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mercredi, 22 mars 2017

Entretien avec Jean-Michel Quatrepoint

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« Le cycle néolibéral touche à sa fin »

Entretien avec Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique et essayiste

Ex: http://metamag.fr

Dans une vidéo parue sur Xerfi canal, vous expliquez que nous sommes en train de changer de cycle et que le néolibéralisme a atteint ses limites. Qu’est-ce qui vous faire dire ça ? Est-ce l’élection de Trump aux États-Unis ? Le Brexit en Europe ?
Oui. Le néolibéralisme est entré dans un processus de reflux, après son apogée que je situe en 2007-2008, avec la grande crise : crise des subprimes aux États-Unis, puis crise des « dettes souveraines » et de l’euro, par ricochet, en Europe.

JMQ-1.jpgCe cycle néolibéral avait commencé le 15 août 1971, avec l’abandon de la convertibilité du dollar en or, autrement dit avec la fin du système de Bretton Woods. Une fin décidée unilatéralement par Nixon alors que les Américains avaient besoin de créer beaucoup de monnaie pour financer tout à la fois la guerre du Vietnam et la guerre des étoiles. En 1971, on bascule donc dans un système de changes flexibles. Dans le même temps, l’école de Chicago [une école de pensée néolibérale dont la figure emblématique est Milton Friedman] entreprend un travail théorique visant à bâtir un corps de doctrine en rupture avec le keynésianisme. Cette école théorise le « trop d’État, trop de syndicats, trop de conglomérats et de monopoles ». Elle plaide pour la dérégulation et la casse du système pour le rendre plus dynamique.

Puis Reagan arrive au pouvoir aux États-Unis (Thatcher l’a précédé en Grande-Bretagne, de la même façon que le Brexit a précédé Trump de quelques mois) pour appliquer ce programme. Il est d’ailleurs amusant de rappeler qu’il se fait élire sur le slogan « Make America great again ». Car à la fin des années 1970, l’Amérique est en proie au doute. On se situe juste après le Watergate, l’impeachment de Nixon, la défaite au Vietnam, la prise d’otage à l’ambassade d’Iran. Par ailleurs, c’est l’époque où se posent les premiers problèmes de désindustrialisation. Les États-Unis se heurtent à l’ambition japonaise, tout comme ils se heurtent aujourd’hui à l’offensive chinoise. Pendant la première moitié de la décennie 1980, ils organisent donc la contre-offensive. L’affaire se solde par les accords monétaires du Plaza de septembre 1985. Le Japon est mis à genoux et obligé de réévaluer sa monnaie de 100 % en un an. Au passage, l’Allemagne doit réévaluer elle aussi.

Vous voulez dire en somme que le début de la présidence Reagan correspondait à l’entrée dans un cycle, comme celui dans la présidence Trump signale qu’on est en train d’en sortir ?
Oui. Avec des différences mais avec des similitudes également. A l’époque – c’est une différence -Reagan commence par casser les monopoles : dans les télécoms, dans le transport aérien, etc. Puis il dérégule, libéralise progressivement les mouvements de capitaux. Enfin, il se tourne vers les Européens et leur demande de procéder de même, au nom de la réciprocité. Mais par ailleurs – ça, ce sont plutôt des similitudes – Reagan donne un coup de pouce fiscal aux entreprises d’une part, et entreprend de gros travaux d’infrastructure d’autre part. Sur ce, au début des années 1990, le communisme s’effondre.

C’est une nouvelle étape du cycle…
Tout à fait. Une étape décisive. On considère que le système américain a gagné, puisqu’il est le seul à subsister. Il a gagné parce qu’il a produit plus de richesses en Occident et les a mieux redistribué que le communisme. Puisqu’il a gagné on va donc appliquer ses règles – libre échange, privatisations, dérégulation, démocratie à l’occidentale – aux quatre coins du monde. Et l’on se met à théoriser la globalisation.

Politiquement, les États-Unis entrent dans l’ère Clinton. C’est un tournant. Alors que les Républicains étaient l’un sans être l’autre, pour la première fois arrivent aux commandes, avec les Démocrates, des gens qui sont à la fois très néolibéraux en économie et très « diversitaires » sur le plan culturel. Dès lors, on voit monter en puissance la glorification des minorités et la sacralisation des différences.

