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samedi, 21 novembre 2020

Thibaud Gibelin : « Viktor Orbán n’a pas attendu 2015 pour subir les foudres des médias occidentaux »

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Thibaud Gibelin : « Viktor Orbán n’a pas attendu 2015 pour subir les foudres des médias occidentaux »

Ex: https://www.breizh-info.com

Le Brexit consommé, l’axe franco-allemand déséquilibré, l’Union européenne aborde à bout de souffle les années 2020. Un vent de fronde souffle sur l’Europe centrale, où Viktor Orbán dessine depuis dix ans une alternative politique qui inquiète l’Europe de l’Ouest.

Premier ministre de Hongrie une première fois de 1998 à 2002, son retour en 2010 marque un véritable tournant européen. En une décennie d’exercice continu du pouvoir, Viktor Orbán a fait exploser tous les clivages : avocat de l’unité européenne, mais bête noire de Bruxelles ; à la fois démocrate et illibéral ; rigoureux en économie, mais opposé au libre-échange global ; défenseur de l’Occident chrétien et diplomate empressé auprès de la Chine, la Turquie et la Russie…

L’Union européenne prendra-t-elle le visage de l’homme fort de Budapest dans les années à venir ?

gibelin-orban.jpgDans un livre qui vient de paraître, intitulé « Pourquoi Viktor Orbán joue et gagne » (éditions fauves) Thibaud Gibelin retrace l’histoire du groupe de Visegrád – la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la Tchéquie – pour mieux comprendre ce qui se joue aujourd’hui en Europe centrale et éclairer la personnalité d’un chef d’État parmi les plus décriés et certainement les plus expérimentés du continent.

Nous l’avons interrogé sur l’ouvrage, particulièrement éclairant sur ce qu’il se passe à quelques heures d’avion, au centre de l’Europe, loin des commentaires de journalistes mainstream à la solde d’institutions non élues qui font la pluie et le beau temps au sein de l’Union Européenne.

Pour commander le livre, c’est ici

Breizh-info.com : Vous publiez un livre intitulé « Pourquoi Viktor Orbán joue et gagne ». Quelle est la genèse de ce livre ?

Thibaud Gibelin : La genèse de ce livre, c’est d’abord une dizaine d’années d’étude, de voyage et de travail à travers l’Europe. J’avais suivi de près les élections législatives de 2018, quand Viktor Orbán a été réélu, pour la seconde fois d’affilée, avec 2/3 des sièges au Parlement. On était alors dans le sillage de la crise migratoire, qui a mis en vue cet homme d’Etat sur la scène politique européenne. Les médias prophétisaient la déroute de son parti, et en ont été pour leurs frais. Il m’a semblé important d’expliquer de quoi Viktor Orban est le nom. En éclairant ses positions à la lumière de l’histoire centre-européenne. En replaçant sa carrière politique dans ces grandes faillites idéologiques que sont la chute du communisme au tournant des années 1990, et la crise systémique de l’Occident libéral depuis 2008 environ.

Breizh-info.com : Viktor Orbán est devenu y compris malgré lui la figure de proue étatique et politique de la résistance identitaire à l’immigration et à l’islamisation en Europe. Comment l’expliquez-vous ? Cette image est-elle fondée ?

Thibaud Gibelin : Il y a bien sûr une part de réalité. Il y a aussi une projection des espoirs et des craintes de l’opinion publique occidentale. Espoir d’une restauration de la puissance publique en faveur de la continuité historique des nations européennes ; crainte d’un populisme chaotique et inconséquent.

Les préoccupations identitaires en Hongrie viennent de loin. Le pays a subi l’impérialisme ottoman de longs siècles, et refuse d’ouvrir les vannes de l’immigration musulmane. La situation géographique du pays, au sud-est de l’espace Schengen, l’oblige selon les traités à garder la frontière extérieure face à un nombre considérable de migrants illégaux.

La Hongrie compte à peine 10 millions d’habitants, son influence dans le concert européen tient à la solidarité tissée avec les autres pays du groupe du Visegrad. De même, c’est paradoxalement l’appartenance à l’Union européenne qui donne aux positions hongroises une envergure continentale. Pas plus tard qu’hier, en bloquant l’adoption du budget européen pluriannuel 2021-2027 et celui du plan de relance – réfutant ainsi qu’un biais idéologique détermine l’allocation des fonds européens.

Breizh-info.com : Viktor Orbán fût encensé par les médias occidentaux à l’époque où il luttait contre le joug soviétique, puis démoli après s’être opposé à l’immigration. Comment expliquez-vous ce revirement ?

Thibaud Gibelin : Viktor Orbán n’a pas attendu 2015 pour subir les foudres des médias occidentaux. Il est vrai qu’à l’époque communiste et à celle du changement de régime, le libéralisme occidental exerçait une invincible attirance sur le personnage. Mais dès 1993, Viktor Orbán assoit sa domination sur le Fidesz et impose un tournant conservateur à sa formation politique. Ceci lui vaut à trente ans une première bronca médiatique. Autant dire que le personnage ne craint plus la « diabolisation ».

Ce n’est pas lors de sa première expérience de gouvernement, de 1998 à 2002, qu’il devient la bête noire des médias occidentaux, mais de façon croissante depuis 2010.

La question migratoire peut même paraître secondaire parmi les reproches qu’adressent nombre de médias à la Hongrie. Par exemple, le soutien apporté à l’épanouissement de la famille traditionnelle plutôt qu’à l’agenda LGBT dévoile des ruptures abyssales entre Budapest et Bruxelles. Les efforts de la diplomatie hongroise pour tisser des partenariats tous azimuts, notamment avec la Russie et la Chine, déplaisent à l’Allemagne qui regarde l’Europe centrale comme sa zone d’influence attitrée.

