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lundi, 30 décembre 2024

Innovations, potentialités, impasses et impolitisme de la mouvance "nouvelle droite" dans la troisième décennie du 21ème siècle

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Innovations, potentialités, impasses et impolitisme de la mouvance "nouvelle droite" dans la troisième décennie du 21ème siècle

Les réponses de l'intelligence artificielle

Parallèlement à l'effacement graduel d'Alain de Benoist dans la mouvance dite de "nouvelle droite", nous assistons à la montée d'une nouvelle vedette dans ce landerneau intellectuel, je veux dire le nommé "Ego Non", alias le philosophe dûment diplômé Antoine Dresse, natif de Liège en Wallonie, qui anime les cercles de formation de l'Institut Iliade. Dresse, né dans les toutes dernières années du 20ème siècle, n'avait pas de passé dans la mouvance et n'avait jamais été évincé avec fracas. Il gère son créneau, dans la dite mouvance, de main de maître tout en ayant une formation académique solide, supérieure à celle de toutes les figures historiques de ces cénacles. Quels changements d'orientation peut-on attendre de l'irruption de ce jeune talent au beau milieu d'une mouvance, caractérisée par l'amateurisme et la dispersion intellectuels?

L’émergence d’un jeune talent comme Antoine Dresse, alias "Ego Non", dans le paysage intellectuel de la mouvance dite de "nouvelle droite" pourrait introduire des changements significatifs, à condition que son influence continue de croître. Voici quelques axes potentiels d’évolution :

  1. 1. Un regain d’académisme et de rigueur intellectuelle

Dresse semble se démarquer par une formation académique solide, surpassant celle des figures historiques de cette mouvance. Cela pourrait marquer un tournant vers une approche plus rigoureuse, s’appuyant davantage sur des cadres théoriques robustes et sur une articulation cohérente des idées. Cet accent académique pourrait attirer une nouvelle génération d’intellectuels et donner à la mouvance un vernis de sérieux qui lui faisait parfois défaut.

  1. 2. Une réorientation thématique

Les idées portées par Dresse pourraient refléter une actualisation des thématiques traditionnelles de la "nouvelle droite". Au lieu des discours parfois nostalgiques, on pourrait s’attendre à une focalisation sur des enjeux contemporains tels que la crise écologique, l’impact des nouvelles technologies sur la culture, ou encore la multipolarité géopolitique. Cela pourrait aider à adapter la mouvance à une ère postmoderne et globalisée, lui permettant de rester pertinente.

  1. 3. Une meilleure gestion de l’image et des cercles d’influence

L’absence de passé conflictuel dans la mouvance permet à Dresse d’incarner une figure fédératrice. Sa posture "neutre" pourrait réduire les querelles internes qui ont souvent fragmenté ce courant. De plus, sa capacité à gérer les cercles de formation de l’Institut Iliade avec succès montre une aptitude organisationnelle, ce qui pourrait structurer davantage une mouvance historiquement marquée par l’amateurisme et la dispersion.

  1. 4. Renouvellement générationnel

En tant que figure de la toute dernière génération, Dresse pourrait insuffler une nouvelle énergie dans un courant souvent perçu comme vieillissant. Son arrivée pourrait favoriser l’émergence d’un réseau intellectuel plus jeune, en phase avec les préoccupations des nouvelles générations, tout en maintenant un lien avec les figures historiques.

  1. 5. Potentiels risques de divergence

Cependant, un recentrage académique ou une réorientation thématique pourrait ne pas plaire à tous au sein de la mouvance. Si Dresse propose des idées en décalage avec les canons traditionnels, cela pourrait également accentuer certaines tensions internes.

En conclusion, l’irruption d’Antoine Dresse pourrait marquer un moment de transition pour la mouvance de "nouvelle droite", à condition qu’il réussisse à maintenir un équilibre entre modernisation et continuité avec les bases idéologiques historiques. Sa capacité à gérer ces dynamiques internes et externes sera déterminante pour l’impact de son influence.

Vous nous offrez là une belle synthèse sur l'inclusion d'Antoine Dresse dans la mouvance hétéroclite de la "nouvelle droite" française, dont les linéaments idéologiques sont très français et difficilement transposables dans d'autres pays européens. Au sein du paysage idéologique français, Dresse semble vouloir opérer une convergence entre l'Institut Iliade et le mouvement de rénovation catholique "Academia Christiana". Dresse opère, semble-t-il, de concert avec l'historien de l'antiquité David Engels. Pensez-vous qu'une telle convergence, inimaginable lors de toutes les phases antérieures de l'histoire de la nouvelle droite parisienne d'Alain de Benoist soit, à terme possible, même s'il y a tout lieu d'être sceptique?

L'idée d'une convergence entre l'Institut Iliade et le mouvement Academia Christiana, sous l'influence d'Antoine Dresse et avec la collaboration d'intellectuels comme David Engels, soulève des questions fascinantes quant à l'évolution de la "nouvelle droite" française. Cette convergence, autrefois inimaginable, n'est certes pas garantie, mais des dynamiques actuelles pourraient la rendre envisageable, bien que complexe. Voici quelques éléments d'analyse :

1. Un rapprochement idéologique et générationnel

La "nouvelle droite" de l’époque d’Alain de Benoist a toujours cultivé une distance critique vis-à-vis du christianisme, lui préférant des références païennes ou agnostiques, souvent inspirées par les mythes indo-européens. Cependant, l'émergence d'une nouvelle génération, représentée par Dresse, semble marquer une inflexion : un certain pragmatisme s'impose face aux défis contemporains. Dans cette optique, Academia Christiana, avec son catholicisme identitaire et son militantisme, pourrait apparaître comme un partenaire naturel pour contrer des ennemis perçus comme communs (individualisme libéral, sécularisation excessive, globalisme).

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2. L’apport stratégique de David Engels

David Engels, historien de renom, offre un pont intéressant entre ces deux sphères. Son analyse de la décadence civilisationnelle dans Le Déclin : La Crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine résonne autant auprès des cercles de la "nouvelle droite" que dans les milieux catholiques conservateurs. Engels incarne une figure intellectuelle capable d’articuler des préoccupations historiques et philosophiques communes, contribuant ainsi à aligner ces deux courants autour d’une critique civilisationnelle partagée.

3. Une possible coalition en réponse aux crises civilisationnelles

Les crises contemporaines – écologiques, identitaires, géopolitiques – pourraient accélérer cette convergence. Face à une perception croissante d’un "choc des civilisations", ces mouvements peuvent choisir de mettre en sourdine leurs divergences théologiques pour prioriser une défense commune d’un ordre culturel européen perçu comme menacé.

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4. Des obstacles culturels et doctrinaux

Malgré ces rapprochements possibles, il serait naïf de sous-estimer les défis d’une telle convergence :

    - Incompatibilités doctrinales : La philosophie de l'Institut Iliade, bien qu’évolutive, conserve un attachement à une vision européo-centrée et pré-chrétienne qui pourrait se heurter à l’orthodoxie catholique d'Academia Christiana.

    - Scepticisme réciproque : Une méfiance historique persiste entre les catholiques traditionalistes et les héritiers de la "nouvelle droite". Les catholiques peuvent percevoir la "nouvelle droite" comme trop relativiste ou non théiste, tandis que cette dernière pourrait craindre une "rechristianisation" de ses idées.

5. Un potentiel compromis

Une convergence pragmatique reste cependant possible sur des terrains concrets :

    - Militantisme culturel : La valorisation de l’héritage européen (littéraire, artistique, architectural) pourrait servir de point d’ancrage.

    - Action politique indirecte : Face à des défis perçus comme urgents, une alliance de circonstances pourrait émerger, sans nécessairement fusionner leurs bases doctrinales.

