mercredi, 16 juillet 2025
Trump a été retourné et le mouvement MAGA est orphelin...
Trump a été retourné et le mouvement MAGA est orphelin...
Musk peut-il raviver la rébellion et défier l’Uniparty?
Alexander Douguine
Alexander Douguine affirme que Trump a été détourné par l’Uniparty mondialiste, laissant le mouvement MAGA trahi mûr pour une renaissance via le nouveau Parti América d’Elon Musk, en tant que véritable opposition américaine.
L’idée qu’Elon Musk crée un nouveau parti appelé « America » n’est en aucun cas vouée à l’échec. Tout ce à quoi Musk se consacre, il le réalise. À bien des égards, c’est lui qui a contribué à faire monter Trump au pouvoir avec des slogans radicalement opposés à l’establishment. Musk s’est investi corps et âme dans le mouvement MAGA, et les résultats étaient clairs.
Ce que nous observons maintenant, c’est que MAGA, un mouvement qui s’est formé lors de l’élection de 2016, était en réalité déjà un troisième parti. Le fait est que les idées de MAGA n’ont presque aucune ressemblance avec l’idéologie du Parti républicain. Le Parti républicain actuel est essentiellement celui des néoconservateurs, des mondialistes, des partisans d’un monde unipolaire, des interventions au Moyen-Orient, de la guerre contre la Russie jusqu’à sa défaite stratégique, et des réductions d’impôts pour les riches. C’est la politique conventionnelle : celle qui convient parfaitement à l’État profond. Ce sont vos Républicains standard. Depuis les années 1980, il n’y a pratiquement plus de paleoconservateurs ou d’isolationnistes comme Pat Buchanan dans le parti. En substance, le Parti républicain est devenu simplement le nationalisme mondial de droite — la droite de l’État profond.
Trump, tant durant son premier mandat qu’aujourd’hui dans son second, est arrivé au pouvoir avec des idées radicalement différentes — des idées qui n’ont que le plus ténu lien avec le Parti républicain tel qu’il est aujourd’hui. Bien sûr, il existe quelques politiciens comme Marjorie Taylor Greene ou Thomas Massie qui partagent les idéaux MAGA, mais dans l’ensemble, Trump était une figure solitaire dans cette sphère. Alors, qui le soutenait ? Ceux qui sont totalement sous-représentés dans le Parti républicain — ceux qui veulent détruire l’État profond, ceux qui exigent qu’Amérique se retire des guerres étrangères et se concentre sur ses problèmes intérieurs, ceux qui veulent que la élite libérale pédophile, dont les crimes ont récemment été dévoilés, soient justement et sévèrement punis, et ceux qui appellent à l’expulsion des migrants illégaux. Cette force défend deux sexes — pas quarante-huit, comme dans certains États — et le retour de l’Amérique à la raison. Cette force n’est en aucun cas le Parti républicain, et bien sûr pas le Parti démocrate non plus (les démocrates ont causé le plus de mal). MAGA est lui-même le troisième parti. C’est ce que beaucoup ne comprennent pas.
Comme Trump a récemment commencé à s’éloigner de ce troisième parti — MAGA — et à se rapprocher des républicains ordinaires, son soutien s’est effondré. Au début, beaucoup de supporters MAGA s’opposaient à la guerre contre l’Iran et au soutien américain à Israël. Certains, comme Thomas Massie, ont même déclaré que l’Amérique n’était pas dirigée par des Américains, mais par des Israéliens, ce qui a vivement confronté Trump à ce sujet et l’a éloigné de lui. Elon Musk a souligné que Trump avait promis de ne pas augmenter le plafond de la dette — afin de ne pas condamner les générations futures à l’esclavage financier et de « consommer demain aujourd’hui ». Trump a violé cette promesse en faisant adopter le « Big Beautiful Bill ».
Enfin, Trump a répété à plusieurs reprises qu’il publierait les dossiers complets d’Epstein : des documents contenant des preuves de pédophilie et d’orgies rituelles impliquant l’élite politique libérale américaine mentionnée précédemment. Pourtant, il affirme maintenant que de tels dossiers n’existent pas, et que donc, aucune orgie n’a jamais eu lieu. Devant nos yeux, Trump se transforme du leader de MAGA en un républicain ordinaire. Il passe de plus en plus de temps avec le sénateur radical russophobe Lindsey Graham, et il représente de moins en moins les idées qui l’ont fait élire.