Breizh-info.com : Nos informations font tout de même état d’une contestation anti Viktor Orbán qui monte en Hongrie actuellement, et d’intentions de vote pas en sa faveur. Qu’en est-il ?

Thibaud Gibelin : Les antagonismes politiques en Hongrie sont réels et particulièrement violents. Chaque camp dispose d’une importante surface médiatique, ce qui attise les oppositions. Zapper d’une chaîne à l’autre en amont des élections de 2018 vous donnait le vertige, tant les camps ennemis se rendent coup pour coup ; c’est le revers de la pluralité médiatique. Il est vrai que l’opposition à Viktor Orbán tente de former un front commun, de l’extrême-droite réformée (Jobbik) à la gauche. Cette configuration « arc-en-ciel » a permis de ravir Budapest et quelques métropoles provinciales au Fidesz l’automne dernier. Cette contestation disparate inspire cependant peu de confiance à travers la pays.

Le grand enjeu est désormais la gestion de la « crise de la Covid 19 », à commencer par la contraction importante de l’économie.

Breizh-info.com : Pensez-vous que la stratégie de Viktor Orbán et plus globalement du groupe de Visegrad, puisse un jour déteindre sur l’Europe de l’Ouest ou bien les paramètres sont fondamentalement différents ?

Thibaud Gibelin : Si on peut parler de « stratégie », celle de Viktor Orbán est dictée par les circonstances. La Hongrie a besoin de l’envergure du groupe de Visegrad pour se faire entendre à Bruxelles. De même l’Europe centrale, en tant que périphérie du monde occidental, ne peut envisager le maintien de son intégrité culturelle sans faire muter Bruxelles. Tout Etat membre pèse à sa mesure dans l’identité double de l’UE : visage unitaire du continent ou cosmopolitisme sans visage. Rarement l’histoire européenne n’a été aussi tragique qu’à présent. Ce livre donne la mesure du siècle européen qu’on édifie à Budapest.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : Wikimedia commons (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

La guerre du Karabakh est terminée. La crise ne l’est pas. Que se passera-t-il après ?

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La guerre du Karabakh est terminée. La crise ne l’est pas. Que se passera-t-il après ?

Par The Saker Blog

Tout d’abord, je veux commencer cette analyse en publiant la traduction complète d’un article publié hier par le webzine russe Vzgliad. Je n’ai matériellement pas le temps de faire ma propre traduction, donc ce que je publierai n’est qu’une traduction automatique peu retouchée, veuillez m’en excuser.

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Cinq grands mystères de la deuxième guerre du Karabakh

par Evgenii Krutikov

La fin de la deuxième guerre du Karabakh a donné lieu à de nombreuses énigmes et théories du complot. En effet, certaines des circonstances de ce conflit sont extrêmement mystérieuses, ou du moins paradoxales du point de vue de la logique militaire conventionnelle. Apparemment, la direction arménienne elle-même a provoqué une catastrophe politique.

Faisons la liste des énigmes qui soulèvent les plus grandes questions et provoquent l’apparition de «théories du complot» en Arménie, et ailleurs.

1. Pourquoi une mobilisation à part entière n’a-t-elle pas été menée en Arménie et des unités militaires complètes n’ont-elle pas été déployées dans la zone de conflit ?

Malgré les déclarations patriotiques bruyantes, il n’y a pas eu de réelle mobilisation en Arménie. L’effectif permanent de l’armée arménienne – environ 50 000 hommes – n’a été augmenté que par des volontaires. Alors que les conditions des combats exigeaient d’augmenter le nombre de défenseurs du Karabakh jusqu’à 80 ou 100 000 hommes au moins. Dans le même temps, très vite, le manque de spécialistes – par exemple calculs d’artillerie et  lance-roquettes multiple MLRS – a commencé à affecter le front de l’armée arménienne. Il n’y avait personne pour combler les pertes.

Il est inexplicable que Erevan n’ait pas mené une réelle mobilisation. Les dirigeants arméniens évitent tout simplement de parler de ce sujet. S’il y avait un plan de mobilisation, personne n’a essayé de le mettre en œuvre. En conséquence, il n’y avait pas de rotation du personnel militaire en première ligne, dans certaines régions, les gens sont restés dans les tranchées pendant un mois sans être relayés. Les jeunes de 18 à 20 ans étaient en première ligne et, à un moment donné, les jeunes non formés représentaient jusqu’à 80% des effectifs. Les détachements du Karabakh, composés de professionnels et de vétérans, ont subi de lourdes pertes au cours de la première semaine, parce qu’il n’y avait personne pour compenser, il n’y avait tout simplement pas de renforts.

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Des groupes de volontaires arméniens ont été formés selon des principes d’appartenance à des partis politiques. Le scandale a été provoqué par une tentative de former un détachement distinct d’un parti arménien prospère nommé d’après l’oligarque Gagik Tsarukyan, qui est désormais le principal opposant à Pashinyan. Les deux sont en conflit depuis plus d’une décennie. Désormais, le Premier ministre désigne ouvertement Tsarukyan comme «le coupable de la chute de Chouchi», car son escouade fantôme n’aurait pas été assez nombreuse sur le front pour gagner. Ces conflits auraient pu être évités simplement en ayant un plan de mobilisation et une volonté de le mettre en œuvre.

Les principales forces militaires arméniennes ne se sont pas déplacées vers le Karabakh. Mais pour soulager la tension créée par les drones azerbaïdjanais, il suffisait de simplement déplacer les radars de détection précoce à Goris. Et un corps d’armée aurait suffi à couvrir la zone sud au moment où les Azerbaïdjanais prenaient tranquillement leur temps devant la première ligne de défense. Les approvisionnements nécessaires n’ont pas été organisés et, après un mois de combats, cela a conduit à une pénurie de missiles pour les MLRS et d’obus pour l’artillerie. Et sans soutien d’artillerie, l’infanterie ne peut que mourir  héroïquement.

