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jeudi, 14 mai 2020

Nous vivons dans un monde de plus en plus étrange

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Nous vivons dans un monde de plus en plus étrange

Nous qui n'avons jamais possédé desclaves, devrions payer des réparations pour esclavage à des personnes qui n'ont jamais été esclaves.

Nous sommes tenus responsables d’événements qui se sont produits avant notre naissance, mais d’autres personnes ne sont pas tenues responsables de ce qu'elles font actuellement chez nous.

Nous avons fermé nos frontières, bien trop tard, aux vols venant de Chine et d’ailleurs par crainte d’être des victimes du Coronavirus SARS-2, ce pâle concurrent sans vaccin au virus de l’Influenza, mais nos élus rêvent de les ouvrir à nouveau et sans contrôle sanitaire ni de sécurité, alors qu’après la triste et perverse expérience de confinement de population en hiver-printemps 2020 et nos prisons 5 étoiles remplies à 70 % de malfrats étrangers, les pays européens devraient tous se déconfiner de l’UE et contrôler avec rigueur leurs frontières.

Les immigrants atteints de SIDA, de tuberculose toujours très contagieuse et de plus en plus souvent multi-résistante aux antibiotiques, de variole du singe ou orthopoxvirose simienne, de drépanocytose, de maladies parasitaires, gale, poux, lèpre et autres, de maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis, d’hépatites A et B, de poliomyélite, de coronaviroses telle que le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), de dentition négligée, d’affections psychiatriques en particulier la schizophrénie, etc, sont les bienvenus sans aucun contrôle sanitaire à nos frontières, mais vous devez prouver que votre chien est bien vacciné chaque année contre la rage, même payer pour doser ses anticorps contre la rage et avoir une assurance responsabilité pour couvrir ses éventuels méfaits.

Si un mec prétend être une femme, vous devriez désormais faire semblant avec lui qu’il est bien une femme.

La sexualisation des enfants est mauvaise, mais les drag queens de 10 ans comme le garçon de l’image ci-dessus seraient bonnes.

Les activistes qui affirment que le genre n'existe pas exigent des élues et une femme présidente.

Nous disons être préoccupés par l’éducation de nos enfants, mais le père et la mère deviennent des options interchangeables et cette perverse révolution anthropologique du mariage pour tous ne fait que commencer.

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D'une manière ou d'une autre, c’est devenu anti-Suisse de compter et de souligner le nombre de vrais Suisses en Suisse, le nombre de vrais Français en France, le nombre de vrais Américains aux USA, etc.

Les Russes qui auraient influencé les dernières élections aux USA et ne cèdent pas leurs entreprises aux Chinois communistes sont mauvais, mais les Mexicains illégaux qui votent aux élections aux USA sont bons.

C'était cool pour le candidat à la présidence Joe Biden de "faire chanter" le président de l'Ukraine, mais c'est une infraction intolérable que le Président Donald Trump s'enquiert à ce sujet.

Aux USA en particulier et dans quelques autres démocraties ceux qui ont 20 ans sont trop jeunes pour boire une bière, mais à dix-huit ils seraient assez âgés et matures pour voter, se marier et éduquer des enfants.

Les illégaux ne sont pas tenus de présenter une pièce d'identité, mais les citoyens ne peuvent pas acheter un vrai médicaments contre la toux sans montrer une pièce d’identité ou une ordonnance d’un médecin.

Les citoyens sont condamnés s’ils n’acquièrent pas leur propre assurance maladie-accident obligatoire, puis ils sont obligés de payer pour soigner les illégaux.

Personne et aucun parti ne gagnent le pouvoir à l'issue d'un référendum, seule l'idée l’emporte, mais des élus en place épris de pouvoir font tout pour ne pas appliquer le résultat de ce référendum.

Toute rhétorique inflammatoire, politiquement incorrecte ou islamiquement incorrecte est scandaleuse, mais harceler les gens dans les restaurants, dans la rue et à leur volant est vertueux.

Des personnes qui ne sont jamais allées à l'université devraient payer les dettes des étudiants qui ont contracté des prêts pour obtenir des diplômes inutiles puisqu’ils ne leur rapportent guère.

Les professionnels talentueux en STIM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) de pays occidentaux démocratiques, qui souhaitent immigrer pour travailler chez nous, doivent passer par un rigoureux processus de vérification, mais tout gangster, tout faux adolescent, tout violeur, tout militant dont l’ersatz de religion se situe bien en dessous du niveau de la ceinture, tout analphabète, etc, de pays éloignés, qui franchissent les frontières de Schengen et les nôtres sont des bienvenus que nous devrions accueillir et entretenir avec l’argent de nos impôts, cela même beaucoup mieux que nos retraités et nos sans-abris.

Dépenser des millions pour contrôler la sécurité à nos frontières c’est trop cher, mais dépenser des milliards pour accueillir des faux réfugiés, des réfugiés économique et des illégaux et payer même leurs soins de santé, leurs avocats, leurs interprètes, leurs crimes et leur séjours en prisons, etc, ce n’est jamais trop cher.

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Si vous trichez pour être admis au cycle d’orientation ou à l’université vous serez puni, mais si vous trichez pour entrer dans notre pays, vous pourrez aller au collège gratuitement.

Les mêmes élus qui exigent que la loi soit appliquée à tous les citoyens, mettent les immigrants illégaux et eux-mêmes au-dessus de la loi.

Nos élus et dirigeants de la gauche élargie affirment avoir une philosophie du progrès pour tous, mais ils bousculent les règles égoïstement, uniquement pour leurs propres intérêts et ceux de leurs copains, des lobbies et des oligarques mondialistes. En résumé ces élus et ces dirigeants nous racontent qu’ils détestent les inégalités, mais en réalité, ils adorent les privilèges.

Ces mêmes élus qui nous racontent préparer notre pays à la prochaine catastrophe sanitaire ou autre persistent à endetter notre Etat-nation pour qu’il ne soit pas prêt.

Les illégaux et les faux réfugiés ne paient pas d’impôts, mais ils sont subventionnés généreusement par nos impôts.