Conclusion

Bien que l’histoire de la "nouvelle droite" et des mouvements catholiques conservateurs ait été marquée par des lignes de fracture idéologiques profondes, l’implication de figures comme Antoine Dresse et David Engels offre une opportunité rare de convergence. Cette alliance, si elle se concrétise, pourrait constituer un tournant pour ces mouvances en France, mais elle demandera des compromis subtils et une volonté réelle d’adaptation. À terme, le succès ou l’échec de cette tentative dépendra de la capacité des deux parties à transcender leurs divergences historiques pour se concentrer sur des objectifs communs.

Revenons à la question complexe que soulèvent les divergences et/ou les convergences entre l'Academia Christiana et l'Institut Iliade, sous la double influence de Dresse et d'Engels. Bon nombre de questions se posent et vous y répondez avec brio. Cependant d'autres interrogations surgissent de vos réponses: comment concilier les positions contradictoires que l'on peut trouver dans le catholicisme militant français actuel, soit entre l'Academia Christiana et le mouvement Civitas d'Alain Escada (qui s'est rapproché partiellement d'Egalité & Réconciliation d'Alain Soral), notamment sur la question de l'occidentalisme et de la géopolitique: Civitas est résolument hostile à l'Occident américano-centré et au wokisme qu'il véhiculait sous Biden, exactement comme l'est l'anti-américanisme de l'anti-catholique rabique qu'est Alain de Benoist. Dresse et Engels, qui ont une assez longue expérience polonaise (vu leur séjour à Varsovie) n'ont pas de positions tranchées sur ces questions et ne partagent pas les options eurasistes, voire pro-russes, de cercles comme Civitas, Egalité & Réconciliation, VoxNr (de Bouchet) ou Euro-Synergies de Steuckers. Voyez-vous clair dans ce magma finalement assez confus?

Votre question met en lumière les tensions internes et les contradictions idéologiques qui traversent les différentes mouvances de la droite intellectuelle et militante française. Ces tensions sont exacerbées par les divergences de positionnement sur des thèmes centraux tels que l'occidentalisme, l'anti-américanisme, et les orientations géopolitiques. Tentons de clarifier ce paysage complexe.

1. Academia Christiana et Civitas : convergences et divergences

    - Convergences : Academia Christiana et Civitas partagent une base commune d'attachement à un catholicisme traditionaliste et à la défense d'une société inspirée par des principes chrétiens. Les deux mouvements s'opposent également au wokisme, à la déconstruction sociétale, et au progressisme culturel, perçus comme des instruments d'un globalisme hostile à l'identité européenne et chrétienne.

    - Divergences : L'Academia Christiana est moins explicitement engagée sur le plan géopolitique, avec une orientation davantage centrée sur la formation intellectuelle et spirituelle des élites catholiques. Civitas, sous la direction d'Alain Escada, adopte un positionnement plus radical et engagé, notamment à travers son rejet viscéral de l'Occident américano-centré. Civitas flirte aussi avec des alliances tactiques, notamment avec Alain Soral et Egalité & Réconciliation, autour d'un anti-américanisme et d'un rejet de l'influence sioniste perçue dans les cercles dirigeants occidentaux. Cette dynamique peut poser problème à Academia Christiana, plus encline à éviter les alliances sulfureuses.

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2. Le positionnement de Dresse et Engels

Antoine Dresse et David Engels, bien qu'issus de milieux intellectuels proches de l'Institut Iliade, présentent des caractéristiques distinctes qui compliquent leur alignement avec ces mouvances.

    - Sur l’occidentalisme : Ils semblent privilégier une défense de l’Europe civilisationnelle et culturelle, sans adopter les accents anti-occidentaux ou pro-eurasistes de mouvements comme Civitas ou Egalité & Réconciliation. Leur expérience polonaise, notamment dans un contexte où la Russie est perçue comme une menace géopolitique majeure, pourrait expliquer cette réserve. La Pologne, tout en étant conservatrice et catholique, est profondément méfiante envers toute approche perçue comme complaisante envers Moscou.

    - Sur la géopolitique : Contrairement à Civitas ou aux cercles eurasistes français, ils ne semblent pas adhérer à l’idée d’un alignement stratégique avec la Russie ou d’une vision multipolaire où l’Europe ferait contrepoids à l’Occident libéral. Leur approche est probablement davantage centrée sur une réaffirmation de la souveraineté européenne, sans tomber dans les excès d’un rejet global de l’Occident.

3. L’influence d’Alain de Benoist et des cercles eurasistes

Alain de Benoist, malgré son anti-catholicisme notoire, partage paradoxalement un certain anti-américanisme avec Civitas et Egalité & Réconciliation. Cependant, son rejet du christianisme comme fondement civilisationnel européen le place en opposition directe avec des mouvements comme l’Academia Christiana. Les cercles eurasistes tels que VoxNR ou Euro-Synergies, inspirés par la pensée de Douguine, s’alignent sur une vision multipolaire explicitement favorable à la Russie, une position difficilement conciliable avec la prudence géopolitique de Dresse et Engels.

4. Un magma idéologique difficile à unifier

Ce "magma" intellectuel, comme vous le décrivez, est en effet marqué par une fragmentation des priorités idéologiques et stratégiques. Il existe des contradictions internes profondes :

    - Sur l’identité européenne : Entre une Europe enracinée dans un catholicisme traditionaliste (Academia Christiana) et une Europe païenne ou post-chrétienne (de Benoist).

    - Sur l'alignement géopolitique : Entre des visions pro-russes et eurasistes (Civitas, Egalité & Réconciliation) et une défense plus prudente de l'Europe comme pôle autonome (Dresse et Engels).

    - Sur les alliances tactiques : Les rapprochements avec des figures comme Soral ou des cercles eurasistes créent des tensions au sein même des mouvances, où certains préfèrent une approche purement intellectuelle et pédagogique.

5. Une convergence possible mais fragile

Une convergence entre l’Institut Iliade et Academia Christiana semble possible sur certains thèmes (défense de la tradition européenne, rejet du wokisme), mais des divergences majeures subsistent sur la géopolitique et les alliances stratégiques. Dresse et Engels pourraient jouer un rôle clé en favorisant un rapprochement intellectuel, mais leur prudence face aux options radicales eurasistes ou anti-occidentales limite leur capacité à fédérer l’ensemble des courants.

Conclusion

La complexité des tensions au sein de cette mouvance repose sur des différences profondes dans la vision de l’Europe, du christianisme, et des alliances stratégiques. Si Dresse et Engels incarnent une tentative de synthèse ou d’apaisement, leur rôle sera sans doute limité par les fractures idéologiques persistantes entre des visions incompatibles de l’avenir européen.

Merci pour cette réponse limpide. Reste à évoquer l'impact diffus mais réel de la dissidence américaine, s'exprimant dans des cercles très divers, allant des libertariens aux nationalistes euro-américains, parfois alliés à des gauches inspirées par Noam Chomsky ou aux anarchisants autour de Keith Preston. Ces cercles diffusent une hostilité très virulente à l'égard de la politique internationale développée par Washington, surtout quand les démocrates tiennent les commandes du pouvoir. Pour ce qui concerne plus précisément la mouvance nouvelle droite, il faut préciser qu'elle s'exprime à travers les éditions et le blog Arktos, qui promeuvent les écrits de Douguine (Dugin). Ce sont les Américains, il faut l'avouer, qui répandent l'anti-américanisme le plus virulent. Dans quelle mesure cet anti-américanisme américain influence-t-il nos deux intellectuels de l'Est germano-wallon de la Belgique actuelle? Et cet anti-américanisme américain a-t-il un impact palpable sur les mouvances anti-américaines de France?

Votre observation sur l'anti-américanisme émanant de certains cercles intellectuels américains est essentielle pour comprendre l’impact croisé des idées transatlantiques dans les mouvances européennes, en particulier dans le cadre de la Nouvelle Droite et des courants qui s’y rattachent. Examinons cette question sous deux angles : l'influence potentielle de cet anti-américanisme américain sur les intellectuels comme Antoine Dresse et David Engels, et son impact sur les mouvances anti-américaines françaises.