Tout cela frôle le sabotage, même s’il peut s’expliquer en partie par la négligence locale et la réticence à affaiblir la défense de l’Arménie proprement dite. Cette dernière attitude est très controversée et il semble que les dirigeants arméniens aient tout simplement abandonné le Karabakh à son sort.

2. Pourquoi le front nord s’est-il comporté si étrangement ?

Dans le nord et le nord-est du Karabakh, dans la région de la République kirghize, il y avait une vaste zone fortifiée de défense arménienne, qui comprenait des unités tout à fait prêtes au combat. Et ils ont vraiment opposé une résistance sérieuse à l’avancée du groupe azerbaïdjanais pour finalement la stopper, perdant cependant plusieurs positions et des villages importants.

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Mais après cela, le bataillon d’élite Yehnikner s’est soudainement retiré, bien que son commandant ait réussi à obtenir le titre de «héros de l’Artsakh». De plus, depuis le 3 octobre, ni Yehnikner,  ni aucune autre unité militaire n’ont été retirés du front nord et déplacées pour aider le sud en feu. Dans le même temps, les Azerbaïdjanais n’ont décidé qu’une seule fois de simuler à nouveau une offensive dans le Nord, manifestement à des fins de distraction. Il n’était pas nécessaire de garder jusqu’à 20 000 hommes dans le Nord.

La direction du Karabakh explique tout cela de manière informelle par un manque de ressources. Mais maintenant, le «manque de ressources» au Karabakh explique tout.

3. Pourquoi le front sud s’est-il effondré ?

Le fait que le coup principal serait infligé par les Azerbaïdjanais au sud, dans la zone de steppe, était déjà visible à l’œil nu dans les premiers jours de la guerre. Néanmoins, des ressources – humaines et techniques – ont commencé à arriver sur le front sud alors que ce front n’y était plus en fait. La zone de steppe a été perdue et le front s’est arrêté le long des montagnes, de Krasny Bazar à Martuni. En conséquence, jusqu’à 30 000 personnes défendant le Karabakh se sont entassées dans cette région. Elles ont été menacées d’encerclement complet et de destruction, ce qui a été l’une des raisons de la signature de l’accord de cessez-le-feu. Dans le même temps, avant l’occupation de Jabrayil, les troupes azerbaïdjanaises avançaient très lentement, perturbant leur propre rythme d’attaque. Cela a donné aux Arméniens une longueur d’avance, petite mais c’était un début pour comprendre la situation et s’engager dans la relocalisation.

Après l’occupation de Jabrayil, le front a commencé à se désagréger et l’avancée des Azerbaïdjanais s’est fortement accélérée. L’occasion était perdue.

Pour une raison quelconque, le commandement arménien n’a pas pris de décision concernant le transfert de ressources supplémentaires vers le front sud ? Ceci est un autre mystère.

4. Pourquoi la partie arménienne s’est-elle limitée à la défense passive ?

Pendant toute la guerre, la partie arménienne n’a tenté qu’à deux reprises une contre-attaque contre les unités avancées des Azerbaïdjanais qui couraient loin devant. Les deux fois, cela s’est produit en face de Latchin dans une gorge étroite, rendant extrêmement vulnérable le bataillon-tactique azerbaïdjanais (BTG). Une fois même avec succès. Mais ces opérations ont été simplement réduites à une attaque massive de MLRS contre les groupes ennemis. Des opérations pour bloquer la gorge et encercler l’ennemi dans d’autres secteurs du front sud ont été suggérées. Mais pas une seule unité arménienne n’a bougé. Une guerre incroyable dans laquelle l’une des parties n’a pas mené une seule opération offensive sur le terrain, se limitant uniquement et exclusivement à la défense passive.

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Une contre-offensive réussie dans la gorge, devant Latchin, aurait écrasé tant de forces azerbaïdjanaises dans le chaudron qu’elles n’auraient pas pensé à attaquer Chouchi pendant au moins deux semaines. Et plus tard, il était tout à fait possible de détruire l’infanterie azerbaïdjanaise dans le ravin Averatec. Mais cela aurait demandé beaucoup d’efforts.

Rien n’explique pourquoi la partie arménienne n’a même pas essayé de contre-attaquer ou d’utiliser d’autres méthodes pour exploiter l’avantage opérationnel qu’elle a eu à plusieurs reprises. Le manque de ressources ne peut être évoqué sans fin que dans les dernières étapes de la guerre, mais la défense passive est une tactique constante depuis le début de la guerre.

5. Pourquoi Chouchi a-t-elle été abandonnée ?

C’est la question la plus sensible et incompréhensible. Le premier assaut contre la ville par l’infanterie azerbaïdjanaise a été totalement infructueux. Ensuite, la deuxième colonne d’Azerbaïdjanais a été couverte par des frappes de MLRS. Avec quelques efforts et l’aide de l’Arménie, le groupe azerbaïdjanais qui a pénétré dans la ville pouvait être détruit. Cependant, soudain, une décision est prise de quitter la ville sans combat et de ne pas tenter de la libérer dans une situation opérationnelle et tactique favorable qui a duré encore une journée.

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On pense que la décision de quitter Chouchi a été prise par le président du NKR [le Karabakh] Araik Harutyunyan et le secrétaire du Conseil de sécurité du NKR, le général Samvel Babayan, une légende locale. Désormais, pour protester contre la signature de l’armistice, il quitte son poste et renonce au titre de héros de l’Artsakh. La chaîne arménienne YouTube «Lurer» («nouvelles») a publié un enregistrement des pourparlers de Babayan et Harutyunyan, d’où il ressort que le général Babayan a vraiment envisagé la possibilité de reprendre Chouchi même après son abandon, mais la nouvelle perspective de résistance était très sombre.

