxe. D’après sa famille, il aurait été empoisonné par le frère de son majordome, un espion soviétique.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°3/2015, http://www.zurzeit.at ).

samedi, 13 décembre 2014

Gibt es im Schwarzen Meer Elefanten?

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Gibt es im Schwarzen Meer Elefanten?

F. William Engdahl

Nein, ich spreche nicht von den rosa Elefanten, die einem manchmal erscheinen können, wenn man ein bisschen zu tief ins Glas geschaut hat. Im Jargon der Ölindustrie sind Elefanten neu entdeckte Ölfelder mit mehr als 100 Millionen Barrel förderbarem Rohöl. Manche Geologen westlicher Ölgesellschaften behaupten, solche »Elefanten« seien mittlerweile ausgerottet, und das wiederum sei ein Zeichen dafür, dass die Ölreserven der Welt weitgehend erschöpft seien. Die Realität zeigt jedoch immer deutlicher das Gegenteil.

Der renommierte niederländische Erdöl-Ökonom Peter Odell hat einmal gesagt, das Öl gehe uns nicht aus, sondern uns fließe ständig neues Öl entgegen … wo immer wir danach suchten. Jetzt gibt es offenbar im Schwarzen Meer reihenweise Elefanten mit Milliarden Barrel Rohöl.

Rumänien, das oft als der kranke Mann in der EU betrachtet wird, hat kürzlich entdeckt, dass es vielleicht gar nicht so arm ist wie gedacht. 2011 erhielt das Geologie-Büro Purvin & Gertz den Auftrag, potenzielle Ölfelder vor der Küste zu erkunden. Damals entdeckten Israel, Zypern und andere Länder gerade riesige Öl- und Gasfelder im östlichen Mittelmeer.

Die Tests ergaben für Rumänien gute geophysikalische Aussichten in den Gewässern vor der Küste. 2012 gaben der US-Ölkonzern ExxonMobil und die rumänische Ölgesellschaf OMV Petrom die Ergebnisse für Domino-1, Rumäniens erste Aufschlussbohrung in 930 Metern Tiefe, bekannt. Bestätigt wurde ein Erdgaslager von rund drei Billionen Kubikfuß (Tcf, nach dem englischen »trillion cubic feet«), der größte Erdgasfund in der Geschichte des Unternehmens.

Durch mögliche Territorialstreitigkeiten mit Bulgarien wurde die weitere Entwicklung in dem Gebiet gebremst. Aufmerksamkeit erregte allerdings, dass Domino-1 nur eine von fünf geologisch ähnlichen Strukturen vor der rumänischen Schwarzmeerküste ist.

Mehr lesen:

http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/f-william-engdahl/gibt-es-im-schwarzen-meer-elefanten-.html

jeudi, 27 novembre 2014

Der Westen auf dem Marsch in den 3. Weltkrieg

 

Der Westen auf dem Marsch in den 3. Weltkrieg

Brandstifter und Drahtzieher hinter der Ukrainekrise


Manuel Ochsenreiter im Gespräch mit Michael Friedrich Vogt


Das Massaker in Odessa, bei dem unbewaffnete und friedliche Demonstranten für Rußland aus ihren Zelten vor dem Gewerkschaftshaus vertrieben wurden, ins Gewerkschaftshaus vor faschistischen Hooligans flüchteten und dort im Beisein der ukrainischen Polizei massakriert und dann das Haus mit Molotowcocktails in Brand setzen, um die Hinrichtungen zu verbergen, durch dieses Massaker hat der Westen seine Maske endgültig fallen lassen.

Und die BRD-Medien? Das entsetzlich grausame Massaker an unbewaffneten prorussischen Demonstranten und an vollkommen unbeteiligten Frauen, Kindern, Personal des Gewerkschaftshauses und zufälligen Passanten wurde von den westlichen Medien totgeschwiegen oder zynisch verdreht. Sie machten sich bewußt zu Helfern der faschistischen Mörderbanden. Alle ukrainischen Politiker in Kiew lobten das Massaker an den unschuldigen Bürgern. Und die terroristischen Schläger erhielten einen finanziellen Bonus.

Gut informierte Quellen vermuten, daß zu den Donbass-Kämpfern auch die für »schmutzige Kriege« zuständige NATO-trainierte Ukrainische Nationalversammlung--Selbstverteidigung des ukrainischen Volkes gehört, die seit der Auflösung der Sowjetunion für die NATO als eine Art Gladio-B in Tschetschenien und Georgien und jetzt auch zuhause in der Ukraine russische Soldaten und Zivilisten tötet. Lokale Medien berichten, daß die Donbass-Einheit aus ungefähr 800 Schlägern von der Art bestehen wird, die am 2. Mai in Odessa unschuldige Zivilisten massakrierten. Fast alle unsere westlichen Politiker und Medien decken solche Leute wissentlich und bezahlen dieses ganze Desaster. Die Maidan-Aktivisten wurden nachweislich vom "Westen" ausgebildet, bezahlt und hochgeputscht. Selbst die Verbrecher des Odessamassakers sind sich offenbar gar nicht darüber im Klaren, daß sie nur als willfährige  Handlanger der US-amerikanischen und kapitalistischen Interessen des Westens benutzt werden. Sie verstehen gar nicht, daß sie selbst ihr geliebtes Vaterland Ukraine für deren Interessen in den Schlund der Hölle stoßen und unglaubliche Schuld auf sich laden.

Der „Rechte Sektor" -- Faschisten und Neonazis -- das sind die neuen Partner von Brüssel und Berlin. Ein eigenartiges Bündnis, das Christdemokraten und Sozialdemokraten da mit eindeutigen Faschisten eingehen. Und wenn dann Repräsentanten der BRD wie Außenministerdarsteller Steinmeier zu Recht als Kriegstreiber angegangen werden, drehen sie durch.

Das Muster ist stets dasselbe und uralt. Ob Libanon, Irak, Afghanistan, Bosnien, Libyen, Syrien oder Iran, Georgen und jetzt zum wiederholten Male die Ukraine. Der Westen bedient sich des Bodensatzes der jeweiligen Gesellschaft, hetzt Bevölkerungs- oder Volksgruppen gegen einander auf, greift mit eigenen Killertruppen ein, destabilisiert die Länder zum Zwecke der direkten oder indirekten Machergreifung und bringt so Chaos, Zerstörung und zigtausendfaches Leid und nennt das Ganze „Freiheit" und „Demokratie".

Der international weitgereiste Auslands-, Nahost- und Osteuropaexperte Manuel Ochsenreiter deckte die Hintergründe auf und zeigt erschreckende Parallelen einer Jahrzehnte während Blutspur des Westens auf ...
... und die Handlanger- und Mittäterschaft diverser BRD-Regierungen.

Website:
http://www.ManuelOchsenreiter.com

dimanche, 19 octobre 2014

La battaglia sull’Istmo di Perekop

La battaglia sull’Istmo di Perekop

Autore:

Ex: http://www.centrostudilaruna.it

300px-Isthmus_of_Perekop_map.pngNell’autunno del 1920 la guerra civile russa era ormai avviata verso la sua inevitabile conclusione, con le armate bianche che cedevano, una dopo l’altra, davanti alla pressione dell’Armata rossa forgiata da Trotzkij e da lui diretta con spietata energia.

A parte le prime formazioni di Cosacchi antibolscevichi, come quella del generale Krasnov, che si appoggiava sull’aiuto dei Tedeschi (prima che la Germania uscisse sconfitta dalla prima guerra mondiale) e a parte l’esercito dei volontari cecoslovacchi, i quali, nell’estate del 1918, si erano impadroniti quasi senza colpo ferire di gran parte della ferrovia transiberiana e della regione degli Urali, tre furono le principali armate bianche che, nel corso del 1919, avevano costituito un serio pericolo per il potere bolscevico:

a) l’esercito siberiano dell’ammiraglio Kolčiak, autoproclamatosi “supremo reggitore” dello Stato russo e riconosciuto quale capo nominale di tutte le armate bianche, il quale, nei primi mesi dell’anno, si era spinto in direzione di Kazan’ e di Mosca. L’Armata rossa lo aveva però contrattaccato il 28 aprile e, in maggio, aveva sfondato le sue linee, dapprima respingendolo al di là degli Urali; poi, in agosto, dopo aver preso Celjabinsk ed Ekaterinburg, lanciando una nuova offensiva sul fronte Tobolsk-Kurgan e procedendo assai velocemente lungo la transiberiana, tanto da occupare Omsk già il 14 novembre. Kolčak venne consegnato, il 15 gennaio, dai Cecoslovacchi a un governo provvisorio filo-sovietico formatosi a Irkutsk e da questo processato e fucilato il 7 febbraio; il suo corpo venne buttato in un buco scavato nel ghiaccio del fiume Angara.

b) L’esercito bianco del generale Denikin, che nell’estate del 1919 aveva riportato successi spettacolari e, dalla regione del Kuban, aveva invaso l’Ucraina, spingendosi fino a Orel, sulla via adducente a Mosca da sud. Esso era stato a sua volta contrattaccato dall’Armata rossa a partire dal 10 ottobre e costretto a una precipitosa e drammatica ritirata. Alla fine dell’anno, i suoi resti erano tornati, assai mal ridotti, sulle posizioni di partenza della primavera, fra Kursk ed Ekaterinoslav; Denikin, sfiduciato, aveva passato le consegne al generale Wrangel, il quale aveva dedicato i mesi invernali a riorganizzare le truppe e i servizi logistici.

c) Il terzo attacco ai centri vitali del potere bolscevico era stato sferrato nell’autunno del 1919 dal generale Judenič il quale, con il sostegno della flotta inglese, era sbarcato nel Golfo di Finlandia e aveva marciato direttamente sulla vecchia capitale imperiale, Pietrogrado. La minaccia era stata seria, perché si era profilata contemporaneamente all’avanzata di Denikin dall’Ucraina, (mentre le forze di Kolčiak erano già in piena dissoluzione); ma anch’essa era stata affrontata e sventata con la massima energia dall’Armata rossa, che era passata decisamente al contrattacco, il 22 ottobre, e aveva costretto le forze di Judenič a interrompere la marcia su Pietrogrado e a reimbarcarsi in tutta fretta.

Così, all’inizio del 1920, a parte le bande degli atamani Semënov e Kalmykov, rispettivamente a Čita e Khabarovsk, al di là del lago Bajkal – ove era sorta, a fare da cuscinetto fra i Rossi e un corpo di spedizione di 70.000 soldati giapponesi, una effimera Repubblica dell’Estremo Oriente -; il piccolo esercito del barone Ungern-Sternberg nella Mongolia Interna; alcune forze cosacche nell’Asia centrale e nella regione del Caucaso; e alcune bande ucraine operanti nella zona di Kiev, restavano ora due soli avversari cospicui per l’Armata rossa: l’esercito polacco del maresciallo Pilsudski, pronto ad attaccare nella primavera del 1920, e quello dei Russi “bianchi” del generale Wrangel, attestato nell’Ucraina meridionale.

