samedi, 27 décembre 2014
Approches d’une géopolitique des mafias
Méridien Zéro: «Approches d’une géopolitique des mafias» (Audio)
Le vendredi 19 décembre 2014, Méridien Zéro vous propose une très longue émission en deux parties. La première portera sur les mafias et organisation criminelles à l’ombre de la mondialisation, avec Maurice Gendre, monsieur K. et monsieur PGL.
Sans prétention exhaustive ou même “savante”, l’émission permettra d’envisager certains aspects d’un phénomène qui, mieux que d’autres, manifeste bien le caractère néfaste du libéralisme et de la globalisation.
En deuxième partie, vous pourrez écouter deux entretiens enregistrés le 7 décembre dernier, avec Gabriele Adinolfi et Georges Feltin-Tracol. Nos deux invités évoqueront leur actualité éditoriale ainsi qu’un projet de structure trans-européenne, les Lansquenets d’Europe.
Pour écouter:
http://fortune.fdesouche.com/369849-meridien-zero-approches-dune-geopolitique-des-mafias-audio
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Entretien avec Yves-Marie Laulan, auteur du livre Les Années Sarkozy
Entretien avec Yves-Marie Laulan, auteur du livre Les Années Sarkozy
Nicolas Sarkozy veut furieusement prendre sa revanche sur le destin qui l’a privé d’un second mandat où son immense talent aurait pu s’épanouir à loisir… sur les Français, ingrats, qui ne l’ont pas réélu… et surtout sur ses “amis de l’UMP” qui ne l’ont pas assez soutenu. »
Les Années Sarkozy
(Éditions de l’Æncre, 340 pages,
31 euros)
(propos recueillis par Fabrice Dutilleul).
Votre livre est un véritable réquisitoire contre Nicolas Sarkozy…
Il a fait croire aux Français qu’il allait redresser notre pays alors qu’il l’enfonçait encore davantage. Il n’a vécu que par et pour l’image, les « coups » médiatiques et les sondages. Il a été un magicien de l’illusion médiatique, vivant dans l’instant, sans vision d’ensemble ni projet de long terme. Était-il vraiment fait pour être président de la République ? Il incarne malheureusement à la perfection tous les travers de l’homme politique de notre temps.
Vous dressez un constat radical des « années Sarkozy »… N’y a-t-il rien eu de positif durant celles-ci ?
Tout a été en trompe-l’œil : la réforme de l’université ? « À côté de la plaque » : le vrai problème est celui de leur gestion beaucoup plus que le « faux nez » de leur indépendance… La sécurité ? L’affaire Neyret, les ripoux de la police marseillaise, le serial-killer Mérah ou encore l’islamisme radical ont mûri sous le mandat Sarkozy… La réforme de la justice ? Parfaitement inutile au point d’en être dérisoire, tout en laissant de côté les vrais problèmes de la justice en France, injuste et partiale, comme jamais au cours de notre histoire… La réforme de l’école? Toujours en chantier, avec inchangés le collège unique et la méthode globale, d’où en grande partie l’échec scolaire… Les 35 heures ? Malgré un replâtrage, fiscalement coûteux, elles ont été pieusement conserves… La pénible réforme des retraites laissée en jachère ? Il va falloir la reprendre très bientôt sous peine de faillite… Celle de la Sécurité Sociale ? À peine effleurée… Et ne parlons pas, cerise sur le gâteau, de l’immigration clandestine qui déferle toujours…
Le chantier des réformes Sarkozy ressemble à s’y méprendre à ces friches industrielles du régime soviétique : jonchées d’équipements laissés à l’abandon sous le soleil et la pluie. Oui, Nicolas Sarkozy aura été le champion toutes catégories des innombrables réformes en trompe-l’œil, toujours entreprises, jamais achevées, mais médiatiquement présentées devant l’opinion comme de grandes victoires de l’ex-président. En d’autres termes, il nous a fait prendre des vessies pour des lanternes. J’en apporte la démonstration, preuves à l’appui.
Aura-t-il été pire que ses prédécesseurs… et que son successeur François Hollande?