« Tintin au Congo » est devenu Le Congo chez Tintin alors que nos élus nous disent faire la guerre aux immigrants illégaux, aux faux réfugiés et aux réfugiés économiques; toutefois, en réalité, les angéliques mesures homéopathiques qu’ils prennent sont des rustines inefficaces et hypocrites contre ces envahisseurs militants et des fainéants à temps plein qui ne partagent pas du tout, mais alors pas du tout, les mêmes valeurs que nous et rendent notre société multiconflictuelle.

Nous voyons d'autres pays devenir socialistes puis s'effondrer, mais le socialisme et sont économie dirigée nous semblent être un excellent plan pour le futur de notre pays, de nos enfants et petits enfants.

La répression et la manipulation des électeurs est criminelle en démocratie (par exemple la pratique illégale du « voto di scambio » de la mafia, du « vote-buying », du « "vote for favours »), mais ne pas permettre au Président Donald Trump de participer au prochain scrutin serait une bonne chose.

Les manifestations et défilés patriotiques seraient mauvais, mais les défilés de femmes déguisées en vagin, de personnes de sexe indéterminé, etc, sont bons .

Des criminels sont arrêtés puis libérés pour voler, blesser, violer plus de gens, mais les arrêter ou les expulser est mauvais parce que ce serait une violation de leurs droits.

Toutes ces illogiques et honteuses hypocrisies rendent notre monde multi-conflictuel, nous appauvrissent et nous rendent en quelque sorte «racistes».

Dominique Schwander.

Le « système » en rêvait, la pandémie l’a fait : le numérique envahit l’École !

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Le « système » en rêvait, la pandémie l’a fait : le numérique envahit l’École !

par Claude Bourrinet,
Professeur de Lettres

Ce que le « système » a toujours rêvé d’instaurer à l’École, la pandémie lui en a donné l’occasion : le numérique va s’installer massivement dans l’enseignement, ce qui précipitera la rupture bien entamée avec l’humanisme et le monde de la tradition. Il ne faut pas croire qu’il s’agisse d’un putsch pédagogique. Contrairement aux partisans de « l’École républicaine », je ne pense pas que parents et élèves aient désiré un enseignement haut de gamme, exigent et sérieux : ils se sont vite adaptés à la démagogie pédagogiste, tant ça correspondait à leurs vœux égalitaristes, dussent ceux-ci aboutir au désastre actuel.

Ce qui me frappe, dans les propos officiels ou des « spécialistes », techniciens de l’Éducation ou journalistes, c’est qu’on ne trouve jamais mis en cause le manque de volonté, d’effort, de violence sur soi-même, des uns et des autres : tout devrait se faire dans le plaisir et la bienveillance, dans l’esprit du surfeur qui glisse sur la vague hédoniste et fraternitaire.

Or, outre l’incroyable effondrement du niveau scolaire et intellectuel de la masse des élèves, on constate une absence quasi générale de sérieux, de concentration, de souci de bien faire, d’écoute, d’application, de respect du maître et du savoir. L’institution a été complètement vidée de sa légitimité. Plus rien ne justifie le travail. La sélection a disparu avec les sanctions, les récompenses seraient discriminantes, on se fie seulement sur la bonne volonté, ce qui est bâtir sur du sable.

On ne répétera jamais combien un Bourdieu, suivi d’un Meirieu, ont eu leur part de responsabilité dans la catastrophe (qui n’en est pas une, aux yeux de leurs disciples, car rompre avec la tradition et l’humanisme a toujours été leur souhait, au profit d’une préparation au monde du travail et de l’endoctrinement permanent). En discréditant la culture savante comme stratégie machiavélique de la domination des « héritiers », on a tué le cœur même de la civilisation occidentale, fondée sur la fréquentation des grands hommes et le contrôle de ses bas instincts (ce que signifie le terme « érudition », c’est-à-dire la sortie de la barbarie). On a laissé libre cours à la paresse, à la hâblerie, à la superficialité, à la débrouillardise vile et malhonnête. La nuit, tous les chats sont gris !

Or, toute société saine est une communauté d’héritiers : des ancêtres qui ont fait la nation, des aïeux qui ont fondé la famille, des parents, qui ont élevé les jeunes enfants et leur ont inculqué le sens de l’effort, des maîtres, des formateurs, qui ont appris à leurs apprentis un métier, et, si possible, l’amour du travail bien fait, la conscience professionnelle.

L’École démagogique, qui se réfugie derrière la technique comme derrière un petit doigt, a « oublié » ce qui a toujours été depuis que l’homme vit en société.

On devrait, de ce fait, continuer à assister à la débâcle de l’Occident, malade de l’intérieur, et, fatalement, attaqué par tous les parasites qui l’abattront.

Pourquoi Xi ne répétera pas les erreurs de la Dynastie Ming

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Pourquoi Xi ne répétera pas les erreurs de la Dynastie Ming

par Pepe Escobar

Ex: https://reseauinternational.net

La Chine a tiré les leçons de sa riche histoire et les applique pour redevenir une grande puissance du 21ème siècle.

Alors que la guerre hybride 2.0 contre la Chine atteint des sommets, les Nouvelles Routes de la Soie, ou Initiative Ceinture et Route, continueront à être diabolisées 24/7, comme le légendaire complot communiste maléfique pour la domination économique et géopolitique du monde « libre », boostée par une sinistre campagne de désinformation.

Il est vain de discuter avec des simplets. Dans l’intérêt d’un débat éclairé, ce qui compte, c’est de trouver les racines profondes de la stratégie de Pékin – ce que les Chinois ont appris de leur propre histoire riche et comment ils appliquent ces leçons en tant que grande puissance réémergente au jeune 21ème siècle.

Commençons par la façon dont l’Orient et l’Occident s’étaient positionnés au centre du monde.

La première encyclopédie historico-géographique chinoise, le Classique des Montagnes et des Mers du IIe siècle avant J.-C., nous dit que le monde était ce qui était sous le soleil (tienhia). Composé de « montagnes et de mers » (shanhai), le monde était disposé entre « quatre mers » (shihai). Une seule chose ne change pas : le centre. Et son nom est « l’Empire du Milieu » (Zhongguo), c’est-à-dire la Chine.