JMQ-2.jpgAu nom d’une certaine idée de « l’ouverture » ?
Et au nom de l’idée que puisqu’on a gagné, c’est qu’on a le meilleur modèle. Qu’il n’y a pas de prospérité possible sans l’application de ce modèle. C’est ce que les Américains vont tenter d’expliquer aux Chinois et aux Russes.

Concernant les Russes, on envisage avant tout d’en faire des fournisseurs de matières premières. Mais d’abord on les punit en démantelant l’édifice dont ils sont le pivot. La Russie passe à 140 millions alors que l’URSS en comptait 300 millions. Et Brzezinski – l’auteur très écouté du « Grand échiquier » et qui a longuement plaidé pour une séparation irrémédiable de la Russie et de l’Ukraine – voulait aller plus loin encore.

Quant à la Chine, elle est perçue comme un eldorado où les multinationales américaines vont pouvoir massivement délocaliser, dans l’espoir de s’emparer à terme du marché chinois. Les États-Unis envisagent d’installer toute l’industrie en Chine et de se spécialiser sur la finance, les services, la Défense, l’entertainment (Hollywood, les produits culturels…). Il est également prévu que l’on compense le déficit commercial ainsi généré grâce aux excédents sur les services les revenus des brevets, des capitaux, et les achats de dette américaine par les pays qui accumulent les excédents commerciaux. Lawrence Summers ( économiste et secrétaire au Trésor de Bill Clinton en 1999-2001 ) a d’ailleurs théorisé la chose en expliquant qu’il fallait délocaliser toute l’industrie polluante dans les pays émergents, et ne conserver sur le sol américain que les activités « nobles » et de conception.

Mais aujourd’hui, on change de cap…
A vrai dire, c’est Obama qui aurait dû opérer ce virage. Il a été élu précisément pour cela. Lors de la primaire démocrate, il avait été choisi contre Clinton, à la surprise générale. Sachant que les Clinton incarnent à eux deux tout le processus de déréglementation économique (suppression du Glass Stiegel act qui séparait les banques de dépôt et celles d’investissement, par exemple), le vote Obama représentait déjà une tentative de sortir de ce piège.

Le problème c’est qu’Obama a énormément déçu. Il voulait agir, pourtant. Mais il a capitulé devant tous les lobbies et le bilan de son Obamacare est très mitigé. En revanche il a sauvé General Motors et mené à bien une révolution énergétique qui a permis au pays de devenir autosuffisant dans le but de diminuer le déficit de la balance commerciale. Ça, ce n’est pas rien.

Revenons sur Trump. Que peut-il faire à présent ?
Trump a une obsession, c’est le déficit de la balance des comptes courants. Et il a raison. Lorsqu’on regarde les chiffres de ce déficit, on s’aperçoit que rien n’a changé sous Obama. Les avantages tirés de la politique énergétique volontariste sont effacés. L’an dernier, le déficit commercial s’est élevé à 750 milliards de dollars. Certes, avec 250 milliards de bénéfices sur les services et la finance, le déficit des comptes courants n’est « que » de 500 milliards. Mais cela fait dix ans que ça dure ! C’est colossal ! Car bien sûr, tout cela se traduit par de l’endettement. Sous Obama, la dette publique a doublé. Elle est passé de 10 000 à 20 000 milliards de dollars. Quant à la dette privée, celle des entreprises et des ménages, elle repart actuellement à la hausse. L’épargne est négative aux États-Unis.

Ce que Trump veut, c’est combler ces déficits colossaux. Il s’est donc fixé pour objectif de récupérer de l’industrie manufacturière et de la matière fiscale. C’est aussi la raison pour laquelle il s’est empressé de cibler les pays ayant des excédents sur l’Amérique. Ces pays sont la Chine, l’Allemagne, le Mexique et le Japon. Le tout dernier est une pièce maîtresse du dispositif géostratégique américain dans le Pacifique, donc il est relativement épargné. Mais les trois autres sont pilonnés par l’administration Trump.

D’où l’idée invraisemblable du mur à la frontière mexicaine, par exemple ?
Oui, cette annonce est très symbolique. Mon hypothèse est que Trump a fait le choix, parce que c’est dans son tempérament et parce qu’il a constaté l’échec d’Obama, de « casser la baraque », y compris en se montrant très provocateur. Il part du principe qu’avec l’establishment, la manière douce est inopérante. Donc il y va au chalumeau. Par exemple, il brutalise les journalistes et se passe des médias : il twitte. Et c’est loin d’être sans effet ! Regardez les grandes entreprises. Ce qui compte, pour elles, c’est évidemment leur valeur boursière. Et si le Président fait un tweet expliquant que Ford est un mauvais américain parce qu’il veut délocaliser 1000 emplois, immédiatement, l’action chute en bourse.