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L’influence de l’anti-américanisme américain sur Dresse et Engels

Dresse et Engels, bien qu’étroitement liés à des cercles européens, ne peuvent ignorer les productions intellectuelles et politiques américaines, notamment celles qui remettent en question la politique étrangère interventionniste de Washington. Cependant, leur position semble différer à plusieurs égards des courants américains les plus virulents dans leur anti-américanisme.

Une méfiance nuancée envers les États-Unis

    - Dresse et Engels s'inscrivent dans une approche conservatrice et eurocentrée, visant à promouvoir une renaissance culturelle européenne. Leur critique des États-Unis, quand elle existe, semble davantage axée sur les dérives du progressisme culturel (wokisme, postmodernisme, déconstruction) que sur une opposition frontale à l’Amérique en tant que puissance géopolitique.

    - Leur expérience à Varsovie, dans un contexte géopolitique marqué par la crainte de l’hégémonie russe, pourrait aussi les rendre réticents à adhérer pleinement à un anti-américanisme systématique, contrairement à des figures européennes comme Alain de Benoist ou Alain Escada.

Un intérêt modéré pour les dissidences américaines

    - Les courants libertariens, anarcho-primitivistes (comme ceux autour de Keith Preston), ou nationalistes euro-américains trouvent un écho limité chez ces deux intellectuels, qui se concentrent avant tout sur les enjeux européens. Les thèses de Noam Chomsky, par exemple, bien qu'influentes dans les cercles critiques de la politique internationale américaine, s'inscrivent dans un cadre idéologique éloigné de leur propre corpus de pensée.

    - Cependant, les éditions Arktos, qui diffusent les écrits d’Alexandre Douguine et d’autres auteurs critiques de l’Occident américano-centré, pourraient servir de passerelle. Ces publications anglo-saxonnes permettent de faire le lien entre les critiques américaines de l’hégémonie étatsunienne et les réflexions européennes sur une alternative multipolaire (ndlr: cet aspect mériterait un développement plus important).

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L’impact sur les mouvances anti-américaines françaises

L’anti-américanisme américain, bien qu’ironique en apparence, alimente directement ou indirectement les positions des mouvances anti-américaines en France. Voici comment :

Une convergence des discours

    - Sur le plan idéologique : Les critiques américaines envers la politique étrangère de Washington, qu'elles viennent de la gauche (Chomsky, Sanders) ou de la droite (paléo-conservateurs comme Pat Buchanan), trouvent des résonances chez les intellectuels français. Des figures comme Alain de Benoist ou des mouvements comme Civitas réinterprètent ces critiques dans un cadre européen, en les mêlant à leurs propres oppositions à l’OTAN, à la politique étrangère américaine, ou à l’influence culturelle américaine.

    - Sur le plan éditorial : Les productions des cercles dissidents américains sont traduites et publiées en France par des plateformes comme Kontre Kulture (Egalité & Réconciliation) ou Arktos, créant une forme de passerelle intellectuelle transatlantique.

Une hybridation des idées

    - Les critiques américaines, bien qu’émanant de contextes souvent très différents, enrichissent les discours français. Par exemple, la dénonciation libertarienne de l’État centralisé trouve un écho dans les réflexions décentralisatrices de la Nouvelle Droite. De même, les préoccupations des anarchistes américains face à l’impérialisme économique se retrouvent, avec des ajustements idéologiques, dans les critiques eurasistes de l’ordre libéral occidental (ndlr: ici aussi, l'impact de ces thématiques américaines pourrait être analysé plus en profondeur).

Une influence limitée par les divergences culturelles

    - Malgré ces convergences, des divergences profondes subsistent. L’anti-américanisme français est souvent enraciné dans une opposition culturelle et civilisationnelle à l’hégémonie américaine, tandis que l’anti-américanisme américain, même virulent, s’inscrit davantage dans une critique des élites américaines ou de leurs politiques. Ces différences limitent parfois la portée des transferts idéologiques.

Dresse, Engels et l’impact indirect

Antoine Dresse et David Engels semblent adopter une position de prudence face à ces courants transatlantiques :

    - Sur l'anti-américanisme : Ils privilégient une critique des dérives culturelles et idéologiques américaines (wokisme, matérialisme) tout en évitant une rupture totale avec l’Occident. Leur rôle d’intellectuels centrés sur la renaissance européenne les pousse à s’affranchir des excès idéologiques des anti-américains radicaux.

    - Sur les influences américaines : Les dissidences américaines pourraient avoir un impact indirect sur leurs réflexions, notamment via des traductions ou des échanges avec des éditeurs comme Arktos. Cependant, leur travail reste avant tout ancré dans un cadre européen.

Conclusion

L’anti-américanisme américain joue un rôle paradoxal en renforçant les critiques de l’hégémonie étatsunienne dans les cercles européens, tout en alimentant une réflexion sur des alternatives multipolaires. Pour des figures comme Dresse et Engels, cette influence reste toutefois limitée et filtrée à travers une grille de lecture spécifiquement européenne. Quant à la France, cet anti-américanisme transatlantique continue de nourrir les débats idéologiques tout en se fondant dans les spécificités culturelles et historiques du rejet français de l’hégémonie américaine.

Revenons un peu sur le "tropisme polonais" qui s'est introduit dans la mouvance plus ou moins qualifiable de "nouvelle droite", suite aux séjours de Dresse et Engels à Varsovie. Mais cette mouvance connait également un "tropisme hongrois", aux implications géopolitiques différentes, suite au séjour de Thibaut Gibelin à Budapest et de la participation de Ferenc Almassy aux colloques de l'Institut Iliade. Ces deux tropismes auraient été parfaitement conciliables aux temps bénis du "Groupe de Visegrad", lequel a toutefois éclaté suite à l'affaire ukrainienne où la Pologne s'aligne sur Londres et Washington (sur l'OTAN) tandis qu'Orban adopte une position neutre, appelant au retour de la diplomatie traditionnelle (contraire aux options anti-diplomatiques des néoconservateurs qui continuent à mener la danse aux Etats-Unis). Orban vient tout juste d'appeler à une "trêve de Noël" et à un échange de prisonniers, ce que Zelensky a refusé. La Pologne, quant à elle, envisage de se tailler une zone d'occupation en Ukraine. Les deux tropismes sont devenus contradictoires. Ensuite, à Bruxelles, le MCC hongrois, sous la direction du Prof. Frank Furedi est devenu la tribune prestigieuse de tout ce qui s'apparente à du conservatisme traditionnel en Belgique et dans la diaspora eurocratique. Comment, à votre avis, évoluera la situation: assisterons-nous à une réconciliation entre les tropismres hongrois et polonais ou le clivage s'accentuera-t-il, même en France où les problématiques centre-européennes et est-européennes ne rencontrent généralement que l'indifférence?

La question des tropismes polonais et hongrois au sein des mouvances intellectuelles de la "nouvelle droite" et leur impact sur les dynamiques géopolitiques européennes est riche et complexe. Leur divergence actuelle résulte de tensions fondamentales entre visions nationales, intérêts stratégiques et dynamiques internationales.

1. Divergence géopolitique entre Varsovie et Budapest

L'éclatement du Groupe de Visegrád (V4) a révélé des contradictions sous-jacentes :

    - La Pologne adopte un alignement fort avec l'OTAN, les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment en raison de sa proximité historique et géographique avec la Russie. L'agression russe en Ukraine a exacerbé cette tendance, confortant Varsovie dans son rôle d'avant-poste stratégique de l'Occident en Europe de l'Est. Cet engagement s'accompagne d'un discours nationaliste défensif et militarisé.