Oui, pire ! Parce qu’il nous a fait perdre 5 années qui ne se rattraperont pas… Dans peu d’années, l’immigration massive et intense – au rythme infernal de 250 000 entrées par an –remettra en cause, et pour toujours, la survie de la France, de son histoire, dont elle va être dépouillée, de son identité, de ses traditions et de ses valeurs… C’est un crime majeur, impardonnable ! Car un pays peut se relever d’une guerre perdue, on l’a fait ; d’une crise économique, on l’a vu. Il ne se relève jamais d’une guerre démographique perdue. Et nous sommes en train de la perdre, largement en raison de l’ineptie, et des mensonges de Nicolas Sarkozy, lequel passera devant l’histoire comme un des principaux fossoyeurs de notre patrie.
Un retour à l’Élysée de Nicolas Sarkozy vous semble-t-il envisageable?
Il ne vit que pour cela. Et ceux qui soutiennent le contraire n’ont rigoureusement rien compris au personnage. Il veut furieusement prendre sa revanche sur le destin qui l’a privé d’un second mandat où son immense talent aurait pu s’épanouir à loisir… sur les Français, ingrats, qui ne l’ont pas réélu… et surtout sur ses « amis de l’UMP » qui ne l’ont pas assez soutenu…
Une des pierres d’achoppement pourrait provenir de l’UMP elle-même qui se cabrerait contre le chef déchu dans lequel elle ne croierait plus et déciderait que « cela suffit comme cela » pour regarder ailleurs. C’est ce qui est arrivé à Valéry Giscard d’Estaing… À moins que l’UMP n’existe bientôt plus…
Yves-Marie Laulan a été successivement au cabinet de Michel Debré, secrétaire national du RPR, président du Comité économique de l’OTAN et professeur à Sciences Po, à l’ENA et à Paris II. Il préside aujourd’hui l’Institut de Géopolitique des Populations. Mais, couronnement de sa vie, sa chronique à Radio Courtoisie est venue là pour le consoler de ses malheurs.
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Fighting ‘Islamic State’ is Not the Israeli Priority
Fighting ‘Islamic State’ is Not the Israeli Priority
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Dschihad für den deutschen Kaiser
Er war kein gewöhnlicher Diplomat: Max von Oppenheim kleidete sich wie ein Beduine und hatte gar einen eigenen Harem. Im Ersten Weltkrieg erhielt der deutsche Orient-Experte einen brisanten Auftrag. Er sollte die Araber zum Heiligen Krieg aufhetzen - gegen ihre britischen Kolonialherren.
Von Johanna Lutteroth und Ferdinand Krings
Ex: http://www.spiegel.de
Bildarchiv Preußischer Kulturbesitz
Er war gekleidet wie ein Beduine, sprach fließend Arabisch und pilgerte von Moschee zu Moschee. Im Sommer 1915 sorgte ein Deutscher im Nahen Osten und auf der arabischen Halbinsel für Aufsehen. Er propagierte den Heiligen Krieg gegen die ungläubigen Kolonialherren in Afrika und Asien - vor allem gegen die Briten. Er zog durch Syrien, Palästina, bereiste die Halbinsel Sinai und Nordwestarabien, ließ kaum einen Landstrich aus.
Der Bankierssohn Oppenheim - Diplomat, Archäologe und Entdecker der Ruinen vom Tell Halaf in Syrien - ist unter Fachleuten noch heute bekannt als profunder Kenner des Orients. Dass er sich im Ersten Weltkrieg auch als Drahtzieher eines Heiligen Krieges versuchte, weiß kaum jemand. Und das, obwohl ihn die Idee, einen Glaubenskrieg zu entfachen, sein Leben lang umtrieb. Schon lange vor Ausbruch des Ersten Weltkriegs hatte er nachdrücklich auf die politische Sprengkraft des Islam hingewiesen und noch als 80-Jähriger empfahl er Hitlers Nahost-Experten, den Dschihad als Wunderwaffe gegen England einzusetzen.
