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samedi, 25 janvier 2020

Dossier Strategika : Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions

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Dossier Strategika : Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions

Dossier exclusif (60 pages)

« Je présente mes condoléances à l'Imam caché », c’est ainsi que l’Ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, s’adressait à la nation iranienne au moment de rendre hommage au général Qassem Soleimani tué le 3 janvier dernier par un raid américain.[1] De son côté, le secrétaire d'État des États-Unis Mike Pompeo emploie régulièrement des images bibliques pour illustrer l’action de son administration, comparant par exemple Donald Trump à une nouvelle Esther venu délivrer le peuple juif de Haman, ce Vizir de l'Empire perse. Un ennemi antique des juifs qui renvoie dans la mémoire collective juive à l’Iran actuel.[2] Benjamin Netanyahu évoquait à son tour ces références vétéro-testamentaires lors d’une déclaration conjointe avec le secrétaire d'État américain Mike Pompeo en mars 2019 : « Nous célébrons Pourim, quand, il y a 2500 ans, d’autres Perses, menés par Haman, ont tenté de détruire le peuple Juif. Ils ont échoué ; et aujourd'hui, 2 500 ans plus tard, une nouvelle fois, les Perses dirigés par Khamenei tentent de détruire le peuple Juif et l'État Juif. »[3]

Pour cette longue mémoire juive qui traverse l’Histoire, la reconstruction du Temple de Jérusalem et la reprise des sacrifices à Yahvé en son sein constituent des éléments clefs du projet géopolitique de la droite religieuse israélienne. La reconquête du mont du Temple obsède et galvanise l’aile la plus religieuse du sionisme religieux depuis la guerre des Six Jours en 1967 mais constitue le cœur de son agenda théopolitique depuis bien plus longtemps.

Pour le chercheur occidental contemporain le phénomène religieux est généralement considéré comme un élément possible du bilan géopolitique (de par l'étude des représentations idéologiques des acteurs géostratégiques) mais rarement comme un élément central de l'analyse des rapports de force entre les puissances. Pourtant des penseurs politiques de la hauteur de vue d’un Carl Schmitt ont montré de quelle manière les conceptions politiques découlent généralement de concepts et de notions religieuses plus anciennes. C'est le domaine de la théopolitique ; domaine qui est un champ du savoir essentiel pour appréhender la nature profonde des conflits qui déchirent l'humanité contemporaine.

Toutes les puissances suivent et instrumentent un agenda religieux. La République française elle-même possède son propre fond religieux si l’on se réfère aux déclarations d’un Vincent Peillon qui affirme :

« L’idée que la République est areligieuse est une idée fausse. Très tôt après l’échec de la Constitution civile du clergé, votée en juin 1790, les jacobins, inquiets du mouvement des prêtres réfractaires et de l’importance, en vis-à-vis, du mouvement anticlérical, ont mis en œuvre l’idée d’un ‘‘culte civique’’[4] et d’une “religion de l’avenir” », et il ajoute que « La Révolution est en elle-même un projet de régénération. Avec ce projet de régénération, on fait émerger dans l’histoire profane une conception empruntée au vocabulaire religieux, qui désigne tantôt la naissance spirituelle du baptême, tantôt la nouvelle vie qui doit suivre la résurrection générale. La révolution de 1848 mais aussi la Commune utiliseront à nouveau ce vocabulaire. L’évêque constitutionnel de Lyon, Lamourette, ne s’y était pas trompé, lorsqu’il interprétait déjà la Révolution comme opérant une régénération christique des cœurs ».[5]

Emmanuel Macron fera lui aussi référence à plusieurs reprises à des éléments de langage religieux, évoquant une « transcendance » qui « nous dépasse et qui restera ». Transcendance en laquelle il dit croire même s’il ne croit pas au dieu personnel chrétien : « Je ne suis plus sûr de croire en un Dieu. Oui, je crois en la transcendance. (…) J'assume la dimension de verticalité et de transcendance, et en même temps elle doit s'accrocher à de l'immanence complète, à du matériel. Je ne crois pas à une transcendance éthérée. ».[6] C’est justement à cette transcendance immanente que le régime républicain aura recours pour tenter de juguler symboliquement le soulèvement populaire le plus long de l'histoire de France contemporaine : la révolte des Gilets jaunes.  

