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samedi, 31 juillet 2021

Se libérer de la peur - Entretien avec Michele Putrino

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Se libérer de la peur

Costantino Ceoldo

Ex: https://www.geopolitica.ru/it/article/liberi-dalla-paura

Un mot qui est devenu trop familier dans notre vocabulaire quotidien au cours de ces deux dernières années est "peur". Peur de vivre, peur de mourir, peur de mourir douloureusement et seul, loin de tout et isolé de tous, avec peut-être seulement un chat ou un chien débile pour vous tenir compagnie.

Il y a cependant un autre mot qui va bien avec "peur", c'est "hystérie". L'hystérie, qu'elle soit naturelle ou artificiellement induite par les médias et les gouvernements à des fins qui ne sont jamais honorables, transforme la peur en quelque chose d'hyper-paralysant, de sorte que la personne malheureuse qui fait l'expérience des deux peut littéralement mourir sur place.

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Il est arrivé, par exemple, comme l'ont rapporté les journaux, qu'au cours de l'épidémie de Covid non conclue, une banale et très soignable rage de dents se transforme en une occasion de mort certaine parce que la personne n'a pas eu le courage de sortir de chez elle pour aller chez le dentiste.

La peur de mourir du Covid a fait qu'ils sont morts d'infection, barricadés derrière les murs de ce qu'ils considéraient comme une forteresse inviolable.  La peur d'une maladie qu'ils n'auraient très probablement pas contractée, ou qu'ils auraient contractée sous une forme curable même sans l'intervention de la médecine, était la cause de la mort que ces malheureux essayaient d'éviter à tout prix.

En général, la peur a toujours été l'arme favorite de tous ceux qui veulent nous priver de quelque chose de noble et de fondamental.

Qu'il s'agisse de tyrans qui tiennent des nations entières sous leur emprise ou de brutes qui agissent uniquement sur les relations interpersonnelles, la peur accompagne la promesse de souffrances pour ceux qui ne se plient pas à la volonté des brutes.

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Une coercition écrasante, qui peut même sembler raisonnable et justifiée sur un plan purement théorique (empêcher une "terrible" propagation de contagions...) mais qui, en fin de compte, révèle toujours davantage, au fil dessemaines qui passent, son visage le plus vrai et le plus macabre.

Comment pouvons-nous résister à la peur et préserver notre précieuse liberté, notre précieuse individualité ?

L'Italien Michele Putrino poursuit une tentative singulière : faire revivre les enseignements de l'ancienne école du stoïcisme, afin d'offrir, à ceux qui peuvent et veulent comprendre, une alternative à la peur et à l'hystérie.

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Entretien avec Michele Putrino

Dans votre livre "Manuel de résistance au pouvoir" [1] vous parlez de la "Megamachine". Qu'est-ce que c'est ?  Pourquoi devrions-nous être en mesure de nous y opposer ?

La Mégamachine n'est rien d'autre que notre société tout entière, qui avance de manière mécanique, par le truchement de la technologie, de la bureaucratie et, surtout, par le fait que l'homme vit aujourd'hui dans des réalités imaginaires. Des réalités qui n'existent que dans sa tête et qui, pour cette raison même, peuvent être facilement manipulées, amenant l'homme là où il veut aller, comme on le fait avec des marionnettes. La Mégamachine continuera donc à nous avoir en son pouvoir tant que nous continuerons à confondre l'irréel avec le monde réel. Quelle est donc la solution ? En théorie, c'est simple, mais en pratique, c'est très difficile à mettre en œuvre. Comme on peut le deviner, la solution théorique consiste à apprendre à accepter la réalité telle qu'elle est et à vivre selon ses règles mais, si l'on y réfléchit, il est très difficile de la mettre en pratique pour le commun des mortels, car très peu acceptent le côté dur et brut de la réalité : c'est pourquoi beaucoup d'hommes ont toujours continué à se réfugier dans le monde des illusions... Mais ceci - le fait qu'ils n'acceptent pas la réalité - est aussi ce qui les condamne à une vie de profond malaise et d'insignifiance.

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Mais ne sommes-nous pas en "démocratie" ? Dans un système ouvertement basé sur le dialogue, certaines pratiques ne sont-elles pas superflues ?

Je vais vous répondre sans détour : la "démocratie" n'existe tout simplement pas. Au contraire, pour être plus précis, il s'agit simplement d'un écran de fumée, d'un moyen élaboré pour ceux qui ne possèdent pas de véritables compétences de leadership d'accéder au pouvoir en manipulant les masses. Après tout, à l'ère de l'illusion, le pouvoir ne peut être atteint que par l'illusion. Mais cela ne doit pas nous scandaliser, car nous sommes tous - vous, moi, celui qui lit ceci, nous tous - à la recherche constante, consciemment ou inconsciemment, de notre propre affirmation, pour obtenir, donc, la possibilité de nous sentir "puissants". Et chacun le fait avec les moyens dont il dispose. Celui qui le nie n'est qu'un hypocrite qui, à son tour, essaie d'obtenir ce qu'il veut en faisant croire aux autres qu'il est un "être bon" et "inoffensif".

Donc, si je vous comprends bien, vous dites qu'un système de pouvoir existe à la fois au niveau macroscopique, celui de l'Etat, et au niveau microscopique, celui des relations interpersonnelles quotidiennes...

Le "système de pouvoir", tel que vous le définissez, est toujours présent, partout et en chacun. C'est parce que, tout simplement, nous suivons aussi les lois de la nature et donc, tout comme en physique, nous suivons aussi la logique des forces vectorielles, c'est-à-dire la logique selon laquelle une force, par nature, cherche à s'imposer à d'autres forces et que, pour ce faire, elle s'allie souvent à d'autres forces et ainsi de suite.

L'homme est en effet un animal social et entre en relation avec les autres sur la base d'espoirs, de craintes et d'attentes de toutes sortes. Quelle est donc cette "peur" dont nous devons nous débarrasser ?

La peur dont nous devons nous débarrasser, comme je l'ai expliqué dans mon livre "Libérer de la peur" [2], est celle qui n'existe que dans nos têtes, une peur qui ne peut exister que parce que la plupart des gens vivent dans un monde fictif, irréel, que chaque homme a créé et nourri de ses propres mains.

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L'humanité s'est toujours demandée comment résister aux difficultés de la vie. Pourriez-vous nous rappeler brièvement ce qu'était le stoïcisme, dont vous parlez dans votre livre "Liberi dalla paura" ?

Le stoïcisme, le vrai, n'a rien à voir, ou presque, avec ce que l'on connaît communément sur le sujet. Le véritable stoïcisme repose sur un seul principe: apprendre à regarder la réalité en face pour ce qu'elle est vraiment, afin de vivre selon les règles de la nature. C'est le stoïcisme. Évidemment, au cours des siècles, divers penseurs ont proposé et essayé diverses approches à cette fin et, bien sûr, certaines de ces méthodes ont atteint le but tandis que d'autres étaient complètement erronées. Le problème est qu'à long terme, cette doctrine, surtout à l'ère chrétienne, a été instrumentalisée en confondant les moyens et les fins. Mais ce que les Anciens essayaient de faire avec le stoïcisme était, précisément, d'apprendre à regarder la réalité en face.

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Sénèque était peut-être le stoïcien par excellence. Mais comment appliquer ses enseignements dans la vie quotidienne ?

C'est une erreur très courante, qui consiste à considérer Sénèque comme "le stoïcien par excellence". Non seulement ce n'est pas du tout le cas mais, du point de vue de la finalité, il est le plus éloigné du véritable stoïcisme au point que, pour donner un exemple, ni Épictète ni l'empereur Marc Aurèle, quelques siècles plus tard, ne le citent jamais. Si Sénèque est devenu si célèbre pour nous, les modernes, c'est parce que le monde chrétien l'appréciait beaucoup, car sa vision, sur de nombreux aspects, lui ressemblait. Mais le véritable stoïcisme est, si vous voulez, l'exact opposé de la vision chrétienne du monde. Ce n'est pas un hasard, en effet, si presque tous les textes des anciens stoïciens ont été détruits : si l'on pense que l'école stoïcienne a été l'école philosophique la plus répandue dans le monde gréco-romain pendant plus de cinq cents ans ( !), l'énorme quantité de volumes qui ont disparu nous fait comprendre combien cette doctrine était, en fait, opposée à la doctrine chrétienne. Et, comme par hasard, les seuls volumes qui sont restés presque intacts sont ceux de Sénèque... Si vous voulez comprendre la véritable vision stoïcienne, il vaut mieux laisser Sénèque de côté (même si, bien sûr, il y a des passages intéressants).

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À l'ère des voyages dans l'espace (du moins pour les hyper-riches), des superordinateurs et d'Internet, dans un monde clos parce que les anciennes distances ont été raccourcies grâce à la technologie, ne vous semble-t-il pas que revenir au stoïcisme revient simplement à se tourner vers un passé anachronique et ennuyeux ?

On ne peut en arriver à penser car, je le répète, quand on parle du stoïcisme, on a toujours en tête une vision scolastique et chrétienne de cette doctrine. Voulez-vous vous plonger dans la vision que les Anciens avaient en suivant la véritable doctrine stoïcienne? Lisez Nietzsche. Ou, si nous voulons jouer avec des œuvres "pop" contemporaines, regardez Le Trône de fer. Vous semble-t-il qu'apprendre à regarder la réalité en face pour ce qu'elle est, même dans toute sa cruauté, en l'acceptant et en pratiquant les différents jeux de la force et du pouvoir et en se tenant toujours à l'écart de la compassion, puisse jamais être "anachronique et ennuyeux" ?

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N'existe-t-il pas déjà de nombreuses écoles qui enseignent "comment bien vivre" ? Pourquoi les gens, en ces temps modernes, devraient-ils être stoïciens ?

Le stoïcisme ne vous apprend pas à "bien vivre"; le stoïcisme vous apprend à ouvrir les yeux sur la réalité, aussi dure soit-elle, et à "jouer" selon ses dures règles. Sinon, on est toujours libre, bien sûr, de retourner à son espace de bulles de savon faites de rêves, d'imaginations et d'idéaux.

Notes:

[1] https://www.ibs.it/manuale-di-resistenza-al-potere-libro-michele-putrino/e/9788833800141


[2] https://www.ibs.it/liberi-dalla-paura-insegnamenti-di-libro-michele-putrino/e/9788833800868


Interview vidéo sur YouTube : https://youtu.be/Wxcgd4dWj4A

L'auteur italien Michele Putrino parle du stoïcisme et de la façon d'aborder la vie quotidienne à la lumière des enseignements de l'école stoïcienne. Son livre "Liberi dalla paura" est ici le complément naturel du précédent "Manuale di resistenza al potere", tous deux publiés par Uno Editori.

vendredi, 25 septembre 2020

Maffesoli: «Gérer la pandémie ou faire peur pour sauver l’ordre social»

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Maffesoli: «Gérer la pandémie ou faire peur pour sauver l’ordre social»

par Michel Maffesoli

Professeur émérite à la Sorbonne
Membre de l’Institut universitaire de France

Ex: https://lecourrierdesstrateges.fr

Il n’est pas question de dire que la crise sanitaire n’existe pas, nous sommes nombreux à avoir des amis qui se sont en allés, ou des proches qui sont atteints ! Mais nos regrets et notre tristesse ne doivent pas nous faire oublier qu’il est une crise de plus grande ampleur : crise civilisationnelle s’il en est !

