Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 04 février 2023

Vers une tripolarité géofinancière : pétrodollar, pétroyuan et rouble-or - Le "rouble-or" dans l'espace géo-économique et géo-financier de la Russie

petrodollar-petroyuan.jpg

Vers une tripolarité géofinancière : pétrodollar, pétroyuan et rouble-or

Par Alfredo Jalife Rahme

Source : https://noticiasholisticas.com.ar/hacia-la-tripolaridad-geofinanciera-petrodolar-petroyuan-y-rublo-oro-por-alfredo-jalife-rahme/

Le portail Zero Hedge qualifie l'essai de Zoltan Pozsar de "chef-d'œuvre" de la géofinance (https://bit.ly/3ZLrpsK). Alastair Crooke - ancien espion du MI6 britannique et ancien conseiller de Javier Solana, ancien chancelier de l'UE - le cite avec révérence (https://bit.ly/3WaQGtj), tout comme l'illustre géopoliticien brésilien Pepe Escobar (https://bit.ly/3GDLCbe). Auparavant, Bloomberg, très proche du Parti démocrate, avait donné libre cours au concept paradigmatique de Pozsar, à savoir la montée du pétroyuan et le déclin du pétrodollar (https://bloom.bg/3IMZGlb). Pozsar a été étiqueté comme le "gourou du Repo (repurchase agreement)": l'emprunt à court terme pour les marchands d'avoirs gouvernementaux (https://bit.ly/2ryeifX), qui opéraient à la méga-stratégique Réserve fédérale de New York, par le biais de son hiératique shadow banking (https://bit.ly/3ka4Z3X). Pour faciliter les choses à notre niveau juridique, Pozsar est un solide poids lourd qui pourrait être, selon la dynamique des événements, le Keynes du XXIème siècle sur le nouvel ordre géofinancier qui se disputera entre le pétrodollar, en déclin, et le petroyuan, en irrésistible ascension.

Assignment+58848+Zoltan+Pozsar+-+Katelyn+Perry+for+the+WSJ-9544.png

Aujourd'hui, Pozsar (photo) est le maître à penser monétariste du Credit Suisse, où il présente ses deux points fondamentaux: 1) "l'encombrement des matières premières" qui signifie une "ré-hypothèque", et 2) le chaînon manquant de l'imminent "Bretton Woods 3": le petroyuan. Bien qu'il ne le cite que tangentiellement, Pozsar - qui est le meilleur pour définir la fracture bipolaire entre le pétrodollar et le pétroyuan - a manqué un autre lien: le "rouble-or".

Selon Pozsar, traduit par Zero Hedge, "Poutine pourrait déchaîner l'enfer sur le système financier occidental en exigeant qu'au lieu des dollars, les exportateurs de pétrole russes soient payés en or, arrimant effectivement le pétrole à l'or et lançant le pétro-or". Ce serait plutôt le "rouble-or" ! Pour l'instant, la Chine a secrètement commencé à acheter des centaines de tonnes d'or physique (https://bit.ly/3CLLWUb). Mon très humble avis est que la "guerre des matières premières" fait d'ores et déjà rage.

Au cours de l'année 2022, le génie financier hongrois Pozsar a soutenu avec insistance qu'"à une époque où le monde passe de l'unipolarité à la multipolarité, les actions des chefs d'État sont bien plus importantes que celles des gouverneurs des banques centrales". A juste titre, Pozsar attribue une importance énorme à "l'expansion des BRICS", au détriment du G7. Pozar fait l'éloge de la visite du mandarin Xi Jinping en Arabie saoudite et de son accord avec les six pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe - ce que, en toute humilité, nous considérons ici en temps voulu comme le Zeitgeist du 21ème siècle (https://bit.ly/3iE9Jyg).

Le Britannique Crooke, à mon avis l'un des meilleurs géopoliticiens du monde, après avoir magistralement abordé les deux objectifs stratégiques irréconciliables des États-Unis, à savoir la balkanisation de la Russie et le maintien de l'hégémonie du dollar (https://bit.ly/3H52KIa), commente que "l'axe Chine-Russie attise les flammes d'une insurrection structurelle contre l'Occident dans la plupart du "reste du monde". Ses flammes visent à "faire bouillir lentement la grenouille (https://bit.ly/3QDoii9)". Crooke affirme qu'à partir de la doctrine Wolfowitz de 1992 (https://bit.ly/3ZtP6Wl), les États-Unis s'étaient déjà préparés à une guerre contre la Russie en Ukraine. Aujourd'hui, le général américain James Bierman explique sans ambages au Financial Times que les États-Unis "préparent le théâtre d'une éventuelle guerre avec la Chine (https://on.ft.com/3GFkIQe)".

Aujourd'hui, la Chine et la Russie ont établi une relation stratégique avec l'OPEP+, l'Iran et le Venezuela. Il s'avère que la Russie, l'Iran et le Venezuela représentent 40 % des réserves prouvées de pétrole et "chacun d'entre eux vend son pétrole à la Chine en renmimbi". Ce qui est pertinent, c'est que, selon M. Crooke, "la Russie, la Chine et les planificateurs des BRICS (sic) se sont également appliqués à monter leur propre théâtre".

RUG_14_b.jpg

Le "rouble-or" dans l'espace géo-économique et géo-financier de la Russie

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/el-rublo-oro-en-el-espacio-geoeconomico-y-geofinanciero-de-rusia-por-alfredo-jalife-rahme/

Dans mon précédent article : "Vers la tripolarité géo-financière : pétrodollar, pétroyuan et rouble-or (https://bit.ly/3Wr4pw7)", j'ai détecté la dynamique de création du "rouble-or" dans l'espace géo-économique/géo-financier de la Russie, sans avoir lu l'article fondateur (https://bit.ly/3iX2L7Q) du célèbre économiste russe Sergey Glazyev (SG - photo), aujourd'hui en charge de la Commission économique eurasienne.

TASS32830433.jpg

On fait grand cas du fait que SG a été l'un des grands stratèges qui ont protégé la Russie des sanctions des États-Unis, de l'OTAN et de l'Union européenne (UE) qui ont eu un effet boomerang sur l'UE et les États-Unis avec une inflation sévère, au bord de la récession. Même le magazine de la monarchie mondialiste britannique The Economist admet que "le système économique de la Russie est en meilleure forme que prévu : la neuvième économie mondiale a fait beaucoup mieux que prévu (https://econ.st/3HjG9aS)".

À propos, dans un article remarquable, le géopoliticien brésilien Pepe Escobar s'est penché sur l'essai de SG et a prédit que les cinq monnaies des BRICS, soutenues par l'or, "remplaceront le dollar américain (https://bit.ly/3Wn7Js8)".

Selon SG, "l'or peut être un instrument unique dans la lutte contre les sanctions occidentales, compte tenu des prix des principales matières premières internationales (pétrole et gaz, aliments et engrais, métaux et minéraux solides)". La parenté conceptuelle de SG avec le gourou de la finance Zoltan Pozsar, aujourd'hui stratège au Credit Suisse, est frappante.

L'or ne fait pas cavalier seul. Il va de pair avec l'argent (dont les premiers producteurs mondiaux sont le Mexique et le Pérou).

SG rappelle le lobbying des banquiers Rothschild au 19ème siècle en faveur de l'"étalon-or" qui "leur a donné (à eux et à la Grande-Bretagne) l'occasion, par le biais de prêts d'or, de subordonner l'Europe continentale au système financier britannique". SG explique ensuite les phases de "rouble-or 1" et "rouble-or 2" alors que "les conditions sont maintenant réunies" pour "rouble-or 3".

Il cite des analystes de la banque danoise Saxo Bank qui prévoient que d'ici 2023, le prix de l'or atteindra 3000 dollars l'once. Incidemment, la Chine et l'Inde (dont la banque centrale est le plus grand acheteur d'or au monde ; https://bit.ly/3j00Dfp) ont récemment effectué des achats massifs d'or physique.

Une phrase unique de SG pour les villageois vassaux de la défunte mondialisation financière néolibérale: "les importantes réserves d'or permettent au pays de mener une politique financière souveraine et de minimiser la dépendance à l'égard des créanciers extérieurs". (Sur combien de réserves d'or ou d'argent la Banque "autonome" du Mexique, qui constitue en réalité "un État dans l'État" selon le modèle néolibéral mondialiste dépassé, pourra-t-elle compter) ?

SG affirme qu'"en démonétisant leur richesse réelle, les États-Unis ont perdu toute compétence et tout intérêt pour la production et le traitement de ressources stratégiques" telles que l'or et l'uranium. Il commente l'éternel point selon lequel "l'Occident ne dira jamais combien de réserves il détient dans les coffres de ses banques centrales" et affirme qu'"il n'y aura jamais d'audit à Fort Knox", où les États-Unis sont censés conserver leurs réserves d'or et d'argent alors que l'ancien député texan Ron Paul, père de l'actuel sénateur républicain Rand, réclame un audit de ses coffres depuis 12 ans (https://cnb.cx/3QUwQBA).

Je comprends les fortes pressions géopolitiques et géofinancières des États-Unis et du Canada au sein du T-MEC asymétrique, notamment dans le domaine technologique du chapitre 19 (https://bit.ly/3XzPm4Q), alors que le président nationaliste Lopez Obrador (LO), souverainiste à part entière, s'est battu pour le chapitre 8 (la souveraineté des hydrocarbures ; https://bit.ly/3QVTGsl). Aujourd'hui, LO devrait envisager la création du "peso argent mexicain" et la mise en place d'un ministère des Mines, maintenant que le boom des matières premières est de retour, qui existe déjà dans les puissances minières d'Amérique du Sud: Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Pérou et Venezuela.

C'est le Zeitgeist de la créativité géo-financière !

https://alfredojalife.com

Facebook : AlfredoJalife

Vk : alfredojalifeoficial

Télégramme : https://t.me/AJalife

https://www.youtube.com/channel/UClfxfOThZDPL_c0Ld7psDsw?view_as=subscriber

Tiktok : ZM8KnkKKQn/

Twitter : https://twitter.com/AlfredoJalife

jeudi, 08 juillet 2021

La politique iranienne de Biden est déjà dans une impasse

Joe-Bide-Ebrahim-Raisi.jpg

La politique iranienne de Biden est déjà dans une impasse

Par Moon of Alabama

Très récemment, les États-Unis ont bombardé trois positions de la Force de mobilisation populaire (FMP) irakienne à la frontière syro-irakienne.

Les États-Unis n’avaient aucun droit de le faire. Le raisonnement juridique fourni par l’administration Biden pour justifier cette attaque est absurde. Tout comme le prétendu raisonnement consistant à établir une « dissuasion » contre d’autres attaques contre les troupes américaines par tel ou tel groupe de miliciens irakiens. La dernière frappe dans cette zone en février était censée remplir le même objectif, mais il est évident qu’elle n’a pas eu d’effet dissuasif. La frappe de dimanche a été immédiatement suivie de tirs de missiles contre une position américaine en Syrie. D’autres incidents de ce type suivront.

L’attaque a mis dans l’embarras le Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi. L’aspect le plus déroutant de cette frappe aérienne est toutefois son timing, puisqu’elle a eu lieu un jour seulement après que le Premier ministre irakien Moustafa al-Kadhimi a assisté à la célébration du septième anniversaire de la création de la FMP, au camp Ashraf, l’ancien quartier général du groupe terroriste anti-iranien Mujahedeen-e-Khalq, situé à environ 100 kilomètres (62 miles) au nord-est de Bagdad. La FMP a fait défiler des milliers de ses combattants, ainsi que des chars, des lance-roquettes et des drones, devant une tribune où se trouvaient, outre Kadhimi, le ministre de la Défense Juma Inad, le ministre de l’Intérieur Othman Ghanmi, le chef d’état-major de l’armée irakienne, le lieutenant-général Abdul Amir Yarallah, et le chef d’état-major du FMP, Abdul Aziz al-Mohammadawi.

arton2259.jpg

Plus important que la liste des participants, cependant, est ce que Kadhimi a dit à propos de la FMP. Dans un tweet publié pendant le défilé, le Premier ministre a noté que « nous avons assisté au défilé de notre armée héroïque le 6 décembre (2020), ainsi qu’au défilé de la courageuse police, et aujourd’hui nous assistons au défilé de nos fils dans la Force de mobilisation populaire. Nous affirmons que notre travail est sous la bannière de l’Irak, et que protéger sa terre et son peuple est notre devoir. Oui à l’Irak ! Oui à l’Irak, le pays fort et capable ». M. Kadhimi a ensuite souligné le fait que la FMP étaient un service d’État et a fait l’éloge de son rôle dans la lutte actuelle contre État islamique.

Pour rappel, un jour après que le Premier ministre irakien, en compagnie de son équipe militaire et de sécurité nationale, a déclaré que la FMP étaient un élément essentiel de la sécurité de l’État de son pays, les États-Unis bombardaient ces mêmes forces sur des sites en Syrie et en Irak, sites à partir desquelles la FMP mènent les opérations de lutte contre État islamique tant vantées par le Premier ministre irakien, et ce sans en informer le gouvernement irakien au préalable ni lui demander son autorisation. En réponse, M. Kadhimi a convoqué une réunion d’urgence de son état-major de sécurité nationale et a condamné avec force les frappes américaines, les qualifiant de violation manifeste de la souveraineté irakienne, ce qui incitera son gouvernement à étudier toutes les options légales en réponse.

L’attaque a affaibli la position des États-Unis en Irak et a renforcé celle de l’Iran.

Certains analystes affirment que l’attaque était un message adressé à l’Iran dans le contexte des discussions en cours sur l’accord nucléaire. Mais que dit ce message ? Que les États-Unis peuvent bombarder des cibles mineures ? Qu’est-ce que cela apporte de nouveau ?

Revenons à la situation dans son ensemble.

Un objectif primordial de l’administration Biden est de concentrer toutes ses forces dans la compétition avec la Chine. À cette fin, elle a prévu d’abandonner en grande partie le Moyen-Orient – l’endroit où les États-Unis ont gaspillé leurs ressources pendant plus de deux décennies.

pmf---s-grit-helps-iraq-turn-the-corner-2018-12-16.jpg

Pour quitter le Moyen-Orient, les États-Unis doivent trouver une forme de paix avec l’Iran. L’administration Biden a donc entrepris de réintégrer l’accord nucléaire. Pour y parvenir, elle doit lever les sanctions que Trump a imposées à l’Iran. Mais la dérive de la mission s’est installée. Au lieu de simplement lever les sanctions en échange de l’adhésion de l’Iran aux limites de l’accord nucléaire, l’administration Biden a cherché à obtenir davantage de concessions de la part de l’Iran tout en offrant moins d’allègement des sanctions.

L’Iran a clairement exprimé sa position. Si les États-Unis lèvent TOUTES les sanctions imposées par Trump, ils soumettront à nouveau leur programme nucléaire aux limites de l’accord. Si les États-Unis ne lèvent pas TOUTES les sanctions, l’Iran continuera à dépasser ces limites avec des marges petit à petit plus importantes.

Le secrétaire d’État Anthony « Pompeo le deuxième » Blinken a l’illusion qu’il peut ramener l’Iran dans le cadre de l’accord nucléaire et maintenir des sanctions importantes. Il veut les utiliser pour faire pression sur l’Iran afin que ce pays limite sa puissance en missiles et qu’il cesse de soutenir ses alliés au Moyen-Orient :

Les hauts responsables de l'administration Biden, de M. Blinken jusqu'au plus bas, 
ont admis qu’il y avait des défauts dans l'ancien accord nucléaire, il fallait
qu'il soit "plus long et plus fort" et qu'il traite du programme de développement
de missiles et du soutien au terrorisme de l'Iran. Aujourd'hui, l'exigence semble s'élargir encore davantage : Il est de plus en
plus évident que tout accord global qui répond aux nombreuses plaintes de l'Amérique
concernant le comportement de l'Iran doit également couvrir un large éventail de
nouvelles armes que les forces iraniennes ne faisaient que bricoler il y a six ans.

L’Iran ne se désarmera pas. Ces objectifs sont impossibles à atteindre :

Blinken AFP_3.jpg

Blinken a déjà déclaré que certaines sanctions américaines seraient maintenues 
et qu'elles seraient levées lorsque - et seulement lorsque - Téhéran "changera
de comportement"
. Notez le discret changement. Blinken ne parle pas ici de cadre

nucléaire réglementaire, il devient "manichéen". Ainsi, selon cette mesure
(corriger un comportement malveillant), la question n'est pas de savoir combien
de sanctions individuelles restent en place, mais la nature de celles qui restent.
De toute évidence, la nature de celles qui restent doit impliquer une grande
douleur, si elles doivent vraiment contraindre un Iran irrémédiablement "malfaisant"
à changer de cap stratégique. (C'est un autre exemple de la façon dont le paradigme
bien/mal fige la politique). L'équipe Biden sait, et admet librement, que les pressions maximales de Trump n'ont
pas modifié le comportement iranien. Pourtant, Blinken préconise que les États-Unis
répètent ce qui vient d'échouer. En fait, ce que Trump a fait, c'est persuader

l'Iran de développer sa dissuasion par missiles de précisions et drones, ce qui
a rendu les "armes MAGA" non pertinentes et donné à l'Iran un avantage stratégique.