Bien sûr, les Européens, au XVIe siècle, découvrant que la terre était ronde, ont mis la centralité chinoise sens dessus dessous. Mais en réalité, pas tant que ça (voir, par exemple, cette carte sinocentrique du 21ème siècle publiée en 2013).

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Le principe d’un immense continent entouré de mers, « l’océan extérieur », semble avoir été dérivé de la cosmologie bouddhiste, dans laquelle le monde est décrit comme un « lotus à quatre pétales ». Mais l’esprit sinocentrique était assez puissant pour écarter et prévaloir sur toute cosmogonie qui aurait pu le contredire, comme la bouddhiste, qui plaçait l’Inde au centre.

Comparons maintenant la Grèce antique. Son centre, basé sur les cartes reconstituées d’Hippocrate et d’Hérodote, est un composite de la Mer Égée, avec la triade Delphes-Delos-Ionie. La division majeure entre l’Est et l’Ouest remonte à l’Empire Romain au 3ème siècle. Et cela commence avec Dioclétien, qui a fait de la géopolitique son cheval de bataille.

Voici la séquence : En 293, il installe une tétrarchie, avec deux Augustes et deux Césars, et quatre préfectures. Maximien Auguste est chargé de défendre l’Occident (Occidens), la « préfecture d’Italie » ayant pour capitale Milan. Dioclétien est chargé de défendre l’Orient (Oriens), la « préfecture d’Orient » ayant pour capitale Nicomédie.

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La religion politique s’ajoute à ce nouveau complexe politico-militaire. Dioclétien crée les diocèses chrétiens (dioikesis, en grec, d’après son nom), douze au total. Il existe déjà un diocèse d’Orient – essentiellement le Levant et le nord de l’Égypte.

Il n’y a pas de diocèse d’Occident. Mais il y a un diocèse d’Asie : essentiellement la partie occidentale de la Turquie méditerranéenne actuelle, héritière des anciennes provinces romaines d’Asie. C’est assez intéressant : l’Orient est placé à l’est de l’Asie.

Le centre historique, Rome, n’est qu’un symbole. Il n’y a plus de centre ; en fait, le centre s’incline vers l’Orient. Nicomedia, la capitale de Dioclétien, est rapidement remplacée par sa voisine Byzance sous Constantin et rebaptisée Constantinople : il veut en faire « la nouvelle Rome ».

Lorsque l’Empire Romain d’Occident tombe en 476, l’Empire d’Orient demeure.

Officiellement, il ne deviendra l’Empire Byzantin qu’en 732, alors que le Saint Empire Romain – qui, comme on le sait, n’était ni saint, ni romain, ni un empire – renaîtra avec Charlemagne en 800. À partir de Charlemagne, l’Occident se considère comme « l’Europe », et vice-versa : le centre historique et le moteur de ce vaste espace géographique, qui finira par atteindre et intégrer les Amériques.

Amiral superstar

Nous sommes toujours plongés dans un débat – littéralement – océanique entre historiens sur la myriade de raisons et le contexte qui a conduit chacun et son voisin à prendre frénétiquement la mer à partir de la fin du 15ème siècle – de Colomb et Vasco de Gama à Magellan.

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Mais l’Occident oublie généralement le véritable pionnier : l’emblématique amiral Zheng He, nom d’origine Ma He, un eunuque et musulman Hui de la province du Yunnan.

Son père et son grand-père avaient fait leur pèlerinage à la Mecque. Zheng He a grandi en parlant le mandarin et l’arabe et en apprenant beaucoup sur la géographie. À 13 ans, il est placé dans la maison d’un prince Ming, Zhu Di, membre de la nouvelle dynastie qui arrive au pouvoir en 1387.

Éduqué en tant que diplomate et guerrier, Zheng He se convertit au Bouddhisme sous son nouveau nom, bien qu’il soit toujours resté fidèle à l’Islam. Après tout, comme je l’ai constaté moi-même lorsque j’ai visité des communautés Hui en 1997, en quittant la Route de la Soie pour me rendre au monastère de Labrang à Xiahe, l’Islam Hui est un syncrétisme fascinant qui intègre le Bouddhisme, le Tao et le Confucianisme.

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Zhu Di a fait tomber l’empereur en 1402 et a pris le nom de Yong Le. Un an plus tard, il avait déjà commissionné Zheng He comme Amiral, et lui avait ordonné de superviser la construction d’une grande flotte pour explorer les mers autour de la Chine. Ou, pour être plus précis, « l’océan Occidental » (Xiyang) : c’est-à-dire l’océan Indien.

Ainsi, de 1405 à 1433, soit environ trois décennies, Zheng He a mené sept expéditions à travers les mers jusqu’en Arabie et en Afrique de l’Est, partant de Nanjing dans le Yangtsé et bénéficiant des vents de mousson. Elles ont atteint le Champa, Bornéo, Java, Malacca, Sumatra, Ceylan, Calicut, Ormuz, Aden, Djeddah/La Mecque, Mogadiscio et la côte d’Afrique de l’Est au sud de l’équateur.

Il s’agissait de véritables armadas, comptant parfois plus de 200 navires, dont les 72 plus importants, transportant jusqu’à 30 000 hommes et de vastes quantités de marchandises précieuses pour le commerce : soie, porcelaine, argent, coton, produits en cuir, ustensiles en fer. Le navire de tête de la première expédition, avec Zheng He comme capitaine, mesurait 140 mètres de long, 50 mètres de large et transportait plus de 500 hommes.

C’était la première Route Maritime de la Soie, aujourd’hui ressuscitée au 21ème siècle. Et elle a été couplée à une autre extension de la Route de la Soie terrestre : après que les redoutables Mongols se soient retirés et qu’il y ait eu de nouveaux alliés jusqu’en Transoxiane, les Chinois ont réussi à conclure un accord de paix avec le successeur de Tamerlane. Les Routes de la Soie étaient donc à nouveau en plein essor. La cour Ming envoya des diplomates dans toute l’Asie – au Tibet, au Népal, au Bengale et même au Japon.

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L’objectif principal des pionniers de la marine chinoise a toujours intrigué les historiens occidentaux. Il s’agissait essentiellement d’un mélange diplomatique, commercial et militaire. Il était important de faire reconnaître la suzeraineté chinoise – et de la matérialiser par le paiement d’un tribut. Mais il s’agissait surtout de commerce ; pas étonnant que les navires avaient des cabines spéciales pour les marchands.