In Estremo Oriente, la guerriglia contro le ultime forze “bianche” e contro gli stessi Giapponesi venne condotta da bande di partigiani, sia bolscevichi che anarchici; mentre l’offensiva scatenata da Pilsudski nel maggio venne respinta e l’Armata rossa, passata a sua volta all’attacco, venne battuta in maniera decisiva sotto le mura di Varsavia, in agosto: sicché, il 18 marzo 1921, si giunse alla pace di Riga fra Polonia e Unione Sovietica. Abbiamo già narrato questi avvenimenti in due lavori precedenti: Trjapicyn in Siberia orientale: breve la vita felice di un “bandito” anarchico; e Chi ha voluto la guerra sovietico-polacca del 1920? Una questione storiografica ancora aperta.

Pertanto, nell’autunno del 1920, Trotzkij era ormai libero di concentrare le forze maggiori dell’Armata rossa contro l’ultimo esercito “bianco” ancora attestato in territorio russo e dotato di una buona capacità combattiva: quello del barone Wrangel. Anche le bande anarchiche di Machno, fino ad allora ostili ai bolscevichi, siglarono una tregua e accettarono anzi di passare sotto il comando del generale Frunze, in vista di una offensiva finale contro i Bianchi. Un ambasciatore inviato a Machno da Wrangel, per esplorare le possibilità di una alleanza tattica in funzione antibolscevica, era stato impiccato; il capo anarchico non sapeva, allora, che subito dopo la liquidazione dell’ultima armata “bianca” sarebbe venuta anche la sua ora.

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Pyotr Nikolayevich Wrangel (27 agosto 1878 – 25 aprile 1928)

Wrangel non godeva dell’appoggio delle popolazioni ucraine, per le stesse ragioni che avevano provocato la sconfitta di Kolčak, Denikin e Judenič: la diffidenza dei contadini e l’esiguità delle classi medie che, sole, avrebbero potuto costituire una base sociale determinante; e ciò nonostante che Wrangel, ammaestrato dalla disfatta degli altri generali “bianchi”, avesse promesso ai contadini una riforma agraria radicale, a spese della grande proprietà terriera.

I bolscevichi, con i loro metodi brutali di requisizioni forzate e con l’esercizio di una spietata dittatura, mascherata sotto l’apparenza di autonomia dei Soviet, avevano destato anch’essi notevoli diffidenze da parte dei contadini e suscitato malumori perfino tra i marinai e nella classe operaia (come si sarebbe visto nella rivolta di Kronstadt, repressa da Tuchacevskij nel marzo 1921). Essi erano però più abili a livello propagandistico, sfruttando slogan come «tutto il potere ai Soviet» e «la terra a chi la lavora»; e dipingendo tutti i Bianchi, senza alcuna sfumatura, come gli strumenti della restaurazione monarchica e aristocratica.

Una valutazione imparziale di quegli avvenimenti esige che si riconoscano a Wrangel delle capacità militari e organizzative veramente eccezionali: possedeva più costanza di Denikin e più senso politico di Kolčak; e, pur non facendosi illusioni sull’esito finale di una lotta così ineguale, era capace di infondere coraggio e determinazione ai suoi uomini, demoralizzati da tante sconfitte e ridotti a lottare con una crescente penuria di materiali da guerra ed equipaggiamenti; cui si aggiunsero – alla metà di ottobre – delle condizioni climatiche precocemente ed eccezionalmente rigide, che aumentarono le loro sofferenze.

Riteniamo si possa sostanzialmente concordare con il giudizio che di Wrangel ha dato lo storico inglese W. H. Chamberlin nella sua ormai classica Storia della Rivoluzione russa, 1917-1921 (titolo originale: The Russian Revolution, 1917-1921, 1935; traduzione italiana di Mario Vinciguerra, Torino, Einaudi, 1966, pp. 728, 740-42):

«Wrangel contribuì a infondere nuova energia nelle file dei Bianchi. Lavorando giorno e notte riorganizzò totalmente l’amministrazione militare e civile nella piccola zona sotto la sua autorità, e trasformò quelle truppe dalla massa informe di profughi cui s’erano ridotti a un’efficiente forza combattiva. Alcune delle misure prese a quello scopo dai suoi luogotenenti furono estremamente brutali. Ad esempio, il generale Kutepov fece impiccare in pubblico ufficiali e soldati colti in stato di avanzata ubriachezza nelle strade di Simferopol'; ma nel complesso questi provvedimenti raggiunsero il loro scopo. Lo spiriti bellicoso delle truppe, che era quasi svanito durante la lunga e tremenda ritirata da Orel a Novorossijsk, fu restaurato. Uno scrittore sovietico esprime il seguente apprezzamento sullo stato dell’esercito di Wrangel nella primavera e nell’estate del 1920: “Qualitativamente era la migliore forza combattente d cui avesse mai disposto la controrivoluzione russa e internazionale nella sua lotta contro le Repubbliche sovietiche”.

Questo giudizio è confermato dal corso delle operazioni militari. Le truppe di Wrangel non solo tennero a bada ma respinsero forze sovietiche considerevolmente superiori, e soccombettero solo quando, per effetto della pace conclusa con la Polonia, esse furono letteralmente schiacciate dal numero delle forze sovietiche […].

Wrangel fu l’ultimo capo del movimento bianco organizzato in Russia. Trovandosi fin da principio di fronte a una forte disparità di forze, la sua disfatta era quasi inevitabile. Pochi degli uomini di stato antibolscevichi più autorevoli ebbero voglia di entrare nel suo governo. Egli non fece miracoli. Con un piccolo esercito e una base di operazioni inadeguata, non poteva tener testa indefinitamente all’enorme esercito rosso, che attingeva i propri soldati da quasi tutta la Russia. Coi suoi precedenti di ufficiale aristocratico, non poteva superare il grande abisso di sospetto e di ostilità che sempre sussistettero tra il movimento e le masse dei contadini, e fu la causa fondamentale della sua disfatta.

Ma, tenuto conto di questi inevitabili fattori negativi, Wrangel si batté valorosamente. Aveva ereditato un relitto di esercito e seppe rifoggiarlo in forza combattente che inferse ai Rossi alcuni fieri colpi. Wrangel non poteva salvare quella vecchia Russia di cui s’era fatto campione e rappresentante, ma la sua attività militare, che tenne una quantità di truppe rosse impegnate in Ucraina e nel Kuban, non fu certo l’ultima ragione per cui l’esercito rosso mancò davanti a Varsavia di quella estrema riserva d’energia che avrebbe creato una Polonia sovietica ed esteso il bolscevismo molto oltre le frontiere russe. Visto da questo lato, l’epilogo del movimento bianco, impersonato da Wrangel, fu una fortuna per la Polonia e forse per altri stati di nuova formazione dell’Europa orientale come fu funesto per il governo sovietico e per l’Internazionale comunista».

Una prima offensiva contro le forze di Wrangel, lanciata l’8 gennaio 1920, aveva portato i reparti dell’Armata rossa fino a ridosso della Crimea, centro nevralgico dei Bianchi, con i suoi porti affollati di navi russe e delle potenze dell’Intesa. Sarebbe errato, tuttavia, vedere Wrangel come una semplice creazione degli Alleati; in realtà, dopo la sconfitta di Denikin, i governi di Londra e Parigi avevano rinunciato alla speranza di assistere a una caduta del regime sovietico in tempi brevi e, di fatto, avevano ritirato il loro appoggio militare e finanziario ai Bianchi, limitandosi solo a vaghe promesse e ad un certo sostegno logistico.

I Francesi, in particolare – che avevano investito grossi capitali in Russia prima e durante la prima guerra mondiale, avevano puntato quasi tutte le loro carte sulla Polonia di Pilsudski; e, dopo la vittoria di quest’ultimo davanti a Varsavia, si disinteressarono sostanzialmente del destino di Wrangel. Come se non bastasse, la loro flotta, stanziata a Odessa, era stata scossa dagli ammutinamenti degli equipaggi nel 1919, per cui il governo francese non si illudeva di poter prolungare la propria influenza politico-militare nell’area del Mar Nero.

Ci furono invece delle trattative interalleate che sembrarono sfociare in una spedizione militare italiana in Georgia, all’inizio dell’estate 1919; ma poi non se ne fece più nulla, specialmente a causa dell’instabilità dei governi italiani tra la fine della prima guerra mondiale e l’ascesa del fascismo. Nel caso specifico, fu l’opposizione di Nitti al progetto che lo fece cadere, e con esso cadde il ministero Orlando, che lo aveva preparato e si accingeva a porlo in atto.

Quanto agli Inglesi, essi avevano puntato su Kolčak, cui avevano fornito non solo abbondante materiale da guerra e ingenti risorse finanziarie, ma anche consiglieri militari; e, dopo la sua sconfitta, avevano rinunciato all’idea di poter rovesciare il regime sovietico mediante l’azione degli eserciti “bianchi”.

Sapendo di non poter più vincere la guerra civile sul campo, Wrangel – che era un uomo intelligente e che possedeva uno spiccato senso realistico – studiò il modo di ritardare l’investimento della sua cittadella crimeana e di intavolare eventualmente trattative coi bolscevichi, attraverso i buoni uffici delle potenze occidentali; ma, per poterlo fare, desiderava raggiungere una posizione strategica migliore, che rendesse più forte anche la sua posizione politica.

Pertanto, nell’estate, egli effettuò alcuni sbarchi sulla costa orientale del Mar d’Azov, investendo il territorio del Kuban e minacciando di congiungersi con il cosiddetto Esercito della rigenerazione russa, che si era stabilito nella regione settentrionale del Caucaso. Il collegamento non riuscì, nonostante le forze bianche riportassero, nel mese di agosto, una serie di successi inaspettati; per cui, in settembre, le truppe di Wrangel dovettero reimbarcarsi.

Aspettandosi ora una nuova, grande offensiva dell’Armata rossa, Wrangel attestò il suo esercito nella Tauride settentrionale e, intanto, provvide a fortificare potentemente l’istmo di Perekop, un vero e proprio “collo di bottiglia”, mediante il quale si accede, da nord-ovest a sud-est, alla penisola di Crimea.

In effetti, l’offensiva sovietica scattò il 28 ottobre, contemporaneamente alla fine delle grandi operazioni sul teatro polacco; e, dopo una lotta accanita, terminò com’era inevitabile: con l’irruzione dei Rossi fino agli accessi dell’istmo. In questa battaglia Wrangel aveva potuto mettere in linea non più di 35 uomini, contro circa 137.000 dell’Armata rossa.

Ai primi di novembre, dunque, le due armate si fronteggiavano sull’istmo, davanti a Perekop, dove i Bianchi era asserragliati dietro il cosiddetto Vallo Turco, una triplice linea di difesa munita di trincee, filo spinato, nidi di mitragliatrici e postazioni d’artiglieria. Molti consideravano le difese dell’istmo semplicemente imprendibili; ma, come vedremo, le forze della natura diedero ai Sovietici, che già godevano di una schiacciante superiorità numerica, anche un inatteso vantaggio strategico, allorché il vento rese transitabile il passaggio di terra dalla Penisola Čongar alla Penisola Lituana, respingendo le acque basse del mare; mentre le gelide temperature permisero al fondo fangoso di solidificarsi in una solida crosta di ghiaccio.

