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mercredi, 01 novembre 2017

Aux riches les quartiers non-islamisés, aux misérables les favelas de l’intégrisme...

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Aux riches les quartiers non-islamisés, aux misérables les favelas de l’intégrisme...

Propos recueillis par Gabriel Robin

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alexandre Mendel à Gabriel Robin, pour L'Incorrect, à l'occasion de la sortie de son enquête intitulée Partition (Toucan, 2017) et consacrée à l'islamisation de certaines parties du territoire français.

Alexandre Mendel : « Aux riches les quartiers non-islamisés, aux misérables les favelas de l’intégrisme »

Alexandre-Mendel-Partition-230x350.jpgChronique de terrain, Partition (L’Artilleur) décrit l’émergence de frontières invisibles qui divisent le territoire, géographiquement et culturellement. À défaut d’avoir su protéger la France des conséquences les plus dangereuses de l’émergence d’un islam dur, dont le corolaire est le terrorisme islamiste, nous sommes présentement rendus à observer le pourrissement du pays, et sommes suspects d’islamophobie au moindre sourcil écarquillé. Son auteur, Alexandre Mendel a bien voulu répondre à nos questions.

Dans La France Djihadiste (Ring), vous vous étiez intéressé aux djihadistes de nationalité française et aux binationaux, partis en Syrie et en Irak. Pour Partition (L’Artilleur), vous semblez avoir changé de curseur, focalisant vos recherches sur l’islam du quotidien… 

Je suis un reporter à l’ancienne, formé au terrain. Je vais sur place, je constate, j’enregistre et je relate. Et ce que je vois n’est pas rassurant. C’est même effrayant. Pas de terrorisme sur le sol français sans compromission avec l’islam pur et dur du quotidien. C’est aussi simple que ça. Pour Partition, j’ai recensé les faits du quotidien, comme vous le notez : comportements au travail, en couple, à l’école, etc. Tous nos renoncements réguliers à l’égard d’une idéologie conquérante montrent à quel point nous sommes déjà défaits par un ennemi qui se réjouit de nous voir plier aussi facilement. Parce que sans cet islam revendicatif, qui maîtrise parfaitement les codes de la victimisation et du communautarisme identitaire, il n’y aurait tout simplement pas de terrorisme. J’en suis persuadé. Autrement dit, sans ces démonstrations de force, pas de force tout court. 

Il est commun d’imaginer qu’une certaine jeunesse, souvent issue des quartiers de l’immigration, ne lirait pas. Pourtant, on apprend dans Partition que les librairies islamiques, que vous surnommez « cavernes de la haine », ont pignon sur rue. Quelle littérature y trouve-t-on ?

Vous avez raison d’insister sur le boom de ces librairies. Je répète : nous sommes donc dans un pays prétendument en guerre, avec un ennemi qui, comme dans tout conflit, produit une propagande abondante. Point n’est besoin d’aller lire Dabiq, le magazine de l’Etat islamique sur internet. Il y a quantité d’autres livres qui sont certes moins crus en terme de vocabulaire ou d’iconographie mais qui disent la même chose : il faut tuer les mécréants, les Juifs et leurs alliés, coupables de tous les maux… Le summum étant de tuer des Juifs ! Ça, c’est la version hard de cette littérature, souvent fabriquée de A à Z en Arabie Saoudite ou au Qatar et distribuée par des officines qui ont pignon sur rue en France – et qui intéressent évidemment au plus haut point les renseignements. Mais prenons le soft. Ces manuels qui donnent, par exemple, des conseils aux jeunes femmes pour « mieux vivre leur polygamie ». Ou, encore, ces ouvrages qui incitent les fidèles musulmans à rejeter le mode de vie à l’occidentale en son entier pour ne pas tomber dans ce qu’ils appellent le « délit d’association » : c’est-à-dire l’imitation des infidèles. D’un côté, des Occidentaux qui ne lisent guère plus. De l’autre, des musulmans, souvent jeunes, qui veulent apprendre à vivre comme au temps du prophète.

Vous évoquez une « partition générationnelle », opposant les premières générations d’immigrés de confession musulmane à leurs enfants et petits-enfants, souvent plus religieux, nourrissant un ressentiment important à l’égard de la France. Comment l’expliquez-vous ? 

Avec le regroupement familial et l’idée que l’installation de populations immigrées en France était durable, la population musulmane est devenue, de fait, plus importante. Donc, plus puissante. Il a fallu construire des mosquées. Embaucher des imams à tour de bras, souvent formés à l’étranger, notamment, désormais, chez les Saoudiens. C’est là qu’on leur a expliqué qu’il ne fallait pas singer l’Occident. Que leurs pères, ouvriers qui se défonçaient au travail et qui se promenaient, le week-end, en costume-cravate n’avaient rien compris ! Ajoutez à cela la victimisation permanente opérée par exemple par SOS Racisme et l’intelligentsia gauchiste des années 1980 et vous avez la jeune génération ! J’ai entendu des jeunes confesser avoir « honte de leurs parents », les traiter de « mauvais musulmans ». Les imams ont raflé la mise. Ils leur ont rendu la fierté de leur islam. Qui se plaignait dans les années 1970 ou 1980 d’islamophobie ? Personne ! Qui s’en plaint aujourd’hui ? Tout le monde ! 

Vous expliquez dans Partition que les bobos sont « les idiots utiles du panislamisme ». J’ai envie de vous contredire. Plus personne ne peut ignorer les changements que la France subit. Ils sont visibles : des victimes du terrorisme aux conversions de Français d’origine européenne, en passant par la multiplication des tenues islamiques… Ces bobos ne seraient-ils pas effrayés par les mesures à prendre ?

