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mardi, 23 février 2016

Les Etats-Unis testent le pouvoir du TTIP sur VW

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Les Etats-Unis testent le pouvoir du TTIP sur VW

par Eberhard Hamer, économiste, Allemagne

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Vice-président Biden a comparé avec l’OTAN ce que les Américains et leurs multinationales appellent «Accord de libre échange» (TTIP). Cet accord sert à soumettre l’Europe à la dominance économique américaine et à leurs intérêts. Il y a un aspect intérieur et un aspect extérieur:

  • C’est depuis longtemps que le gang autour de Juncker à Bruxelles s’efforce de démanteler les Etats-nations européens et d’anéantir le pouvoir de leurs Parlements pour assurer le pouvoir dominant de la Commission européenne. Pour cette raison le bureau politique à Bruxelles ne négocie qu’en secret avec les Américains, en excluant les Etats-nations. Ceci contredit la clause de subsidiarité et de souveraineté de l’UE. Mais la centralisation est le programme principal de Juncker, appliquée pendant la crise financière en partant de l’union de la concurrence économique, en passant par l’union de la responsabilité, puis de l’endettement pour arriver à l’union financière. Et encore récemment en Pologne quand l’UE est intervenue contre la destitution d’agents américains dans la radiodiffusion nationale polonaise. Bruxelles ne tolère ni des opinions divergentes de gouvernements ou Parlements, ni la limitation de l’influence des Etats-Unis en Europe.

 

  • Vers l’extérieur, TTIP sert, au profit de l’économie américaine (et de l’OTAN), à l’intensification de la guerre économique envers la Russie (sanctions, guerre du pétrole, guerre des monnaies). Selon la doctrine de Brzezinski, les Etats-Unis ne peuvent maintenir leur statut de puissance mondiale que s’ils contrôlent l’Europe, et ils ne peuvent dominer l’Europe que s’ils contrôlent l’Allemagne. Ceci non seulement sur le plan politique au sens des atlantistes, mais aussi sur le plan économique: la plupart des entreprises cotées au DAX sont sous tutelle américaine. Maintenant, tout cela doit être fusionné à l’aide du TTIP en un espace économique commun euro-atlantique, opposé à la Russie.

La prise du pouvoir économique et juridique en Europe à l’aide du TTIP est accompagnée d’attaques contre des bastions économiques avant tout allemands qui ne sont pas encore gérées par les Américains. Actuellement, c’est le tour de VW.


General Motors a essayé à deux reprises d’acquérir le «gros morceau VW» à l’aide de crédits illimités de la FED. La première fois la famille Porsche les a devancés. La deuxième fois ils ont échoué avec leur plainte contre le droit de Veto de la Basse-Saxe. Maintenant, ils tentent une troisième fois de saigner, voire de déprécier VW à l’aide d’autorités et d’avocats mandatés par eux aux Etats-Unis, pour après les racheter à bon marché.


Si VW essayait la même chose aux Etats-Unis, le gouvernement américain interviendrait immédiatement sous le prétexte de l’intérêt national et sécuritaire. Le vrai scandale concernant VW est que le gouvernement allemand ne défend pas VW et qu’il se sent visiblement obligé plutôt à la puissance américaine qu’aux 100?000 employés de VW.


Si nous tolérons que les Américains détruisent VW pour favoriser ses deux concurrents américains Ford et Opel (General Motors), l’Allemagne perdra un de ses phares dont l’éclairage rayonne loin au-delà de ses frontières. Ainsi, nous commençons à comprendre ce que les Américains entreprendront contre nos autres grandes entreprises et monopolistes du savoir-faire, à l’aide du droit américain sur sol allemand créé avec TTIP.