Pourtant, Blinken flirte désormais avec l’idée de ne pas revenir à l’accord nucléaire :

"Si cela continue, s'ils continuent à faire tourner des centrifugeuses plus 
sophistiquées à des niveaux de plus en plus élevés, nous arriverons à un point
où il sera très difficile, d'un point de vue pratique"
de revenir aux paramètres

de l'accord nucléaire initial, a-t-il déclaré. "Je ne peux pas donner de date", a déclaré M. Blinken à propos du jour où
l'administration Biden pourrait se retirer des négociations nucléaires, mais
"cela se rapproche".

Et puis quoi ?

Si les États-Unis ne reviennent pas bientôt sur l’accord nucléaire, l’Iran le quittera complètement. A mon avis, d’ici la fin de l’année. Il sera alors libre de faire tout ce qu’il veut en matière de nucléaire. L’Iran augmentera également son soutien aux forces mandataires capables de nuire aux forces américaines et aux alliés des États-Unis au Moyen-Orient. Un certain nombre de piqûres d’aiguilles qui ne cessent de s’intensifier – incendies de pétroliers saoudiens, explosions de raffineries, attaques de drones contre des bases américaines – obligeront les États-Unis à rester engagés.

Les États-Unis ne peuvent pas entrer en guerre contre l’Iran. Le pays ne peut pas être occupé et tout bombardement serait suivi d’attaques de missiles et de drones contre toutes les bases américaines et tous les alliés dans la région, y compris Israël.

Un statu quo ou un conflit de faible intensité pourrait donc se poursuivre pendant longtemps. Il consommerait davantage de ressources américaines et de temps de gestion. Du temps que la Chine peut utiliser, sans être dérangée, pour continuer à développer ses capacités. En ajoutant de plus en plus de demandes de levée des sanctions contre l’Iran, l’administration Biden sabote son objectif stratégique global de concurrence contre la Chine.

C’est une politique à très courte vue. L’Iran ne fléchira pas. Les tentatives de faire pression sur lui en tuant quelques miliciens irakiens sont tout simplement ridicules. Le fait que l’administration Biden tente de le faire montre qu’elle s’est engagée dans une impasse et qu’elle ne veut pas faire marche arrière.

Quelle sera donc son prochain acte ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

mercredi, 23 juin 2021

Revue de Presse de CD - 20 juin 2021

52f0ce9ccc7dedc37530368ec6021e29.jpg

Revue de Presse de CD - 20 juin 2021

ALLEMAGNE

Énergie : l’Allemagne attaque la France et menace l’Union européenne

L’Allemagne s’est attelée à détériorer méthodiquement la compétitivité énergétique et industrielle de ses voisins européens, et notamment celle de son partenaire privilégié, la France.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/06/17/399712-energie-la...

ETATS-UNIS

Anthony Fauci, ex champion des super-virus et menteur, craint pour son matricule

Anthony Fauci, super-vedette scientifique, anti Trump, star mondiale de la galaxie libérale libertaire, vient de se faire prendre en flagrant délit de fake news, les doigts tout poisseux juste sortis du pot de confiture du mensonge. Récit.

OJIM

https://www.ojim.fr/anthony-fauci-ex-champion-des-super-v...

EUROPE

L'islamisation forcée de la Bosnie-Herzégovine pendant la guerre des Balkans

Les Bosniaques, les Serbes et les Croates sont un seul et même peuple de la famille slave qui est arrivé dans les Balkans vers le 7e siècle de notre ère. Ils parlent la même langue, le serbo-croate, bien que chaque pays l'appelle différemment: serbe, bosniaque ou croate – langue que les Croates et les Bosniaques écrivent avec l'alphabet latin, tandis que les Serbes utilisent le cyrillique. Mais il existe un élément qui les différencie au point de les opposer et de les rendre hostiles les uns aux autres tout au long de l'histoire : la religion.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/05/l...

L’Europe : un terrain de jeux de guerre pour la stratégie américano-otanienne

En 2020, la mobilité terrestre des personnes dans l’Union européenne a été paralysée par les verrouillages, principalement à la suite du blocus du tourisme. La même chose s’est produite dans la mobilité aérienne : selon une étude du Parlement européen (mars 2021), elle a subi une perte nette de 56 milliards d’euros et 191 000 emplois directs, plus d’un million dans les industries connexes. En 2021, la reprise s’annonce très problématique. Un seul secteur a fortement accru sa mobilité en allant à l’encontre de la tendance : le secteur militaire.

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/07/l...

20160705PHT35349-cl.jpg

Brexit : décryptage d’une guerre informationnelle au cœur de l’Europe

Le 23 juin 2016, les électeurs du Royaume-Uni se prononçaient par référendum à 52% en faveur d’un retrait de l’Union européenne. A la veille de Noël 2020, après quatre ans et demi de négociations et surtout de combats, un accord de commerce et de coopération définissant les termes de ce retrait a finalement été trouvé. Mais à quel prix, pourrait-on se demander. Derrière les discours souverainistes et identitaires, l’enjeu de ce Brexit était bien économique et la guerre fut sans pitié sur le champ informationnel.

Ecole de guerre

https://www.ege.fr/infoguerre/brexit-decryptage-dune-guer...

Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas !

Sommet de l'OTAN. La réunion de l'alliance atlantique s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser qu'une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" va s'enclencher pour exporter peut-être davantage de déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. L'Europe n'aime pas ça, mais elle acquiesce.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/13/l...

FRANCE

Non, M. Attal, le pass sanitaire, ce n’est pas la liberté !

Les seuls rassemblements assujettis au pass sanitaire sont ceux qui relèvent des activités de loisirs et des salons professionnels. Tout ce qui est politique, syndical ou cultuel y échappe.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/12/399421-non-m-atta...

Le système Macron est un simulacre

La République est donc en danger, la France d’en haut nous le serine sans désemparer depuis quelques jours. En cause évidemment l’incident survenu à Tain-l’Hermitage où devant des caméras, Emmanuel Macron a été l’objet d’une tentative de gifle. Il faut rappeler que celui-ci est en tournée électorale a priori illégale pour soutenir les candidats de son pauvre parti aux élections régionales et départementales, dont on sait bien qu’elles risquent pour eux d’être cuisantes.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/06/le-systeme-macron-est-u...

GEOPOLITIQUE

Il n'y a pas de démocraties ni d'autocraties, seulement des gouvernements

La division du monde en "démocraties" et en "autocraties" est un reflet inexact de la réalité. Il n'y a que des gouvernements, et chacun d'entre eux comporte des éléments de ces deux catégories, bien qu'à des degrés divers selon les particularités du modèle national effectivement en vigueur.

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/06/i...

TOTALITARISME

La différence entre les régimes totalitaires et les démocraties du « monde libre »

Les régimes totalitaires perpètrent des massacres et des guerres. Les démocraties libres mènent des « interventions humanitaires ». Les régimes totalitaires perpètrent des massacres et des guerres. Les démocraties libres mènent des « interventions humanitaires » Les régimes totalitaires recourent à la torture. Les démocraties libres utilisent des « techniques d’interrogatoire améliorées ». Les régimes totalitaires financent des groupes terroristes pour créer l’instabilité. Les démocraties libres financent des groupes de « rebelles modérés » pour « créer la stabilité ». Dans les régimes totalitaires, des dictateurs malfaisants bombardent leur propre peuple. Dans les démocraties libres, nous le faisons pour eux.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/06/13/la-difference-entre...

samedi, 04 avril 2020

Germanisation de l'Europe ou européanisation de l'Allemagne ? Le Covid-19 comme incubateur stratégique

covidgreen.jpg

Germanisation de l'Europe ou européanisation de l'Allemagne ?

Le Covid-19 comme incubateur stratégique

Irnerio Seminatore

La peur, le pouvoir et le statu-quo

Comme la peste d'Athènes (429 a.C), ou celle de l'Europe du Moyen Age (1347) et de la Renaissance (1720), ou encore la "grippe espagnole" de 1918, la pandémie du "COVID", si quotidien, fait de ce fléau dévorant un compagnon familier, silencieux et inconnu, qui suscite angoisse et exclusion.


Ceux qui déclarent qu'un état de guerre est en cours (Macron, Guterres, le Pape François), feignent d'oublier que la guerre présuppose un ennemi désigné, un état d'hostilité, un affrontement sanglant et des théâtres de combat furieux, où règnent les derniers tourments de la vie, car la guerre est un "acte de violence, qui vise à soumettre la volonté de l'autre" (Clausewitz). Or, cette pandémie démontre qu'il s'agit là d'une fausse rhétorique et que nous sommes en présence d'une "surprise stratégique".

Celle-ci n'est pas à résoudre par des moyens militaires et dont les éléments-clés sont d'ordre politique et civil et se caractérisent par l'ampleur, l'allure, l'impréparation politique, l'état d'urgence, la remise en cause de la stabilité et de l'ordre public, ainsi que l'extrême vulnérabilité du corps politique.

En effet, nos avenues sont désertes et nos ennemis absents et une coalition de forces et d'intérêts, invisibles, prétendent aider, intervenir et gouverner, liés à double fil par le cynisme, l'empathie et la colère.

Ce qui occupe les esprits de nos jours, ce sont les répercussions profondes et durables de la souffrance, de l'angoisse et de l'inconnu.

Ce qui règne en souveraine est la peur, le premier sentiment de l'homme qui est à l'origine, selon Thomas Hobbes, de la religion et de l’État.

La peur, qui se recèle dans l'âme du vivant, comme le fantasme anticipateur de la mort ne change en rien le psychisme de l'homme, ni l'organisation de la société.

Au contraire, elle renforce le pouvoir des Princes, par l'intimidation, la soumission et le désespoir, un cumul de passions bien humaines, suivies de vagues de malheurs sociaux, la faim, l'errance, le vagabondage, la fuite, le sentiment de faillite et la révolte, libératoire, colérique et inhumaine.

zink_angst_featured2-1024x585.jpg

Ce qui se recèle dans l'âme de l'homme qui a peur, est une ferveur religieuse soudaine, méconnue, qui découvre  le divin et l'implore.

Ce qui, dans le  sous-sol du monde rationnel, inflige une douleur moderne, de nature obsessionnelle, est l'impact économique de la situation, la raréfaction des biens et des activités, la stagnation des salaires, le chômage de masse, l'insécurité dans les villes, la révolte des affamés et des démunis, la crise d'autorité des pouvoirs et l'apparition de révoltés et d"émeutiers, qui apparaissent bien venus, généreux et justifiés.

Révoltes qui traversent la société selon des clivages ethniques et religieux, d'autant plus intenses et profonds, que la société est communautaire et tribale, bref, multiculturelle et pré-moderne.

Or la misère divise et l'autorité unit et protège, car la peur grandit le pouvoir et lui accorde générosité, grandeur et piété, la somme des sentiments humains les plus élevés, soutenus par la force physique.

La pandémie engendre effondrement, politique et moral, mais elle n'affaiblit pas l'esprit de lucre, elle le suscite et lui donne une justification nouvelle.

Par ailleurs, les pandémies légitiment le pouvoir et le renforcent, car le besoin de protection est une constante psycho-politique dans l'Histoire.

L'ampleur de la pandémie est aujourd'hui aussi profonde et cache une vulnérabilité stratégique face à des "competitors", tentés par des armes biologiques.

Le confinement de masse, l'effondrement des économies
et les politiques budgétaires des principaux pays


Le confinement de masse, exigé par les autorités publiques, engendre un effondrement des économies nationales en Europe.

La protection sanitaire a un coût, l'arrêt de la consommation et celui de la production.

La dissolution du corps politique d'une société montre, dans les situations de crise aiguë, les limites d'un modèle économique et social, qui ouvre sur un scénario catastrophe, celui de l'après pandémie.

L'imprévisibilité générale sur le vieux continent suscite deux réactions conjointes, l'absence de coordination commune sur les politiques sanitaires, et la divergence sur le mode de financement des politiques budgétaires des principaux pays.

En France, le désarroi sur les conflits d'intérêts a concerné le choix des politique sanitaires et a opposé Mr. Lévy, ancien Directeur de l'Iserm et A. Buzyn, ancienne ministre de la Santé, au Professeur Raoult, éminente virologue de Marseille et pourtant dénigré, ainsi qu'une mobilisation des média mainstream, pour encourager une réaction, tournée vers la résilience, la coopération et la solidarité.

Au même temps, les effets d'annonce des différents gouvernements, concernant les promesses de soutien budgétaire de la part des principaux pays, ont impliqué l'Union européenne et suscité divisions et dissonances graves, entre Italie, Pays-Bas et Allemagne, sur l'utilisation des instruments communs (aides d’État ou euro-bonds). 
La couverture des difficultés exceptionnelles, en termes de coûts sanitaires et de relance de grandes infrastructures, a été l'occasion d'un contraste de lecture et de vision entre le premier Ministre Italien G. Conte, la Chancelière allemande A. Merkel et le premier Ministre hollandais, Marc Rutte, aboutissant à une interprétation divergente des traités européens, prévus en leurs temps pour des situations de gouvernance courante et non exceptionnelle. Suite à cette entorse de la solidarité une question de fond s'affirme et peut se formuler ainsi:

"L'Europe existe-t-elle encore?"

"Veut-elle encore s'aider elle-même, ou s'imaginer, à tort, d'aider ses États-membres, sans en avoir la légitimité institutionnelle?"

La rapidité de décision et le caractère massif des interventions étatiques dans le monde, montre aux opinions l'efficacité et la réactivité des différents pays et leur souci de ne pas rater la reprise, en l'encourageant sans répit. 

Au sein de l'Union européenne, par contre, une loi spéciale, votée et ratifiée le 11 mars, sur "l'état de danger" du pays, par le Parlement hongrois, permet désormais au premier Ministre V. Orban de gouverner par ordonnance et pour une durée indéterminée.

w_55942864-800x450.jpg

Le jour après, Ursula von der Leyen, aussi absente et tardive dans l'urgence sanitaire de l'Union, a rappelé à l'ordre Budapest et mis en garde les 27 sur les mesures urgentes décrétées en Hongrie et sur les dérives autoritaires supposées de la part de V. Orban, ouvrant la voie à une dictature présumée.

Ce qui dicte la priorité idéologique d'Ursula von der Leyen est moins la santé publique ou la sortie de la pandémie, que la surveillance intrusive de la Commission sur un État membre dissident et le respect d'un statu quo de vide stratégique existant et pré-existant

En termes de promesses de soutien à l'économie, voici quelques rappels en chiffres, concernant:

- les États-Unis, 2000 milliards de dollars + 1000 dollars par citoyen et 500 pour chaque enfant

- Allemagne, 1100 milliards d'euros

- France, 300 milliards d'euros

- Italie, 50 milliards d'euros

- BCE, émission d'eurobonds pour 750 milliards (quantitative easing - plan d'urgence de rachat de la dette publique et privée)

- les autres pays de l'UE, selon des quantités décroissantes.

Les besoins ne seront pas comblés par ces mesures, mais les mesures annoncées sont à interpréter comme des signaux d'inversion des tendances.

Le confinement et la peur ouvrent en France plusieurs fronts de combats, familiaux et civiques (mésententes conjugales, divorces). Si les premiers concernent les psychopathologies individuelles, les secondes, qui touchent au statut des banlieues, rouvrent la page, jamais fermée, de la sécurité collective ainsi que le destin unitaire ou sécessionniste de la nation.

En effet, ici la guerre n'est pas que micro-biologique, mais identitaire, constitutionnelle et raciale et les accrochages se multiplient avec la police, dans "plusieurs poches de résistance". Dans ces zones explosives (Seine Saint Denis et autres), le relâchement par la Chancellerie de caïds, tenus jusqu'ici en prison, fait reprendre, dans ce vieux no-man's land, la rançon des stups et de l'économie illicite, ainsi que  la gestion chaotique de l'ordre.

Le COVID, incubateur stratégique d'une option de fond: germanisation de l'Europe ou européanisation de l'Allemagne

Deux indicateurs institutionnels sont à considérer comme décisifs du bras de fer stratégique que se joue actuellement en Europe:

- La divergence de lecture des traités européens, conçus pour des conjonctures de gouvernance ordinaire entre l'Italie d'une part et l'Allemagne et les Pays-Bas de l'autre sur la manière de subvenir aux coûts sanitaires et de soutenir l'économie en vue de l'après coronavirus. Vis-à-vis de la rigidité d'interprétation des traités, l'Italie soutient la thèse de réécrire Lisbonne et Maastricht, afin de penser l'exception (ou la souveraineté) dans l'exercice de la gouvernance des pays-membres. Un pas, très contrasté, vers l'indépendance politique de l'Union, revendiquée par Macron.

1303848-c92bd5c4cae83ba11a16d75e17bjpg.jpg

- Le gouvernement par ordonnance et à durée indéterminée, voté par le parlement hongrois en faveur d'Orban, qui représente l'hérésie de principe et donc la dérive absolue des "valeurs démocratiques" et de l’État de Droit, surveillée rigoureusement par la Commission et par la Cour européenne de Justice, chargée de soumettre la politique au judiciarisme des magistrats. Ce contrôle a soulevé immédiatement une mise en garde de la part de Mme von der Leyen à Budapest, comme la déviance absolue, en situation d'urgence, portant atteinte à l'unité de l'Union, dans cette phase, très délicate, du post-Brexit.

