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lundi, 06 avril 2009

Le G20 et l'épouvantail protectionniste

Le G20 et l'épouvantail protectionniste

Ex: http://unitepopulaire.org

 

« La spirale de la crise se déploie progressivement. Partie d'une catégorie d'actifs financiers, elle s'est étendue à la finance en général, pour atteindre de plein fouet l'économie "réelle". Le ralentissement économique fragilise un nombre croissant d'entreprises, ce qui augmente le chômage et affaiblit les bilans bancaires. La spirale est en place. Le G20 se réunit avec l'ambition affichée de la désamorcer. A-t-il la vision nécessaire pour le faire ?

 

La situation n'est pas seulement compliquée, elle est aussi complexe. La longue liste des choses "à faire" figurant dans le communiqué de la réunion du G20 de novembre est significative. Elle démontre que le G20 manque de vision d'ensemble et d'un diagnostic partagé sur les priorités. Elle accable ce même G20, dont les responsables ont laissé s'accumuler, sans réagir, tant de problèmes pendant les trois dernières décennies d'euphorie économique. Depuis 2007, alors que les pertes accumulées de la valeur d'actifs financiers sont estimées à environ 50.000 milliards de dollars, les pays du G20 ont injecté des sommes colossales dans le soutien aux banques et les plans de relance : pas loin de l'équivalent de 10% du PIB mondial, sans résultat probant. Ces sommes ont été injectées dans l'espoir de "faire repartir"  l'économie mondiale sur le sentier qu'elle aurait quitté sans raison valable, en août 2007.

 

Seulement, si la crise n'était pas un incident mais un accident ; si, pour en sortir, il ne fallait pas "réparer" mais "remplacer", c'est-à-dire infléchir de manière profonde le fonctionnement à venir de l'économie mondiale ? […] Si le G20 entend lutter contre les tentations protectionnistes, il ne précise pas le sens qu'il donne à ces termes. Or, le protectionnisme désigne tout choix qui ne se ferait pas exclusivement sur les critères du rapport qualité-prix. Aujourd'hui, d'autres critères surgissent sans être pour autant ni protectionnistes, ni déraisonnables. Quand les acteurs réduisent le périmètre de leurs activités, ils cherchent à retrouver des circuits économiques plus courts, à diminuer le nombre d'intermédiaires, à ancrer leur activité dans des réseaux de solidarité où le visage humain a sa place. Ces changements de micro-attitudes annoncent probablement une certaine déglobalisation, sans pour autant qu'il s'agisse du protectionnisme au sens propre, mais d'un changement de logique économique. Comment préparer une déglobalisation ordonnée, qui ne débouche pas sur la panique protectionniste ? C'est là encore un des défis du G20.

 

Le G20 a opté pour la voie, politiquement plus prudente, d'une longue suite de microréglages. Ce choix rend peu probables pour le moment les grandes options, dont la planète a plus besoin que jamais. Prendre le risque d'un changement de perspective demanderait, de la part du G20, un courage politique dont sont capables les leaders qui ont conscience d'avoir un rendez-vous avec l'Histoire et non pas seulement avec les caméras de CNN. Alors, vers un rendez-vous raté de plus ? »

 

 

Paul Dembinski, directeur de l'Observatoire de la finance (Genève), La Tribune, 2 avril 2009

 

18:38 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, g20, mondialisation, globalisation, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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