Il n’est donc pas étonnant qu’un gouvernement qui se tait face à la destruction de VW, soit tolérant envers, voire favorise activement, la prise de pouvoir des multinationales américaines sur l’économie allemande (TTIP). Une guerre d’anéantissement, telle que les Américains la mène contre VW, serait impossible pour les Allemands aux Etats-Unis et ne serait tolérée par aucun gouvernement ou congrès américain. On voit donc bien ce que vaut un accord entre un puissant (USA) et un impuissant (UE) conclu par un pouvoir mondial avec des fonctionnaires téléguidés par lui (Commission européenne). De plus, les fonctionnaires de l’organisation patronale représentent les intérêts des multinationales contre la grande majorité de ses membres qui sont des PME.


La teneur de la prise de pouvoir économique des Etats-Unis en Europe est bien illustrée par l’itinéraire et l’agenda d’Obama. Celui-ci inaugurera avec Mme Merkel la Foire de Hanovre pour «aligner la politique et l’économie sur l’accord TTIP».  

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(Traduction Horizons et débats)

Sept films à voir ou à revoir sur la Littérature russe

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Sept films à voir ou à revoir sur la Littérature russe

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Il est un fait évident que la littérature russe compte parmi le fleuron des arts littéraires du Vieux continent, au sein duquel le 19ème siècle fait figure d'âge d'or. Jugeons-en plutôt à la lecture de l'école romantique d'Alexandre Pouchkine, Nicolas Gogol, Ivan Tourgueniev, Fiodor Dostoïevski, Léon Tolstoï ou Anton Tchekhov ! Avec moins de faste, le début du 20ème siècle poursuit un certain classicisme russe dont Maxime Gorki constitue la figure de proue. L'avènement du bolchévisme au pays du Grand Ours marque un coup d'arrêt dans la magnificence de la littérature russe, tant il est vrai que si le génie personnel de tout écrivain est la condition première à la réalisation d'un chef-d'œuvre, il est des climats politiques qui compliquent la tâche, voire la rendent impossible. Notons tout de même les œuvres de Boris Pasternak, Mikhaïl Boulgakov et Mikhaïl Cholokhov. Ces listes ne sont, bien entendu, pas exhaustives. Et comment pourrions-nous évoquer les lettres russes sans évoquer le caractère plus fiévreux des ouvrages d'Alexandre Soljenitsyne, bien sûr, dissident politiquement incorrect qui renvoie dos à dos le communisme et le capitalisme, mais également les théoriciens de l'anarchisme Mikhaïl Bakounine et Pierre Kropotkine ? Et plus proche de nous, l'inclassable écrivain franco-russe, fondateur du parti national-bolchévique, Edouard Limonov. Si comme toutes les littératures nationales, les lettres moscovite et saint-pétersbourgeoise furent très influencées par la littérature occidentale, plus particulièrement française, elles n'en conservent pas moins des aspects particuliers. Plus que tout autre, la littérature russe est certainement déterminée géographiquement et psychologiquement par l'âme de sa Nation, dont la construction identitaire est marquée par la violence des soubresauts de son Histoire récente. Le lecteur profane en Histoire russe pourrait rapidement se heurter à une littérature absconse qui lui ferait manquer la dimension charnelle de l'œuvre. Littérature pessimiste, voire nihiliste, dans laquelle les cicatrices et fractures morales de l'individu constituent des aliénations, littérature dense faisant figurer de nombreux protagonistes, acteurs d'une intrigue diffuse et compliquée, la littérature russe est très difficilement transposable sur une pellicule. Il est d'ailleurs à noter que ce ne sont pas des cinéastes russes qui s'attaquèrent aux monuments littéraires de leur patrie éternelle. Adapter, c'est trahir dit-on ! Cela vaut certainement encore plus pour Dostoïevski et Tolstoï ! Aussi, qui est exégète de ces œuvres littéraires, dont la force et la beauté demeurent un apport incommensurable à l'identité européenne, sera déçu des films présentés. Pour les autres, il s'agira d'une formidable découverte.