Ce double confinement de deux États-membres, par le bloc intransigeant des pays nordiques, sous direction allemande, fragmente politiquement l'Union européenne et freine ou retarde toute tendance à l'autonomisation et à la liberté de conduite des pays-membres, corsetés par le statu-quo et le vide stratégique de l'Union. Celle-ci vit par ailleurs, politiquement, une conjoncture internationale indécise et d'hésitation hégémonique, interne et internationale.


En effet, la pandémie en cours affecte à des degrés divers les pays européens et les pays-tiers asiatiques et les transforme en "acteurs-proie" de la scène internationale, dépourvus de capacité de réactivité sur le plan stratégique, productif et logistique, ce qui se répercute sur les alliances militaires et sur leur opérationnalité.

C'est à ce titre que le COVID  devient un incubateur stratégique de l'ennemi interne et du conflit de demain, tant à l'échelle européenne qu'au niveau international et que l'Europe ne peut compter que sur ses peuples, devenus, comme toujours,  "l'ultima ratio regum".


Bruxelles, le 2 avril 2020

lundi, 30 septembre 2019

Beyond multipolarity. This world is doomed; are we prepared for The Day After?

ghitiu.jpg

Au-delà de la multipolarité. Ce monde est voué à l’échec ; sommes-nous prêts pour Le Jour d’Après?

Chisinau Forum III: Paul Ghițiu, écrivain, journaliste, cinéaste, politicien, Roumanie

Au-delà de la multipolarité. Ce monde est voué à l’échec ; sommes-nous prêts pour Le Jour d’Après?

Je commencerai par vous demander de vous souvenir de deux épisodes bibliques. La première est la Tentation d’Adam et Ève dans le Jardin du Paradis. La seconde, l’expulsion des marchands du Temple.

Dans le merveilleux livre de Michael Ende „The Never Ending Story”, la Terre Fantastique est sous la menace du RIEN. C’est notre propre histoire et celle de notre monde.

La multipolarité est-elle réelle ?

Nous sommes réunis ici pour parler de multipolarité. La plupart d’entre nous, peut-être même tous, appuyons cette perspective et en sommes même ravis. Est-ce une bonne chose ? C’est bien ce que vous croyez. Enfin, l’Empire américain est défié et en voie de décadence. Mais la multipolarité est-elle réelle ? Nous n’avons pas de réponse claire à cette question. Personnellement, puisque la multipolarité a été annoncée par Macron, qui a pointé du doigt les États-Unis, c’est-à-dire l’Empire américain, comme étant coupable de la décomposition de l’Occident, je ne crois pas que cela le soit. Plutôt une étape de leur plan, ou une évolution moins favorable, mais prise en compte. (Ne me dites pas que Rothschild lui a donné des millions pour quelques jours de travail dans sa banque et l’a laissé être un libre-penseur.)

La déclaration de Macron n’est pas un aveu, c’est de l’espièglerie : OK les gars, vous avez gagné, on se rend bla-bla-bla-bla ! Pour endormir notre conscience, pour nous faire croire qu’ils se rendent.

Ensuite, il y a Trump, ou plutôt les forces derrière lui, une partie de cette mafia mondialiste qui sont des personnages actifs dans cet épisode de changement du monde. Et, enfin, et c’est le plus important, n’oubliez pas que le centre qui gouverne le monde est plus actif et plus puissant que jamais : L’ONU avec tous ses organes et institutions et organisations (FMI, BM, OMS, HWO, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, connu à l’origine sous le nom de Fonds international d’urgence des Nations Unies pour l’enfance, OMC et ainsi de suite) promeut et impose les politiques les plus néfastes de notre temps : domination du capital, paupérisation des pauvres et enrichissement des riches, migrations, vaccination, lgbtisation, programme de genre et bien d’autres.

J’ai l’impression qu’une fois de plus, ils essaient de jouer contre nous. A partir de cette scène paradisiaque, et plus discernable pour notre civilisation, depuis la Révolution française. Tout le temps, ils préparaient des mouvements à l’avance, de faux drapeaux, des impasses, des fausses directions et tout le temps que nous devions réagir. Et, en regardant autour de nous, nous pouvons dire que, jusqu’à présent, ils ont presque entièrement réussi. Ils ne l’ont jamais manqué. Est-ce qu’ils vont le rater maintenant ?

Nous aurons un monde multipolaire. Ces nouveaux poles fonctionneront-ils différemment ? Ces poles rejetent-ils les fondements économiques oppressifs de nos sociétés et vivent-ils pour une nouvelle vision ? L’argent demain sera-t-il moins important que les âmes ? Que l’amitié, que le respect, que l’amour ?

Je ne pense pas, et je vais vous expliquer pourquoi. Mais, bien sûr, qu’elle soit authentique ou non, nous la soutenons tant qu’elle signifie la décadence de l’Empire.

Un monde non humain. L’Empire de la capitale.

Reliez la „tentation du Paradis” avec le rejet de Dieu de nos jours, puisque nous nous sommes déclarés dieux. Relier „l’expulsion des marchands” de la synagogue avec ceux qui sont maintenant au pouvoir dans notre monde. Les marchands. Qu’ont-ils fait ? Ils nous ont offert le fruit du libéralisme, la partie supérieure, la partie apparemment décente et bénéfique de l’idéologie du capital. Et on l’a mordu profondément.

Nous ne vivons plus dans un monde humain. Jusqu’à récemment, les étiquettes des sociétés et des états humains étaient liées à quelque chose d’humain : activité, outils, relations, hiérarchie ou statut social, etc.

Nous vivions à l’âge de pierre, à l’âge de bronze, à l’âge du fer, à l’esclavage, au féodalisme, à l’état d’esclave, à la monarchie, à la royauté, à la république, à la démocratie, à l’aristocratie (une des trois formes étatiques des Aristoteles). Mais le monde dans lequel nous vivons est capitaliste (ou socialiste ou communiste, les niveaux inférieurs de la pile idéologique du capital). Aujourd’hui, nous sommes des libéraux, des socialistes, des communistes – toutes des identités idéologiques, toutes issues de la même source : le capitalisme émergent des âges humaniste et illuministe, à la recherche d’un moyen d’attraper le pouvoir mondial : à savoir, se légitimer comme la nouvelle religion du monde.

Aujourd’hui, l’argent est le principal déterminant de la „vérité”. „La vérité” est ce que dit l’argent, et l’argent a le pouvoir d’imposer la „vérité”. La vraie vérité, telle que j’essaie de la dire, n’est pas la bienvenue aujourd’hui par n’importe quel gouvernement ou intérêt dirigeant dans le monde occidental ou dans ces pays qui ont été corrompus par le monde occidental. En effet, l’ennemi de la vérité aujourd’hui n’est plus à Moscou ni en Chine. L’ennemi est à Washington, New York et Hollywood, à CNN, MSNBC, NPR, New York Times, Washington Post, et dans les universités et les scientifiques qui mentent pour de l’argent, et dans les super riches qui contrôlent ces entités, y compris le Congrès, le pouvoir exécutif, le Bureau ovale et le pouvoir judiciaire. (Paul Craig Roberts : La vérité est une espèce en voie de disparition)

Un monde en métastase

La mafia financière mondialiste ne disparaît pas si un monde multipolaire émerge. Ils continueront d’être ici : sous la serviette de table, sous l’oreiller, dans nos maisons et nos voitures, dans tous nos appareils, qui „remplissent le vide de notre vie” ; sous la nouvelle fondation culturelle ; partout dans le système éducatif ; sous les réseaux sociaux ; sous 99% de notre existence quotidienne. Avec d’énormes sommes d’argent, avec une grande partie de la Terre en leur propriété, avec des centaines de millions de sujets dans leurs sociétés transnationales et nationales, les réseaux structurels de l’Etat, la société civile, les médias, etc.

Nous vivons dans un monde qui c’est presque complètement rendu à l’argent. Et l’argent n’a pas d’autre „religion”, pas d’autre règle de base que leur multiplication. Ils n’ont pas de sentiments (la haine vient de leur maître), pas de douleurs, ils ne peuvent ni pleurer, ni rire, ni rêver. Ils ont toujours faim. Ce sont des tueurs de sang froid. Et ils sont profondément despotiques à 100 %. Pas de sympathie, pas de chimie, pas de pitié, pas de bonne volonté. Rien que plus d’argent, plus de vide, plus de RIEN. C’est pourquoi toutes les autres valeurs, tous les autres principes qui leur sont opposés doivent être pervertis, annihilés sans pitié. A propos de tout cela, nous ne pouvons pas nous faire d’illusions ; tout est clair comme de l’eau de roche.

Nous avons a affaire, notre monde a affaire au cancer ; une tumeur énorme qui n’est pas si facile à détecter puisqu’elle se cache derrière des institutions et des organismes nationaux et internationaux. Mais le vrai problème mortel, c’est qu’il a infecté toutes les cellules du corps humain, des sociétés humaines ; les cellules cancéreuses sont partout et dans presque toutes les cellules, apparemment,  sains le virus est présent en latence. Nous parlons à leur façon, nous pensons à leur façon, nous mangeons, nous dormons, nous aimons / détestons, nous perdons notre temps à leur façon. Nous sommes des clones de l’esclave parfait qu’ils ont développé dans leurs laboratoires sociaux. Donc, si nous voulons avoir un monde meilleur, nous devons rejeter tout ce qui leur appartient.

Ces personnes, ces serveurs du Mal ne s’arrêteront pas ; l’algorithme implanté en eux les pousse continuellement sur le chemin de l’esclavage humain, de la démolition de la création de Dieu. Ils sont ajustés pour aller jusqu’au bout : la destruction de la planète entière. Et je pense qu’il y aura bientôt la destruction, la douleur, la mort. Si jamais quelque chose réussit à s’opposer à eux au point de contrer et de vaincre leurs projets, ils sont prêts à tout faire sauter. Trois sont la raison pour laquelle ils ne le feront pas : D’abord, la volonte du Dieu. Deuxièmement, parce que jusqu’à présent, il n’y avait pas une telle force qui s’opposait à eux. Troisièmement, pervertir les gens avant de les tuer est une victoire plus douce pour le Diable que de les tuer directement. Une longue agonie d’un rituel tentant avant la mort.

Nous sommes confrontés à trois alternatives principales :

  1. La multipolarité est fausse. Ils réussissent à asservir le monde entier, mais pas tous les gens et pas pour toujours (volonté de Dieu). Plus tard, ils commencent à se battre les uns contre les autres jusqu’à une grande destruction du monde.
  2. La multipolarité est authentique, opposée non seulement au faux Empire américain, mais aussi au véritable Empire du Capital, principalement à son noyau anglo-zioniste. Les impériaux vont déclencher la guerre, une grande partie du monde est détruite. (C’est le véritable but des bases de missiles autour de la Russie et de la Chine.)
  3. La multipolarité est en fait authentique, mais les sociétés et les États compris dans les nouvelles politiques sont infectéset les générations suivantes s’agenouilleront devant le même maître ténébreux.

La seule solution : revenir à la VÉRITÉ

Dans l’une ou l’autre de ces variantes, l’avenir n’est pas du tout serein. Par contre, il fait assez sombre.

Amis ? De l’aide ? Malheureusement, puisqu’elle renforce en nous la croyance que nous sommes des dieux, la technologie n’est pas vraiment notre amie. Ni la démographie (taux de natalité), ni la répartition de la population entre villes et villages. Il en va de même pour la culture, l’éducation, les structures étatiques.

Le rythme de la transformation du monde ne cesse de s’accélérer. Nous parlons d’un monde multipolaire qui émerge, mais demain matin, il est déjà parti. La multipolarité ne sera que quelque chose que nous avons laissé derrière nous et nous devons déjà penser à l’avenir, essayer, pour une fois dans notre histoire, de penser plus loin qu’eux. Quelle est la formule suivante ? Que devons-nous faire pour les surmonter?

La solution radicale et unique est d’abandonner tout ce qui nous lie à ce faux monde : concepts, idéologie, dogmes, mots, références, habitudes, objets. Nous devrions abandonner tout ce que nous critiquons à l’égard de nos ennemis : les traits extérieurs, mais surtout les traits intérieurs.

Si nous ne cherchons qu’une nouvelle voie, une nouvelle solution pour un monde meilleur, sans d’abord nous changer nous-mêmes, nous continuerons à travailler leur volonté. La vraie et unique solution est l’ancienne solution qui consiste à nous changer, c’est-à-dire à réinitialiser notre intérieur, selon le modèle de Jésus-Christ, de revenir à ce genre de pensée, parler et agir. De retourner à la VÉRITÉ.

Source - FLUX

Beyond multipolarity. This world is doomed; are we prepared for The Day After?

Chisinau Forum III: Paul Ghițiu, writer, journalist, film maker, politician, Romania

I will start by asking you to remember two biblical episodes. The first is the Temptation of Adam and Eve in the Paradise Garden. The second, the expulsion of the merchants from the Temple.

In the wonderful book of Michael Ende „The Never Ending Story”, the Fantasy Land is under the threat of the NOTHINGNESS. That’s quite our own and our world story.

Is multipolarity genuine?

We gathered here to talk about multipolarity. Most of us, maybe all of us are supporting and even delighted with this perspective. Is it a good thing? It does certainly look like that. Finally, the American Empire is challenged and on the way of decay. But is multipolarity genuine? We have no clear answer to this. Personally, since multipolarity has been announced by Macron, who pointed to US, i.e., The American Empire as being guilty of West decay, I believe it’s not. Rather a step of their plan, or an evolution less favorable, but taken into account. (Don’t tell me that Rothschild gave him some millions for a few days of work within his bank and let him be a free-thinker.)

Macron statement is not an admission, is roguery: OK folks, you won, we surrender bla-bla-bla! To put to sleep our awareness, to make us believe that they are surrendering.

Then, there is Trump, or rather the forces behind him, a part of that globalist mafia who are active characters in this episode of changing the world. And, finally, but most important, don’t forget that the world governing center is more active and powerful than ever: UN with all its bodies and institutions and organizations (IMF, WB, HWO, United Nations Children’s Fund, originally known as the United Nations International Children’s Emergency Fund, WTO and so on and so on) promoting and imposing the most malign policies of our days: capital domination, impoverishment of the poor and enrichment of the rich, migration, vaccination, lgbtization and gender agenda and many others.

I have a feeling that one more time they try to play us. As from that Paradise scene, and more discernable for our civilization, since the French Revolution. All the time they prepared some movements in advance, false flags, dead ends, false directions and all the time we had to react. And, looking around us, we can say that until now they were almost completely successful. They never missed it. Will they miss it now?

We will have a multipolar world. Will these new poles work differently? Are these poles rejecting the economical oppressive foundation of our societies and lives for a new vision? Will money tomorrow be less important than souls? Than friendship, than respect, than love?

I don’t think so, and I will explain why. But, of course, genuine or not we are supporting it as long as it means the decay of the Empire.

A non-human world. The Empire of Capital

Relate „Paradise temptation” with nowadays rejecting of God since we declared ourselves gods. Relate „expulsion of merchants” from synagogue with who is now in power in our world. The merchants. What have they done? They offered us the fruit of liberalism, the upper part, the apparently decent and benefic part of the Capital Ideology. And we bit it deep.

We are not living in a human world anymore. Until recently, human societies and states labels were related to something human: activity, tools, relations, hierarchy or social status and so on.

We lived in the stone age, bronze age, iron age, slavery, feudalism; slave state, monarchy, royalty, republic, democracy, aristocracy (one of the three state forms of Aristoteles). But the world we are living in is Capitalist (or, Socialist, or Communist, the lower levels of the capital ideological stack). Today we are liberals, socialists, communists – all ideological identities, all coming from the same source: the emerging capitalism of humanist and illuminist ages, looking for a way to catch the global power: namely, to legitimize itself as the new religion of the world.

Today money is the main determinant of “truth.” “Truth” is what money says, and money has the power to enforce “truth.” Real truth, such as I attempt to tell, is not welcome today by any government or ruling interest anywhere in the Western World or in those countries that have been corrupted by the Western World. Indeed, the enemy of truth today is no longer in Moscow or China. The enemy is in Washington, New York, and Hollywood, in CNN, MSNBC, NPR, New York Times, Washington Post, and in the universities and scientists who lie for money, and in the super-rich who control these entities, including Congress, the Executive Branch, and Oval Office, and Judiciary. (Paul Craig Roberts:  Truth Is an Endangered Species)

A world in metastasis

The globalist financial-banking mafia doesn’t vanish if a multipolar world is emerging. They will continue to be here: under the table napkin, under our pillow, in our houses and cars, in all our devices, that „filled the void of our lives”; under the new cultural foundation; everywhere within the educational system; under the social networks; under 99 % of our daily existence. With huge amounts of money, with a large part of Earth în their property, with hundreds of millions of subjects in their transnational and national companies, state structural networks, the civil society, media and so on.