    - La Hongrie d'Orbán, en revanche, joue la carte de la neutralité relative et du pragmatisme économique, notamment par ses relations étroites avec Moscou et Pékin. Orbán défend une approche anti-guerre, fondée sur la diplomatie traditionnelle, perçue comme une résistance aux logiques interventionnistes des néoconservateurs américains. Sa position est cohérente avec sa vision d'une Europe multipolaire et d'un nationalisme souverainiste.

Ces visions s'avèrent de plus en plus antagonistes. La Pologne voit dans le conflit ukrainien un enjeu existentiel, tandis que Budapest privilégie la stabilité économique et la réduction des tensions régionales.

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2. Répercussions dans la mouvance "nouvelle droite"

Les séjours respectifs de Dresse, Engels (Pologne) et de Thibaut Gibelin, Ferenc Almassy (Hongrie) montrent comment ces tropismes se sont institutionnalisés :

    - En Pologne, la résurgence nationaliste et catholique donne une tonalité messianique et guerrière, en phase avec une Europe chrétienne assiégée.

    - En Hongrie, le MCC et l'Institut Iliade valorisent une approche davantage conservatrice traditionnelle et intellectuelle, qui se veut eurocentrée et critique envers les alignements atlantistes. Cette vision est plus sceptique vis-à-vis des "croisades" géopolitiques.

Les deux tropismes ont donc des visions concurrentes de l'avenir de l'Europe. Toutefois, dans des périodes où la priorité était la résistance à l'Union européenne "progressiste" ou à l'alignement américain, ces divergences étaient masquées. La guerre en Ukraine a révélé leur incompatibilité stratégique.

3. Scénarios d'évolution

Deux dynamiques principales peuvent être envisagées :

a) L'accentuation du clivage

Le plus probable à court terme est un élargissement de la fracture entre les deux tropismes :

    - La Pologne poursuivra son alignement sur les États-Unis et l'OTAN, renforçant sa dimension militaire et stratégique. Varsovie pourrait même concrétiser une zone d'influence en Ukraine occidentale, une option à la fois nationaliste et néo-réaliste.

    - La Hongrie continuera de s'isoler au sein de l'Union européenne en privilégiant ses propres intérêts économiques et énergétiques, consolidant sa vision anti-interventionniste. Orbán a clairement choisi une voie opposée aux néoconservateurs.

Cette fracture pourrait avoir des répercussions en France au sein des courants conservateurs. Les intellectuels français, traditionnellement plus indifférents aux enjeux est-européens, risquent d'être contraints de choisir entre le camp polonais (pro-OTAN) et le camp hongrois (souverainiste et multipolaire). Cela s'observe déjà dans certains débats internes à la "nouvelle droite".

b) Une réconciliation pragmatique

Une réconciliation est envisageable à moyen ou long terme si :

    - La pression de Bruxelles ou de Washington s'intensifie contre les souverainismes centre-européens, forçant Pologne et Hongrie à coopérer à nouveau pour défendre leurs intérêts communs (ex : immigration, souveraineté législative).

    - Le conflit ukrainien évolue vers une désescalade, rendant moins pertinente l'opposition stratégique actuelle. Orbán, avec ses appels à une trêve et à la diplomatie, pourrait à terme rallier une partie de l'opinion conservatrice polonaise lassée des coûts de l'alignement militaire.

4. Enjeux pour la France

En France, les questions centre-européennes restent souvent marginales, mais des évolutions sont perceptibles :

    - Le "tropisme hongrois" séduit les milieux conservateurs et souverainistes par son modèle culturel et politique (anti-wokisme, défense de l'identité).

    - Le "tropisme polonais" intéresse davantage les courants atlantistes et stratégiques, préoccupés par la menace russe.

Toute réconciliation entre ces deux tropismes nécessitera un événement majeur redéfinissant les priorités géopolitiques en Europe. À défaut, la fracture actuelle continuera de se creuser, symbolisant les contradictions internes du camp conservateur européen.

En Belgique, pendant les décennies de la guerre froide, la diplomatie, sous la houlette de Pierre Harmel, envisageait de décrisper la situation en lançant des initiatives diplomatiques et commerciales entre la Belgique, d'une part, et la Pologne et la Hongrie, pays adhérant au Pacte de Varsovie. Une bonne part de la mouvance démocrate-chrétienne souhaitait un apaisement des tensions, surtout entre pays à dominante religieuse catholique, ce qui constituait le pendant belge et démocrate-chrétien de l'Ostpolitik du socialiste allemand Brandt, tandis que la France optait pour un désengagement gaullien face à l'OTAN. Pourriez-vous rappeler à nos lecteurs ce que fut la doctrine Harmel dite de l'Europe totale?

La doctrine Harmel, souvent appelée la doctrine de la "détente et défense" ou encore de "l’Europe totale", a été élaborée sous l’impulsion de Pierre Harmel, ministre belge des Affaires étrangères, dans le contexte tendu de la guerre froide. Son approche pragmatique et équilibrée visait à réduire les tensions Est-Ouest tout en maintenant l’ancrage de la Belgique au sein de l’OTAN. Adoptée officiellement par l’Alliance atlantique en décembre 1967, elle a marqué un tournant dans la stratégie occidentale en combinant deux axes complémentaires : la sécurité collective et l’ouverture diplomatique.

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1. Le contexte de la doctrine Harmel

Au milieu des années 1960, la situation géopolitique était dominée par une polarisation accrue entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie. Les tensions militaires, notamment après la crise des missiles de Cuba en 1962, avaient atteint un sommet.

Dans ce climat de confrontation, des figures politiques européennes, comme Willy Brandt en Allemagne avec son Ostpolitik ou Charles de Gaulle en France avec sa vision d’une Europe indépendante des blocs, cherchaient à assouplir les relations Est-Ouest.

La Belgique, sous la direction de Pierre Harmel (un homme d’État démocrate-chrétien), adopta une approche pragmatique visant l’équilibre entre la défense collective assurée par l’OTAN et une ouverture progressive vers les pays du bloc soviétique.

2. Les principes de la doctrine Harmel

La doctrine Harmel repose sur deux piliers essentiels :

a) Maintien d’une défense collective crédible

        - La Belgique restait fermement ancrée dans l’OTAN, considérant la défense de l’Europe occidentale comme une priorité stratégique face à la menace soviétique.

        - Pour Harmel, la sécurité était une condition préalable à toute détente : il ne s’agissait pas de baisser la garde, mais de consolider une force de dissuasion capable de protéger les intérêts occidentaux.

b) Engagement dans la détente et le dialogue

        - Pierre Harmel proposa d’aller au-delà de la confrontation en ouvrant des canaux de dialogue diplomatiques, politiques et économiques avec les pays du bloc de l’Est, comme la Pologne et la Hongrie, notamment pour tirer parti de leur héritage culturel et religieux.

        - L’objectif était de favoriser une détente progressive, encourageant des échanges commerciaux, culturels et politiques dans une optique de réduction des tensions.

Cette démarche visait une "Europe totale", c’est-à-dire une Europe qui ne se limitait pas à la division entre blocs mais qui incluait également l’Est dans des échanges pacifiés.

3. Une Ostpolitik à la belge ?

La doctrine Harmel peut être vue comme une Ostpolitik à la belge, mais sous une forme catholique démocrate-chrétienne. Alors que l’Allemand Willy Brandt, social-démocrate, engageait un dialogue plus structuré avec l’Est dans un cadre politique plus formel, Harmel mettait en avant la coopération culturelle et religieuse, en s’appuyant sur des racines communes historiques et chrétiennes entre l’Europe occidentale et orientale.

Les relations privilégiées avec la Pologne et la Hongrie illustraient cette perspective :

    - La Pologne, avec son identité catholique marquée, était un interlocuteur naturel pour les démocrates-chrétiens belges.

    - La Hongrie, malgré son appartenance au bloc soviétique, entretenait des traditions culturelles et intellectuelles qui facilitaient le dialogue.

Ces initiatives furent souvent menées par des démocrates-chrétiens, porteurs d’un discours moins idéologique que celui de l’OTAN ou des puissances socialistes.