Eh bien, s’ils sont effrayés par lesdites mesures à prendre, c’est bien que ce sont les idiots utiles de l’islamisme, non ? Le bobo qui vit loin des problèmes de ces “cons“ de Français qui se les coltinent en permanence peut, depuis ses appartements chics parisiens, entre deux verres de spritz et deux balades en Vélib, adresser des leçons de morale et de tolérance à la face de ceux qui osent encore se plaindre : ils ne vivent pas les problèmes des cités.  
Nous vivons une période incroyable de partition. Aux riches les quartiers non-islamisés ! Aux misérables les favelas de l’intégrisme. Les premiers regardent avec dégoût et condescendance les seconds, trop pauvres pour échapper au quotidien des enclaves islamistes.       
Quant aux convertis, c’est différent. Pour ces néophytes de l’islam, il leur semble souvent naturel d’adopter les us, coutumes et religion de la majorité environnante. Vous savez, quand tout un immeuble ne fête plus Noël, vous finissez par vous dire, qu’après tout, le Ramadan, ce n’est pas si mal que ça pour se faire des amis. Et en plus, ça dure plus longtemps ! La vérité est qu’on vit, à travers ces fidèles d’un nouveau genre, un phénomène d’intégration à l’envers. 

Récemment, France Télévisions s’est appuyé sur une étude du Collectif contre l’islamophobie en France pour réaliser une vidéo contre l’islamophobie. Au fond, ce concept, tendant à psychiatriser les critiques faites à une religion, y compris quand elles seraient rationnelles, ne serait-il pas la meilleure arme des islamistes ? 

La victimisation est une l’arme de destruction massive de toute espèce d’argumentation ou de débat. Car la victime a toujours raison. C’est le principe. Au fond, que cherche à faire le CCIF ? Fabriquer une armée de victimes – des martyres à peu de frais en quelque sorte  – à des fins de propagande. Plus on aura de victimes, plus on désignera des islamophobes – et inversement plus on désignera d’islamophobes et plus on fabriquera de victimes. C’est un système gagnant-gagnant. Et il est incroyablement bien ficelé. J’ai rencontré des salafistes qui ont osé me dire qu’ils étaient les « nouveaux Juifs des années 1930 ». Pour eux, la critique de l’islam, du Coran, l’interdiction du niqab ou les caricatures du prophète sont leur Holocauste ! Ils n’ont pas honte : ça marche…

Je vois deux facteurs principaux à la montée de l’islamisme en France et en Europe : l’immigration de masse associée à une névrose de l’Occident contemporain, l’ethnomasochisme. Y souscrivez-vous ?

Il est évident qu’en accueillant davantage de musulmans, vous avez plus de risques de compter parmi eux des islamistes. C’est logique. Je voudrais être clair à ce sujet : il ne s’agit pas de pointer du doigt les immigrés. Ce serait injuste et caricatural. En revanche, il faut se montrer intraitable : aucun accommodement ne doit être toléré. S’ils ne se sentent pas bien en France, ils peuvent tout à fait accomplir leur hijra. J’en parle dans Partition : ils sont nombreux à faire la démarche de repartir en terre d’islam. J’ai envie de vous dire : tant mieux ! Bon débarras !         
Quant à l’ethnomasochisme… Mais on revient, là encore, à la culpabilité perpétuelle de l’homme blanc, de tradition judéo-chrétienne. En outre, il est désigné coupable depuis les années 1980 au travers d’associations antiracistes, il l’est désormais au travers d’associations “anti-islamophobes“. Et bat sa coulpe plutôt que de se protéger. Comme un malade en phase terminale qui se met à délirer.

Revenons au titre de votre ouvrage, Partition. Vous avez emprunté l’expression à François Hollande, telle que rapportée dans Un Président ne devrait pas dire ça (Stock), étonnant livre de confidences. Inquiet, sinon pris de remords, François Hollande se demandait comment « éviter la partition ». D’une manière un peu provocatrice, je serais tenté de vous demander : est-ce toujours possible ?

Incroyable, cet aveu ! Venant d’un président socialiste, en plus ! Il a été peu critiqué à ce sujet, y compris par la gauche, car la partition est un fait acquis chez les politiques, au moins inconsciemment. Et c’est surtout une réalité pour des millions de gens. Donc, il ne s’agit pas d’éviter la sécession. Elle est là. Il s’agit éventuellement de freiner sa progression. Voire de reconquérir certaines zones. Mais je m’interroge. Ira-t-on mourir pour récupérer La Reynerie, à Toulouse, ou La Courneuve ? En 2017 ? Je ne le crois pas. Cette partition est durable. On stabilisera peut-être les zones acquises à la charia et à l’intimidation islamique. Mais ce n’est pas sûr. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les salafistes sont stupéfaits de notre nullité. Ils font face à un ennemi qui laisse faire. Qui a signé cet armistice qui ne dit pas son nom. Or, cette paix sociale a fait depuis 2015 des centaines de morts.

Alexandre Mendel, propos recueillis par Gabriel Robin (L'Incorrect, 20 octobre 2017).

Kosovo led to Catalonia. But West won’t admit it

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Kosovo led to Catalonia. But West won’t admit it

Nebojsa Malic

Ex: https://www.rt.com

The same countries that cheered when Yugoslavia and the Soviet Union broke up and insisted on ‘independent Kosovo’ now say Catalonia’s declaration of independence is unacceptable. But they wrote the rules the Catalans are now following.

