jeudi, 25 mars 2021
Tomislav Sunic : « Il faudra un certain temps pour que nos idées progressent, mais nous sommes sur la bonne voie »
Tomislav Sunic : « Il faudra un certain temps pour que nos idées progressent, mais nous sommes sur la bonne voie »
Propos recueillis par Andrej Sekulovic (Slovénie)
Source : https://tradicijaprotitiraniji.org/2021/03/11/
Le Dr Tomislav Sunić est un auteur et conférencier croate et l'un des plus éminents représentants de l'école de pensée qu’est la Nouvelle Droite. Il est né en 1953 à Zagreb, où il a obtenu un diplôme d'anglais et de français. De 1983 à 1992, il a vécu aux États-Unis en tant que réfugié politique, où il a obtenu un doctorat en sciences politiques. Il est l'auteur de plusieurs livres, essais et autres articles en anglais, français, allemand et croate. Nous lui avons parlé de la nouvelle droite, du grand bouleversement démographique, de l'hégémonie culturelle, etc.
Racontez-nous quand et dans quelles circonstances vous avez commencé à vous intéresser aux idées de la droite ?
Je suis né dans un certain ‘’climat’’. Plus précisément, dans l'ancienne Yougoslavie communiste et dans une famille catholique et anticommuniste. Mon père était avocat. En ce qui concerne mon intérêt pour les idées dites de droite, il ne s'agissait pas d'un simple hobby, mais je m'y intéressais principalement parce que je suis par nature une personne à la curiosité très développée. C'est pourquoi, dès mon plus jeune âge, alors que je n'avais que six ou sept ans, j'ai aimé poser des questions et m'interroger, y compris de manière critique, sur le milieu politique, sociologique et culturel dans lequel je vivais. Il s'agissait, bien sûr, de la Yougoslavie communiste au début des années 1960, lorsque j'étais élève de l'école primaire et plus tard de l'école secondaire dans le Zagreb communiste. J'ai toujours aimé découvrir les idées qui étaient différentes des idées généralement acceptées et standardisées. À cette époque, bien sûr, je ne savais pas comment l'exprimer de manière académique, car j'étais très jeune.
Plus tard, à la faculté de philosophie de Zagreb, au début des années 1970, j'ai commencé à exprimer un peu mieux ces idées, qui étaient très critiques à l'égard du système de l'époque. J'avais peut-être un avantage et un privilège. Je suis né dans une famille modeste. Mon père était avocat, mais il a eu beaucoup de problèmes avec les autorités communistes de l'époque et a même été emprisonné deux fois. J'ai néanmoins eu le privilège d'avoir des livres à la maison. Nous n'avions pas la télévision, mais nous avions beaucoup de livres. J'ai donc été exposé aux langues étrangères dans ma jeunesse et à la littérature allemande, anglaise, française, latine et un peu italienne. J'ai toujours été intéressé par l'autre côté de la médaille, pour ainsi dire. Comme je l'ai déjà dit, il y avait une atmosphère anticommuniste à la maison, mais plus tard, j'ai aussi fréquenté l'école religieuse et je suis allé à l'église, non pas tant par amour de Dieu ou de la théologie et du christianisme, mais pour la simple raison que dans la Yougoslavie communiste de l'époque, l'église en Croatie, et je crois aussi en Slovénie, représentait un contrepoids au système communiste, où certaines choses pouvaient être dites et exprimées de manière critique. C'est une autre raison pour laquelle j'ai commencé à formuler mes idées à cette époque.
Comment cette formulation d'idées a-t-elle évolué au cours de vos années d'études ?
Je dois admettre que lorsque j'étudiais le français et l'anglais à l'université, j'ai peut-être eu de la chance car j'étais en compagnie de professeurs qui faisaient bien sûr partie du régime, mais qui n'étaient pas communistes, ou qui n'étaient guère favorables à la Yougoslavie, même s'ils ne l'exprimaient pas publiquement. En particulier dans les départements d’études romanes des années 1970, on pouvait voir que ces universitaires étaient assez critiques à l'égard du communisme et du titisme, y compris le regretté professeur Matvejevic. Il se considérait sans doute comme un gauchiste et un Yougoslave, mais il était très correct avec moi et m'a même permis de lire de la littérature qui était alors interdite non seulement en Yougoslavie mais aussi en France. Notamment Louis Ferdinand Céline, un écrivain célèbre qui a écrit des pamphlets antisémites qui sont encore interdits en France aujourd'hui, et aussi Robert Brasilliach et la multitude d'écrivains et d'auteurs qui étaient très actifs en France pendant la période de l'occupation allemande, de 1940 à 1944. J'ai donc toujours voulu, non pas par sympathie pour une sorte de "fascisme", mais par curiosité intellectuelle, connaître l'autre côté de la médaille. Je crois que même si, disons, les fascistes, les nationaux-socialistes ou la NDH étaient au pouvoir aujourd'hui, j'aurais également certaines difficultés, car j'ai toujours été intéressé justement par cet ‘’autre côté de la médaille’’. Je pense que c'est un penchant positif chez moi, et je pense que c'est plus une question de caractère que d'idées politiques. Je pourrais continuer à raconter comment, lorsque j'ai émigré en Amérique, où j'ai obtenu l'asile politique, j'ai élargi mes horizons grâce aux livres, car à cette époque, j'ai découvert un grand arsenal d'écrivains, de philosophes et de sociologues de droite qui avaient été pratiquement oubliés et exclus des programmes d'études, même en Europe occidentale et aux États-Unis. J'ai donc lentement évolué sur le plan intellectuel et je peux dire que, avec le recul, je ne vois pas de grande différence, si ce n'est que je continue à élargir mes horizons. Je me relativise toujours, je me regarde d'un œil critique et je pense à la façon dont mes adversaires me voient.
Vous êtes également l'auteur de Contre la démocratie et l'égalité, un livre dont le thème principal est l'école de pensée de la Nouvelle Droite. Pouvez-vous nous en dire plus sur le livre lui-même ?
Tout d'abord, je dois mentionner que l'ouvrage Contre la démocratie et l'égalité - La nouvelle droite européenne a été traduit en flamand, en espagnol et, il y a environ dix ans, également en croate sous le titre Europska nova desnica - korijeni, ideje i mislioci ("Nouvelle droite européenne - racines, idées et penseurs"). Par ailleurs, il s'agissait en fait de ma thèse de doctorat, car j'ai fait mon doctorat sur le sujet à l'université de Californie aux États-Unis, sauf qu'en tant que thèse, elle portait le titre plus acceptable, ou, si je puis dire, plus ‘’politiquement correct’’, de European New Right and the Crisis of Modern Politics, puis European New Right and the Crisis of Modern Political Society. Bien sûr, plus tard, j'ai fait un peu de marketing autour de ma thèse de doctorat, que j'ai soutenue en 1988, et j'en ai changé le nom un peu pour des raisons commerciale. J'ai opté pour un titre plus explosif pour la simple raison que je pensais, et je n'avais pas tort, que le livre se vendrait non seulement mieux en termes quantitatifs, mais c'était le cadet de mes soucis, mais qu'il bénéficierait également d'une plus grande publicité. Je peux dire que ma décision a été la bonne. Ce livre est encore relativement bien lu aujourd'hui, et il est également largement cité. Je n'entre pas dans une grande controverse dans ce livre ; il est écrit de manière sobre et académique. Je suggère également aux étudiants et à vos lecteurs de se familiariser avec le thème principal de ce livre.
Quelle a été la réaction des autres auteurs et des représentants de la Nouvelle Droite à votre livre ?