On ne le redira jamais assez : « tout est symbole ». Il faut avoir la lucidité et le courage de dire, pour employer un vieux mot français, ce que « monstre » ce symbole. Fût-ce dans ses aspects monstrueux. En la matière et en paraphrasant ce que disaient en leur temps nos amis situationnistes, il convient donc d’établir un « véridique rapport » sur le libéral mondialisme !

Une interprétation libérale mondialiste de l’épidémie

Puis-je le faire, tout d’abord, d’une manière anecdotique. Mais en rappelant qu’en son sens étymologique : « an-ekdotos », c’est ce qui n’est pas publié, ou ce que l’on ne veut pas rendre public. Mais qui, pour des esprits aigus, n’est pas sans importance ! On peut donc se poser cette question : pourquoi des milliardaires font-ils de la philanthropie ? Car, on le sait, il existe chez eux une étroite liaison entre leur morale et leur compte en banque.

Bill Gates, préoccupé par le « coronavirus » finance, largement, l’OMS. Sans oublier ses largesses pour bien le faire savoir. Ainsi en France, ce journal « de référence » qu’est Le Monde qui, oubliant sa légendaire déontologie, accepte, contre espèces sonnantes et trébuchantes, que le magnat en question publie un article pour expliquer ses généreuses préoccupations concernant le covid-19.

Un tel fait est loin d’être isolé. Ceux qui détiennent le pouvoir économique, politique, journalistique sentant, pour reprendre le titre de Georg Orwell leur « 1984 » menacé , tentent dans leur nowlangue habituelle, de faire oublier que leur préoccupation est, tout simplement, le maintien du nouvel ordre mondial dont ils sont les protagonistes essentiels. Et pour ce faire, ils surjouent, jusqu’à plus soif, la « panique » d’une pandémie galopante. Pour reprendre un terme de Heidegger (« Machenschaft ») ils pratiquent la manigance, la manipulation de la peur.

Mais il est certain que les hypothèses, analyses, pronostics etc. sur « le monde d’après » signifient bien que ce qui est en cours est un véritable changement de paradigme que l’aveuglement des élites au pouvoir n’arrive pas à occulter.

Michel Maffesoli 

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Faire peur pour sauver un monde en décadence

Il y avait, en effet, deux stratégies possibles : celle du confinement a pour objectif la protection de chacun, en évitant le trop plein de contaminations entraînant une surcharge des services de réanimation accueillant les cas graves. Protection organisée par un Etat autoritaire et à l’aide de sanctions, une sorte de sécurité sanitaire obligatoire. Stratégie fondée sur les calculs statistiques et probabilistes des épidémiologistes. Selon l’adage moderne, n’est scientifique que ce qui est mesurable. Autre stratégie, médicale celle-ci (la médecine est un savoir empirique, un art, pas une Science, en tout cas est fondée sur la clinique (expérience) et pas uniquement sur la mesure) : dépister, traiter, mettre en quarantaine les personnes contaminantes pour protéger les autres. Stratégie altruiste.

Certes l’impéritie d’un pouvoir technocratique et économiciste a privé sans doute la France des instruments nécessaires à cette stratégie médicale (tests, masques), certes l’organisation centralisée et étatique ne permet pas de telles stratégies essentiellement locales et diversifiées. Mais une telle stratégie traduit aussi la défiance généralisée du pouvoir, politiques et hauts fonctionnaires, envers le « peuple ». Protéger les gens fût-ce contre leur gré, au mépris des grandes valeurs fondant la socialité : l’accompagnement des mourants ; l’hommage aux morts ; les rassemblements religieux de divers ordres ; l’expression quotidienne de l’amitié, de l’affection. Le confinement est fondé sur la peur de chacun par rapport à chacun et la sortie du confinement va être encadrée par des règles de « distanciation sociale » fondées sur le soupçon et la peur.

Faire peur pour sauver un monde en décadence ! Faire peur afin d’éviter les soulèvements, dont on peut dire, sans jouer au prophète, qu’ils ne manquent pas (et surtout ne manqueront pas) de se multiplier un peu partout de par le monde. N’oublions pas qu’en France, le confinement a succédé à deux ans de révolte des gilets jaunes suivies par les manifestions contre la technocratique et libérale réforme des retraites. On imagine la haine du « populo » qui anime nos élites ! Mais l’esprit de révolte est dans l’air du temps. Ortega y Gasset, dans La Révolte des masses parlait à ce propos d’un « impératif atmosphérique ». Cet impératif, de nos jours, c’est celui de la révolution, si on la comprend en son sens premier : revolvere, faire revenir ce que l’idéologie progressiste s’était employée à dépasser. Revenir à un « être-ensemble » traditionnel et enraciné.

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Ce que cache la maladie saisonnière appelée « coronavirus »

C’est contre un tel impératif : le retour à un ordre des choses bien plus naturel, que les diverses élites s’emploient à attiser la peur, et ce pour faire faire perdurer les valeurs sociales qui furent celles des « temps modernes ». Pour le dire succintement, émergence d’un individualisme épistémologique et ce grâce à un rationalisme généralisé au motif d’un progressisme salvateur.

Ce sont, en effet ces valeurs qui engendrèrent ce que mon regretté ami Jean Baudrillard a appelé la « société de consommation », cause et effet de l’universalisme propre à la philosophie des Lumières (XVIIIe siècle) dont la « mondialisation » est la résultante achevée. Le tout culminant dans une société parfaite, on pourrait dire « trans-humaniste », où le mal, la maladie, la mort et autres « dysfonctionnements » auraient été dépassés.

Voilà bien ce qu’une maladie saisonnière érigée en pandémie mondiale s’emploie à masquer. Mais il est certain que les hypothèses, analyses, pronostics etc. sur « le monde d’après » signifient bien que ce qui est en cours est un véritable changement de paradigme que l’aveuglement des élites au pouvoir n’arrive pas à occulter. En effet, les mensonges, vains discours et sophismes ont de moins en moins de prise. « Le roi est nu », et cela commence, de plus en plus à se dire. Devant ce qui est évident : la faillite d’un monde désuet, les évidences théoriques des élites ne font plus recette.

Cette « pasteurisation » est, à bien des égards, tout à fait louable. C’est quand elle devient une idéologie technocratique qu’elle ne manque pas d’être elle-même pathogène.

Michel Maffesoli 

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Au temps de la novlangue scientiste façon Orwell

Devant cette méfiance grandissante, ce « on » indéfini caractérisant la Caste au pouvoir agite le paravent scientifique, peut-être vaudrait-il mieux dire, pour reprendre le terme d’Orwell, elle va utiliser la nowlangue  scientiste.

Revêtant l’habit de la science, et mimant les scientifiques, le « scientisme » est en fait la forme contemporaine de la croyance béate propre au dogmatisme religieux. Les esprits fumeux ayant le monopole du discours public sont, en effet, les croyants dogmatiques du mythe du Progrès, de la nécessité de la mondialisation, de la prévalence de l’économie et autres incantations de la même eau.

Il s’agit là d’un positivisme étriqué qui, comme le rappelle Charles Péguy n’est qu’une réduction médiocre du grand « positivisme mystique » d’Auguste Comte. La conséquence de ce positivisme étriqué est le matérialisme sans horizon qui fut la marque par excellence de la modernité. Matérialisme brutal que n’arrivent pas à masquer les discours grandiloquents, doucereux, empathiques ou tout simplement frivoles propres au pouvoir politique et aux « média main-stream » (véritable Ministère de la Propagande) lui servant la soupe.

C’est parce qu’il n’est pas enraciné dans l’expérience collective que le « scientiste » se reconnaît à la succession de mensonges proférés à tout venant. L’exemple des sincérités successives à propos des masques ou des test, est, à cet égard, exemplaire. Mais ces mensonges soit disant scientifiques sont aux antipodes de ce qu’est une science authentique.

Souvenons-nous, ici, de la conception d’Aristote. Avoir la science d’une chose, c’est en avoir une connaissance assurée. C’est-à-dire qui consiste à montrer en quoi cette chose est ainsi et pas autrement. C’est bien ce qu’oublie le « scientisme » dont se parent les élites politiques et divers experts médiatiques qui transforment la crise sanitaire en véritable fantasme. Et ce afin de « tenir » le peuple et de conforter sa soumission.

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Ce que cache la populophobie des élites

Ce faisant ce « on » anonyme qu’est le Big Brother étatique, ne sert pas la science. Il se sert de la science pour des objectifs politiques ou économiques : maintien du consumérisme, adoration du « veau d’or du matérialisme », perdurance de l’économicisme propre à la modernité. C’est cela que profèrent, ad nauseam, ceux que L. F. Céline nommait, bellement, les « rabâcheurs d’étronimes sottises » ; chargés de reformater n’importe quel « quidam » en lui servant, à tout propos, la soupe de la bien pensance. Et ce afin de le maintenir dans une « réification » objectale qui est l’enjeu de la crise sanitaire devenue un fantasme de plus en plus envahissant. Car pour reprendre l’image du Big Brother et du psitacisme dominant, il s’agit bien d’infantiliser le peuple. Répéter, mécaniquement, des mots vides de sens, que même ceux qui les emploient ne comprennent pas, ou de travers.

Considérer le peuple comme un enfant incapable de prendre les bonnes décisions, incapable de juger ou de discerner ce qui est bon pour lui et pour la collectivité, voilà bien l’essence même de la « populophobie » caractérisant les élites en faillite.

En faillite, car une élite est légitime lorsqu’elle est greffée sur la sagesse populaire. C’est ce qu’exprime l’adage : «omnis auctoritas ad populo ». Et parler, à tire larigot, de « populisme » est le signe que la greffe n’a pas pris, ou n’existe plus. En oubliant ce que j’ai, en son temps, nommé la « centralité souterraine », propre à la puissance du peuple, on ne peut plus saisir la poussée intérieure de la sève vitale. Ce qui est l’authentique science : avoir une connaissance essentielle de la substantielle réalité, celle de la vie quotidienne.

Voilà ce que sont incapables de faire les faux savants et les vrais sophistes qui dénaturent la raison authentique, celle s’appuyant sur le sensible, c’est-à-dire sur ce qui est Réel. Parler de populisme, c’est ne rien saisir de la bonhomie du peuple, ne rien comprendre à sa « popularité ».

C’est cela même qui est le fondement de la bonhomie populaire : solidarité, entraide, partage, que la suradministration propre à la technocratie est incapable de comprendre.

Michel Maffesoli 

Macron, voix du bourgeoisisme moderne, du libéral mondialisme

Le signe le plus évident de cette déconnexion c’est lorsqu’on entend l’actuel locataire de l’Élysée parler avec condescendance des manifestations, par exemple celles du Premier Mai, comme étant le fait de « chamailleurs » qu’il faut bien tolérer. Étant entendu, sous-entendu, que ces chamailleries ne doivent en rien perturber le travail sérieux et rationnel de la technocratie au pouvoir. Technocratie incapable d’être attentive à la voix de l’instinct. Voix de la mémoire collective, amoncelée depuis on ne sait plus quand, ni pourquoi. Mais mémoire immémoriale, celle de la société officieuse devant servir de fondement à l’éphémère société officielle, celle des pouvoirs.