L’armada était désignée sous le nom de Flotte du Trésor – mais dénotant plus une opération de prestige qu’un véhicule de capture de richesses. Yong Le était un adepte de la puissance douce et de l’économie – il a pris le contrôle du commerce extérieur en imposant un monopole impérial sur toutes les transactions. Il s’agissait donc, en fin de compte, d’une application intelligente et complète du système d’affluence chinois – dans les domaines commercial, diplomatique et culturel.

Yong Le suivait en fait les instructions de son prédécesseur Hongwu, le fondateur de la Dynastie Ming (« Lumières »). La légende veut que Hongwu ait ordonné qu’un milliard d’arbres soient plantés dans la région de Nanjing pour alimenter la construction d’une marine.

Puis il y a eu le transfert de la capitale de Nanjing à Pékin en 1421, et la construction de la Cité Interdite. Cela a coûté beaucoup d’argent. Même si les expéditions navales étaient coûteuses, leurs profits étaient bien sûr utiles.

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Yong Le

Yong Le voulait établir la stabilité chinoise – et panasiatique – par le biais d’une véritable Pax Sinica. Cela n’a pas été imposé par la force mais plutôt par la diplomatie, couplée à une subtile démonstration de puissance. L’Armada était le porte-avions de l’époque, avec des canons à vue – mais rarement utilisés – et pratiquant la « liberté de navigation ».

Ce que l’empereur voulait, c’était des dirigeants locaux alliés, et pour cela il utilisait l’intrigue et le commerce plutôt que le choc et l’effroi par le biais de batailles et de massacres. Par exemple, Zheng He a proclamé la suzeraineté chinoise sur Sumatra, la Cochinchine et Ceylan. Il a privilégié le commerce équitable. Cela n’a donc jamais été un processus de colonisation.

Au contraire : avant chaque expédition, au fur et à mesure de sa planification, les émissaires des pays à visiter étaient invités à la cour des Ming et traités, bien, royalement.

Européens pilleurs

Comparons cela à la colonisation européenne menée une décennie plus tard par les Portugais sur ces mêmes terres et ces mêmes mers. Entre (un peu) de carotte et (beaucoup) de bâton, les Européens ont fait du commerce principalement par le biais de massacres et de conversions forcées. Les comptoirs commerciaux ont rapidement été transformés en forts et en installations militaires, ce que les expéditions de Zheng He n’ont jamais entrepris.

En fait, Zheng He a laissé tellement de bons souvenirs qu’il a été divinisé sous son nom chinois, San Bao, qui signifie « Trois Trésors », dans des endroits d’Asie du Sud-Est tels que Malacca et Ayutthaya au Siam.

Ce qui ne peut être décrit que comme un sadomasochisme judéo-chrétien s’est concentré sur l’imposition de la souffrance comme vertu, seule voie pour atteindre le Paradis. Zheng He n’aurait jamais considéré que ses marins – et les populations avec lesquelles il a pris contact – devaient payer ce prix.

Alors pourquoi tout cela a-t-il pris fin, et si soudainement ? Essentiellement parce que Yong Le n’avait plus d’argent à cause de ses grandioses aventures impériales. Le Grand Canal – qui relie le fleuve Jaune et les bassins du Yangzi – a coûté une fortune. Même chose pour la construction de la Cité Interdite. Les revenus des expéditions n’ont pas suffi.

Et juste au moment où la Cité Interdite fut inaugurée, elle prit feu en mai 1421. Mauvais présage. Selon la tradition, cela signifie une dysharmonie entre le Ciel et le souverain, un développement en dehors de la norme astrale. Les Confucianistes l’utilisaient pour blâmer les conseillers eunuques, très proches des marchands et des élites cosmopolites autour de l’empereur. De plus, les frontières méridionales étaient agitées et la menace mongole n’a jamais vraiment disparu.

Le nouvel empereur Ming, Zhu Gaozhi, a fait la loi : « Le territoire de la Chine produit toutes les marchandises en abondance ; alors pourquoi devrions-nous acheter des bibelots à l’étranger sans aucun intérêt ? »

Son successeur, Zhu Zanji, était encore plus radical. Jusqu’en 1452, une série d’édits impériaux ont interdit le commerce extérieur et les voyages à l’étranger. Chaque infraction était considérée comme de la piraterie punie de mort. Pire encore, l’étude des langues étrangères était bannie, tout comme l’enseignement du chinois aux étrangers.

Zheng He est mort (au début de 1433 ? 1435 ?) en vrai personnage, au milieu de la mer, au nord de Java, alors qu’il revenait de la septième et dernière expédition. Les documents et les cartes utilisés pour les expéditions ont été détruits, ainsi que les navires.

Les Ming ont donc abandonné la puissance navale et sont revenus à l’ancien Confucianisme agraire, qui privilégie l’agriculture sur le commerce, la terre sur les mers, et le centre sur les terres étrangères.

Plus de retraite navale

Il faut dire que le formidable système d’affluence navale mis en place par Yong Le et Zheng He a été victime d’excès – trop de dépenses de l’État, turbulences paysannes – ainsi que de son propre succès.

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En moins d’un siècle, des expéditions de Zheng He à la retraite des Ming, cela s’est avéré être un changement de paradigme majeur dans l’histoire et la géopolitique, préfigurant ce qui allait se passer immédiatement après au cours du long 16ème siècle : l’ère où l’Europe a commencé et a finalement réussi à dominer le monde.

Une image est frappante. Alors que les lieutenants de Zheng He naviguaient sur la côte orientale de l’Afrique jusqu’au sud, en 1433, les expéditions portugaises commençaient tout juste leurs aventures dans l’Atlantique, naviguant également vers le sud, peu à peu, le long de la côte occidentale de l’Afrique. Le mythique Cap Bojador a été conquis en 1434.

Après que les sept expéditions Ming eurent sillonné l’Asie du Sud-Est et l’Océan Indien à partir de 1403 pendant près de trois décennies, ce n’est qu’un demi-siècle plus tard que Bartolomeu Dias allait conquérir le cap de Bonne-Espérance, en 1488, et que Vasco de Gama arriverait à Goa en 1498.