Quant au titre lui-même, mon bon collègue Alain de Benoist, qui connaît bien le livre, c'est-à-dire ma thèse de doctorat, qu'il a beaucoup aimée, m'a dit plus tard, bien sûr en toute bonne foi, "Tomislav, quant au titre lui-même, il risque de susciter quelques réactions négatives, car nous ne sommes pas des adversaires de la démocratie, nous sommes juste très critiques à l’endroit de la démocratie libérale". Je le cite ici, mais la même attitude s'applique à moi. Il a également approuvé le contenu du livre et a compris pourquoi j'avais choisi ce titre. Comme je l'ai déjà dit, la thèse de doctorat portait un titre politiquement correct qui était acceptable pour mes collègues avec lesquels j'ai soutenu ma thèse en 1988. J'ai ensuite publié le livre en trois éditions sous le titre Contre la démocratie et l'égalité. Alain de Benoist n'était pas tout à fait d'accord avec ce titre, mais il était d'accord sur le fond avec le livre, avec la table des matières et la bibliographie, pour laquelle il m'a également aidé en partie, étant donné que tout le livre lui est en quelque sorte dédié, puisque j'y traite d'un sujet sur lequel il avait écrit bien avant moi, dès la fin des années 1960.
Pourriez-vous donner à nos lecteurs une idée des grands principes et des idées de la Nouvelle Droite?
Je vais maintenant dire quelque chose à ce sujet. Qu'est-ce que la nouvelle droite ? Je l'explique également dans le premier chapitre du livre déjà mentionné. Il s'agit peut-être d'un pléonasme linguistique, car je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de mentionner une "nouvelle" ou une "vieille" droite. En fait, je peux dire brièvement qu'il s'agit des idées qu'Alain de Benoist et moi-même, entre autres, représentons et que mon livre décrit également. Pour être clair, ce n'est pas un pamphlet, c'est un livre sérieux avec de nombreuses citations. Alain de Benoist et l’association qu’il patronne, le GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne), ont voulu faire revivre, en quelque sorte, la tradition conservatrice en philosophie, en sociologie, en littérature et dans d'autres domaines de la connaissance humaine, qui était pratiquement tombée dans l'oubli après la Seconde Guerre mondiale, ou qui n'était plus accessible pour des raisons politiques, parce que, comme nous le savons, après la Seconde Guerre mondiale, une hégémonie culturelle complètement nouvelle a commencé à émerger.
Dites-nous en plus sur cette hégémonie culturelle et pourquoi elle est importante ?
J'ai également consacré un chapitre du livre à ce sujet, dans lequel j'explique pourquoi cette hégémonie culturelle est importante dans la lutte politique. Chaque parti ou mouvement politique, qu'il s'agisse de Trump aux États-Unis, de Janša en Slovénie ou de Plenković en Croatie, doit établir une certaine hégémonie culturelle avant de pouvoir accéder au pouvoir, ou même avant d'être capable d'accéder au pouvoir. En d'autres termes, toute force politique doit compter un certain nombre d'intellectuels dans ses rangs et avoir une emprise sur le discours dominant, ou bien elle doit maîtriser ses propres idées et être capable de les imposer, comme l'ont fait les libéraux en Europe occidentale et les communistes en Europe orientale en 1945. Un exemple typique, peu importent son œuvre et la qualité de ses travaux, de cette hégémonie culturelle établie en 1945 est Slavoj Žižek. Malheureusement, dans cette hégémonie culturelle, on ne pouvait entendre que le côté gauche, ou plutôt la scolastique freudo-marxiste, qui incluait la French theory, etc. Mais la philosophie politique qui était auparavant assez forte en France et en Allemagne, comme les filons de la célèbre révolution conservatrice allemande sous la République de Weimar, est complètement tombée dans l'oubli. Ainsi, aujourd'hui, les étudiants n'ont aucune idée de ce qui se passait sur la scène intellectuelle conservatrice et de qui en étaient les principaux leaders, ou, si je puis dire, de la grosse Bertha conservatrice, ou artillerie lourde, qui est très peu connue dans les universités aujourd'hui, qu'il s'agisse de la faculté des arts de Ljubljana, de Zagreb ou de Berkeley aux États-Unis. Ce que je veux faire avec mes livres, et je dois aussi faire l'éloge d'Alain de Benoist sur ce point, c'est de rééquilibrer d'une certaine manière ce déséquilibre et de montrer que la droite, qu'on appelle aujourd'hui la nouvelle droite, a aussi sa propre artillerie lourde intellectuelle, qui se répand lentement, comme on peut le voir aux États-Unis, mais aussi en France, en Allemagne et ailleurs. Il ne faut cependant pas oublier que l'hégémonie culturelle des anciens freudo-marxistes, qui ont bien sûr changé de nom et opèrent sous la forme de diverses associations indépendantes qui aiment parler de tolérance, ou de divers groupes homosexuels et alternatifs de gauche, est toujours forte. Il serait difficile de soutenir que ces groupes font aujourd'hui appel à Marx ou à Freud, car ils ne sont plus en vogue, mais d'autres auteurs le sont, mais néanmoins l'idée d'une nouvelle droite est encore loin d'être implantée dans le cœur et l'âme des gens et des jeunes étudiants d'Europe, précisément parce que cette hégémonie de l'ancienne gauche, ou des antifascistes, ou des anciens et nouveaux ‘’culturistes’’, comme nous les appelons en Croatie, est encore assez forte. Ils ont des sponsors et des financiers puissants, il faudra donc du temps pour que nos idées percent, mais nous sommes sur la bonne voie.
Dans vos essais, vous mentionnez plusieurs fois les titans de la Grèce antique et vous êtes également l'auteur de la nouvelle Les Titans sont en ville. Que représentent réellement les titans aujourd'hui ?
Je suis content que vous me demandiez ça. Lorsque les gens me demandent quelle est ma profession, je leur réponds généralement que j'ai étudié les sciences politiques et la littérature, mais je peux aussi me vanter de ne pas être ce que les Allemands appellent un "Fachidiot". Dans l'enseignement supérieur, notamment aux États-Unis, où l'on parle d'"expertise", ou de "compétence", cela m'a toujours dérangé qu'il y ait aussi, malheureusement, ce "Fachidiotismus", où de grands scientifiques et experts connus se concentrent exclusivement sur leur sujet. Aujourd'hui, malheureusement, il n'y a plus en Europe ou aux États-Unis de penseurs du type de ceux qui ont fait jadis la Renaissance : on voit grouiller des dizaines d’universitaires qui sont seulement forts dans leur "Fach", qui, dans mon cas est la sociologie politique ou la philosophie politique. Mais on ne rencontre plus qu’une misérable poignée d’intellectuels qui connaissent encore la littérature, ou du moins sont familiers avec la littérature classique, qu'il s'agisse d'Homère ou d'Hésiode, ou savent ce que signifient dans la mythologie les Titans, les figures représentées sur les gargouilles et les différents dieux. En parlant de titans, on peut dire que Prométhée est l'un des principaux héros "légitimes" de notre littérature. Nous le rencontrons dans le Faust de Goethe, mais bien sûr, nous le retrouvons surtout dans la mythologie grecque antique. Prométhée est aujourd'hui, même, je suppose, pour le citoyen ordinaire, qu'il soit slovène ou croate, ainsi que pour l'intellectuel, le symbole d'un homme libre-penseur capable de résister à toutes sortes de mythes modernes, même si ces mythes sont faux ou corrects, et capable de risquer sa vie, comme Prométhée, qui a passé 30.000 ans attaché à un roc dans le Caucase, où l'aigle légendaire lui tenaillait constamment le foie. Mais il ne pouvait pas mourir, car les titans, comme les dieux, sont immortels.
Dites-nous en plus sur la nouvelle Les Titans sont en ville?