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Cette voix de l’instinct avait, de longue tradition, guidé la recherche de l’Absolu. Et ce de quelque nom que l’on pare celui-ci. L’incarnation de l’absolu étant ce que l’on peut appeler, après mon maître Gilbert Durand, une « structure anthropologique » essentielle. Et c’est cette recherche que la modernité s’est employée à dénier en la vulgarisant, la « profanisant » en un mythe du Progrès au rationalisme morbide et au matérialisme on ne peut plus étroit. D’où sont sortis le consumérisme et le mondialisme libéral.

Auguste Comte, pour caractériser l’état de la société propre aux Temps modernes disait judicieusement, reductio ad unum. L’un de l’Universalisme, l’un du Progressisme, l’un du Rationalisme, de l’Économicisme, du Consumérisme etc. C’est bien contre cette unité abstraite que la colère gronde, que la méfiance s’accroit. Et c’est bien parce qu’elle pressent que des soulèvements ne vont pas tarder à se manifester que la Caste au pouvoir, celle des politiques et de leurs perroquets médiatiques, s’emploie à susciter la peur, le refus du risque, la dénégation de la finitude humaine dont la mort est la forme achevée.

C’est pour essayer de freiner, voire de briser cette méfiance diffuse que l’élite en déshérence utilise jusqu’à la caricature les valeurs qui firent le succès de ce que j’appellerais le « bourgeoisisme moderne ». Autre manière de dire le libéral mondialisme.

Individidualisme du confinement contre humanisme intégral

Ce que le Big Brother nomme le « confinement » n’est rien d’autre que l’individualisme épistémologique qui depuis la Réforme protestante fit le succès de « l’esprit du capitalisme »(Max Weber). « Gestes barrières », « distanciation sociale » et autres expressions de la même eau, ne sont rien d’autre que ce que l’étroit moralisme du XIXème siècle nommait « le mur de la vie privée ». Ou encore chacun chez soi, chacun pour soi.

Pour le dire d’une manière plus soutenue, en empruntant ce terme à Stendhal, il s’agit là d’un pur « égotisme », forme exacerbée d’un égoïsme oubliant que ce qui fonde la vie sociale est un « être-ensemble » structurel. Socialité de base que la symbolique des balcons, en Italie, France ou Brésil, rappelle on ne peut mieux.

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L’effervescence en gestation va rappeler, à bon escient, qu’un humanisme bien compris, c’est-à-dire un humanisme intégral repose sur un lien fait de solidarité, de générosité et de partage. Voilà ce qui est l’incarnation de l’absolu dans la vie courante. On ne peut plus être, simplement, enfermé dans la forteresse de son « chez soi ». On n’existe qu’avec l’autre, que par l’autre. Altérité que l’injonction du confinement ne manque pas d’oublier.

Mascarade des masques et théâtrocratie

Amusons-nous avec une autre caricature : la mascarade des masques.

Souvenons-nous que tout comme la Réforme protestante fut un des fondements de la modernité sous l’aspect religieux, Descartes le fut sous la dimension philosophique. Qu’ils en soient ou non conscients, c’est bien sous son égide que les tenants du progressisme développent leurs théories de l’émancipation, leurs diverses transgressions des limites et autres thématiques de la libération.

Descartes donc, par prudence, annonçait qu’il avançait masqué (« larvato prodeo »). Mais ce qui n’était qu’une élégante boutade devient une impérative injonction grâce à laquelle l’élite pense conforter son pouvoir. Resucée de l’antique, et souvent délétère, theatrum mundi  !

On ne dira jamais assez que la dégénérescence de la cité est corrélative de la « théâtrocratie ». Qui est le propre de ceux que Platon nomme dans le mythe de la Caverne, « les montreurs de marionnettes » (République, VII). Ce sont les maîtres de la parole, faisant voir des merveilles aux prisonniers enchaînés au fond d’une caverne. La merveille de nos jours ce sera la fin d’une épidémie si l’on sait respecter la pantomime généralisée : avancer masqué. Le spectaculaire généralisé. N’est-ce point cela que Guy Debord annonçait lorsqu’après la « Société du spectacle » (1967) dans un commentaire ultérieur, il parlait du « spectacle intégré ». Sa thèse, connue ? comprise ? c’est l’aliénation, c’est-à-dire devenir étranger à soi-même à partir du consumérisme et ce grâce au spectacle généralisé. Ce qui aboutit à la généralisation du mensonge : le vrai est un moment du faux.

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Le simulacre de la Caste, le divertissement du masque

Dans la théâtralité de la Caste politique, cela ne vous rappelle-t-il rien ? Le faux se présente masqué, comme étant un bien. Ce que Jean Baudrillard nommait le « simulacre » (1981) : masque du réel, ce qui masque la profonde réalité du Réel. Ce que Joseph de Maistre nommait la « réité » !

Comme ce que fut la série américaine « Holocauste », le masque consiste à susciter des frissons dissuasifs, (de nos jours la peur de l’épidémie, voire de la pandémie) comme « bonne conscience de la catastrophe ». En la matière implosion de l’économicisme dominant où la valeur d’usage telle qu’Aristote l’analyse, (Le Politique ch. III, par 11) est remplacée par la valeur d’échange.

C’est ce que les montreurs de marionnettes, inconsciemment (ils sont tellement incultes) promeuvent. Le masque, symbole d’une apparence, ici de la protection, ne renvoyant à aucune « réité », mais se présentant comme la réalité elle-même.

Pour donner une référence entre Platon et Baudrillard, n’est-ce pas cela le « divertissement » de Pascal ? Cette recherche des biens matériels, l’appétence pour les activités futiles, le faire savoir plutôt qu’un savoir authentique, toutes choses qui, éléments de langage aidant, constituent l’essentiel du discours politique et des rabacheries médiatiques. Toutes choses puant le mensonge à plein nez, et essayant de masquer que ce qui fait la grandeur de l’espèce humaine, c’est la reconnaissance et l’acceptation de la mort.

L’idéologie de la pasteurisation sociale triomphe pour préserver les élites

Car pour le Big Brother, le « crime-pensée » par excellence est bien la reconnaissance de la finitude humaine. De ce point de vue, le confinement et la mascarade généralisée sont, dans la droite ligne du véritable danger de toute société humaine : l’aseptie de la vie sociale. Protection généralisée, évacuation totale des maladies transmissibles, lutte constante contre les germes pathogènes.

Cette « pasteurisation » est, à bien des égards, tout à fait louable. C’est quand elle devient une idéologie technocratique qu’elle ne manque pas d’être elle-même pathogène. Très précisément en ce qu’elle nie ou dénie cette structure essentielle de l’existence humaine, la finitude. Ce que résume Heidegger en rappelant que « l’être est vers la mort » (Sein zum Tode). À l’opposé de la mort écartée, la mort doit être assumée, ritualisée, voire homéopathisée. Ce que dans sa sagesse la tradition catholique avait fort bien cristallisé en rendant un culte à « Notre Dame de la bonne Mort ».

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Si l’on comprend bien que dans les cas de soins donnés à des personnes contagieuses, les soignants observent toutes les règles d’hygiène, masque, distanciation et protections diverses, ces mêmes règles appliquées urbi et orbi, à des personnes soupçonnées a priori d’être contaminantes ne peuvent qu’être vécues comme un déni de l’animalité de l’espèce humaine. Réduire tous les contacts, tous les échanges aux seules paroles, voire aux paroles étouffées par un masque, c’est en quelque sorte renoncer à l’usage des sens, au partage des sens, à la socialité reposant sur le fait d’être en contact, de toucher l’autre : embrassades, calins et autres formes de tactilité . Et refuser l’animalité expose au risque de bestialité : les diverses violences intra-familiales ponctuant le confinement comme les délations diverses en sont un témoignage probant.

Le confinement comme négation de l’être-ensemble, la mascarade comme forme paroxystique de la théâtralité, tout cela tente, pour assurer la perdurance du pouvoir économiciste et politique, de faire oublier le sens de la limite et de l’indépassable fragilité de l’humain. En bref l’acceptation de ce que Miguel de Unanumo nommait le « sentiment tragique de l’existence ».

Face au triomphe final de la bonhomie populaire : la sagesse écosophique

C’est ce sentiment qui assure, sur la longue durée la perdurance du lien social. C’est cela même qui est le fondement de la bonhomie populaire : solidarité, entraide, partage, que la suradministration propre à la technocratie est incapable de comprendre. C’est ce sentiment, également, qui au-delà de l’idéologie progressiste, dont l’aspect dévastateur est de plus en plus évident tend à privilégier une démarche « progressive ». Celle de l’enracinement, du localisme, de l’espace que l’on partage avec d’autres. Sagesse écosophique. Sagesse attentive à l’importance des limites acceptées et sereinement vécues. C’est tout cela qui permet de comprendre la mystérieuse communion issue des épreuves non pas déniées, mais partagées. Elle traduit la fécondité spirituelle, l’exigence spirituelle propres aux jeunes générations. Ce qu’exprime cette image de Huysmans : « coalition de cervelles, d’une fonte d’âmes » !

C’est bien cette communion, qui, parfois s’exprime sous forme paroxystique. Les soulèvements passés ou à venir en sont l’expression achevée. À ces moments là le mensonge ne fait plus recette. Qui plus est, il se retourne contre ceux qui le profèrent. N’est-ce point cela que relève Boccace dans le Decameron : « Le trompeur est bien souvent à la merci de celui qu’il a trompé. » Acceptons-en l’augure.

jeudi, 14 mai 2020

Michel Maffesoli: « La stratégie de la peur »

Par Michel Maffesoli

Ex: https://liguedumidi.com

Depuis des mois, nous vivons dans la peur. Mais la crise sanitaire justifiait-elle que les contacts sociaux soient à ce point étouffés entre les individus ? Et quel bilan pouvons-nous tirer de cette période de confinement, du point de vue des relations humaines ? Michel Maffesoli nous livre son verdict.

MAFFESOLI_LMSI-f499c.jpgIl n’est pas question de dire que la crise sanitaire n’existe pas, nous sommes nombreux à avoir des amis qui s’en sont en allés, ou des proches qui sont atteints ! Mais nos regrets et notre tristesse ne doivent pas nous faire oublier qu’il est une crise de plus grande ampleur : crise civilisationnelle s’il en est !

On ne le redira jamais assez : « tout est symbole ». Il faut avoir la lucidité et le courage de dire, pour employer un vieux mot français, ce que « monstre » ce symbole. Fût-ce dans ses aspects monstrueux. En la matière et en paraphrasant ce que disaient en leur temps nos amis situationnistes, il convient donc d’établir un « véridique rapport » sur le libéral mondialisme !

Pourquoi les milliardaires sont-ils philanthropes ?

Puis-je le faire, tout d’abord, d’une manière anecdotique. Mais en rappelant qu’en son sens étymologique : « an-ekdotos », c’est ce qui n’est pas publié, ou ce que l’on ne veut pas rendre public. Mais qui, pour des esprits aigus, n’est pas sans importance ! On peut donc se poser cette question : pourquoi des milliardaires font-ils de la philanthropie ? Car, on le sait, il existe chez eux une étroite liaison entre leur morale et leur compte en banque.