Scrive lo storico americano W. Bruce Lincoln nel suo libro I Bianchi e i Rossi. Storia della guerra civile russa (titolo originario: Red Victory, 1989; traduzione italiana di Francesco Saba Sardi, Milano, Mondadori, 1991, 1994, pp. 396-401):

Mikhail Frunze (2 febbraio 1885 – 31 ottobre1925)

Mikhail Frunze (2 febbraio 1885 – 31 ottobre1925)

«Solo lentamente i soldati di Wrangel cedettero terreno sotto l’enorme pressione dell’Armata Rossa durante la prima settimana di aspri combattimenti, e l’assalto finale di Frunze non fu coronato dal trionfo che si era atteso. Le forze di Bljücher e di Budënnyi erano avanzate di oltre 120 chilometri in tre giorni nel deciso tentativo di raggiungere la ferrovia in modo da tagliare la strada alla ritirata di Wrangel in Crimea, ma le unità rosse più a est dovettero disputare al nemico ogni pollice di terra e avanzarono assai più lentamente. “Sono stupefatto dell’enorme energia con cui il nemico resiste – comunicò Frunze a Mosca. – è indubbio che il nemico ha combattuto più validamente e tenacemente di quanto avrebbe fatto ogni altro esercito”. Fu così che i reparti di Wrangel in ritirata vinsero la corsa per la Crimea, e i disperati sforzi di allievi ufficiali e unità di seconda linea impedirono ai fucilieri di Bljücher di impadronirsi del Passo di Salkovo e di fare sfondare la prima linea di difesa a Perekop. Ma i Bianchi pagarono assai cari i loro momentanei successi. Aprendosi la strada nella Tauride settentrionale, le forze di Frunze catturarono quasi 20.000 prigionieri, un centinaio di pezzi da campo, un gran numero di mitragliatrici, decine di migliaia di granate e milioni di cartucce. “L’esercito rimase intatto – commentò in seguito Wrangel -, ma le sue capacità combattive non furono più quelle di prima”, né d’altra parte era riuscito a conservare quelle fonti alimentari per le quali aveva rischiato tanto: oltre 36.000 tonnellate di cereali del raccolto autunnale accantonate dalla sua sussistenza nei magazzini ferroviari di Melitopol e di Geničesk caddero nelle mani di Frunze.

Quesri aveva perduto l’occasione di riportare una vittoria decisiva non essendo riuscito ad accerchiare l’esercito di Wrangel prima che raggiungesse la Crimea; costretto pertanto a dare l’assalto alla fortezza peninsulare, aumentò le proprie forze e inviò i ricognitori che si erano di recente aggiunti ai suoi rafforzati reparti aerei a fotografare le linee nemiche. Alla fine della prima settimana di novembre, aveva ammassato 180.771 uomini appoggiati da quasi 3.000 mitragliatrici, oltre 600 pezzi d’artiglieria e 23 treni corazzati con cui affrontare i 26.000 regolari bianchi e le 16.000 male armate riserve che guarnivano le difese della Crimea.

Frunze decise di sferrare l’attacco principale contro il Vallo Turco, una barriera ottomana del XVIII secolo lungo la quale Wrangel aveva creato nidi ben protetti di mitragliatrici e piazzole di artiglieria, in modo da assicurare fuoco incrociato a complemento delle fitte barriere di filo spinato che costituivano la prima linea di Perekop, dietro la quale i residui treni corazzati dei Bianchi erano in grado di muoverei avanti e indietro lungo la recente diramazione ferroviaria Sebastopoli-Jušun-Amjansk, coprendo con i loro pezzi gli approcci del vallo. La 51a Divsione di Bljücher ebbe l’ordine di guidare l’attacco, e il suo comandante ne concentrò i fucilieri in ordine talmente serrato, che in certi punti aveva un uomo ogni metro e una mitragliatrice a sostegno di ogni 17 uomini. Alla sinistra di Bljücher, di fronte alle paludi salmastre di Sivaš e al ponte di Čongar un po’ più a est, Frunze schierò la Kornarmija di Budënnyi, la IV Armata Rossa e i partigiani di Machno, tenendo di riserva la maggior parte di tre armate. Stando ai resoconti sovietici, erano tutti reparti animati da alto spirito combattivo, decisi a celebrare il 7 novembre il terzo anniversario della rivoluzione bolscevica infliggendo una disfatta all’ultima cospicua forza bianca sul suolo russo.

Nonostante gli uomini e le armi che Frunze aveva radunato in vista della battaglia, i difensori della Crimea non si erano lasciati infettare dal sentimento di sconfitta che alla fine del 1919 aveva minato Denikin e i Bianchi a Novorossijsk. Wrangel aveva cominciato i preparativi per un’evacuazione in massa, ma così silenziosamente e in tempi così lunghi da mascherare l’intento. “Le misure da noi prese avevano placato le ansie che si erano qua e là manifestate”, commentò in seguito. “Dietro le linee, tutto restava tranquillo perché ciascuno credeva nell’imprendibilità delle fortificazioni di Perekop”, ed era una convinzione tutt’altro che infondata. I giornali di Crimea parlavano ancora in tono fiducioso delle difese dell’istmo di Perekop, del ponte di Čongar e della costiera intermedia. “Le fortificazioni di Sivaš e di Perekop sono talmente solide, che il Comando supremo rosso non dispone né degli uomini né delle macchine per sfondarle, assicurava il 4 novembre il foglio “Vremja” (“Tempi”). Tutte le forze armate del Sovdepja messe assieme non bastano a intimidire la Crimea”. Wrangel, forse ancora speranzoso di riuscire a bloccare Frunze, ma intento soprattutto a guadagnare il tempo necessario per portare a termine un’evacuazione ordinata, unificò la I e la II Armata sotto gli ordini del generale Kutepov, il migliore e il più tenace dei reparti combattenti che gli restassero. Universalmente noto per la feroce crudeltà nei confronti di bolscevichi e loro simpatizzanti, e ampiamente sospettato di di aver intascato colossali bustarelle in cambio di permessi di esportazione e importazione quando aveva comandato la guarnigione di Novoriossijsk, Kutepov continuava ciò nonostante a godere della piena fiducia di Wrangel quale ufficiale “in grado di affrontare qualsiasi situazione, un uomo dal grande valore militare e di eccezionale tenacia nella realizzazione dei compiti affidatigli.” Kutepov avrebbe difeso il Vallo Turco come nessun altro avrebbe potuto fare; e se non ci fosse riuscito, Wrangel avrebbe saputo senz’ombra di dubbio che la fine era giunta.

La mattina del 7 novembre, dopo aver impartito gli ultimi ordini per l’attacco, Frunze si recò al quartier generale di Budënnyi dove con questi e Vorošilov compilò un telegramma di congratulazioni a Lenin nel terzo anniversario della rivoluzione bolscevica, promettendogli la vittoria conclusiva a celebrazione della stessa. “In nome degli eserciti del fronte meridionale, ormai pronti a sferrare il colpo finale contro la tana della belva mortalmente ferita, e in nome delle rinnovate aquile delle grandi armate di cavalleria, salute – esordiva il testo. – La nostra ferrea fanteria, la nostra audace cavalleria, la nostra invincibile artiglieria e i nostri rapidi aviatori dalla vista acuta… libereranno quest’ultimo lembo di terra sovietica da ogni nemico”, si prometteva a Lenin. Forse più di ogni altra unità in azione nella Russia meridionale, la 51a Divisione di Bljücher meritava tutti quei superlativi, ed era sul suo assalto frontale contro il Vallo Turco che Frunze, Vorošilov e Budënnyi contavano per irrompere nel bastione crimeano di Wrangel. Ma ad aiutare la loro causa più di quanto avrebbe potuto fare ogni atto di valore, per quanto grande, furono l’imprevedibile e l’inaspettato. La natura, le cui forze avevano inflitto tanti tormenti al popolo della Russia bolscevica durante i due aspri inverni precedenti, questa volta si schierò dalla parte dei Rossi, aprendo loro nuove, insospettate vie d’attacco.

Forse solo due o tre volte nel corso di una generazione, un forte vento investe da nordovest la Crimea, spingendo verso est le basse acque che coprono i bassifondi salini del Sivaš e lasciando allo scoperto la sottostante, putrida fanghiglia. Il 7 novembre 1920, imperversò un vento talmente furioso, accompagnato da temperature così basse che la notte del 7-8 novembre il fondo melmoso del Sivaš, così di rado scoperto, si gelò formando una superficie tanto solida da reggere uomini e cavalli. Alle 22, mentre gran parte della 51a Divisione di Bljücher si apprestava ad assalire le posizioni di Kutepov lungo il Vallo Turco, la 15a e la 52a Divisione di fucilieri, in una con la 153a Brigata di fucilieri e di cavalleria della 51a Divisione, approfittando dell’insperato vantaggio. Una pesante nebbia grava sulla zona, impedendo alle sentinelle di Wrangel sulla Penisola Lituana di avvistare i reparti rossi impegnati nell’attraversamento dei sei chilometri del Sivaš. Ben presto, i piedi e gli zoccoli di uomini e cavalli trasformarono in gelida fanghiglia il fondo marino indurito, obbligando i reparti successivi a rallentare l’avanzata, in pari tempo aumentando le probabilità di scoperta; ciò nonostante, tutti i reparti raggiunsero la terraferma senza essere avvistati proprio mentre il vento cambiava direzione e l’acqua cominciava a crescere.

All’alba dell’8 novembre, gli infangati soldati di Frunze assalirono le deboli forze che Wrangel aveva lasciato sulla Penisola Lituana a difesa da un eventuale quanto improbabile attacco anfibio. Quello che i comandanti di entrambe le parti avevano immaginato essere un angolino dimenticato nella battaglia per la Crimea, ne divenne la chiave di volta allorché Kutepov ordinò contrattacchi a sostegno dei difensori della Penisola Lituana proprio mentre la 51a muoveva all’assalto del Vallo Turco. Per tutta la giornata, le sorti della battaglia rimasero incerte, e il destino dei Rossi e dei Bianchi parve ugualmente in bilico. Se l’assalto di Bljücher fosse fallito sarebbe stato facilissimo, per Kutepov, volgersi contro i ridotti reparti rossi che lo minacciavano alle spalle della Penisola Lituana e liquidarli, ora che le acque marine avevano rioccupato il Sivaš e Frunze non poteva né inviar loro rinforzi né richiamarli. D’altro parte, se l’attacco di Bljücher fosse stato coronato da successo, e i Rossi fossero avanzati oltre la Penisola Lituana, il grosso di Kutepov rischiava l’accerchiamento ad opera di un nemico assai più forte. Le sorti della battaglia dipendevano dallo sfondamento del Vallo Turco e dalla capacità delle truppe rosse sulla Penisola Lituana di resistere finché Bljücher ci fosse riuscito.