Spion des Kaisers
Wenige andere Europäer kannten die Gepflogenheiten der arabischen Welt so genau wie Oppenheim. Von 1896 bis 1910 hatte er als kaiserlicher "Beobachter der gesamten islamischen Welt" in Kairo verbracht. Dort pflegte er nicht den üblichen kolonialen Lebensstil der westlichen Ausländer, sondern lebte wie ein Araber. Statt in Kairos Diplomatendistrikt ließ er sich im altarabischen Viertel nieder, lernte Arabisch und unterhielt sogar einen eigenen Harem. Der Orient-Experte knüpfte enge Freundschaften mit lokalen Stammesfürsten und Gelehrten - und eckte mit dieser Lebensweise vielfach bei den Europäern an.
Durch den engen Kontakt zu den Einheimischen war er auf das Konzept des Heiligen Kriegs aufmerksam geworden. Die Vorstellung, diesen als Hebel gegen die Macht des britischen Empire einzusetzen, begeisterte ihn derart, dass er in seinen Berichten die Idee wieder und wieder dem Kaiser nahezubringen versuchte.
Neu war der Gedanke, den religiösen Eifer der Muslime politisch einzusetzen, zwar nicht - aber keiner formulierte ihn mit so viel Nachdruck wie Oppenheim. 1910 sollte ihm das zum Verhängnis werden. Die Briten, seit 1882 de facto Herrscher über Ägypten, hatten sein Treiben über die Jahre argwöhnisch beobachtet. Sie kamen zu dem Schluss, dass Oppenheim ein Spion des Kaisers sei und verlangten seine Abberufung. Berlin fügte sich und setzte den unwilligen Oppenheim so lange unter Druck, bis er Kairo freiwillig verließ - offiziell, um sich den Ausgrabungsarbeiten im syrischen Tell Halaf zu widmen. Die Botschaft an London aber war klar: Oppenheims Verbrüderung mit den Arabern sei nicht die Politik Berlins.
Noch nicht. Denn als im Sommer 1914 alle Zeichen in Europa auf Krieg standen, war der Reichsregierung auf einmal jedes Mittel recht, um den Briten Schwierigkeiten zu bereiten. Nichts fürchtete Berlin mehr als einen Kriegseintritt Großbritanniens.Geheimwaffe Dschihad
Ein wichtiger Grundstein für die Dschihad-Strategie war bereits gelegt: Deutschlands Bündnis mit dem Osmanischen Reich. Es sah vor, dass das Deutsche Reich den Türken im Falle eines russischen Angriffs zu Seite stehen würde. Als Gegenleistung hatte die Regierung in Konstantinopel, dem heutigen Istanbul, zugesichert, dass ihr Sultan-Kalif Mehmed V. - der geistliche Führer der Muslime - den Heiligen Krieg gegen Großbritannien ausrufen werde.
Und so war plötzlich Oppenheims Stunde gekommen. Über Nacht stieg er vom ausgemusterten Legationsrat zum obersten Orient-Strategen des deutschen Kaisers auf. Schon kurz nach Kriegsausbruch legte er im Oktober 1914 in einem Strategiepapier "betreffend der Revolutionierung der islamischen Gebiete unserer Feinde" dar, wie ein Heiliger Krieg anzuzetteln sei. Von kleinen Putschen und Attentaten ist da die Rede, von Sabotageakten gegen den Suezkanal und die Ölfelder in Baku und von viel Propaganda.
Warten auf den Dominoeffekt
Schon vorher, im Spätsommer 1914, waren erste deutsche Missionen nach Palästina, Iran und Afghanistan aufgebrochen, um im kolonialen Hinterland der Briten Bündnisse zu schmieden und Unruhe zu stiften. Anfang November 1914 begann schließlich die von Oppenheim geleitete "Nachrichtenstelle für den Orient" ihre Arbeit. Hier wurden Attentate und Anschläge geplant, Propagandaschriften und Flugblätter verfasst, die oft nur aus Bildern bestanden, um auch die Analphabeten zu erreichen.
Der Plan schien perfekt. Am 14. November 1914 rief Sultan-Kalif Mehmed V. tatsächlich den Heiligen Krieg aus, in deutschem Auftrag wurden etliche kleine Attentate und Sprengstoffanschläge verübt - die Lunte war entzündet. Doch die Explosion, die das britische Empire in Flammen setzen sollte, blieb aus. Die Muslime wollten keinen Dschihad an der Seite der ungläubigen Deutschen.