Imaginez un « et si » historique : les Chinois et les Portugais s’étaient croisés en terre swahilie. Après tout, en 1417, c’était le commandement de Hong Bao, l’eunuque musulman, un lieutenant de Zheng He ; et en 1498, c’était au tour de Vasco de Gama, guidé par le « Lion de la mer » Ibn Majid, son légendaire maître navigateur arabe.

Les Ming n’étaient pas obsédés par l’or et les épices. Pour eux, le commerce devait être basé sur un échange équitable, dans le cadre du tribut. Comme Joseph Needham l’a prouvé de façon concluante dans des ouvrages tels que « Science et Civilisation en Chine », les Européens voulaient des produits asiatiques bien plus que les Orientaux ne voulaient des produits européens, « et la seule façon de les payer était l’or ».

5cbec224a3104842e4aa1131.jpegPour les Portugais, les terres « découvertes » étaient toutes des territoires de colonisation potentiels. Et pour cela, les quelques colonisateurs avaient besoin d’esclaves. Pour les Chinois, l’esclavage équivalait au mieux à des tâches domestiques. Pour les Européens, il s’agissait de l’exploitation massive d’une main-d’œuvre dans les champs et dans les mines, notamment en ce qui concerne les populations noires d’Afrique.

En Asie, contrairement à la diplomatie chinoise, les Européens ont opté pour le massacre. Par la torture et les mutilations, Vasco de Gama et d’autres colonisateurs portugais ont déployé une véritable guerre de terreur contre les populations civiles.

Cette différence structurelle absolument majeure est à l’origine du système mondial et de l’organisation géo-historique de notre monde, comme l’ont analysé des géographes de premier plan tels que Christian Grataloup et Paul Pelletier. Les nations asiatiques n’ont pas eu à gérer – ou à subir – les douloureuses répercussions de l’esclavage.

Ainsi, en l’espace de quelques décennies seulement, les Chinois ont renoncé à des relations plus étroites avec l’Asie du Sud-Est, l’Inde et l’Afrique de l’Est. La flotte des Ming a été détruite. La Chine a abandonné le commerce extérieur et s’est repliée sur elle-même pour se concentrer sur l’agriculture.

Une fois de plus : le lien direct entre la retraite navale chinoise et l’expansion coloniale européenne est capable d’expliquer le processus de développement des deux « mondes » – l’Occident et le centre chinois – depuis le 15e siècle.

À la fin du XVe siècle, il ne restait plus d’architectes chinois capables de construire de grands navires. Le développement de l’armement avait également été abandonné. En quelques décennies seulement, le monde sinifié a perdu sa grande avance technologique sur l’Occident. Il s’est affaibli. Et plus tard, il allait payer un prix énorme, symbolisé dans l’inconscient des Chinois par le « siècle de l’humiliation ».

Tout ce qui précède explique pas mal de choses. Comment Xi Jinping et les dirigeants actuels ont fait leurs devoirs. Pourquoi la Chine ne veut pas faire un remix des Ming et battre en retraite à nouveau. Pourquoi et comment la Route de la Soie terrestre et la Route de la Soie Maritime sont rétablies. Comment il n’y aura plus d’humiliations. Et surtout, pourquoi l’Occident – en particulier l’empire américain – refuse absolument d’admettre le nouveau cours de l’histoire.

Pepe Escobar

source : https://asiatimes.com

traduit par Réseau International

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Michel Maffesoli: « La stratégie de la peur »

Par Michel Maffesoli

Ex: https://liguedumidi.com

Depuis des mois, nous vivons dans la peur. Mais la crise sanitaire justifiait-elle que les contacts sociaux soient à ce point étouffés entre les individus ? Et quel bilan pouvons-nous tirer de cette période de confinement, du point de vue des relations humaines ? Michel Maffesoli nous livre son verdict.

MAFFESOLI_LMSI-f499c.jpgIl n’est pas question de dire que la crise sanitaire n’existe pas, nous sommes nombreux à avoir des amis qui s’en sont en allés, ou des proches qui sont atteints ! Mais nos regrets et notre tristesse ne doivent pas nous faire oublier qu’il est une crise de plus grande ampleur : crise civilisationnelle s’il en est !

On ne le redira jamais assez : « tout est symbole ». Il faut avoir la lucidité et le courage de dire, pour employer un vieux mot français, ce que « monstre » ce symbole. Fût-ce dans ses aspects monstrueux. En la matière et en paraphrasant ce que disaient en leur temps nos amis situationnistes, il convient donc d’établir un « véridique rapport » sur le libéral mondialisme !

Pourquoi les milliardaires sont-ils philanthropes ?

Puis-je le faire, tout d’abord, d’une manière anecdotique. Mais en rappelant qu’en son sens étymologique : « an-ekdotos », c’est ce qui n’est pas publié, ou ce que l’on ne veut pas rendre public. Mais qui, pour des esprits aigus, n’est pas sans importance ! On peut donc se poser cette question : pourquoi des milliardaires font-ils de la philanthropie ? Car, on le sait, il existe chez eux une étroite liaison entre leur morale et leur compte en banque.

Bill Gates, préoccupé par le « coronavirus », finance largement l’OMS. Sans oublier ses largesses pour bien le faire savoir. Ainsi en France, ce journal « de référence » qu’est Le Monde qui, oubliant sa légendaire déontologie, accepte, contre espèces sonnantes et trébuchantes, que le magnat en question publie un article pour expliquer ses généreuses préoccupations concernant le Covid-19.

Un tel fait est loin d’être isolé. Ceux qui détiennent le pouvoir économique, politique, journalistique sentant, pour reprendre le titre de George Orwell, leur « 1984 » menacé, tentent dans leur novlangue habituelle, de faire oublier que leur préoccupation est, tout simplement, le maintien du nouvel ordre mondial dont ils sont les protagonistes essentiels. Et, pour ce faire, ils surjouent, jusqu’à plus soif, la « panique » d’une pandémie galopante. Pour reprendre un terme de Heidegger (« Machenschaft »), ils pratiquent la manigance, la manipulation de la peur.