Bill Gates, préoccupé par le « coronavirus », finance largement l’OMS. Sans oublier ses largesses pour bien le faire savoir. Ainsi en France, ce journal « de référence » qu’est Le Monde qui, oubliant sa légendaire déontologie, accepte, contre espèces sonnantes et trébuchantes, que le magnat en question publie un article pour expliquer ses généreuses préoccupations concernant le Covid-19.

Un tel fait est loin d’être isolé. Ceux qui détiennent le pouvoir économique, politique, journalistique sentant, pour reprendre le titre de George Orwell, leur « 1984 » menacé, tentent dans leur novlangue habituelle, de faire oublier que leur préoccupation est, tout simplement, le maintien du nouvel ordre mondial dont ils sont les protagonistes essentiels. Et, pour ce faire, ils surjouent, jusqu’à plus soif, la « panique » d’une pandémie galopante. Pour reprendre un terme de Heidegger (« Machenschaft »), ils pratiquent la manigance, la manipulation de la peur.

L’impéritie du pouvoir technocratique.

Il y avait, en effet, deux stratégies possibles :

  • celle du confinement a pour objectif la protection de chacun, en évitant le trop plein de contaminations entraînant une surcharge des services de réanimation accueillant les cas graves. Protection organisée par un État autoritaire et à l’aide de sanctions, une sorte de sécurité sanitaire obligatoire. Stratégie fondée sur les calculs statistiques et probabilistes des épidémiologistes. Selon l’adage moderne, n’est scientifique que ce qui est mesurable.
  • Autre stratégie, médicale celle-ci (la médecine est un savoir empirique, un art, pas une Science, en tout cas est fondée sur la clinique [expérience] et pas uniquement sur la mesure) : dépister, traiter, mettre en quarantaine les personnes contaminantes pour protéger les autres. Stratégie altruiste.

Une telle stratégie traduit la défiance généralisée du pouvoir, politiques et hauts fonctionnaires, envers le « peuple ».

Certes, l’impéritie d’un pouvoir technocratique et économiciste a privé sans doute la France des instruments nécessaires à cette stratégie médicale (tests, masques), certes l’organisation centralisée et étatique ne permet pas de telles stratégies essentiellement locales et diversifiées. Mais une telle stratégie traduit aussi la défiance généralisée du pouvoir, politiques et hauts fonctionnaires, envers le « peuple ». Protéger les gens fût-ce contre leur gré, au mépris des grandes valeurs fondant la socialité : l’accompagnement des mourants ; l’hommage aux morts ; les rassemblements religieux de divers ordres ; l’expression quotidienne de l’amitié, de l’affection. Le confinement est fondé sur la peur de chacun par rapport à chacun et la sortie du confinement va être encadrée par des règles de « distanciation sociale » fondées sur le soupçon et la peur.

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La stratégie de la peur.

Faire peur pour sauver un monde en décadence ! Faire peur afin d’éviter les soulèvements, dont on peut dire, sans jouer au prophète, qu’ils ne manquent pas (et surtout ne manqueront pas) de se multiplier un peu partout de par le monde. N’oublions pas qu’en France, le confinement a succédé à deux ans de révolte des Gilets jaunes suivies par les manifestions contre la technocratique et libérale réforme des retraites. On imagine la haine du « populo » qui anime nos élites ! Mais l’esprit de révolte est dans l’air du temps. Ortega y Gasset, dans La Révolte des masses parlait à ce propos d’un « impératif atmosphérique ». Cet impératif, de nos jours, c’est celui de la révolution, si on la comprend en son sens premier : revolvere, faire revenir ce que l’idéologie progressiste s’était employée à dépasser. Revenir à un « être-ensemble » traditionnel et enraciné.

C’est contre un tel impératif : le retour à un ordre des choses bien plus naturel, que les diverses élites s’emploient à attiser la peur, et ce pour faire faire perdurer les valeurs sociales qui furent celles des « temps modernes ». Pour le dire succinctement, émergence d’un individualisme épistémologique et ce grâce à un rationalisme généralisé au motif d’un progressisme salvateur.

Ce sont, en effet, ces valeurs qui engendrèrent ce que mon regretté ami Jean Baudrillard a appelé la « société de consommation », cause et effet de l’universalisme propre à la philosophie des Lumières (XVIIIe siècle) dont la « mondialisation » est la résultante achevée. Le tout culminant dans une société parfaite, on pourrait dire « trans-humaniste », où le mal, la maladie, la mort et autres « dysfonctionnements » auraient été dépassés.

Le scientisme.

Voilà bien ce qu’une maladie saisonnière érigée en pandémie mondiale s’emploie à masquer. Mais il est certain que les hypothèses, analyses, pronostics, etc., sur le « monde d’après » signifient bien que ce qui est en cours est un véritable changement de paradigme que l’aveuglement des élites au pouvoir n’arrive pas à occulter. En effet, les mensonges, vains discours et sophismes ont de moins en moins de prise. « Le roi est nu », et cela commence de plus en plus à se dire. Devant ce qui est évident : la faillite d’un monde désuet, les évidences théoriques des élites ne font plus recette.

Devant cette méfiance grandissante, ce « on » indéfini caractérisant la Caste au pouvoir agite le paravent scientifique, peut-être vaudrait-il mieux dire, pour reprendre le terme d’Orwell, elle va utiliser la novlangue scientiste.

Revêtant l’habit de la science, et mimant les scientifiques, le « scientisme » est en fait la forme contemporaine de la croyance béate propre au dogmatisme religieux. Les esprits fumeux ayant le monopole du discours public sont, en effet, les croyants dogmatiques du mythe du Progrès, de la nécessité de la mondialisation, de la prévalence de l’économie et autres incantations de la même eau.

Devant cette méfiance grandissante, ce « on » indéfini caractérisant la Caste au pouvoir agite le paravent scientifique. Il s’agit là d’un positivisme étriqué qui, comme le rappelle Charles Péguy, n’est qu’une réduction médiocre du grand « positivisme mystique » d’Auguste Comte. La conséquence de ce positivisme étriqué est le matérialisme sans horizon qui fut la marque par excellence de la modernité. Matérialisme brutal que n’arrivent pas à masquer les discours grandiloquents, doucereux, empathiques ou tout simplement frivoles propres au pouvoir politique et aux « médias mainstream » (véritable Ministère de la Propagande) lui servant la soupe.

C’est parce qu’il n’est pas enraciné dans l’expérience collective que le « scientiste » se reconnaît à la succession de mensonges proférés à tout venant. L’exemple des sincérités successives à propos des masques ou des tests, est, à cet égard, exemplaire. Mais ces mensonges soi-disant scientifiques sont aux antipodes de ce qu’est une science authentique.

Souvenons-nous, ici, de la conception d’Aristote. Avoir la science d’une chose, c’est en avoir une connaissance assurée. C’est-à-dire qui consiste à montrer en quoi cette chose est ainsi et pas autrement. C’est bien ce qu’oublie le « scientisme » dont se parent les élites politiques et divers experts médiatiques qui transforment la crise sanitaire en véritable fantasme. Et ce afin de « tenir » le peuple et de conforter sa soumission.

Le peuple-enfant.

Ce faisant, ce « on » anonyme qu’est le Big Brother étatique ne sert pas la science. Il se sert de la science pour des objectifs politiques ou économiques : maintien du consumérisme, adoration du « veau d’or du matérialisme », perdurance de l’économicisme propre à la modernité. C’est cela que profèrent, ad nauseam, ceux que L. F. Céline nommait, bellement, les « rabâcheurs d’étronimes sottises » ; chargés de reformater n’importe quel « quidam » en lui servant, à tout propos, la soupe de la bien-pensance[1]. Et ce afin de le maintenir dans une « réification » objectale qui est l’enjeu de la crise sanitaire devenue un fantasme de plus en plus envahissant. Car pour reprendre l’image du Big Brother et du psittacisme dominant, il s’agit bien d’infantiliser le peuple. Répéter, mécaniquement, des mots vides de sens, que même ceux qui les emploient ne comprennent pas, ou de travers.

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Considérer le peuple comme un enfant incapable de prendre les bonnes décisions, incapable de juger ou de discerner ce qui est bon pour lui et pour la collectivité, voilà bien l’essence même de la « populophobie » caractérisant les élites en faillite.

En faillite, car une élite est légitime lorsqu’elle est greffée sur la sagesse populaire. C’est ce qu’exprime l’adage : « omnis auctoritas ad populo ». Et parler, à tire larigot, de « populisme » est le signe que la greffe n’a pas pris, ou n’existe plus. En oubliant ce que j’ai, en son temps, nommé la « centralité souterraine », propre à la puissance du peuple, on ne peut plus saisir la poussée intérieure de la sève vitale. Ce qui est l’authentique science : avoir une connaissance essentielle de la substantielle réalité, celle de la vie quotidienne.

Les technocrates.

Voilà ce que sont incapables de faire les faux savants et les vrais sophistes qui dénaturent la raison authentique, celle s’appuyant sur le sensible, c’est-à-dire sur ce qui est Réel. Parler de populisme, c’est ne rien saisir de la bonhomie du peuple, ne rien comprendre à sa « popularité ».

Le signe le plus évident de cette déconnexion, c’est lorsqu’on entend l’actuel locataire de l’Élysée parler avec condescendance des manifestations, par exemple celles du Premier Mai, comme étant le fait de « chamailleurs » qu’il faut bien tolérer. Étant entendu, sous-entendu, que ces chamailleries ne doivent en rien perturber le travail sérieux et rationnel de la technocratie au pouvoir. Voilà ce que sont incapables de faire les faux savants et les vrais sophistes qui dénaturent la raison authentique, celle s’appuyant sur le sensible.

Technocratie incapable d’être attentive à la voix de l’instinct. Voix de la mémoire collective, amoncelée depuis on ne sait plus quand, ni pourquoi. Mais mémoire immémoriale, celle de la société officieuse devant servir de fondement à l’éphémère société officielle, celle des pouvoirs.

Cette voix de l’instinct avait, de longue tradition, guidé la recherche de l’Absolu. Et ce de quelque nom que l’on pare celui-ci. L’incarnation de l’absolu étant ce que l’on peut appeler, après mon maître Gilbert Durand, une « structure anthropologique » essentielle. Et c’est cette recherche que la modernité s’est employée à dénier en la vulgarisant, la « profanisant » en un mythe du Progrès au rationalisme morbide et au matérialisme on ne peut plus étroit. D’où sont sortis le consumérisme et le mondialisme libéral.

La socialité ordinaire.

71iVgJ7Hy+L._AC_SX522_.jpgAuguste Comte, pour caractériser l’état de la société propre aux Temps modernes disait judicieusement reductio ad unum. L’un de l’Universalisme, l’un du Progressisme, l’un du Rationalisme, de l’Économicisme, du Consumérisme etc. C’est bien contre cette unité abstraite que la colère gronde, que la méfiance s’accroit. Et c’est bien parce qu’elle pressent que des soulèvements ne vont pas tarder à se manifester que la Caste au pouvoir, celle des politiques et de leurs perroquets médiatiques, s’emploie à susciter la peur, le refus du risque, la dénégation de la finitude humaine dont la mort est la forme achevée.

C’est pour essayer de freiner, voire de briser cette méfiance diffuse que l’élite en déshérence utilise jusqu’à la caricature les valeurs qui firent le succès de ce que j’appellerais le « bourgeoisisme moderne ». Autre manière de dire le libéral mondialisme.

