lundi, 19 mai 2025
La nouvelle ère de l'économie mondiale
La nouvelle ère de l'économie mondiale
par Giuseppe Masala
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30452-gius...
Selon le Fonds monétaire, l'innovation technologique fait entrer l'économie mondiale dans une nouvelle ère. Et les mesures protectionnistes...
Un billet de blog du Fonds monétaire international, rédigé par Pierre-Olivier Gourinchas, directeur du bureau de recherche du FMI, a suscité l'émoi des économistes, dans lequel il parle ouvertement du début d'une nouvelle ère pour l'économie mondiale. Gourinchas s'appuie sur l'imposition de droits de douane décidée par l'administration Trump et annoncée le 2 avril pour étayer sa thèse de l'énorme bouleversement de l'économie mondiale qui s'annonce.
Il est certain que le point de vue de l'économiste de premier plan est correct et accompagné d'une quantité considérable de données qui lui confèrent une validité incontestable. L'économie mondiale risque d'entrer dans une phase d'incertitude qui provoquera presque certainement une forte baisse de la croissance, ce qui pourrait nuire aux parties les plus fragiles de la société, à la fois en termes de hausse du chômage et de hausse des prix des biens et des services.
Le point le plus intéressant de cette analyse est cependant lié à une thèse intéressante exprimée par Gourinchas que je cite textuellement : « la part de l'emploi manufacturier dans les économies avancées a connu un déclin séculaire dans les pays enregistrant des excédents commerciaux, comme l'Allemagne, ou des déficits, comme les États-Unis. La force la plus profonde derrière ce déclin est le progrès technologique et l'automatisation, et non la mondialisation ».
En d'autres termes, selon l'économiste du FMI, il serait erroné de croire qu'il suffit d'imposer des droits de douane pour résoudre le grave problème de la pénurie d'emplois : ce problème existe aussi bien dans les pays à fort déficit commercial (et donc importateurs nets de l'étranger) que dans les pays à fort excédent commercial (et donc exportateurs nets vers l'étranger).
US Bureau of Economic Analysis : valeur ajoutée réelle et emploi en Allemagne et aux États-Unis depuis les années 1970.
Personnellement, je ne peux pas dire s'il suffit de regarder les courbes du taux d'emploi et de la valeur ajoutée réelle dans les pays à déficit commercial et de les comparer à celles des pays à excédent commercial (comme Gourinchas l'a fait avec celles des États-Unis et de l'Allemagne) pour soutenir la thèse selon laquelle ce ne sont pas les déséquilibres commerciaux qui déterminent le taux d'emploi d'une nation ; mais je soutiens certainement la thèse selon laquelle l'explosion de l'innovation technique dans les domaines de l'informatique, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle ne ramènera probablement pas la prospérité et l'emploi dans les pays à déficit commercial, même si les droits de douane parviennent miraculeusement à « guérir » les déséquilibres entre les pays.
Je pense que cette thèse peut être considérée comme partageable même si elle n'est qu'une hypothèse « empirique » : en effet, les niveaux d'automatisation atteints, notamment en Chine populaire, sont impressionnants et risquent - en perspective - de détruire des millions d'emplois. Il suffit de penser, par exemple, à l'usine de Xiaomi pour la production de smartphones (elle en produira un par seconde) sans employer un seul travailleur, à tel point que dans les immenses espaces de travail de l'usine, les lumières seront éteintes alors qu'aucun être humain n'y opère ! Il en va de même lorsqu'on observe les images des rues de Wuhan où circulent des taxis autonomes, ou les autoroutes russes où circulent des camions de marchandises autonomes. Des innovations, certes stupéfiantes, qui témoignent de l'énorme progrès de la technologie créée par l'homme, mais qui ont un inconvénient évident: elles rendent le travail humain superflu par rapport à la production de biens et de services.
La vérité choquante (que l'économiste en chef du Fonds monétaire international, M. Gourinchas, a laissé entendre) est que le capital est en train de supplanter de plus en plus le travail. En d'autres termes, le capital dévore le travail en le rendant de plus en plus marginal. Or, tout cela entraîne des effets secondaires non négligeables.
Par exemple, si les gens ne trouvent pas de travail satisfaisant pour satisfaire leur consommation, il faut comprendre pour qui ces usines entièrement automatisées produiront. Il est clair qu'il faudra - si cette voie de développement est poursuivie - trouver une nouvelle façon de distribuer les « revenus » produits. Un défi d'une ampleur considérable qui remettra en cause les principes fondamentaux de la civilisation humaine.
Une question plus concrète et plus immédiate sera celle du rééquilibrage macroéconomique entre les nations à déficit commercial et les nations à excédent commercial.
Si la raison du déséquilibre n'est pas le déficit commercial en soi, comme voudrait le suggérer l'économiste en chef du Fonds monétaire international, mais la course à l'innovation technologique entre pays concurrents, où le perdant sera inévitablement condamné au sous-développement et à la pauvreté, les droits de douane ne résoudront que très peu la crise financière « latente » qui frappe les États-Unis. Le vrai problème est la supériorité technologique de la Chine sur le reste du monde, qui, selon de nombreux observateurs, est déjà un fait et qui rend la fabrication dans l'Empire du Milieu moins chère que dans n'importe quel autre pays, quelles que soient les politiques commerciales adoptées par ses concurrents.
Il s'agit d'un problème de concurrence technologique qui, s'il n'est pas résolu immédiatement, pourrait pousser les pays perdants à chercher des solutions bien plus traumatisantes qu'une guerre commerciale. Une issue que seuls les auteurs de romans dystopiques avaient esquissée. Aujourd'hui, c'est aussi le Fonds monétaire international qui y fait allusion.
13:06 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie mondiale | |
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