Tout cela m'a un peu inspiré pour écrire une nouvelle, qui, je le souligne, n'est pas un essai politique. Les Titans sont dans la ville est exclusivement une nouvelle d'environ quatre-vingts pages, dans laquelle j'ai dépeint une sorte de ville mythique, et j'avais Vukovar dans mon subconscient, mais en même temps c'est une projection de villes européennes en général, que ce soit Ljubljana, Kranj, Klagenfurt ou Zagreb, montrant à quoi ressembleront ces villes dans environ vingt ou trente ans dans ce grand conflit entre les Saturniens négatifs et les Titans positifs. D'une certaine manière, c'est une allégorie, et j'ai été assez inspiré par le frère d'Ernst Jünger, Friedrich Georg Jünger. J'ai beaucoup lu Ernst Jünger, mais malheureusement je ne l'ai jamais rencontré. Mort en 1998, il est l'une des principales figures parmi les grands écrivains, romanciers et romancières de la littérature allemande. Ce que l'on sait moins, c'est que son frère était également un bon écrivain et qu'il a beaucoup écrit sur les titans. Il a publié un livre pendant la guerre, en 1944, intitulé Die Titanen (Les Titans), que je possède en allemand et aussi en traduction française et anglaise, dont je peux dire qu'elle est très bonne. Ce livre m'a donné un peu d'élan pour écrire ma nouvelle sur cette ville mythique, Titan Town. Je ne mentionne nulle part Vukovar en particulier, mais en général, il pourrait s'agir de n'importe quelle ville d'Europe occidentale, peut-être même des États-Unis, où les gens sont entourés de ces fameux Saturniens que l'on ne voit jamais et dont on ne sait même pas quelle est la forme de leur corps, de leur visage ou de leur morphologie, mais dont on peut dire qu'ils sont négatifs. Mais ici, nous avons aussi des titans positifs, dont l'un s'appelle Held, ce qui signifie héros en allemand, et sa femme s'appelle Heroine, qui patrouillent dans cette enclave isolée, qui est en fait au bord de la mort, entourée de Saturniens, avec des armes. Ils sont confrontés à la mort, et je dois dire à nouveau que la ville de Vukovar m'a aussi un peu inspiré, mais ils se battent, malgré les faibles chances, parce qu'ils savent qu'il vaut mieux se battre en sachant qu'on s'est battu que d'abandonner, de se rendre ou de se suicider collectivement. Bien sûr, je ne parle pas de Vukovar ou de la Croatie, mais je fais en tout cas allusion à des villes européennes qui sont en un sens également assiégées aujourd'hui, bien qu'indirectement, non pas par un ennemi direct ou armé, mais par ce que nous pourrions appeler une migration silencieuse, qui a une note humanitaire et un peu larmoyante. Cette note lui est donnée par le système, et je pense ici en particulier au système libéral de l'Union européenne et à l'État profond des États-Unis, qui contrôlent tout cela de manière pratiquement très fine en favorisant l'arrivée de non-Européens dans cette ville, défendue par les restes de ces titans déjà un peu dépassés.
Avez-vous été inspiré pour écrire cette nouvelle par d'autres livres que l'œuvre de Jünger mentionnée ci-dessus, que vous pourriez recommander à nos lecteurs ?
Je me suis également inspiré d'un livre de Jean Raspail que j'ai lu il y a longtemps, intitulé Le camp des saints. Je peux dire que la traduction anglaise de ce livre est également très bonne, je l'ai lu moi-même dans les années 1980 et je l'ai comparé avec l'original français. Je peux dire qu'il est en effet très bien traduit, et je vous recommande sans hésiter ce livre. Jean Raspail a écrit ce brillant roman en 1973 sur ce que nous voyons aujourd'hui dans l'Union européenne, ou plutôt en Méditerranée, sur l'arrivée constante de migrants non européens qui modifient la composition de la population. Cela part peut-être d'une bonne intention, mais je ne veux pas porter mes jugements moraux maintenant, de peur d'être accusé de racisme. Je pourrais parler de cela aussi, de cette inversion des mots, mais le fait est qu'il s'agit d'un remplacement de population. Je peux mentionner ici un autre auteur français proche de la nouvelle droite, Renaud Camus. J'ai son livre Le Grand Remplacement. Je ne sais pas s'il a été traduit en anglais, mais je le cite beaucoup, parce qu'il parle précisément des choses dont Alain de Benoist, la Nouvelle Droite et une foule d'auteurs de ces milieux ont déjà parlé de manière indirecte, c'est-à-dire de ce qu'ils prévoyaient il y a trente ans, ce remplacement de la population et la disparition progressive des Européens et du patrimoine culturel de l'Europe. Mon bref roman n'a peut-être rien d'exceptionnel, et je pourrais peut-être y ajouter quelques éléments, mais il me tient à cœur. Il est écrit de cette manière culturellement pessimiste, que je fais mienne, et fait référence à ce qu'ont écrit Camus et Raspail, aux thèses de Friedrich-Georg Jünger, mais aussi à Spengler. Tous, d'une certaine manière, peuvent être comptés parmi les précurseurs de la Nouvelle Droite.
Aujourd'hui, nous, Européens, sommes tous confrontés à des problèmes similaires, tels que les migrations de masse, la mondialisation, etc. Néanmoins, il existe de vieilles rancœurs et des conflits entre certaines nations européennes qui sont le résultat de conflits du passé. C'est également le cas entre les Serbes et les Croates. Comment voyez-vous cela et avez-vous des contacts avec les groupes de droite et les identitaires serbes?
J'ai certains contacts avec l'organisation NAŠI de Serbie. J'ai également participé avec eux à un séminaire sur les thermes romains en Slovénie, organisé par l'association Svetilnik. Ivan Ivanović et son collègue au sein de cette organisation m'ont fait une très bonne impression. J'ai souvent des nouvelles d'eux et je corresponds avec eux, et j'ai été invité à Belgrade pour donner une conférence sur l'immigration de masse et le grand changement démographique, à laquelle auraient pu participer le professeur Kevin MacDonald des États-Unis, ainsi que moi-même, parce que nous voulions organiser quelque chose à une échelle un peu plus grande, mais malheureusement cela a été annulé à cause de la crise sanitaire actuelle. J'ai donc certains contacts, mais ils sont loin d'être ce qu'ils devraient être, pour la simple raison que c'est aussi un sujet clé dans cette thématique. Il existe encore une certaine méfiance, je ne dirai pas ‘’haine’’, car le mot est trop fort, mais une certaine incompréhension entre les conservateurs serbes et croates. Je les encourage, aux côtés de mes collègues slovènes, c'est-à-dire à vos côtés, à se joindre d'une manière ou d'une autre à cette lutte commune, et à voir tous ensemble quelles sont nos priorités, sans pour autant renier nos identités nationales et culturelles.
Quelle est votre vision globale des relations entre la Croatie et la Serbie aujourd'hui ?
Il est difficile d'en parler à l'heure actuelle car la Croatie est un pays spécifique et il existe de nombreux malentendus dans ses relations extérieures, qu'il s'agisse de la Republika Srpska, de la Bosnie-Herzégovine ou de la Serbie. J'aimerais donc beaucoup donner un jour une conférence spéciale sur ce sujet. Je dois dire que, bien que j'aie de bonnes relations avec des personnes issues de milieux nationalistes, voire même nationalistes et de droite dits ‘’extrêmes’’ (membres de l'idéologie dite de droite et du ‘’Parti croate du droit’’, op. cit.), je n'ai pas la même opinion qu'eux sur certaines approches, ou je ne suis pas d'accord avec leur méthodologie. Leur point de vue est correct sur de nombreux détails concernant le début de la guerre lors de l'éclatement de la Yougoslavie, mais je ne suis pas le genre de personne obsédée par sa conscience historique au point de couper complètement tout contact avec les Serbes, qu'ils vivent à Chicago, Banja Luka ou Belgrade. Je pense qu'il est très mauvais, nuisible et néfaste de construire son identité nationale sur l'exclusion, ou plutôt sur la diabolisation, la satanisation et l'insulte d'un autre peuple. J'appelle cela une identité négative. Je n'ai pas besoin des opposants serbes pour développer ma conscience nationale et être un bon Croate. Malheureusement, en Croatie, et je crois aussi en Slovénie et en Serbie, il y a un nombre important de personnes, dont beaucoup font partie du gouvernement, qui construisent leur identité serbe ou croate sur la haine, ou sur la diabolisation de toute la nation serbe ou de toute la question serbe, etc. Attention, ce n'est pas seulement le cas ici, mais malheureusement ce problème existe aussi ailleurs en Europe, mais peut-être pas dans la même mesure, par exemple avec les Catalans et les Castillans, ou avec les Hongrois et les Roumains.