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Anna Karénine

Film américain de Clarence Brown (1935)

La Russie tsariste dans la seconde moitié du 19ème siècle. Anna Karénine est l'épouse d'un sombre et despotique noble, membre du gouvernement. Prisonnière d'un mariage de raison, l'épouse délaissée n'a jamais vraiment manifesté de sentiment amoureux pour son mari, à la différence de son jeune garçon Sergeï qui constitue son seul rayon de soleil. L'amour qu'elle porte à son enfant ne lui suffit néanmoins pas. Sa vie faite de convenances bourgeoises et de respectabilité sociale l'ennuie terriblement. Aussi, lors d'un voyage à Moscou, succombe-t-elle aux avances du colonel Comte Vronsky, jeune cavalier impétueux. Vronsky ne tarde pas à suivre Anna à Saint-Pétersbourg. L'idylle adultère est bientôt découverte et provoque un scandale. Anna est chassée de la maison sans possibilité de revoir son enfant. Elle va tout perdre, d'autant plus que si le Comte est un fougueux prétendant, sa véritable maîtresse est l'armée du Tsar...

Fait rare ! Greta Garbo interprètera à deux reprises l'héroïne du roman éponyme de Tolstoï, après une première adaptation muette d'Edmund Goulding sept années plus tôt. La présente adaptation de Brown est soignée mais la retranscription hollywoodienne de la Russie tsariste a un côté "image d'Epinal" très décevant. On n'y croit guère ! On ne peut que se rendre compte qu'adapter à l'écran la richesse d'une œuvre dense de plusieurs centaines de pages est une gageure. Egalement, peut-être la volonté du réalisateur était-elle justement de gommer le caractère russe de l'œuvre de Tolstoï afin de délivrer une vision plus universelle de cet amour interdit. A cet égard, la mise en scène est impeccable, de même que les décors et les costumes. Garbo et Fredric March ont un jeu impeccable.

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LE DOCTEUR JIVAGO

Titre original : Docteur Zhivago

Film américain de David Lean (1965)

Moscou en 1914, peu avant que la Première Guerre mondiale n'achemine la Russie tout droit vers la Révolution bolchévique. Le docteur Youri Jivago est un médecin idéaliste dont la véritable passion demeure la poésie. Jivago mène une vie paisible auprès de son épouse Tonya et leur fils Sacha, que vient bientôt bousculer Lara, fiancée à un activiste révolutionnaire, dont le médecin tombe immédiatement amoureux. Lorsqu'éclate la guerre, Jivago est enrôlé malgré lui dans l'armée russe et opère sans relâche les blessés sur le front. Sa route croise de nouveau celle de Lara devenue infirmière. D'un commun accord, ils se refusent mutuellement cette histoire sans lendemain. Après la Révolution d'octobre 1917, la vie devient précaire dans la capitale moscovite. Jivago se réfugie dans sa propriété de l'Oural avec sa famille afin d'échapper à la faim, au froid et à une terrible épidémie de typhus qui ravage le pays...

Film librement inspiré du roman éponyme de Pasternak et là aussi, un pavé de plusieurs centaines de pages à porter à l'écran. Lean s'en sort à merveille au cours de ces trois heures-et-demi, en retranscrivant magnifiquement l'épopée de ce jeune médecin en quête de vérité dans le tumulte de l'aube du vingtième siècle. Aussi, à la différence du livre, le film est-il recentré sur les protagonistes principaux. Pour que celui-ci soit à la hauteur, les producteurs y ont mis les moyens et ne se sont pas montrés avares en dépenses ! Le film, longtemps censuré au pays des Soviets, reprend bien évidemment avec la plus grande fidélité la critique du régime bolchévique par Pasternak. Ce qui n'est pas très surprenant non plus, concernant une production américaine en pleine période de guerre froide. Omar Sharif est convaincant. Une fresque grandiose qui a quand même un peu vieilli.