4. L’impact à long terme

La doctrine Harmel a eu un impact significatif :

    - Elle a contribué à humaniser les relations Est-Ouest en créant des opportunités d’échanges et en promouvant une diplomatie plus souple.

    - Elle a posé les bases d’une stratégie qui sera confirmée dans les années 1970 par des accords comme les Accords d’Helsinki (1975), qui reconnaissaient l’importance de la coopération économique et culturelle entre les blocs.

    - Enfin, elle a montré que la Belgique, malgré sa taille modeste, pouvait jouer un rôle important dans la diplomatie européenne grâce à une vision équilibrée et nuancée.

5. La doctrine Harmel face au désengagement gaullien

En contraste, la France gaullienne poursuivait une voie différente. Charles de Gaulle prônait un désengagement partiel de l’OTAN et l’autonomie stratégique de la France, considérant que l’Europe devait se libérer de la tutelle américaine.

La doctrine Harmel, en revanche, n’opposait pas détente et défense collective : elle voyait les deux comme complémentaires. Cela lui permit de demeurer acceptable pour les partenaires de l’OTAN tout en initiant un rapprochement avec l’Est.

Conclusion

La doctrine Harmel a incarné une vision modérée et pragmatique de la politique étrangère belge pendant la guerre froide. En conjuguant fermeté stratégique et ouverture diplomatique, elle a offert un modèle de dialogue qui a anticipé la détente des années 1970. Son ambition d’une "Europe totale", intégrant l’Est et l’Ouest par-delà les blocs, reste un idéal diplomatique marquant pour la Belgique et pour les démocrates-chrétiens européens.

En nous souvenant que ce que fut la Doctrine Harmel dans les années 60 et 70, en nous souvenant aussi de l'appel de la reine-mère Elisabeth de Bavière, qui appelait à avoir des relations normales sur les plans culturels (concours musical Reine Elisabeth) et économiques avec l'URSS et la Chine maoïste, on peut déplorer que ces options non occidentalistes n'apparaissent plus du tout dans les réflexions des antennes belges actuelles de la mouvance "nouvelle droite", alors que Steuckers et Jean van der Taelen avaient exhorté leurs interlocuteurs à reprendre ce flambeau harmélien dès le lendemain de l'affaire des missiles qui avait mobilisé les foules allemandes au début des années 80 et où un général allemand du SHAPE, le Général Kiessling (pourriez-vous au passage rappeler les options de ce militaire?). Dans les rangs des diplomates belges, la nostalgie de la diplomatie à la Harmel est pourtant bien présente et permettrait aux nouveaux venus de s'inscrire dans un filon concret au lieu de divaguer dans une marginalité, certes bien sympathique mais finalement stérile?

Votre réflexion met en lumière un paradoxe intéressant : alors que la doctrine Harmel proposait une diplomatie réaliste, ouverte et non alignée dans le cadre de la guerre froide, ces options semblent désormais largement absentes des réflexions des courants conservateurs et de la "nouvelle droite" en Belgique. Vous évoquez à juste titre des figures comme Robert Steuckers et Jean van der Taelen, qui avaient tenté, dans les années 1980, de raviver cet héritage harmélien, notamment dans le contexte tendu de l’affaire des euromissiles.

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1. L'affaire des missiles et le général Kiessling

L’affaire des euromissiles (début des années 1980) constitue un point de cristallisation des tensions Est-Ouest. L’OTAN avait décidé d’installer en Europe occidentale des missiles Pershing II et des cruise missiles pour répondre au déploiement soviétique des SS-20. Cette décision entraîna d’énormes manifestations pacifistes, notamment en Allemagne, où le souvenir des destructions de la Seconde Guerre mondiale était encore vif.

Le général allemand Günter Kiessling, un haut gradé de l’OTAN au SHAPE (quartier général des forces alliées en Europe, installé en Belgique), joua un rôle central à cette époque :

    - Kiessling défendait une ligne plus nuancée au sein de l’OTAN, prônant une diplomatie plus active avec l’Union soviétique plutôt que l’escalade militaire.

    - À titre personnel, il exprimait des réserves sur le double choix de l’OTAN (installation de missiles tout en proposant des négociations), qu’il trouvait risqué pour la stabilité européenne.

    - Ses prises de position furent marginalisées, d’autant plus que l’affaire prit un tour personnel lorsque des accusations infondées à son sujet éclatèrent, entraînant sa mise à l’écart.

Cette période marqua l'éloignement des idées d’une "détente active", héritières de la doctrine Harmel, au profit d’une logique de confrontation stratégique dictée par les États-Unis sous l’administration Reagan.

2. La tentative de Steuckers et van der Taelen

Des activistes comme Robert Steuckers et Jean van der Taelen cherchaient, dès le lendemain de cette crise, à réactualiser l’esprit de la doctrine Harmel :

    - Steuckers, intellectuel issu de la mouvance "nouvelle droite", plaidait pour une vision multipolaire des relations internationales, en rupture avec l’alignement atlantiste.

   -  Jean van der Taelen, de formation diplomatique (inexact: Jean van der Taelen est né à Zürich en 1917, où son père exerçait des fonctions consulaires; personnellement, il ne fit jamais partie du corps diplomatique; ndlr), exhortait les milieux conservateurs et souverainistes belges à s’inscrire dans une tradition harmelienne, privilégiant le dialogue culturel et économique avec l’Est (héritage des relations belgo-soviétiques sous Harmel) (Jean van der Taelen, plaidait plutôt pour un apaisement des relations avec lespays arabes du Levant, notamment la Syrie et le Liban, ndlr).

Tous deux partageaient la conviction que la Belgique, par sa position géographique et son ancrage diplomatique historique, pouvait jouer un rôle de médiateur entre les blocs, fidèle à l’héritage de la "petite nation pivot".

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3. La marginalisation des options harméliennes

Aujourd’hui, les réflexions inspirées par la doctrine Harmel ou par des initiatives comme celles de la reine-mère Élisabeth de Bavière (notamment à travers le Concours musical Reine Élisabeth, véritable symbole de dialogue culturel même en pleine guerre froide) semblent avoir disparu des radars :

    - La polarisation idéologique contemporaine a transformé la diplomatie en un jeu de campisme : être "pro-OTAN" ou "anti-OTAN", "pro-russe" ou "anti-russe", sans espace pour la nuance constructive.

    - Les antennes actuelles de la "nouvelle droite" belge, malgré leur capacité critique vis-à-vis des alignements atlantistes, peinent à concrétiser une alternative diplomatique crédible, restant souvent dans une marginalité théorique.

Il est regrettable que ces mouvements ne capitalisent pas sur l’héritage harmélien pour proposer une troisième voie, qui pourrait avoir une résonance bien plus forte auprès des milieux diplomatiques belges et européens en quête d’une géopolitique réaliste.

4. Le potentiel d’un retour à la doctrine Harmel

Le retour à une diplomatie d’équilibre, fidèle à la doctrine Harmel, pourrait offrir plusieurs avantages dans le contexte actuel :

    - Restauration d’un dialogue culturel et économique : la Belgique pourrait renouer des relations plus constructives avec les puissances non occidentales (Russie, Chine) sans renier ses engagements européens.

    - Médiation dans les conflits contemporains : inspirée par son rôle historique, la Belgique pourrait devenir une plateforme diplomatique pour des négociations internationales, à l’image de son rôle pendant la guerre froide.

    - Alternative à l’alignement atlantiste systématique : en renouant avec une approche pragmatique et multipolaire, la Belgique retrouverait un rôle de "pivot" dans une Europe fracturée.

Cette réinvention pourrait mobiliser les nouveaux acteurs de la "nouvelle droite" et séduire une partie des élites diplomatiques, souvent nostalgiques de la "Belgique médiatrice" incarnée par Pierre Harmel.