Der enttäuschte Oppenheim beschloss, die Sache vor Ort selbst in die Hand zu nehmen und die arabischen Stammesfürsten direkt anzuwerben. Vor allem galt es, Scharif Hussein, den Wächter über die heiligen Stätten in Mekka und Medina und Herrscher über das heute in Saudi-Arabien gelegene Hedschas, zu gewinnen. Hussein war einer der einflussreichsten Männer auf der arabischen Halbinsel - wenn er dem Dschihad-Aufruf des Sultan-Kalifen folgte, so Oppenheims Kalkül, werde das einen Dominoeffekt auslösen.
Husseins Doppelspiel
So reiste Oppenheim im Frühjahr 1915 nach Istanbul, um Scharif Husseins Sohn, Prinz Faisal, seine Pläne darzulegen. Oppenheims Geschenke nahm Faisal gern an: ein Automobil, ein Gewehr und viel Geld. Eine feste Zusage machte er nicht. Was Oppenheim vielleicht ahnte, aber nicht sicher wusste: Scharif Hussein war auch mit den Briten im Gespräch, die eine ganz ähnliche Strategie wie die Deutschen verfolgten. Um das deutsch-türkische Bündnis zu schwächen, wollten sie einen Aufstand der Araber gegen die Türken anzetteln, unter deren Joch die Araber schon weit länger litten als unter dem britischen.
Oppenheims britischer Gegenspieler war ein gewisser Thomas Edward Lawrence, berühmt geworden als Lawrence von Arabien. Seit Dezember 1914 arbeitete Lawrence beim britischen Geheimdienst in Kairo daran, die Winkelzüge Oppenheims zu durchkreuzen.
Die Briten stellten Hussein nicht nur die Unabhängigkeit in Aussicht, sondern auch den Titel "König von Arabien". Gleichzeitig sicherten sie ihm militärische Unterstützung im Kampf gegen die türkischen Truppen zu. Ein verlockendes Angebot.
Doch auch Oppenheim ließ nicht locker. Mit einer Wagenladung voll Propagandamaterial und Geld im Gepäck bereiste er im Sommer 1915 von Damaskus aus die arabische Halbinsel, um die Massen anzustacheln. Aber auch die Briten arbeiteten mit Hochdruck daran, ihre Pläne umzusetzen. Und es war das arabische Büro der Briten in Kairo, das schließlich das Vertrauen Faisals gewinnen konnte: Am 24. Oktober 1915 garantierte Henry McMahon, der britische Hochkommissar in Kairo, Scharif Hussein in einem Brief, dass London die arabischen Unabhängigkeitsbestrebungen unterstützen werde. Angeblich wollte die britische Regierung ihm dafür insgesamt elf Millionen Pfund zur Verfügung stellen - heute wären das rund 600 Millionen Euro.
Die Geburt einer Legende
Die Würfel waren gefallen: Statt zum Heiligen Krieg gegen Großbritannien rief Hussein im Sommer 1916 zum Freiheitskampf gegen die Türken auf. Weil seine Beduinenscharen zu schlecht organisiert waren, um einen konventionellen Krieg gegen türkisch-deutsche Truppen zu führen, stellten die Briten Hussein einen Militärberater an die Seite, der den Aufstand koordinieren sollte. Es war Thomas Edward Lawrence, jener Mann, der den Aufstand mit eingefädelt hatte.
Der Brite entwickelte eine Guerillastrategie, mit der die Beduinen nach und nach das türkisch-deutsche Heer zermürbten - bald wurde Lawrence als Held des arabischen Freiheitskampfes gefeiert. Als Dank schenkte Prinz Faisal dem Londoner Abgesandten im Dezember 1916 jenes Gewehr, das ihm Oppenheim eineinhalb Jahre zuvor zum Geschenk gemacht hatte.