Fragment de conversation (non verbatim) :

Évaluons la tâche (du combat). Vingt, trente volées de frappe de couverture par les MLRS «Smerch» sur Chouchi. Nous tuons tout le monde là-bas. Reprenons la ville. Et après ? L’état de l’armée et de la population civile ne permet pas la guerre. Nous avons mené la bataille, pris Chouchi, alors quoi ? (…) On ne peut pas combattre contre l’armée de l’OTAN, avec des mercenaires, tout équipés… J’ai essayé d’organiser une opération avec trois bataillons hier. Nous n’avons que quatre obusiers. Si l’artillerie ne nous est pas fournie, comment allez-vous assurer l’offensive ou couper sa retraite (celle de l’ennemi) ? (…) Aujourd’hui, nous devons enfin négocier avec la Russie pour que nous cédions ces territoires et que nous les quittions. Ou ils nous aident. Imaginez que nous avons aujourd’hui deux MLRS Grads pour toute l’armée, et une douzaine d’obusiers, pour lesquels nous n’avons pas d’obus.

Pour résumer, le général Babayan pensait que la résistance était inutile à ce stade des combats. Il faut refuser de continuer la guerre et soit se rendre, soit demander dix jours pour une sortie organisée de la population locale et des 30 000 soldats du front sud qui sont complètement encerclés. En guise d’alternative, il a été proposé de demander d’urgence à la Russie une assistance militaire directe sous la forme de mercenaires ou de volontaires, d’équipement et de munitions.

Mais tout cela n’évacue pas la question de savoir pourquoi un petit groupe de fantassins azerbaïdjanais sans équipement lourd, qui a pu percer jusqu’à Chouchi, n’a pas été détruit avant que l’armée arménienne ne commence à paniquer. L’occupation de Chouchi a créé une architecture complètement différente d’accords politiques pour le NKR et l’Arménie. S’il s’agit d’une décision politique, qui l’a prise ?

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Cette liste des mystères de la deuxième guerre du Karabakh est loin d’être complète. En outre, les dirigeants arméniens ont suscité de nombreuses questions similaires sur la préparation de la guerre. Cette guerre a été perdue avant même d’avoir commencé, précisément à cause de l’inaction ou de l’action étrange d’Erevan.

Le processus se poursuivra pendant longtemps. La situation dans la région a changé si radicalement au cours de ces quarante jours que toutes les anciennes approches pour résoudre le conflit et sa composante militaire ont disparu d’elles-mêmes. Et la nouvelle réalité exigera de nouvelles solutions pour l’Arménie. Et on ne sait pas encore qui prendra ces décisions.

Fin du texte de Evgenii Krutikov

* * *

Personnellement, je ne vois aucune sombre  conspiration ici. Ce que je vois, c’est un niveau d’incompétence vraiment phénoménal de la part des dirigeants sorosites [sous la coupe de Soros] d’Arménie. En termes simples, la grande majorité des dirigeants arméniens vraiment compétents, civils et militaires, ont été soit emprisonnés, soit, à tout le moins, licenciés en masse. Il y a une explication très simple à cela aussi.

Du point de vue de Pashinian, et, à partir de maintenant, quand je dis «Pashinian», je veux désigner les suspects habituels : MI6, CIA, Soros, etc., la «vieille garde» des dirigeants formés à la soviétique a dû être supprimée car on ne pouvaient pas leur faire confiance. Mais ce que cet imbécile et ses maîtres n’ont pas réalisé, c’est que la direction «éduquée par les Soviétiques» était bien plus compétente que les «démocrates éveillés et les amis transgenres» qui ont pris le pouvoir en 2018.

Aparté

Avez-vous remarqué quelque chose d'assez intéressant ? Les forces militaires 
«anciennes» et «entraînées par les Soviétiques» en général, et leurs commandants
en particulier, sont systématiquement beaucoup mieux entraînées que ces
forces entraînées par l'OTAN ou «l'armée la plus puissante de l'histoire de
la galaxie»
. Pourquoi les forces démocratiques, progressistes et avancées
comme, disons, les Saoudiens, les Israéliens, les Géorgiens, les Yéménites
[pro-saoudiens, NdSF] ou tous les autres nombreux «bons terroristes» se
comportent-ils toujours misérablement au combat ? Je vais vous laisser
réfléchir à cette question :-)

Au fait, Pashinian, qui se cache dans un bunker ou dans l’enceinte de l’ambassade américaine à Erevan, y est toujours ! Hier, il a appelé Macron, qui est sous la pression de l’importante diaspora arménienne en France pour faire quelque chose, pour lui demander son aide et Macron a promis d’aider à trouver une solution acceptable par toutes les parties, impliquant deux choses :

  1. Que la «solution russe» – en réalité arménienne – qui est l’acceptation par Erevan des termes azéri n’est pas acceptable.
  2. Que la France ait une sorte de baguette magique que Macron peut agiter plusieurs fois pour transformer, à jamais, toute la zone d’opération en une terre paisible où coule le lait et le miel où tout le monde se tiendrait par la main en chantant Kumbaya et «ressentirait l’amour» pour toujours.

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Comme d’habitude, les Britanniques sont beaucoup plus sournois, secrets et intelligents : le chef du MI6 est en Turquie pour rencontrer des «hauts fonctionnaires». Oui en effet ! Au fait, ce chef du MI6, Richard Moore, est un ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Turquie. Pour avoir une idée de ce dont il s’agit, tout ce que vous avez à faire est de consulter n’importe quel livre d’histoire pour voir que les Britanniques ont toujours utilisé les Ottomans comme chair à canon contre la Russie.