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LE JOUEUR

Film franco-italien de Claude Autant-Lara (1958)

En 1867, Le général Comte russe Alexandre Vladimir Zagorianski prend du bon temps avec sa famille à Baden-Baden en attendant le décès de sa riche tante Antonina dont il espère l'héritage prochain. Le général est accompagné d'Alexeï Ivanovich, précepteur des enfants. L'oisiveté à laquelle la vie du général est toute dévouée le pousse à s'abandonner dans les bras de Blanche, habile intrigante. Quant à sa fille Pauline, elle est la maîtresse du marquis des Grieux, un riche aristocrate français qui entretient toute la famille du général tant qu'Antonia n'a pas expiré. Et la tante ne semble guère pressée de trépasser. Certes en fauteuil roulant, elle rend visite à son général de neveu en Allemagne. Ivanovich, qui avait prévu de retourner à Moscou après qu'il se soit fait éconduire par Pauline, change ses plans à l'arrivée de la riche tante qui le prend à son service. Antonia épouse le démon du jeu et a tôt fait de dilapider la fortune qui faisait tant l'espoir de Zagorianski...

Autant-Lara ne tire pas son meilleur film de sa libre adaptation du roman éponyme de Dostoïevski. Loin de là... Et Liselotte Pulver, Gérard Philipe et Bernard Blier ne sont pas au mieux de leur forme. Certes, Dostoïevski n'est pas l'auteur dont les personnages sont les plus simples à camper... Le film d'Autant-Lara est plus proche du Vaudeville que de la restitution de l'hédonisme russe en Allemagne. Néanmoins, cette fantasque description de l'univers du jeu au 19ème siècle, parfois trop caricaturale et mièvre, revêt des caractères plaisants bien rendus par les décors et l'atmosphère des villes d'eaux du duché de Bade. A réserver aux inconditionnels du réalisateur de La Traversée de Paris.

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LOLITA

Film anglais de Stanley Kubrick (1962)

C'est l'été dans la petite ville de Ramslade dans le New Hampshire. Humbert Humbert est un séduisant professeur de littérature française récemment divorcé qui cherche une chambre à louer dans la ville. C'est dans la demeure de Charlotte Haze, veuve érudite en mal d'amour, qu'il trouvera son bonheur, surtout après avoir entraperçu Dolorès, quatorze ans, surnommée Lolita, la charmante fille de Charlotte. La propriétaire essaye par tous les moyens de s'attirer les faveurs du professeur bien plus tenté par le charme de la juvénile Lolita. Afin de pouvoir continuer à demeurer chez les Haze à l'issue de sa location, et ainsi à proximité de l'adolescente , Humbert n'hésite pas une seconde et épouse la mère. Le bonheur marial est de courte durée. Charlotte ne tarde pas à démasquer les véritables intentions de son nouveau mari...

Réalisation très librement inspirée du roman éponyme de Vladimir Nabokov qui ne fit pas l'unanimité. Certains allèrent jusqu'à hurler à la trahison de l'œuvre du moins russe des écrivains russes, dont la famille s'exila après la Révolution d'octobre 1917. Il est vrai que le film de Kubrick, qui n'a pourtant jamais craint d'érotiser son œuvre, contient une sensualité moindre que le roman. Il est vrai aussi que la censure exerçait encore de nombreuses contraintes à l'orée de la décennie 1960. Kubrick avait d'ailleurs déclaré, après avoir dû couper plusieurs scènes, qu'il aurait préféré ne pas tourner cette adaptation critique de la libéralisation sexuelle outre-Atlantique. La jeune Sue Lyon est merveilleuse, de même que James Manson. Il est difficile de juger si Lolita figure parmi les meilleurs Kubrick. Mais ça reste du grand Kubrick !

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LES POSSEDES

Film français d'Andrzej Wajda (1987)

Vers 1870, dans une ville de province de l'Empire russe, un group d'activistes révolutionnaires tente de déstabiliser la Sainte-Russie. Aux réunions, grèves et diffusions de tracts, succède bientôt l'action clandestine. Conduits par l'exalté fils d'un professeur humaniste, Pierre Verkhovenski, la cellule nihiliste confie la direction du mouvement à Nicolas Stavroguine, de condition aristocrate, mais cynique et désabusé. Fanatique et charismatique, Stavroguine exerce un pouvoir sans pitié sur le groupe. Aussi, ordonne-t-il l'exécution de Chatov, ouvrier honnête qui manifestait ses distances avec la bande au sein de laquelle les tensions s'exacerbent. Verkhovenski intrigue afin que Kirilov, un athée mystique, endosse le crime. Kirilov est contraint au suicide...