On Friday, the Catalan parliament declared independence from Spain. Madrid has refused to recognize the declaration. Anything can happen next, from a negotiated settlement of some kind to a civil war.

Tempting as it is to delve into the arguments of who is right and what should be done, this will not be an attempt to judge the legitimacy of Catalonia’s independence pitch or lack thereof. What I find interesting is the noise emanating from the capitals whose actions have enabled the crisis to arise in the first place ‒ not that they’ll ever admit it.

France, Britain, and Germany have come out against Catalan independence and in favor of Spain’s territorial integrity. So has Washington, with the State Department declaring “Catalonia is an integral part of Spain.

NATO, of which Spain is a member, declared that “The Catalonia issue is a domestic matter which should be resolved within Spain’s constitutional order.”

How markedly different from 1999, when all these countries decided Kosovo was not a “domestic matter” or “integral part” of Serbia and took part in NATO’s illegal, illegitimate war to ensure its separation! Or 2008, when the ethnic Albanian provisional government in that occupied Serbian province declared independence, and all of these countries immediately recognized it ‒ and pressured others to do so as well.

Why were they so unthinking, driven by fleeting political considerations and their desire to please – I will put it bluntly – their big brother in Washington, in providing their unconditional support to the secession of Kosovo, thus provoking similar processes in other regions of Europe and the world?said Russian President Vladimir Putin, at the Valdai discussion club on October 19, noting that “at one point they actually welcomed the disintegration of a number of states in Europe without hiding their joy.”

It’s true: the very same countries cheered on the chaotic dismemberment of the Soviet Union and Yugoslavia, then turned around and insisted on the integrity of their shards with the same zeal with which they now champion the integrity and sovereignty of Spain. Their position on separatism isn’t principled, but opportunistic.

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In March 1991, the vast majority (113 million, or 77 percent) of the Soviet Union’s inhabitants voted in favor of its preservation. Despite that, in December that year the US-backed Russian leader Boris Yeltsin struck a deal with his counterparts in Minsk and Kiev (Belavezha Accords) to dismember the USSR along the Communist-drawn borders of its republics.

Though no such agreement had been reached in Yugoslavia, where Croatia’s attempt to claim ethnic Serb territories within its own Communist-drawn borders resulted in open warfare, in January 1992, a committee of European lawyers cited the demise of the USSR to declare Yugoslavia “in dissolution.” Moreover, while Russia was recognized as the successor to the USSR, the West refused to extend the same courtesy to Serbia and Montenegro when it came to Yugoslavia, declaring they would have to reapply for recognition, even though their official independence predated any kind of Yugoslavia by 40 years. Though Yugoslavia was one of the founding members of the UN, its membership was revoked.

The stubborn insistence of Western powers on the arbitrary borders drawn up by Yugoslavia’s Communist government ‒ its only legacy they cared about preserving ‒ fueled war and atrocities. Yet in 1999, when Washington decided to crush the last vestiges of Yugoslavia by force, the rule about sacrosanct borders of republics was abruptly abandoned in favor of “might makes right,” as NATO occupied a part of Serbia and set about establishing it as a separate ethnic Albanian state. The principal argument of independence-backers was that Serbia somehow “forfeited” its right to Kosovo by allegedly oppressing and committing genocide against the ethnic Albanians.

In March 2004, tens of thousands of Albanians rampaged across the province for several days, killing Serbs and looting and burning their homes and churches. Most NATO peacekeepers did little to stop it. A NATO admiral called the pogrom “ethnic cleansing,” while one UN official reportedly compared it to the 1938 “Kristallnacht” in Nazi Germany. Yet much of the Western commentariat did not see this as Albanians “forfeiting” their claim ‒ but instead proof Kosovo needed independence right away!

That was achieved in 2008, in open violation of the UN Resolution 1244. The US, NATO and most of the EU cheered. Even so, five EU members refused to go along with this travesty: Cyprus, Greece, Romania, Slovakia, and Spain.

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Even though a Spaniard, Javier Solana, presided over NATO’s illegal war, and Spanish troops subsequently served as “peacekeepers” enabling the Albanian expulsion of ethnic Serbs and other “undesirables” from Kosovo, Madrid has since remained steadfast in refusing to recognize the renegade province’s statehood.

Serbia took the case to the International Court of Justice (ICJ), asking, against Washington’s objections, for a ruling on the declaration. In 2010, the ICJ caved to the backers of “Kosovian” independence by redefining the provisional government in Pristina as “representatives of the people” and concluding that nothing in international law prevented them from declaring independence as such. The dissenting judges pointed out that this was specious reasoning, with Abdul Koroma of Sierra Leone calling it a “judicial sleight-of-hand.” It was too late: Pandora’s box was already open, international law rendered null and void for the sake of legitimizing a NATO land grab.

In March 2014, when Crimeans voted to separate from the US-backed regime in Kiev brought into power by a coup ‒ while Russian troops safeguarded them from neo-Nazi thugs that crushed dissent elsewhere in fire and blood ‒ Washington howled about “Russian aggression” and insisted on the integrity of Ukraine. Berlin, London, and Paris followed suit.

Attempting to argue that Kosovo was utterly different ‒ and not just because it was the US sponsoring the separatists ‒ President Barack Obama outright lied, claiming the existence of a proper international referendum that never took place, except in his imagination.

Washington continues to stubbornly insist that Kosovo was a “unique case,” thereby seeking to excuse its own blatantly illegal actions in Yugoslavia ‒ and later in Iraq, Libya and Syria.