We are living in a world that near completely surrendered to money. And money has no other „religion”, no other ground rule than their multiplication. They have no feelings (hate is coming from their master), no pains, they can’t cry or laugh, or dream. They are always hungry. They are cold blood killers. And they are profoundly 100 % despotical. No sympathy, no chemistry, no mercy, no goodwill. Nothing than more money, more void, more NOTHINGNESS. That’s why any other values, any other principles opposed to them have to be perverted, annihilated without mercy. About all these we can’t have illusions; everything is crystal clear.

We are dealing, our world is dealing with cancer; a huge tumor which is not so easy to spot since it hides behind national and internaţional institutions and bodies. But the real deadly problem is that it infected every cell of mankind’s body, of the human societies; the cancerous cells are everywhere and in near all, apparently, sound cells the virus is present in latency. We are speaking their way, we are thinking their way, we are eating, sleeping, loving/hating, wasting our time their way. We are clones of the ever-perfect slave they developed in their social laboratories. So, if we want to have a better world, we have to reject everything that’s theirs.

These people, these servers of Evil will not stop; the algorithm implanted inside them pushes them continuously on the way of man enslavement, of God creation demolition. They are adjusted to go up to the complete end: the destruction of the whole planet. And, I think, there will be soon destruction, pain, death… If ever something will succeed to oppose them so hard as to counter and defeat their projects they are ready to blow up everything. Three are the reason they will not do it: First, God Will. Second, because up to now there was not such a force opposing them. Third, perverting people before killing them is a more sweet victory for the Devil, than killing them directly. A long agony of a tantalizing ritual before death.

We are facing three main alternatives:

  1. Multipolarity is fake. They succeed in enslaving the whole world buit not all the people and not forever (God Will). Later they start fighting with each other up to a large destruction of the world.
  2. Multipolarity is genuine, opposed not only to the fake American Empire but to the real Empire of Capital, mainly to the anglo-zionist core of it. The imperials will start the war, a large part of the world is destroyed. (That’s the true purpose of the missiles bases around Rusia and China.)
  3. Multipolarity is actually genuine, but societies and states comprised in the new pols are infected and the next generations will kneel before the same tenebrous master.

The only solution: returning to TRUTH

In any of the above variants, the future is not at all serene. Per contra, it looks quite dark.

Friends? Help? Unfortunately, since it enforces in us the belief that we are gods, technology is not really our friend. Neither demography (the birth rate), nor the population distribution between cities and villages. The same with culture, education, state structures.

The pace of world transformation is increasingly on and on. We are talking about a multipolar world that is emerging, but tomorrow morning it is already gone away. Multipolarity will be just something we left behind and we have to already think the future, to try, for once in our history, to think ahead of them. What is the next formula? What do we need to do to overcome?

The radical and only solution is to abandon everything that ties us to this fake world: concepts, ideology, dogmata, words, references, habits, objects. We should abandon everything we are criticizing at our enemies: outer features, but mainly inner ones.

If we are looking only for a new way, a new solution to change in better the world, without first changing ourselves, we will continue to work their will. The real and only solution is the old one of changing us, i.e. to reset our inner, according to the model of Jesus Christ, to that kind of thinking, speaking and acting. To go back to TRUTH.

Source - FLUX

10:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actaulité, politique internationale, multipolarité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 18 décembre 2018

Le Royaume-Uni et le dernier Empire - Sur la souveraineté, l'intérêt nation et l'ordre libéral des nations

skynews-big-ben-europe-brexit_4492794.jpg

Le Royaume-Uni et le dernier Empire
 
Sur la souveraineté, l'intérêt nation et l'ordre libéral des nations
 
par Irnerio Seminatore
Le Royaume Uni et le dernier Empire 

Le 25 Novembre 2018, après 18 mois d'âpres négociations, un projet d'accord a été signé par les Chefs d’États et de Gouvernement des 27 Pays-membres de l'Union Européenne et par la Première Ministre du Royaume-Uni, M.me Theresa May, pour mettre fin à la membership de la Grande Bretagne aux institutions européennes, après 45 ans d'adhésion(1973).

S'ensuivit une courte allocution, puis le retour amer de la Première Ministre à Londres, afin de  soumettre le texte (de 585 pages) et une déclaration politique d'accompagnement (de 26 pages), au débat et à la ratification parlementaires de Westminster.

La journée, historique et peu jubilatoire, a marqué un échec du projet européen et un tournant grave de son évolution, que certains (Macron) préconisent de "refondation".

En effet, les dangers internes du consensus de masse, exprimés par référendum et libérés des freins et des contrepoids traditionnels, ont pris le poids sur la définition de l'avenir.

Voulu par un choix populaire, ce retour à l'exercice intégrale de la "souveraineté nationale" de la part de la deuxième puissance économique du continent s'est fait dans l'amertume et dans l'incertitude.

Trois arguments ont pesés sur le vote populaire: l'immigration, la zone euro et le fossé culturel et politique entre l'Est et l'Ouest.

Confronté à un compromis insatisfaisant et au dilemme de se soumettre ou de sortir sans accord (no deal), certains ministres du gouvernement de Theresa May ont réconforté le débat,en indiquant au pays, comme objectif ambitieux, un nouveau destin planétaire, le seul à la hauteur de son passé.

Enfin, l'U.E et la Grande Bretagne sont revenues, chacune, à leurs traditions et pratiques. Les continentaux à l'utopie bureaucratique des institutions européennes avec, en corrélat, l'opposition pré-moderne du "peuple" et des"élites" (France) et le Royaume-Uni à ses fondamentaux, de liberté et de démocratie politiques, avec, en corrélat, le droit de dissidence, de sécession et de résistance à la contrainte  normative de l'Union.

Contre ce tyran (l'empire oppressif de l'U.E) on a pu invoquer ainsi le droit moyenâgeux de sédition et de mort, le tyrannicide.

La volonté de quitter l'hydre européenne  a été la première exigence à satisfaire, en parfaite conformité avec le référendum et avec les demandes des "brexiters" (les tories) de mener une politique d'austérité et, des remainers, de souhaiter une plus grande présence de l’État dans la vie économique.

Le vote en faveur du Brexit a représenté pour tous, continentaux et britanniques, une victoire du populisme, du nationalisme et du souverainisme, comme "longue usurpation du pouvoir", ou, en d'autres termes, comme fondement d'une légitimité ancienne.

Face au dernier empire (l'U.E) et à l'extrémisme normatif de la "raison", tous les avatars de l'anti-souverainisme n'ont pu éviter une crise de confiance envers les institutions et contre les "élites globalistes" de la mondialisation.

En France et en Italie, l'impuissance de l'ordo-libéralisme et des traités de l'U.E, à proposer une offre politique par le biais d'un dépassement des partis politiques,de la représentation bi-partisane (justifiant l'appel "ni droite, ni gauche"), et de l'usure des corps intermédiaires , a mis en lumière, grâce au référendum britannique, le clivage qui existe désormais entre deux visions de la société, nationale et international, à l'ère d'internet.

Il a poussé à une radicalisation des termes de l'accord, arraché par Theresa May, qui a dramatisé à l'excès le choix final, "Ou moi,ou le chaos (identifié à un "no deal", ou à une négation de l'intérêt national).

Le Royaume Uni, l'intérêt national et la "Balance of Power"

En effet et par le passé, c'est au nom de "l'intérêt national" que le Royaume Uni a toujours défini ses choix, en politique interne, prônant pour l'unité du royaume et en politique européenne et mondiale, penchant  pour l'adoption  du vieux principe de "divide et impera!"

A titre d'impact psychologique, la crise de la Grande Bretagne avec l'Union européenne, a été comparée, par les médias et par une partie de la classe gouvernementale britannique à la "crise de Suez" de 1956, qui tourna politiquement au fiasco, malgré la victoire militaire.

Cette comparaison a rappelé à l'opinion la première prise de conscience, encore circonscrite, du déclin de l'Empire.

Son déclassement géopolitique et historique confina depuis et pour l'essentiel, les deux puissances coloniales de l'époque, la France et la Grande Bretagne, à peser sur le seul continent européen.

La "limite", qu'imposait désormais au Royaume -Uni  la "surextention impériale"(P. Kennedy), n'était rien d'autre que l'adaptation de l'intérêt national à la politique de "l'équilibre de puissance" de David Hume, comportant  une surveillance permanente sur les intentions et les manœuvres des acteurs continentaux concurrents, afin que "ne soit pas tenue en une seule main une force supérieure à toutes les autres coalisées"!

Une image efficace pour définir l'opposition résolue de l'Angleterre aux ambitions continentales et montantes de toute puissance hégémonique, dont témoignèrent la première et la deuxième guerre mondiales.

Cependant, la conscience du déclin de l'Empire fut ressentie pour la première fois et de manière plus aiguë par Churchill, vis à vis de l'Amérique et de l'Union Soviétique, à la "Conférence de Téhéran, des trois Grands, Roosevelt, Staline et Churchill", en 1943, organisée pour définir la coordination militaire et politique de la dernière phase du conflit, par l'ouverture d'un deuxième front et le débarquement en Normandie, ainsi que pour redessiner la carte de la Pologne et de l'Allemagne dans l'organisation de l'ordre mondial et dans la recherche de la sécurité collective sur le théâtre européen.

Rien de comparable avec l'amertume de Theresa May, de retour à Westminster, après la conférence extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement des Pays-membres de l'Union. Ni l'enjeu, ni la taille des protagonistes semble justifier une telle comparaison.

brexit.jpg

Perspectives et équilibres planétaires

Toutefois, sur la toile de fond de l'histoire européenne la réappropriation du passé acquière désormais une valeur symbolique différente pour les diverses classes d'acteurs et mobilise différemment les deux camps, face à l'avenir et aux projets de"reforme" des institutions qui avaient été jusqu'ici communes.

Si les deux impératifs de l'intérêt national et de l'équilibre de puissance ont été les deux fils conducteurs du Royaume Uni depuis le traité de Utrecht (en 1713, reconfirmé par le Congrès de Vienne en 1805), se résumant à l'unité des îles britanniques autour de la couronne et à la division des joueurs sur le continent, rien de tel pour les 27 pays membres, irréductibles à un principe d'action commun.

Vers quelle direction tournera-t-il le vent de l'histoire du XXIème siècle et qui en saisira la force et les opportunités?

Il semble désormais acquis que l'entrée de la Grande Bretagne dans la Communauté européenne en 1973 n'a été rien d'autre que l'adaptation du principe directeur de la politique britannique traditionnelle, visant à empêcher de l'intérieur toute transformation de l'Union en puissance politique susceptible de devenir une menace et à privilégier l'élargissement, au détriment de l'approfondissement institutionnel, lors de la demande d'adhésion des pays de l'Est, en faisant accepter son pouvoir de regard et de veto, qui lui permirent de bloquer toute avancée significative du bloc concurrent et de rester libre d'agir, sans les contraintes économiques de la zone euro.

Or, l'identification claire de son intérêt de sécurité et de sa survie et l' insertion de cet intérêt vital dans les nouveaux équilibres planétaires, portera-t-elle la Grande-Bretagne à oublier son encrage insulaire entre l'Europe et l'Amérique?

Par ailleurs le Royaume-Uni vise-t-il désormais l'Océan Pacifique et l'Océan Indien, dont le contrôle représente l'enjeu majeur du XXIème siècle, comme nouveau centre de gravité du monde, où pulsera le cœur du capitalisme universel de la finance et de la grande manufacture.

A-t-il oublié que l'enjeu d'une accession à cette zone pivot est un défi et un pari disputés, impliquant simultanément le visage bifront de la paix et de la guerre, au marges extérieures d'une Asie, multiple et conflictuelle?

En est-il de même des préoccupations et des clés de lecture du système international de la part de l'Union Européenne?

Grande Bretagne, France et Allemagne face au renouveau diplomatique de l'Europe

Dans la foulée d'un renouveau diplomatique, consécutif au Brexit, concernant les relations de puissance à l'échelle mondiale et  face à une France qui demande à l'Allemagne de surmonter ses tabous économiques pour faire avancer l'Union, le Ministre des Finances et Vice-Chancelier allemand Olaf Scholz (SPD), a invité la France à consentir de transformer son siège au Conseil de Sécurité  des Nations Unies, pour permettre à l'Europe de parler d'une seule voix.

En effet le "droit de veto" au sein du Conseil de Sécurité, consent aux membres permanents de disposer d'un instrument diplomatique, permettant de traiter d'égal à égal avec les Grands de la planète.

Ainsi le retour au premier plan de la scène internationale et le risque de démantèlement de l'Union Européenne dans la lutte ouverte entre les différents principes de légitimité, visant à débarrasser le débat des vieux carcans idéologiques, impose une polarisation des idées et des positions, soit en ce qui concerne  la rétrospective historique que pour la définition de l'avenir.

Quant aux pronostics d'avenir sur la réussite du Brexit ou  sur son éventuel rejet par la Chambre des Communes, deux analystes du divorce anglo-unioniste, Kevin  O' Rourke et Marc Roche, ont formulé deux idées opposées.

Selon le premier, après le rejet quasi certain de l'accord convenu entre les négociateurs des deux parties, s'ouvrirait une crise politique majeure au Royaume Uni.  Un vrai purgatoire pour M.me Theresa May, prise dans un conflit sans fin, opposant une coalition de contraires (composée de brexiters et de remainers), pour qui l'échec du Leadership, ferait du Royaume Uni, "un pays hors d'Europe, mais encore dirigé par l'Europe et tenu de respecter des règles, qu'il n'aurait pas écrites" (Financial Times).

D'après le deuxième, non seulement Westminter votera l'accord, mais la ferveur de cette option sera telle que le Royaume Uni, deviendra plus dur, plus inégalitaire, mais beaucoup fort économiquement, de telle sorte qu'un nouveaux  destin planétaire s'ouvrira au Royaume, délibérément projeté vers le contrôle de l'Océan Indien et du Pacifique, pivots maritimes de l'Asie.

Un "Partenariat ambitieux"entre le Royaume Uni et l'U.E?

Face à une Union Européenne, à qui a fait défaut une capacité de conception et d'action géopolitique et stratégique globales et une impuissance singulière en matière monétaire, de politique étrangère et de sécurité, mais aussi de frontières et d'immigration, et encore de R&D, de technologies avancées et d'environnement, l'attractivité de jadis s'est commuée en une délégitimation, en une prise de distance et en diffractions internes multiples, qui rendent douteuses ses propositions de "partenariat ambitieux après le Brexit"(Michel Barnier/ Le Figaro du 2 août 2018).

En effet M.Barnier, se penchant sur les modalités de retrait du Royaume Uni, membre du G7 et du Conseil de sécurité des Nations Unies, après avoir passé en revue les points litigieux et les résultats positifs de la difficile négociation, précise que les fondations économiques sur lesquelles s'est construite l'U.E, ne peuvent être affaiblies.

Puis et en conclusion, il met en exergue l'essentiel de la dispute, son caractère politique, axé sur le concept de souveraineté et il précise "le Royaume Uni souhaite reprendre la souveraineté et le contrôle de sa propre législation...mais il ne peut pas demander à l'U.E de perdre le contrôle de ses frontières et de ses lois."

S'opposent, dans ce passage et dans les aspects sous-jacents de ces formulations, deux interprétations du concept de souveraineté et de sa "summa potestas".

Du côté britannique, une conception unitaire  et cohérente du pouvoir et de la légitimité, ancienne et absolue en son principe, en son étendue et en sa liberté de manifestations historiques, qui s'exprime sous forme de "balance".

Du côté de l'Union une définition relative et partagée du pouvoir souverain, inessentielle du point de vue historique, artificielle du point de vue institutionnel et circonstancielle du point de vue décisionnel, sécuritaire et stratégique.

Or, quelles histoires sont en train d'écrire aujourd'hui, ces deux acteurs de la vie contemporaine, le Royaume Uni et l'Union Européenne?

Une histoire de capitulation et de vassalisation du Royaume Uni à l'entreprise déclinante du projet européen, ou, en revanche, une nouvelle histoire de la liberté des peuples et du retour des nations?

Assistons nous, dans une période de turbulences internationales aiguës, à une recrudescence de revendications ingérables et, simultanément, à un appel à la souveraineté incontestée?

jo-johnson-minister-of-state-for-universities-and-science.jpg

Jo Johnson et Mike Pompeo

La souveraineté, le multilatéralisme et l'ordre libéral des États-Nations

A l'échelle européenne, la fronde de Jo Johnson, ex secrétaire d’État pro-européen aux transports, menée contre l'accord obtenu par Mme May lors des longues négociations avec l'U.E, porte sur la limitation de la souveraineté britannique, non compensée par la liberté promise, de mener une politique commerciale autonome.

Il prône ainsi pour un nouveau référendum, en donnant au peuple le dernier mot.

A l'échelle mondiale, le secrétaire d’État, MIke Pompeo, a décrété au même moment,  à Bruxelles, au German Marshall Fund, la fin du multilatéralisme, au nom de la priorité de la souveraineté américaine sur la logique du système international.