Au risque de se répéter, une nouvelle fois, le film est inférieur au roman, bien que la présente réalisation de Wajda conserve un intérêt majeur et de splendides images. Le fond de l'intrigue est survolé et perd, ainsi, en intensité, au regard des centaines de pages de l'œuvre de Dostoïevski, mais comment pourrait-il en être autrement ? Si Omar Sharif incarne, de nouveau et de manière satisfaisante, un héros de la littérature russe, les personnages du film pourront être perçus comme excessifs à l'exception de Sjatov, révolutionnaire qui garde raison plus que les autres. Wajda semble assez peu à l'aise dans sa représentation de l'esprit révolutionnaire qu'il apparente trop vulgairement à une soif de violence gratuite. A voir quand même !

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LE PREMIER CERCLE

Titre original : The First circle

Film américain d'Aleksander Ford (1972)

En 1949, un jeune diplomate découvre, à la lecture d'un dossier, l'arrestation imminente d'un grand médecin. Le diplomate prend la décision de prévenir anonymement le futur embastillé, ne se doutant que des oreilles mal intentionnées enregistrent la conversation téléphonique. La mise sur écoute n'est pas encore jugée suffisamment au point par les services secrets. Nombre de savants s'ingénient ainsi à perfectionner le système dans une charachka, laboratoire de travail forcé, de la banlieue moscovite. L'un des ingénieurs, conscient que l'écoute téléphonique est une arme coercitive précieuse pour les services secrets, entreprend de détruire sa création perfectionnée. Ce sabotage n'a d'autre issue que sa déportation en Sibérie. De même pour le diplomate bientôt identifié qui avait tenté de sauver la liberté du médecin. Parmi tout l'appareil répressif communiste, les laboratoires dans lesquels sont mis au point les armes de répression massive constituent le premier cercle de l'Enfer stalinien.

Il est surprenant que ce soit le cinéaste polonais rouge Ford qui se soit porté volontaire pour adapter à l'écran un roman de Soljenitsyne... Certainement revenu de ses illusions sur la nature du régime stalinien, Ford livre un plaidoyer en faveur de la liberté et de la dignité humaines. Soucieux d'une recherche esthétique, celle-ci n'est pourtant pas toujours réussie mais livre des passages intéressants que magnifie le noir et blanc. Le film est malheureusement tombé dans les oubliettes du Septième art. Quant au titre du récit éponyme et largement autobiographique de Soljenitsyne, il fait référence aux neufs cercles de l'Enfer de la Divine comédie de Dante Alighieri.

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UN DIEU REBELLE

Titre original : Es ist nicht leicht ein Gott zu sein

Film germano-franco-russe de Peter Fleischmann (1989)

La Terre dans un futur loin de plusieurs siècles. Les Terriens sont parvenus à une parfaite maîtrise de leurs émotions afin de vivre dans une paix perpétuelle. A des fins d'étude, une équipe de chercheurs est envoyée en observation d'une autre civilisation humaine sur une lointaine planète. Afin de ne pas dévoiler leur présence, seul Richard est choisi parmi les siens pour aller à la rencontre des habitants. Un seul impératif guide son action : la non-ingérence dans les affaires autochtones. Le temps passe et Richard ne donne plus aucun signe de vie au reste de l'équipage demeuré dans le vaisseau spatial. Inquiet, Alan fait à son tour le voyage vers la planète semblable à la Terre mais sur laquelle les mœurs des habitants, brutales et cruelles, et la technologie accusent plusieurs siècles de retard...