Die Legende von Lawrence von Arabien war geboren. Oppenheim hingegen schien schon vergessen. Am 1. Oktober 1918 fiel Damaskus, die strategisch wichtige Hauptstadt Syriens, an die Rebellen. Ein Waffenstillstand wurde ausgehandelt. Die arabische Revolte hatte gesiegt - vorerst. Dass die Briten ihr Wort nicht halten würden und der Traum von einem unabhängigen Großarabien zerplatzen würde, ahnte zu diesem Zeitpunkt noch niemand.Obwohl Oppenheim mit seinem Plan so grandios gescheitert war, glaubte er weiterhin daran, dass sich der Nahe Osten "dschihadisieren" lasse. Im Juli 1940, ein Dreivierteljahr nach Beginn des Zweiten Weltkriegs, sprach der mittlerweile 80-Jährige erneut beim Auswärtigen Amt vor. Einmal mehr empfahl er, eine arabische Rebellion anzustiften, um die Kräfte des Kriegsgegners zu binden. Auch die Nazis ließen sich auf den Plan ein - und scheiterten wie zuvor der Kaiser. Oppenheim, in der Diktion der Nazis "Halbjude", überstand den Krieg unbehelligt. 1946 starb er, 86-jährig, bei Landshut an einer Lungenentzündung.
In einer früheren Fassung dieses Artikels hieß es, Oppenheim sei in Dresden gestorben. Tatsächlich verstarb er in der Nähe von Landshut in Bayern. Die Red.
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Le Japon comme prototype avancé de l’Occident?
Le Japon comme prototype avancé de l’Occident?
Le Japon est, à bien des égards, un cas particulier très intéressant à analyser sur le plan économique. Après une modernisation accélérée pendant tout le XXe siècle, entrecoupé d’une destruction quasi-irrémédiable lors de la 2nde guerre mondiale, le Japon pourrait être prochainement le laboratoire avancé de ce qui pourrait se passer pour les économies occidentales.
Génèse de la modernisation japonaise
À la suite du tournant historique opéré par l’empereur Meiji qui a vu son système féodal et son ordre de samouraï abolis, le Japon a entamé une vague de réformes inspirées de l’Occident. La vérité historique est que ce sont les États-Unis, à travers le pilonnage des ports japonais, qui ont forcé la main du Japon pour s’ouvrir à ces réformes occidentales, efforts débouchant sur la convention de Kanagawa de 1854 sous la coupe du Commodore Matthew Perry au nom du président américain Millard Fillmore. Ce traité de type colonialiste permettait aux États-Unis de s’approvisionner dans les ports japonais en charbon et en vivres. S’en suivit un traité d’amitié et de commerce en 1858 entre les deux pays, puis avec l’Empire britannique, avec la France, avec les Pays-Bas et avec les Russes, ce qui permit au Japon d’élargir ses ouvertures commerciales.
Parmi les réformes occidentales introduites au Japon, la restauration Meiji de 1868 initia la mise en place de préfectures, d’une architecture juridique, sociale et économique renouvelée. Ce dynamisme nouveau donna à l’empereur Meiji des ambitions de conquêtes régionales contre la Chine d’abord (1895), puis contre la Russie (1905), guerre au bout de laquelle il gagna Taïwan et la Corée. Dans une incontrôlable poussée d’expansionnisme militaire, le Japon s’introduit en Chine, dans beaucoup de pays d’Asie au cours de la 2nde guerre mondiale (Birmanie, Thaïlande, Singapour, Indonésie, la Nouvelle-Guinée, l’Indochine française et l’essentiel des îles du Pacifique. Mais c’est surtout l’attaque de Pearl Harbor contre les États-Unis qui résonne comme une revanche vis-à-vis de son ancien colonisateur.
Cette histoire riche et tourmentée, qui voit un pays aux traditions séculaires passer en moins d’un siècle d’une société de type féodale à une industrialisation et une modernité menées au pas de charge, n’est pas sans conséquence sur l’imaginaire collectif japonais jusqu’à aujourd’hui. Ayant inauguré l’ère de la guerre nucléaire en étant la cible des deux premières bombes H de l’Histoire à Nagasaki et Hiroshima en août 1945, le Japon sort du 2e conflit mondial en vaincu humilié et profondément meurtri par un nombre conséquent de victimes civiles et militaires.