Not only does the US invade whomever it wants, its leaders speak of “sovereignty” while sending various deputy assistant undersecretaries to browbeat vassal governments into obedience. The West may pose as the guardian of international law and order, but it is, in fact, an empire of chaos. That chaos will only result in more Kosovos ‒ today in Catalonia, God only knows where and when tomorrow ‒ until actual order is restored.

Nebojsa Malic for RT

The statements, views and opinions expressed in this column are solely those of the author and do not necessarily represent those of RT.

Pour comprendre vraiment la Corée du Nord

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Pour comprendre vraiment la Corée du Nord

par Georges FELTIN-TRACOL

Le voyage d’Alain Soral en juillet 2017 en Corée du Nord (officiellement appelée République démocratique populaire de Corée ou RPDC) a électrisé les réseaux sociaux et suscité les nombreux commentaires de la « Dissidence ». Certains se félicitaient de ce séjour tandis que d’autres s’élevaient contre une nouvelle apologie du national-bolchevisme. Si Alain Soral pense y voir un modèle national et socialiste, on peut se demander s’il n’aurait pas pris connaissance auparavant de La Corée du Nord en 100 questions de Juliette Morillot et Dorian Malovic.

Composé de cent réponses regroupées en sept parties (« Histoire », « Politique », « Géopolitique », « Réalités », « Économie », « Société et culture » et « Propagandes »), cet ouvrage est probablement le meilleur disponible sur le sujet en langue française. Il se complète parfaitement avec le remarquable essai du correspondant du Monde au Japon, Philippe Pons, Corée du Nord. Un État-guérilla en mutation (1). Parfois sollicitée par les médiats dominants, Juliette Morillot présente l’avantage déterminant de lire, de parler et de comprendre le coréen.

Quelques vérités dérangeantes

À l’heure où l’entité yankee d’un Donald Trump aux abois et quasiment soumis à certaines coteries bellicistes de l’« État profond » US menace l’intégrité territoriale d’un État en légitime défense, La Corée du Nord en 100 questions apporte un éclairage lucide et objectif sur cet État supposé voyou. « Pays mystérieux pour les Occidentaux, la Corée du Nord est davantage une énigme que la caricature à laquelle les médias étrangers la réduisent depuis des années. De l’ignorance naissent les fantasmes (pp. 15 – 16). » Abomination pour les uns, « nouvelle Sparte » si possible nationale-bolchevique pour les autres, la RPDC sert de prétexte pour toutes les fantasmagories possibles et imaginables, peut-être parce que le coréen serait l’une des langues les plus difficiles au monde (avec le français…). Instructif et plaisant, l’ouvrage de Morillot et Malovic présente le grand mérite de lever des équivoques.

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Les auteurs remarquent que « la République populaire de Corée est sans doute l’un des rares pays pour lesquels faire fi de toute déontologie, affabuler ou ne pas vérifier ses sources est couramment accepté, même dans les grands titres de presse. C’est aussi l’un des rares pays au monde où l’on ressuscite régulièrement (pp. 343 – 344) ». Des victimes purgées supposées éliminées réapparaissent en public quelques temps plus tard… Ils abordent des sujets dérangeants peu connus en Occident qui, triturés dans un certain sens, relèvent de la désinformation. Par exemple, « comment les réfugiés nord-coréens sont-ils manipulés ? (p. 347) » Ils expliquent « qu’un véritable commerce lucratif du témoignage a vu le jour en Corée du Sud : depuis quelques années, les témoignages auprès des journalistes ou des chercheurs sont rétribués (ce qui n’était pas le cas encore au début des années 2000). Selon un principe : plus les témoignages sont terrifiants, plus ils sont chers. Ce commerce du poids de l’horreur est entretenu à la fois par les journalistes avides de spectaculaire et par des organisations humanitaires, souvent chrétiennes, voulant financer des opérations de “ sauvetage ”. En outre, le ministère sud-coréen de l’Unification a institutionnalisé le procédé. Fin 2015, une heure d’entretien coûtait entre 60 et 600 dollars (pp. 352 – 353) ». Il faut par conséquent plus que jamais se méfier d’une littérature misérabiliste soi-disant rédigée par des réfugiés qui submerge l’Europe. Les auteurs qualifient ces productions d’« indigestes (p. 219) », truffés « d’incohérences (p. 219) ». Un certain Bandi y fait un réquisitoire virulent contre la RPDC, « à ceci près que le livre ne tient pas la route pour qui lit le coréen (p. 219) ».

Ignorant les us et coutumes du confucianisme, les Occidentaux excellent en outre dans les interprétations erronées ou fallacieuses. « Au palais-mémorial de Kumsusan à Pyongyang, où se trouvent les dépouilles de Kim Il Sung et de Kim Jong Il, s’incliner n’est pas une marque d’allégeance mais simplement de politesse et de respect, pour les défunts tout autant que pour le pays hôte (p. 358). » En visite officielle à Paris, l’invité de la République française ne s’incline-t-il pas devant la tombe du Soldat inconnu ? Et s’il se rend en Israël, ne rallume-t-il pas la flamme à Yad Vashem ?