Après avoir rappelé que le vieux système de la coopération internationale ne fonctionne plus et qu'il profite à des acteurs de l'ombre (la Chine), lui permettant d'avancer ses pions, au sein des institutions supra-nationales ou de creuser un clivage entre les intérêts d'une bureaucratie non élue et leurs peuples et pays (U.E), il a rappelé que les intérêts  de l'Europe et des États Unis précèdent ceux des institutions supra-nationales (ONU, UE, FMI, BM, OMC etc), puisque seuls les États-Nations peuvent garantir les libertés démocratiques et ont pour assise le peuple libre.

En effet, seuls les États-Nations sont l'expression de la souveraineté, à l'instar des organisations multilatérales, porteuses de compétences dépourvues de contraintes et de sanctions.

Le multilatéralisme, défendu par les européens, n'est pas seulement une méthode, ou mieux, un choix de régime politique (démocratie ou autocratie), mais une question de stratégie et d'intérêt à long terme, bref de polarisation des forces et des cultures.

L'effacement des vieilles administrations américaines (Obama, Clinton, etc), et l'alignement de certains gouvernements européens (A.Merkel, F.Hollande/ E.Macron, Gentiloni, etc..), ont conduit l'Occident à la paralysie ou à l'impuissance. Or, conclut-t-il les États-Unis, qui revendiquent un rôle central dans le nouvel ordre libéral, mènent le monde vers le recouvrement des souverainetés nationales, comme le font les britanniques avec le Brexit.

Un monde libre est un monde d’États-Nations et ne peut être un univers de bureaucraties supra-nationales.

Ce nouvel ordre libéral ne peut jaillir que d'une profonde reforme des esprits et des institutions et ne peut aspirer à la stabilité que par l'affirmation d'un principe de cohérence, fondé sur le soubassement de trois notions, le Leadership, pourvu du sentiment instinctif de l'histoire, la capacité de décision et d'action et l'ordre contraignant du monde, bannissant l'inaction, les compromis sans fin et les déclarations illusoires.

Il ne s'agit pas de rééquilibrer mais de refonder!

Pas d'inclure l'ennemi ou la menace, mais de les combattre!

Lorsque la liberté et la démocratie se dissocient et la foi dans la raison disparaît ou s'affaiblit, la "guerre civile"mondiale est proche!

globalpact.png

La souveraineté et le "Pacte mondial pour les migrations"

Les bases normatives d'un droit futur aux migrations élaborées par les Nations Unies dans un "Pacte mondial", signé à Marrakech les 11 décembre 2018, vident les souverainetés nationales de leur substance et prétendent apporter une réponse globale à un phénomène d'ordre planétaire.

Elles poursuivent le long chemin de la proclamation des droits de l'homme et du citoyen, débuté avec les révolutions américaine et française et poursuivi après la IIème G.M, sans enfreindre la tutelle juridictionnelle des États.

L'humanité multiculturelle qui se dessine à Marrakech est destinée, dans sa rhétorique, à mettre fin à toutes les discriminations accumulées au fil des siècles.

Les États y sont réduits à des outils de gestion des flux forcés de populations, dénaturant leur fonction essentielle, mais circonscrite dans l'espace terrestre, de protection et de sécurité.

Il en découle que la marche vers le communautarisme, par l'acceptation de la part des États signataires, de la diversité, ethnique et religieuse, n'est rien d'autre que la rupture de toute cohésion et de toute solidarité nationale et, de ce fait, la dissolution des États-Nations, nés de l'idée de "raison", de liberté et d'ordre.

Par ailleurs la recommandation du "Pacte", adressée aux États de "priver de subventions...tous les médias qui promeuvent des formes de discriminations à l'égard des migrants", est un encouragement totalitaire pour tous les dictateurs de la planète, réels ou virtuels, à censurer la presse et à instaurer la"pensée unique".

En perspective la signature d'un tel "Pacte", marque l'alliance des gauches tiers-mondistes et des lobbies post-colonialistes  de la répentence et cache le coût annuel des migrants qui est évalué pour la seule France, à 12,2 milliards d'euros, sans coûts annexes.

Cette signature, au sein de l'Union européenne, n'est que le prélude à d'autres Bréxit et à d'autres litiges entre États Membres, concernant le fardeau des flux migratoires et ne peut être interprétée que comme un recul du concept de souveraineté, d’intérêt national et de frontières, bref comme un recul du cadre juridique au sein duquel la progression des droits s'accompagnait jadis,de la progression des mœurs et des sociétés.

Or, ce cadre a été celui de la civilisation occidentale moderne!

Par ailleurs, du point de vue idéologique, ce pacte, s'il consacre comme acteur culturel naissant la société civile trans-nationale, constitue néanmoins un  danger  de submersion démographique pour les sociétés européennes  et pour leur rempart identitaire, la chrétienneté.

En subordre, et dans le concret du phénomène migratoire, il demeure difficile dans le marasme des arrivées de masse, d'opérer un tri de légalité, entre émigrants économiques et émigrants politiques et d'ignorer ,dans l'accueil, le malaise profond des musulmans de vivre dans des "sociétés ouvertes", sauf à oublier, dans un univers de conflits, le rôle de la "ruse" historique  du "cheval de Troie".

La souveraineté et la géopolitique globale

Or, si "la souveraineté" est la "summa potestas" ou  l'auctoritas, superiorem non recognoscens", qui décide du cas d'exception, le Brexit est né d'un conflit entre deux principes de souveraineté et de légitimité ,millénaire pour l'empire britannique et circonstanciel pour l'empire des normes. 

En son pur concept, la souveraineté reste le nœud incontournable du maintien ou de la  déconstruction de tout ordre social, interne ou international et  permet  d'inscrire un pouvoir  dans la  géopolitique des grandes espaces, constitués, au XXIème siècle, par le Pacifique et l'Océan indien, comme pivots maritimes de l'Eurasie.

Dans le contexte d'aujourd'hui,le retrait américain du pacte de libre-échange trans-pacifique rend aléatoires les garanties de sécurité de l'immense zone maritime jadis recouverte par l'empire britannique, l'Australie et la Nouvelle Zélande, mais aussi la Malaisie et l'Indochine, où l'exacerbation de l'affrontement, pour l'heure commercial, entre la Chine et les États-Unis, conduit à la constitution d'un front commun entre le Japon et la Chine.

Ainsi, il est à parier que l'après Brexit sera marqué, moins par l'accroissement de la rivalité entre le Royaume Uni et l'Union Européenne, que par la recherche d'un nouveau destin, planétaire et multipolaire, pour les deux ensembles

De la vieille architecture euro-continentale de la sécurité, le Royaume-Uni héritera l'objectif historique d'une opposition permanente à la Russie et à toute organisation eurasienne à caractère militaire, dans le but d’empêcher un rapprochement euro-russe et, encore davantage germano-russe, qui en ferait un ensemble dominant et menaçant.

Au delà de l'espace européen, il partagera avec les États-Unis ou l'Inde, l'objectif d'une compétition sans merci, dans les domaines clés de l'espace, des big-data,de la  cyber-war et de l'intelligence artificielle. La réappropriation de la souveraineté et d'un réalisme retrouvé lui permettront  une alliance sans états d'âme avec des États autoritaires, à capitalisme publique, débarrassée du chantage encombrante du modèle démocratique et des droits de l'homme.

A l'image de son passé, il pourra actualiser à l'échelle du monde,  les principes unifiants de la cohérence stratégique, qui ont fait grande à toute époque la notion d'empire.

infstart.jpeg

La souveraineté européenne et son impasse stratégique

Le dossier nucléaire et celui des deux traités INF (interdiction des armes nucléaires à portée intermédiaire - de 500 à  5500 km, de 1987, susceptible de péremption), et START (sur le plafonnement des missiles nucléaires intercontinentaux ou sol-sol), constituent les domaines, sur lequel l'Europe montre la plus grande atonie et manque de suggestions et d'idées.

Sauver l'INF et prévoir le renouvellement de START, implique, pour les Européens, de favoriser le dialogue stratégique entre les États-Unis et la Russie et proposer l'inclusion de la Chine dans ces pourparlers et dans leurs issues, dans le but de la contraindre aux mêmes règles.

L'espace diplomatique pour de telles propositions existe, mais l'Europe, pourtant déclassée de rang et menacée en sa force vive par des systèmes d'armes placés (Pologne) ou pointés contre elle (Volgograd), n'y exprime ni des projets ni des avis.

L'Europe voudra-t-elle rester une Europe des normes et des règles budgétaires, plutôt qu'une Europe de la sécurité ou une Europe identitaire et de civilisation?

Pour l'heure elle semble préférer les disciplines de l'euthanasie et l'abandon à l'irréparable destin du "Fatum", soudé autour du nœud menaçant d'"Islam-migrations-terrorisme-démographie", plutôt que secouer la paresse intellectuelle de ses élites et s'éveiller politiquement.

La souveraineté et l'ordre libéral du monde

Le Brexit, comme beaucoup d'autres moments des relations euro-britanniques a été une victime du consensus de masse des démocraties et des tentations des classes dirigeantes, divisées, de satisfaire simultanément aux revendications populaires et aux objectifs à long terme de leurs pays.

C'est pourquoi il apparaît si difficile à Mme May de définir un nouveau rapport entre les retournements presque quotidiens des députés de Westminster et les arrangements obtenus avec les négociateurs des trois institutions de l'Union européenne.

En effet le défi est de taille et concerne l'art de gouverner, bref la capacité de conjuguer les impératifs immédiats des passions populaires et les objectifs à long terme de l'avenir.

Il ne s'agit pas d'agir pour toute l'humanité, mais  de se frayer un chemin dans la voie ardue de la complexité, autrement dit d'accorder les objectifs émotionnels de la nouvelle diplomatie avec les calculs à long termes de la diplomatie du passé.

Un difficile équilibre, consistant à ne pas se plier à la loi du nombre du consensus de masse, sans que l'ordre transcendant d'une mission publique puisse prévaloir sur la liberté et celle-ci se plier aux humeurs variables des foules, négligeant la définition de la perspective et celle de la grande stratégie.

Ainsi le Brexit marque la fin du sentiment d'appartenir à une même communauté humaine de peuples et de nations, distincte de toutes les autres, la communauté européenne, qui avait réussi à modérer par la raison et à atténuer par le calcul et par l'équilibre des forces, les rivalités de position et de principe entre ambitions concurrentes.

Ce qu'on a appelé le même système de valeurs (ou même parenté spirituelle), n'était rien d'autre que l'adaptation aux temps modernes du vieux système de Westphalie, d'apparente neutralité idéologique ou de non intervention dans les affaires intérieures d' autres pays.

Or ce sentiment, autrefois fortifiant, s'affaiblit ou disparaît, face à la submersion démographique des migrants extra-européens et à la différente perméabilité de leur acceptation dans les pays d’accueil, ce qui prouve la difficulté de traduire des cultures différentes en un système unique de civilisation.

Par ailleurs la différente appréciation de l'ordre mondial, implique une réévaluation de la notion d'équilibre des forces, à l'intérieur des différents régions et dans leurs relations d'interdépendance.

Ceci impose un réexamen philosophique du concept de "limite" dans le rapprochement de ce qui est distinct, au sein d' un système socio-politique régional ou global.

Pour conclure, le Brexit pousse à une reconsidération sur la transcendance de l’État et de la souveraineté étatique, reposant, dans la conception post-moderne du projet européen, sur le soft power, dépourvu de l'expérience millénaire du conflit, de la tragédie et de la volonté de puissance.

Ou, pour le rappeler avec David Hume, dénoué du principe-clé de l'art britannique de gouverner, le principe de "l'équilibre des forces" qui, au dessous de apparences, suppose "l'unité équilibrée des contraires" (Héraclyte).
 
Bruxelles le 12 décembre 2018
 
Information
Email : info@ieri.be
Site internet : http://www.ieri.be
Tel : +32 (0)2 280 14 95

samedi, 24 novembre 2018

Oude en Nieuwe Zijderoutes - Geopolitiek als drijvende kracht in de geschiedenis

silkroadcamelsmerchants.jpg

Oude en Nieuwe Zijderoutes

Geopolitiek als drijvende kracht in de geschiedenis

door Jonathan van Tongeren

Ex: http://www.novini.nl

Het onderstaande artikel is de tekst van een lezing gehouden op het 2e congres van het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland (GIVN) op 17 november 2018 te Leuven.

526 jaar geleden bereikte een groep Spaanse schepen onder het commando van de 41-jarige Genuees Cristoforo Colombo (vernederlandst Christoffel Columbus) het eiland Guanahani. Dit geldt als de ‘ontdekking van Amerika’. De zeelui hadden een reis van 5.700 kilometer in het ongewisse achter zich en hun admiraal daarenboven nog dik zeven jaar aan overtuigingswerk aan de Spaanse en Portugese hoven.

Het idee om simpelweg naar het westen te varen om de oostkust van Azië te bereiken, stamde oorspronkelijk van de Griekse filosoof en naturalist Aristoteles. In de tijd daarna werd het idee onder andere door grootheden als Seneca, Roger Bacon en Pierre d’Ailly naar voren gebracht. In de 15e eeuw was het de Florentijnse geleerde Paolo dal Pozzo Toscanelli die er de grootste voorvechter van was. Tegelijk was de voorstelling van de aarde als schijf grotendeels obsoleet geworden. Zo schreef paus Pius II in zijn rond 1460 verschenen ‘Cosmographia’, dat onze planeet een bol is die om de zon draait. In zoverre zwom Columbus echt niet meer tegen de stroom in, toen hij in 1484 begon te werven voor een zeetocht naar Azië via het westen.

Constantinopel en het Iberisch schiereiland

Bovendien waren de geopolitieke verhoudingen in het Middellandse Zeegebied hem behulpzaam. Want door de Ottomaanse verovering van Constantinopel in mei 1453 was de route over land naar China en Indië afgesneden, wat de zoektocht naar nieuwe handelsroutes over zee enorm stimuleerde.

Overigens onderschatte Columbus de afstand tussen Europa en Oost-Azië ernstig. Hij meende dat de Canarische eilanden en Japan slechts 4.500 kilometer van elkaar verwijderd waren – in werkelijkheid was het 20.000. Verantwoordelijk hiervoor waren de onjuiste gegevens over de breedte van de Euraziatische landmassa van Toscanelli en D’Ailly, waarop Columbus zich baseerde. De respectievelijke deskundigen aan het Spaanse en Portugese hof zagen dit in, en ontrieden hun vorsten in eerste instantie de Genuees te ondersteunen bij zijn onderneming.

ONZ1tosc.jpg

De kaart van Toscanelli over een hedendaagse kaart geprojecteerd

Toen kwam echter 2 januari 1492, de dag waarop de emir van Granada, Muhammad XII, capituleerde. Waarmee de Reconquista op het Iberisch schiereiland succesvol afgesloten werd. Nu groeide het verlangen van Isabella I van Castilië en León en Ferdinand II van Aragón, om de Portugese koning Johan II in te halen. Zijn zeevaarders tastten zich namelijk langs de kust van Afrika een weg naar Indië en leken daarbij kort voor een succes te staan.

Koopwaar

Columbus verlangde echter dermate veel privileges, dat de hele zaak daarop stuk dreigde te lopen. De Genuees verlangde namelijk de benoeming tot ‘admiraal van de oceaan’ als ook de titel van onderkoning en gouverneur-generaal van de door hem ontdekte gebieden. Bovendien stond hij erop, dat hij het recht zou hebben om van alle “parels, edelstenen, goud, zilver, specerijen als ook alle andere koop- en handelswaar die in zijn gebied gevonden, geplukt, verhandeld of gewonnen worden, na aftrek van de kosten, een tiende voor zichzelf te houden”. Uiteindelijk gaven Isabella en Ferdinand op advies van hun schatmeester Luis de Santángel op 17 april 1492 in de zogenaamde capitulatie van Santa Fe toe.

De voor de expeditie benodigde twee miljoen Maravedi’s (zo’n 300.000 euro) kwamen echter niet uit de schatkist van het koningspaar, maar grotendeels van het confederale politieleger Santa Hermandad (Heilige Broederschap). Daarnaast droegen Santángel en enkele Genuese kooplieden nog enkele honderdduizenden Maravedi’s bij. Van dat geld werden de grote driemaster (kraak) ‘Santa Maria’ en de twee karvelen ‘Niña’ en ‘Pinta’ gecharterd en van proviand voor een jaar voorzien. Daarnaast moesten circa 90 zeelieden ingehuurd en betaald worden.

De drie schepen verlieten in de morgen van 3 augustus 1492 de haven van Palos de la Frontera bij Huelva in Andalusië, waarbij de Santa Maria onder het bevel van Columbus zelf stond, terwijl de twee andere schepen onder het commando van Vicente Yáñez Pinzón en Martín Alonso Pinzón stonden. Om het beschadigde roer van de Niña te repareren en het grootzeil van de Pinta te vervangen, maakte Columbus weinig later halt in de haven van San Sebastián op het Canarische eiland La Gomera, om op 6 september aan de tocht dwars over de Atlantische Oceaan te beginnen.