Dans quelle mesure pensez-vous qu'il est important que les peuples européens travaillent ensemble dans cette lutte pour la préservation et l'existence de l'Europe ?
Il ne s'agit pas de broutilles, mais de différences importantes et fatales. Que l'on lise Ante Starčević ou certains auteurs serbes qui glorifient la grande Serbie, il faut savoir tout cela et être capable de replacer ces personnes dans un contexte historique. Cependant, en ce moment de l'histoire, et je ne pense pas qu'il s'agisse d'une déclaration prétentieuse de ma part, nous sommes vraiment au dernier souffle de l'Europe. Le profil ethnique, ou plus exactement racial, de l'Europe a radicalement changé. Ce n'est plus l'Europe d'il y a trente ans ou celle d'il y a soixante-dix ans. Aujourd'hui, c'est un profil de personnes complètement différent. Nous parlons de soixante ou soixante-dix millions de personnes vivant dans l'Union européenne qui ne sont pas d'origine européenne. Par conséquent, une décision doit maintenant être prise, qu'il s'agisse de la baie de Piran ou de certaines parties de la Slovénie autour de Bregana ou peut-être autour de Medjimur, si, en tant que nationaliste croate, c'est mon objectif principal et mon centre d'intérêt, pour ne pas dire mon obsession, de discuter avec vous ou avec l'un de vos politiciens importants au sujet de morceaux de terre qui sont sous la juridiction slovène, ou notre objectif commun est de maintenir plus ou moins le statu quo et d'essayer de nous protéger de ce remplacement de population très subtil, qui ne se fait pas actuellement par un conflit armé, bien que nous ne puissions pas non plus l'exclure à l'avenir, et qui, en même temps, a le potentiel de détruire la nation serbe, ainsi que la nation croate, la nation slovène et toutes les autres nations d'Europe.
Ce dont je parle maintenant concerne notre micro-environnement en particulier, mais ce micro-environnement peut facilement être transféré en France ou en Allemagne. Il y a 20 millions d'étrangers en Allemagne, dont 10 millions, voire plus, sont d'origine non-européenne. Il s'agit de chiffres vraiment "conservateurs", qui sont en réalité beaucoup plus élevés, sans parler de la France, où les statistiques changent littéralement d'un jour à l'autre. En regardant la Suède, l'Allemagne, pratiquement toutes ces villes multiculturelles, on doit se demander si, aujourd'hui, on marche dans le centre de Paris ou de Francfort, ou si on vit à Tombouctou, en Algérie, dans une banlieue d'Istanbul, ou si on est encore dans une ville européenne. Je suis d'avis que, nonobstant nos politiques et nos haines mutuelles qui se sont avérées désastreuses, nous devons nous débarrasser complètement du nationalisme qui nous a fait tant de mal, ce nationalisme de la première moitié du XXe siècle, et nous n'avons tout simplement pas le choix en la matière. Ce nationalisme a causé d'énormes dommages aux Slovènes, aux Croates et aux Serbes, ainsi qu'aux Polonais et aux Allemands, sans parler d'une multitude d'autres nationalités. Nous avons un objectif commun, et je dirais franchement que notre problème fondamental et principal est le système du globalisme et du capitalisme.
Dites-nous en plus sur ce lien entre migration de masse et capitalisme ?
La chose la plus facile à faire est de dénigrer les migrants qui sont venus du Bangladesh et qui peuvent maintenant traverser le Gorski kotar, entrer dans Novo mesto ou errer autour de la frontière slovène de votre côté ou du nôtre. Il est trop facile d’attaquer ces migrants, trop facile de se moquer des Algériens et des Somaliens, en disant qu'ils ne se lavent pas, qu'ils sont laids ou qu'ils sont des terroristes potentiels. Tout cela est en partie vrai, mais nous devons nous demander quelles sont les causes de cette migration et quelles sont les possibilités d'y remédier, ou de revitaliser l'Europe. Alors, où se situent les causes ? Beaucoup de mes collègues qui sont des défenseurs du marché libre et, disons-le, du capitalisme, sont aussi de bons anticommunistes, comme moi, qui suis fier d'être anticommuniste, et nous pourrons en parler une autre fois. Toutefois, avant d'analyser certains problèmes, nous devons savoir où se trouvent les causes profondes. Je vais maintenant attirer votre attention sur un certain paradoxe. D'une part, vos collègues, comme vous-mêmes, sont opposés à la migration et au remplacement de la population, et ce à juste titre. Ils s'opposent au fait qu'un grand nombre de criminels, qu'il s'agisse des prisons viennoises et autrichiennes ou des prisons allemandes, voire plus de 60 %, sont composés de personnes d'origine africaine ou asiatique. Tout cela est vrai. Cependant, nous devons comprendre un fait : vous ne pouvez pas arrêter les migrations de masse si vous ne mettez pas d'abord fin au principe libéral du libre marché, ou à la libre circulation des personnes et des capitaux.
Alors, en fait, le capitalisme est-il en grande partie responsable des migrations de masse et du remplacement de la population ? Comment cela fonctionne-t-il en pratique ?
L'Union européenne et l'ensemble de la doctrine libérale, d'Adam Smith à Hayek et tous ces théoriciens libéraux d'aujourd'hui, sont fondés sur le principe que nous devons avoir la libre circulation des capitaux et des personnes. C'est, après tout, un des principes fondamentaux de l'Union européenne. Donc, pour revenir au paradoxe, et pour l'illustrer un peu de manière simple, j'ai un bon collègue, bon catholique et anticommuniste, grand analyste, qui s'exprime constamment contre les migrants, mais qui est aussi un grand défenseur du marché libre... Ce n'est tout simplement pas cohérent. Si je peux me permettre une petite allégorie, pour un commerçant, qu'il s'appelle Schmitt, Kovac, Maréchal ou Kovacevic, et où qu'il soit dans le monde, qu'il soit catholique ou juif, croate ou slovène, le plus important est qu'il vende ses marchandises. C'est pourquoi l'ouverture des frontières est dans son intérêt. Vous ne pouvez pas l'empêcher d'en profiter. Il y a des employeurs croates qui ont leurs magasins et leurs restaurants à Zadar, pour vous donner une illustration un peu plus poussée de tout cela, et ils ont de grandes croix accrochées dans ces restaurants. Ils sont ultra-catholiques et affichent parfois leur ‘’croatitude’’ de manière un peu grotesque, tout en embauchant une main-d'œuvre bon marché de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, pour la simple raison que pour eux, le profit passe avant l'idée nationale. Je ne veux pas perdre mon temps avec de telles personnes. Je ne veux pas perdre mon temps avec ces faux Croates, Serbes ou identitaires, dont beaucoup sont des gens honnêtes. Je le répète donc, nous ne pouvons pas arrêter la migration si nous n'analysons pas d'abord le capitalisme. Après tout, les principaux "employeurs" de ces migrants sont précisément les grandes entreprises capitalistes, qui ont tout intérêt à obtenir une main-d'œuvre bon marché aujourd'hui et demain, tout en réduisant les salaires et revenus mensuels de la population blanche autochtone.
Mais quels sont les intérêts des néo-marxistes d'aujourd'hui, qui soutiennent aussi avec passion ce changement de population ?