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Les Occidentaux s’indignent de l’absence de liberté d’expression en Corée du Nord qui se montre sourcilleuse sur ce point. C’est compréhensible. « Bien sûr, n’est pas le bienvenu un visiteur s’adressant à un passant ou à une serveuse de restaurant pour critiquer le régime ou pour poser de but en blanc, au nom de la liberté de parole, des questions jugées personnelles (p. 357). » Est-ce si différent en Allemagne, dans l’Hexagone ou aux États-Unis où des nationalistes blancs présents à Charlottesville en août 2017 ont perdu leur emploi ? Essayez donc dans un restaurant parisien branché de critiquer Macron, d’approuver Dieudonné ou, pis, d’évoquer certains thèmes interdits de l’histoire contemporaine. « Aux yeux du régime, il n’y a pas de “ prisonniers politiques ” (p. 208) » comme dans l’Hexagone républicain. Si la justice hexagonale ne condamne pas aux camps de travail, elle peut prononcer des stages de citoyenneté qui sont une forme douce (et insidieuse) de rééducation mentale. La mort sociale rôde sous Marianne, mais plus silencieusement (et avec l’hypocrisie des droits de l’homme, de la femme, de l’humain et du trans…).

Tradition et patriotisme

Les Coréens du Nord assimilent dans un syncrétisme propre à leur esprit bouddhisme, confucianisme et même chamanisme bien qu’officiellement interdit. Ils en ont gardé une vraie curiosité pour certaines pratiques. La grave crise des années 1990 l’a même relancé au sein des familles et en particulier auprès des femmes. Bien qu’ouverte aux vents de l’ultra-modernité, la Corée du Sud fortement christianisée a elle aussi recours à de tels actes animistes comme en témoigne l’entourage de la présidente destituée Park Geun-hye. Toutefois, depuis 1945, les deux Corées divergent de plus en plus et rendent toute réunification effective impossible. Ce constat se vérifie par la langue. Aujourd’hui tant dans le vocabulaire que par la grammaire, le coréen du sud correspond moins au coréen du nord même si les locuteurs se comprennent toujours. La différence d’ordre anthropologique concerne le triomphe au Sud de l’individualisme. Les auteurs soulignent en revanche la primauté du cadre holiste sur le désir individualiste. « Le “ nous ” (uri) et l’intérêt de la collectivité (famille, clan, société) priment l’individu, le “ je ” (na) (p. 319). » Le contraste sociologique, voire anthropologique, entre les deux Corées est si saisissant que de nombreux exilés nord-coréens préfèrent finalement quitter leur nouveau foyer hyper-sophistiquée et ses reproches malveillants envers leurs habitudes estimées trop « ringardes ».

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Ce qui irrite l’Occident dégénéré à l’heure des sociétés ouvertes est le caractère clos de la partie septentrionale de la nation coréenne. « L’homogénéité du peuple coréen a toujours été considérée comme une qualité intrinsèque, intimement liée à l’histoire de la péninsule (p. 299). » Ce vigoureux sentiment national repose sur une histoire tragique. « Au cours des âges, une bonne demi-douzaine de troupes étrangères piétinèrent les terres coréennes : khitan, liao, jurchet, mongoles, japonaises, mandchoues et même françaises en 1866, lors d’une malheureuse expédition militaire conduite par l’amiral Roze en représailles du martyre de missionnaires français, qui se termina par la débâcle des soldats de Napoléon III (p. 29). » Se succèdent ensuite les Chinois, les Russes, les Japonais, les Soviétiques et les Étatsuniens. L’acquisition d’armes nucléaires grâce à la collaboration fructueuse des ingénieurs pakistanais résulte de ces tourments tragiques. Pyongyang se souvient toujours qu’en 1951 et en 1953, le général MacArthur proposa des frappes nucléaires préventives. « Le chantage que la Corée du Nord exerce, loin d’être le fruit de dirigeants paranoïaques, est au contraire le résultat d’une réflexion construite pour servir des objectifs stratégiques clairs. Se voiler la face en qualifiant les leaders nord-coréens de “ fous ” est une illusion aux allures de stratégie d’évitement… (p. 153). »

Conseillés par le général Étienne Copel, les auteurs qui n’évoquent pas le programme spatial de la Corée du Nord, préviennent que « les armes nord-coréennes ne sont pas offensives mais dissuasives avant tout, elles ont pour but d’éviter toute intervention (américaine surtout) sur le territoire national. Il s’agit de la doctrine classique de dissuasion nucléaire, défendue par les grandes puissances elles-mêmes (p. 158) ». Pyongyang applique la dissuasion nucléaire théorisée par les généraux français des années 1960. Ils insistent encore que « dans le storytelling occidental, on oublie de rappeler que le programme nucléaire vise également à légitimer le régime et son leader aux yeux du peuple nord-coréen à qui il est demandé de grands sacrifices en échange (p. 158) ». Le nationalisme atomique coréen du Nord se doute que « personne […] ne serait assez fou pour affecter son arsenal nucléaire à la protection d’un pays tiers, écrit le romancier “ à clef ? ” Slobodan Despot. C’était, dans son implacable logique, une épée qu’on ne tirait du fourreau que pour se protéger soi-même, en dernier recours. Tout autre utilisation vous exposerait au risque d’un contre-feu apocalyptique. Les nations non atomiques ne pouvaient donc que compter sur elles-mêmes et se plier au chantage des puissants (2) » Par conséquent, face aux sanctions imposées par une pseudo-« Communauté internationale », véritable mafia d’authentiques États voyous, « la résilience de la Corée du Nord vient d’une réalité simple : elle a si peu qu’elle n’a rien à perdre et elle s’est adaptée pour supporter les privations au point que le régime exploite ces votes de l’ONU pour cimenter le peuple contre les “ agresseurs extérieurs ”. Au fond, les sanctions sont inefficaces car personne ne souhaite vraiment qu’elles le soient (p. 193) ». La Corée du Nord n’entend pas obtempérer aux injonctions de la grotesque CPI (Cour pénal international) et suit le précédent édifiant des États-Unis d’Amérique.