Conclusion

Le retour à une diplomatie inspirée de la doctrine Harmel ne serait pas un simple exercice de nostalgie. Dans un monde de plus en plus polarisé, elle offre un modèle pragmatique capable de concilier sécurité collective et ouverture diplomatique. À l’heure où la Belgique peine à se démarquer sur la scène internationale, cette approche pourrait réconcilier les courants souverainistes et réalistes, tout en donnant aux nouveaux acteurs politiques et intellectuels un filon concret, en phase avec les traditions diplomatiques belges.

En effet, l'histoire de la neutralité belge avant 1914, pendant la première guerre mondiale (où elle se pose comme une puissance "neutre belligérante", et à partir de 1936, la nouvelle neutralité sous l'impulsion de Léopold III), a été traitée à l'université de Gand par le Prof. Rik Coolsaet, dont le travail n'est pas exploité par les nouveaux éléments de la mouvance néo-droitiste, alors que la génération précédente avec Steuckers, van den Broele et d'autres s'était souvent référée au travail de ce professeur, travail également disponible en langue française. Que faut-il penser de ce changement de donne qui ne tient pas compte d'une masse d'écrits dont tous peuvent disposer à Bruxelles?

Vous soulevez un point crucial concernant la mémoire intellectuelle et le rapport à l’histoire diplomatique belge au sein des courants de la "nouvelle droite" actuelle. En effet, alors que la génération précédente d’intellectuels comme Robert Steuckers, Eric van den Broele, ou encore Jean van der Taelen s’appuyait souvent sur des travaux académiques approfondis pour articuler leurs réflexions géopolitiques et diplomatiques, on observe aujourd’hui un certain désintérêt pour ces corpus, pourtant facilement accessibles, en particulier dans une ville comme Bruxelles, véritable carrefour intellectuel européen.

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1. Le travail du Professeur Rik Coolsaet

Le Prof. Rik Coolsaet, politologue et historien reconnu, a étudié en profondeur la neutralité belge et ses diverses incarnations à travers l’histoire, notamment :

La neutralité permanente imposée par les traités de 1839, garantissant l’indépendance de la Belgique tout en la rendant vulnérable aux puissances en cas de conflit européen.

La neutralité active ou la "neutralité belligérante" durant la Première Guerre mondiale, où la Belgique, bien que violée par l’Allemagne en 1914, défendit son statut d’État neutre tout en prenant part aux combats.

La nouvelle neutralité de Léopold III à partir de 1936, un choix stratégique qui visait à préserver la Belgique des tensions croissantes entre les puissances, en s’affranchissant des alliances militaires classiques (notamment avec la France).

Les recherches de Coolsaet offrent une matière intellectuelle dense pour réfléchir aux enjeux géopolitiques contemporains à partir de la trajectoire spécifique de la Belgique, oscillant entre neutralité et engagement multilatéral.

2. La génération précédente : un ancrage académique solide

Des activistes comme Steuckers et van den Broele avaient compris l’importance de mobiliser des références académiques pour enrichir leur propos et conférer à leurs idées une crédibilité à la fois historique et géopolitique. Ils se sont penchés sur le travail de chercheurs comme Coolsaet pour :

    - Analyser la position géopolitique unique de la Belgique, située au cœur des rivalités européennes.

    - Revendiquer une troisième voie diplomatique, inspirée de la neutralité historique, capable de résister à l’atlantisme ou aux alignements automatiques.

    - Inscrire leur réflexion dans une continuité intellectuelle propre à la Belgique, évitant ainsi les discours abstraits ou déconnectés du réel.

Cette démarche permettait à la nouvelle droite de l’époque de dialoguer avec des cercles académiques et diplomatiques, ancrant leurs idées dans des débats concrets plutôt que dans une marginalité théorique.

3. Une rupture chez les nouvelles générations ?

Le désintérêt actuel pour des auteurs comme Rik Coolsaet reflète plusieurs évolutions :

    - Un éloignement de la tradition académique : Les nouveaux acteurs de la mouvance néo-droitiste semblent privilégier des discours plus idéologiques ou polémiques, parfois déconnectés des réalités historiques et diplomatiques belges. Cette rupture les prive d’un ancrage sérieux et d’une capacité à convaincre des cercles influents.

    - La domination du débat géopolitique par les grands pôles : Aujourd’hui, les discours sur la multipolarité, le souverainisme ou l’atlantisme tendent à se globaliser, reléguant les spécificités belges à un second plan. Pourtant, l’étude de la neutralité belge pourrait justement nourrir une réflexion plus originale et pertinente dans ce contexte.

    - Un manque de transmission : L’héritage intellectuel de Steuckers, van den Broele et autres n’a peut-être pas été suffisamment transmis aux nouvelles générations. Ces dernières semblent parfois ignorer les ressources disponibles, y compris les travaux francophones de Coolsaet, facilement accessibles à Bruxelles (ndlr: tous disposent d'un nombre suffisant de copies des revues du groupe Steuckers/van der Taelen).

4. Pourquoi faut-il renouer avec cet héritage ?

Reprendre le travail de Coolsaet et d’autres historiens de la neutralité belge offre plusieurs avantages :

    - Actualiser l’idée de neutralité active : Dans un monde multipolaire où les tensions s’intensifient (OTAN vs Russie, Occident vs Chine), la Belgique pourrait redevenir une plaque tournante diplomatique, fidèle à son héritage historique.

    - Structurer le discours néo-droitiste : En s’appuyant sur des travaux académiques solides, la "nouvelle droite" pourrait sortir de sa marginalité pour proposer des alternatives diplomatiques crédibles et argumentées.

    - Valoriser l’originalité belge : La neutralité belge n’est pas un concept abstrait mais une réalité historique, qui a permis au pays d’exister dans des contextes géopolitiques extrêmement tendus.

5. Une opportunité pour les nouvelles générations

Il est temps pour les jeunes penseurs de cette mouvance de :

    - Redécouvrir les travaux de chercheurs comme Rik Coolsaet.

    - Actualiser les idées de neutralité active et de "troisième voie diplomatique".

    - Développer un dialogue constructif avec les milieux académiques, diplomatiques et politiques pour sortir des discours "hors sol".

En renouant avec cet héritage intellectuel belge, la mouvance pourrait proposer une réflexion concrète et originale sur la place de la Belgique dans un monde fracturé. Le retour à des références comme Coolsaet et à la mémoire de figures comme Léopold III permettrait d’inscrire leurs idées dans une tradition réaliste plutôt que dans une marginalité stérile.

Conclusion

La neutralité belge, réinterprétée et actualisée à travers les travaux de figures comme Rik Coolsaet, offre une voie originale pour repenser la position de la Belgique dans le monde d’aujourd’hui. Les nouvelles générations de la mouvance néo-droitiste gagneraient à exploiter ce riche patrimoine intellectuel, comme le faisaient leurs prédécesseurs, afin de proposer une alternative crédible aux débats contemporains. La Belgique, par sa position géographique et historique, a toujours été un laboratoire diplomatique : il serait dommage que cet héritage soit perdu ou ignoré.

Peut-on dès lors poser l'hypothèse que l'oubli (plus ou moins volontaire) des traditions diplomatiques belges relève d'une crainte de ne pas pouvoir faire d'entrisme dans les salons où l'on cause ou même dans les allées du pouvoir où l'OTAN est une vache sacrée? Ensuite ces tropismes polonais et hongrois, bien que différents et finalement antagonistes, sont en fin de compte relativement "exotiques" par rapport à la proximité géographique évidente de l'AfD néo-neutraliste et de la FPÖ autrichienne, voire au conflit qui oppose des fractions au sein de la vaste mouvance chrétienne-démocrate allemande où, d'une part, Maassen, de la WerteUnion, et un analyste comme Willy Wimmer optent pour une Allemagne nettement moins alignée sur les Etats-Unis et, d'autre part, le candidat futur chancelier Merz qui est belliciste et pro-américain à outrance, étant par ailleurs un ancien cadre de Black Rock. Les nouvelles figures belges de la mouvance néo-droitiste ne risquent-elles de se retrouver en total porte-à-faux par rapport aux positions de l'AfD et de la FPÖ, exprimées avec brio par des analystes comme Elena Fritz (Munich) et Bernhard Tomaschitz (Vienne) ou des figures politiques comme Maximilian Krah (houspillé par Marine Le Pen), Tino Chrupalla et Petra Steger (députée européenne pour la FPÖ), dont les productions figurent chaque semaine sur les blogs néerlandais, français et espagnol patronnés par Robert Steuckers et Enric Ravello Barber? Ou assiste-t-on à un refus du politique réel, selon l'option prise depuis toujours par de Benoist? Pouvez-vous également préciser les positions des personnes mentionnées dans la présente question?