Las Indias

In de daarop volgende weken zeilde de groep schepen met bestendige passaatwinden in de rug bij overwegend goed weer met een doorsnee snelheid van tien knopen naar het westen. De admiraal hoopte zo de door Marco Polo beschreven Chinese havenstad Quinsay, het huidige Hangzhou, te bereiken, waar hij de groot-khan brieven van zijn koninklijke opdrachtgevers Isabella en Ferdinand wilde overhandigen. Anders dan vaak onjuist gesteld wordt, was Columbus namelijk niet voornemens naar Indië zelf te varen, maar naar ‘Las Indias’, waarmee naast het eigenlijke Indië destijds ook alle landen ‘voorbij’ Indië (vanuit het westen gezien) bedoeld werden.

In de nacht van 11 op 12 oktober 1492 kreeg de joodse matroos Rodrigo de Triana alias Juan Rodriguez Bermejo van de Pinta een eiland in zicht, waarop de Genuees en zijn bemanning dan later op de dag voet aan wal zetten. Daarover lezen we in Columbus reisdagboek het volgende:

“Om 2 uur ’s morgens kwam het land in zicht, waarvan we zo’n acht zeemijlen verwijderd waren [..] Toen kwamen we bij elkaar en wachtten tot de dag aanbrak. Het was een vrijdag, waarop we voet aan wel zetten op een eiland, dat in de Indianentaal Guanahani heette.”

Met deze ontdekking ontsnapte de admiraal overigens aan een naderende muiterij, want veel van zijn mannen werd de reis, die ogenschijnlijk nergens naartoe leidde, met de dag ongemakkelijker. Om welk eiland het precies gaat, is tot op de dag van vandaag onduidelijk. Inmiddels gelden zowel het Watling-eiland dat sinds 1926 officieel de naam San Salvador heeft, als ook Samana Cay, Plana Cays en Mayaguana in de Bahama’s als mogelijke kandidaten.

Hoe het ook zij, Columbus voer aansluitend tot 16 januari 1493 door de Caraïbische Zee en ontdekte daarbij onder andere Cuba en Hispaniola. De terugtocht vond plaats zonder de Santa Maria, die op Kerstdag van het jaar daarvoor op een zandbank gelopen was. De overige twee schepen bereikten Palos op 15 maart 1493. Daarna werd Columbus als held gevierd.

Geopolitiek

Zo ziet u wat een ingrijpende gevolgen geopolitieke gebeurtenissen kunnen hebben. De verovering van Constantinopel door de Ottomanen en de voltooiing van de reconquista van het Iberisch schiereiland, leidden tot de ontdekking van Amerika. En enkele eeuwen later zou een voormalige kolonie in de Nieuwe Wereld uitgroeien tot de ‘laatste supermacht’.

Maar wat is nu eigenlijk geopolitiek? Het gebruik van de term geopolitiek lijkt de laatste jaren sterk in opkomst te zijn, nadat er enige tijd een taboe op rustte. Dat taboe kwam voort uit de associatie van geopolitiek met Duitse nationaalsocialistische noties als Lebensraum en Heim ins Reich. Een associatie kortom met een specifieke subjectieve en ideologische kijk op geopolitiek. Nu het taboe allengs afneemt, zien we het gebruik van de term sneller toenemen dan het verstaan ervan. Geopolitiek wordt dikwijls gebruikt als synoniem voor internationaal conflict. Of men veronderstelt dat het hoofdzakelijk over pijpleidingen en olie of andere delfstoffen gaat. Nu kunnen die zaken wel met geopolitiek te maken hebben, maar ze zijn niet zelf de geopolitiek. Kort gezegd gaat geopolitiek over de beheersing van geografische ruimtes. Waarbij beheersing uiteraard gradueel kan verschillen van invloed tot effectieve soevereiniteit. In het hiervoor besproken voorbeeld hebben we gezien hoe de beheersing van de geografische ruimtes van wat nu respectievelijk Turkije en Spanje zijn, leidde tot de opschorting van de Oude Zijderoute en een zoektocht naar een nieuwe zijderoute die zou leiden tot de ontdekking van de Nieuwe Wereld, oftewel de Amerika’s.

Enfin, geopolitiek dus, de beheersing van geografische ruimte. Denk maar aan het bordspel Risk, één van de manieren om verder te komen in het spel en kans te maken om te winnen, is het beheersen van continenten. In de geopolitieke realiteit is het niet veel anders. De Verenigde Staten beheersen bijvoorbeeld al geruime tijd het Noord-Amerikaanse continent en hebben stevige invloed in Latijns-Amerika, wat een goede uitgangspositie bood om uit te groeien tot de ‘enige supermacht’.

Eén van de lastigste continenten om onder controle te krijgen in het bordspel Risk is Azië. Ook in de geopolitiek ligt er een sterke focus op dit grote en centrale continent. Azië wordt gedomineerd door twee grootmachten: Rusland, dat zich in Europa bevindt, maar zich ook uitstrekt over Noord-Azië tot aan het Verre Oosten, en China. Mede daartoe gedreven door het westerse sanctiebeleid, is Rusland zich in de afgelopen jaren meer en meer op China gaan richten.

Oost-Azië

Het economisch expansieve China heeft van zijn kant te maken met een Amerikaans containmentbeleid, onder president Obama ‘pivot to Asia’ genoemd. De VS hebben een snoer van bondgenoten en meer halfslachtige partnerlanden in Oost-Azië gevormd, van Zuid-Korea tot Vietnam en verder richting India, waarmee China als het ware ingesnoerd wordt.

Juist de import en export over zee spelen echter een grote rol in de economische ontwikkeling van China. Het conflict in de Zuid-Chinese Zee draait dan ook in essentie niet om een handvol nietige eilandjes, maar om de vraag wie de zeewegen beheerst. De VS werpen zich wel op als kampioen van de vrije navigatie, maar het is veeleer China dat er vitaal belang bij heeft deze zeewegen open te houden.

Door de combinatie van containmentbeleid tegenover China en sanctiepolitiek tegenover Rusland, heeft het Westen deze twee grootmachten onbedoeld in elkaars armen gedreven en zo de consolidatie van een Euraziatische synergie in de hand gewerkt.

China heeft economisch echter zo’n sterke uitstraling in de regio, dat het niet alleen diverse Centraal-Aziatische landen aantrekt, maar dat ook diverse Zuidoost-Aziatische landen het containmentbeleid inmiddels doorbroken hebben. President Duterte van de Filipijnen nam hierin het voortouw en werd al snel gevolgd door de Maleisische regering en later zelfs de Japanse.

Zuid-Azië

China laat zich door dergelijke ontwikkelingen op de korte termijn echter niet in slaap sussen, maar houdt voor de langere termijn nog altijd rekening met een eventuele blokkade van cruciale zeewegen. Zo heeft het transportcorridors met autowegen, spoorwegen, pijpleidingen, diepzeehavens en olie- en gasterminals door Birma en Pakistan aangelegd, waardoor het toegang krijgt tot de Indische Oceaan, i.c. de Golf van Bengalen en de Arabische Zee, met omzeiling van de flessenhals van de Straat van Malakka.

Vanzelfsprekend vertegenwoordigen deze transportcorridors niet dezelfde capaciteit als die van de aanvoer langs de traditionele routes. Niettemin lijken andere spelers er het nodige aan te doen om deze Chinese strategie te doorkruisen. Zo laaide recent het conflict tussen de Rohingya-minderheid en de Birmese staat weer op, uitgerekend in die provincie waar zich de diepzeehaven van Kyaukpyu bevindt die voor China van belang is. Gewapende groeperingen, waarvan de leiders in Saoedi-Arabië zijn opgeleid, richtten dood en verderf aan in dorpen van andere etnische groepen en vielen militaire posten aan. De Birmese regering sloeg keihard terug, maar inmiddels geven ook westerse mensenrechtenorganisaties toe dat de Rohingya het conflict in gang hebben gezet.

ONZ2afgh.jpgOok de transportcorridor door Pakistan heeft met dergelijke destabilisaties te kampen. In deze regio strekken veel bevolkingsgroepen zich uit over de grens tussen Afghanistan en Pakistan, zodat instabiliteit in Afghanistan ook uitstraalt naar Pakistaanse regio’s.

Ondanks de jarenlange militaire aanwezigheid van de Amerikanen in het land floreren ‘Islamitische Staat’ en de Taliban er nog altijd, zodat de vraag rijst of men soms belang heeft bij het in stand houden van deze groepen ter rechtvaardiging van voortdurende Amerikaanse militaire aanwezigheid. Ondertussen speelt Afghanistan weer een grote rol in de drugshandel en hebben de Amerikanen hier een stevige vinger in de pap. In diverse provincies bestaat daarnaast onvrede over de vermoedelijke exploitatie van mijnen, onder andere uranium, door de Amerikanen.

Centraal-Azië

De voortdurende Amerikaanse aanwezigheid in Afghanistan dient echter ook het indirecte nut, dat men door het instabiel houden van de regio de belangen van de grote concurrent China in deze regio doorkruist. Men onttrekt Afghanistan op deze wijze grotendeels aan de mogelijke economische synergie met China, Pakistan en de Centraal-Aziatische landen en bovendien hangt het schrikbeeld van het overslaan van islamistisch radicalisme naar andere landen in de regio als een donkere wolk boven de politiek van die landen.

Het zoeken naar nieuwe handelsroutes om te ontsluiten, lijkt de aangewezen weg voor China en dit is dan ook precies wat Peking doet. Zo wordt er sterk geïnvesteerd in de economische betrekkingen en de aanleg van nieuwe transportroutes naar Rusland en Siberië en diverse Centraal-Aziatische landen, in het kader van de zogenoemde Nieuwe Zijderoutes (let op: meervoud). Hiermee kan uiteindelijk bijvoorbeeld ook de verbinding over land gelegd worden met Iran en Turkije. Economisch niet onbelangrijke spelers die ieder op hun eigen manier een moeizame verhouding met de VS hebben.

Voor de verbindingen over land naar Voor-Azië en Europa is China echter afhankelijk van de samenwerking met diverse Centraal-Aziatische landen. De regeringen van deze landen zien hier het belang van in, ze hebben zelf baat bij de economische groei en de stabiliteit die dit met zich meebrengt. Dit is de steppe- en woestijnzone tussen de traditionele Russische en Chinese beschavingsgebieden. Hier zijn islamitische en grotendeels Turkse volkeren gevestigd. Dit is echter ook de zwakke plek van de Euraziatische integratie waarop de Amerikanen geregeld in proberen te spelen. Dit was bijvoorbeeld te zien in de Tulpenrevolutie in Kirgizië en we zien het ook in het opstoken van het separatisme onder de Oeigoeren in de noordwestelijke Chinese provincie Sinkiang.

Noord-Azië

Mede vanwege dit complex aan factoren is Rusland een waardevolle partner voor China. Rusland kent reeds een hoge mate van economische en militaire integratie met voormalige Sovjetrepublieken in Centraal-Azië en heeft op die wijze een stabiliserende werking. Daarnaast heeft Rusland goede relaties met traditionele vijanden van China in Azië, zoals India en Vietnam, die anders geheel onder Amerikaanse invloed zouden kunnen komen.

Verder heeft Rusland ook vanwege zijn geografische ligging China het nodige te bieden. Zo wordt er geïnvesteerd in het revitaliseren van de Trans-Siberische spoorlijn, die vertakkingen heeft naar Binnen-Mongolië en Mantsjoerije, maar aan de andere kant ook naar Finland. Hier liggen kansen voor Europa, zowel qua economische kosten als milieukosten ligt intensivering van de handel met Eurazië meer voor de hand dan de intercontinentale handel met Noord- en Zuid-Amerika (TTIP, CETA, Mercosur) waardoor de Europese Commissie in beslag genomen wordt. De Oostenrijkse en Slowaakse regeringen hebben in ieder geval concrete plannen om aan te sluiten op de Trans-Siberische spoorlijn, waarbij in Wenen een grote terminal moet komen voor de overslag naar Europees spoor of andere transportvormen.

ONZ3arct.jpgNog groter is het potentieel van de zogeheten Arctische Zijderoute. Rusland en China verkennen in dit kader de mogelijkheden om de Noordoostelijke Doorvaart te gaan gebruiken. Het gaat om een potentiële scheepvaartroute langs de noordkust van de Russische Federatie, die de Stille Oceaan met de Atlantische verbindt via de Beringzee, de Oost-Siberische Zee, Karazee, Barentszzee en de Noorse Zee.

Dit heeft het grote (kosten)voordeel dat deze route voor vrachtschepen tussen China en Europa twee weken korter is dan de route door de Zuid-Chinese Zee, de Straat van Malakka, de Indische Oceaan, het Suez-kanaal en de Middellandse Zee. Daarnaast heeft het voor China het voordeel dat de route grotendeels door de Russische invloedssfeer verloopt en dus veel minder flessenhalzen kent dan de hierboven beschreven gangbare route.

Zo bezien komt ook de recente grootschalige NAVO-oefening Trident Juncture op IJsland, de Noorse Zee en in Noorwegen, zogenaamd tegen een eventuele Russische invasie gericht, in een geheel ander licht te staan. Maar dat terzijde.

Afrika

ONZ4afr.pngDe Noordoostelijke Doorvaart biedt dus veel voordelen ten opzichte van de nu gangbare route. Het gebied rond het Suez-kanaal is momenteel immers bepaald instabiel. De Straat van Bab el Mandeb, die vanuit de Golf van Aden toegang geeft tot de Rode Zee en het Suezkanaal, ligt immers tussen Jemen enerzijds en Eritrea/Djibouti anderzijds. In Jemen voert een Arabische coalitie onder leiding van Saoedi-Arabië en met ondersteuning van de VS, het Verenigd Koninkrijk en Frankrijk een alles vernietigende oorlog tegen de Houthi-rebellen, waarvan valselijk beweerd wordt dat het Iraanse proxy’s zouden zijn. Iets zuidelijker ligt het door burgeroorlog verscheurde Somalië, van waaruit de piraten van al Shabab opereren. Door de komst van een nieuwe Ethiopische premier lijkt de spanning tussen Ethiopië en Eritrea en tussen Ethiopië en Egypte wat af te nemen, maar een recente (mislukte) moordaanslag op deze politicus maakt behoedzaam. China heeft intussen een militair steunpunt in Djibouti ingericht ter ondersteuning van de bestrijding van de piraterij. Diverse andere landen hebben ook militaire bases in het land en Turkije heeft sinds kort een basis in buurland Somalië om de regering daar te steunen. Vooralsnog is het roeien met de voor handen zijnde riemen, maar het mag duidelijk zijn dat een dermate volatiele regio, inclusief de militaire aanwezigheid van diverse grootmachten een riskante cocktail vormt. Dit maakt een alternatieve verbinding tussen Oost-Azië en Europa des te interessanter.

Voor Rusland heeft dit het bijkomende voordeel dat het een extra impuls kan geven aan de ontwikkeling van het hoge noorden. Zowel Siberië als het Noordpoolgebied herbergen nog veel niet geëxploiteerde bodemschatten, China is dan ook zeer geïnteresseerd in het investeren in de ontsluiting hiervan. Zo neemt China bijvoorbeeld al deel aan de recent begonnen productie van vloeibaar gas (LNG) op het schiereiland Jamal. Toen de Britten tijdens de koude van de afgelopen winter een aardgastekort hadden, moest een grote tanker met LNG van het Jamal-schiereiland aanrukken om de Britten, ondanks sancties en gezwollen retoriek, toch nog een behaaglijke Kerst te geven.

Europa

Met de extra capaciteit van de Nordstream II-pijpleiding zou er zo nodig natuurlijk, via Nederland, op goedkopere wijze meer aardgas naar Engeland geloodst kunnen worden. Of die pijpleiding definitief doorgaat, is echter nog altijd niet geheel duidelijk. Er wordt immense druk uitgeoefend op de betrokken Europese landen om er vanaf te zien. Economisch is de aanleg van Nordstream II echter zeer voor de hand liggend. Russisch aardgas is relatief dichtbij, de kosten voor het transport liggen laag, terwijl de prijzen voor het Russische gas ook goed zijn. Rusland niet gunstig gezinde EU-lidstaten als Polen en Litouwen kiezen er echter om politieke redenen voor te investeren in terminals om per schip veel duurdere LNG te kunnen importeren, bij voorkeur uit Amerika, dus met grote transportkosten en uit schaliegas, dus sowieso al duurder.

De strategische logica van de pijpleiding door de Oostzee is dat hiermee de afhankelijkheid van Oekraïne als doorvoerland verkleind wordt. Om politieke redenen willen verscheidene Europese politici dit niet. Als men de antipathie tegen Rusland even tussen haakjes zet, ligt – gezien de reputatie van Oekraïne voor het illegaal aftappen van gas, waardoor EU-lidstaten met tekorten te kampen hadden – niets meer voor de hand dan het omzeilen van Oekraïne. Door de logica van de oppositie tussen het westerse, Atlantische blok en het Russische blok, zou Europa er echter nog toe komen om in dezen tegen haar eigen belangen in te handelen, zoals Polen en Litouwen reeds voordoen.