En ce qui concerne les marxistes, il faut comprendre qu'il a toujours été dans leur intérêt et celui des communistes de créer une société mixte, car pour eux tout nationalisme sent le fascisme. Pour être clair, je peux me moquer d'eux, ce sont mes adversaires, de classe ou de race, pourrait-on dire. Mais il faut admettre que si les nationalistes européens, comme je l'ai déjà dit, on peut aussi les appeler les ‘’identitaires’’, avec leurs éternelles guerres tribales qui remontent à cent cinquante ans, qu'ils soient français, allemands, croates, serbes, catalans, castillans, bretons, jacobins et j'en passe, ne vont pas s'arrêter un jour, alors bien sûr, ils donnent du pain et des jeux, ou des opportunités tant pour les capitalistes que pour ces néo-marxistes ou antifascistes modernes, comme ils s'appellent aujourd'hui, pour une légitimité et une alimentation supplémentaires, d'inviter, ou plutôt d'ouvrir la porte légalement à des millions de candidats à l'immigration qui attendent en Afrique du Nord, en Libye, sans parler des trois millions et demi qui attendent en Turquie et d'un peu plus d'un million en Jordanie et en Syrie. Donc, en théorie, il y a environ dix millions de personnes qui attendent en Afrique et en Asie de venir en Europe.
Vous avez vous-même vécu à la fois dans la Yougoslavie communiste et multiethnique et dans les États-Unis multiraciaux. Quelle est votre expérience de la "multiculture" ?
Je n'ai pas besoin d'expliquer ce que cette migration massive peut nous apporter. J'ai vécu assez longtemps dans la Yougoslavie multiculturelle pour voir la fin de cette fraternité et de cette unité dont on parle aujourd'hui aux États-Unis, où je vivais avec ma famille à Los Angeles. Là-bas, il fallait être armé, et il n'y avait pas de téléphones portables à l'époque, mais aujourd'hui il faut avoir deux téléphones portables et une bonne voiture performante. Lorsque je vivais là-bas, j'étais constamment dans une sorte de peur et sous tension, car le soir, on entend presque constamment des coups de feu dans le Los Angeles multiculturel. Je ne pense pas exagérer, car vous pouvez également voir à la télévision les preuves empiriques de ce qui se passe aujourd'hui, non seulement à Los Angeles, mais aussi à Seattle et dans toutes les grandes villes et maintenant dans les petites villes des États-Unis. Maintenant, je ne veux pas porter ici de mauvais jugements sur les Afro-Américains, les Asiatiques ou même les antifascistes blancs, quels qu'ils soient. Il faut toujours chercher d'abord les causes de tout cela, il faut comprendre leur façon de raisonner. En Europe aussi, il y a encore beaucoup à faire, notamment avec la crise actuelle du COVID et l'énorme changement démographique. Je ne peux pas prédire s'il y aura des guerres ou non, car un homme peut perdre une guerre sans tirer un seul coup de feu.
Comment voyez-vous la société de consommation moderne créée par l'idéologie libérale?
Ce qui me gêne personnellement, c'est cette note un peu décadente que je remarque même chez moi et chez mes collègues, qui sont habitués à une certaine dictature de la prospérité et à ce progrès constant, à vouloir toujours, comme disent les Américains, "plus, toujours plus". Nous sommes une société trop opulente et trop riche, nous ne sommes plus habitués à une certaine note prométhéenne, à savoir que chaque chose a son prix. Comme le disait Alain de Benoist, dans le libéralisme, ou plutôt dans le mondialisme auquel nous assistons aujourd'hui, plus rien n'a de valeur, mais chaque chose a un prix. Et nous allons devoir payer ce prix de manière assez sanglante dans les années à venir.
Merci pour cette interview ! Enfin, dites-nous quels sont vos projets pour l'avenir proche et y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à nos lecteurs ?
Je tiens à remercier vos lecteurs. J'aimerais que plus de gens lisent mes livres, donc toutes les personnes sérieuses et les étudiants qui aiment lire peuvent me contacter par e-mail. Je serais également heureux de donner une conférence chez vous, pas nécessairement sur des sujets politiques, mais peut-être sur le thème du prométhéisme dans la littérature européenne, où nous pourrions également aborder la politique du moment. Nous avons également pu aborder les sujets plus sensibles de la Seconde Guerre mondiale et de la catastrophe qui a eu lieu dans la Corne de Kočevje en 1945. Je suis ouvert à la conversation et j'aime entendre, non seulement des applaudissements, mais aussi des questions critiques plus complexes. Je serais heureux si quelque chose pouvait être organisé à l'avenir. J'apprécie les identitaires et je suis en contact avec eux dans une certaine mesure. Le problème de l'organisation de ces événements est généralement la logistique, mais ma vieille règle, je crois que c'est Nietzsche qui l'a dit, est que rien ne tombe du ciel. En fait, je vais très bientôt donner une conférence en anglais en Finlande sur Nietzsche, intitulée "Nietzsche et la signalisation de la vertu". Il s'agit du nouveau terme "virtue signalling", qui fait référence à la moralisation. Nous devons travailler sur notre hégémonie culturelle et faire preuve d'un peu plus de courage civique. Je tiens à vous remercier une fois de plus, ainsi que vos lecteurs. Si quelqu'un souhaite en savoir plus et aussi apprendre quelque chose, il peut me contacter à l'adresse tom.sunic@gmail.com ou visiter mon site web www.tomsunic.com .
En français:
http://www.ladiffusiondulore.fr/home/792-la-croatie-un-pays-par-defaut-.html
Tomislav Sunic décrit le phénomène de la « soudaineté » et des aléas dans la notion du politique chez les peuples dépourvus d’États stables. En s’appuyant sur de nombreux ouvrages d’écrivains allemands, français, croates et américains, il s’intéresse plus particulièrement au cas de la Croatie avant d’élargir sa réflexion et de passer en revue les « fausses identités » qui interviennent dans la construction des nationalismes européens. Ce livre incontournable présente les identités nationales par « défaut » ou par « procuration ».
Les victimologies et les hagiographies communistes, véhiculées par une certaine gauche occidentale et les médiats fantasmagoriques, ont été volens nolens à l’origine de l’exacerbation du conflit en ex-Yougoslavie — comme elles le seront peut être demain dans l’Union Européenne.
L’ouvrage traite également du glissement sémantique des vocables à la mode, tels que « fascisme », « antifascisme », « racisme », etc., et présente au lecteur la face cachée d’une forme de postmodernité mimée à outrance par les Européens de l’Est.
Cette nouvelle édition s’enrichit d’une introduction de Robert Steuckers nous éclairant sur le parcours de l’auteur et son œuvre.
00:39 Publié dans Entretiens, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : tomislav sunic, croatie, nouvelle droite, entretien | |
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Biden : exporter la démocratie par d'autres moyens
Biden : exporter la démocratie par d'autres moyens
par Luigi Tedeschi
Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/
La guerre froide est-elle de retour? Non. Réponse de Biden lors de l'interview télévisée à la question sur Poutine. Vous connaissez Vladimir Poutine. Le fait de répondre "oui" n'aurait pas vraiment été une gaffe, mais plutôt l'expression claire des directives fondamentales de politique étrangère qui seront suivies par le nouveau président américain. En fait, la politique étrangère de Biden est en parfaite continuité et cohérence avec celle de ses prédécesseurs démocrates, Clinton et Obama. L'unilatéralisme américain, l'interventionnisme politique et militaire avec l'implication des pays alliés, la primauté de l'Amérique dans le monde, la défense des droits de l'homme et surtout du système économique et politique néolibéral au niveau mondial.
