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vendredi, 27 février 2015

L'Egypte, face à Daech, joue sa survie

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L’ÉGYPTE, FACE A DAECH, JOUE SA SURVIE

Il faut mettre les pays du golfe au pied du mur

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

Le maréchal Sissi hésite a intervenir militairement au sol en Libye contre la secte musulmane «  état islamique ». Il sait qu’il aura du mal à organiser une coalition même si certains en Italie sont tentés d’agir avant que le «  califat » ne débarque en Sicile.


L’Egypte a tout à craindre d’être prise en étau entre deux branches de l'EI qui pourraient radicaliser encore plus l’opposition, parfois déjà terroriste, des frères musulmans. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, s'est placé en première ligne de la lutte contre le terrorisme. Après avoir frappé l'Etat islamique en Libye, le raïs a demandé une résolution du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies pour une intervention militaire d'une coalition en Libye. « Il n'y a pas d'autre choix », a-t-il affirmé, sinon ce pays va se transformer en « terreau  » du terrorisme et menacer, outre son pays, « le bassin méditerranéen et l'Europe ».


A la question de savoir si l'armée égyptienne allait de nouveau bombarder les positions des djihadistes en Libye, il a répondu : « Nous avons besoin de refaire une telle réponse mais ensemble, pour arrêter le terrorisme. » D'autant que l'intervention ouvre un nouveau front pour l'armée égyptienne, qui peine déjà à contrer sur son territoire des djihadistes affiliés à l'EI.


Le Caire, en tout cas, veut mettre ses alliés occidentaux face à la réalité du jeu Qatari. «Le Qatar n’approuve pas les raids aériens égyptiens en Libye, rappelant son ambassadeur au Caire pour consultations», a rapporté, mercredi soir, l’agence de presse qatarie QNA. Doha a en effet exprimé ses réserves au sujet de la décision unilatérale de l’Egypte de mener des raids en Libye sans consulter les autres pays arabes. Au lendemain du massacre de 21 Egyptiens coptes par des combattants de l’Etat islamique, la réponse du Caire ne s’est pas faite attendre. L’armée de l’air égyptienne a bombardé, lundi matin, des positions du groupe Etat islamique en Libye, après la diffusion de la vidéo montrant la décapitation des Egyptiens. 


Ces dernières années, les relations entre l’Egypte et le Qatar n’ont jamais été au beau fixe et se sont même détériorées. En janvier 2014, le ministère égyptien des Affaires étrangères avait même convoqué l’ambassadeur du Qatar pour protester contre les critiques de Doha concernant la répression des Frères musulmans depuis la destitution par l’armée du Président Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013. Or, le Caire a banni la confrérie des Frères musulmans considérée désormais comme une "organisation terroriste". Il lui est d’ailleurs interdit de manifester au risque de sévères représailles. L’Egypte accuse en outre le Qatar de soutenir les Frères musulmans. D’ailleurs, le Qatar a beaucoup surpris en décembre 2014 lorsqu’il a décidé de soutenir la politique du Président Abdel Fattah al-Sissi, se rangeant du côté des autres pays arabes, au sommet des six pays du Golfe. Après moult tergiversations, Doha s’est incliné pour soutenir le Président égyptien, alors qu’il avait fait de son appui aux Frères musulmans l’axe central de sa stratégie.


Le Qatar n’ en finit pas de jouer double ou triple jeu, un peu selon le modèle pakistanais mais avec des moyens financiers incomparables. Quand aux autres monarchies du golfe elles ne savent plus que faire. Après les déclarations du délégué égyptien qui accusait Doha de soutenir le terrorisme, le Conseil de coopération du Golfe a, dans un premier temps, défendu le Qatar, avant de réaffirmer son appui à la lutte menée par Le Caire contre le terrorisme.


Les monarchies du Golfe ont apporté, jeudi 19 février, leur soutien au Qatar dans son différend avec l'Égypte, qui a accusé Doha de "soutenir le terrorisme" lors d'une réunion arabe sur les raids aériens égyptiens contre des positions de l’organisation de l’État islamique (EI) en Libye. Quelques heures plus tard, elles nuançaient leur position en appuyant l'Égypte dans ses actions militaires. C’est l’Egypte qu’il faut donc appuyer militairement et politiquement et tant pis pour les droits de l’islamiste.

 

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