Noord-Amerika

De Russische en Chinese investeringen in het Noordpoolgebied doen in de VS intussen reeds alarmbellen afgaan. Zo riep oud-staatssecretaris Paula Dobriansky (dochter van de beruchte Lev Dobriansky) het westerse bondgenootschap op zijn positie in het Noordpoolgebied te versterken en een militaire infrastructuur uit te bouwen. De VS hebben zelf immers maar een relatief kleine claim op het poolgebied, in de vorm van Alaska. Zodoende moeten NAVO-bondgenoten als Canada, Denemarken en Noorwegen er aan te pas komen – onder Amerikaanse leiding uiteraard.

Intussen worden er in de Groenlandse politiek concrete voorbereidingen getroffen voor afscheiding van Denemarken. Chinese bedrijven zijn in de arm genomen voor het winnen van de Groenlandse bodemschatten, maar Chinese aanwezigheid op het Noord-Amerikaanse continent zou natuurlijk een doorn in het oog van Amerika zijn. De Groenlandse regering heeft echter ten eerste de inkomsten uit de winning van haar delfstoffen nodig om financieel onafhankelijk te worden van Denemarken. Ten tweede bevindt de meest noordelijke luchtmachtbasis van de Verenigde Staten zich in Groenland. Van daaruit worden spionagevluchten boven Rusland uitgevoerd. Een verlies van deze positie zou de Amerikaanse greep op de Noordpool verder verslappen.

Slotwoord

We zien kortom dat er op diverse continenten een concurrentiestrijd gaande is tussen de Verenigde Staten en China, waarbij geopolitieke realiteiten als nabijheid, bereikbaarheid en de kostenefficiëntie van transport herhaaldelijk in botsing komen met gevestigde politieke voorkeuren en ideologische vooronderstellingen. Ik durf u echter wel te voorspellen dat de geopolitieke realiteiten de langere adem zullen blijken te hebben.

mercredi, 21 novembre 2018

Nouvelles exigences du complexe militaro-industriel américain (CMI)

cmi.jpg

Nouvelles exigences du complexe militaro-industriel américain (CMI)

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un rapport qui sera prochainement examiné par les deux Commissions de défense (Armed Services Comittee) du Sénat et de la Chambre des Représentants, intitulé  The National Defense Strategy, deux éminentes personnalités militaires signalent l'incapacité actuelle où se trouvent selon eux, les forces armées américaines.

Ils ne mentionnent volontairement pas le nucléaire, tactique ou stratégique, dans lequel les Etats-Unis disposent encore d'une incontestable supériorité. Ils se placent dans la perspective d'une guerre dite conventionnelle, dans tous les domaines, traditionnels comme nouveaux (espace, cyberguerre). Les menaces proviennent selon eux de la Russie et la Chine. Le rapport ne mentionne qu'accessoirement d'autres menaces telles que le terrorisme .

Les auteurs en sont un ancien vice-ministre de la défense sous George Bush, Eric Edelman et un amiral retraité, ancien chef des Opérations Navales sous George Bush et Barack Obama, Gary Roughead. Le rapport est extrêmement détaillé. Il peut être lu en entier sur le site du Département de la Défense 1) On en trouve des éléments importants, avec des commentaires intéressants, sur le site NBC news 2) cité en référence ainsi que sur le site Southfront 3).

On peut penser que ce rapport est une réaction à l'annonce des économies que Donald Trump a demandé au département de la défense. Elles sont de 16 milliards de dollars. Cependant ce budget est actuellement de 716 milliards environ. Ceci dépasse largement la somme cumulée des budgets de défense de l'ensemble des autres nations, incluant évidemment la Russie et la Chine.

Observons qu'en France, l'Etat-Major constatant le nombre insuffisant des matériels français, par exemple les hélicoptères de combat, et surtout leur mauvaise maintenance faute de moyens d'entretien, fait aussi pression pour des budgets militaires plus importants.

Une militarisation complète de l'Amérique

Mais en lisant le rapport, on s'aperçoit aisément que les nouveaux domaines dans lesquels les auteurs demandent que s'investissent les forces armées américaines conduiraient à des budgets militaires considérablement plus élevés. En fait, c'est une militarisation complète de l'économie et de la société américaine que demande le rapport, analogue à celle obtenue lors de la 2e guerre mondiale.

Ceci paraît paradoxal, lorsque l'on sait que le Département de la Défense et son agence de recherche la Darpa financent l'essentiel des recherches et développements conduites aux Etats-Unis dans l'ensemble des domaines intéressant les nouvelles sciences et technologies. Ceci se fait au détriment de la recherche civile, maintenue au plus bas niveau possible et surtout qui ne peut accéder aux résultats des recherches militaires couvertes par le confidentiel-défense. Contrairement par ailleurs à ce qui est d'usage en matière de recherche scientifique civile, les scientifiques non-américains n'ont pas accès à ces recherches.

Le rapport évoque en permanence le risque d'une guerre conventionnelle avec la Russie ou la Chine, sinon les deux simultanément. Mais comment peut-on croire que ces puissances prendraient le risque de déclencher une guerre de grande ampleur contre les Etats-Unis, compte-tenu du peu de bénéfice qu'elles en tireraient en regard des coûts humains et matériels difficilement estimables, mais considérables qu'une telle guerre leur imposerait...à supposer qu'elles puissent la gagner ?

Certes, les militaires américains ont, comme nous l'avions relaté, découvert récemment avec stupéfaction les avancées considérables de la Russie, suivie de près par la Chine, dans le domaine notamment des missiles hypersoniques. Mais peut-on raisonnablement supposer que de telles armes, si elles n'étaient pas dotées de têtes nucléaires, pourraient l'emporter sur les armements terrestres, maritimes et aériens dont sont amplement dotées, notamment, les nombreuses bases militaires américaines situées aux frontières de la Russie et même de la Chine via des pays dépendants comme la Corée du Sud ?

En fait une lecture plus simple de ce rapport conduit à y voir de nouvelles exigences du complexe militaro-industriel américain, dit aussi l'Etat profond. Celui-ci a pourtant gaspillé sans résultats environs 1.000 milliards de dollars dans le projet d'avion de combat dit JSF F-35 qui n'est pas encore véritablement opérationnel après 10 de financements abondants. A plus petite échelle, il faudrait mentionner les 45 milliards de dollars en contrats pour la réalisation de MRAP ou véhicules blindés protégés contre les mines utilisées au Moyen-Orient par des adversaires ne disposant pas d'autres types d'armes 4).

Il est évident qu'en imposant à la société américaine comme à l'ensemble des pays alliés de nouvelles dépenses militaires consenties au détriment des besoins civils, des centaines de milliards nouveaux pourraient être apportés au CMI américain. Nul ne peut dire ce qu'en feraient les bénéficiaires de ces ressources, sinon améliorer encore leur statut social et politique actuel. Mieux vaudrait en ce cas considérer que les Etats-Unis deviendraient une véritable dictature politique et militaire visant à une domination universelle, y compris rappelons le, dans le futur domaine capital de la colonisation de l'espace en orbite terrestre puis dans celui des planètes accessibles d'ici la fin du siècle, soit la Lune et Mars.

Rappelons que, dans un article précédent, nous avions rappelé que le Pentagone n'hésiterait à recourir au nucléaire face à un échec même mineur constaté lors d'un engagement dans le domaine conventionnel 5).

Références

1) https://dod.defense.gov/Portals/1/Documents/pubs/2018-Nat...

2) https://www.nbcnews.com/news/us-news/u-s-military-crisis-...

3) https://southfront.org/why-the-u-s-military-is-woefully-u...

4) https://en.wikipedia.org/wiki/MRAP

5) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3156...

On pourra lire aussi sur ce sujet un article en français  très alarmiste du World Socialist Web https://www.wsws.org/fr/articles/2018/11/17/rdwr-n17.html

Image. Un MRAP de type Cougar testé par le passage sur une mine

Note à la date du 18/11
Nouveaux éléments chiffrés concernant les dépenses militaires américaines

* Nous venons d'obtenir une étude du très officiel Institut Watson. Ceux qui s'intéressent aux dépenses militaires américiaines y apprendront que depuis le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont consacré approximativement 5,9 trillions de dollars aux diverses guerres menées par le monde. 1 trillion équivaut à 1 milliard de milliards. Les Etats-Unis sont riches.
ttps://watson.brown.edu/costsofwar/files/cow/imce/papers/...

* Rappelons qu'en 2017 le budget militaire américain atteignait 716 billions de dollars, soit 716 milliards. Celui de la Russie était estimé à  10 fois moins.

* Le coût annuel des 800 bases américaines dans le monde a été estimé selon une étude de David Vine datant de 2015 et publié par Amazon à 156 milliards. 
https://www.amazon.com/Base-Nation-Military-America-Ameri...

On comprend que dans ces conditions ils n'aient pas pu financer le développement d'un modeste missile hypersonique tel que le Kinzal russe

dimanche, 30 septembre 2018

Entretien avec Elias Moutran: Le plan Jared Kushner et le national-sionisme pan-arabe

eliasmoutran.jpg

Le plan Jared Kushner et le national-sionisme pan-arabe

Entretien avec Elias Moutran

 
Analyste et spécialiste de l'histoire politique du Moyen-Orient, Elias Moutran fait le point pour nous sur la situation générale au Moyen-Orient et en Syrie. Il expose ici les grandes lignes du plan Kushner pour la Palestine. Un plan qui prévoit l'établissement d'une série de bantoustans palestiniens en remplacement d'un projet d'Etat palestinien viable voire même du simple droit au retour des populations palestiniennes dans leurs foyers d'origine. Ce plan de redécoupage territorial de grande ampleur s’accompagne aussi de la tentative de faire émerger dans le monde arabe un nationalisme panarabe anti-Iran. Ceci afin de rapprocher les populations arabes des intérêts israéliens et saoudiens dans la région et de les détourner de "l'Axe de la résistance" Russie-Iran-Syrie.
 
Ce pan-arabisme de substitution sera bien entendu hyper libéral et anti-social, à rebours du nationalisme arabe historique. Dans cette perspective, des théories autour d'un complot "séfévide" voire même d'une alliance persane-orthodoxe contre le sunnisme sont des thématiques largement véhiculées par certains mass-médias de langue arabe parmi les plus suivis dans le monde. Un complotisme autorisé qui diffuse aussi l'idée que l'Iran et la Russie aurait comme projet le "grand remplacement" de la population sunnite de Syrie par de nouvelles populations importées. Autant d'éléments de propagande et de "fake news" qu’Élias Moutran dévoile et déconstruit pour nous.
 
Elias Moutran nous rappelle aussi comment l'islamisme politique s'est propagé à partir du Caire dans les années 70 lorsque le président égyptien Anouar el-Sadate décida de contrer l'influence du nationalisme arabe au sein de la jeunesse en appuyant l'islamisme dans les universités. C'est aussi à cette période que l'Egypte se rapprochera d'Israël et tournera le dos à son héritage nassérien. Dans la dernière partie de son intervention, Elias Moutran évoque aussi les similitudes qui existent entre la politique de séduction opérée par Benyamin Netanyahou envers les populistes européens et sa politique de rapprochement avec l'Arabie Saoudite qui vise à contrer l'Iran dans la région. Une stratégie d'influence qui se déploie simultanément en direction des opinions publiques européennes et arabes. Entretien réalisé début septembre 2018.
 
Retrouvez ou contactez les non-alignés pour nous aider ou participer à nos productions : https://www.facebook.com/LesNonAlignes/ contact@les-non-alignes.fr
 

mercredi, 01 novembre 2017

Kosovo led to Catalonia. But West won’t admit it

catalonia-500x281.jpg

Kosovo led to Catalonia. But West won’t admit it

Nebojsa Malic

Ex: https://www.rt.com

The same countries that cheered when Yugoslavia and the Soviet Union broke up and insisted on ‘independent Kosovo’ now say Catalonia’s declaration of independence is unacceptable. But they wrote the rules the Catalans are now following.

On Friday, the Catalan parliament declared independence from Spain. Madrid has refused to recognize the declaration. Anything can happen next, from a negotiated settlement of some kind to a civil war.

Tempting as it is to delve into the arguments of who is right and what should be done, this will not be an attempt to judge the legitimacy of Catalonia’s independence pitch or lack thereof. What I find interesting is the noise emanating from the capitals whose actions have enabled the crisis to arise in the first place ‒ not that they’ll ever admit it.

France, Britain, and Germany have come out against Catalan independence and in favor of Spain’s territorial integrity. So has Washington, with the State Department declaring “Catalonia is an integral part of Spain.

NATO, of which Spain is a member, declared that “The Catalonia issue is a domestic matter which should be resolved within Spain’s constitutional order.”

How markedly different from 1999, when all these countries decided Kosovo was not a “domestic matter” or “integral part” of Serbia and took part in NATO’s illegal, illegitimate war to ensure its separation! Or 2008, when the ethnic Albanian provisional government in that occupied Serbian province declared independence, and all of these countries immediately recognized it ‒ and pressured others to do so as well.

Why were they so unthinking, driven by fleeting political considerations and their desire to please – I will put it bluntly – their big brother in Washington, in providing their unconditional support to the secession of Kosovo, thus provoking similar processes in other regions of Europe and the world?said Russian President Vladimir Putin, at the Valdai discussion club on October 19, noting that “at one point they actually welcomed the disintegration of a number of states in Europe without hiding their joy.”

It’s true: the very same countries cheered on the chaotic dismemberment of the Soviet Union and Yugoslavia, then turned around and insisted on the integrity of their shards with the same zeal with which they now champion the integrity and sovereignty of Spain. Their position on separatism isn’t principled, but opportunistic.

eltsine91.jpg

In March 1991, the vast majority (113 million, or 77 percent) of the Soviet Union’s inhabitants voted in favor of its preservation. Despite that, in December that year the US-backed Russian leader Boris Yeltsin struck a deal with his counterparts in Minsk and Kiev (Belavezha Accords) to dismember the USSR along the Communist-drawn borders of its republics.

Though no such agreement had been reached in Yugoslavia, where Croatia’s attempt to claim ethnic Serb territories within its own Communist-drawn borders resulted in open warfare, in January 1992, a committee of European lawyers cited the demise of the USSR to declare Yugoslavia “in dissolution.” Moreover, while Russia was recognized as the successor to the USSR, the West refused to extend the same courtesy to Serbia and Montenegro when it came to Yugoslavia, declaring they would have to reapply for recognition, even though their official independence predated any kind of Yugoslavia by 40 years. Though Yugoslavia was one of the founding members of the UN, its membership was revoked.

The stubborn insistence of Western powers on the arbitrary borders drawn up by Yugoslavia’s Communist government ‒ its only legacy they cared about preserving ‒ fueled war and atrocities. Yet in 1999, when Washington decided to crush the last vestiges of Yugoslavia by force, the rule about sacrosanct borders of republics was abruptly abandoned in favor of “might makes right,” as NATO occupied a part of Serbia and set about establishing it as a separate ethnic Albanian state. The principal argument of independence-backers was that Serbia somehow “forfeited” its right to Kosovo by allegedly oppressing and committing genocide against the ethnic Albanians.

In March 2004, tens of thousands of Albanians rampaged across the province for several days, killing Serbs and looting and burning their homes and churches. Most NATO peacekeepers did little to stop it. A NATO admiral called the pogrom “ethnic cleansing,” while one UN official reportedly compared it to the 1938 “Kristallnacht” in Nazi Germany. Yet much of the Western commentariat did not see this as Albanians “forfeiting” their claim ‒ but instead proof Kosovo needed independence right away!

That was achieved in 2008, in open violation of the UN Resolution 1244. The US, NATO and most of the EU cheered. Even so, five EU members refused to go along with this travesty: Cyprus, Greece, Romania, Slovakia, and Spain.

4jpg-2096357_p9.jpg

Even though a Spaniard, Javier Solana, presided over NATO’s illegal war, and Spanish troops subsequently served as “peacekeepers” enabling the Albanian expulsion of ethnic Serbs and other “undesirables” from Kosovo, Madrid has since remained steadfast in refusing to recognize the renegade province’s statehood.

Serbia took the case to the International Court of Justice (ICJ), asking, against Washington’s objections, for a ruling on the declaration. In 2010, the ICJ caved to the backers of “Kosovian” independence by redefining the provisional government in Pristina as “representatives of the people” and concluding that nothing in international law prevented them from declaring independence as such. The dissenting judges pointed out that this was specious reasoning, with Abdul Koroma of Sierra Leone calling it a “judicial sleight-of-hand.” It was too late: Pandora’s box was already open, international law rendered null and void for the sake of legitimizing a NATO land grab.

In March 2014, when Crimeans voted to separate from the US-backed regime in Kiev brought into power by a coup ‒ while Russian troops safeguarded them from neo-Nazi thugs that crushed dissent elsewhere in fire and blood ‒ Washington howled about “Russian aggression” and insisted on the integrity of Ukraine. Berlin, London, and Paris followed suit.

Attempting to argue that Kosovo was utterly different ‒ and not just because it was the US sponsoring the separatists ‒ President Barack Obama outright lied, claiming the existence of a proper international referendum that never took place, except in his imagination.