En partant de l’exemple de l’incendie de Notre-Dame et de ses suites, la présente étude traite des manipulations politiques du sacré au cours de l’histoire récente. Au travers d’exemples historiques divers, ce dossier montre comment un pouvoir politique qui persécute une religion peut, lorsqu’il s’agit de conjurer une menace mortelle, réactiver ponctuellement et se réapproprier la charge sacrée de la religion qu’il entend par ailleurs soumettre voire éradiquer. Ainsi, l’incendie de Notre-Dame a permis de resacraliser la fonction présidentielle dans un moment de crise existentielle de la République et de pousser une partie importante des électeurs de droite à voter pour son parti lors des élections européennes de 2019 qui se tinrent un mois après l’incendie de Notre-Dame.

Cette étude éclaire aussi l’exacerbation des tensions actuelles et la montée aux extrêmes des USA et d’Israël face à l’Iran. Y est notamment exposée l’influence des courants millénaristes évangélistes qui viennent empêcher les tentatives d’isolationnisme et de réalisme politique de l’administration Trump. Des courants qui poussent celle-ci à la guerre avec l’Iran au nom de conceptions issues d’interprétations littéralistes de l’Ancien Testament.

Enfin, la dernière partie de cette étude trace la généalogie, sur la longue durée, de ce véritable judéo-évangélisme qui tente aujourd’hui d’inclure toute la chrétienté au sein d’un judéo-christianisme pan-occidental et qui cherche à faire épouser l’agenda géostratégique et théopolitique des États-Unis et d’Israël à l’ensemble des nations historiquement chrétiennes.

Ce dossier contient un article co-écrit par les deux auteurs au moment de l'incendie de Notre-Dame, texte fondu dans la présente étude qui fait désormais 60 pages.

La rédaction de strategika.fr

Plan et contenu du dossier :

Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple :
La géopolitique des religions

Pierre-Antoine PLAQUEVENT
Youssef HINDI

 I - L’incendie de Notre-Dame et la crise de la République 

  • Incohérences techniques et projet de remodelage de l’île de la Cité
  • Une diversion politique en pleine révolte populaire ?
  • Quelques parallèles historiques
  • Persécution de la religion et manipulation du sacré : l’exemple soviétique
  • La destruction du catholicisme et des églises : une tradition républicaine
  • Subvertir l’Église pour mieux la faire haïr
  • Le sacrifice propitiatoire de Notre-Dame pour régénérer la République
  • Destruction de la cathédrale et construction d’un temple maçonnique

 II - De la destruction de Notre-Dame à la reconstruction du Temple de Jérusalem

  • L’incendie de Notre-Dame, un châtiment divin contre le christianisme ?
  • L’incendie de la Mosquée d’Al Aqsa et le Troisième Temple de Jérusalem
  • L’Évangélisme sioniste et la fin de l’Histoire
  • Le Troisième Temple et la guerre mondiale des religions

III - Les étapes du judéo-christianisme, du Moyen-Âge à nos jours

  • Quand l’Église réhabilite les pharisiens, ennemis du Christ
  • La kabbale chrétienne, une arme de subversion contre l’Eglise
  • Un kabbaliste au Vatican
  • Le frankisme comme prolongement de la kabbale chrétienne
  • De Jacob Frank à Jean-Paul II via Adam Mickiewicz
  • La Franc-Maçonnerie et l’Église conciliaire
  • Vatican II et le judéo-christianisme
  • Jésus et la Vierge Marie dans la littérature juive et le Talmud
  • Jésus et la Vierge Marie dans le Coran
  • Jésus et les pharisiens dans les Évangiles

[1] http://french.presstv.com/Detail/2020/01/03/615234/Notre-... 
[2] https://www.washingtonpost.com/religion/2019/03/22/pompeo...
[3] https://embassies.gov.il/paris/NewsAndEvents/Pages/Declar...
[4] Albert Mathiez, Les Origines des cultes révolutionnaires, 1789- 1792, Genève, Slatkine, 1977, p. 14.
[5] Vincent Peillon, Une religion pour la République, 2010, Seuil, pp. 65-66.

Sur la généalogie de la religion de la République, voir : Youssef Hindi, La Mystique de la Laïcité : Généalogie de la religion républicaine, 2017, Sigest.
[6] https://www.lejdd.fr/Politique/macron-ce-que-lon-sait-de-...
Voir aussi : https://www.youtube.com/watch?v=WVg2iqTfnus

 

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