Quant aux Américains, ils sont fondamentalement paralysés par le chaos dans leur propre pays. Mais l’un ou l’autre des pouvoirs guignolesques en compétition actuellement pourrait essayer quelque chose de désespéré pour «brandir le drapeau» et prouver qu’il est «dur avec la Russie».

Alors, quelle est la prochaine étape ?

Depuis des années, je dis ce qui suit à propos des dirigeants politiques occidentaux : ils sont incapables de construire quoi que ce soit qui vaille la peine, mais ils sont très certainement capables de semer le chaos, l’anarchie, la violence, les insurrections, etc. Donc, la première chose dont vous pouvez être sûr est que les anglo-sionistes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour inciter les Arméniens, les Azéris et même les Turcs à rejeter un résultat que l’Occident considère comme un triomphe pour la Russie, et pour Poutine personnellement !

Ensuite, il y a Erdogan, qui est furieux du rejet catégorique, par les Russes, de ses demandes de faire partie de la force de maintien de la paix. Tout ce que les Russes ont accepté, c’est de créer un «poste de surveillance» spécial composé de Russes et de Turcs, loin de la région du Haut-Karabakh où une équipe conjointe d’observateurs «surveillerait» la situation en regardant des ordinateurs. Il n’y aura pas de soldats turcs dans la zone de maintien de la paix – voir la carte militaire russe en tête de cet article.

En tant qu’option de secours, les Turcs exigent également qu’ils soient autorisés à piloter leurs propres drones au-dessus de la zone d’opérations. En réponse, la partie arménienne a déclaré que l’Arménie et la Russie avaient conjointement déclaré une zone d’exclusion aérienne sur toute la région. Pour autant que je sache, les Russes n’ont pas confirmé cela «pour l’instant», mais vous pouvez être à peu près sûr qu’ils abattront immédiatement tout aéronef non autorisé s’approchant de leurs positions.

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Pour avoir une idée de la façon dont les Russes agissent, vous devez savoir deux choses :

Premièrement, les médias libéraux russes sont déjà en train de se plaindre que la Russie a inclus des systèmes d’armes «non déclarés» dans sa force de maintien de la paix – MLRS et véhicules blindés. Cela n’est guère surprenant compte tenu de la très forte probabilité de provocations des deux côtés. En outre, le langage vague de l’accord permet aux Russes d’apporter des «véhicules spécialisés» qui pourraient signifier tout et n’importe quoi.

En outre, je suis assez convaincu que la 102e base militaire russe à Gyumri recevra des renforts et servira de centre de soutien logistique à la force russe de maintien de la paix.

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Le lieutenant-général Rustam Muradov, commandant la force russe de maintien de la paix, et Vladimir Poutine

Deuxièmement, il vaut la peine d’examiner la carrière de l’homme qui commandera la force de maintien de la paix russe, le lieutenant-général Rustam Muradov. Vous pouvez consulter sa biographie ici et ici. Je résumerai simplement la carrière de cet homme en deux mots : Donbass, Syrie.

Ce n’est pas une sorte de prétendu général dont les qualifications sont principalement bureaucratiques et politicardes. Ce type est un vrai général de combat, le genre d’officier qui va au feu et s’assure d’être régulièrement avec ses hommes en première ligne, qui a l’expérience de « l’Axe du Bien » et ses «bons terroristes», qu’ils soient locaux ou spéciaux.

L’Occident le comprend parfaitement et est absolument furieux d’être à nouveau «trompé» par la Russie !

Premièrement, les Russes ont arrêté la guerre sanglante en Syrie, maintenant ils ont arrêté la guerre en Azerbaïdjan. Pour l’Empire, cela signifie la perte totale du chaudron d’instabilité qu’ils ont essayé avec délectation de créer dans le Caucase et au Moyen-Orient pour finalement atteindre le ventre mou de la Russie. Ils ont raté. Ils ne le pardonneront pas.

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Deuxièmement, la plupart des Arméniens du monde entier sont absolument horrifiés par l’issue de cette guerre et ils ont ma sincère sympathie. Le problème ici est que beaucoup d’entre eux blâment la Russie plutôt que leurs propres dirigeants. En outre, il y a beaucoup de nationalistes vraiment enragés parmi les forces opposées à Pashinian en Arménie. En ce moment, ce dernier se cache quelque part et il refuse toujours de démissionner, soutenu jusqu’au bout par l’Occident, bien sûr. Mais cela va changer, je ne peux pas imaginer que quiconque reste au pouvoir après une telle catastrophe.

Cependant, Pashinian parti ne signifie pas du tout que des pro-russes, voire des neutres, lui succéderont. En fait, comme dans la plupart des situations chaotiques, ce sont les extrémistes qui sont les plus susceptibles de prendre le pouvoir. Et Dieu sait seulement ce qu’ils pourraient faire ensuite !

De manière paradoxale, le meilleur résultat pour la Russie serait que Pashinian reste au pouvoir un peu plus longtemps, juste assez longtemps pour créer un fait accompli sur le terrain qu’aucune folie ne pourrait véritablement renverser.

En ce moment, les réfugiés arméniens bloquent les seules routes qui leur permettront de fuir vers l’Arménie. Ces pauvres gens ne feront jamais confiance à la parole d’un Azéri et, encore moins, d’un Turc, et qui pourrait leur en vouloir ?!

C’est vraiment une tragédie déchirante qui aurait pu être complètement évitée si Pashinian et ses Sorosites avaient fait quelques choses vraiment basiques comme se préparer à la guerre et se contenter d’un accord de paix imparfait pour commencer.