Nouveau départ sur les décombres du 2e conflit mondial
Décidé à ne pas reproduire les conséquences néfastes du traité de Versailles, les États-Unis soutiennent le Japon dans sa phase de reconstruction comme ils le feront pour l’Europe de l’Ouest. Dans la nouvelle lutte d’endiguement du communisme, le Japon constitue un allié asiatique stratégique pour les Américains. Le Japon connaît alors une ère de reconstruction inédite et croît à un rythme de 10% par an, anticipant quelques décennies avant le « réveil chinois » qui aura les mêmes statistiques de croissance. Il réussit même à révolutionner les techniques de production industrielle avec un mouvement prisé ensuite par les Occidentaux : le toyotisme – alors que jusqu’ici les modèles de développement industriels étaient occidentaux depuis la 1ère Révolution Industrielle, que ce soit le taylorisme ou le fordisme.
Dans la lignée des innovations chères à Schumpeter en matière de processus de production, le toyotisme trouve son écho dans la nouvelle donne imposée par la crise de stagflation des années 70. L’ère du fordisme comme réponse à la crise de surproduction de 1929 par une augmentation continuelle des salaires pour que les salariés consomment touche à sa fin. Avec la globalisation en marche, l’ouverture généralisée des frontières, surtout pour les capitaux, le salarié n’est plus un futur consommateur à bichonner, mais représente de plus en plus un coût. Le toyotisme, méthode d’organisation du travail maximisant le rapport coût/production, initié avec succès dans les usines de Toyota, repose sur le principe simple des 5 zéros : zéro panne, zéro délai, zéro papier, zéro stock, zéro défaut. En clair, on mise sur l’automatisation de la production, sur la gestion en flux tendu, sur la dématérialisation avec l’accent mis sur l’efficacité et la productivité des salariés.
Ayant pensé le processus de production qui solutionnera la crise des années 70 dans laquelle s’empêtreront plus longtemps les pays occidentaux, et ayant plus de mal à restructurer son modèle fordiste, le Japon prend même de l’avance, double plusieurs pays européens et s’installe comme la 2e économie du monde. Contredisant un inconscient collectif qui persuadait qu’un pays asiatique, soit-disant trop peuplé, ne pourrait jamais prétendre à un niveau de vie digne d’un pays occidental, le Japon surpasse les pays européens en terme de niveau de vie et se met même à inquiéter l’hyperpuissance américaine. En effet, dans les années 80 aux États-Unis se développe une poussée anti-japonaise aussi bien sur le plan économique que culturel.
Éclatement d’une bulle
Pris dans un mouvement d’euphorie passagère de surinvestissement dans les années 80, le laissant penser qu’il allait peut-être détrôner le roi américain, le Japon subit de plein fouet une crise financière qui n’aurait pas été si durable si elle en était restée à la Bourse. Cette crise a, en effet, eu la particularité de toucher le secteur immobilier, le plongeant dans une déflation dont les effets se font ressentir encore jusqu’à aujourd’hui. Pour juguler cette crise, la Banque Centrale du Japon n’hésite pas à employer tous les moyens et se fixe rapidement sur un taux d’intérêt plancher de 0 qui ne variera pas beaucoup en plus de 20 ans. À l’image de son taux d’intérêt directeur, le Japon connait un long et brutal arrêt comme s’il avait atteint un plateau après s’être hissé si haut.
Depuis, la situation n’a quasiment pas évolué : le Japon est en phase de croissance nulle depuis les années 90, conservant un taux de chômage à un niveau acceptable grâce aux structures mêmes de son marché du travail où le CDI est un type de contrat très minoritaire. Pire, selon certains économistes dont le groupe « Les Éconoclastes », récemment crée, le Japon devient la figure de proue d’une fuite en avant de ce capitalisme financier devenu incontrôlable. Par des injections massives de liquidités par sa Banque centrale, appelées « Abenomics » par les médias, le Japon bascule dans une trappe à liquidités mortifère que Keynes avait en son temps analysé comme une voie sans issue pour tout pays qui s’y risquerait.