Ce que le Big Brother nomme le « confinement » n’est rien d’autre que l’individualisme épistémologique qui, depuis la Réforme protestante fit le succès de l’« esprit du capitalisme » (Max Weber). « Gestes barrières », « distanciation sociale » et autres expressions de la même eau ne sont rien d’autre que ce que l’étroit moralisme du XIXe siècle nommait « le mur de la vie privée ». Ou encore chacun chez soi, chacun pour soi.

Pour le dire d’une manière plus soutenue, en empruntant ce terme à Stendhal, il s’agit là d’un pur « égotisme », forme exacerbée d’un égoïsme oubliant que ce qui fonde la vie sociale est un « être-ensemble » structurel. Socialité de base que la symbolique des balcons, en Italie, France ou Brésil, rappelle on ne peut mieux.

L’effervescence en gestation va rappeler, à bon escient, qu’un humanisme bien compris, c’est-à-dire un humanisme intégral, repose sur un lien fait de solidarité, de générosité et de partage. Voilà ce qui est l’incarnation de l’absolu dans la vie courante. On ne peut plus être, simplement, enfermé dans la forteresse de son « chez soi ». On n’existe qu’avec l’autre, que par l’autre. Altérité que l’injonction du confinement ne manque pas d’oublier.

La mascarade des masques.

Amusons-nous avec une autre caricature : la mascarade des masques. Souvenons-nous que tout comme la Réforme protestante fut un des fondements de la modernité sous l’aspect religieux, Descartes le fut sous la dimension philosophique. Qu’ils en soient ou non conscients, c’est bien sous son égide que les tenants du progressisme développent leurs théories de l’émancipation, leurs diverses transgressions des limites et autres thématiques de la libération.

Descartes donc, par prudence, annonçait qu’il avançait masqué (« larvato prodeo »). Mais ce qui n’était qu’une élégante boutade devient une impérative injonction grâce à laquelle l’élite pense conforter son pouvoir. Resucée de l’antique, et souvent délétère, theatrum mundi !

On ne dira jamais assez que la dégénérescence de la cité est corrélative de la « théâtrocratie ». Qui est le propre de ceux que Platon nomme dans le mythe de la Caverne, « les montreurs de marionnettes » (République, VII). Ce sont les maîtres de la parole, faisant voir des merveilles aux prisonniers enchaînés au fond d’une caverne. La merveille de nos jours ce sera la fin d’une épidémie si l’on sait respecter la pantomime généralisée : avancer masqué. Le spectaculaire généralisé.

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N’est-ce point cela que Guy Debord annonçait lorsqu’après la « Société du spectacle » (1967) dans un commentaire ultérieur, il parlait du « spectacle intégré ». Sa thèse, connue ? comprise ? c’est l’aliénation, c’est-à-dire devenir étranger à soi-même à partir du consumérisme et ce grâce au spectacle généralisé. Ce qui aboutit à la généralisation du mensonge : le vrai est un moment du faux.

Dans la théâtralité de la Caste politique, cela ne vous rappelle-t-il rien ? Le faux se présente masqué, comme étant un bien. Ce que Jean Baudrillard nommait le « simulacre » (1981) : masque du réel, ce qui masque la profonde réalité du Réel. Ce que Joseph de Maistre nommait la « réité » !

Comme ce que fut la série américaine « Holocauste », le masque consiste à susciter des frissons dissuasifs (de nos jours, la peur de l’épidémie, voire de la pandémie) comme « bonne conscience de la catastrophe ». En la matière, implosion de l’économicisme dominant où la valeur d’usage telle qu’Aristote l’analyse (Le Politique ch. III, par 11) est remplacée par la valeur d’échange.

C’est ce que les montreurs de marionnettes, inconsciemment (ils sont tellement incultes) promeuvent. Le masque, symbole d’une apparence, ici de la protection, ne renvoyant à aucune « réité », mais se présentant comme la réalité elle-même.

La finitude humaine.

Pour donner une référence entre Platon et Baudrillard, n’est-ce pas cela le « divertissement » de Pascal ? Cette recherche des biens matériels, l’appétence pour les activités futiles, le faire savoir plutôt qu’un savoir authentique, toutes choses qui, éléments de langage aidant, constituent l’essentiel du discours politique et des rabacheries médiatiques. Toutes choses puant le mensonge à plein nez, et essayant de masquer que ce qui fait la grandeur de l’espèce humaine, c’est la reconnaissance et l’acceptation de la mort.

Car pour le Big Brother le « crime-pensée » par excellence est bien la reconnaissance de la finitude humaine. De ce point de vue, le confinement et la mascarade généralisée sont, dans la droite ligne du véritable danger de toute société humaine : l’aseptie de la vie sociale. Protection généralisée, évacuation totale des maladies transmissibles, lutte constante contre les germes pathogènes.

Cette « pasteurisation » est, à bien des égards, tout à fait louable. C’est quand elle devient une idéologie technocratique qu’elle ne manque pas d’être elle-même pathogène. Très précisément en ce qu’elle nie ou dénie cette structure essentielle de l’existence humaine, la finitude. Ce que résume Heidegger en rappelant que « l’être est vers la mort » (Sein zum Tode). À l’opposé de la mort écartée, la mort doit être assumée, ritualisée, voire homéopathisée. Ce que dans sa sagesse la tradition catholique avait fort bien cristallisé en rendant un culte à « Notre Dame de la bonne Mort ».

Une communion nécessaire.

Si l’on comprend bien que, dans les cas de soins donnés à des personnes contagieuses, les soignants observent toutes les règles d’hygiène, masque, distanciation et protections diverses, ces mêmes règles appliquées urbi et orbi à des personnes soupçonnées a priori d’être contaminantes ne peuvent qu’être vécues comme un déni de l’animalité de l’espèce humaine. Réduire tous les contacts, tous les échanges aux seules paroles, voire aux paroles étouffées par un masque, c’est en quelque sorte renoncer à l’usage des sens, au partage des sens, à la socialité reposant sur le fait d’être en contact, de toucher l’autre : embrassades, câlins et autres formes de tactilité. Et refuser l’animalité expose au risque de bestialité : les diverses violences intra-familiales ponctuant le confinement comme les délations diverses en sont un témoignage probant.

Le confinement comme négation de l’être-ensemble, la mascarade comme forme paroxystique de la théâtralité, tout cela tente, pour assurer la perdurance du pouvoir économiciste et politique, de faire oublier le sens de la limite et de l’indépassable fragilité de l’humain. En bref l’acceptation de ce que Miguel de Unamuno nommait le « sentiment tragique de l’existence ».

C’est ce sentiment qui assure, sur la longue durée, la perdurance du lien social. C’est cela même qui est le fondement de la bonhomie populaire : solidarité, entraide, partage, que la suradministration propre à la technocratie est incapable de comprendre. C’est ce sentiment, également, qui au-delà de l’idéologie progressiste, dont l’aspect dévastateur est de plus en plus évident, tend à privilégier une démarche « progressive ». Celle de l’enracinement, du localisme, de l’espace que l’on partage avec d’autres. Sagesse écosophique. Sagesse attentive à l’importance des limites acceptées et sereinement vécues. C’est tout cela qui permet de comprendre la mystérieuse communion issue des épreuves non pas déniées, mais partagées. Elle traduit la fécondité spirituelle, l’exigence spirituelle propres aux jeunes générations. Ce qu’exprime cette image de Huysmans : « coalition de cervelles, d’une fonte d’âmes » !

C’est bien cette communion, qui, parfois s’exprime sous forme paroxystique. Les soulèvements passés ou à venir en sont l’expression achevée. À ces moments-là, le mensonge ne fait plus recette. Qui plus est, il se retourne contre ceux qui le profèrent. N’est-ce point cela que relève Boccace dans le Decameron : « Le trompeur est bien souvent à la merci de celui qu’il a trompé. » Acceptons-en l’augure.

A paraître le 20 mai :

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jeudi, 02 avril 2020

Le gouvernement de la Peur

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Le gouvernement de la Peur

Ex: http://www.geopolintel.fr

Dans la nuit du 28 au 29 mars 2020, le chiffre officiel, si sinistrement symbolique, de 666 000 cas de coronavirose due au SRAS-CoV-2 était atteint. Au matin du 29 mars, pour 177 pays, l’on comptait 666 300 cas prouvés, chiffre à multiplier par mille en ce qui regarde les contaminés asymptomatiques… 30 900 morts et 142 000 guérisons définitives. Le taux de mortalité moyen à travers la planète serait, à titre indicatif, de 4,6%. En France, 6%, soit le double de ce qui avait été initialement estimé pour les classes d’âge des plus de soixante-dix ans ; en Grande-Bretagne 5,8% ; aux Pays-Bas 6,5%, et en Allemagne de 7 pour mille.

Au désastre sanitaire que représentent en France 2606 décès ce lundi 30 mars, vient se surajouter en France les conséquences économiquement catastrophiques des décisions prises à contretemps par un gouvernement paralysé par ses contradictions… Sempiternellement condamné qu’il est à se heurter de plein fouet au mur de la réalité physique, celle-ci venant contredire les partis-pris idéologiques qui rendent impuissantes nos élites de papier-mâché à prévoir les conséquences en cascade de décisions prises sous l’empire d’une consistante insuffisance intellectuelle et prévisionnelle. Aujourd’hui, en France, et ce ne sont que des ordres de grandeur, 220 000 entreprises prévoient de mettre en chômage partiel quelque 2,2 millions de salariés, ce qu’annonçait sans frémir le 29 mars, la ministre du Travail Muriel Pénicaud au cours du « Grand Jury » RTL/Le Figaro/LCI… « On est à plusieurs milliers de demandes par minute… Les principaux domaines concernés sont l’industrie, l’hébergement et restauration, la construction et le commerce non alimentaire… comme les garages, qui sont très touchés ». On appréciera au passage (et à sa juste valeur) la qualité, la fluidité de l’expression verbale de cette politique de haut-vol !

L’actuelle casse sociale en accélération constante et la démolition en dominos de l’économie française (mais également européenne), n’est au fond que l’aboutissement d’un demi-siècle de laisser-faire/laisser-passer libéraliste porté à son paroxysme et légitimé dans et par le culte des droits-de-l’homme. Un mix idéologique ayant accouché d’un anarcho-capitaliste suppresseur de frontières, promoteur de la délocalisation des industries avec, en fin de parcours, dans le cadre d’une économie de services vulnérable à tous les vents mauvais de la conjoncture, la transformation de la France et de l’Europe en un vaste parc à la Disneyland dépendantes en tout de l’Asie profonde, depuis l’informatique jusqu’aux panneaux solaires (si coûteux à produire pour la planète, mais si chers à nos écolos-bobos), des substances médicamenteuses de base…aux masques chirurgicaux.