La guerre froide est née dans un contexte historique très différent. Celle de l'opposition politique, militaire et idéologique entre les deux puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale: les États-Unis et l'URSS. Mais dans le contexte géopolitique actuel, issu de la fin de l'URSS, les Etats-Unis de Biden ne reconnaissent que la seule Chine comme puissance mondiale légitimement habilitée à dialoguer (même si c'est dans une position conflictuelle) avec les Etats-Unis. La Russie de Poutine n'est pas considérée comme une puissance mondiale par les États-Unis, au contraire de l'ex-Union soviétique. En effet, la Russie de Poutine a été définie par Obama comme une "puissance régionale". La politique de Poutine a toujours eu comme objectif stratégique le retour de la Russie au rôle de protagoniste sur la scène géopolitique mondiale et son interventionnisme politique et militaire au Moyen-Orient en défense de la Syrie, avec la défaite d'Isis, a produit des résultats importants. C'est pourquoi Poutine a toujours aspiré à établir avec les États-Unis une "relation d'égal à égal", prélude à un "retour à Yalta", ou à un tournant dans la géopolitique mondiale inspiré par un multilatéralisme entre puissances continentales capable de déterminer un nouvel équilibre des forces et d'assurer ensuite la sécurité dans les différentes régions du monde déchirées par des conflits récurrents. Les États-Unis de Biden, en revanche, ne font pas mystère de leur intention de préserver l'unilatéralisme et donc la primauté américaine dans le monde.
Traiter Poutine de "killer" est un acte d'hostilité ouverte de la part de Biden à l'égard de la Russie, qui rejoint, dans une continuité cohérente, la déclaration de Reagan dans les années 1980 à propos de l'URSS, alors définie comme un "empire du mal". La russophobie a toujours été inhérente à la politique américaine, et l'agressivité extrême de la déclaration de Biden est en parfaite conformité avec la conception propre à l'Ancien Testament, où un peuple élu est appelé à combattre le mal, incarné par l'ennemi absolu du jour. Cette inspiration biblique a présidé à la fondation des États-Unis et à leur expansion dans le monde. Giorgio Gaber a dit dans sa chanson America: "En dessous, il y a toujours un peu de western. Même dans les hôpitaux psychiatriques, ils arrivent à y mettre des Indiens".
En réalité, la déclaration de Biden envers Poutine trouve sa raison d'être dans l'ingérence mise en place par Poutine, en soutien à Trump, lors des récentes élections présidentielles. En particulier, Biden s'est senti offensé par la manœuvre de propagande perpétrée par Trump en collaboration avec Rudy Giuliani, qui impliquait le fils de Biden, Hunter, qui avait été nommé au conseil d'administration de Burisma Holding, une société ukrainienne d'extraction de gaz. L'ingérence des médias dans la politique intérieure des États, dans un monde interconnecté, est devenue la norme. Mais cette déclaration de Biden, d'une hostilité ouverte et agressive envers la Russie, dans un climat d'urgence pandémique mondiale, a une signification très spécifique. L'administration Biden, outre la crise de la pandémie, doit faire face à de très graves problèmes intérieurs. L'assaut contre le Congrès par les partisans de Trump est une expression claire des divisions internes du pays. De tels contrastes pourraient faire courir un risque de déstabilisation aux institutions démocratiques américaines elles-mêmes. En outre, n'oublions pas les fréquents et inquiétants épisodes de conflits raciaux qui affligent la société américaine. Reste le problème des flux migratoires, avec des milliers de mineurs retenus devant le mur le long de la frontière avec le Mexique, mur érigé par Trump, mais, on l’oublie, préalablement proposé par Clinton et Obama. Le problème du retrait des troupes américaines d'Afghanistan n'est toujours pas résolu. Aux problèmes de la crise économique déclenchée par la pandémie s'ajoutent ceux de l'agitation sociale croissante et des inégalités toujours plus grandes. Biden n'a même pas réussi à faire adopter par le Sénat le projet de loi visant à augmenter le salaire minimum.
Par conséquent, la tirade agressive de Biden contre Poutine, doit être interprétée comme une action destinée à distraire les masses, mise en place afin de détourner l'attention de l'opinion publique américaine et des partenaires internationaux, vers le danger d'un ennemi extérieur à vaincre. En fait, la politique impérialiste américaine a toujours été légitimée par la préfiguration médiatique d'un ennemi contre lequel il faut se défendre, d'un "axe du mal" réel ou présumé, ou de la défense contre les "États voyous". Un ennemi absolu et irréductible, c'est-à-dire qui s'attaquerait à la démocratie, à la liberté, aux droits de l'homme, à la sécurité intérieure des USA. Des valeurs dont la défense justifierait la suprématie américaine dans le monde.
Dans cette perspective, tout en condamnant l'ingérence de la Russie dans la politique américaine, le discours médiatique dominant reste silencieux sur les interventions américaines directes ou indirectes visant à déstabiliser les États dirigés par des régimes jugés incompatibles avec les intérêts stratégiques américains. À cet égard, il faut mentionner l'assassinat du général iranien Soleiman en Irak, perpétré sous le présidence de Trump, le printemps arabe en Afrique du Nord et les révolutions colorées comme celle d'Ukraine, organisées, financées et soutenues militairement par les États-Unis afin de déstabiliser la Russie. Outre le soutien qui a déterminé jadis la montée d'Eltsine en Russie, le seul régime russe qui, subordonné à l'Occident et corrompu jusqu'à la moelle, jouissait de la faveur des États-Unis. Les États-Unis sont en effet le seul pays légitimement habilité à accorder des brevets de démocratie et de respect des droits de l'homme à tous les pays du monde.
La politique étrangère de Biden est interventionniste, et se distingue en cela de l'"America frist" de Trump. Nous assistons en fait à la recomposition de l'OTAN en Europe dans une fonction antirusse. Le multilatéralisme, ainsi que la vocation atlantiste énoncée par Biden, consiste précisément à impliquer les alliés, dans un cadre strict de subordination, dans les stratégies expansionnistes américaines. L'Europe est également déchirée par l'action désintégratrice menée au sein de l'UE par les pays du pacte de Visegrad, dont la souveraineté revendiquée ne représente rien d'autre qu'une politique pro-atlantiste en opposition ouverte à la Russie. De nouvelles sanctions sont brandies contre la Russie, dans lesquelles les pays de l'UE seront également impliqués et en subiront les conséquences économiques. En réalité, les États-Unis veulent empêcher la construction de Nord Stream 2, un gazoduc qui, via la Baltique, devrait approvisionner l'Europe en gaz russe. Il est clair que les États-Unis veulent isoler la Russie en coupant progressivement ses relations avec l'Europe. Les États-Unis veulent donc remplacer la Russie en tant qu'exportateur de gaz et de pétrole de schiste vers l'Europe. Ce projet signifierait également la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis des Américains. L'objectif de la politique américaine est d'isoler et de marginaliser la Russie. La politique de sanctions, le soutien à l'opposition interne, notamment la campagne médiatique menée pour le respect des droits de l'homme liée à l'affaire de la tentative d'assassinat du dissident Navalny, la condamnation du régime autoritaire russe, la campagne visant à criminaliser Poutine lui-même, sont des manœuvres qui ont un but bien précis : la déstabilisation interne de la Russie, en tant que puissance hostile à l'expansionnisme de l'OTAN à l'est. La politique étrangère de Biden est en parfaite continuité avec la stratégie d'expansion américaine vers l'Eurasie, autrefois théorisée par Brzezinski. Biden est donc le nouvel architecte de cette même politique d'exportation de la démocratie par d'autres moyens, comme la propagande et les sanctions.