Délaissons quelque peu l'univers de la littérature classique russe pour nous intéresser à un chef-d'œuvre méconnu de la littérature de science-fiction. Le présent film est une adaptation du roman Il est difficile d'être un Dieu des frères Arcadi et Boris Strougatski et est supérieur à la seconde adaptation éponyme d'Alexeï Guerman. Le présent film ne manque pas d'être subversif et peut être considéré comme une vive critique du soviétisme et, dans une perspective plus large, de la barbarie de la soumission à autrui qu'exerce la violence. La mise en scène est néanmoins faible, les cadrages serrés curieux au regard de l'immensité du décor et les effets spéciaux peu travaillés. Et pourtant ! Voilà un petit bijou que les passionnés de science-fiction considéreront comme culte. Les plus rationnels des spectateurs pourraient, quant à eux, s'endormir longtemps avant la fin. Tourné au Tadjikistan pour les décors naturels, il offre, en outre, de splendides paysages.

Virgile / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

Privatisation: la tactique Atlantiste pour attaquer la Russie

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Privatisation: la tactique Atlantiste pour attaquer la Russie

Ex: http://www.histoiretsociete.wordpress.com

Source : CounterPunch

Par PAUL CRAIG ROBERTS – MICHAEL HUDSON

Il y a deux ans, des officiels russes discutaient de plans d’action pour privatiser un groupe d’entreprises nationales dirigées par le producteur de pétrole Rosneft, la banque VTB, Aeroflot, et Russian Railways. L’objectif de départ était de moderniser la gestion de ces sociétés, et aussi d’inciter les oligarques à commencer à ramener leurs capitaux expatriés depuis deux décennies pour les investir dans l’économie russe. La participation étrangère était sollicitée dans les cas où le transfert de technologie et les techniques de gestion pouvaient aider l’économie.

Toutefois, les perspectives économiques russes se sont détériorées, à mesure que les États-Unis poussaient les gouvernements de l’Ouest à imposer des sanctions économiques contre la Russie et que les prix du pétrole baissaient. Cela a rendu l’économie russe moins attractive pour les investisseurs étrangers. Dès lors la vente de ces sociétés aujourd’hui rapporterait des montants bien inférieurs à ce qu’ils auraient pu représenter en 2014.

Entre-temps, la combinaison d’une hausse du déficit budgétaire intérieur et du déficit de la balance des paiements a donné aux défenseurs de la privatisation un argument pour pousser davantage aux ventes. Le défaut dans leur logique est leur hypothèse néolibérale selon laquelle la Russie ne peut pas seulement monétiser son déficit, mais a besoin pour survivre de liquider plus d’éléments majeurs de son patrimoine. Nous mettons en garde la Russie d’être assez crédule pour accepter ce dangereux argument néolibéral. La privatisation n’aidera pas à la ré-industrialisation de l’économie russe, mais aggravera sa transformation en une économie rentière dont les profits seront extraits au bénéfice de propriétaires étrangers.

Pour s’en assurer, le président Poutine a mis en place le 1er février un ensemble de modalités dont le but est d’empêcher les nouvelles privatisations d’être aussi désastreuses que les ventes réalisées sous l’ère Eltsine. Cette fois les biens ne seront pas vendus en dessous du prix du marché, mais devront refléter la réelle valeur potentielle. Les firmes vendues resteront sous la juridiction russe, et ne seront pas gérées par des propriétaires étrangers. Les étrangers ont été invités à participer, mais les sociétés devront rester soumises aux lois et réglementations russes, y compris les restrictions concernant le maintien de leurs capitaux en Russie.

De plus, les firmes destinées à être privatisées ne peuvent être achetées grâce à un emprunt auprès d’une banque publique nationale. L’objectif est d’obtenir de “l’argent comptant” des rachats – idéalement de devises étrangères détenues par des oligarques de Londres et d’ailleurs.