Dopo aver differito l’assalto per parecchie ore a causa della fitta nebbia, Bljücher aprì il bombardamento d’artiglieria contro il Vallo Turco proprio mentre le unità che avevano superato il Sivaš raggiungevano la Penisola Lituana. Quattro ore più tardi, le sue fanterie vennero avanti. In un primo momento il fuoco d’appoggio, per quanto pesante, non parve sufficiente a ridurre la tempesta di proiettili che artiglierie e mitragliatrici di Kutepov scagliarono addosso agli attaccanti: in alcuni reggimenti di Bljücher, le perdite ammontarono al sessanta per cento degli effettivi, e tre successive ondate di fanteria furono respinte dal fuoco nemico. Solo alle tre e mezza del mattino del 9 novembre, il quarto assalto condotto dalla 51a Divisione ebbe ragione del Vallo. “Fu come se una montagna mi cadesse dalle spalle – confessò poi Frunze. – Con la presa di Perekop scomparve il pericolo che le due divisioni tagliate fuori dalle acque refluenti del Sivaš venissero annientate.”

Il sollievo di Frunze accompagnò l’inizio delle più buie ore di Wrangel, il quale la sera del 9 novembre, alla notizia che il Vallo Turco era caduto, scrisse: “Il generale Kutepov mi riferì che, alla luce degli ultimi sviluppi, vale a dire la penetrazione del nemico nelle nostre posizioni di Perekop e il pericolo di un accerchiamento, aveva impartito l’ordine di ripiegamento sulla seconda linea fortificata… Eravamo sull’orlo del disastro… Erano già stati superati i limiti della capacità dell’esercito di resistere e le fortificazioni non potevano più bloccare il nemico. Erano necessarie urgenti misure per salvare l’esercito e la popolazione civile.” In netto contrasto con la ritirata di Denikin da Novorossijsk dell’anno prima, così malamente condotta, Wrangel, pur sperando nella vittoria, aveva elaborato precisi piani di evacuazione e disponeva pertanto di sufficienti riserve di carbone e nafta per tutte le navi in mano ai Bianchi. A questo punto diede fondo a tutte le sue risorse. “La minima esitazione, il più piccolo errore, potrebbe rovinare tutto”, ammonì. L’11 novembre ordinò che tutte le navi dei Bianchi accostassero alle zone di imbarco precedentemente scelte, vale a dire Evpatorija, Sebastopoli e Jalta, e altre ancora a Feodosija e a Kerč. Poi, mentre Kutepov conduceva azioni di retroguardia per rallentare l’avanzata rossa, Wrangel portò a termine i preparativi. Innanzitutto i malati e i feriti, poi i funzionari governativi, i civili e le forze armate, dovevano essere evacuati prima dell’arrivo dei Rossi. Il giorno dopo Wrangel impartì gli ultimi ordini. Le truppe dovevano rompere il contatto con il nemico e raggiungere i più vicini porti d’imbarco, lasciandosi alle spalle armamenti e materiali pesanti, mentre “tutti coloro che hanno partecipato con l’esercito a questa salita al Calvario – vale a dire i familiari dei soldati e quelli dei funzionari civili, nonché – chiunque altro possa correre pericolo se catturato dal nemico”, doveva avviarsi ai punti d’imbarco con i militari.

L’abilità di cui Wrangel diede prova nel mantenere il controllo di truppe e civili, fu brillantemente comprovata dal fatto che l’evacuazione ebbe luogo con panico e disordine minimi. Nel tardo pomeriggio del 14 novembre, Sebastopoli era ormai vuota e Wrangel, avuta notizia che anche l’evacuazione di Evpatorija era stata portata a termine, salì a bordo dell’incrociatore “Generale Kornilov” che l’avrebbe portato in esilio. A Jalta, la stessa scena si ripeté alle nove del mattino successivo e quello seguente ebbe luogo anche a Feodosija e, di lì a poche ore, a Kerč. Alle sedici del 16 novembre 1920, gli ultimi Bianchi, 145.693 uomini, donne e bambini erano a bordo di 126 navi in rotta verso Costantinopoli.»

Con l’evacuazione della Crimea e la scomparsa dell’ultimo consistente esercito antibolscevico, la sorte della guerra civile era definitivamente segnata. Uno dopo l’altro, l’Armata rossa spense gli ultimi focolai di resistenza nell’immenso territorio russo.

Le bande di Machno vennero spazzate via dall’Ucraina meridionale; l’ataman Petljura, che si era alleato coi Polacchi, vide infranto il suo sogno di una Ucraina occidentale indipendente; Ungern-Sternberg venne sconfitto e fucilato in Mongolia; le Repubbliche caucasiche furono riconquistate (Batum fu presa il 19 marzo 1921); i Giapponesi, preceduti dagli Americani, sgombrarono la Siberia e, nel 1922, la Repubblica dell’Estremo Oriente si sciolse e fu riassorbita dall’Unione delle Repubbliche Socialiste Sovietiche (che assunse tale denominazione nel dicembre 1922, in occasione del X Congresso panrusso dei Soviet).

Prima ancora della sconfitta finale di Wrangel, anche la regione russa settentrionale di Arcangelo e Murmansk era stata evacuata dagli Inglesi che avevano puntato sul generale Miller, ma la cui posizione era divenuta insostenibile dopo la sconfitta di Kolčak. Infine, nell’Asia centrale, venne infranto il sogno di Enver pascià, ex membro del triumvirato dei “Giovani Turchi” che aveva governato l’Impero ottomano durante la prima guerra mondiale (e che aveva personalmente deciso il genocidio degli Armeni nel 1915-16), di creare un vasto dominio delle genti turaniche e turche fra il Turkestan cinese e il bacino del Mar Caspio.

Così, con la sola eccezione della Finlandia e delle tre piccole Repubbliche baltiche (Estonia, Lettonia e Lituania), destinate a una effimera indipendenza sino allo scoppio della seconda guerra mondiale; e con la perdita, altrettanto temporanea, di alcune regioni di confine a favore della Polonia e della Romania, l’Unione Sovietica ritornò in possesso, entro la fine del 1922, di tutti i territori che avevano fatto parte del vecchio Impero zarista. Del quale ereditò automaticamente anche la politica espansionista, sia verso l’Europa che verso l’Asia; ma, questa volta, non sotto l’influsso della ideologia panslavista, bensì all’ombra della bandiera rossa e del credo internazionalista di Marx e Lenin.

samedi, 12 juillet 2014

Crimea, China and Alternative Trade Routes

Author: Konstantin Penzev

Crimea, China and Alternative Trade Routes                  

Ex: http://journal-neo.org/

The fact that China needs not only to diversify routes and sources of energy, but it is also not a secret they need to diversify alternative routes for finished products. What is the problem here? There are long-established and equipped sea routes connecting the coast of China through the Malakssky Strait, the Indian Ocean, the Strait of Suez, the Mediterranean Sea, and the Strait of Gibraltar and finally on to Europe, one of China’s main trading partners. This is exactly how trading with China occurs, for example, Germany, through the port of Hamburg. The latter is one of the largest ports in the world and second in Europe by cargo.

As for the route from the Mediterranean to the Black Sea, it passes through the Bosporus and Dardanelles straits and closes at the largest cargo port, Odessa, Ukraine, Hence, here quite a trivial question arises: why President Yanukovych need to fly in December of last year to Beijing in order to negotiate with the Chinese on the construction (the latter acted as an investor) of a deep sea port in the Crimea, which at the time was still a part of Ukraine?

On December 5 of last year Ukraine’s previous government signed in Beijing a memorandum between the companies, Kievgidroinvest and BICIM (PRC). Then on December 18, President Yanukovych wanted to go to Moscow, but the visit was interrupted due to the growing unrest in Kiev at the “Maidan,” which had at that time had no orange color, but rather was a distinct brown with a Russophobe smell to it.

Then the rather infamous events occurred, namely a coup, the illegal seizure of power in Kiev by the fascist thugs and incitement to civil war in the east. And while the terrorists were raging in Kiev terrorists jumping incessantly to prove their racial purity, the Crimean republic quietly separated from Ukraine, declared its independence and was reunited with Russia.

Thus, the question of building a deep-water port in Crimea by China has been for a while up in air due to change of ownership and problems at the newly opened, since 1945, “Eastern Front”.

Nevertheless, this does not remove the one question: why would China want to trade through the Crimea, if the same thing can be done via the port of Odessa? An explanation from Ukrainian media, (questionable source of information) at the time it was believed that Chinese merchant ships would unload in Crimea Chinese goods and would then be loaded with Ukrainian grain. And what prevented Ukraine from doing the very same, for example in Odessa, was never explained. Then, as it turned out, they perceived that Ukraine was an ancient part of the Great Silk Road and decided today to restore their “historical significance”. There is a drop of truth in that, but in times of Mongol khanates and its control of the Silk Road, Ukraine did not exist, but Crimea really was one of the marine terminals of the Silk Road. The northern route of the Silk Road went from Central Asia (Samarkand, etc.), skirting the Caspian Sea, passing through Malii Sarai heading in the direction of the Crimea. Here goods on the coast were accepted by Genoese merchants (from which they amassed huge fortunes by trade with the Hordes) and transported it to the European markets.

On June 19 of this year, Kommersant FM informed the public that a Chinese company, China Communications Construction Company, will build a bridge between Kerch on the Crimean peninsula and Taman in the Krasnodar region. An investor is willing to carry out calculations in rubles and make long-term commitments.

This issue was discussed during the recent visit of Vladimir Putin in Shanghai, this time it was mentioned by the head of Avtodor, Sergei Kelbakh. According to him, Chinese engineers have already visited Kerch, and on June 18, CCC-Company submitted a proposal of the Russian delegation headed by the Minister of Transport, Maxim Sokolov. The Chinese investor proposed two options for the project, a combined road/railway bridge or a tunnel.

It is expected that the Crimean side will be built a 17 km railway and about a 10 km road; next to Taman a 40 km long road and rail system will be built. According to the correspondent of Kommersant FM, Yana Lubnina, a bridge across the Kerch Strait proved to be one of the key themes discussed in Shanghai. Obviously, it will connect the future deep-sea port in the Crimea through Krasnodar with the Trans-Siberian railway. Next there are two options: branch to China through Kazakhstan (member of the Customs Union) and a route along the Mongolian border up ending in Vladivostok.

In Shanghai, as we know, a number of decisions relating to increasing the capacity along rail and road routes of China-Russia. Russian Railways and China Railway Corporation have agreed to develop infrastructure on rail and road traffic. The companies plan to develop the appropriate infrastructure at border crossings and the approaches to them to increase the capacity of railways, as well as increasing the volume of international traffic between countries and in transit through their territories.

From the 18th of June to the 20th, Sochi hosted the International Forum “Strategic Partnership1520”. The forum program was formed around the thesis of the need for market development based on a balance of interests between countries forming the perimeter of the East-West corridor and the three main pillars of the railway industry: transportation, infrastructure and rolling stock.

The agenda of the plenary discussion included the problems of the development of international transport corridors of the EU-1520- Asia-Pacific Region. The railway project developments that were discussed included Vienna – Bratislava – Kosice – Kiev – Moscow – Komsomolsk-on-Amur – Nysh – Yuzhno-Sakhalinsk – Cape Crillon – Wakkanai (Japan); Rotterdam – Moscow – Kazan – Novosibirsk – Krasnoyarsk – Irkutsk – Khabarovsk – Vladivostok – Busan (Republic of Korea).

