samedi, 06 juin 2015
Pas de victoire possible sans l’Iran, Damas et la Russie
Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
On peut réunir toutes les conférences que l’on veut, ce n’est pas seulement la stratégie qu’il faut réformer, ce sont les alliances qu’il faut revoir. On ne peut gagner une guerre avec des alliés qui financent ceux qu’ils combattent. Les régimes sunnites aimeraient réduire Daech sans permettre aux chiites d’augmenter leur influence dans la région. C’est impossible.
Une vraie victoire sur Daech entraînera un renforcement de l’influence de Téhéran sur les régimes de Bagdad ou de Damas. C’est pourquoi, contrairement au Yémen, l’engagement de l’Arabie saoudite, du Qatar et des pays sunnites contre Daech est si inefficace. C’ est pourquoi les occidentaux ne font pas une vraie guerre pour en finir avec l’organisation terroriste à la tête maintenant d’un état musulman.
Dix mois après le lancement de la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre l’organisation de l’État islamique (EI), le bilan est maussade : les jihadistes ont poursuivi leur avancée. Récemment, les pertes des villes de Palmyre en Syrie, et de Ramadi en Irak, ont achevé de mettre en doute l'efficacité des bombardements arabo-occidentaux.
Et pourtant les islamistes de l’émirat prennent des coups. Plus de 10 000 militants islamiques ont été tués depuis le début des raids aériens de la coalition internationale contre les djihadistes en Irak et en Syrie il y a 9 mois. Et pourtant ce n’est pas suffisant.
Confrontés à ce constat, 24 ministres et institutions internationales faisant partie de la coalition anti-EI se sont réunis, mardi 2 juin à Paris, à l’initiative du ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius. Cette réunion intervient après la déroute de l’armée irakienne, le 17 mai, à Ramadi. La capitale de la grande province sunnite d’Al-Anbar (à 90 km de Bagdad) a été conquise par les jihadistes au détriment de forces armées largement démoralisées et très peu combatives. Un «échec majeur» d’ailleurs reconnu par le chef du gouvernement irakien.
Recevant quelques journalistes, peu avant l’ouverture de la conférence, il a cependant minimisé la responsabilité irakienne, déplorant «un manque de soutien de la communauté internationale à son pays», dont «l’insuffisance du renseignement transnational». «Je pense que c’est un échec de la communauté internationale» et non seulement de l’Irak, a-t-il affirmé. Pour lui, «il y a beaucoup de mots mais peu d’actions sur le terrain» de la part de celle-ci.
« La coalition doit changer de stratégie, faute de quoi la menace que constitue l'EI ne fera que prendre de l'ampleur », a de son côté mis en garde l'analyste australien David Kilcullen, ex-conseiller du général américain David Petraeus dans les années 2007-2008.
Le monstre a échappé à ses financiers et parrains, mais ces derniers ont encore plus peur de l’Iran que de Daech, leur créature. « Dis moi qui te fais peur, je te dirai qui tu es ! ».
Face à ces contradictions la coalition est condamnée à l’inefficacité. La destruction de l’émirat doit être la priorité et si les pays du Golfe s’y refusent, il faut faire la guerre sans eux avec l’Iran et même Damas. La victoire s’inscrit sans doute dans un renversement des alliances.
Le risque est énorme pour le monde sunnite mais il est responsable, après les Usa, de l’émergence de Daesh, ennemi des civilisations chrétiennes chiites et sunnites.
Il faut parfois perdre un bras pour éviter la mort par gangrène.
00:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, daech, isis, eiil, état islamique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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