Ce n'est pas par hasard que l'agressivité américaine renouvelée à l'égard de la Russie est reproposée justement au cours de la crise de la pandémie. Il existe en fait aussi une géopolitique des vaccins. Les Etats-Unis, à travers les sanctions et l'isolement de la Russie, veulent empêcher la diffusion du vaccin Spoutnik V, déjà adopté par 50 pays dans le monde et ainsi préserver le monopole et les méga-profits du Big Pharma anglo-saxon. Le rôle monopolistique assumé par les multinationales américaines et britanniques en Europe, d'ailleurs renforcé par le co-intérêt de l'Allemagne, est une preuve évidente de l'existence d'un vaccin atlantiste dont l'UE est l'esclave. Alberto Negri déclare à cet égard: "Poutine est un killer selon Biden. Que fera-t-il si l'UE devait acheter le vaccin russe ? Nous bombarder comme l'Irak? En 2003, Biden a voté pour l'attaque contre Saddam qui a ouvert la boîte de Pandore au Moyen-Orient. Ce vote a dévoilé ce qu'est Biden".
L'Europe, orpheline de l'atlantisme sous la présidence de Trump, a appelé de ses voeux un retour au multilatéralisme américain. Mais un tel multilatéralisme, posé comme idéal, se transforme inévitablement, pour l’Europe, en une participation au titre de vassaux subalternes, voire au titre d’appendice colonial, instruments commodes pour faire avancer la politique impérialiste américaine en Eurasie. Or, d'un point de vue géopolitique, l'isolement et la marginalisation de la Russie entraînent également l'isolement et la marginalisation de l'Europe dans le contexte mondial. Et seule une Europe non atlantique pourrait d'ailleurs désamorcer les objectifs stratégiques des Etats-Unis. En effet, l'Europe, par l'établissement d'accords de collaboration politique et économique avec la Russie, pourrait contribuer à la création de nouveaux équilibres géopolitiques, basés sur la sécurité de la zone eurasienne et moyen-orientale.
00:20 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, politique internationale, joe biden, états-unis | |
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Sagesse chinoise et folie occidentale: Tucker Carlson et la notion de baizuo
Sagesse chinoise et folie occidentale: Tucker Carlson et la notion de baizuo
par Nicolas Bonnal
Folie du monde et sagesse de Dieu, dit Saint Paul. Folie de l’occident, et sagesse de l’orient, commentera-t-on. Un mot existe en mandarin pour désigner nos élites tarées, criminelles et suicidaires. C’est celui de baizuo. On y revient tout de suite.
Le basculement totalitaire en occident est dû à l’osmose entre la gauche sociétale (héritage de Cromwell et de la Terreur française, du New Deal et du traditionnel anarcho-nihilisme Us décrié par Poe ou Baudelaire) et les milliers de faux milliards de la technologie boursière. Tout cela nous fait plonger dans la tyrannie et dans l’extase suicidaire. Les trois pays les plus avancés sont la France, la Grande-Bretagne et les USA sans oublier l’élève modèle israélien qui fait dire à Gilad Atzmon la phrase du siècle : avec des gouvernants comme ceux-là, les juifs n’ont pas besoin d’antisémites ou d’ennemis. Techno-nazisme et médico-fascisme se tiennent maintenant main dans la main avec Gates et un gauche progressiste/éveillée toujours plus vendue aux marchés financiers.
Mais on n’est plus seuls. Il se trouve qu’on a assisté à un basculement (Verwandlung comme dirent les philosophes allemands) la semaine dernière, quand la première puissance mondiale, sur un ton très guénonien (voyez mon texte sur notre civilisation hallucinatoire) s’est lâchée à Anchorage, sur un territoire qui appartenait jadis à la Russie et que le tzar d’alors avait vendu pour une poignée de figues. Les chinois en ont assez, et ils se sont défoulés. Cela a frappé le meilleur journaliste MSM mondial Tucker Carlson. Tout cela est passé la télé sur Foxnews.com ; rappelons que Cnn and Co s’écroulent et que ces médias vivent comme chez nous de subventions de la part d’Etats totalitaires surendettés et enragés.
Tucker Carlson laisse la parole aux chinois alors que patriote américain il ne doit pas être prochinois (on croyait qu’ils avaient fait élire Biden comme Trump fut élu par les russes…). Et cela donne :
« Voici, pour commencer, l'évaluation du gouvernement chinois sur notre démocratie :
» Yang Jiechi [traduction] : “De nombreuses personnes aux États-Unis ont en fait peu de confiance dans la démocratie des États-Unis, et elles ont des opinions diverses concernant le gouvernement des États-Unis.”
Et il commente Tucker (il nous rappelle le flamboyant film de Coppola sur l’ingénieur Tucker, un inventeur maudit et mort mystérieusement) sur la fraude électorale qui a fait élire un géronte gâteux :» Carlson : De nombreux Américains n'ont pas confiance dans leur propre démocratie, a-t-il dit. En d’autres termes, la dernière élection présidentielle a peut-être été frauduleuse. Soudain, le haut diplomate chinois ressemblerait beaucoup à l’un de ces insurgés suprématistes blancs d’extrême droite dont on entend toujours parler sur CNN, ceux que le département de la justice de Biden a mis en prison. »
Tucker continue à propos de cette diplomatie débile : parler à la Chine comme à la Tanzanie ? Et notre bon leader chinois voyage avec ses propres meubles, et comme on le comprend…) :
« Mais Yang n’avait pas fini. Ensuite, il a attaqué l’administration Biden pour sa politique étrangère néocon stupide :
» Yang Jiechi [traduction] : “Nous ne croyons pas à l'invasion par l'usage de la force, ni au renversement d’autres régimes par divers moyens, ni au massacre de la population d’autres pays, car tout cela ne ferait que provoquer des troubles et de l’instabilité dans le monde... Il est important que les États-Unis changent leur propre image et cessent de promouvoir leur propre démocratie dans le reste du monde.”
Tucker commente cruellement : « le gouvernement chinois méprise totalement l’administration Biden et n'a plus envie de le cacher. » Le Donald énervait, Sleepy Joe fait pitié. Et Caligula Blinken se fait tailler un mérité short au passage :
» Carlson : Oups ! Il ne s’agit pas du langage traditionnel de la diplomatie, élaboré, poli, oblique et indirect. C’est du talk-show. Le gouvernement chinois méprise totalement l’administration Biden et n'a plus envie de le cacher. Tony Blinken, qui est censé être notre secrétaire d’État, n’a clairement aucune idée de ce qu’il faut dire en réponse. Blinken n’est pas un diplomate par nature. Ce que Tony Blinken voulait vraiment être, c’est une pop star[...] »
Et Tucker Carlson de se moquer de la contradiction débile américaine : comment faire la morale aux autres alors qu’on ne cesse de dire qu’on est soi-même une nation immorale, fasciste, débile et raciste (merci au gros bouquin d’Howard Zinn, bible de l’antiaméricanisme cheap, qu’il faut détourner au passage) ?
Les chinois ne se sont pas fait faute de se moquer les impudents et sourcilleux envoyés de l’oncle Shmuel, comme dit notre ami Le Saker :» Yang Jiechi [traduction] : “Il existe de nombreux problèmes au sein des États-Unis en matière de droits de l'homme [...] et les défis auxquels les États-Unis sont confrontés en matière de droits de l'homme sont profondément implantés. Ils ne sont pas apparus seulement au cours des quatre dernières années, comme les Black Lives Matter. Ils se manifestent depuis longtemps.”
On retourne la pénible question des droits de l’homme (comme disait déjà Raymond Aron en personne à l’époque de la fastidieuse diplomatie Mitterrand) contre son envoyeur. Effet boomerang garanti :
» Carlson : Le gouvernement chinois utilise donc Black Lives Matter comme une arme contre les Etats-Unis ! Vous avez les Chinois qui nous font la leçon sur les droits de l'homme ! Vous n’auriez jamais pensé voir le jour où cela se produirait. C’est incroyable mais en 2021 ça tient la route. C'est pourquoi ils le font. Les Chinois connaissent bien nos dirigeants. »
La diplomatie des droits de l’homme n’est pas seulement sotte, elle est aussi génocidaire. On ne reparlera pas du Vietnam, de Cuba, de la Syrie, de la Lybie, et de tous les pays martyrs du monde arabe, d’Asie ou bien d’Afrique. Ne faut-il pas exterminer les peuples qui n’ont pas votre profil pathologique et politique, à commencer par les siens propres quand ils deviennent trop populistes ? Ne faut-il pas tuer tout le monde – sauf une poignée de milliardaires, de robots et de technocrates - pour sauver Gaia et notre mère la terre ?