So, the main problem for today’s industrial leader of humanity, i.e. China, as was already mentioned, is to diversify energy supply routes as well as trade routes for the delivery of finished products. Alas, the policy of the United States, controlling the main maritime trade routes and straits, is now increasingly anti-Chinese and less adequate.

Diversification of energy supplies to China in many ways is close to a resolution, as evidenced by the number of agreements in the field of oil and gas that were concluded during Putin’s visit to Shanghai. As for diversification of trade routes, there are two options in consideration today, the Northern Sea Route and road and rail routes based on the capabilities of the Trans-Siberian Railway.

Under these conditions, namely the construction of a deep-water port in the Crimea, the Trans-Siberian project is included as part of the development.

Constantine Penzev is a writer and historian and a columnist for the online magazine “New Eastern Outlook”.

dimanche, 01 juin 2014

Eclairages de Bruno Drweski sur la situation en Ukraine

Eclairages de Bruno Drweski sur la situation en Ukraine

Ex: http://www.cercledesvolontaires.fr

Le Cercle des Volontaires a sollicité les éclairages de Bruno Drweski sur la situation ukrainienne. Maître de conférence à l’Institut National des Langues et Civilisation Orientales, ce spécialiste de l’Europe de l’Est nous éclaire sur les événements des dernières semaines, du coup de force du 22 février au massacre d’Odessa du 2 mai.

C’est également l’occasion de revenir avec lui sur le traitement de l’information par les grands médias. Son analyse est sans appel : en une vingtaine d’années, l’objectivité a changé de camp ! Loin d’être totalement impartiale, l’information russe est aujourd’hui plus crédible que la presse occidentale.

 

Et selon lui,  cette dernière n’est pas la seule victime de la mainmise des néoconservateurs sur le monde occidental, la crise ukrainienne marquant une étape dans le processus de déconstruction du droit international.

 

Propos recueillis par Jérôme Pasdelou et Baptiste

mercredi, 28 mai 2014

La Russie de Poutine: L'Ukraine et le nationalisme russe

Alexandre Latsa:

La Russie de Poutine : L'Ukraine et le nationalisme russe (Partie 1)

 

La Russie de Poutine : L'Ukraine et le nationalisme russe (Partie 2)

lundi, 12 mai 2014

L’UKRAINE ENTRE VIOLENCES, GUERRE SECRÈTE ET GUERRE MÉDIATIQUE

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L’UKRAINE ENTRE VIOLENCES, GUERRE SECRÈTE ET GUERRE MÉDIATIQUE

La servitude de l’Europe en marche


Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Comment rester critique en politique internationale ? En multipliant les regards et les points de vue. Sur les analyses de l'affaire ukrainienne, un partage s'est fait entre les pro-Otan qui auraient forcément raison et les pro-russes qui seraient du côté de l'obscurantisme. Et chacun ensuite de se renvoyer la balle à coup de néo-nazis interposés. Mais qu'en est-il de l'affaire ukrainienne à l'intérieur des Etats-Unis ? On en parle peu mais le Président Obama est attaqué de toutes parts par les Républicains. Les invectives républicaines contre le Président sont, ces derniers jours, particulièrement féroces, cherchant à le pousser à la « faute » : l'intervention militaire. Les Républicains lui reprochent d'être faible dans sa gestion de la crise. On lui reproche de ne pas dégainer et lancer les missiles ! Or, Barak Obama, qui vient de faire un véritable show médiatique au traditionnel dîner des correspondants de Presse fait exactement ce que tout responsable américain aurait fait. Souvenons-nous : en 2008, lorsque les forces russes ont «envahi » l'ancienne république soviétique de Géorgie, le président George W. Bush, pourtant loin d'être un Républicain modéré, avait réagi avec pratiquement les mêmes mots et les mêmes actions que l'Obama d'aujourd'hui. Il n'avait pas bougé. C'est aujourd'hui l'ancien candidat mormon à la Présidence, Mitt Romney qui est aux Etats-Unis parmi les plus va t'en guerre. Il a accusé violemment le Président américain de « n'être qu'un naïf », de « manquer de jugement et de prévoyance ». Il lui reproche de ne pas avoir arrêté le Président russe lors du référendum de Crimée. « Il n'y a pas de doute que la naïveté du Président en ce qui concerne la Russie, et son mauvais jugement sur les intentions et les objectifs de la Russie, a conduit à un certain nombre de défis en matière de politique étrangère auxquels nous sommes confrontés » (Déclaration de l'ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney sur CBS dans la célèbre, Face the Nation). Comment se défendent sur les plateaux de télévision les Démocrates ? Durbin, numéro deux du Parti et sénateur de l'Illinois a rétorqué que croire que « des sanctions vont arrêter un ancien colonel du KGB est justement naïf. Ce que le Président a fait, c'est d'abord essayer de négocier, essayer d'arrêter le référendum en Crimée », saluant au passage les efforts diplomatiques du secrétaire d'Etat, John Kerry et de la chancelière allemande, Angela Merkel.


Barak Obama est-il poussé à l'intervention militaire en Ukraine ?


Les Allemands le freinent. Mais en fait, pour les Républicains américains, l'Ukraine n'est qu'une occasion de politique intérieure, en pleine année d'élection au Congrès, pour réanimer la base politique du parti dans un anti-obamisme primaire et rêver ainsi de faire sauter la Maison Blanche car les Républicains ont perdu toute crédibilité dans l'électorat blanc après avoir baissé totalement la garde sur la question de l'immigration intérieure latino. En Ukraine, Barak Obama, de toutes évidences, écarte l'option militaire directe.

De fait, c'est à notre tour de ne pas être naïf ! Aujourd'hui, pour les Etats-Unis, il y a bien d'autres moyens de faire la guerre, grâce en particulier à l'externalisation privée du combat ou aux alliés dociles. (Libye, Syrie, Mali, RCA, Afghanistan). Les compagnies américaines de sécurité sont d'ailleurs déjà disposées en Pologne et en Ukraine. Toute l'oligarchie politique le sait à Washington. Le sénateur McCain feint de l'ignorer. Or John McCain et tous les Républicains feraient exactement ce que Barak Obama est en train de faire en Ukraine. Parce que ce sont les compagnies pétrolières qui financent les campagnes présidentielles américaines et que celles-ci sont liées par des milliards de dollars aux affaires de la Russie. 

Aux Etats-Unis comme en France, la diabolisation de Poutine fonctionne à plein régime comme avait bien fonctionné  tout le discours de l'OTAN pendant la guerre froide sur la menace toujours contrôlée des armes nucléaires. Bref, un beau leurre populiste ! Poutine sait, comme tous les généraux de l'Otan, que le conflit restera régional et conduira à la partition inéluctable.


Barak Obama ne veut pas de cette guerre car aujourd'hui, pour les Etats-Unis, l'Europe n'est plus leur guerre ou du moins, il ne s'agit plus de faire la guerre en Europe mais simplement de contrôler l'Europe. Comment ? En l'appauvrissant et en la soumettant économiquement. Et, pour cela, l'Union Européenne et le futur traité Transatlantique suffisent. Il s'agit d'étrangler économiquement l'Europe en douceur pour déplacer les pions militaires sur le nouvel enjeu : le pivot pacifique.Pour les Etats-Unis, l'Ukraine n'est qu'un fâcheux incident international, mal calculé par les services secrets, suite à la fenêtre de tir de Sotchi. Le renversement du régime ukrainien a tardé de quelques semaines, trop pour permettre à Poutine dont les forces de sécurité étaient alors mobilisées pour les Jeux Olympiques de pouvoir les ramener à Kiev. Mais, la Russie en soi n'est pas une réelle menace et la partition de l'Ukraine suffira à la contenir. Les ONG américaines et les milices ont fait le sale boulot, renverser un gouvernement élu dans un timing qui n'a pas été respecté. Des dérapages s'en sont suivis. 

La deuxième phase du plan Ukraine consiste à casser le lien économique entre l'Eurasie et l'Union européenne c'est-à-dire à déplacer l'économie européenne à l'Ouest, vers l'Atlantique afin de tuer dans l'œuf tout rival eurasien. C'était en réalité le principal objectif de l'opération NSA en Ukraine : relancer les fascismes locaux afin de couper les liens entre l'Eurasie et l'Europe. Il y avait déjà, fin décembre, 400 membres de la CIA répertoriés en Ukraine. De fait, on ne déploie jamais autant d'agents pour envoyer des troupes. Une guerre au sol en Ukraine n'était pas au départ dans les plans américains et un conflit régional ne peut affecter en aucun cas la sécurité de l'Amérique. Dès lors, Poutine a agi de la seule manière qu'il soit pour se protéger d'un voisin devenu encombrant. Pourtant les États-Unis et l'Union européenne ont jugé bon de renverser un gouvernement de façon non démocratique. Des deux côtés, le bourrage de crâne fonctionne. Ce n'est donc pas pour rien qu'on célèbre cette année le centenaire de 14 ! 

L'Ukraine ne peut-elle être un peuple et une nation légitime ? 


Toutes ces positions sont tordues. Les deux travaillent à laver le cerveau des peuples européens. Dans le conflit de 2008 en Géorgie, une enquête suisse indépendante et un rapport de Human Rights Watch avait révélé qu'il s'agissait en fait d'un acte d'agression des Géorgiens sur les Ossètes du Sud et que la guerre fut ensuite essentiellement médiatique. La preuve : on y dépêcha l'idiot utile, Nicolas Sarkozy. 


L'opinion française ne fait ainsi que répéter les dires de CNN, de la BBC, de SkyNews où de la Fox. C'est cette hypocrisie flagrante des opinions publiques européennes qui, en définitive, irrite le plus dans toute cette histoire, avec l'hypocrisie du droit et de la bonne foi morale portée en bannière.

vendredi, 09 mai 2014

Le mur de Bruxelles, tentative de L’OTAN de séparer la Russie de l’Europe

Crédit photo : Xavier Moreau

Crédit photo : Xavier Moreau

Le mur de Bruxelles, tentative de L’OTAN de séparer la Russie de l’Europe

Par La Voix de la Russie - http://french.ruvr.ru

Alors que les évènements en Ukraine semblent traduire une dégradation de la situation globale du pays, la Voix de la Russie a souhaité recueillir l’opinion de Xavier Moreau, qui suit de très près les évènements en Ukraine.

La Voix de la Russie : Xavier Moreau bonjour, pourriez-vous vous présenter ?

Xavier Moreau : Je suis un homme d’affaires français, installé en Russie depuis 14 ans, je dirige un cabinet de conseil.

LVdlR : Vous suivez de très près l’évolution de la situation en Ukraine et avez écrit15 articles à ce sujet depuis le début de l’année 2014, quel regard portez-vous sur l’involution forte de la situation sur les 3 derniers mois ?

Xavier Moreau : Nous assistons à la tentative par les Etats-Unis de transformer sa défaite humiliante en Ukraine en une victoire géopolitique globale en Europe. Il s’agit pour l’OTAN de soutenir une guerre civile durable en Ukraine et de séparer la Russie du reste de l’Europe, au moins économiquement. C’est ce que le géopoliticien Aymeric Chauprade appelle l’édification du mur de Bruxelles.