Poutine a judicieusement écarté de la vente la plus grande banque de Russie, Sberbank, qui détient la plupart des comptes épargne de la nation. Les activités bancaires doivent évidemment rester largement un service public, et cela parce que la capacité de création monétaire par le crédit est un monopole naturel et de caractère intrinsèquement public.
Malgré ces protections ajoutées par le président Poutine, il y a de sérieuses raisons de ne pas poursuivre avec ces privatisations récemment annoncées. Ces raisons vont au-delà du fait qu’elles seraient vendues en période de récession économique résultant des sanctions économiques de l’Ouest et de la chute du prix du pétrole.

Le prétexte cité par les officiels russes pour vendre ces sociétés à l’heure actuelle est le financement du déficit du budget intérieur. Ce prétexte montre que la Russie ne s’est toujours pas remise du désastreux mythe de l’Ouest atlantiste selon lequel la Russie doit dépendre des banques étrangères et des porteurs d’obligations pour créer de l’argent, comme si la banque centrale russe n’était pas capable de monétiser elle-même son déficit budgétaire.

La monétisation des déficits budgétaires est précisément ce que le gouvernement des États-Unis a fait, et ce que les banques centrales de l’Ouest ont fait dans l’ère post-Seconde Guerre mondiale. La monétisation de la dette est une pratique courante à l’Ouest. Les gouvernements peuvent aider à relancer l’économie en imprimant de la monnaie au lieu d’endetter leur pays auprès de créanciers privés qui drainent les fonds du secteur public via le paiement des intérêts aux créanciers privés.


Il n’y a pas de raison valable de recueillir des fonds de banques privées pour fournir au gouvernement de l’argent lorsqu’une banque centrale peut créer le même argent sans avoir à payer les intérêts de prêts.

Néanmoins, il a été inculqué aux économistes russes la croyance occidentale selon laquelle seules les banques commerciales devraient créer de l’argent et que les gouvernements devraient vendre des obligations portant intérêt dans le but de recueillir des fonds. La fausse croyance selon laquelle seules les banques privées devraient créer de l’argent via des prêts mène le gouvernement russe sur le même chemin qui a conduit l’Euro-zone dans une impasse économique.

En privatisant la création monétaire par le crédit, l’Europe a fait passer la planification économique des mains des gouvernements démocratiquement élus vers celles du secteur bancaire.


La Russie n’a pas besoin d’accepter cette philosophie économique pro-rentière qui saigne un pays de ses revenus publics. Les néolibéraux l’ont promu non pas pour aider la Russie, mais pour mettre la Russie à genoux.

Essentiellement, ces russes alliés de l’Ouest – “intégrationnistes atlantistes” – qui veulent que la Russie sacrifie sa souveraineté pour l’intégration dans l’empire occidental utilisent les sciences économiques néolibérales pour prendre au piège Poutine et ouvrir une brèche dans le contrôle qu’a la Russie sur sa propre économie, rétablie par Poutine après les années Eltsine où la Russie était pillée par les intérêts étrangers.

Malgré quelques succès dans la réduction du pouvoir des oligarques résultant des privatisations d’Eltsine, le gouvernement russe a besoin de conserver les entreprises nationales comme pouvoir économique compensateur. La raison pour laquelle les gouvernements gèrent les réseaux de chemins de fer et les autres infrastructures fondamentales est de baisser le coût de la vie et celui de faire des affaires. Le but poursuivi par les propriétaires privés, au contraire, est d’augmenter les prix aussi haut qu’ils le peuvent. Cela est appelé “appropriation de la rente”. Les propriétaires privés dressent des postes de péage pour élever les coûts des services d’infrastructure qui ont été privatisés. Ceci est l’opposé de ce que les économistes classiques entendent par “libre marché”.

Il est question d’un marché qui a été conclu avec les oligarques. Les oligarques deviendront actionnaires dans des sociétés publiques avec l’argent des précédentes privatisations qu’ils ont caché à l’étranger, et obtiendront une autre “affaire du siècle” lorsque l’économie russe aura suffisamment récupéré pour permettre que d’autres gains excessifs soient faits.


Le problème est que plus le pouvoir économique passe du gouvernement au contrôle du secteur privé, moins le gouvernement a de pouvoir compensateur face aux intérêts privés. Sous cet angle, aucune privatisation ne devrait être permise à l’heure actuelle.

