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jeudi, 12 avril 2007

Les Carpathes

Les Carpathes

Rüdiger WISCHENBART, Karpaten. Die dunkle Seite Europas, Verlag Kremayr & Scheriau, Wien, 1992, 204 S. mit 24 Farbbilder, öS 298,-/DM 44,-, ISBN 3-21800554-X.

Rüdiger Wischenbart (*1956), journaliste viennois, vient de publier un magnifique petit volume sur les Carpathes. Celles-ci s'amorcent dès la sortie de Vienne. Au départ, elles ne sont que quelques modestes collines et, après Bratislava, elles s'élèvent, deviennent les «Petites Carpathes», puis les «Carpathes blanches», puis, enfin la «Haute Tatra», épine dorsale montagneuse de la Slovaquie, frontière méridionale de la Pologne. Jadis, on se rendait en Galicie en traversant les «Carpathes forestières». Au sud de Lviv/Lemberg, on peut encore les apercevoir par temps clair. Les «Carpathes orientales» séparent la Boukovine de la Transylvanie. La zone ethniquement mélangée (Allemands, Hongrois et Roumains) de la Transylvanie est entièrement entourée par les Carpathes, car, à hauteur de Kronstadt/Brasov, elles amorcent une courbe, pour devenir les «Carpathes méridionales». En forme de demie lune, elles couvrent 1500 kilomètres avant de retrouver le cours du Danube.

Sur le plan géographique, les Carpathes sont le prolongement oriental des Alpes. Mais dans notre imaginaire, elles sont surtout la face sombre du massif montagneux centre-européen, avec ses forêts profondes, ses cols sauvages et ses vallées mystérieuses. C'est la patrie d'une multitude d'écrivains comme Manès Sperber, jeune juif né dans un shtetl des Carpathes et qui considère toujours, même dans son exil allemand ou israëlien, que là, et nulle part ailleurs, est sa patrie charnelle. Sur le plan politique, elles traversent une région à hauts risques, un chaudron bouillonnant, un entrelas d'ethnies qui viennent de sortir du frigidaire marxiste et vident leurs querelles ancestrales.

Elles sont l'écrin qui contient encore une Europe réelle, non lixiviée par le rationalisme occidental. Evidemment, cette Europe effervescente qui, brusquement, surgit à côté de l'Europe occidentale malade, édentée, émasculée, pose problème: il paraît que cette Europe sans fard, où le mot «peuple/Volk/narod/popor» signifie encore quelque chose de concret, n'est pas «mûre» (c'est-à-dire pas assez pourrie) pour entrer dans la CEE. Sur le plan culturel et littéraire, cette Europe est incontestablement supérieure à l'Europe occidentale, où les interdits libéraux existent alors que, là-bas, les interdits marxistes ont été balayés définitivement.

De Karl Emil Franzos à Joseph Roth, de Paul Celan à Rose Ausländer, d'Alfred Margul-Sperber à Elias Canetti, sans oublier le trio roumain que sont Eugène Ionesco, E. M. Cioran et Mircea Eliade, tous sont fils ou filles d'un paysage unique, tous ont bouleversé le paysage littéraire ou philosophique. Mais, dans notre barbarie rationaliste, nous les avons ignorés tant qu'ils étaient chez eux et qu'ils écrivaient dans la langue de leur chair...

 

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Les Carpathes sont donc bel et bien la «face sombre» de l'Europe, peut-être plutôt sa facette intacte, et, en ce sens, plus proche de nous que nous ne voulons bien l'admettre, obtus que nous sommes à cause des refoulement que nous accumulons. On sent parfaitement que Rüdiger Wischenbart a aimé ce fabuleux paysage, où «frère ours» est encore chez lui, alors que partout ailleurs, sauf une famille pyrénéenne très menacée, on l'a pourchassé et annihilé sans pitié. Symboliquement, les Carpathes, libérées du joug marxiste (une idéologie «occidentaliste» opposée au «narodnikisme» local), rapporteront sans doute en nos cœurs profonds l'essence de «frère ours». A coup sûr, nous aurions alors une Europe plus fascinante. «MacDo» contre «Frère Ours». Belle polarité, non?

Serge HERREMANS.

06:10 Publié dans Terres d'Europe | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Ami(e)s de Jules Verne et de la BD!
Si vous n’avez pas eu le temps de découvrir « Le château des Carpathes » isbn : 978-2-9531681-3-6 prix : 12,5 € ttc,
Une libre adaptation de l’œuvre de Jules Verne. Textes de Marc Jakubowski et illustrations d’Eric Ruckstuhl (Corsu, Pascal Paoli,…)
Vous pouvez toujours écouter la présentation sur DailyMotion : http://www.dailymotion.com/video/xdrwqq_le-chateau-des-carpathes_creation
Ou visualiser sur le site www.roymodus.com l’e-ffeuillage de l’album : http://roymodus.com/index.php/le-chateau-des-carpathes


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Écrit par : roymodus | jeudi, 14 octobre 2010

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