Washington continues to stubbornly insist that Kosovo was a “unique case,” thereby seeking to excuse its own blatantly illegal actions in Yugoslavia ‒ and later in Iraq, Libya and Syria.

Not only does the US invade whomever it wants, its leaders speak of “sovereignty” while sending various deputy assistant undersecretaries to browbeat vassal governments into obedience. The West may pose as the guardian of international law and order, but it is, in fact, an empire of chaos. That chaos will only result in more Kosovos ‒ today in Catalonia, God only knows where and when tomorrow ‒ until actual order is restored.

Nebojsa Malic for RT

The statements, views and opinions expressed in this column are solely those of the author and do not necessarily represent those of RT.

mercredi, 07 octobre 2015

Une nouvelle vague d’immigration. Qui veut la peau de l’Europe?

calais-migrants-21.jpg

Qui veut la peau de l'Europe?...

par Pierre Le Vigan

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan, cueilli sur le site de Polémia et consacré à la crise des "migrants". Urbaniste et collaborateur de nombreuses revues, Pierre le Vigan a publié plusieurs essais, dont dernièrement Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015).

Une nouvelle vague d’immigration. Qui veut la peau de l’Europe?

Des dizaines de milliers d’immigrants arrivent en Europe et notamment en France. Certains jours, quelque 10.000 personnes passent la frontière de la Croatie (1). Sans parler d’autres frontières de l’UE. Moyenne annuelle à ce rythme : plus de 5 millions de nouveaux « entrants ».

Nos élites ne s’inquiètent pas. Mieux : elles se réjouissent. L’Europe a 500 millions d’habitants, rappelle Jean-Marie Colombani, de Slate.fr., un des piliers de l’idéologie dominante. Que sont 5 millions de plus ?

C’est négliger que beaucoup d’actuels habitants de l’Europe, déjà, ne se sentent pas du tout européens. L’optimisme d’Angela Merkel est à l’image de celui des autres dirigeants de l’UE. Voilà le déficit démographique, en Allemagne, qui sera comblé. Comme celui qu’aurait la France s’il n’était déjà comblé par… l’immigration. Mais l’immigration ne répond pas seulement à un souci de démographie purement quantitative qui prouve l’extraordinaire réduction de la raison, chez nos élites, au calcul arithmétique. L’immigration, c’est l’armée de réserve du capital. Marx parle de « surpopulation relative ou d’une armée industrielle de réserve » (2). L’immigration, après l’exode rural, en est la forme contemporaine.

A quoi sert cette armée de réserve du capitalisme ? A peser à la baisse sur les salaires, bien sûr, à disposer de travailleurs non déclarés à foison, permettant des économies bien supérieures au coût d’éventuelles amendes, à détourner la colère des travailleurs français – et de nombre d’immigrés en situation régulière – à juste titre excédés contre les passe-droits des clandestins (3) et l’impunité dont ils bénéficient dans bien des domaines (alors que rien de cela ne serait possible sans la complicité de toute la classe politique LR-PS-Verts).

Au final, quel est le sens de cette immigration ? Elle privatise les profits et socialise les coûts. Les difficultés d’intégration, l’effondrement du niveau à l’école, la délinquance, les squatts, l’américanisation des mœurs, le niqab, c’est-à-dire, rappelons-le, le voile ne laissant apparaître que les yeux (4), c’est pour le peuple de France. Les profits, ce sont pour les grandes entreprises pressurant leurs sous-traitants faisant eux-mêmes appel à de la main-d’œuvre immigrée, régulièrement régularisée de façon à générer un nouvel appel d’air migratoire.

Nos peuples, dans leur immense majorité, s’inquiètent : en Europe de l’Est d’abord, peu habituée, ayant connu le communisme protecteur, à sa façon, des identités nationales, aux vagues d’immigration ; et en Europe Occidentale, où, malgré la culpabilisation sur le crime que serait le non-accueil de « l’Autre », nouvelle icône, non-accueil qui rappellerait les « heures les plus sombres de notre histoire » – sans même parler de l’histoire allemande – nos peuples se demandent si les vagues actuelles d’immigration, s’ajoutant à 200.000 entrées légales par an, rien qu’en France, et à une démographie supérieure des immigrants en général, ne signifient pas la fin de notre pays. Droits de l’homme et vision économique des hommes comme aussi interchangeables que des pièces de machines se conjuguent pour générer une grande substitution de peuple ou un Grand Remplacement. « Dans une façon de voir “fonctionnelle” de l’être humain, qu’un jeune Syrien ou un Somalien remplace un Allemand de souche qui part à la retraite dans une chaîne de production au fin fond de la Saxe, ça ne pose aucun problème. “On est tous des êtres humains”, et tutti quanti… », écrit à juste titre Julien Rochedy (5). « Encore et toujours les frontières tuent… Liberté de circulation et d’installation ! », s’exclame le web journal d’extrême gauche La Horde. Le NPA dit à peu près la même chose : « Leur Europe des frontières tue ». Nigauds ou complices ? Quand on croit à la nécessaire uniformisation du monde et à l’absence de réelle différence entre les hommes, on se retrouve finalement toujours du côté du Capital (6).

L’idéologie des droits de l’homme sert à la classe dominante

Karl Marx avait pourtant parfaitement démontré, dans La Question juive, que l’argumentaire des droits de l’homme ne sert que les intérêts de la classe dominante. Dans la conception bourgeoise des droits de l’homme, Marx avait souligné que « Le citoyen est donc déclaré le serviteur de l’ “homme” égoïste, que la sphère, où l’homme se comporte en qualité d’être générique, est ravalée au-dessous de la sphère où il fonctionne en qualité d’être partiel, et qu’enfin c’est l’homme en tant que bourgeois, et non pas l’homme en tant que citoyen, qui est considéré comme l’homme vrai et authentique » (7). On pourrait remplacer l’ « homme bourgeois », qui avait encore une culture, par l’ « homme économique », qui n’en a plus, mais le constat de Marx n’a pas pris une ride.

Pourquoi tant d’immigrés arrivent-ils en Europe ? Parce que les USA et le bloc atlantique ont déstabilisé des pays qui maîtrisaient cette immigration : la Libye, la Syrie, l’Irak, pour ne citer que les principaux. Pourquoi cette déstabilisation (le « Nouveau Moyen-Orient », disent les doctrinaires américains) ? Pour des raisons géopolitiques : ne laisser qu’Israël comme forte puissance au Proche-Orient, mettre la main sur du pétrole, faire triompher à tout prix ses intérêts économiques, mais aussi par anti-russisme viscéral. En Libye et en Syrie, la France a même été en pointe dans la destruction des régimes existants. Bien sûr, les pays ainsi non seulement déstabilisés mais éclatés avaient des failles internes. Rien ne nécessitait, pour un gouvernement qui eût été soucieux des intérêts de la France, de les ouvrir plus encore, et de favoriser les plus islamistes parmi les rebelles. Rien ne nécessitait, sauf des intérêts multinationaux, de tribaliser des nations pour mieux les affaiblir et les manipuler.

Des nations affaiblies donnent des peuples qui se disloquent et des gens qui cherchent leur salut individuel. Ou en famille. Au-delà du rôle, généralement déplorable, de l’Otan, et de la France réintégrée dans cette machine de guerre contraire à nos intérêts et – ce qui est sans doute plus important encore – à notre honneur de libre peuple d’Europe, il y a autre chose. Quoi ? L’occidentalisation du monde et la mondialisation. La terre est devenue plate (8), il n’y a plus d’autre côté du monde, il n’y a que des degrés plus ou moins avancés de « développement ». C’est-à-dire d’oubli de soi. On trouve les mêmes buildings, et les mêmes « starbucks », partout dans le monde. Les immigrants de la dernière vague dite syrienne ont tous les mêmes T-shirts d’inspiration américaine. (En ce sens, le crime est signé). Les décalages de civilisation ont laissé place aux simples décalages horaires. La forme actuelle de la mondialisation, c’est l’uniformisation des modes de vie et des goûts, à mesure même que les écarts de revenus restent considérables et même s’accroissent. L’américanisation des esprits règne sur le monde. Aimé Césaire s’en inquiétait déjà : « L’américanisation est la seule domination dont on ne se relève pas. »

La mondialisation a pris le visage de l’occidentalisation

C’est ainsi que l’occidentalisation du monde, portée par l’Europe, l’Amérique mais aussi maintenant par d’autres puissances devenues « modernes » (la Chine aussi est un facteur d’occidentalisation, pour elle-même et pour les autres), pousse les gens à rêver du mode de vie occidental, accessible d’abord, par facilité, dans une Europe à côté de l’Afrique et aux portes de l’Asie. Là aussi, les avertissements n’ont pas manqué, y compris d’hommes vénérés sans jamais être écoutés ni lus. Ainsi, Pierre Mendès-France affirmait :

« Les fournitures et les prestations que nous pouvons mettre à la disposition des pays sous-développés, c’est à eux de les déterminer. Il ne s’agit pas d’américaniser ou d’européaniser telle république africaine ou d’organiser l’évolution des plus déshérités vers un modèle occidental unique ; il faut permettre à tous de progresser selon leurs conceptions, leur culture et leurs aspirations. Il en résultera une nouvelle sorte de rapports internationaux dans lesquels les pays en cause ne seraient plus complexés et aliénés, parce que maintenus sous la domination des plus forts, y compris la domination culturelle. (…) Pour en terminer avec le tiers-monde, je veux surtout réaffirmer que nous n’avons pas à imposer à deux milliards d’hommes de cette planète (et qui seront bientôt plus nombreux encore) nos principes et nos doctrines, comme le prétendent et les colonialistes (nouvelle manière) et les gauchistes, chacun à leur façon. Ces hommes ont le droit de décider eux-mêmes de ce que seront leur vie et leurs orientations » (9).

La mondialisation a pris le visage de l’occidentalisation : c’est la fascination pour la société de consommation, mêlée à des crispations identitaires qui sont des caricatures de l’identité des peuples. C’est ainsi que se développent des religions sans culture qui séduisent précisément les plus déracinés.

ignace_migrants_boudent_lfrance-mpi.jpg

 

Mais qui vient en Europe ? On nous disait : des « migrants ». On nous dit maintenant, depuis qu’ils commencent à arriver en masse, des « réfugiés », histoire de désamorcer les refus d’une nouvelle vague d’immigration, dans le seul continent à ce point submergé. Tous ne sont pourtant pas réfugiés de guerre (10). Migrants ? Ils ne sont pas nés gens migrateurs. On ne quittait guère l’Irak quand il était sous le régime rude mais stable de Saddam Hussein, où les enfants ne mouraient pas de faim et allaient à l’école, ni la Libye, qui avait le plus haut taux d’accès aux études supérieures de l’Afrique, avant l’organisation de l’éviction et par suite de l’assassinat de Kadhafi par l’Occident et le gouvernement de la France, tous partis dits « de gouvernement » confondus.

Il y a en vérité toutes sortes d’immigrations, du vrai réfugié, dont la demande d’asile devrait pouvoir être examinée (sans être imposée), au regard de critères comme la proximité de civilisation, à l’immigration économique et à l’immigration de confort (recherche de soins dentaires et autres), que l’on peut comprendre, bien entendu, mais certainement pas accepter (des milliers d’ouvriers français n’ont jamais pu, faute d’argent, se faire soigner correctement les dents sans que cela émeuve personne, mais c’est une réalité que l’on rencontre sur les chantiers du bâtiment, et non dans les couloirs des ministères).

La réalité des migrations actuelles, c’est que ce sont des immigrations de peuplement. Ce sont des transplantations massives de populations dans une Europe de moins en moins européenne (11)[5]. Or, on peut assimiler des gens (dans une certaine quantité et dans une certaine mesure en tout cas) mais pas des peuples. Les populations qui arrivent viennent de peuples. Deux cas de figure se produisent et tous deux sont inquiétants : soit ces populations reconstituent en Europe des peuples non européens, et d’une religion non issue de l’Europe, et l’Europe est alors dépossédée d’elle-même ; soit ces populations restent atomisées. Il n’y a, alors, pas à proprement parler de danger communautaire mais se profile un autre danger : c’est l’anomie sociale, c’est la zombification, le grand déracinement, le règne des « déshérités » (François Xavier Bellamy).

La désaffiliation, la rupture de la transmission ? Personne de sérieux ne dit que les Français (de « souche ») y échappent. Mais l’immigration accroît ce danger, pour les immigrés comme pour les Français de souche (12), car elle est un déracinement. Et il en entraîne d’autres. A côté de ces deux dangers, communautarisme et anomie, il se produit parfois l’assimilation. Quelle est la différence entre l’intégration et l’assimilation ? L’intégration est minimaliste ; il s’agit simplement pour un individu de prendre en compte les droits et les devoirs de chacun. L’assimilation va plus loin : elle consiste à participer à notre mode de vie et de civilisation, à faire siennes un certain nombre d’us et de coutumes du pays d’accueil ; il se crée ainsi une synthèse culturelle entre la culture d’origine et celle de la France. En ce sens, on peut, bien sûr, être musulman et français (tout comme juif et français, bouddhiste et français, etc). Et fort heureusement, cela se rencontre encore, même si cela ne doit rien au travail de nos élites et se fait même à l’encontre de tout ce qu’elles représentent et ce qu’elles font, tant en politique internationale qu’en politique sociétale.

Pour la relocalisation mentale

Nous en sommes là : la difficulté, pour que l’assimilation se produise, c’est que les élites politiques françaises elles-mêmes sont celles qui conduisent la défrancisation de notre pays (13). Elles ont cessé de croire en notre pays. Leur inculture leur tient lieu de ligne de conduite. Elles ont décidé de noyer notre pays dans le grand bain de la mondialisation libérale. Alors qu’ailleurs, les fiertés et les consciences nationales se réveillent (et s’accompagnent souvent de salutaires luttes sociales). Alors que, dans maints pays, les citoyens les plus patriotes résistent à la dislocation de leur peuple et se battent, sur place, pour sauver ce qui peut l’être et retrouver l’espérance. Dans ce même temps, nos élites trahissent.

Les vagues de transplantation et la perte de repères, dans le temps (l’histoire) et dans l’espace (les terres natales de chacun) rendent le réenracinement et la relocalisation économique, humaine, mentale nécessaires pour les hommes et les peuples de tous les continents, y compris l’Europe. De tous les pays, y compris la France. En termes politiques, cela veut dire que le patriotisme est une idée d’avenir. Ne l’oublions pas : nous n’avons pas de patrie de rechange.

Pierre Le Vigan  (Polémia, 26 septembre 2015

Notes :

1. Ainsi, 20.000 personnes en 2 jours ont passé la frontière croate : « Débordée, la Croatie ne souhaite plus accueillir de migrants », Le Monde, 18 septembre 2015.

2. Le Capital, livre I, chap. 25, 3. Parmi d’autres citations de Marx : « Il est notoire que l’excès de travail moissonne les raffineurs de Londres, et néanmoins le marché du travail à Londres regorge constamment de candidats pour la raffinerie, allemands la plupart, voués à une mort prématurée. »

3. Le monde étant décidément bien fait (et la France encore mieux), les associations qui se plaignaient du manque de places d’hébergement expliquent soudain que les nouveaux arrivants ont pu être logés dans des logements vides sans entrer le moins du monde en concurrence avec les pauvres déjà en recherche de logement. On découvre ainsi que la main invisible du marché est vraiment épatante et s’occupe même du social.

4. Disons-le tout net : Il n’est pas question de s’offusquer devant un foulard qui cache simplement les cheveux. Dans une société libre on doit avoir le droit aussi bien de montrer son string que de ne pas montrer ses cheveux. Personnellement j’aime bien voir des cheveux en liberté et ne suis pas demandeur de la vision de string qui dépassent mais c’est là un point de vue parmi d’autres.

5. Pravda.ch, 22 septembre 2015.

6. Le Capital est pour Marx un rapport social. C’est le mode de production capitaliste et l’idéologie qui va avec.

7. La Question juive, 1843.

8. Thomas Friedman, La Terre est plate, Tempus, 2006.

9. Choisir, entretiens avec Jean Bothorel, Stock, 1974. En italique : ce qui est souligné par nous.

10. N’oublions pas que l’Europe a connu des drames souvent pires que ceux aujourd’hui médiatisés. Dans les années 1939-45, rappelons la déportation et le massacre des juifs, l’extermination des élites polonaises, les viols de millions d’Allemandes en 1945, le « nettoyage ethnique » des Sudètes et d’ailleurs, etc. Voir par exemple Timothy Snyder, Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline, Gallimard, 2012 ; les livres de Bernard George publiés dans les années 1960, R.M. Douglas, Les Expulsés, Flammarion, 2012, etc.

11. Il est évident que la force, c’est-à-dire la ferme reconduite sur les côtes de départ, sera un jour le seul moyen d’endiguer la violence inhérente à ces grandes vagues migratoires imposées aux peuples européens autochtones. « Un recours à la force sera à un moment ou à un autre inévitable», écrit Hubert Védrine (Le Monde, 13 mai 2015).

12. Jacques Dupâquier avait montré la constance du peuplement français depuis au moins 2000 ans.

13. Raoul Marc Jennar, Europe. La Trahison des élites, Fayard, 2004.