LVdlR : On parle beaucoup de sanctions ces temps-ci. Certains Etats y sont plutôt favorables et certains plutôt défavorables. Vous avez écrit que concernant la France, le complexe militaro-industriel avait beaucoup à perdre et que de toute façon la Russie se préparait à la guerre économique. En tant qu’entrepreneur français en Russie mais également analyste, quels conseils donneriez-vous à la diplomatie française sur le dossier ukrainien ?

Xavier Moreau : La diplomatie française doit remplacer les lobbies idéologiques qui dominent actuellement dans sa diplomatie, par un lobby industriel, bancaire et commercial. Le lobby atlantiste qui domine sacrifiera sans aucun scrupule les intérêts de la France à ceux des Etats-Unis.

LVdlR : La France semble parler de deux voix différentes, selon que l’on écoute la fréquence Fabius ou la fréquence Chevènement. Dans le même temps une certaine cacophonie a régné autour des Mistral et on voit bien qu’au sein des partis, à droite comme à gauche, des lignes de fractures existent. Comment expliquez-vous cette totale absence d’unité politique et diplomatique française ?

Xavier Moreau : Je pense que la classe politique française est majoritairement favorable à une politique d’entente réaliste avec la Russie et n’est pas dupe du jeu de Washington. La voix à suivre est celle de Jean-Pierre Chevènement. Concernant Laurent Fabius, je serai plus nuancé. Son fameux message sur les Mistral était avant tout dirigé vers Londres. En conditionnant la suspension de la livraison des Mistral au gel des avoirs russes en Angleterre, il rendait la chose tout simplement impossible. La presse française a consciemment manipulé ses propos et malheureusement, la presse russe l’a recopiée.

Il ne faut pas non plus sous-estimer la peur que suscitent désormais les Etats-Unis pour les pays européens, qui faute de soutenir Washington dans ses aventures militaires, risquent de voir le Département d’Etat américain soutenir les groupuscules radicaux islamistes ou fascistes sur leur propre territoire. Ce doit être d’ailleurs une préoccupation majeure dans la perspective d’une sortie de l’UE ou de l’OTAN. Les Etats-Unis ont prouvé en Syrie ou en Ukraine, qu’ils étaient prêts à s’allier avec le diable, plutôt que de renoncer.

LVdlR : Vous semblez penser qu’une rupture s’établirait entre une Europe réticente aux sanctions et une Amérique plus belliqueuse. Les raisons économiques sont-elles d’après vous les uniques raisons de cette différenciation ?

Xavier Moreau : Les Etats-Unis ont tout à gagner d’une rupture économique entre la Russie et le reste de l’Europe, alors qu’une intégration de la Russie dans une nouvelle structure économique européenne diminuera considérablement son influence.

L’aspect civilisationnel est également très important mais ne concerne pas toute l’Europe. L’Europe du Nord de tradition protestante a accueilli le modèle sociétal américain comme le sien et sans heurts, tandis que l’Europe de tradition orthodoxe ou catholique le rejette farouchement. Dans un pays laïc comme la France, le gouvernement actuel a dû faire marche arrière sur la GPA/PMA sous la pression populaire. La politique familiale de l’Espagne, de la Croatie ou de la Hongrie est bien plus proche de celle de Moscou que de Washington.

LVdlR : Peut-on imaginer que la crise ukrainienne contribue à l’affaiblissement de l’UE puisque celle-ci n’arrive pas à parler d’une voix unie ou qu’au contraire l’UE ne sorte renforcée malgré elle de par justement son refus d’obéir aux injonctions américaines ?

Xavier Moreau : L’UE est prête à suivre les Etats-Unis sur toute leur ligne antirusse. Ce sont les nations qui résistent, car les gouvernements européens auront des comptes à rendre aux milliers de chômeurs provoqués par les sanctions contre la Russie. Les élections au Parlement européen auront une importance cruciale. Si les souverainistes l’emportent, l’alignement de l’UE sur les Etats-Unis sera contesté. Si les députés pro-américains sont mis en minorité, une paix à court terme en Ukraine est tout à fait envisageable.

LVdlR : Vous pointez du doigt l’utilisation active des radicaux proches de Pravy Sektor et Svoboda par des puissances étrangères, notamment l’Amérique. Vous comparez du reste ces radicaux avec les islamistes de Syrie qui y jouent le même rôle d’agents déstabilisateurs. Pourquoi pensez-vous que l’Amérique souhaite à ce point déstabiliser l’Ukraine ?

Xavier Moreau : Les Etats-Unis avaient besoin de faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN, pour liquider le « problème européen » et concentrer leurs forces vers l’Asie, contre la Chine essentiellement. La réunification de la Crimée à la Russie est une véritable catastrophe pour Washington. Les Etats-Unis ont besoin d’une Ukraine unifiée sous la botte de Svoboda, car ils sont conscients que l’Ukraine ne peut survivre sans le poumon industriel de l’Est. Ils savent que le suffrage universel aboutira à la défaite de Svoboda, aussi préfèrent-ils un scénario de guerre civile qui justifie un état d’urgence et donc le maintien de leurs alliés néonazis au pouvoir. Washington tente de faire subir à l’Ukraine le même sort qu’à la Yougoslavie, sans se rendre compte que les situations intérieure et extérieure sont très différentes et que le contrôle total des opinions publiques européennes est devenu impossible à cause d’internet.

LVdlR : Le terrible massacre d’Odessa a vu la mort de 42 personnes. Dans votre dernier article, vous relevez les déclarations incroyables de ministre de Svoboda se félicitant de ces évènements, des membres de Pravy Sektor se filmant goguenards sur les cadavres calcinés ou ce radical ouvrant le feu sur les civils tentant d’échapper aux flammes. On sait aussi désormais que ceux qui ont pu échapper à l’incendie meurtrier se sont fait molester violemment par ces mêmes radicaux. Pourquoi d’après vous les médias français se sont-ils totalement abstenus de mentionner des éléments aussi graves ? Pensez-vous que la couverture médiatique occidentale et française des évènements en Ukraine soit objective ?

Xavier Moreau : La couverture par les médias français de la crise ukrainienne est aussi mensongère que le fut celle de la crise yougoslave. C’est internet qui change totalement la donne et qui finit par mettre la pression sur les médias traditionnels. Au bout d’un mois et demi, BFMTV et Marianne ont fini par reprendre les informations sur les snipers de Maïdan. Jusque-là, seuls les sites internet d’analyse et d’information en avaient parlé. C’est finalement la publication sur le site lescrises.fr d’une émission allemande sur la question qui a forcé une petite partie des médias français à en parler. Les journalistes français sont coincés entre la pression de leur rédaction et celle d’internet. Mentir ne leur a jamais posé de problème du point de vue moral, mais internet a étalé leur malhonnêteté sur la place publique. Cela sied mal à une corporation convaincue de sa prééminence morale.

LVdlR : Dans votre épisode 1 vous concluez de façon extrêmement pessimiste sur l’avenir de l’Ukraine. Pensez-vous que l’Ukraine continuera à exister comme nation ?

Xavier Moreau : Au risque de vous choquer, je pense que le moyen de maintenir une Ukraine viable est de la protéger de la Galicie, qui historiquement n’en a jamais vraiment fait partie. La population de Galicie hait profondément tout ce qui n’est pas elle, non seulement les Russes, mais les Ukrainiens russophones et même les Polonais. Les Etats-Unis se sont appuyés sur la Galicie car ils avaient besoin de cette haine pour transformer l’Ukraine, terre russe par excellence, en un pays ennemi de la Russie. L’Ukraine ne peut survivre que dans le cadre d’une fédéralisation très poussée où la Galicie ne pourra plus exporter sa haine vers le reste de l’Ukraine.

LVdlR : Depuis quelques jours, les populations de l’Est de l’Ukraine se révoltent contre le nouveau pouvoir central et des combats ont lieu autour de certaines villes. Quelle devrait être selon vous la prochaine étape ?

Xavier Moreau : La junte de Kiev est limitée dans ses moyens, comme nous venons de le voir à Kramatorsk. C’est une chose de faire rentrer de BTR dans la ville, de tirer plus ou moins au hasard. C’en est une autre que de tenir une ville totalement hostile, surtout une fois la nuit tombée. Les blindés sont d’ailleurs repartis avant la tombée de la nuit. Les milices d’auto-défense connaissent les règles de base de la guérilla et ne vont pas s’opposer aux blindés dans un combat frontal.

Il est en revanche probable que la junte s’attaque à de petits villages de quelques centaines d’habitants, en y menant une campagne de terreur et de terre brûlée pour faire intervenir la Russie. N’oublions pas que c’est Washington qui dirige les opérations et que c’est aujourd’hui son objectif principal.

LVdlR : comment expliquez-vous le positionnement politique des partis français vis-à-vis des forces néonazies partageant le pouvoir en Ukraine ?

Xavier Moreau : Je pense que le positionnement des politiques français vis-à-vis du fascisme est le même qu’en 1940. Une partie de la gauche le combat au nom de valeurs humanistes à la Malraux, c’est le cas notamment de Jean-Luc Mélenchon ou de Jean-Pierre Chevènement. Une partie de la droite, Front National en tête, y voit une métastase de l’envahisseur nazi et le rejette dans un patriotisme sans compromission à la d’Estienne d’Orves, c’est le cas notamment d’Aymeric Chauprade.

Enfin, on trouve une majorité d’attentistes qui se répartissent à la fois à droite et à gauche, qui pour différentes raisons, par lâcheté ou par idéologie « souhaitent la victoire de l’OTAN et de l’UE », comme Laval souhaitait la victoire de l’Allemagne. Ils refusent de voir la réalité de la junte ukrainienne et partagent l’acharnement de Washington contre la Russie. Bruno Lemaire est sans doute celui qui incarne le mieux cet aveuglement idéologique. Il ne s’agit pas bien entendu, de faire un parallèle, même lointain, entre les idéologies nazie et atlantiste, mais de donner des clés de compréhension de cette étrange bienveillance de la majorité de la classe politique envers un mouvement néonazi.

LVdlR : merci Xavier Moreau, les lecteurs souhaitant en savoir plus peuvent consulter vos articles sur le site de Realpolitik-TV.


Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_05_05/Le-mur-de-Bruxelles-tentative-de-L-OTAN-de-separer-la-Russie-de-l-Europe-8190/

vendredi, 02 mai 2014

Russie et liberté d’expression: rétablir la vérité

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Russie et liberté d’expression: rétablir la vérité

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Dans les médias français et occidentaux, à l’occasion de la crise ukrainienne, on a tendance à présenter la Russie sous la présidence de M. Poutine comme un pays qui brime la liberté d’expression et d’information…bien plus que sous le régime soviétique ! Un article de M. Pierre Avril (Le Figaro, 23/04) nous explique, en reprenant ces arguments, que le pouvoir russe use d’ « intimidation, de censure et de propagande [...] pire encore qu’à l’époque soviétique ». Ce genre de propos relève de la désinformation pure et simple et…de la propagande. 

Voici quels sont les trois arguments avancés : 1) la presse et les médias d’opposition au Kremlin sont intimidés, menacés, voire interdits. 2) La télévision russe est aux ordres des réseaux de M. Poutine. 3) La censure est la règle en Russie. 