On arrive au baizuo, notion délicieuse que je vous invite à retenir :
« En fait, ils ont un nom pour nos élites qui se détestent elles-mêmes.
» Ils les appellent “baizuo”. La traduction approximative du mandarin est “progressiste blanc”, et ce n’est certainement pas un compliment. Les médias d’État chinois décrivent les baizuo comme des personnes qui “ne s’intéressent qu’à des sujets tels que l’immigration, les minorités, les LGBTQ et l’environnement, qui n’ont aucun sens des problèmes réels du monde réel, qui ne prônent la paix et l’égalité que pour satisfaire leur propre sentiment de supériorité morale, et qui sont tellement obsédés par le politiquement correct qu’ils tolèrent des valeurs islamiques rétrogrades au nom du multiculturalisme”. »
C’est au nom d’ailleurs de ces valeurs islamiques rétrogrades (celles des wahhabites, qui sont à l’islam ce que Bergoglio est au catholicisme romain) que l’on détruit tous les pays arabes modernes et laïques depuis les années soixante. Je suis né en Tunisie au temps de Bourguiba et pourrais en parler pendant des heures.
Au-delà du baizuo on retiendra la stupidité folle, l’arrogance suicidaire et l’irresponsabilité eschatologique des élites façon Biden-Macron-Merkel et compagnie. Rien n’arrêtera ces fous ni le troupeau progressiste qu’ils ont conditionné. On verra ce que pourront faire la Chine et la Russie à cet égard, surtout à une époque où le Biden crache, insulte, menace au nucléaire, et ne sait pas grimper trois marches d’escaliers ou articuler trois phrases.
https://www.foxnews.com/opinion/tucker-china-america-white-liberalism-biden
00:11 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chine, définition, vocabulaire, baizuo | |
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Biden, le tueur des accords gaziers entre la Russie et l'Europe
Biden, le tueur des accords gaziers entre la Russie et l'Europe
par Alberto Negri
Source : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/
Que cache les paroles de Biden qui ont provoqué un tel émoi ? La guerre des gazoducs. L'objectif est précis : faire sauter les accords énergétiques sur le gaz entre la Russie, l'Allemagne et l'Europe. Et comme corollaire évident, remplacer le gaz russe, si possible, par du gaz liquéfié américain, même si cela coûte plus cher en transport et en infrastructures. Alors Biden utilise les tons de la guerre froide et les pratiques de châtelain médiéval. En résumé, la guerre est la suivante: les États-Unis veulent frapper Poutine au niveau des revenus énergétiques et nous devons jouer leur jeu et payer de notre poche.
En attaquant Poutine et en le qualifiant d' « assassin », Biden a également lancé un avertissement aux Européens. Si vous prenez le gaz russe viendront les sanctions : la menace, déjà par Trump, n'est pas nouvelle mais cette fois plus explicite, mise noir sur blanc et avec un timing précis. Au moment même où le président américain donnait son interview, le département d'État publiait sur son site Internet une déclaration indiquant que le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne "est une mauvaise affaire pour l'Allemagne, l'Ukraine et tous les Européens, car il divise le continent et affaiblit la sécurité énergétique européenne".
Et l'ultimatum s’y ajoute immédiatement: "Les entreprises travaillant sur Nord Stream 2 doivent immédiatement abandonner les travaux sur le gazoduc offshore ou elles s'exposeront à des sanctions américaines". Des sanctions qui se traduisent généralement par l'inscription sur une "liste noire", l'impossibilité de travailler et d'avoir des commandes aux États-Unis ou de faire des affaires avec des entreprises américaines, jusqu'à l'interdiction d'effectuer des transactions avec des banques américaines et en dollars. En bref, cela signifie être rayé de la légalité financière, comme cela se passe avec des pays comme l'Iran, Cuba, le Venezuela. Malgré qu’ils sont atlantistes et partenaires des Américains, l'Allemagne et d'autres pays européens - mais ce n'est pas nouveau - sont traités par Washington comme des serfs.
Il est bien entendu que l'insulte de Biden à Poutine est une continuation du conflit énergétique et du conflit d'intérêts qui oppose les États-Unis, la Russie et l'Europe.
C'est une étrange coïncidence que les menaces américaines surviennent au moment où les raids français, américains et britanniques sur la Libye de Kadhafi remontent à dix ans : sans ces bombardements, le régime de la Jamahiriya ne serait probablement jamais tombé. Mais à l'époque les intérêts américains, français et britanniques coïncidaient: il s'agissait d'éliminer un Raìs qui détenait des milliards de mètres cubes de réserves de pétrole et de gaz, relié par un gazoduc, le Greenstream, à une moyenne puissance en déclin comme l'Italie, qui en fait, afin de préserver les intérêts de l'ENI, a rejoint les raids après un mois sous le parapluie de l'OTAN, abandonnant un allié qui, le 30 août 2010, avait été reçu à Rome en grande pompe.
La guerre des gazoducs vient de loin. Dans les années 2000, l’ENI et le russe Gazprom avaient construit le gazoduc Blue Stream qui transportait du gaz de la Russie vers la Turquie en passant par la mer Noire. Les Américains n'ont pas aimé ça. Puis, en 2007, l'Italie (au temps du gouvernement Prodi) avait signé un autre accord entre l’Eni et Gazprom pour construire le South Stream, un nouveau gazoduc destiné à relier directement la Russie à l'Union européenne, en éliminant tout pays non membre de l'UE du transit. Le projet a été suspendu en 2014 en raison des sanctions imposées à Moscou après l'annexion de la Crimée. Le South Stream a ensuite été remplacé par le Turkey Stream, un gazoduc construit suite à l'accord entre Poutine et Erdogan, par ailleurs opposés en Syrie, en Libye et dans le Caucase. Poutine a ensuite accordé à Erdogan une réduction de 6 % sur les livraisons de gaz, ce qui a encore moins plu aux Américains.
C'est pourquoi Poutine, selon les mots de Biden, est un "killer": il veut nous vendre du gaz au rabais et peut-être même des vaccins. C'est pourquoi Erdogan a également été attaqué par le président américain sur la question kurde. Ce qui serait bien si les Américains n’excitaient pas les Kurdes comme d'habitude pour ensuite les abandonner à leur sort comme Trump l'a fait en 2019 en laissant Ankara les massacrer.
Et pour tenir la Turquie à distance, les États-Unis encouragent, comme le rapportait Michele Giorgio il y a quelques jours dans Il Manifesto, l'alliance de plus en plus étroite entre Israël, la Grèce et Chypre pour la défense des champs gaziers de la Méditerranée orientale également revendiqués par la Turquie: des ressources énergétiques à acheminer vers les marchés continentaux grâce à un gazoduc offshore de deux mille kilomètres.
Comment les Européens réagissent-ils aux menaces américaines sur Nord Stream 2? Le projet - aujourd'hui achevé à 90% - disent les partenaires des Allemands sera conclu, même si la Pologne et l'Ukraine, pays de transit du gaz russe, sont furieux car ils craignent la réduction de leurs revenus. Mais la guerre des gazoducs n'est pas terminée : quelques nouveaux missiles nucléaires américains pourraient peut-être partir, en partant de la Pologne, un peu partout en Europe, juste pour faire comprendre à Poutine qu'il n'est pas obligé de vendre du gaz avec un rabais et des vaccins Sputnik V aux Européens. La nouvelle géopolitique en temps de pandémie teste la santé et sondent les poches.
00:06 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, hydrocarbures, joe biden, gaz, gaz naturel, énergie, gazprom, nord stream 2 | |
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