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vendredi, 07 septembre 2007

Du maoïsme au national-populisme

Pasteur Jean-Pierre BLANCHARD :

Du Maoïsme au National Populisme [03/06/2002]

Allocution du Pasteur Blanchard au Colloque de l'antenne d'Ile-de-France d'UR, Paris, 6 avril 2002

 

Il était de tradition dans les familles populaires de considérer que les enfants qui n'étaient pas spontanément "doués" pour les études, devaient travailler en usine. Il n'y avait là rien de péjoratif, à cette époque le vieux mythe de gauche (au sens Sorélien du terme) de la classe ouvrière avec sa dignité, son sens du devoir, sa droiture, sa moralité, opposée à la décadence bourgeoise a engendré des générations de militants ouvriers à la vie exemplaire. Mon père, sorti de son statut d'ouvrier agricole en raison de la précarité et de l'irrégularité des revenus ( les jours d'intempérie ne permettant pas de travailler la vigne, étaient rémunérés à moitié, ce qui représentait déjà un progrès énorme, car avant guerre ils n'étaient pas payés du tout !) Pour échapper à une vie médiocre, il suivit le même parcours qu'un nombre impressionnant de personnes du midi à cette époque qui partirent pour rejoindre les emplois fonctionnarisés de la SNCF, la poste, la police, la gendarmerie afin de connaître des conditions matérielles différentes et de " mieux vivre ", mais au prix de quel renoncement : mon père ne pouvait écouter la chanson de Ferrat " La montagne" et surtout le passage où il est dit " Ils quittent un à un le pays pour aller gagner leur vie ….ils seront flics ou fonctionnaires en attendant que l'heure de la retraite sonne "sans avoir une larme à l'œil. Il entra donc dans la gendarmerie où il restera durant toute sa carrière simple gendarme.

 

Peut être lié au fait que mon père, en sa qualité de gendarme mobile fut soumis à de multiples mutations et déplacements, ma scolarité fut très perturbée, et c'est avec beaucoup de peine que je réussis à décrocher mon certificat d'études à l'âge de 14 ans. Pour fêter cet " exploit " mon père m'offrit un verre au café et me dit : " Maintenant que tu es plus diplômé que moi, tu es bon pour l'apprentissage ou l'usine ". Je choisis la première proposition et je rentrai comme garçon de restaurant au " Grand Balcon " à Mazamet, mais cela ne dura pas et comme la majorité du milieu ouvrier mazamétain je me retrouvai dans le délainage. C'est là que Mai 68 me prit, bouleversant ma vie. Jusque là j'avais une vie rangée, l'éducation stricte que j'avais reçue ne m'aurait jamais laissé entrevoir, sans ces circonstances, la possibilité de me rebeller contre l'autorité parentale et contre les systèmes en place.

Mon père voyant que je lui échappais pensa que je ne suivais pas un bon chemin et que je n'arriverais à rien, il fit pression pour que je m'engage dans l'armée, ce qui fut une catastrophe ! Je fus de retour à Mazamet à la fin de l'année 1969, plus révolté que je ne l'étais au départ, j'allais vivre dans une communauté qui reproduisait le mode de vie hippie californien dans le village de Calmont, proche de Mazamet, tombant dans la marginalité. Je m'enfuis pour errer à travers l'Europe pour assister au festival de l'île de Wight où j'eus la chance de voir, Hendrix, les Doors, Dylan et à partir de là j'ai écumé tous les rassemblements musicaux et alternatifs de France et d'Europe.

 

Mon flirt avec les trotskistes

 

Mon point d'attache était la région de Mazamet mais je passais la moitié de mon temps sur les routes, dans notre communauté les débats politiques fusaient, nous connaissions les communistes mais notre sympathie allait vers l'ultra gauche. Nous rencontrâmes à Castres le responsable de la Ligue Communiste (L.C.). du sec­teur, et nous commençâmes à fréquenter les colloques, séminaires, tant régionaux que nationaux. On ne rentrait pas facilement à la ligue communiste, il fallait être formé, devenir un vrai " bolchevik ", un vrai révo­lu­tionnaire pour être accepté comme membre. J'ai souvenir d'avoir assisté à la toute première fête de Lutte Ou­vrière à Prailles, et quelques années plus tard d'avoir rencontré et dialogué avec ceux qui venaient de créer le journal Mao "Libération". Les années 1970 furent celles où Sartre rallia bruyamment le Maoïsme. Mon flirt avec les Trotskistes s'étiolait, leur dogmatisme, l'attitude haineuse et sectaire des petits chefs me révulsaient, pour nous " ils étaient pires que les Stal ".