Les forces arméniennes du Karabakh se retirent également, et ce n’est pas comme si elles avaient beaucoup d’option : s’échapper avec la vie sauve est vraiment tout ce que ces pauvres soldats pouvaient espérer – et ce n’est pas de leur faute, j’ajouterais !

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Les prochaines semaines seront cruciales et je ne peux qu’espérer que les Russes seront pleinement prêts à faire face à toute éventualité, y compris un revirement arménien complet si Pashinian est renversé très bientôt.

C’est maintenant une course contre la montre : d’un côté, l’Occident veut littéralement virer la Russie quoi qu’il en coûte en vies azéries et arméniennes tandis que les Russes se décarcassent pour faire de l’accord une réalité bien défendue sur le terrain. En Ukraine, ils disent que « l’Occident est prêt à combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien ». J’espère et je prie pour que cela ne se produise pas dans le Caucase.

The Saker

PS : du côté vraiment triste et tragique, je n’imagine personnellement aucun réfugié disposé à revenir, malgré toutes les pieuses promesses faites par toutes les parties. Écoutez, soyons honnêtes ici : pendant la première guerre du Karabakh, que les Arméniens ont gagnée, les Azéris ont été brutalement expulsés, il y a eu plusieurs cas de meurtre massif de civils azéri par les forces arméniennes triomphantes. Cette fois-ci, les Azéris ont fait toutes sortes de promesses, mais si j’étais Arménien, je ne me fierais pas à un seul mot de ce que disent les Turcs ou les Azéris – diable, ces deux-là nient encore qu’il y ait eu un génocide des Arméniens par les Ottomans ! Gardez à l’esprit que dans cette courte guerre, environ 4 000 civils sont morts; c’est le chiffre officiel, le vrai est probablement encore pire !

Peut-être que dans une décennie ou deux, et seulement si la Russie reste la gardienne de la paix dans le Caucase, certains réfugiés, ou leurs fils et filles, retourneront-ils dans leur patrie historique. Mais pour le moment, la force russe de maintien de la paix finira probablement par maintenir la paix dans un Haut-Karabakh désert. C’est un résultat révoltant qui, je le répète, aurait pu être évité par Pashinian et sa bande de Sorosites. Que cela soit une leçon pour quiconque prend ces clowns maléfiques au sérieux !

The Saker

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Ma dernière carte sur la Russie : double endiguement de l'OTAN et de la Turquie

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Ma dernière carte sur la Russie : double endiguement de l'OTAN et de la Turquie
 
par Pierre-Emmanuel Thomann
(via Facebook)
 
La Russie étend son empreinte territoriale pour endiguer les pressions géopolitiques extérieures selon une stratégie de contre-encerclement
 
Premier enseignement, face à la pression de la Turquie qui est membre de l'OTAN, c'est un élément important à souligner, la Russie a rétablit sa primauté sur le Caucase du Sud, qui fait partie de son étranger proche. la Russie impose un accord dont elle est le seul garant, elle écarte la Turquie d'un rôle explicite, s'installe avec des observateurs militaires sur le territoire stratégique du Haut-Karabagh, et la classe politique arménienne au pouvoir va probablement s'orienter de manière plus favorable à la Russie.
 
Sur les temps plus longs, après avoir gagné la guerre en Tchétchénie (1999-2000) qui menaçait son intégrité territoriale, la Russie poursuit son retour inexorable sur ses anciens territoires de la Russie tsariste, après la Trandnistrie (Moldavie), l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie (guerre Russie-Géorgie 2008), la Crimée réunifiée avec la Russie à la suite du changement de régime à Kiev (2014) et désormais avec l'arrivée des troupes russes au Haut-Karabagh (les Russes ont proposé cette solution à différentes étapes historiques du conflit) sur un territoire de facto arménien, mais légalement en Azerbaïdjan. Il ne s'agit pas d'une reconquête impériale, ni de la restauration d'une URSS réincarnée, mais de la défense ciblée des intérêts de sécurité de la Russie dans son étranger proche, sous la pression des puissances extérieures. A l'occasion du dénouement de la guerre au Haut-Karabagh, la Russie réussit un double endiguement, vis à vis de la Turquie et de l'OTAN.
 

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Le continuum territorial des crises simultanées actuelles ou gelées aux frontières de la Russie (Biélorussie, Donbass en Ukraine, Trandnistrie en Moldavie, Abkhazie /Ossétie du Sud en Géorgie, et Haut-Karabagh entre Arménie et Azerbaïdjan) forment un arc de crises qui sont exploitées et renforcées par les puissances extérieures, principalement les Etats-Unis et ses alliés du front oriental OTAN, qui agissent par Etats-pivots interposés (la Pologne la Turquie) ou directement pour encercler, contenir, et si possible repousser la Russie dans ses terres continentales. La Russie réagit à cette pression géopolitique par la préservation d'avant-postes qui lui permettent de rétablir l'équilibre.
 
La Russie, du fait de sa reconnaissance de jure ou de facto des territoires séparatistes et de son empreinte territoriale militaire sur ces territoires, bloque l'adhésion éventuelle à l'OTAN de la Géorgie, de l'Ukraine, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan (pas à l'agenda, pour les deux derniers, contrairement à la Géorgie et l'Ukraine, mais à long terme, mieux vaut être prudent).
 
La Russie a empêché une défaite totale de l'Arménie au Haut-Karabagh. Les Russes ne pouvaient pas accepter une invasion complète du Haut-Karabagh. Cela aurait été interprétée comme un affaiblissement de la Russie, et de facto de l'OTSC (même si juridiquement, il n'y a que le territoire de l'Arménie stricto sensu qui était concerné par les accords de défense avec la Russie, puisque l'Arménie, n'a elle même pas reconnu officiellement l'Etat autoproclamé du Haut-Karabagh, pour en faire une carte de négociation avec L'Azerbaïdjan), et un gain trop important pour l'Azerbaïdjan, mais aussi pour la Turquie. Cette évolution aurait ensuite été exploitée dans la guerre de communication que les adversaires atlantistes mènent en permanence contre la Russie. Cela aurait aussi ouvert la voie à d'autres déstabilisations et avancées turques, avec la complaisance, voire le feu vert des Etats-Unis et l' OTAN.
 