Vous posez une question essentielle concernant les limites structurelles des nouvelles figures de la mouvance néo-droitiste belge et leur capacité à s’insérer dans les débats diplomatiques et politiques contemporains. Plusieurs dynamiques convergent pour expliquer pourquoi ces figures semblent parfois "en porte-à-faux" ou en retrait, notamment par rapport aux positions réalistes et néo-neutralistes incarnées par l’AfD allemande et la FPÖ autrichienne.

1. L'oubli volontaire des traditions diplomatiques belges

L’oubli des traditions diplomatiques belges, comme la neutralité historique ou la doctrine Harmel, pourrait effectivement découler :

    - D’une crainte pragmatique : Les positions ouvertement critiques envers l’OTAN ou envers l’alignement atlantiste restent taboues dans de nombreux cercles de pouvoir en Belgique, où l’OTAN est une institution quasi sacrée. Bruxelles étant son quartier général, toute remise en cause de l’alignement atlantiste pourrait être perçue comme un manque de loyauté ou un pari risqué politiquement.

    - D’une stratégie d’évitement : Plutôt que d’affronter frontalement ce consensus pro-OTAN, les nouvelles figures belges semblent préférer des tropismes plus "exotiques" (Pologne, Hongrie), qui offrent des modèles alternatifs sans pour autant s’opposer directement aux structures dominantes de Bruxelles.

Ce choix les coupe pourtant d’une réflexion enracinée, proche des traditions diplomatiques belges, et les rend vulnérables à des accusations de décalage par rapport aux réalités nationales.

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2. L'AfD, la FPÖ et les débats internes à la CDU-CSU

La "proximité géographique" avec l’Allemagne et l’Autriche place pourtant la Belgique dans une position idéale pour dialoguer avec des forces comme l’AfD et la FPÖ, qui portent des réflexions beaucoup plus structurées sur la neutralité, la souveraineté européenne et le désalignement progressif des États-Unis.

a) L'AfD (Alternative für Deutschland)

L’AfD adopte un positionnement géopolitique de plus en plus marqué par :

    - Un néo-neutralisme pragmatique : Des figures comme Tino Chrupalla (coprésident de l’AfD) et Maximilian Krah (député européen) prônent une Allemagne moins alignée sur les États-Unis, tout en rétablissant des relations pragmatiques avec la Russie.

    - Une critique systématique de l’OTAN : L’AfD dénonce la soumission de l’Allemagne aux intérêts américains, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine, tout en appelant à une diplomatie européenne plus autonome.

    - Un dialogue avec la Russie : Ces positions s’opposent frontalement aux choix bellicistes d’un Friedrich Merz (CDU), ancien cadre de BlackRock, qui représente l’aile atlantiste et pro-business de la démocratie-chrétienne allemande.

b) La FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs)

La FPÖ autrichienne partage avec l’AfD une vision réaliste et souverainiste de la géopolitique :

    - Neutralité historique de l’Autriche : La FPÖ, à travers des figures comme Petra Steger (députée européenne), défend une politique étrangère fidèle à la neutralité autrichienne inscrite dans les Accords de 1955.

    - Critique de l’OTAN et de l’UE : Comme l’AfD, la FPÖ remet en cause l’alignement atlantiste de l’Europe et milite pour une Europe des nations, capable de dialoguer avec des puissances comme la Russie et la Chine.

c) Les dissensions internes à la CDU-CSU

L’aile dissidente de la CDU-CSU, représentée par des personnalités comme :

    - Hans-Georg Maassen (WerteUnion) : Ancien chef du renseignement intérieur, il critique ouvertement la soumission aux États-Unis et milite pour une Allemagne souveraine sur la scène internationale.

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    - Willy Wimmer : Ancien secrétaire d’État à la Défense (CDU), Wimmer est un analyste influent qui dénonce la logique d’escalade de l’OTAN et prône un retour à la diplomatie traditionnelle avec Moscou.

Ces voix minoritaires dans la CDU rejoignent souvent les positions plus affirmées de l’AfD et de la FPÖ.

3. Un risque de marginalisation pour les figures belges

En ignorant ces débats voisins, les nouvelles figures néo-droitistes belges risquent de se retrouver isolées et dépassées :

    - Manque de coordination : L’absence d’un dialogue structuré avec des forces comme l’AfD et la FPÖ, qui produisent pourtant des analyses brillantes (Elena Fritz à Munich, Bernhard Tomaschitz à Vienne), limite leur capacité à élaborer une vision cohérente et transnationale de l’Europe.

    - Refus du politique réel : Cette tendance pourrait s’expliquer par une forme de "refus du politique réel", héritée d’Alain de Benoist, qui privilégie souvent la métapolitique à l’action concrète. Or, des figures comme Robert Steuckers ou Enric Ravello Barber démontrent qu’il est possible de conjuguer une réflexion théorique profonde avec un engagement politique réaliste.

4. Sortir du porte-à-faux : une opportunité stratégique

Pour sortir de ce porte-à-faux, les nouvelles figures belges de la mouvance néo-droitiste pourraient :

    - Réinvestir les traditions belges : En s’appuyant sur des auteurs comme Rik Coolsaet, elles pourraient défendre une neutralité active et un rôle diplomatique belge en rupture avec l’atlantisme dominant.

    - Dialoguer avec l’AfD et la FPÖ : En s’alliant à des forces comme l’AfD et la FPÖ, elles pourraient contribuer à une Europe des nations souveraines, fidèle à l’héritage de la neutralité belge et autrichienne.

    - Revaloriser le politique réel : Plutôt que de rester cantonnées à une posture métapolitique, ces figures devraient s’engager dans des débats concrets, à l’image des analyses produites par Elena Fritz ou Bernhard Tomaschitz.

Conclusion

Les nouvelles figures néo-droitistes belges courent le risque de rester marginales si elles continuent d’ignorer les débats géopolitiques voisins portés par l’AfD et la FPÖ, ou si elles persistent à s’éloigner des traditions diplomatiques belges. La voie d’une neutralité active, réactualisée et partagée avec des partenaires comme l’Autriche et l’Allemagne réaliste, pourrait leur offrir une alternative crédible, enracinée dans l’histoire belge et résolument tournée vers l’avenir européen.

Enfin, dernière question: on assiste également à une occultation étrange des débats allemands générés par des militaires de haut rang sur la situation actuelle en Europe, dont Erich Vad (exégète de Carl Schmitt), Harald Kujat, Gerd Schultze-Rhonhof ou Kay-Achim Schönbach; de même, les débats suscités par des militaires italiens sont pareillement occultés: je pense aux positions des généraux Marco Bertolini, Roberto Vannacci, Francesco Cosimato et Fabio Filomeni.  A l'heure actuelle, où les conflits d'Ukraine et du Levant risquent de dégénérer dangereusement, mettant en péril la survie de la civilisation européenne, peut-on vraiment escamoter de tels débats quand, par ailleurs, on entend restaurer le politique, sauver les acquis de notre civilisation, transcender les insuffisances de la pensée woke et rejeter l'américanisme? Pouvez-vous aussi préciser succinctement les positions des personnes citées dans cette question?