La force nucléaire nord-coréenne dorénavant constitutionnalisée est clairement un moyen de pression pour que Washington négocie avec Pyongyang dont les « exigences » ne sont pas insurmontables : reconnaissance par Washington de la RPDC, établissement d’une ambassade US, signature d’un pacte de non-agression avec les États-Unis, levée de toutes les sanctions de l’ONU, signature d’un traité de paix avec Séoul et « assurance de pouvoir poursuivre librement son programme nucléaire civil (p. 148) ». Les États-Unis craignent de tels pourparlers d’autant que compétents, polyglottes et cultivés, les diplomates nord-coréens suscitent l’effroi de leurs homologues yankees plus habitués à éructer des ordres qu’à discuter sereinement…

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Pourquoi cette haine envers un peuple qui n’occupe aucun autre État de la planète et qui n’a aucune responsabilité dans les « camions fous » à Nice, Berlin et Londres ? « Avant d’être dirigée par un régime autoritaire, la Corée du Nord est une nation peuplée d’êtres humains avec une sensibilité, une culture et une inébranlable fierté d’appartenir à un pays, qu’envers et contre toute logique ils aiment profondément (p. 17). » L’individualiste égoïste et exhibitionniste numérique occidental a oublié que l’homo hierarchicus naguère étudié par Louis Dumont (3) persiste en Corée du Nord. Le holisme organise la société en « 25 niveaux de songbun […] et 55 niveaux de kaechung […] eux-mêmes regroupés en trois sous-catégories (p. 293) ». À cette stratification complexe s’intègrent les inminban (groupes du peuple), c’est-à-dire des associations de quartier d’une trentaine de foyers supervisées par des femmes qui assurent la surveillance de proximité. Faut-il pour autant parler d’un « régime d’extrême droite » comme l’affirme Brian Reynolds Myers (4) ? Certes, « les mariages avec des étrangers sont interdits (p. 299) ». En 2006, l’organe officiel du Parti des travailleurs de Corée (PTC), le Rodong Shinmun, titrait : « Une société multinationale et multiraciale est une menace pour la nation ». Or cette sortie très politiquement incorrecte n’a jamais été reprise. Juliette Morillot et Dorian Malovic soulignent plutôt que la RPDC a toujours soutenu Nelson Mandela et le combat de l’ANC contre l’apartheid en Afrique du Sud. Membre du Mouvement des non-alignés, la Corée du Nord défend la cause palestinienne, récuse le mondialisme du FMI et de la Banque mondiale et apporte un soutien moral à la République arabe syrienne du président Bachar al-Assad. Toutefois, le Premier ministre nord-coréen fut invité à une séance du Forum de Davos avant que l’invitation soit décommandée au lendemain du cinquième essai nucléaire.

Une économie balbutiante

« Contrairement à tout ce qui peut s’écrire sur ce pays supposé socialiste et collectiviste, l’économie nord-coréenne vit depuis une dizaine d’années une véritable métamorphose (p. 269). » Désormais, « l’économie d’État ne peut plus garantir du travail pour tous et les exclus du système socialiste sont à disposition pour le secteur privé (p. 270) ». L’« État le plus fermé de la planète » s’ouvre enfin au monde en dépit des sanctions onusiennes qui ne frappent jamais un autre petit État lui aussi détenteur de la bombe atomique, violeur permanent des résolutions du Conseil de sécurité et oppresseur depuis plus de soixante-dix ans d’un autre peuple… Le VIIIe Congrès du PTC en mai 2016 a entériné un plan quinquennal 2016 – 2020, « le premier lancé depuis les années 1980 (p. 265) ». Parallèlement émerge une proto-bourgeoisie, une « classe d’affaires », les donju (ou « maîtres de l’argent », souvent liés à différents cercles du pouvoir.

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Ceux-ci s’adaptent au gouvernement de Kim Jung Un (prononcez « Œune ») depuis 2011, un dirigeant dépeint par les médiats occidentaux d’une manière toujours très négative. « De même que pendant des années le monde occidental a entretenu à propos de Kim Jong Il le mythe trompeur d’un pantin excentrique aux confins de la folie, le portrait que dressent les médias de son fils, se limitant à sa coupe de cheveux ou à son embonpoint, est tronqué (p. 106). » Sous sa direction, le PTC a retrouvé son rôle moteur perdue au temps de Kim Jung Il qui s’en méfiait, si bien que la stratocratie portée par le songung redevient une partitocratie que le Parti anime dans le cadre du Front démocratique pour la réunification de la patrie aux côtés du Parti social-démocrate de Corée et du Parti Chondogyo-Chong-u issu d’une révolte populaire, nationaliste, religieuse et xénophobe au XIXe siècle.

C’est un fait patent et assumé : le nationalisme imprègne toute la société coréenne ainsi que toutes les générations. « Le nationalisme atteindra en RPDC un degré inconnu ailleurs dans le monde communiste, explique Philippe Pons. Il trouve son origine dans le patriotisme radical né en réaction à la colonisation japonaise dans la première moitié du XIXe siècle : une revendication identitaire forgée par des historiens coréens qui firent de la nation, pensée en tant qu’ethnie (minjok), le sujet du grand récit national, que le régime reprit à son compte (5). » De ce fort sentiment national découle le fameux concept de juche. Remontant au XIXe siècle, le terme est « employé pour la première fois le 18 mai 1955 par Kim Il Sung, qui, lors d’une réunion de l’une des cellules du Parti des travailleurs, appela à réfléchir sur l’idéologie de façon à réinterpréter de façon créative le marxisme-léninisme en luttant contre le dogmatisme et le formalisme (pp. 74 – 75) ». « D’abord placée sur le même plan que le marxisme-léninisme, poursuit Philippe Pons, la doctrine juche allait supplanter celui-ci en instaurant une “ voie coréenne vers le socialisme ” qui fait de la nation, et non plus du prolétariat, le sujet de l’histoire (6). » Il est dès lors assez comique (et triste) qu’en France, des souverainistes acharnés et des nationalistes-révolutionnaires convaincus, farouchement sociaux et radicaux, maintiennent dans leur tête un autre Mur de Berlin, s’acoquinent avec les va-t-en guerre atlantistes et dénigrent un État lointain qui ne les gêne en rien. La Corée du Nord porte-t-elle une quelconque responsabilité dans l’élection de Macron ou dans la présente déferlante migratoire ?