MAGA est en désespoir. Voici Elon Musk, un acteur politique très pragmatique. Pensez à combien il a d’argent et combien en a Trump. Musk possède près de 400 milliards, Trump environ cinq milliards. Dans un pays comme l’Amérique, où l’argent a une importance énorme, presque divine, Musk est quatre-vingt fois plus un « dieu » que Trump.
À mon avis, Musk fait un mouvement très délibéré. Le mouvement MAGA a été orphelin ; Trump l’a trahi. Musk soutient à juste titre que c’est ce mouvement qui a porté Trump au pouvoir et qui s’oppose à l’« Uniparty ».
L’Uniparty est ainsi que les supporters de MAGA désignent la collusion entre démocrates et républicains sous la direction de l’État profond — des mondialistes qui peuvent être de droite, comme les néoconservateurs, ou de gauche, comme les soutiens de Biden, mais qui partagent la même ligne de fond. MAGA s’oppose à l’Uniparty.
Donc, si Trump a effectivement été « détourné » — pris en otage par l’Uniparty — une vaste horizon s’ouvre pour poursuivre la mission commencée par le mouvement MAGA. À mon avis, c’est une évolution très intéressante. Jusqu’à présent, toutes les initiatives majeures de Musk — bien qu’accueillies souvent avec horreur et scepticisme — ont réussi. Voyons ce qui se passera ensuite.
12:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maga, donald trump, états-unis, actualité, alexandre douguine | |
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Trump et la globalisation du narcissisme politique
Trump et la globalisation du narcissisme politique
Nicolas Bonnal
Donald Trump fait rire tout le monde ou presque, mais Macron, Ursula, Kallas ou Merz beaucoup moins. Ce sont pourtant les mêmes symptômes de détraquement narcissique que l’on peut observer partout. Mon ami Blondet avait dénoncé ces selfies grotesques des pétasses trentenaires, ministresses de la Défense un peu partout en Europe, et prêtes à raser la Russie dans leurs baskets Chanel. Mais le fait que la plupart des dirigeants actuels sont là depuis longtemps et s’accrochent devrait aussi inquiéter tout le monde. Ils sont indélogeables et NE VEULENT PLUS PARTIR: voir Trump, Macron, Sanchez, Z., mais aussi Poutine, Lula, Xi, Modi, etc. la tendance est à la longévité de l’autocrate (disait Mearsheimer de Poutine), et ce où que ce soit. Tout le monde se rêve Bonaparte ad vitam. Netanyahou, homme de l’année et même du siècle, est là depuis trente ans je crois, et sa violence s’accroît avec son âge déjà avancé.
Tout le monde lucide peut observer donc la dégradation psychique de nos dirigeants : mais l’altération est générale, concerne tout le monde, y compris nous, les narrateurs rebelles, et elle accompagne la révolution de la communication technologique qui dégrade notre accès à la connaissance (plus personne ne lit, tout le monde perd son temps sur X et You Tube conçus pour ça aussi sans doute), exaspère nos différents et amplifie nos troubles psychiatriques et notre caractère (je plaide coupable bien entendu).
L’excellent site suisse Watson a traduit une interview brève et intense d’un psychiatre allemand qui parle de tout cela en quelques lignes. Je reprendrai sans trop commenter (à chacun de se faire son idée et aussi son autocritique) :
« Le psychiatre Reinhard Haller, spécialiste de renommée mondiale, analyse les traits de personnalité de Donald Trump.
Quels sont les traits qui vous permettent de dire que Donald Trump est narcissique?
Cinq caractéristiques principales ressortent: l'égocentrisme, la vanité, le manque d'empathie, la dévalorisation des autres et la susceptibilité.
Voyons cela en détail, en commençant par l'égocentrisme.
Un narcissique place son propre point de vue au centre de tout. Dans le cas de Trump, son slogan «Make America Great Again» peut être vu comme une vision très autocentrée, laissant peu de place aux perspectives divergentes.
Comment se manifeste la vanité?
Les narcissiques recherchent constamment la reconnaissance et l’admiration. Trump semble particulièrement attentif à son image publique et à l’attention qu’il reçoit. »
NDLR : relire le Petit Prince quand il visite les puissants de ce monde…
Plus importante est la suite car elle concerne tout le monde : nous nous foutons par exemple des souffrances des pays arabes et musulmans martyrisés par l’Occident, nous nous foutons des mutilations des gilets jaunes, des filles violées en Angleterre, et nous nous foutons du nombre de victimes du vaccin: nous sommes devenus comme ça. Paul Nizan disait déjà il y a un siècle que le bourgeois voyait le monde par ses écrans…
Je reprends l’interview :
« Qu'entendez-vous par manque d'empathie?