L’impéritie du pouvoir technocratique.

Il y avait, en effet, deux stratégies possibles :

  • celle du confinement a pour objectif la protection de chacun, en évitant le trop plein de contaminations entraînant une surcharge des services de réanimation accueillant les cas graves. Protection organisée par un État autoritaire et à l’aide de sanctions, une sorte de sécurité sanitaire obligatoire. Stratégie fondée sur les calculs statistiques et probabilistes des épidémiologistes. Selon l’adage moderne, n’est scientifique que ce qui est mesurable.
  • Autre stratégie, médicale celle-ci (la médecine est un savoir empirique, un art, pas une Science, en tout cas est fondée sur la clinique [expérience] et pas uniquement sur la mesure) : dépister, traiter, mettre en quarantaine les personnes contaminantes pour protéger les autres. Stratégie altruiste.

Une telle stratégie traduit la défiance généralisée du pouvoir, politiques et hauts fonctionnaires, envers le « peuple ».

Certes, l’impéritie d’un pouvoir technocratique et économiciste a privé sans doute la France des instruments nécessaires à cette stratégie médicale (tests, masques), certes l’organisation centralisée et étatique ne permet pas de telles stratégies essentiellement locales et diversifiées. Mais une telle stratégie traduit aussi la défiance généralisée du pouvoir, politiques et hauts fonctionnaires, envers le « peuple ». Protéger les gens fût-ce contre leur gré, au mépris des grandes valeurs fondant la socialité : l’accompagnement des mourants ; l’hommage aux morts ; les rassemblements religieux de divers ordres ; l’expression quotidienne de l’amitié, de l’affection. Le confinement est fondé sur la peur de chacun par rapport à chacun et la sortie du confinement va être encadrée par des règles de « distanciation sociale » fondées sur le soupçon et la peur.

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La stratégie de la peur.

Faire peur pour sauver un monde en décadence ! Faire peur afin d’éviter les soulèvements, dont on peut dire, sans jouer au prophète, qu’ils ne manquent pas (et surtout ne manqueront pas) de se multiplier un peu partout de par le monde. N’oublions pas qu’en France, le confinement a succédé à deux ans de révolte des Gilets jaunes suivies par les manifestions contre la technocratique et libérale réforme des retraites. On imagine la haine du « populo » qui anime nos élites ! Mais l’esprit de révolte est dans l’air du temps. Ortega y Gasset, dans La Révolte des masses parlait à ce propos d’un « impératif atmosphérique ». Cet impératif, de nos jours, c’est celui de la révolution, si on la comprend en son sens premier : revolvere, faire revenir ce que l’idéologie progressiste s’était employée à dépasser. Revenir à un « être-ensemble » traditionnel et enraciné.

C’est contre un tel impératif : le retour à un ordre des choses bien plus naturel, que les diverses élites s’emploient à attiser la peur, et ce pour faire faire perdurer les valeurs sociales qui furent celles des « temps modernes ». Pour le dire succinctement, émergence d’un individualisme épistémologique et ce grâce à un rationalisme généralisé au motif d’un progressisme salvateur.

Ce sont, en effet, ces valeurs qui engendrèrent ce que mon regretté ami Jean Baudrillard a appelé la « société de consommation », cause et effet de l’universalisme propre à la philosophie des Lumières (XVIIIe siècle) dont la « mondialisation » est la résultante achevée. Le tout culminant dans une société parfaite, on pourrait dire « trans-humaniste », où le mal, la maladie, la mort et autres « dysfonctionnements » auraient été dépassés.

Le scientisme.

Voilà bien ce qu’une maladie saisonnière érigée en pandémie mondiale s’emploie à masquer. Mais il est certain que les hypothèses, analyses, pronostics, etc., sur le « monde d’après » signifient bien que ce qui est en cours est un véritable changement de paradigme que l’aveuglement des élites au pouvoir n’arrive pas à occulter. En effet, les mensonges, vains discours et sophismes ont de moins en moins de prise. « Le roi est nu », et cela commence de plus en plus à se dire. Devant ce qui est évident : la faillite d’un monde désuet, les évidences théoriques des élites ne font plus recette.

Devant cette méfiance grandissante, ce « on » indéfini caractérisant la Caste au pouvoir agite le paravent scientifique, peut-être vaudrait-il mieux dire, pour reprendre le terme d’Orwell, elle va utiliser la novlangue scientiste.

Revêtant l’habit de la science, et mimant les scientifiques, le « scientisme » est en fait la forme contemporaine de la croyance béate propre au dogmatisme religieux. Les esprits fumeux ayant le monopole du discours public sont, en effet, les croyants dogmatiques du mythe du Progrès, de la nécessité de la mondialisation, de la prévalence de l’économie et autres incantations de la même eau.

Devant cette méfiance grandissante, ce « on » indéfini caractérisant la Caste au pouvoir agite le paravent scientifique. Il s’agit là d’un positivisme étriqué qui, comme le rappelle Charles Péguy, n’est qu’une réduction médiocre du grand « positivisme mystique » d’Auguste Comte. La conséquence de ce positivisme étriqué est le matérialisme sans horizon qui fut la marque par excellence de la modernité. Matérialisme brutal que n’arrivent pas à masquer les discours grandiloquents, doucereux, empathiques ou tout simplement frivoles propres au pouvoir politique et aux « médias mainstream » (véritable Ministère de la Propagande) lui servant la soupe.

C’est parce qu’il n’est pas enraciné dans l’expérience collective que le « scientiste » se reconnaît à la succession de mensonges proférés à tout venant. L’exemple des sincérités successives à propos des masques ou des tests, est, à cet égard, exemplaire. Mais ces mensonges soi-disant scientifiques sont aux antipodes de ce qu’est une science authentique.

Souvenons-nous, ici, de la conception d’Aristote. Avoir la science d’une chose, c’est en avoir une connaissance assurée. C’est-à-dire qui consiste à montrer en quoi cette chose est ainsi et pas autrement. C’est bien ce qu’oublie le « scientisme » dont se parent les élites politiques et divers experts médiatiques qui transforment la crise sanitaire en véritable fantasme. Et ce afin de « tenir » le peuple et de conforter sa soumission.

Le peuple-enfant.