Face à l'impossibilité des parties à s'entendre sur la mise en oeuvre des propositions du groupe de Minsk sur la table de négociation depuis des années (retour des zones tampons adjacentes au Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan en échange d'un processus de détermination sur le statut du Haut-Karabagh), les Russes ont adopté une posture de prudence qui était la seule posture réaliste. En choisissant leur camp de manière claire, les Russes auraient non seulement perdus leur position de médiateurs, mais aussi risqué de voir l'Azerbaïdjan se rapprocher plus encore des Turcs, voire l'OTAN à plus long terme. Lorsque les Azerbaïdjanais furent sur le point de conquérir tout le territoire du Haut-Karabagh et après la perte d'un hélicoptère russe dans des conditions obscures, les Russes ont poussé à un accord lorsque la situation était mûre après l'échec des trois cessez le feu précédent.
 

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En conséquence, selon l'accord approuvé le 9 novembre, la Russie peut désormais déployer des troupes d'interposition au Haut-Karabagh, en plus de ses bases en Arménie, avant-postes vis à vis de la Turquie et le corridor énergétique stratégique promu par les Etats-Unis sur l'axe Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Les forces russes s'installent donc aussi sur le territoire considéré comme légal par les Nations Unies et l'Azerbaïdjan. L'Arménie surtout, mais l'Azerbaïdjan aussi, vont devenir plus dépendants de la Russie, et la Géorgie restera bridée dans son rapprochement vers l'OTAN et l'UE.
 
En vertu de l'accord du 9 novembre, un corridor de transport reliant l’Azerbaïdjan à l’enclave du Nakhitchevan (avec prolongement à la Turquie), revendication de Bakou pour avoir une continuité territoriale mais aussi d'Ankara pour avoir un accès à la mer Caspienne sera établit. Pour la continuité territoriale entre l'Arménie et le Haut-Karabagh, le corridor de Latchin sera maintenu mais déplacé en raison de la perte de la ville de Chouchi par les Arméniens. Ces deux corridors seront supervisés par des forces russes d'interposition. Les Russes vont donc contrôler toutes les voies stratégiques des uns et des autres.
 
La Turquie renforcée dans le Caucase du Sud mais endiguée par la Russie
 
La nouvelle configuration géopolitique n'implique pas clairement de nouveau condominium russo-turc dans le Caucase du Sud, à l'image du processus d'Astana en Syrie, revendication turque, même si la Turquie a renforcé son influence en Azerbaïdjan.
 
La Turquie, soutien politique et militaire de l'Azerbaïdjan, et donc en expansion géopolitique après ses opérations militaires sur les territoires Libyen et Syrien, renforce son statut de puissance régionale incontournable.
 
Elle a été pourtant (temporairement ?) endiguée par la Russie dans le Caucase du Sud par rapport à ses ambitions initiales.
 
On peut penser que l'Etat-major Turc fut le commandant en chef d'une partie des opérations (leading from behind) pour l'offensive turco-azérie au Haut-Karabagh ainsi que fournisseur de mercenaires islamistes provenant de Syrie et d'armements, notamment des drones.
 
La Turquie souhaitait être incluse officiellement dans le format de négociation pour le cessez-le-feu et la période post-conflit. Elle a pourtant été écartée formellement de l'accord du 9 novembre signé entre la Russie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, puisqu'elle n'est pas signataire, même si une négociation en coulisses entre Russie et Turquie a vraisemblablement eu lieu.
 

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Comme la Turquie est membre de l'OTAN et que le Haut-Karabagh est dans l'étranger proche de la Russie, cette dernière ne pouvait pas lui octroyer le statut de partenaire sur un pied d'égalité pour inaugurer un condominium russo-turque sur le Caucase du Sud, à l'image de la Syrie et du processus d'Astana. Il n'y aura donc pas de forces d'interposition turques au Haut-Karabagh mis à part des observateurs dans un centre d'observation du cessez-le-feu, seule concession aux Turcs. Toutefois, l'interprétation des accords diffère entre les Russes, les Azéris, et les Turcs qui essaient de poursuivre la négociation pour maximiser leur présence.
 
La Russie a aussi fait pression sur la Turquie en bombardant les islamistes pro-turcs en Syrie, pour indiquer les lignes rouges russes vis à vis des flux de mercenaires islamistes.
 
La soi-disant alliance russo-turque souvent invoquée, ou la thèse d'une connivence russo-turque pour se tailler et partager des zones d'influence au détriment des Européens et des Etats-Unis est à relativiser. La régionalisation des enjeux géopolitiques relève de l'évolution de la configuration géopolitique mondiale. C'est avant tout à cause du refus de la part des Etats Unis et des autres membres européens de l'OTAN d'accorder une place à la Russie dans un nouveau concert européen et mondial, et la poursuite de son encerclement par l'expansion euro-atlantiste que la Russie est obligée de se rapprocher de pays qui peuvent aussi constituer une menace dans l'immédiat (La Turquie et son expansion panturque et islamiste) ou à plus long terme (la Chine). Il n'y a pas d'alliance entre la Russie et la Turquie, mais rivalité, confrontation et identification d'intérêts tactiques communs à la suite de négociations permanentes pour tracer les lignes de front en mouvement, sans se laisser entraîner dans une guerre frontale.
 