L’ultime État souverain du monde ?

Conscient de la vulnérabilité de son État, Kim Il Sung a très tôt adopté – et bien avant le Roumain Nicolae Ceausescu – une démarche souverainiste et décisionniste. « Trois concepts, piliers du juche, sont indissociables de la doctrine : tout d’abord, le chaju, l’indépendance politique et diplomatique (égalité totale avec les nations étrangères, respect de l’intégrité territoriale, non-intervention et indépendance nationale). Toutefois, ce chaju ne peut être atteint que si au préalable l’autosuffisance économique (charip) a été réalisée. Vient enfin l’autonomie militaire (chawi), elles-même garante du chaju (p. 75). » En mai 2016, le VIIIe Congrès a réaffirmé « l’indépendance du pays vis-à-vis des grandes puissances (chaju), grâce aux développements de l’économie (charip) et de l’arme nucléaire (chawi) permettant un dialogue d’égal à égal envers les grandes puissances (chaju) (p. 76) » au nom de la nouvelle doctrine du byongjin, la « double poussée » économique et stratégique, qui remplace le songun (« priorité à l’armée »), d’où des changements institutionnels majeurs.

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Organe suprême depuis 1999, la Commission de la Défense nationale est remplacée par une Commission des affaires de l’État. Nouvelle instance présidée par Kim Jung Un, par ailleurs président (et non secrétaire général) du PTC, ce nouvel organisme constitutionnel « coiffe l’armée, le Parti et le gouvernement (p. 109) ». Cette modification institutionnelle propre à l’idiosyncrasie politique de la Corée du Nord confirme les analyses de Carl Schmitt dans son État, mouvement, peuple (7) parce que « Armée, Parti, État et peuple sont désormais confondus (p. 90) » (8). En 1982, Alain de Benoist jugeait pour sa part que « c’est à l’Est que se maintiennent avec le plus de force – une force parfois pathologique – des notions positives telles que la conception polémologique de l’existence, le désir de conquête, le sens de l’effort, la discipline, etc. Les sociétés communistes sont à la fois les plus hiératiques et les plus hiérarchiques (du grec hiéros, “ sacré ”) du monde, tandis que les sociétés occidentales réalisent, par le moyen du libéralisme bourgeois et de l’individualisme égalitaire, cela même que voulait Marx – et que le communisme institué s’est avéré incapable de faire passer dans les faits. Formidable exemple d’hétérotélie ! (9)».

Les bruits de bottes yankees s’entendent tout au long de la Zone démilitarisée sur le 38e parallèle le plus surmilitarisé de l’histoire. Washington s’agace d’un État qui ose lui résister, ce qui déplaît aux vils détritus pourris de la colline du Capitole. Suite à une attaque préventive de son fait, Washington pourrait fort bien exiger des autres membres de l’OTAN l’application de l’article 5, ce qui ferait des troupes européennes de la chair à canon appréciable. On ne peut pas renvoyer dos à dos un État assiégé et une superpuissance sur le déclin. La paix en Asie du Nord-Est est menacée par une bande de cow boys trop sûrs d’eux. En cas de conflit, souhaitons seulement qu’un excellent missile nord-coréen coule l’USS Harvey Milk du nom de ce politicard californien qui avait déjà au cours de sa vie l’habitude de recevoir de gros calibres…

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Philippe Pons, Corée du Nord. Un État-guérilla en mutation, Gallimard, 2016. Pour ce texte, nous appliquons comme cet auteur et à la différence de Juliette Morillot et Dorian Malovic « l’ordre coréen et la transcription du Nord (où nom et prénom s’écrivent avec trois majuscules) (p. 9) ».

2 : Slobodan Despot, Le rayon bleu, Gallimard – NRF, 2017, pp. 67 – 68.

3 : Louis Dumont, Homo hierarchicus. Le Système des castes et ses implications, Gallimard, coll. « Tel », 1979.

4 : Brian Reynolds Myers, La Race des purs. Comment les Nord-Coréens se voient, Éditions Saint-Simon, 2011.

5 : Philippe Pons, « Au pays du nationalisme farouche », dans Le Monde des 10 et 11 septembre 2017.

6 : Idem.

7 : Carl Schmitt, État, mouvement, peuple. L’organisation triadique de l’unité politique (1933), Kimé, 1997.

8 : On retrouve ce triptyque, devenu ici une intéressante quadripartie politique, dans les écrits du penseur nationaliste-révolutionnaire argentin Norberto Ceresole (1943 – 2003), en particulier dans Caudillo, Ejército, Pueblo. La Venezuela del Comandante Chávez (1999), Ediciones Sieghels, 2015, non traduit en français.

9 : Alain de Benoist, Orientations pour des années décisives, Le Labyrinthe, 1982, pp. 69 – 70, souligné par l’auteur.