Des étrangers devraient encore moins être autorisés à acquérir des biens nationaux russes. Afin de recevoir un unique paiement en monnaie étrangère, le gouvernement russe remettra aux étrangers des sources de revenus futurs qui peuvent, et qui vont, être extraites de Russie et envoyées à l’étranger. Ce “rapatriement” des dividendes se produira même si la gestion et le contrôle restent géographiquement en Russie.

Vendre des biens publics en échange d’un paiement unique est ce que le gouvernement de la ville de Chicago a fait lorsqu’il a vendu contre un paiement unique les 75 ans de source de revenus de ses parcmètres. Le gouvernement de Chicago a obtenu de l’argent pour l’équivalent d’une année en abandonnant 75 ans de revenus. En sacrifiant les revenus publics, le gouvernement de Chicago empêchait les biens immobiliers et le patrimoine privé d’être taxés et permettait par la même occasion aux banques d’investissement de Wall Street de se faire une fortune.

Cela suscitat également un tollé public contre ce cadeau. Les nouveaux acheteurs augmentèrent brusquement les tarifs des stationnements de rue et poursuivirent le gouvernement de Chicago en dommages et intérêts lorsque la ville ferma les rues lors de parades publiques et pendant les vacances, en ce que cela “interférait” avec la rente d’exploitation des parcmètres. Au lieu d’aider Chicago, cela aida à pousser la ville vers la banqueroute. Il ne faut pas s’étonner que les atlantistes aimeraient voir la Russie subir le même sort.

Utiliser la privatisation pour couvrir à court terme un problème de budget crée un plus grand problème à long terme. Les profits des sociétés russes s’écouleraient en dehors du pays, réduisant le taux de change du rouble. Si les profits sont payés en rouble, les roubles pourraient être dopés par le marché de change étranger et échangés contre des dollars. Cela déprécierait le taux de change du rouble et augmenterait la valeur d’échange du dollar. En effet, autoriser les étrangers à acquérir les biens nationaux russes aide les étrangers à spéculer contre le rouble russe.

Bien sûr, les nouveaux propriétaires russes des biens privatisés pourraient aussi envoyer leurs profits à l’étranger. Mais au moins le gouvernement russe réalise que les propriétaires soumis à la juridiction russe sont plus facilement réglementés que ne le sont les propriétaires qui sont capables de contrôler les sociétés depuis l’étranger et de garder leurs fonds de roulement à Londres ou dans d’autres centres bancaires étrangers (tous soumis au levier diplomatique américain et aux sanctions de la nouvelle guerre froide).

A la racine de la discussion sur la privatisation devrait se trouver la question de ce qu’est l’argent et de la raison pour laquelle il devrait être créé par des banques privées plutôt que par des banques centrales. Le gouvernement russe devrait financer le déficit de son budget grâce à la banque centrale qui créerait l’argent nécessaire, tout comme les USA et le Royaume-Uni le font. Il n’est pas nécessaire au gouvernement russe d’abandonner pour toujours des sources de revenus futures simplement pour couvrir le déficit d’une année. Ceci est le chemin qui conduit à l’appauvrissement et à la perte d’indépendance économique et politique.

La globalisation a été inventée comme un outil de l’empire américain. La Russie devrait se protéger contre la globalisation, et non s’y ouvrir. La privatisation est le moyen pour diminuer la souveraineté économique et maximiser les profits en augmentant les prix.
Tout comme les ONG financées par l’Occident qui officient en Russie sont la cinquième colonne qui opère contre les intérêts nationaux russes, les économistes néolibéraux de Russie font de même, qu’ils le réalisent ou non. La Russie n’échappera pas aux manipulations de l’Occident tant que son économie ne sera pas hermétique aux tentatives occidentales de reformatage de l’économie russe dans l’intérêt de Washington et non dans celui de la Russie.

Source : CounterPunch, le 08/02/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.