Heureusement que la Chine marxiste-léniniste (c’est-à-dire très officiellement stalinienne) vient au secours de l’Europe moribonde… Comme par exemple en vendant à l’Espagne 640.000 tests de dépistage défectueux [1] ! L’entreprise, Shenzen-Bioeasy-Biotechnology, avait été pourtant directement sélectionnée par le gouvernement de Pedro Sanchez qui, sorti du même tonneau euro-mondialiste que celui d’Édouard Philippe, montre que les classes dirigeantes de l’Union européenne (exception faite de la Hongrie ou de l’Italien Salvini) se ressemblent à s’y méprendre à l’instar de celles du Canada si bien incarnées par le clone de M. Macron, Justin Trudeau… Cela au point qu’elles en seraient presque interchangeables ! Espérons donc que l’Union européenne qui a failli en tout et quasiment partout, ne survivra pas à cette crise, laquelle aura révélé – Apocalypse signifie étymologiquement “Révélation” – à la fois sa totale impuissance et son extraordinaire potentiel de nuisance. L’histoire gardera en mémoire pour l’anecdote, l’image de la présidente de la Commission européenne Mme von der Leyen, qui devant son lavabo, se lavant soigneusement les mains et l’entre doigts tout en chantonnant l’Hymne à la joie de Ludwig van Beethoven, se réjouit apparemment d’avoir suspendu les absconses règles budgétaires de l’Union. Tout un poème et tout un programme…

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Un état de droit intégralement policier

Le 16 mars, le président macron imposait aux Français un confinement général, tout à fait inédit n’ayant d’équivalent que les blocus sanitaires imposés en Afrique de l’Ouest, au Liberia en août 2014 et dans une moindre mesure, au Sierra-Leone durant le mois septembre suivant. Ceci afin de bloquer la progression du virus Ebola cause d’une fièvre hémorragique presque toujours mortelle et sans traitement connu. Reste que le taux de létalité du SRARS-CoV-2 n’est en rien comparable (de 1 à 3% nous a-t-on dit jusqu’à présent… un mensonge parmi d’autres) à celui d’Ebola qui peut atteindre 90%. L’actuelle mise en quarantaine de la France – qui s’allonge et se resserre au fil des discours présidentiels et des interventions de Matignon – était-elle cependant indispensable pour juguler l’épidémie ? Nous connaissons tous la réponse : évidemment non !

Nous avons présent à l’esprit les contre-exemples de la Suède [2] (jamais mentionnée par les honnêtes médias grands menteurs professionnels, à commencer par omission), de Singapour, de la Corée du Sud et du Japon. Dans l’empire du Soleil levant, la population est douée - il est vrai – d’une intense discipline sociale (ne parlons pas de civisme), et continue de vaquer à ses occupations comme à l’accoutumée et surtout s’emploie à ne pas laisser sombrer une économie déjà lourdement plombée par une dette publique culminant à 238% du PIB (Produit intérieur brut) en 2018… mais avec les circonstances atténuantes de l’après Fukushima. Sachant aussi que cette dette est détenue à plus de 90 % par des investisseurs nationaux, en particulier par la Banque du Japon !

À comparer avec le pharamineux endettement hexagonal, sans autres causes que la démagogie, le laxisme et l’incompétence des gouvernements de Gauche successifs (ceux du “front républicain” dit UMPS), et ce, depuis Raymond Barre. En septembre 2019, la dette de l’État français dépassait les 100,4 % du PIB soit 2 415 milliards d’euros (en hausse de 39,6 mds par rapport au trimestre précédent)… et c’était avant le Covid-19, avant que l’État ne s’ingénie à mettre le pays en panne en ruinant les strates intermédiaires du tissu productif national, le bon exemple étant celui des petits commerçant laminés par des fermetures contraintes pendant la quarantaine générale au profit exclusif de la grande distribution. À croire que, profitant de la conjoncture de crise, il ferait durement payer la fronde des Gilets jaunes, réprimée dans la violence mais dont les braises continuent à rougeoyer sous la cendre chaude d’une légitime contestation sociale (salaires, régime des retraites…).

Or que nous dit donc “Le Monde” du 20 mars à propos de Singapour : « très tôt infecté par le virus venu de Chine, ce confetti territorial de l’Extrême-Orient [“confetti” mais néanmoins 4e place financière mondiale], a su réagir à la menace avec rapidité et efficacité : dépistage systématique ; établissement du parcours précis des patients dans les jours et les heures qui ont précédé leur infection pour remonter la piste du virus ; suivi étroit, méthodes policières rigoureuses à l’appui, des personnes en quarantaine forcée ». On notera la remarque suggestive par le ton, relative aux méthodes policières rigoureuses d’un régime semi-autoritaire… On ne le sait que trop bien, le quotidien vespéral Le Monde, largement subventionné par l’argent des contribuables et organe du grand capital [3], n’aime pas l’ordre politique et social des régimes semi-autoritaire (“semi” n’étant qu’une concession langagière semi-diplomatique), à l’instar de ceux du Hongrois Viktor Orban ou du Biélorusse Alexandre Loukachenko. À Singapour parler une autre langue que le mandarin est réprouvé et depuis 1992, horresco referens, importer, vendre, mâcher du chewing-gum sont interdits et le cas échéant sévèrement pénalisés.

Est-ce à dire que la vie publique de la Cité-État soit particulièrement asphyxiante ? Sans doute moins que celle des Français confinés dans leur résidence pour une durée indéterminée pendant que les Singapouriens – bien qu’interdits de polluer les villes avec des galettes de gomme visqueuses - continuent d’aller et venir librement, de se réunir et de vivre comme à l’ordinaire… Au contraire des Hexagonaux, qui, eux, se retrouvent ces jours-ci soumis à un très réel régime policier et incarcérés à domicile au moment même où le Garde des Sceaux, l’échevelée Mme Belloubet, prévoit la libération de 5 à 6000 délinquants et criminels en fin de peine (d’autres envisagent de vider les camps où sont retenus les migrants clandestins). Ainsi quand l’écume du monde bénéficie de sa liberté de mouvement, et lorsque les frontières ont été délibérément maintenues ouvertes (en perte totale du sens commun), le citoyen lambda en est réduit à se retrancher chez lui… Demeure, propriété privée, denier espace de liberté ! Et certes, quand les magistrats exonèrent le crime et vident les prisons, celui qui respecte les lois et paie ses amendes (parce qu’il est solvable), se voit infliger une double peine : contraint qu’il est de se barricader à la fois contre l’épidémie importée d’Asie sous les semelles de vent du mondialisme et contre la caillera non astreinte à respecter les couvre-feux dans ses “territoires” où fleurissent les mille et une start-up du narcotrafic.

Et tandis que la France d’en bas ronge son frein, qu’elle se débat, confinée, souvent dans des logements trop étroits pour des marmailles exubérantes, et que les petits commerces périclitent… les géants de la distribution (Amazon-Leclerc-Carrefour-Metro-Auchan-Casino-Monoprix-Lidl-SystèmeU-Intermarché) demeurent autorisés à vendre sans interruption pendant la grande panne nationale. On voudrait liquider les classes moyennes rétives à la mondialisation heureuse (dernier avatar de la Révolution universelle et du paradis prolétariens des rêves sanglants de Lénine) et leurs supports économiques, que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Nous savons par ailleurs que les milieux financiers ne se sont pas privés de spéculer sur une éventuelle crise sanitaire mondiale avec les “obligations sur les pandémies” (pandemic bonds) émises en juillet 2017 par la Banque mondiale qui ont permis de lever 320 millions de dollars sur les marchés… même si au final, en raison de l’extension planétaire du virus coronal, le pari pourrait s’avérer une assez mauvaise affaire !

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Mensonge et impotence

Notre si fragile économie nationale est de toute évidence appelée à très vite payer – d’ici quelques mois - les ruineux effets de son arrêt forcé orchestré sous l’empire de la peur et sous les auspices de l’improvisation qui sont le substrat des décisions de politique de sécurité sanitaire des dirigeants de la Gauche plurielle (droite libérale et socialistes grand teint - bonnet blanc et blanc bonnet). Une classe politique qui usurpe le pouvoir et qui devrait retourner au néant d’où elle sort. Déjà parce que l’évolution de la crise nous administre la démonstration que ces gens se sont bien contre fichus non seulement de prévoir la survenue d’une vague pandémique (malgré de multiples avertissements de la part des spécialistes et de diverses récentes alertes : H1N1, SRAS-Cov, etc.)… Mais encore de faire entreposer par avance des quantités suffisantes d’équipements, de matériels et de produits les plus nécessaires et les plus élémentaires tels que masques de protection, trousses de dépistage, respirateurs, gel hydro alcoolique… ou de disposer des capacités de production utiles à répondre à tous besoins d’urgence.

Tant et si bien, que ce n’est pas la lutte contre la pandémie elle-même qui a déterminé les choix déplorables que nous connaissons en matière de sécurité sanitaire (confinement généralisé et arrêt subséquent de la vie économique), mais bien l’improvisation (eu égard également à la haute contagiosité du SRAS-CoV-2) la plus catastrophique dictée par une situation devenue immaîtrisable en raison d’un déferlement de pathologies dans une forme aiguë et en passe de saturer les possibilités hospitalières d’accueil en soins intensifs. Même si les autorités annoncent – mais ne font-elles pas qu’annoncer ? – le doublement des lits de réanimation, de 5000 à 10.000.


Ces mesures de pis-aller ont de cette façon été présentées comme salvatrices par les pompiers pyromanes de la haute Administration et ont valu au président Macron – au moins pour un temps – l’aura du chef de guerre sauveur de la Nation. Sans rire, des comiques involontaires ont été jusqu’à le grimer en Clémenceau, le Père la victoire ! Un travestissement rendu possible grâce à la peur injectée à hautes doses dans les têtes de spectateurs tétanisées par les commissaires politiques (de quinquas-sexagénaires dont beaucoup sont issus des rangs trotskistes) qui se bousculent sur les plateaux télévisuels… experts improvisés et Monsieur Je-sais-tout ferraillant à tout-va pour tresser dans la débâcle, des couronnes à une Macronie failli, mais toujours triomphale dans la déconfiture [4].

D’ailleurs ne gouverne-t-on pas la plèbe, le Démos, avec la peur viscérale, Phobos [5]… Tous deux affiliés à la guerre dans nos démocraties en passe de devenir concentrationnaires tant les libertés réelles, concrètes, rétrécissent comme peau de chagrin. À entendre Nicolas Machiavel « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes »… De nos jours, la peur rend les foules trop souvent étrangères à la lucidité, et le climat anxiogène soigneusement entretenu par les médias rend d’inappréciables services à un gouvernement dont il transmute les fautes (crimes et trahisons) en vertus rédemptrices…

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L’empire de la jactance

Dispositions coercitive - sans exagération aucune - destinée à voiler les carences prévisionnelles d’un État défaillant sur tous les plans… mais très apte à entourer sa poly-incompétence dans le brouillard des mots, les mensonges éhontés [6] et la jactance hypnotique tient lieu de seconde nature pour nos autorités responsables au premier rang desquels le chef de l’État, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, le Premier ministre Édouard Philippe et les deux titulaires de l’Intérieur Christophe Castaner et Laurent Nunez, le remplaçant de Mme Buzyn à la Santé, Olivier Véran ou encore M. Gilles Bloch, grand patron de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)… tous protagonistes d’une tragédie que leur incompétence fondamentale à soigneusement préparée, organisée et au-delà, prolongée… Dont les conséquences immédiates est de reléguer au second plan toutes les interventions chirurgicales décrétées non essentiellement nécessaires… Et chose affreuse, si les dons de sang peuvent continuer (ils ne requièrent pas de dispositifs lourds et leur utilité est indéniable), par contre : « les greffes non urgentes et les projets de procréation médicalement assistée doivent être reportés »… Houlala ! Les vitales greffes d’organes et la PMA étant mises sur le même plan dans les priorités médicales par l’Agence de biomédecine dont les préoccupations majeures se portent (d’abord) sur « les dons d’ovocytes et de sperme » sans lesquels la société transgendérisée serait à l’évidence en grande perdition [7].