Ce faisant, ce « on » anonyme qu’est le Big Brother étatique ne sert pas la science. Il se sert de la science pour des objectifs politiques ou économiques : maintien du consumérisme, adoration du « veau d’or du matérialisme », perdurance de l’économicisme propre à la modernité. C’est cela que profèrent, ad nauseam, ceux que L. F. Céline nommait, bellement, les « rabâcheurs d’étronimes sottises » ; chargés de reformater n’importe quel « quidam » en lui servant, à tout propos, la soupe de la bien-pensance[1]. Et ce afin de le maintenir dans une « réification » objectale qui est l’enjeu de la crise sanitaire devenue un fantasme de plus en plus envahissant. Car pour reprendre l’image du Big Brother et du psittacisme dominant, il s’agit bien d’infantiliser le peuple. Répéter, mécaniquement, des mots vides de sens, que même ceux qui les emploient ne comprennent pas, ou de travers.

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Considérer le peuple comme un enfant incapable de prendre les bonnes décisions, incapable de juger ou de discerner ce qui est bon pour lui et pour la collectivité, voilà bien l’essence même de la « populophobie » caractérisant les élites en faillite.

En faillite, car une élite est légitime lorsqu’elle est greffée sur la sagesse populaire. C’est ce qu’exprime l’adage : « omnis auctoritas ad populo ». Et parler, à tire larigot, de « populisme » est le signe que la greffe n’a pas pris, ou n’existe plus. En oubliant ce que j’ai, en son temps, nommé la « centralité souterraine », propre à la puissance du peuple, on ne peut plus saisir la poussée intérieure de la sève vitale. Ce qui est l’authentique science : avoir une connaissance essentielle de la substantielle réalité, celle de la vie quotidienne.

Les technocrates.

Voilà ce que sont incapables de faire les faux savants et les vrais sophistes qui dénaturent la raison authentique, celle s’appuyant sur le sensible, c’est-à-dire sur ce qui est Réel. Parler de populisme, c’est ne rien saisir de la bonhomie du peuple, ne rien comprendre à sa « popularité ».

Le signe le plus évident de cette déconnexion, c’est lorsqu’on entend l’actuel locataire de l’Élysée parler avec condescendance des manifestations, par exemple celles du Premier Mai, comme étant le fait de « chamailleurs » qu’il faut bien tolérer. Étant entendu, sous-entendu, que ces chamailleries ne doivent en rien perturber le travail sérieux et rationnel de la technocratie au pouvoir. Voilà ce que sont incapables de faire les faux savants et les vrais sophistes qui dénaturent la raison authentique, celle s’appuyant sur le sensible.

Technocratie incapable d’être attentive à la voix de l’instinct. Voix de la mémoire collective, amoncelée depuis on ne sait plus quand, ni pourquoi. Mais mémoire immémoriale, celle de la société officieuse devant servir de fondement à l’éphémère société officielle, celle des pouvoirs.

Cette voix de l’instinct avait, de longue tradition, guidé la recherche de l’Absolu. Et ce de quelque nom que l’on pare celui-ci. L’incarnation de l’absolu étant ce que l’on peut appeler, après mon maître Gilbert Durand, une « structure anthropologique » essentielle. Et c’est cette recherche que la modernité s’est employée à dénier en la vulgarisant, la « profanisant » en un mythe du Progrès au rationalisme morbide et au matérialisme on ne peut plus étroit. D’où sont sortis le consumérisme et le mondialisme libéral.

La socialité ordinaire.

71iVgJ7Hy+L._AC_SX522_.jpgAuguste Comte, pour caractériser l’état de la société propre aux Temps modernes disait judicieusement reductio ad unum. L’un de l’Universalisme, l’un du Progressisme, l’un du Rationalisme, de l’Économicisme, du Consumérisme etc. C’est bien contre cette unité abstraite que la colère gronde, que la méfiance s’accroit. Et c’est bien parce qu’elle pressent que des soulèvements ne vont pas tarder à se manifester que la Caste au pouvoir, celle des politiques et de leurs perroquets médiatiques, s’emploie à susciter la peur, le refus du risque, la dénégation de la finitude humaine dont la mort est la forme achevée.

C’est pour essayer de freiner, voire de briser cette méfiance diffuse que l’élite en déshérence utilise jusqu’à la caricature les valeurs qui firent le succès de ce que j’appellerais le « bourgeoisisme moderne ». Autre manière de dire le libéral mondialisme.

Ce que le Big Brother nomme le « confinement » n’est rien d’autre que l’individualisme épistémologique qui, depuis la Réforme protestante fit le succès de l’« esprit du capitalisme » (Max Weber). « Gestes barrières », « distanciation sociale » et autres expressions de la même eau ne sont rien d’autre que ce que l’étroit moralisme du XIXe siècle nommait « le mur de la vie privée ». Ou encore chacun chez soi, chacun pour soi.

Pour le dire d’une manière plus soutenue, en empruntant ce terme à Stendhal, il s’agit là d’un pur « égotisme », forme exacerbée d’un égoïsme oubliant que ce qui fonde la vie sociale est un « être-ensemble » structurel. Socialité de base que la symbolique des balcons, en Italie, France ou Brésil, rappelle on ne peut mieux.

L’effervescence en gestation va rappeler, à bon escient, qu’un humanisme bien compris, c’est-à-dire un humanisme intégral, repose sur un lien fait de solidarité, de générosité et de partage. Voilà ce qui est l’incarnation de l’absolu dans la vie courante. On ne peut plus être, simplement, enfermé dans la forteresse de son « chez soi ». On n’existe qu’avec l’autre, que par l’autre. Altérité que l’injonction du confinement ne manque pas d’oublier.

La mascarade des masques.

Amusons-nous avec une autre caricature : la mascarade des masques. Souvenons-nous que tout comme la Réforme protestante fut un des fondements de la modernité sous l’aspect religieux, Descartes le fut sous la dimension philosophique. Qu’ils en soient ou non conscients, c’est bien sous son égide que les tenants du progressisme développent leurs théories de l’émancipation, leurs diverses transgressions des limites et autres thématiques de la libération.