Comme la Russie a torpillé l'expansion turque en Syrie, la Turquie cherche a torpiller l'expansion russe en Libye et tente désormais de bousculer la Russie dans le Caucase. Un nouveau foyer d'attraction pour tous les mercenaires islamistes risquait d'affaiblir durablement la Russie sur son flanc sud, comme réplique à l'engagement russe en Syrie qui était aussi devenu le théâtre de ralliements des islamistes que la Russie avait stoppé grâce à son intervention.
 

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Par contre, dans un monde multipolaire, le processus de régionalisation des crises où les acteurs régionaux qui ont des intérêts directs forment un directoire pour gérer leurs différents ou convergences géopolitiques, en excluant les prétendants au monde unipolaire (les Etats-Unis et leurs alliés proches) qui s'arrogeaient auparavant le droit de se mêler de toutes les crises à l'échelle globale, est logique. L'évolution de la posture des Etats-Unis, qui se retirent des premières lignes, mais privilégient les Etats-pivots au frontières de l'étranger proche de la Russie, en l'occurrence la Turquie, accélère cette évolution. La Russie n'est pas tombée dans le piège de la confrontation directe avec la Turquie, et poursuit sa relation de rivalité permanente mais ponctuée d'accords provisoires et précaires pour essayer de détacher la Turquie de l'OTAN, afin de fissurer l'alliance, malgré son double jeu.
 
La Turquie est garante de l'axe énergétique Bakou-Tbilissi-Ceyhan avec le soutien implicite des Etats-Unis et de l'OTAN et l'UE. Elle revendique aussi un nouveau corridor Turquie-Azerbaïdjan en passant par le Nakhitchevan et le Sud du Haut-Karabagh, qui pourrait être prolongé vers l'Asie centrale en traversant la mer Caspienne. Selon l'accord du 9 novembre, ce corridor lui serait accordé mais sous supervision russe, et croiserait l'axe Arménie-Iran.

La ponérologie politique : étude de la genèse du mal, appliqué à des fins politiques

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La ponérologie politique : étude de la genèse du mal, appliqué à des fins politiques

Préface rédigée par Laura Knight-Jadczyk

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

006606482.jpgLe premier manuscrit de cet ouvrage a été jeté au feu cinq minutes avant l’arrivée de la police secrète en Pologne communiste.

Le deuxième, rassemblé péniblement par des scientifiques travaillant dans des conditions de répression quasiment invivables, a été envoyé au Vatican par l’intermédiaire d’un messager. Celui-ci n’a transmis aucun signe de vie et aucun accusé de réception n’a été reçu. Le manuscrit et toutes ses précieuses données étaient perdus.

Le troisième manuscrit a été rédigé dans les années 1980, après que l’un des scientifiques ayant collaboré au projets ait fuit aux Etats-Unis. Zbigniew Brzezinski en a censuré la publication.

La ponérologie politique — étude de la genèse du mal, appliqué à des fins politiques a été façonnée dans le creuset même du sujet étudié.

L’auteur et son équipe, vivant sous un régime répressif et totalitaire, décidèrent d’étudier ce phénomène, ses fondateurs et ses acteurs, afin de déterminer le facteur commun dans la montée et la propagation de l’inhumanité de l’homme envers l’homme.

Choquant dans la sobriété clinique de ses descriptions de la véritable nature du mal, poignant dans les passages décrivant les souffrances vécues par les chercheurs qui ont été contaminés ou anéantis par la maladie qu’ils étudiaient, cet ouvrage devrait être lu par tout individu défendant les valeurs morales ou humanistes. Car il est certain que la moralité et l’humanisme ne peuvent longtemps supporter les déprédations du Mal. Connaître sa nature, la façon dont il se crée et se répand et l’hypocrisie et la perfidie de son mode opératoire, en est l’unique antidote.

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Quelques mots au sujet de l’auteur

Andrew M. Łobaczewski est né en Pologne en 1921. Il a été élevé dans le domaine familial, dans une superbe région de montagnes. Sous l’occupation nazie il a travaillé à la ferme, est devenu apiculteur, puis soldat de l’armée intérieure, une armée secrète émanation de la résistance polonaise. Après l’invasion de la Pologne par l’armée soviétique le domaine familial a été confisqué et les habitants de la vieille demeure ont été forcés de quitter les lieux.

Obligé de travailler dur pour gagner sa vie, il a étudié la psychologie à la Yagiellonian University de Cracovie. Les conditions de vie sous le régime communiste ont suscité son intérêt pour la psychopathologie, et en particulier pour le rôle des psychopathes sous ce régime. Il n’était pas le premier chercheur à s’intéresser à ces questions. Ces travaux avaient été entrepris par un groupe secret de scientifiques de l’ancienne génération, bientôt anéanti par les autorités du gouvernement rouge. Łobaczewski a repris le flambeau et a mis par écrit les résultats des travaux.

C’est en travaillant dans un hôpital psychiatrique puis dans un hôpital général, ainsi que dans des services indépendants de santé mentale que l’auteur a acquis ses compétences en diagnostic clinique et en psychothérapie. Lorsqu’en 1977 il a été trouvé suspect, par les autorités politiques, d’en savoir trop sur la nature pathologique du système il a été forcé d’émigrer aux États-Unis d’Amérique, où il s’est retrouvé dans les griffes de la « dérive rouge ». L’ouvrage présenté ici a été écrit à New York en 1984 pendant cette dure période. Toutes ses tentatives de publication ont échoué alors.

Sa santé s’étant dégradée, il est retourné en Pologne en 1990 pour se faire soigner par ses vieux amis médecins. Sa santé s’est alors peu à peu rétablie, et il a pu se remettre au travail et publier un autre de ses ouvrages sur la psychothérapie et la sociopsychologie. Il est décédé en Pologne, en 2007.

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