 

Je me renseignai auprès de la gauche prolétarienne à Paris qui me mît en contact avec un groupe de Toulouse, du jour au lendemain je devins un renégat pour les trotskistes. Ma chance fut de tomber sur l'aile spontex (spontanésite ) proche des situ (situationnistes) du mouvement Mao, pour qui la révolution était un " happening " permanent, la révolution culturelle étant conçue comme une libération. L'aile spontex était très mal vue des doctrinaires parisiens de la gauche prolétarienne., mais cela n'entamait en rien notre sens festif et notre goût pour les canulars. Je me revois avec le groupe de Toulouse aller saluer les Mao stal (staliniens) qui avaient un stand à la fête de lutte ouvrière, où pour nous amuser et provoquer le service d'ordre Trotskiste, nous vendions les œuvres du petit père des Peuples, et c'était à celui qui criait le plus fort pour vanter ses mérites !

 

C'est tout naturellement que je me retrouvai dans l'aventure de Lutte Occitane dont une des composantes essentielles lors de sa constitution étaient les Mao de Montpellier et de Toulouse. Je fus partie prenante de toutes les grandes manifestations de l'époque : Le Larzac, Béziers, Montpellier, les festivals occitans de Montségur et du plateau des Mille Vaches. Je faisais partie de ces très nombreux jeunes qui suivaient tout ce qui se passait sans être réellement militant, mais mon engagement était si fort qu'il ne passa pas inaperçu., à tel point qu'un jour arriva à la gendarmerie de Mazamet un message signalant qu'un certain Jean-Pierre Blanchard faisait partie des activistes extrémistes de gauche les plus dangereux, mon père fut inquiété par sa hiérarchie.

 

Le désenchantement de la fin des années 70

 

La fin des années 1970 furent celle du désenchantement : Le mouvement occitaniste se trouvait dans une impasse, se radicalisant en devenant " vollem viure al païs ", il se transformait en une minorité incapable de prendre en compte les aspirations réelles du peuple d'Oc, s'enfermant dans une logique groupusculaire sectaire, de moins en moins nombreux leurs membres étaient convaincus de détenir la vérité. Quant à l'extrême gauche, les hommes sortis de ses rangs démontraient que, contrairement aux déclarations de Sartre, le Marxisme n'était pas la science insurpassable, mais bel et bien une métaphysique, une religion sécularisée. Mais pour moi le choc révélateur fut la lecture du livre d'André Glucksman : " La cuisinière et le mangeur d'homme " qui m'amena à une douloureuse autocritique et à une remise en cause de mes visions politiques. La grande et glorieuse révolution bolchevik ne s'avérait être en fait qu'un coup de mains d'activistes sans scrupules qui se drapaient dans l'imagerie des journées d'octobre.

 

Le choc fut tellement violent que je renonçais immédiatement à toute activité politique et ce, pendant des années, désabusé, ne croyant plus à rien. Mais à la lueur d'un contre choc, l'enseignement reçu à l'Ecole de formation des Educateurs, j'investis alors un nouveau champ. Je le raconte dans la préface de " Aux sources du National Populisme ".Alors que j'assistais lors de ma formation d'éducateur à un séminaire sur l'économie dispensé par un brillant économiste qui présentait les différents systèmes en vigueur, il démonta en pièce le premier jour le système libéral, j'attendis avec impatience le lendemain pour qu'il m'apporte enfin une réponse alternative à cette question, hélas, trois fois hélas, il ressorti l'ancienne cantilène de l'ultra gauche et des situationnistes : si les bolcheviks avaient préféré les soviets à l'électricité la révolution n'aurait pas été dévoyée. Connaissant par cœur ce type d'argument fallacieux et ayant fait ma révision définitive du marxisme, j'en arrivai par ce travail de remise en question à la conviction fondamentale que je n'avais pas changé, que je restais, comme dans ma jeunesse, toujours contre le système, la bourgeoisie et le capital, j'étais un révolutionnaire. Ce thème était hélas associé au sein de la gauche et de l'ultra gauche au postulat égalitaire et internationaliste. Je m'aperçus qu'en enlevant ces deux éléments centraux je pouvais garder le reste et comme beaucoup d'anti-conformistes des années 30 je cheminais vers la seule réponse véritablement alternative : le National Populisme.

 

Le déclic se produisit un peu par hasard, un peu par chance, beaucoup par quête, lors d'un inter cours alors que je m'étais rendu sur les quais de Seine, j'y découvris les " Idées à l'endroit " de Alain de Benoist, ce fut le début d'une construction intellectuelle qui m'a conduit au Front National, à la création de l'Entraide Nationale et à la rédaction d'ouvrages. Pour le reste : ma formation théologique et mon ministère, c'est une autre histoire qui n'a rien à voir avec notre propos.

 

Jean-Pierre BLANCHARD.

http://www.unite-radicale.com/Archives_actu/article_actu030602_2.htm

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