C’est - résumons-nous - dans l’urgence la plus cruelle que ces gens ont dû adopter des textes [8] transcrivant une stratégie de sauve-qui-peut essentiellement dictée par les défaillances d’un État tout entier asservi à l’idéologie libérale-libertaire, celle de la permissivité la plus vile, du sans-frontiérisme et de la négation des réalités physiques et biologiques les plus élémentaires. La stratégie de combat contre la pandémie adoptée par nos élites, celles de la politique et du complexe sciencio-industriel (laboratoires et pontes médicaux formant la technostructure de l’industrie de la santé), bien représenté en l’occurrence par l’Inserm déjà nommé… cette sorte de monstrueuse féodalité à la charnière de l’État et du secteur privé : institué établissement public en 2018, il jouit d’un budget de 908 millions d’euros dont 68 % sous forme de subventions et 32 % en ressources externes… C’est aussi une chasse-gardée pour une certaine caste oligarchique du monde médical et certains réseaux passionnément confraternels : dirigé jusqu’à l’automne 2018 par Yves Lévy (conjoint de Mme Buzyn alors mirobolante ministresse de la Santé), Gilles Bloch prenait sa succession le 2 janvier 2019. Suspect de passe-droit entre époux et de conflit d’intérêt, Yves Lévy – l’homme du laboratoire de haute sécurité P4 de Wuhan - a été discrètement poussé vers la sortie en échange d’une juteuse sinécure au Conseil d’État [9] où il est nommé conseiller extraordinaire. La République reconnaissante à ses grands serviteurs, est également une prodigue vache-à-lait (et dire que les rentiers sont honnis et vomis par la Sociale) !

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Le centre contre la périphérie… Lévy versus Raoult

Le retard à l’allumage quant aux justes décisions qui devaient être prises pour prévenir la crise et la gérer, nous ne devons évidemment pas imputer ces manquements à la seule incompétence de nos élites, à leur soumission aux oukases bruxellois ou à leur inféodation aux injonctions intéressées des grands groupes pharmaceutiques lancés dans la course au vaccin et aux prodigieux profits qui en découleront… Toutes choses pouvant expliquer en partie – mais pas entièrement - l’ostracisme dont a été l’objet le Pr. Didier Raoult (inventeur du traitement à base de chloroquine contre le coronavirus), pas plus que la rivalité personnelle l’opposant à Yves Lévy, ex patron de l’Inserm (avant que le relais ne soit assuré par son coreligionnaire idéologique, Gilles Bloch) et son épouse Agnès Buzyn. Il n’est en effet que trop facile de rapporter certains grands fiascos ou des grandes cabales, uniquement à des questions de personnes en oubliant que les hommes incarnent des dimensions, des enjeux et des positions qui à certains moments peuvent entrer en conflit idéologiques et stratégiques. C’est certainement le cas ici car la France est rongée par un autre virus, politique celui-là, qui n’est autre que le jacobinisme, lequel se développe à échelle planétaire : le jacobinisme est en cours de recombinaison (ou de reconversion) avec le mondialisme et tend dorénavant à servir un système global multipolaire dont les divers pouvoirs autonomes qui le composent se développent en arborescence indépendamment des États qu’ils absorbent. Comprenons par exemple que l’Inserm – l’un des organes, avons-nous dit, du complexe international industriel et scientifique de l’ingénierie génétique et de la chimie organique (Big Pharma) – pèse plus lourd en matière de Santé publique que le ministère affublé de ce nom et qui n’est là que pour s’agiter sur la scène du théâtre d’ombres de la politique spectacle.

On le sait Raoult, expert en maladie tropicale et infectiologue réputé au plan international, a proposé en début de crise un traitement simple, peu coûteux et efficace en dépit du nombre réduit d’essais cliniques (une vingtaine au départ). À ce sujet il lui fut reproché avec maints sarcasmes par tous les Diafoirus et Purgon du landernau parisianiste (soutenus et relayés par les médic-journalistes à l’instar du ludion médiatique, Michel Cymes, (fils de fripier dont il a gardé la mentalité adaptative et mimétique) de soi-disant n’avoir respecté les protocoles inhérents à la vraie science, la médecine de terrain, empirique n’ayant plus droit de cité… sauf qu’aujourd’hui les malades de virose coronale ne sont pas imaginaires et requièrent des soins attentifs et immédiats, très au-delà de la logorrhée médiatique.

Raoult pour faire définitivement taire ses détracteurs a publié le 28 mars les résultats sans appel d’un complément d’essais cliniques : cette deuxième étude portait cette fois non plus sur vingt patients mais sur 80 et visait à démontrer « l’efficacité et la pertinence » de la prise d’hydroxychloroquine (un substitut synthétique de la quinine parfaitement connu dans ses effets et contre-indications, utilisé depuis soixante-dix ans) associée à un antibiotique, l’azithromycine destiné à bloquer des infections respiratoires opportunistes. Sur 80 personnes hospitalisées entre le 3 et le 21 mars ayant reçues une combinaison d’hydroxychloroquine les équipes de l’IHU du Pr. Raoult ont constaté « une amélioration clinique chez tous les patients, sauf un patient de 86 ans décédé, et un patient de 74 ans maintenu en soins intensifs.« Concernant la charge virale, au jour 7 « 83% des patients étaient négatifs. Un taux qui monte à 93% au jour 8 pour atteindre 100% au jour 12. L’âge médian des 80 patients était de 52 ans (situé entre 18 et 88 ans) et 57,5% de ces patients présentaient une comorbidité (hypertension, diabète, maladie respiratoire chronique »...) [10]. Aucun effet secondaire important n’a été constaté chez les malades contrairement aux cris d’alarmes lancée par les scientistes tenant le crachoir dans l’œil de bœuf télévisuel ! Ces braves gens soucieux de la santé physique de leurs contemporains étaient parvenus à faire inscrire cette molécule au tableau des substance vénéneuse en janvier… sous le ministériat de dame Buzyn.

Depuis la Chloroquine a été propulsée en tant que solution d’urgence (à défaut d’autres) aux États-Unis, en Chine, en Suisse, en Israël et adoptée à Paris par l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ce qu’il y a d’extraordinaire est bien que la cabale dirigée contre les infectiologues appartenant à l’équipe de Didier Raoult de l’IUH marseillais - quoique Lauréat du grand prix de l’Inserm en 2010 – se sont vus retirer l’agrément de la susdite institution… Par conséquent, en dépit des démentis nationaux et internationaux, la caste de médicastres parisianistes, relais de puissants enjeux de pouvoir financier et géopolitique, n’en démord pas et s’entête, en déployant leur méga artillerie médiatique, de couler – avec une indécence extravagante - le seul remède actuellement en mesure de sauver des vies. Quelle leçon quant au cynisme et au mépris des hommes témoigné par des élites qui prétendent ne vouloir que notre plus grand bien et mieux, notre bonheur.

30 mars 2020

Notes

[1rfi28mars20

[2Alors que la Finlande a déclaré l’état d’urgence le 16 mars, que la Norvège et le Danemark sont en « lockdown » (blocage), le royaume scandinave des Bernadotte n’a toujours pas fermé ses écoles, ni bannis les rassemblements de moins de 500 personnes [lemonde.fr18 mars20].

[3Encore subventionné en 2017 à hauteur de 5 millions 438 216 €, cet organe est surtout celui du grand capital en la personne de MM. Xavier Niel (Pdg de l’entreprise de téléphonie mobile Free et créateur en 1984 du Minitel rose à l’origine de sa fortune, l’un des premiers supports électroniques de libre-échangisme sexuel), Matthieu Pigasse (directeur général délégué de la banque Lazard) et du Tchèque Daniel Kretinsky, un oligarque producteur et distributeur d’électricité d’origine thermique (gaz/charbon/fuel lourd)… et président du club sportif Sparta Prague.

[4L’État annonce en fanfare le 28 mars – avec quatre mois de retard, la crise ayant démarré fin novembre 2019 - une commande d’un milliard de masques à la Chine communiste, et que finalement, au bout du mois d’avril – avec ainsi donc encore un mois en sus – le pays sera en mesure d’effectuer 50.000 tests quotidiens de contamination pour 20.000 hebdomadaires actuellement… tandis que l’Allemagne en réalise déjà de son côté 500.000 chaque semaine.

[5Les deux satellites de la planète Mars, elle-même baptisée du nom du dieu de la Guerre, sont Phobos et Deimos (terreur)… une troublante homophonie avec démos.

[6Compilation de quelques grossiers mensonges du ministre Véran qui affirme les 18 et 23 février puis le 3 mars que « La France est prête », archi prête, pas un bouton de guêtre ne manque ! Patatras le 20 mars il passe aux aveux devant l’Assemblée nationale, le 16 mars encore le président Macron annonce des livraisons de masques en quantité suffisante dans les deux jours, ils n’arriveront qu’au compte-goutte. Il faudra attendre le 27 du mois pour que soit “annoncé” des livraisons chinoises encore à venir. https://www.youtube.com/watch?fbcli...

[7En ce qui concerne la PMA, « aucune stimulation ovarienne ne débutera pendant la durée du confinement mais les patientes en cours de traitement non atteintes par le Covid-19 pourront le poursuivre afin de congeler les ovocytes ou les embryons et de reporter le transfert embryonnaire après l’épidémie ». “Recommandations mises à jour concernant les activités d’assistance médicale à la procréation durant l’épidémie de SARS-CoV-2” [agence-biomedecine.fr25mars20].

[8La loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 destinée à contenir l’épidémie de Covid-19, est adoptée en modification de loi de 1955 relative à l’état d’urgence. Le rafistolage juridique au secours de l’impéritie. Resterait à valider la légalité (indépendamment de l’opportunité sur le fond) des laisser-passer exigés pour les déplacements personnels, purs produits de bricolages juridiques.

[9Agnès Buzyn est nommée ministre de la Santé le 17 mai 2017 devenant de ce fait le ministre de tutelle de l’Inserm. Épouse d’Yves Lévy, son directeur, et pour éviter toute suspicion ou risque de conflits d’intérêts, le Premier ministre, Édouard Philippe, prend un décret disposant que le Secrétariat général du gouvernement que l’Inserm sera directement placé sous sa tutelle. Le Conseil d’État est une sorte de cimetière des éléphants rassemblant, parmi les trois cents titulaires d’une charge, beaucoup de copains recasés après bons et déloyaux services (à l’égard du bien commun), ainsi le jeune Arno Klarsfeld (par sa mère petit fils d’un soldat de la Wehrmacht) est-il nommé conseiller au tour extérieur par le conseil des ministres du 27 octobre 2010.

[10yahoo.com28mars20

 

vendredi, 19 novembre 2010

L'administration de la peur (Paul Virilio)

L'administration de la peur (P. Virilio)

Ex: http://www.scriptoblog.com/

virilio

Jadis, rappelle Virilio, grandir, c’était dépasser ses peurs. A cette aune, on peut se demander, continue-t-il, si nos contemporains ne sont pas infantiles. L’angoisse chimérique est, apparemment, à la mode. Pire, elle fait figure de propédeutique : passe pour sage celui qui a peur, et l’avoue. La peur, principe heuristique, méthode pour penser le monde à l’heure où l’Homme détient le pouvoir de se détruire entièrement ? Virilio, en attendant, fait observer que cette progression de la peur traduit, concrètement, un affaiblissement de la confiance en la perfectibilité du genre humain.