La contrepartie c’est que Trump s’est constitué un pool d’ennemis irréductibles qui feront tout pour se débarrasser de lui. Parmi ceux-ci figurent les agences de renseignement, qui sont nombreuses et emploient plus de 800 000 personnes. Depuis le 11 septembre 2001, elles ont pris une importance considérable et constituent un véritable État dans l’État. Parmi les ennemis de Trump figure également l’administration, tout aussi jalouse de ses prérogatives qu’elle peut l’être en France. Vient ensuite l’establishment médiatique, qu’il n’a pas flatté dans le sens du poil, c’est le moins que l’on puisse dire. Autres ennemis enfin, les « GAFA » (les géants du Web : Google, Apple, Facebook, Amazon). Ils fascinaient Obama, qui leur a tout passé, n’a rien su réguler, n’est jamais parvenu à leur faire rapatrier les profits accumulés à l’étranger. Trump, lui, les a ignorés. Il a gagné l’élection en faisant sciemment l’impasse sur les côte Est et Ouest, et en ne faisant quasiment campagne que dans les dix swing states. Dans ces swing states, il a par ailleurs utilisé pour sa campagne un logiciel fabriqué par une entreprise appartenant à Peter Thiel, le seul magnat de la Silicon Valley à l’avoir soutenu et aujourd’hui son conseiller technologique. Cet outil permet un ciblage marketing extrêmement fin qui a permis aux organisateurs de la campagne d’identifier les électeurs qui, dans les États concernés, étaient capable de faire pencher la balance en faveur du candidat. C’est sur ceux-ci qu’on a fait porter l’effort maximal.

Mais Trump a été élu dans des conditions improbables, à l’arrachée. S’il n’a en plus que des ennemis, avec qui peut-il gouverner ?
Avec la moitié des Américains tout de même, c’est à dire avec ceux qui l’ont élu ! Trump a également de son côté une bonne partie des syndicats, notamment ceux du transport routier, du secteur pétrolier, du BTP. Forcément, avec 1 300 milliards d’investissements annoncés dans les infrastructures…

JMQ-3.jpgIl a aussi quelques banquiers…. et c’est paradoxal. Vouloir acter la fin du cycle néolibéral en s’entourant d’anciens de chez Goldman Sachs…. on a le droit d’être dubitatif ?
On a le droit. Mais je pense surtout que Trump a compris qu’on ne pouvait pas avoir trop d’ennemis en même temps. Donc il ménage Wall Street. Il n’y a qu’à voir la bourse américaine, qui était supposé souffrir et qui bat en réalité record sur record. En plus, c’est habile. Parce que les GAFA, qui sont souvent surcotées en bourse, ont davantage besoin de Wall Street que l’inverse. Si l’on se fâche avec les unes, il est important de ménager l’autre.

Une partie du patronat, enfin, soutient Trump. Certains patrons ont bien compris qu’un changement de cycle était déjà amorcé. Le principal signe en est que le commerce mondial progresse désormais moins vite que le PIB mondial… alors-même que celui-ci augmente moins vite. Depuis deux ou trois ans, les grandes entreprises, sans aller jusqu’à relocaliser, commencent à réorganiser leur chaîne de valeur. Les investissements ont déjà commencé à être réorientés avant l’accession de Trump à la présidence. La difficulté à ce stade, c’est que ces choses-là ne s’opèrent pas en un claquement de doigts. Une décision d’investissement relocalisé peut demander des années d’étude et de travail. A noter également : les créations d’usine relocalisées aux États-Unis poussent très loin la robotisation, et ne créent pas forcément tant d’emplois que cela. C’est d’ailleurs là le vrai sujet du nouveau cycle économique qui s’ouvre, et pas seulement aux États-Unis : où créée-t-on de l’emploi ?

Le problème est d’autant plus saillant que personne n’a vraiment anticipé le changement de cycle. Tout le monde – jusqu’à Pascal Lamy – est d’accord pour dire que la globalisation a été trop loin. Et qu’il faut instaurer des régulations et des freins. Quelles régulations toutefois ? Et quels freins ?….