En effet, cette impression massive de billets, dans l’espoir de voir la monnaie nationale se déprécier et ainsi redonner de la vigueur aux exportations, peut à terme conduire à une chute brutale et inéluctable cette même monnaie. Le cas de la République de Weimar, plongée dans un marasme financier d’hyperinflation tel que les allemands payaient du pain avec une brouette de billets, constitue le danger type de cette longue fuite en avant financière. D’ailleurs, ce cas de figure historique est bien resté à l’esprit des Allemands, qui préféreront sortir de l’euro plutôt que de laisser la BCE se résoudre à adopter la même voie.
Le problème de ces politiques monétaires dites non conventionnelles est que, comme l’a bien dit Jacques Sapir, ces actions peuvent être efficaces pour ralentir une économie surchauffée dont la croissance est trop galopante et conduit à un surcroît d’inflation néfaste. Mais elles ne le sont pas pour relancer durablement une économie structurellement en crise dans un pays mature, c’est-à-dire dont les structures économiques et sociales ont atteint un haut niveau de développement permettant un haut niveau de vie et un mode de vie varié, et dont les innovations ne sont que des ersatz d’améliorations qui ne bouleversent en rien les processus de production et de consommation. Le Japon ne sort pas de l’ornière, en témoigne sa balance commerciale qui s’est dégradée, sa croissance qui ne s’est pas relevée et son inflation qui s’affirme. Pire, avec une dette publique grotesque qui atteint plus de 250%, même détenue en majorité par des Japonais, qui ne voit le cataclysme financier qui pointe à l’horizon ?
Reproduction occidentale du basculement japonais
Que constate-t-on à l’arrivée ? Une première puissance mondiale, les États-Unis, en train d’adopter les mêmes recettes nippones avec une Fed qui procède à des injections de liquidités pour rétablir une économie mal en point comme un malade s’injecte des doses de drogues pour se calmer. Poussé par des économistes réputées, comme le prix Nobel P. Krugman, le vent des solutions japonaises gagne aussi le Vieux Continent. N’étant pas insensible à ces procédés aventureux, M. Draghi actionne pour l’instant toutes les mesures non conventionnelles qui ne froisseraient pas trop Angela Merkel. Mais les élites européennes trouvent dans ces solutions la recette miracle dans laquelle elles peuvent puiser pour sortir la zone euro de cette situation intenable de pôle au plus faible taux de croissance au monde. Englués dans une déflation qui commence, provoquée par des plans de rigueur qui finissent par atteindre les rives de la croissance allemande jusqu’ici intacte, les pays de la zone euro font pression pour adopter ces solutions et rejoindre ainsi la danse conduite par le Japon et les États-Unis.
Karl Marx, en dépit de ses errements idéologiques bien connus dès lors qu’il proposait une solution, était un fin analyste du capitalisme. Prolongeant une logique que l’on trouve déjà chez D. Ricardo, le fameux économiste britannique, il dit qu’au-delà de l’aspect cyclique des crises que connaît le capitalisme, la croissance tend inévitablement vers zéro. Les sources d’innovation ou encore les nouveaux débouchés, qu’ils soient internes lorsque sa population s’enrichit ou externes lorsque des populations étrangères s’enrichissent, ne sont que des moments d’euphories passagers qui ne font que retarder sa chute. Voulant à tout prix retarder cette mise à mort, le capitalisme entrepreneurial, sain et inévitablement cohérent avec la nature humaine propice aux échanges, a muté en capitalisme financier qui risque bien de sombrer sous ses contradictions. Alimentant un système sans aucun lien avec la réalité, le système financier devient un risque de danger humanitaire aussi intense que celui que présente un risque nucléaire, comme le dit bien Olivier Berruyer.
Les clés de la renaissance économique passeront dès lors inévitablement par l’affrontement avec ce système. Seuls des États-nations, guidés dans leur légitimité par des peuples qui veulent retrouver la prééminence de leurs intérêts, seront suffisamment agiles et fermes pour trouver en eux-mêmes les voies d’une remise en ordre économique.
Guillaume N.
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