Ce trait peut se manifester par une apparente indifférence aux difficultés des autres. Certains de ses discours et décisions politiques ont pu donner l'impression d'un faible souci du ressenti des autres. »
Oui, parler de casino à Gaza… Mais passons. Evitons les lourdes condamnations.
On constate aussi chez Trump (comme chez l’Autre en France) une tendance typique des narcissiques à dévaloriser les autres : je plaide coupable car comme je le dis la tendance techno-narcissique concerne tout le monde et j’en parlais déjà dans mon Internet Nouvelle voie initiatique. Internet sert à s’engueuler avait dit un jour Michel Rocard, qui avait été le meilleur premier ministre de la cinquième république - avec un autre socialiste protestant, Lionel Jospin, mal récompensé de sa droiture et de son bilan.
« Comment s'exprime la dévalorisation des autres?
Les critiques semblent souvent déclencher chez lui des réactions très vives, ce qui est caractéristique des personnalités narcissiques. »
Trump ouvre les yeux de tout le monde – enfin, théoriquement… - car il est trop susceptible, devenant ce faisant une cible facile:
« Et qu'en est-il de la susceptibilité?
C'est en quelque sorte son talon d'Achille. Les critiques semblent souvent déclencher chez lui des réactions très vives, ce qui est caractéristique des personnalités narcissiques.
Donald Trump est donc une personne vulnérable?
Les narcissiques paraissent grands et inébranlables de l'extérieur, mais ils ont une peau très fine. La moindre critique les touche profondément, une goutte de pluie a l'effet d'un coup de fouet. Ils ne peuvent tolérer aucun avis différent sans se sentir attaqués.
«Pour se stabiliser, ils dévalorisent les autres. C'est pourquoi ils le font si rapidement: c'est un mécanisme de protection»
On comprend alors mieux les âneries distillées par le pauvre président sur Social Truth et ailleurs. Ajoutons tout de même que Trump a contre lui les médias, médias qui font le jeu de la tyrannie en Europe, comme l’a observé J.D. Vance au cours d’une conférence brillante et déjà oubliée. Trump est moins périlleux que nos autocrates européens belliqueux et autoritaires. Il n’est que narcissique et à peu près impuissant.
Après l’interview devient encore plus intéressante. Car cela concerne tout le monde. Au-delà de Donald-cible-facile, comme dirait un chef sioux.
« Pourquoi la société devient-elle plus narcissique?
Plusieurs facteurs entrent en jeu. Une phrase particulièrement pertinente vient de Stephen Hawking, le célèbre astrophysicien: peu avant sa mort, il a déclaré que la survie de l’humanité dépendrait de sa capacité à préserver l’empathie.
«Car sur tous les autres plans – intelligence, logique, même créativité – les machines finiront par nous surpasser, si ce n’est déjà le cas»
Oui, et on constate que Virgil Gheorghiu avait raison dans sa vingt-cinquième heure : nous pensons en mode machine et nous sommes même moins sensibles que Grok ou ChatGPT. La machinerie de la communication nous a mieux désensibilisés que l’Inquisition (voir Bruckberger) ou le nazisme (Primo Levi). Nous n’en sommes qu’au début. Les bourreaux de Gaza restent des pauvres victimes des holocaustes et de la haine antisémite, et les bourreaux des petites vieilles en Europe des victimes du racisme et de l’extrême-droite.
Haller ajoute :
« Mais l’empathie, cette capacité à ressentir ce que l’autre ressent, reste une caractéristique fondamentalement humaine. Malheureusement, c’est précisément cette faculté qui est menacée.
Pourquoi?
La communication numérique remplace de plus en plus les échanges en face-à-face. Les emojis et les «likes» ne sont pas de véritables expressions émotionnelles. Les réseaux sociaux encouragent l’autopromotion narcissique et appauvrissent la profondeur des relations humaines. A cela s’ajoute l’idéal de «coolitude» imposé par la société: il faut paraître fort, indépendant, inébranlable. La vulnérabilité, les besoins affectifs, la proximité sont dissimulés derrière un masque. Et plus cette façade est entretenue, plus l’empathie diminue et plus le narcissisme s’accroît. »
La technologie accélère cette insensibilité qui est venue avec le monde moderne. Dans ma dissertation sur Chateaubriand je rappelais avec le Maître (c’est mon moment narcissique, la citation…) :
« Il voit le basculement immoral de l’homme moderne, grosse bête anesthésiée, ou aux indignations sélectives, qui aime tout justifier et expliquer :
« Au milieu de cela, remarquez une contradiction phénoménale : l’état matériel s’améliore, le progrès intellectuel s’accroît, et les nations au lieu de profiter s’amoindrissent : d’où vient cette contradiction ?