• Juliette Morillot et Dorian Malovic, La Corée du Nord en 100 questions, coll. « En 100 questions », Tallandier, 2016, 381 p., 15,90 €.

L'armée américaine en Afrique. Contre le terrorisme ou contre la Chine?

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L'armée américaine en Afrique. Contre le terrorisme ou contre la Chine?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 4 octobre 2017, on a appris 1) que 4 soldats américains venaient d'être tués au Niger, en compagnie de 4 militaires nigériens, avec qui ils effectuaient une patrouille à la frontière avec le Mali. Les opinions publiques, aux Etats-Unis comme en Europe, notamment en France, la première intéressée, ont alors découvert la présence américaine sur le sol nigérien.

Pourtant près de 5 000 Américains dépendant du département d'État à la Défense sont aujourd'hui déployés en Afrique. Militaires ou contractuels civils, ils sont avant tout affectés à la lutte contre ce que les Etats-Unis  nomment « la lutte contre le terrorisme ». Ceci notamment au Niger, au Cameroun ou dans la région des Grands lacs.

Le commandement militaire américain en Afrique dit AFRICOM y avait pourtant mis en place plusieurs centaines d'hommes, appartenant aux Forces Spéciales (dits Bérets Verts) ou a des unités régulières, en soutien de ce qui a été nommé  la lutte contre les djihadistes au Sahel. Ils sont là officiellement en soutien des unités françaises ou appartenant à d'autres pays africains, engagées dans la lutte contre Daesh en Afrique sahélienne.

 Les Américains comptent même ouvrir une base aérienne dans la région d'Agadez, dans le nord du pays. Cette base devrait servir de support aux interventions de l'AFRICOM, visant le Mali, le Tchad, le Burkina Faso et la Libye, où ils effectuent d'ores et déjà des frappes aériennes. Il s'agit notamment de renseignement, formation, pilotage de drones... Au Sahel comme dans le bassin du lac Tchad, notamment au Cameroun, les Américains sont présents dans tous les secteurs. Ils sont censés collaborer avec les Français. Ainsi le 4 octobre, ce sont d'ailleurs les forces aériennes de l'opération Barkhane qui ont été appelées en soutien de la patrouille attaquée par les djihadistes à la frontière malienne.

Le président américain Donald Trump, comme son prédécesseur Barack Obama, n'en ignorent rien. Le 6 juin 2017, dans une lettre au Congrès, Trump  détaillait ainsi les différents théâtres d'intervention « contre-terroristes » nécessitant la présence de troupes. Il s'agit notamment de l'Afrique de l'Est, Djibouti (où les États-Unis entretiennent plus de 2 000 hommes dans le camp Lemonnier), en Libye, dans le bassin du lac Tchad (face à Boko Haram), en Ouganda, Soudan du Sud, RDC, Centrafrique (contre la Lord's Resistance Army) ou même en  Égypte.  

Trump a cependant feint l'ignorance, ou bien la Lettre au Congrès lui aurait été imposée par les généraux. Il a dit ceci  : “I have generals that are great generals. These are great fighters; these are warriors. I gave them authority to do what's right so that we win.”

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L'Afrique doit se méfier

Ceci dit, les Etats africains comme la France elle-même devraient se méfier. Washington ne va-il pas conduire en Afrique, par l'intermédiaire d'AFRICOM,  les mêmes interventions catastrophiques ayant eu pour résultats  au Moyen Orient la destruction d'Etats solides, générant à la place des dizaines de milliers de morts, des dizaines de millions de réfugiés et quelques dizaines de milliers de djihadistes.

.Le réalisme devrait montrer qu'en Afrique dorénavant sont à œuvre les mêmes intérêts géostratégiques qu'au Moyen-Orient. Dans cette région, il s'agissait de combattre l'influence russe. En Afrique c'est le début d'influence chinoise qu'il faut désormais combattre. Au début de l'année, le général américain  Thomas Waldhauser,  commandant l'AFRICOM, n'a pas caché que pour y maintenir les valeurs démocratiques, la transparence et la bonne gouvernance défendues par la présence américaine, il fallait dorénavant s'en prendre directement à la Chine. Celle-ci, selon lui, par le commerce, l'exploitation des ressources naturelles et les ventes d'armes, risquait de remettre en cause ces valeurs démocratiques, ainsi que la présence américaine.

Il est de fait, crime impardonnable, que la Chine est devenue depuis 2009 le plus grand partenaire commercial du Continent, le chiffre d'affaire étant passé de 10 milliards de dollars en 2000 à 220 en2014. Plus récemment, comme nous l'avons relaté dans de précédents articles, le président chinois Xi Jinping s'était engagé à contribuer pour 60 milliards au développement des infrastructures en Afrique – objectif dans lequel Washington n'avait jamais investi le moindre dollar.

Au plan militaire, la décision chinoise d'ouvrir une base navale à Djibouti avait semé l'alerte dans les bases militaires aéro-navales et terrestres américaines présentes non seulement dans ce port mais dans toute l'Afrique. On peut doter cependant que la Chine, déjà occupée à faire face à une offensive américaine de grande ampleur en Mer de Chine, puisse consacrer beaucoup de soldats à la conquête de l'Afrique. Ce qui n'est pas le cas de l'AFRICOM et plus généralement des Etats-Unis, très largement la première puissance militaire de la planète.

Emmanuel Macron, se voulant comme son prédécesseur grand défenseur de la lutte contre le terrorisme au Sahel, ignore-t-il tout ceci ?

1) voir notamment Jeune Afrique

http://www.jeuneafrique.com/480547/politique/niger-des-so...