L’article de M. Avril est, du point de vue de la logique, contradictoire. Il nous présente les journalistes d’opposition comme des victimes qui sont menacées dès qu’elles s’expriment. Néanmoins, elles s’expriment largement dans les colonnes de tous les médias occidentaux qui ont libre accès en Russie. Cherchez l’erreur. 

À Moscou, l’accès à toutes les chaînes de TV occidentales et à tous les sites Internet mondiaux est garanti. En Chine et dans la plupart des pays arabo-musulmans, voire sud-américains, asiatiques, africains, ce n’est pas le cas. Pourquoi n’en parle-t-on pas ?

N’importe qui en Russie peut avoir accès à des sites Internet en désaccord avec le pouvoir et lire dans les journaux des articles d’opposants. Les journalistes français et occidentaux ne font pas leur métier d’information objective sur la situation en Russie. Ils désinforment, par un mélange redoutable de paresse et de conformisme.

On apprend d’autre part que le gouvernement autoproclamé de Kiev interdit la diffusion des chaines télévisées russe regardées par une grande partie de la population. Bravo ! Liberté d’expression ? De même, ce ”gouvernement” a totalement exclu un référendum d’autodétermination dans les provinces russophones. Démocratie ? 

Cette russophobie, qui est l’explication de cette désinformation sur la liberté d’expression en Russie, n’est pas à l’honneur des journalistes français et occidentaux. Leur prétendue ”objectivité” oublie une chose : tout ce qui est en France ”politiquement incorrect” est exclu des grands médias et peut être poursuivi par les tribunaux (j’en sais quelque chose…). Seule la critique des gouvernants est tolérée parce que le personnel politique français n’a aucun pouvoir réel et que tout repose sur l’idéologie. On peut taper sur M. Hollande tant qu’on veut, puisqu’il ne possède pas la potestas – c’est-à-dire  la faculté de diriger – mais pas sur l’idéologie dominante.

Accuser le pouvoir russe d’atteinte à la liberté d’expression n’est pas pertinent  de la part de journalistes français hypocrites qui s’autocensurent,  ou qui sont licenciés dès qu’ils s’écartent de ce ”politiquement correct”. D’autre part, les médias russes, notamment audiovisuels, reflètent l’opinion de la majorité de la population, sa sensibilité ; ce qui n’est pas le cas des chaines de France Télévision et des radios publiques qui, non seulement sont autant contrôlées par le gouvernement que les médias russes par le Kremlin, mais qui, en plus, distillent une idéologie de propagande qui est rejetée par 80% des Français (ce qui n’est pas le cas en Russie). Sans parler de cette extraordinaire invention française, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), cas d’école du soft-totalitarisme, qui devrait s’appeler Comité de censure audiovisuelle. Les grands médias audiovisuels et écrits français, même privés, ne tolèrent pas le ”politiquement incorrect”, c’est-à-dire la dissidence idéologique. Cette dernière est reléguée dans les médias secondaires.         

Quelle hypocrisie ! Les belles âmes se ridiculisent en donnant des leçons à la Russie, où les médias d’opposition sont en réalité bien plus libres qu’en Chine, dans le Maghreb, dans le Golfe persique ou dans tous ces pays autocratiques que courtisent le gouvernement et l’oligarchie françaises. La presse russe est très diverse, comme l’Internet russe. On peut critiquer M. Poutine sans risquer le goulag – qui n’existe pas, par ailleurs.

En revanche, écrire, comme le fait l’intellectuel russophobe Bruno Tertrais «  M. Poutine incarne un pouvoir autoritaire, brutal, raciste, corrompu, aux antipodes des valeurs chrétiennes qu’il dit représenter. Mégalomane, manipulateur formé à l’école du KGB, il est imprévisible et dangereux » (1) relève de l’incantation injurieuse, de la désinformation et de l’excès. Ce genre de position (M. Poutine serait donc un mélange de Staline et de Hitler, si l’on comprend bien) déconsidère ceux qui les formulent. Bien sûr, le pouvoir russe exerce un contrôle sur les médias, exactement comme en France. Mais de là à présenter la Russie d’aujourd’hui comme la photocopie de l’URSS de Staline, n’est pas sérieux… J’ai souvent lu dans des journaux russes traduits en français et en anglais des critiques sans concession du pouvoir actuel au Kremlin. Les journalistes sont toujours en vie et dînent dans les bons restaurants de Moscou.

D’autre part, concernant la crise ukrainienne, qui nous ramène cent ans en arrière, il faut comprendre que, pour les Russes, l’Ukraine est intouchable. Elle est l’élément central de leur sphère d’influence. Essayer de la faire entrer à terme dans l’Union européenne, la courtiser pour la détacher de la Russie en agitant les populations non russophones (comme l’Occident le fait depuis longtemps), en soutenant les milieux antirusses, c’est provoquer sciemment et stupidement la Russie, et jouer avec le feu. Déjà, en 1999, la Serbie et, avec elle, la Russie son protecteur, avaient été humiliées par l ‘amputation du Kossovo opérée de force par les Occidentaux sans souci du droit international.

Comme dans tout conflit, personne n’a tort ni raison à 100%. Bien sûr que de grands médias russes présentent les choses à leur avantage, mais les médias du camp opposé font exactement pareil. Bien sûr que les Russes aident les milices russophones et les ”séparatistes”, tout comme les Occidentaux soutiennent à fond le pouvoir de Kiev (non élu). Quant à ce dernier, on a vraiment l’impression qu’il cherche l’affrontement avec la Russie, de manière totalement irresponsable et contre l’intérêt de tous ses concitoyens.

 

1. In Le Figaro, 25 /04. Article La rupture ukrainienne. M. B. Tertrais se dit ”politologue”, comme d’autres se disent voyant ou guérisseur. Il est ”maître de recherche”  à la Fondation pour la recherche stratégique, un organisme qu’on peut soupçonner de ne pas être totalement indépendant… 

jeudi, 01 mai 2014

The Crimea and the Eurasianist idea as resistance geopolitics

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The Crimea and the Eurasianist idea as resistance geopolitics

 
Ex; http://www.geopolitica.ru
 
Professor Bruno De Cordier from the Department of Conflict and Development Studies of Gent University examines the perception and realities behind an aspired ‘great space’.
 
“I know one thing and I’ll tell you: if Russia survives this period and is eventually saved, it will be as a Eurasian entity and through the Eurasianist idea”, said the Russian ethnographer, historian and geographer Lev Gumilyev in an interview which he gave shortly after the demise of the USSR and briefly before passing away himself in the summer months of 1992.  Back then, it were dire years of decay, unraveling and loss of self-esteem in Russia and the rest of the enormous space that used to be the USSR shortly before. Even the existence of the Russian Federation, the USSR’s core entity, had become uncertain with the rise of separatism in the North Caucasian republics of Dagestan and Chechnya and with the rise of local and provincial potentates on which Yeltsin’s Kremlin hardly had any real influence left. So now, Crimea is set to join Russia. How things can turn.
 
The 1990s trauma
 
I have been thinking often of Gumilyev and his Eurasianist idea lately, for it indeed explains quite a lot of what had been going on. In brief, it states that the old USSR and the tsarist imperial space that preceded it are essentially grafted in an old cultural sphere in which Slavic and Turkic cultures, Orthodox Christianity, and Sunni and Shi’ite Islam have been cohabiting and interacting for centuries. The core of this sphere, of this ‘great space’ as the Russian political scientist Alexander Dugin calls it, is Russia which, indeed, geographically spreads out over the European and Asian continents and has, through the adoption of Byzantine Christianity in the 980s – after contact first established with Greek bishops on the Crimea by the way – and its incorporation in the system of the Khanate of the Golden Horde (1240-1502), is anchored in the Orient as well as in the West. The whole notion that Russia thus forms a separate sphere around which crystalizes a greater Eurasia, seems also to be present and well alive at the grassroots up to this day.
 
In a survey conducted among the Russian population in spring 2007 for example, the thesis that Russia is a Eurasian entity in its own right with its own societal and developmental ways, was agreed upon by almost three-quarters of the respondents.[1] Of course, it is more an indicator yet it’s also reflecting a reality. In a similar but much more recent survey last year about the question how Russia will look like in fifty years’ time, the largest share of respondents after the ‘don’t-know/no-answer’ category answered, that its technology and sciences will be quite similar to that of the West but that Russian society and culture will be entirely different from it.[2] Furthermore, as another survey conducted last fall learns, the share of those in Russia who regret the demise of the USSR is high: 57 percent, understandably higher among age categories with active memories of that period (which involves still a fair share of people of active age), yet still amounting to up to one-third among the categories of respondents who were not yet born in 1991 or who were too young to have active memories.[3]
 
The impact of what we could call the ‘1990s trauma’ caused by the dire years following the unraveling and eventually demise of the USSR should really not be underestimated. In a matter of a couple of years, a decent human capital, a high level of social safety, and a fair level of social infrastructure were squandered and destroyed to make way for a particularly rapacious form of capitalism – dubbed ‘market reforms’ by foreign consultants and scores of profiteers – an acute identity crisis, a dramatic demographic downturn and general degradation and loss of status. The mid-nineties were actually the period when I started to work in Eurasia. Back then, I understood already that all this was going to backlash one day. And indeed it did. Since the beginning of this century, not a small part of public opinion and opinion makers and officials blames an abstract ‘West’  – where certainly the US is being increasingly negatively perceived[4] – and, especially, local and regional liberals in Eurasia itself.
 
Economic great space
 
So, what are the different fibers still connecting Russia with its wider historical sphere, and with the rest of the region formerly known as the USSR, in particular? Let us first take a look at the economic substructure, starting with foreign trade. Officially, in the year 2013, almost 21 percent of Russia’s overall foreign trade was with other former states of the USSR, without the three Baltic countries. Some three-quarters of its trade within Eurasia was, in that particular order, with Ukraine, Belarus and Kazakhstan. The latter two are also part of both the customs’ union and the Eurasian Economic Community which are being led and promoted by Moscow. Attempts to also integrate Ukraine in these structures actually sparked the protest movement in Kiev last year. Furthermore, more than 50 percent of Russia’s external commerce takes place with the EU, almost 10 percent with China and some 3 percent with the US. Russia’s external trade pattern is thus primarily oriented towards the EU, which also implicates something else by the way: that economies and corporations from the EU need the Eastern European market.
 
Hence economic sanctions against Moscow will first of all affect an EU which has primarily acted as an extension and aid of the US in the whole episode of the Ukraine crisis. For those keen on stressing the importance of energy policies, well, there is also the position and activities of Gazprom in Eurasia.  This parastatal corporation, which is closely connected to the Kremlin, controls about one-third of the world’s production of natural gas and also has interests and activities in other sectors like transport, oil, banking and media. It is actively present in all former Soviet countries including the Baltics who actually depend on it for most of their supply in natural gas. Gazprom also participates, in one form or another, in oil extraction and in upgrading infrastructure in gas- and oil-exporting countries like Turkmenistan, Azerbaijan and Kazakhstan. Gazprom’s sheer weight explains why Russia, together with Iran and Qatar, has taken the lead in mid-2001 in the establishment of the so-called Forum of Gas-Exporting Countries. The structure, which currently has 11 member states and in which Kazakhstan is an observer, is to be a blueprint of some sort of ‘gas OPEC’.
 