C’est que nous avons perdu dans l’ordre moral. En tout temps il y a eu des crimes ; mais ils n’étaient point commis de sang−froid, comme ils le sont de nos jours, en raison de la perte du sentiment religieux. A cette heure ils ne révoltent plus, ils paraissent une conséquence de la marche du temps ; si on les jugeait autrefois d’une manière différente, c’est qu’on n’était pas encore, ainsi qu’on l’ose affirmer, assez avancé dans la connaissance de l’homme ; on les analyse actuellement ; on les éprouve au creuset, afin de voir ce qu’on peut en tirer d’utile, comme la chimie trouve des ingrédients dans les voiries. »
Reprenons Haller qui rappelle un de mes génies préférés (n’en déplaise à Guénon) :
« Vivons-nous à l’ère du narcissisme?
Autrefois, dans de nombreuses religions, le narcissisme était considéré comme un péché – une volonté de s’élever à la hauteur des dieux. Sigmund Freud l’a ensuite décrit au début du 20ème siècle comme un trouble psychologique. Aujourd’hui, c'est devenu un idéal social dans bien des domaines: il faut se mettre en scène, se présenter sous son meilleur jour, projeter une image parfaite. »
Après, encore un point essentiel : l’électeur n’est pas victime de la propagande (sinon il n’aurait pas voté Trump par exemple…), l’électeur adore voter pour le sociopathe qui lui ressemble (on ne citera personne) – et Haller d’expliquer pourquoi :
« Pourquoi les gens choisissent-ils de plus en plus des dirigeants narcissiques?
Nombreux sont ceux qui trouvent fascinant quelqu’un qui transgresse toutes les règles. Quelqu’un qui affirme: «Les lois sont pour les faibles», «Toute critique est une fake news», «Plutôt construire un mur que discuter». Ces solutions simples et autoritaires impressionnent – en particulier ceux qui aimeraient eux-mêmes pouvoir agir ainsi, mais qui n’en ont pas la possibilité. Ce qui m’a cependant surpris lors des dernières élections américaines, c’est que les électeurs de Trump provenaient de tous les milieux sociaux – y compris parmi les intellectuels et les scientifiques. Cela a ébranlé mon hypothèse selon laquelle le narcissisme ne trouverait un écho que dans certains segments de la population. »
Ces « lois qui sont faites pour les faibles », cela rappelle furieusement les sophistes et le phénoménal Calliclès de Platon : le discours politique nourrit le narcissisme et il est constitutif de la logique politique en occident. Mais passons.
Oui plus le dirigeant occidental (c’est clairement le pire en ce moment, et je répète que Trump n’est pas le pire) est empreint de Chutzpah, plus il est adoré et réélu.
Le reste est chez Guy Debord : « Qui a pu en faire tant sans peine ira forcément plus loin. On ne doit pas croire que puissent se maintenir durablement, comme un archaïsme, dans les environs du pouvoir réel, ceux qui n’auraient pas assez vite compris toute la plasticité des nouvelles règles de leur jeu, et son espèce de grandeur barbare. Le destin du spectacle n’est certainement pas de finir en despotisme éclairé."
Sources principales :
https://numidia-liberum.blogspot.com/2025/07/usania-un-pa...
https://www.watson.ch/fr/international/donald-trump/56330...
https://www.dedefensa.org/article/chateaubriand-et-la-con...
https://www.profession-gendarme.com/la-25eme-heure-et-la-...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chutzpah
« Chutzpah peut être utilisé pour exprimer l'admiration envers un culot non-conformiste. Cependant, dans Les Joies du Yiddish, l'expression est illustrée par l'histoire du parricide implorant l'indulgence du tribunal en s'exclamant : « Ayez pitié d'un pauvre orphelin ».
https://achard.info/debord/CommentairesSurLaSocieteDuSpec...
https://xn--lerveildesmoutons-dtb.fr/entretien-avec-nicol...
https://www.dedefensa.org/article/nizan-et-les-caracteres...