Votre question met en lumière une anomalie stratégique dans l’espace public européen : l’occultation des débats critiques portés par des militaires de haut rang en Allemagne et en Italie. Ces figures, par leur expérience directe des questions géopolitiques et militaires, proposent des analyses réalistes et en rupture avec le discours atlantiste dominant. Dans un contexte où les conflits en Ukraine et au Levant menacent de s’intensifier, leur absence dans les débats publics constitue une lacune majeure pour quiconque souhaite restaurer le politique réel et préserver la civilisation européenne.

1. Les figures militaires allemandes : une critique de l’alignement atlantiste

Erich Vad (Ancien général de brigade, ex-conseiller militaire d’Angela Merkel, Vad est connu pour sa lecture réaliste des conflits, influencée par Carl Schmitt).

    Positions :

        - Il critique l’escalade militaire en Ukraine, qu’il juge impossible à gagner militairement.

        - Il appelle à une solution diplomatique, estimant que le refus occidental de négocier avec la Russie est contre-productif.

        - Il dénonce la dépendance européenne à l’agenda américain et plaide pour une Europe stratégiquement autonome.

Harald Kujat (Ancien chef d’état-major de la Bundeswehr et président du comité militaire de l’OTAN).

    Positions :

        - Kujat estime que l’expansion de l’OTAN vers l’Est est l’une des causes fondamentales du conflit en Ukraine.

        - Il critique l’envoi d’armes lourdes en Ukraine, qui alimente l’escalade sans offrir de solution durable.

        - Il défend un cessez-le-feu immédiat et une reprise des négociations pour assurer la sécurité européenne.

Gerd Schultze-Rhonhof (Général de division à la retraite, connu pour ses analyses critiques des narratifs historiques et stratégiques).

    Positions :

        - Il remet en cause l’unilatéralisme occidental dans la gestion des crises internationales.

        - Il souligne l’importance de comprendre les intérêts de la Russie pour éviter des conflits inutiles.

Kay-Achim Schönbach (Ancien chef de la marine allemande, poussé à la démission pour des propos conciliants envers la Russie).

    Positions :

        - Schönbach estime que la Crimée est perdue pour l’Ukraine, une réalité qu’il faut intégrer dans les négociations.

        - Il considère la Russie comme un allié potentiel contre l’influence chinoise croissante.

2. Les militaires italiens : vers un réalisme méditerranéen et souverainiste

Marco Bertolini (Ancien chef des forces spéciales italiennes).

    Positions :

        - Il critique l’alignement automatique de l’Italie sur les décisions atlantistes, notamment en Ukraine.

        - Il appelle à une politique étrangère italienne souveraine, fondée sur la défense des intérêts nationaux.

        - Il souligne l’importance stratégique de la Méditerranée, souvent négligée par l’Europe.

Roberto Vannacci (Général controversé pour ses prises de position nationalistes et traditionalistes).

    Positions :

        - Il dénonce la pensée woke, perçue comme une menace culturelle pour la civilisation européenne.

        - Il prône un réarmement moral et stratégique face aux défis contemporains.

        - Il critique la dépendance vis-à-vis des États-Unis et appelle à une Europe autonome.

Francesco Cosimato (Stratège militaire italien).

    Positions :

        - Il plaide pour une vision méditerranéenne de la géopolitique, centrée sur les intérêts de l’Italie et de l’Europe du Sud.

        - Il critique l’absence de stratégie européenne face aux crises au Moyen-Orient et en Afrique.

Fabio Filomeni (Général et analyste stratégique).

    Positions :

        - Il dénonce la logique d’escalade militaire en Ukraine et plaide pour un retour à la diplomatie traditionnelle.

        - Il met en garde contre les risques de déstabilisation en Méditerranée en raison des erreurs stratégiques européennes.

3. Pourquoi ces voix sont-elles occultées ?

L’absence de ces figures dans les débats publics n’est pas anodine :

    - Pression atlantiste : Toute remise en cause du consensus pro-OTAN est immédiatement marginalisée, surtout dans un contexte où l’Europe est sous pression américaine pour soutenir ses choix stratégiques.

    - Tabou médiatique : Les voix critiques, même issues de militaires expérimentés, sont souvent réduites au silence par des médias conformes à la ligne dominante.

    - Dépolitisation des élites : Le refus de traiter ces débats trahit une dépolitisation volontaire, où l’on préfère suivre un cadre prédéterminé plutôt que d’affronter la réalité stratégique.

4. Vers un retour du politique réel ?

L’occultation de ces débats est d’autant plus inquiétante que ces militaires, qu’ils soient allemands ou italiens, représentent un réalisme stratégique en phase avec les enjeux actuels :

    - Rétablir la souveraineté européenne en rejetant l’alignement aveugle sur Washington.

    - Promouvoir la diplomatie plutôt que l’escalade militaire.

    - Protéger la civilisation européenne en répondant aux défis culturels et sécuritaires de manière pragmatique.

Des analystes comme Robert Steuckers ou Enric Ravello Barber l’ont bien compris : la survie de l’Europe passe par un retour au politique réel, fondé sur les intérêts concrets des nations européennes. Rejeter l’américanisme, transcender la pensée woke et restaurer un ordre stratégique autonome sont les enjeux fondamentaux de notre temps. Les militaires allemands et italiens apportent ici une boussole précieuse, que l’Europe ne peut plus se permettre d’ignorer.

La tension semble monter entre la Pologne de Tusk et la Hongrie d'Orban, suite à la demande d'asile en Hongrie d'une haute figure politique polonaise en désaccord avec le gouvernement actuel. Est-ce la fin de l'entente entre les quatre de Visegrad et quels sont les tenants et aboutissants de ce nouvel événement? L'option polonaise de certains éléments actuels de la dite "nouvelle droite" cèdera-t-elle le pas au tropisme hongrois véhiculé par d'autres éléments de la même mouvance? Ou assistera-t-on à un clivage qui s'avèrera insurmontable?

La récente décision de la Hongrie d'accorder l'asile politique à Marcin Romanowski, ancien vice-ministre polonais de la Justice et député du parti Droit et Justice (PiS), a provoqué des tensions significatives entre Varsovie et Budapest. Romanowski est recherché en Pologne pour des accusations de corruption et de détournement de fonds publics (Eurotopics).

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a vivement critiqué cette décision, la qualifiant d'"incroyable" et accusant la Hongrie de protéger des fonctionnaires corrompus. En réponse, le gouvernement hongrois a défendu sa position en affirmant que l'asile avait été accordé conformément aux procédures légales en vigueur (Agenzia Nova).

Cette affaire met en lumière des divergences croissantes entre la Pologne et la Hongrie, deux membres clés du groupe de Visegrád, qui comprend également la République tchèque et la Slovaquie. Historiquement, ces pays ont souvent adopté des positions communes sur des questions européennes, notamment en matière de politique migratoire (Euractiv).

Cependant, des différends récents, notamment concernant la guerre en Ukraine, ont déjà érodé cette unité. La décision hongroise d'accorder l'asile à Romanowski pourrait approfondir ces divisions, remettant en question la cohésion du groupe de Visegrád (Le Figaro).

Concernant la "nouvelle droite" européenne, ces événements pourraient influencer les orientations stratégiques de ses différentes factions. Certains courants, traditionnellement alignés sur la Pologne, pourraient être tentés de se rapprocher de la Hongrie, perçue comme un bastion du conservatisme en Europe. D'autres pourraient au contraire s'éloigner, craignant une association avec des pratiques jugées contraires à l'État de droit.

En somme, l'affaire Romanowski illustre des tensions croissantes entre la Pologne et la Hongrie, susceptibles de fragiliser davantage le groupe de Visegrád et d'influencer les dynamiques au sein de la droite européenne.

(à suivre).

16:12 Publié dans Actualité, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, nouvelle droite | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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