Sommes-nous entrés dans une phase de démondialisation ?
Tout à fait. Ou de retérittorialisation, même si ses modalités restent à définir. La notion de « frontière » est en cours de réhabilitation…..

Et l’Europe dans tout ça ? Trump n’a de cesse de vilipender les gros pays créanciers, c’est à dire la Chine et l’Allemagne. Quelles conséquences cela peut-il avoir sur l’Allemagne, donc sur l’Europe ?
N’allons pas trop vite. Le principal problème pour lui est la Chine, non l’Allemagne. Les États-Unis restent très dépendants de Pékin. Et même si Trump a été très offensif au début en appelant la Présidente de Taïwan – c’était peut-être une gaffe d’ailleurs – il a tout de même fait une fleur substantielle aux Chinois en renonçant au TTP (le traité de libre-échange trans-Pacifique) qui était explicitement dirigé contre eux.

Vient ensuite la question de la mer de Chine. Les Chinois considèrent que c’est leur mer intérieure et que les Américains n’ont rien à y faire. Inversement, les Américains refusent depuis toujours l’idée qu’une puissance du Pacifique possède une flotte capable de venir frôler leurs côtes. A vrai dire, ils se considèrent comme une île et pour eux – comme pour les Anglais autrefois – le contrôle des mers est essentiel. Dès lors, lorsque les Chinois affichent, comme c’est le cas, une volonté de constituer une flotte de guerre avec des porte-avions, il s’agit pour les États-Unis d’un casus belli. En somme, il y a sans doute, entre les deux puissances, un compromis à négocier. Il pourrait consister à laisser intégralement la main aux Chinois en mer de Chine, et à leur demander, en contrepartie, un strict respect de la doctrine Monroe (« l’Amérique aux Américains ») énoncée au début du XIX° siècle mais toujours prégnante.

Est-ce que ce « donnant-donnant » pourrait valoir aussi avec les Russes ?
La Russie, pour les Américains, n’est pas un enjeu de même ampleur que la Chine. La Russie est une vraie puissance militaire. C’est d’ailleurs là une brillante réussite de Poutine, qui a redonné de la fierté à son pays en utilisant l’armée et avec peu de moyens. En revanche, sur le plan économique, la Russie n’existe pas. Son PIB c’est celui de l’Espagne, guère plus. Elle est poursuivie par cette malédiction des pays pétroliers qui vivent de la rente et ne parviennent pas à accéder au stade suivant du développement économique.

Donc au bout du compte, si Trump veut normaliser les relations entre les États-Unis et la Russie, c’est parce qu’il n’y a pas spécialement de danger de ce côté-là….
Non, la Russie n’est en aucune façon un créancier des États-Unis. De plus, les Américains n’ont aucun intérêt à ce que se forme une alliance trop étroite entre la Russie et la Chine.

Et pour en revenir à l’Allemagne ?
Que veut l’Allemagne ?… C’est une question à laquelle je serais bien en peine de répondre à ce stade. Attendons déjà de voir si le prochain chancelier sera Merkel ou Schulz. Le SPD, en effet, est traditionnellement bien plus pro-russe que la CDU. Il suffit de se rappeler l’époque Schröder, et la manière dont l’axe Paris-Berlin-Moscou s’est opposé à Bush au moment où il lançait sa guerre en Irak.

Peut-on recréer cet axe ? Pour moi, le véritable enjeu de l’Europe est celui-ci. Soit l’Allemagne joue le jeu de « l’Europe européenne », pour reprendre une expression gaullienne, et normalise à cette fin sa relation avec Moscou. Soit elle demeure atlantiste et refuse d’envisager la dimension stratégique de son rapport au monde. Elle restera alors le pays exclusivement mercantiliste qu’elle est actuellement, soucieuse uniquement de se tailler la part du lion dans le commerce mondial en usant et abusant à cette fin d’une monnaie qui l’arrange, l’euro. Mais il n’est pas certain que la construction européenne puisse survivre longtemps à la seconde option.

Jean-Michel Quatrepoint est notamment l’auteur de Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l’économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014) et de Alstom, scandale d’Etat – dernière liquidation de l’industrie française (Fayard, en septembre 2015) . ll est membre du Comité Orwell présidé par Natacha Polony.