Descartes donc, par prudence, annonçait qu’il avançait masqué (« larvato prodeo »). Mais ce qui n’était qu’une élégante boutade devient une impérative injonction grâce à laquelle l’élite pense conforter son pouvoir. Resucée de l’antique, et souvent délétère, theatrum mundi !

On ne dira jamais assez que la dégénérescence de la cité est corrélative de la « théâtrocratie ». Qui est le propre de ceux que Platon nomme dans le mythe de la Caverne, « les montreurs de marionnettes » (République, VII). Ce sont les maîtres de la parole, faisant voir des merveilles aux prisonniers enchaînés au fond d’une caverne. La merveille de nos jours ce sera la fin d’une épidémie si l’on sait respecter la pantomime généralisée : avancer masqué. Le spectaculaire généralisé.

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N’est-ce point cela que Guy Debord annonçait lorsqu’après la « Société du spectacle » (1967) dans un commentaire ultérieur, il parlait du « spectacle intégré ». Sa thèse, connue ? comprise ? c’est l’aliénation, c’est-à-dire devenir étranger à soi-même à partir du consumérisme et ce grâce au spectacle généralisé. Ce qui aboutit à la généralisation du mensonge : le vrai est un moment du faux.

Dans la théâtralité de la Caste politique, cela ne vous rappelle-t-il rien ? Le faux se présente masqué, comme étant un bien. Ce que Jean Baudrillard nommait le « simulacre » (1981) : masque du réel, ce qui masque la profonde réalité du Réel. Ce que Joseph de Maistre nommait la « réité » !

Comme ce que fut la série américaine « Holocauste », le masque consiste à susciter des frissons dissuasifs (de nos jours, la peur de l’épidémie, voire de la pandémie) comme « bonne conscience de la catastrophe ». En la matière, implosion de l’économicisme dominant où la valeur d’usage telle qu’Aristote l’analyse (Le Politique ch. III, par 11) est remplacée par la valeur d’échange.

C’est ce que les montreurs de marionnettes, inconsciemment (ils sont tellement incultes) promeuvent. Le masque, symbole d’une apparence, ici de la protection, ne renvoyant à aucune « réité », mais se présentant comme la réalité elle-même.

La finitude humaine.

Pour donner une référence entre Platon et Baudrillard, n’est-ce pas cela le « divertissement » de Pascal ? Cette recherche des biens matériels, l’appétence pour les activités futiles, le faire savoir plutôt qu’un savoir authentique, toutes choses qui, éléments de langage aidant, constituent l’essentiel du discours politique et des rabacheries médiatiques. Toutes choses puant le mensonge à plein nez, et essayant de masquer que ce qui fait la grandeur de l’espèce humaine, c’est la reconnaissance et l’acceptation de la mort.

Car pour le Big Brother le « crime-pensée » par excellence est bien la reconnaissance de la finitude humaine. De ce point de vue, le confinement et la mascarade généralisée sont, dans la droite ligne du véritable danger de toute société humaine : l’aseptie de la vie sociale. Protection généralisée, évacuation totale des maladies transmissibles, lutte constante contre les germes pathogènes.

Cette « pasteurisation » est, à bien des égards, tout à fait louable. C’est quand elle devient une idéologie technocratique qu’elle ne manque pas d’être elle-même pathogène. Très précisément en ce qu’elle nie ou dénie cette structure essentielle de l’existence humaine, la finitude. Ce que résume Heidegger en rappelant que « l’être est vers la mort » (Sein zum Tode). À l’opposé de la mort écartée, la mort doit être assumée, ritualisée, voire homéopathisée. Ce que dans sa sagesse la tradition catholique avait fort bien cristallisé en rendant un culte à « Notre Dame de la bonne Mort ».

Une communion nécessaire.

Si l’on comprend bien que, dans les cas de soins donnés à des personnes contagieuses, les soignants observent toutes les règles d’hygiène, masque, distanciation et protections diverses, ces mêmes règles appliquées urbi et orbi à des personnes soupçonnées a priori d’être contaminantes ne peuvent qu’être vécues comme un déni de l’animalité de l’espèce humaine. Réduire tous les contacts, tous les échanges aux seules paroles, voire aux paroles étouffées par un masque, c’est en quelque sorte renoncer à l’usage des sens, au partage des sens, à la socialité reposant sur le fait d’être en contact, de toucher l’autre : embrassades, câlins et autres formes de tactilité. Et refuser l’animalité expose au risque de bestialité : les diverses violences intra-familiales ponctuant le confinement comme les délations diverses en sont un témoignage probant.

Le confinement comme négation de l’être-ensemble, la mascarade comme forme paroxystique de la théâtralité, tout cela tente, pour assurer la perdurance du pouvoir économiciste et politique, de faire oublier le sens de la limite et de l’indépassable fragilité de l’humain. En bref l’acceptation de ce que Miguel de Unamuno nommait le « sentiment tragique de l’existence ».

C’est ce sentiment qui assure, sur la longue durée, la perdurance du lien social. C’est cela même qui est le fondement de la bonhomie populaire : solidarité, entraide, partage, que la suradministration propre à la technocratie est incapable de comprendre. C’est ce sentiment, également, qui au-delà de l’idéologie progressiste, dont l’aspect dévastateur est de plus en plus évident, tend à privilégier une démarche « progressive ». Celle de l’enracinement, du localisme, de l’espace que l’on partage avec d’autres. Sagesse écosophique. Sagesse attentive à l’importance des limites acceptées et sereinement vécues. C’est tout cela qui permet de comprendre la mystérieuse communion issue des épreuves non pas déniées, mais partagées. Elle traduit la fécondité spirituelle, l’exigence spirituelle propres aux jeunes générations. Ce qu’exprime cette image de Huysmans : « coalition de cervelles, d’une fonte d’âmes » !

C’est bien cette communion, qui, parfois s’exprime sous forme paroxystique. Les soulèvements passés ou à venir en sont l’expression achevée. À ces moments-là, le mensonge ne fait plus recette. Qui plus est, il se retourne contre ceux qui le profèrent. N’est-ce point cela que relève Boccace dans le Decameron : « Le trompeur est bien souvent à la merci de celui qu’il a trompé. » Acceptons-en l’augure.

A paraître le 20 mai :

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