12:28 Publié dans Actualité, Psychologie/psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, psychologie, narcissisme | |
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Parution du numéro 73 de la revue War Raok
Parution du numéro 73 de la revue War Raok
EDITORIAL
La marée des peuples bat aux portes du vieux continent
Indépendantisme, souverainisme, autonomisme, des revendications qui laissent deviner le grand malaise de la civilisation européenne actuelle et la nécessité d’une nouvelle appréhension des questions et des enjeux. La revendication d’appartenance à un peuple, à un groupe ethnique revêt ainsi de multiples formes. Elle emprunte les chemins les plus divers, voire les plus divergents. Les États-nations actuels connaissent des conflits et des tensions dont l’ensemble peut s’interpréter comme une crise de civilisation. Ce sont les authentiques nations, les peuples, qui sont une nouvelle fois au premier rang des revendications. La rumeur vient d’Écosse, de Catalogne, de Bretagne, de Corse ou de Flandre... Partout renaissent des tensions qu’on aurait cru éteintes, et la marée des peuples bat aux portes du vieux continent. C’est à ce point critique qu’il faut s’arrêter et prendre la mesure de l’instant, envisager et découvrir les voies du salut, et formuler les choix indispensables. Malheureusement les défenseurs des identités ethniques et culturelles, trop souvent tributaires des modes et des idées dominantes, oublient de forger leur propre vue des choses et restent de ce fait dépendants de systèmes mentaux qui les aliènent. A bien des égards leur manque de lucidité ruine la portée de leur combat, les réduisant en inoffensifs objets de faux folklore.
Aujourd’hui la nation s’appelle Bretagne, Corse, Tyrol, Euskadi, Catalogne...
Il est temps de présenter une réponse cohérente et originale aux interrogations qui permette de mieux saisir la portée réelle du combat pour nos peuples « sans États » et privés de liberté. Les changements institutionnels n’ont en effet jamais réglé à eux seuls un problème national. Quand ils l’ont fait, une révolution des esprits les avait précédés. Bien que des événements récents aient prouvé à suffisance, si tant est que cela fût nécessaire, la permanence et l’activité des peuples, il existe une volonté idéologique de diaboliser, de nier cette dynamique, d’annihiler et de discréditer ce mouvement général d’émancipation des peuples. C’est le choix d’une partie notable et influente de l’intelligentsia française et européenne.
Particulièrement frappante à cet égard, l’attitude des partis politiques français vis-à-vis des mouvements favorables à « l’autodétermination » qui expose clairement les mécanismes de la récupération et de la neutralisation. Leurs analyses tendent à fondre l’irréductibilité ethnique dans un faisceau de revendications fragmentaires formulées dans le langage de l’économie quand elles ne les condamnent pas au nom de l’individualisme absolu ! Mais les « élites régionales » sont-elles capables d’ébaucher un projet global de reconquête de l’identité ethnique menacée ? On en peut douter.
Que d’occasions perdues pour les authentiques défenseurs de la cause des peuples s’ils avaient préféré le travail idéologique sur le fond et l’élaboration d’un corpus doctrinal cohérent au rôle de supplétifs des partis politiques français ! Mais il eût fallu penser, et penser audacieusement. On s’est contenté de servir de faire-valoir à divers segments de la classe politique française. On a seulement perdu plusieurs décennies.
Sommes-nous condamnés à osciller dans un quémandage perpétuel et vain ?
L’État français sera toujours hostile aux peuples réels, à leur émancipation, pour des raisons structurelles et idéologiques et les nationalistes bretons devront appréhender d'une manière exhaustive la problématique de l'idée d'émancipation nationale ou d'indépendance, et s'efforcer d'y contribuer, avec leurs compétences et à la lumière des expériences de libération nationale en Europe.
Padrig MONTAUZIER
SOMMAIRE
War Raok N° 73.
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3
Buan ha Buan page 4
Nutrition santé
Amandes, noisettes, pistaches, noix… page 12
Patrimoine
Voiliers bretons, de la drague et du thon page 14
Celtics Highlands
L’héritage des clans d’Écosse page 17
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 19
Mémoire bretonne
La peste d’Elliant page 24
Culture bretonne
La femme bretonne en Bretagne armoricaine page 26
Mythologie celtique
Le dragon page 30
Histoire de Bretagne
La bataille d'Auray, 29 septembre 1364 page 32
Nature
Le Fou de Bassan page 35
Lip-e-bav
Lapin au cidre aux pommes et petits champignons page 37
Keleier ar Vro
Aet eo Herri da anaon, ar breur diwezhañ Morvan page 38
Bretagne sacrée
La cathédrale Saint-Tugdual page 39.
directeur de publication.
12:03 Publié dans Revue, Terres d'Europe, Terroirs et racines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe des peuples, bretagne, celtisme, pays celtiques, revue | |
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