Source

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

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Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Au sommaire :

L’émission de Méridien Zéro du 10 mars était consacrée au dernier numéro de Nouvelle École portant sur Charles Maurras, «  instituteur » du nationalisme-royaliste qui  exerça pendant un demi-siècle un magistère intellectuel de premier plan. Deux des contributeurs de la revue, Rémi Soulié et Olivier François, et les animateurs habituels de  la radio s’efforcent d’approfondir de façon passionnante certains des aspects de l’homme et de l’oeuvre, sans en taire les limites et les impasses.
 
 
• Vincent Coussedière s’érige en faux contre le sentiment commun d’une vague « populiste » irrésistible. Et pour cause; celui qui parle du « retour du peuple » n’identifie pas ce retour aux partis dits populistes car le peuple n’est pas un parti. Le populisme du peuple doit, selon lui, s’interpréter comme la pression exercée par les peuples voulant conserver leur existence substantielle contre les système partisans qui se montrent non seulement incapables de les protéger mais qui entendent les liquider. Ainsi, si la décomposition des systèmes politiques est généralisée, leur recomposition « populiste » fantasmée par de nombreux commentateurs n’est pas encore à l’ordre du jour comme vient de le montrer le relatif échec de Geert Wilders aux Pays-Bas. Vincent Coussedière vient de publier « Fin de partie. Requiem pour l’élection présidentielle » chez Pierre-Guillaume de Roux.
 
 
Courte chronique de Yannick Jaffré au sujet de l’ouvrage de Michel Onfray « Décadence » sur les ondes de Radio Libertés. 
 
  
Excellent commentaire de Michel Drac à propos des « Écrits corsaires » de Pier Paolo Pasolini, un livre des années 70 où le cinéaste tenait sur l’évolution de nos sociétés vers  un hédonisme de masse un discours d’avant garde. Saisissant parfaitement l’esprit de cette époque, Pasolini y voyait, à l’encontre des débris de l’antifascisme archaïque, l’imposition du nouvel ordre bourgeois de la marchandise.
 
 

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De Michel Drac on peut également consulter le compte-rendu du livre de John Rushton « Race, Evolution and Behavior. A Life History Perspective» (première référence). Également sa chronique de l’ouvrage de Stratediplo intitulé « La huitième plaie » qui traite de l'invasion que subit notre continent et qui selon lui résulte d’un plan globalement concerté par les oligarchies auxquelles nous avons délégué notre souveraineté (deuxième référence).
 
 
 
Quand Daoud Boughezala (rédacteur en chef de « Causeur ») dénonce le racisme subliminal de Laura Slimani. Non, contrairement aux apparences elle n’est pas membre du Parti des Indigènes de la République, mais « porte-parole égalité femmes-hommes » de la campagne de Benoît Hamon et accessoirement présidente des Jeunes socialistes européens.
 
 
Dans un entretien avec Causeur l’économiste, Jean-Luc Gréau affirme que si notre pays crée bien des emplois (187000 en 2016), ce ne sont que des emplois à faible productivité, tandis que les emplois à forte productivité continuent de quitter le sol national, ce qui explique le faible taux de croissance. Conclusion : l’économie française se tiers-mondise toujours plus.
 
 
Pour le Commissaire européen Dimitris Avramopoulos, l’heure est grave car les « valeurs » de l’Europe sont en jeu. « Allons-nous nous laisser submerger par la montée du populisme, du nationalisme et de la xénophobie ? » s’interroge-t-il, anxieux, dans un entretien à La Tribune de Genève. Ce qui ne l’empêche nullement de souffler sur les braises en décrétant que « Les Vingt-Sept auront besoin à l’avenir de 6 millions d’immigrés », et de décider ex abrupto « d’ouvrir des bureaux dans tous les pays de la rive sud de la Méditerranée et en Afrique de l’Ouest » car c’est le meilleur moyen de lutter contre les passeurs ». Les attentats islamistes ? Aucun problème puisqu’ils  « ont été commis par des citoyens européens » (ce qui est vrai sur le papier). Bref, nulle précision sur les « valeurs » de l’Europe ni sur ce qu’il faut entendre par le concept « citoyen européen ». 
 
