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lundi, 17 juin 2024

Guerre en Ukraine: quatre niveaux de compréhension

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Guerre en Ukraine: quatre niveaux de compréhension

par Marco Della Luna

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-i-livelli-di-comprensione

Le conflit en cours peut être compris à différents niveaux, chacun de ces niveaux étant chaque fois plus profonds et réalistes.

À un premier niveau, celui de l'homme de la rue, on dit que la Russie, sans justification et donc illégitimement, en violation des lois internationales, a attaqué et envahi l'Ukraine, un pays souverain, libéral et démocratique, et qu'il est donc légitime de soutenir ce pays en lui apportant une aide sous toutes ses formes, ainsi qu'en confisquant les intérêts des actifs russes placés en Occident. Il y a un agresseur et un agressé, un bon et un mauvais, un devoir clair de soutenir le bon contre le mauvais.

À un deuxième niveau, plus profond, les États-Unis ont grossièrement violé l'accord conclu lorsque l'Union soviétique a autorisé la réunification de l'Allemagne, de ne pas étendre leur sphère de contrôle, par le biais de l'OTAN, vers l'est. En fait, les États-Unis ont inclus presque tous les pays d'Europe de l'Est dans l'OTAN, ont perpétré un coup d'État en Ukraine pour avancer leurs pions jusqu'aux frontières russes, ont fomenté des hostilités anti-russes en Ukraine, l'ont incitée à persécuter les minorités russes dans le Donbass, à Odessa et ailleurs, et ont ensuite violé les accords de Minsk. Il est donc clair qu'ils se préparaient à assiéger directement la Russie afin d'en prendre le contrôle. La Russie a donc été à la fois forcée et légitimée à occuper l'Ukraine pour défendre son indépendance menacée. Tactiquement, la Russie est l'agresseur de l'Ukraine, mais stratégiquement, les États-Unis et l'OTAN sont les agresseurs illégitimes de la Russie. De plus, l'Ukraine de Zelensky n'est pas du tout un pays libéral ou démocratique, mais un pays autoritaire et illibéral, qui étouffe la dissidence et dont la population est mécontente de son régime. Et Zelensky, cocaïnomane notoire, ainsi que ses acolytes, s'enrichissent sur le sang de leurs propres concitoyens.

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À un troisième niveau, le véritable agent de la partie occidentale est son système monétaire et financier, ce que l'on appelle l'Empire du dollar, qui, pour se maintenir, c'est-à-dire pour maintenir l'énorme masse de dettes insolvables et la maxi-bulle de titres financiers sous-jacents et sans valeur qu'il a mis sur le marché, a un besoin objectif d'émettre des masses toujours nouvelles de ces titres et de cette monnaie, ce qu'il ne peut faire que s'il étend son contrôle à des zones et à des ressources minérales, agricoles et industrielles toujours plus vastes. À cette fin, ce système a utilisé les États-Unis et l'OTAN pour englober d'abord toute une série de pays ; il a ensuite ciblé l'Ukraine, dont les ressources naturelles sont estimées à 14.000 milliards de dollars, en particulier dans le Donbass, et qui pourrait donc alimenter la machine financière de la spéculation pendant de nombreuses années ; mais à ce moment-là, la Russie est intervenue pour stopper l'avancée et s'approprier ces ressources.

L'empire du dollar a réagi en s'engageant dans une guerre par procuration, dans laquelle il tire déjà profit des dépenses publiques considérables en matière d'achats militaires, parce qu'il s'approprie toutes les ressources de la partie "libre" de l'Ukraine et qu'il s'endette à perpétuité ; il gagne également de l'argent parce que, par le biais de sanctions, il oblige l'Europe à acheter du gaz américain en le payant bien plus cher que le gaz russe ; il gagne de l'argent parce qu'il supprime de nombreuses industries en Europe qui se délocalisent aux États-Unis pour économiser de l'énergie ; il gagne de l'argent parce qu'il dresse la Russie et l'Europe l'une contre l'autre, empêchant ainsi une union économique et politique. Il se bat non pas pour gagner, mais pour tirer profit de la guerre. Peu importe que ces gains se fassent au détriment de la vie de centaines de milliers de combattants. La Russie, dans cette lecture, n'est pas l'ennemi, mais le carburant de la machine financière.

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A un quatrième niveau, on constate que malgré une population d'environ un neuvième et une économie représentant un vingtième du PIB des pays de l'OTAN et frappée par de très lourdes sanctions ainsi que par l'effort de guerre, la Russie se développe considérablement et même plus que les pays occidentaux, qui plus est sans s'endetter, et tient son rang dans la confrontation militaire et industrielle avec le front adverse, tout en construisant un bloc BRICS qui se désengage du dollar comme monnaie d'échange international, l'affaiblissant ainsi que les Etats-Unis. Ces faits montrent que la théorie économique générale enseignée en Occident est fallacieuse, notamment dans son adoption du PIB comme paramètre central. Et qu'une économie dont 90% du PIB est constitué de transactions financières improductives et parasitaires est une économie faible et malade, destinée à succomber face à une économie plus petite mais réelle.

Cela ouvre la possibilité que ce qui précède conduise non seulement à une révision de la théorie économique générale, mais que si les pouvoirs de l'empire du dollar sont vaincus, l'empire lui-même s'effondrera, que le système du capitalisme financier spéculatif s'effondrera et sera remplacé par un système centré sur l'économie réelle productive. Qu'il y ait un retour du capitalisme spéculatif au capitalisme productif.

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