Migrant workers and oligarchs
 
Let us go back to society and everyday life. One of the most important sociocultural vectors of Russian influence in greater Eurasia is, of course, the Russian language. The historical aversion against it is by far not as strong as it was in the Baltics and Central Europe in the nineties or as it is in Western Ukraine at the moment. Despite the righteous promotion of local or national languages other than Russian in the 1988-91 period, the Russian language still, or again, has official or semi-official status in Ukraine (although its future in ‘rump Ukraine’ is uncertain), Belarus, Kazakhstan, Kyrgyzstan and Tajikistan. The use of Russian in the societies concerned usually goes well beyond the people of Russian origin and ethnicity. Even in countries where it does no longer have official status, such as Azerbaijan and Turkmenistan, it is still the idiom of the political and intellectual elites, part of the more urbanized population segments, ethnic minorities and it often serves as the language of inter-ethnic communication. Its position also sustains the influence of the Russian mass media, popular culture and opinion makers.
 
A very important binding agent in Eurasia, one situated on the interface of the grassroots and macro-economics, is seasonal as well as permanent labor migration to Russia. The vast majority of some one and a half million of guest workers who officially stayed in Russia in the year 2011 came from other countries of Eurasia.  The largest group, some 510,000, were from Uzbekistan.  Additionally, in the same year, some 280,000 guest workers were from Tajikistan, 193,000 from Ukraine, 110,000 from Kyryzstan, 80,000 from Moldova, 71,000 from Armenia, 68,000 from Azerbaijan and 53,000 from Georgia. Besides the old USSR countries, the second-largest country of origin of labor migrants in Russia is China. Kazakhstan and Belarus have also become host countries for migrant workers form southern Eurasia.
 
They visibly form a large portion of the bazaar traders, construction workers, cleaners and maintenance and catering personnel in the metropolises as well as of the seasonal workers in the agricultural sector. Many have double citizenship.  The infrastructure of the recent winter games in Sochi, for instance, has largely been built by workers from southern Eurasia and Moldova. This sort of migration feeds a remittance economy, which in countries like Armenia, Moldova and Tajikistan for instance, contributes a large GDP share amounting from 21 to 48 percent. The remittances of the hundreds of thousands of migrant workers, a majority of them men, are a vital financial lifeline for their families and areas of origin. Socially and psychologically, the impact of migration and the remittance economy is a mixed bag. They have revitalized regions but also disrupted local societies, yet do ensure a permanent interaction at the basic popular level within Eurasia.
 
At the other end of the social pyramid, there is something peculiar going on. A number of industrialists and oligarchs from Uzbekistan, Azerbaijan and Georgia with connections to the upper echelons of power in Russia are based in Moscow or Saint-Petersburg. Through patronizing sociocultural associations and through media, several of them try to build a political base among the diasporas in Russia of their respective countries or origin. On the mid-term, this is important since several of the personalities concerned have ambiguous if not outright tense relationships with the regimes, or with specific personalities or fractions therein, in their respective countries. Personally, I consider it likely that Moscow will try to steer or recuperate regime change in some Eurasian  countries – Uzbekistan for example – with unreliable or fractionalized regimes and a large potential for social unrest, before pro-Western of Western-backed figures and networks do so.  In this sense, the personalities concerned as well as they movements and networks form ‘replacement elites’.
 
Military imperialism?
 
The navy base in Sebastopol was a hotspot and departure point in Russia’s recent intervention in, or, depending on how you look at it, invasion, of the Crimean peninsula. Yet how can one characterize Moscow’s military cooperation with the rest of Eurasia?  Since fall 2002, the institutional framework has been the Collective Security Treaty Organization, a sort ‘contra-NATO’ which, beside Russia, Belarus and Kazakhstan, has Armenia, Tajikistan and Kyrgyzstan as its members. Serbia, amongst others, is an observer to the organization. With the exception of Georgia and, increasingly, also Azerbaijan, Eurasia’s respective national armed forces are still psychologically and technically quite oriented towards Russia and purchase most of their military technology and weaponry from it. The Russian armed forces, for their part, have bases and military advisors in Tajikistan, Armenia and Kyrgyzstan. Additionally, they co-manage the space launch facility of Baykonur is Kazakhstan and radar stations in Belarus and, until last year, also in Gabala in Azerbaijan. And since mid-1992, Russia has also a 9,200 strong peacekeeping force in Transnistria, an area seceded from Moldova in 1990. Beyond the territory of the old USSR, Russia has one naval base on the Mediterranean, in the Syrian port of Tartus. To put things in perspective, the US has some nine-hundred bases or other forms of military presence outside of its territory, including in Eurasia.
 
Since about a decade, Russia has also become, like the USSR used to be, a donor of various forms of development and humanitarian aid.[5] It has channeled its aid, for instance, multilaterally through a number of UN organizations and also donated aid to contexts of high political and symbolic significance, such as Syria, Serbia and the Serbian minority in Kosovo. The bulk of Russia’s foreign aid, however, is destined for Eurasia. During the 2007-13 period, about 57 percent went to Tajikistan, Kyrgyzstan, Armenia and South Ossetia. The latter brings up the existence and the role of Eurasia’s so-called quasi-states, areas that seceded in one form or another between 1989 and 1993, which have many if not all characteristics and attributes of states but that are not recognized as such by other countries and the UN, or only by a handful of countries.[6] There are currently four such entities in the former USSR:  the enclave of Nagorno-Karabakh in Azerbaijan, previously-mentioned Transnistria, and South Ossetia and Abkhazia which both seceded from Georgia in the early nineties and officially declared themselves independent after the 2008 South Ossetia War. In some way, the Crimea also fits into this category.[7]
 
The said four quasi-states largely sustain on an informal economy, on financial and other material aid, pensions and migrant remittances from Russia. In most of these entities, there is also a strong identification with and favorable opinion of Russian among local public opinion. Just like Kosovo, which is in fact a protectorate, is an important pivot and hold of NATO-US presence in the Balkans,  they form a core element of Moscow’s presence in greater Eurasia. In that sense, Transnistria, in particular, along with Sebastopol and the Baltic exclave of Kaliningrad (an old part of Prussia which was annexed by the USSR after the Second World War and is still part of the Russian Federation), is perceived to be a necessary outpost of Eurasian resistance on the western frontier against a NATO that is perceived to be increasingly aggressive and expansionist. A few days after the Crimean referendum, the parliament of Transnistria, which like the peninsula has a Russian or at least Russia-speaking majority, proposed to also accede to the Russian Federation.[8]
 
Bismarck and the ‘neo-USSR’
 
So, to conclude, Moscow definitely has aspirations in this enormous space between the Baltic Sea and Alaska. But contrary to the American neo-empire these aspirations of dominance are not planetary.[9] Following Russia’s military intervention on the Crimea, which was, amongst others, legitimized by the necessity to protect the peninsula’s Russian population, some suggested that Kazakhstan, with its large Russian minority of about one quarter of the population and in the majority in a number of districts bordering Russia itself, might be next in line. This is quite improbable though. When one looks at the pattern of Russian military intervention over the last few years, one notices that these have taken places in countries  – South Ossetia and Georgia, where Russians form barely 1.5 percent, and now Ukraine and the Crimea – which have been the setting of so-called ‘color revolutions’ which eventually largely championed a pro-NATO and generally pro-Western societal and political project.
 
Much more than something driven and inspired by aggressive expansionism or access to resources, the recomposing of a greater Eurasia is perceived to be a necessary resistance movement against forces and centers of power the eventual aim of which is nothing less than the dismantling of Russia itself, or its reduction to a submissive and obedient entity.[10] To prevent this, a ‘great space’ has to be formed that takes the lead in the formation of the multi-polar world order which has to succeed to American neo-imperial hegemony. There will eventually be no replica of the USSR. The customs’ union between Russia, Belarus and Kazakhstan is definitely meant to be a blueprint for more in-depth integration or reintegration in Eurasia though, quite similar to the way the Prussian Zollverein from 1839 laid the bases for the unification of the German states and principalities which was achieved by Otto von Bismarck by the year 1871. And this design is certainly not less legitimate than the EU, the Gulf Cooperation Council or the US’ free-trade area for the Americas are. Whether the national elites involved, especially those of Kazakhstan, will eventually be willing to transfer power to a supra-national entity in the near future remains to be seen. Yet the perception of a process and threat of externally steered chaos, regime change and further balkanization of Eurasia, and, especially, the objective interests and advantages of a more multi-polar world order could definitely offer the necessary psychological impetus to do so.
 
[1]Аналитический Центр Юрия Левады-YuriLevadaAnalyticalCentre, «Л.А. Седов: Россия и мир», 2007, http://www.levada.ru/press/2007081001.html
[2]Аналитический Центр Юрия Левады-YuriLevadaAnalyticalCentre,  «Россия-2063», 2013, http://www.levada.ru/22-08-2013/rossiya-2063
[3]Аналитический Центр Юрия Левады-YuriLevadaAnalyticalCentre, «Россияне о распаде СССР», http://www.levada.ru/14-01-2014/rossiyane-o-raspade-sssr
[4]Аналитический Центр Юрия Левады- YuriLevadaAnalyticalCentre, «Россияне об отношении к другим странам», www.levada.ru/11-10-2013/rossiyane-ob-otnoshenii-k-drugim-stranam
[5]For more on Russia and a donor of aid, see the study by Oxfam International which is available both in Russian and English at http://www.oxfam.org/en/policy/russia-humanitarian-aid-donor
[6]For a more in-depth examination of quasi-states in the former USSR and elsewhere, see the excellent special issue of Diplomatie: affaires strategiques et relations internationales by Francois Grunewald and Anne Rieu, ‘Entre guerre et paix: les quasi-etats’, Diplomatie: affaires strategiques et relations internationales, №30, 2008.
[7]The first to recognize Crimea’s referendum on independence besides Russia itself were Nagorno-Karabakh, South Ossetia and Abkhazia. Kazakhstan, Armenia and the Bolivarian republic of Venezuela had followed at the time of writing.
[8]Joris Wagemakers ascertains the existence of an outright resistance identity among both the authorities and much of the population of Transnistria. For those interested, see Joris Wagemakers, ‘National identity in Transnistria: a global-historical perspective on the formation and evolution of a ‘resistance identity’’. Journal of Eurasian Affairs, 1(2), 2014, pp. 50-55.
[9]I use the term neo-empire because unlike the Roman, Frankish, Napoleonic and British empires, to name a few examples, it does not consider nor calls itself one and actively maintains an illusion of equality between itself and its subjects.
[10]The fact that well before to the Ukraine and Crimea crisis, the person of Vladimir Putin and Russia on the whole have been demonized for months with almost hysterical international media campaigns supported by a some transnational corporations, celebrities and foreign parliamentarians about a non-issue like the arrest of a nihilist rock band, and about the so-called persecution of homosexuals, has certainly strengthened this perception.
 
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