 
Selon Joachim Véliocas de l’Observatoire de l’islamisation, le candidat Emmanuel Macron, l’un des porte-paroles préférés de l’oligarchie qui se présente néanmoins comme« antisystème, brisant les routines de la classe politique française » , affiche sans complexe un domaine où surtout rien de doit changer en France. C’est la politique d’immigration.  Si d’aventure il se trouvait élu en mai prochain non seulement il compte ouvrir grand la vanne des frontières pour les « migrants » mais il renforcerait l’exercice de la discrimination positive (déclaration du 8 mars) c’est à dire celle des passe-droits accordés aux membres de certaines catégories de la population afin de leur permettre d’échapper aux critères du droit commun de la République. Comme le dit Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit constitutionnel, « L’adjectif positif est destiné à gommer le caractère négatif de la différenciation puisque toute discrimination est en l’espèce évidemment positive pour son bénéficiaire mais négative pour celui qu’elle exclut. Une discrimination en faveur des femmes ou des Noirs se fait au détriment des hommes ou des Blancs. Et dès lors que l’on prétend ériger la lutte contre toutes les discriminations en politique publique, il est incohérent de prétendre parallèlement les encourager en faveur de certaines catégories et donc au dépens des autres » (Le Figaro du 16 mars).
 
 
Si l’on en croit Arnaud Lachaize (pseudonyme d’un haut fonctionnaire soumis au droit de réserve) Emmanuel Macron qui était reçu le jeudi 16 mars par la chancelière Angela Merkel développe comme elle un programme assumé d’ouverture des frontières. En janvier lors d’une précédente visite il avait loué la généreuse politique d’accueil inconditionnel de la dirigeante allemande qui avait ouvert son territoire à plus d’un million de « migrants » parmi lesquels des terroristes et des criminels et reprochait à une Europe frileuse de n’avoir pas « réagi comme elle aurait dû à ce moment là ». Très bonne mise au point face à l’angélisme de certaines élites. On regrettera seulement une incise inutile sur la soi-disante « xénophobie » qui aurait cours en France.
 
 
Dans l’émission d’Olivier de Lagarde « Moi président » sur France Info du 16 mars Malika Sorel-Sutter présentait son projet d’abolition de l’ensemble des lois mémorielles qui censurent abusivement la liberté d’expression et encouragent, selon elle, le communautarisme victimaire. Une intervention courageuse dont il n’est pas certain que le candidat Fillion la reprenne à son compte. Malika Sorel figurait cependant à ses cotés lors de la manifestation du Trocadéro…
 
 
Le débat « intellectuel » dans l’espace médiatique destiné au grand public ne doit pas être confondu avec le débat intellectuel tel qu’il se déroule dans les laboratoire ou au sein du milieu feutré du CNRS. Le premier souffre en termes pascalien de la confusion des ordres avec l’intrusion abusive du moralisme (aussi bien celui des intentions que  celui des conséquences) et des arrières pensées politiques. Ainsi substitue-t-on les critères du bien et du mal là où ne devraient s’imposer dans la délibération, que la question du vrai et du faux. Ainsi s’est imposée dans le débat médiatique la sentence que même vraie une proposition doit être tue au regard des conséquences qu’elle pourrait avoir ou parce que elle ferait le jeu de x ou y. André Perrin, auteur du livre « Scènes de la vie intellectuelle en France. L’intimidation contre le débat » (préface de Jean-Claude Michéa, paru en 2016 aux Éditions de l’Artilleur) déroule ainsi son raisonnement convainquant au cours d'une émission Répliques d’Alain Finkielkraut. Un Finkielkraut qui s’abandonne lui même à une facile confusion des ordres dès que pointe le soupçon terrifiant de « révisionnisme ». 
 
 
L’émission de Radio communauté juive animée par Elisabeth Lévy et Alain Finkielkraut  du 12 mars prend acte tout d’abord de la relaxation de Georges Bensoussan à la suite du procès qui lui avait été infligé par des associations islamistes et la Licra qui voudrait faire passer toute critique argumentée de l’islam pour une apologie du racisme puis commentent les graves « incidents » intervenus au lycée Suger en Seine Saint-Denis. Finkielkraut s’insurgeant contre ceux qui lorsqu’on ose avancer que le déclin s’empare de tout ou partie de l’activité sociale se récrient tout de go avec cette apostrophe sublime empruntée à la doxa : « Vous n’allez pas prétendre que c’était mieux avant ». Pourtant, dit-il, ce qui s’est passé les 6 et 7 mars aux abords de ce lycée de Saint-Denis n’a pas d’antécédent dans l’école républicaine. La bataille rangée contre les forces de l’ordre laisse de marbre les nouveaux Pangloss qui prennent prétexte des inégalités dont souffrent les banlieues pour tout pardonner aux fauteurs de trouble au nom de l’antiracisme. Protégée par l’alibi sociologique la violence des encapuchonnés du lycée Suger est expliquée par la violence sociale qui se déverse sur eux, ils cessent du même coup d’être fautifs et les victimes se retrouvent métamorphosées en coupables. Il est vrai que Geoffroy de Lagasnerie, le sociologue pour lequel le syntagme « intellectuel de droite » relève de l'oxymore affirme « qu’excuser est un beau programme pour la gauche ». Ainsi, comme on le voit, l’antiracisme fou n’a pas fini de faire des ravages.  
 