D’où vient cet affaiblissement ? – Voilà sa question. Comment y remédier ? – Voilà son projet.

 

 

*

 

La peur, nous dit en substance Virilio, est l’un des deux grands modes d’administration des citoyens par l’Etat (l’autre est la promesse, la rétribution). La peur permet, en particulier, à des Etats qui n’ont plus grand-chose à promettre (fin des Trente Glorieuses) de continuer à justifier leur existence : si les citoyens ont peur, ils cherchent une protection ; et cette protection, c’est l’Etat qui peut l’offrir.

Or, l’Etat contemporain est, justement, un bon administrateur de peur – en ce sens qu’il dispose de moyens formidables pour instiller l’angoisse, propager la crainte, généraliser la méfiance. Le facteur décisif en la matière, c’est la vitesse : vitesse de transmission de l’information, qui permet de saturer le destinataire, de l’entretenir dans l’angoisse parce qu’il ne peut plus traiter l’information transmise ; mais aussi vitesse des évolutions potentielles, si rapides, si soudaines, qu’on ne peut plus les anticiper. La discontinuité engendre la peur : si tout est possible, alors le pire est possible.

Virilio prend ensuite l’exemple de l’équilibre de la terreur, tel qu’il s’est maintenu pendant toute la guerre froide. C’est pour lui l’image parfaite du processus qui fait de l’Etat moderne un grand administrateur de peur : une catastrophe est en surplomb, elle tétanise les peuples ; mais l’Etat apporte la contre-force qui permet de suspendre indéfiniment cette catastrophe, de la maintenir en surplomb, comme une épée de Damoclès. Il est logique que les complexes militaro-industriels, un peu partout, aient fini par prendre tout ou partie du pouvoir : ils sont le pouvoir, l’incarnation du pouvoir contemporain. Le pouvoir de suspendre indéfiniment un mouvement dont la vitesse est telle qu’elle terrorise.

Le terrorisme contemporain, inséré dans cette grille de lecture, prend un sens bien précis : il est l’instrument d’un déséquilibre de la terreur menaçant constamment de rompre l’équilibre par suspension du mouvement. En ce sens, il constitue la figure aboutie du pouvoir contemporain : je ne sers plus à rien, dit le pouvoir, mais si vous me supprimez, qui sait ce qui arriverait ? L’impossibilité de répondre à cette question du « qui sait ? » fonde la nouvelle légitimité du pouvoir : le pouvoir de ne rien faire, le pouvoir de faire en sorte que rien ne se passe.

Pour Virilio, ce pouvoir d’un type nouveau s’incarnera, demain, commence même déjà à s’incarner, dans l’intériorité des individus. Le seul moyen de faire face à la vitesse toujours croissante induite par la technique, c’est de se techniciser soi-même ; seul un homme transformé en automate peut suivre le rythme des robots.

Plutôt que l’extinction du réel et le simulacre, les concepts de Baudrillard, Virilio propose donc la dissolution de l’espace, de tous les espaces, y compris le corps humain, comme clef de lecture de notre temps. L’avantage est, évidemment, que cette clef de lecture souligne davantage le caractère automatique des implications de l’univers technicisé à outrance ; c’est aussi l’inconvénient : on perd de vue la stratégie autonome du pouvoir, ici, il s’agit de se représenter l’évolution de la structure sociale comme une dynamique favorisant le pouvoir, mais qu’il n’enclenche pas.

Virilio le sait, et c’est pourquoi il souligne que, plus que le progrès en lui-même, c’est la propagande du progrès qui engendre la panique. Il veut dire par là que l’Etat, le pouvoir au sens large, ne crée certes  pas cet univers de la vitesse, porteur de toutes les peurs, mais qu’il entretient délibérément, par contre, les individus et les groupements intermédiaires dans l’illusion qu’il n’est pas possible d’anticiper collectivement, de construire une intelligence humaine partagée qui permettrait, précisément, de penser ensemble à la vitesse du progrès.

D’où son projet : construire une dissuasion civile.

Il entend par là, en substance, la constitution d’une société des individus postmodernes. Il s’agit d’inventer une manière d’être collective qui permet, justement par le collectif, de rendre à nouveau le monde prévisible, non en réduisant la vitesse (qu’on ne maîtrise plus), mais en augmentant la vision latérale de chacun, par le partage des visions. En effet, si la vision latérale augmente, le risque de surgissement d’un objet inattendu dans le champ de vision central diminue.

En somme, pour Virilio, c’est donc par la construction d’une intelligence collective, capable de penser un monde imprévisible, que le pouvoir sera contrebattu : si mon voisin partage sa vision latérale avec moi, alors il n’est plus un corps étranger qui participe, par son mouvement trop rapide, à l’incertitude angoissante de mon habitat ; il devient au contraire un partenaire de mon habitat, contre l’incertitude d’un monde trop rapide.

Il s’agit, fondamentalement, de refaire des lieux. Virilio ne refuse pas le localisme ; sa définition de l’impérialisme contemporain, c’est l’abolition de la géographie. Sa définition de la lutte anti-impérialiste, c’est la défense de la géographie : il doit exister des lieux, où des hommes mettent en commun leur destin, et pour cette raison, « partagent leur vision latérale ». Refaire du sens, en somme, pour bâtir cette dissuasion civile, indépendante du pouvoir, c’est, d’abord, recréer des sujets collectifs.

Cette conclusion n’est évidemment pas originale. Mais Virilio a le mérite, au moins, de proposer une grille de lecture stimulante, de mettre en perspective ce projet. Quand on le lit sur les raves, dans lesquelles il voit une simulation d’intelligence collective enfin adaptée au règne de la vitesse, on se dit qu’il y a quelque chose à tirer de sa perception.

 

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dimanche, 21 juin 2009

Fear Is Eroding American Rights

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Fear Is Eroding American Rights

By Paul Craig Roberts - http://vdare.com/

The power of irrational fear in the US is extraordinary. It ranks up there with the Israel Lobby, the military/security complex, and the financial gangsters. Indeed, fear might be the most powerful force in America.

Americans are at ease with their country’s aggression against Afghanistan, Iraq, and Pakistan, which has resulted in a million dead Muslim civilians and several million refugees, because the US government has filled Americans with fear of terrorists. "We have to kill them over there before they come over here."

Fearful of American citizens, the US government is building concentration camps apparently all over the country. According to news reports, a $385 million US government contract was given by the Bush/Cheney Regime to Cheney’s company, Halliburton, to build "detention centers" in the US. The corporate media never explained for whom the detention centers are intended.

Most Americans dismiss such reports. "It can’t happen here." However, in north-eastern Florida not far from Tallahassee, I have seen what might be one of these camps. There is a building inside a huge open area fenced with razor wire. There is no one there and no signs. The facility appears new and unused and does not look like an abandoned prisoner work camp.

What is it for?

Who spent all that money for what?

There are Americans who are so terrified of their lives being taken by terrorists that they are hoping the US government will use nuclear weapons to destroy "the Muslim enemy." The justifications concocted for the use of nuclear bombs against Japanese civilian populations have had their effect. There are millions of Americans who wish "their" government would kill everyone that "their" government has demonized.

When I tell these people that they will die of old age without ever seeing a terrorist, they think I am insane. Don’t I know that terrorists are everywhere in America? That’s why we have airport security and homeland security. That’s why the government is justified in breaking the law to spy on citizens without warrants. That’s why the government is justified to torture people in violation of US law and the Geneva Conventions. If we don’t torture them, American cities will go up in mushroom clouds. Dick Cheney tells us this every week.

Terrorists are everywhere. "They hate us for our freedom and democracy." When I tell America’s alarmed citizens that the US has as many stolen elections as any country and that our civil liberties have been eroded by "the war on terror" they lump me into the terrorist category. They automatically conflate factual truth with anti-Americanism.

The same mentality prevails with regard to domestic crime. Most Americans, including, unfortunately, juries, assume that if the police make a case against a person and a prosecutor prosecutes it, the defendant is guilty. Most Americans are incapable of believing that police or a prosecutor would frame an innocent person for career or bureaucratic reasons or out of pure meanness.

Yet, it happens all the time. Indeed, it is routine.

Frame-ups are so routine that 96% of the criminally accused will not risk a "jury of their peers," preferring to negotiate a plea bargain agreement with the prosecutor. The jury of their peers are a brainwashed lot, fearful of crime, which they have never experienced but hear about all the time. Criminals are everywhere, doing their evil deeds.

The US has a much higher percentage of its population in prison than "authoritarian" countries, such as China, a one-party state. An intelligent population might wonder how a "freedom and democracy" country could have incarceration rates far higher than a dictatorship, but Americans fail this test. The more people that are put in prison, the safer Americans feel.

Lawrence Stratton and I describe frame-up techniques in The Tyranny of Good Intentions. Police and prosecutors even frame the guilty, as it is easier than convicting them on the evidence.

One case that has been before us for years, but is resolutely neglected by the corporate media, whose function is to scare the people, is that of Troy Davis.

Troy Davis was convicted of killing a police officer. The only evidence connecting him to the crime is the testimony of "witnesses," the vast majority of whom have withdrawn their testimony. The witnesses say they testified falsely against Troy Davis because of police intimidation and coercion.

One would think that this would lead to a new hearing and trial. But not in America. The Republican judicial Nazis have created the concept of "finality." Even if the evidence shows that a wrongfully convicted person is innocent, finality requires that we execute him. If the convicted person is executed, we can assume he was guilty, because America has a pure justice system and never punishes the innocent. Everyone in prison and everyone executed is guilty. Otherwise, they wouldn’t be in prison or executed.

It is all very simple if you are an American. America is pure, but other countries, except for our allies, are barbaric.

The same goes for our wars. Everyone we kill, whether they are passengers on Serbian commuter trains or attending weddings, funerals, or children playing soccer in Iraq, is a terrorist, or we would not have killed them. So was the little girl who was raped by our terrorist-fighting troops and then murdered, brutally, along with her family.

America only kills terrorists. If we kill you, you are a terrorist.

Americans are the salt of the earth. They never do any wrong. Only those other people do. Not the Israelis, of course.

And police, prosecutors, and juries never make mistakes. Everyone accused is guilty.

Fear has made every American a suspect, eroded our rights, and compromised our humanity.

Paul Craig Roberts [email him] was Assistant Secretary of the Treasury during President Reagan’s first term.  He was Associate Editor of the Wall Street Journal.  He has held numerous academic appointments, including the William E. Simon Chair, Center for Strategic and International Studies, Georgetown University, and Senior Research Fellow, Hoover Institution, Stanford University. He was awarded the Legion of Honor by French President Francois Mitterrand. He is the author of Supply-Side Revolution : An Insider's Account of Policymaking in Washington;  Alienation and the Soviet Economy and Meltdown: Inside the Soviet Economy, and is the co-author with Lawrence M. Stratton of The Tyranny of Good Intentions : How Prosecutors and Bureaucrats Are Trampling the Constitution in the Name of Justice. Click here for Peter Brimelow’s Forbes Magazine interview with Roberts about the recent epidemic of prosecutorial misconduct.