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Bonne intervention d'Éric Zemmour sur la crise agricole. Si à l’occasion du salon de l’agriculture chaque candidat y est allé de sa visite mimant ainsi Jacques Chirac, c’est aussi au temps de Chirac que les paysans sont devenus des « agriculteurs » et se simple mot a tout changé. On se moquait désormais de la qualité des produits, de la pollution, des dettes et des saisons. C’était le Pérou et il avait pour capitale Bruxelles et sa politique agricole commune. Mais, selon lui la PAC n’existe plus et se sont les technocrates bruxellois eux-mêmes qui ont cassé leur jouet en jetant les agriculteurs dans la fournaise du marché mondial où la plupart périssent quand ils ne sont pas mis dans la main des grandes surfaces et des banques. Elle produit toujours plus et toujours plus mauvais, elle ruine les sols et les estomacs. De là le choix qui en découle pour le monde de la terre : jouer le jeu de la « ferme des 1000 vaches » ou celui de l’agriculture biologique et des circuits courts.
 
 
Raisonnement semblable à celui de Zemmour chez Périco Légasse.
 
 
Eugènie Bastié présente « Les derniers gaulois », le beau documentaire de Patrick Buisson consacré à l’ethnocide des paysans qui a vu disparaitre en deux générations un monde séculaire et presque immobile.
 
 
Eugénie Bastié nous introduit au livre « Aux origines de la décroissance. Cinquante penseurs », ( L’Échappée-Le Pas de côté-Ecosociété) recueil de portraits des précurseurs de cette école qui a tracé son sillon du XIX au XX siècle. Contre l’hubris de la civilisation industrielle qui ne connait plus de limites elle nous rappelle avec Jacques Ellul que « S’intéresser à la protection de l’environnement et à l’écologie sans mettre en question le progrès technique, c’est engager une opération non seulement inutile, mais fondamentalement nocive ».
 
 
Dans le denier numéro de « Perspectives Libres » dirigée par Pierre-Yves Rougeyron, (numéro 19 consacré à « De Gaulle au XXI siècle »), trois articles de Pierre Le Vigan ont retenu notre attention. Il s’agit de « L’implosion du politique. Du constat de l’impuissance de nos élites à la possible relève populaire du politique », de « La culture post-moderne, une imposture. Hédonisme, technophilie et marchandisation », et « Comment et pourquoi l’école a cessé d’être l’école ».
 
 
Dans un entretien avec le site de réflexion « Le comptoir », Frédéric Pichon, historien et géopolitologue auteur de « Syrie: Pourquoi l’Occident s’est trompé » et tout récemment de « Syrie, une guerre pour rien » (Édition du Cerf) reprend les propos de Dominique de Villepin sur le déploiement en France d’une sorte de « virus néoconservateur » et reconnait que notre pays est incapable d’agir sans demander l’autorisation de Washington. Il note également l’influence des lobbies anti-iraniens au quai d’Orsay et fustige l’action des ONG dans cette partie du monde qui a fait libérer de nombreux islamistes des geôles dans lesquelles ils pourrissaient aggravant ainsi le malheur des populations locales; « le messianisme occidental faisant la courte échelle aux fondamentalistes… ». Un démêlement des intrigues de ce Proche-Orient compliqué, savant et très bien informé qui met en valeur la réaction « clausewitzienne » russe privilégiant le rapport de force militaire et qui a fait d’elle l’acteur majeur de la recomposition de la région.  
 
 
S’exprimant sur notre politique en Syrie, Frédéric Pichon déclare « nommer l’ennemi c’est précisément définir ce qui nous distingue, ce qui nous discrimine, c’est tracer une frontière, une limite même normative, c’est affirmer contre, toutes choses auxquelles la culture contemporaine a décider de renoncer… » Selon lui, nos politiques se sont lourdement trompés en Syrie.