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vendredi, 12 janvier 2024

Parution du numéro 68 de War Raok

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Parution du numéro 68 de War Raok

ÉDITORIAL 

Autonomie - Un gros mot, un sacrilège… un blasphème pour nos républicains français!

La France et son monarque-président viennent de découvrir, sur une vieille étagère poussiéreuse d’une de leurs nombreuses bibliothèques, un livre ancien, rangé précieusement afin de n’être point lu, à la couverture quelque peu jaunie et au titre provocateur, voire sulfureux : Autonomie, sous-titré « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » !

Précipitation pour une saine lecture ? Eh bien non, notre monarque-président et sa cour se sont arrêtés à la première page considérant que les tous premiers chapitres risquaient de mettre en péril leur empire colonial, que leur république « Une et indivisible »… et totalitaire  allait disparaître et ressembler alors aux horribles démocraties européennes voisines qui accordent une large autonomie à leurs peuples !

Les fondements de la république française allaient être sapés ! Est-il nécessaire de rappeler que la France a construit dans sa constitution un carcan empêchant toute évolution démocratique, toute réforme constitutionnelle afin de donner l’autonomie politique aux peuples qu’elle emprisonne ? La France, sa belle république, si on les compare aux États voisins européens qui les entourent, restent une anomalie, une exception… Pas touche au dogme ! Une fidélité inconditionnelle à leur révolution, révolution française qui ne s’est pas déroulée sous une pluie de roses mais dans un bain de sang, une monstruosité et pour nous Bretons la fin d’une existence nationale : plus de nation bretonne, plus de peuple breton… tous Français ! Je ne m’abaisserai pas à décrire ce qui s’est réellement passé sous cette Terreur révolutionnaire en Bretagne, mais ce qu’on en connaît pourrait faire passer les monstres de Daesh ou du Hamas pour de gentils apprentis…

Revenons et examinons maintenant la proposition d’autonomie du président français au peuple corse. Loin de moi l’idée de m’ingérer dans les affaires internes de mes amis nationalistes corses, je pressens tout de même, après les déclarations de Gilles Simeoni et de Guy Talamoni à la suite du discours d’Emmanuel Macron, une réelle consternation. Même s’il s’agit d’une véritable coquille vide, soyons honnêtes et reconnaissons un point positif néanmoins : le mot autonomie a été prononcé, l’idée également et en Bretagne, par exemple, elle fait son chemin puisque selon un sondage 70 % des Bretons y sont favorables. Le vœu du président du Conseil régional de Bretagne, son rapport de 29 pages relativement insipide qui ne mentionne même pas l’existence d’un peuple breton, justifiant et légitimant par là même cette revendication d’autonomie, va cependant éveiller et susciter un réel intérêt chez les Bretonnes et les Bretons.

Pour nous, nationalistes bretons, l’autonomie a un sens bien défini, une étape qui doit nous permettre de retrouver la voie de la prospérité et du bien-être. Cette toute première étape devra permettre au peuple breton de se réapproprier sa conscience historique, de contrer et réfuter les mystifications inculquées pour anesthésier sa volonté d’émancipation… de recouvrer une partie de ses libertés arbitrairement confisquées et de connaître enfin un début de vie nationale propre. Un projet audacieux, sage, un projet moderne et contemporain prenant en considération l’évolution géopolitique de l’Europe et des peuples qui la composent.

L’autonomie, c’est aujourd’hui la Catalogne, l’Écosse, le Pays de Galles, le Pays Basque, le Québec… Demain ce sera la Bretagne avec une démarche de renouveau pour rendre l’espoir aux Bretons et permettre à la Bretagne de prendre un nouvel essor européen. 

Ce statut d’autonomie devra progressivement évoluer vers une co-souveraineté, c’est-à-dire une troisième voie entre simple autonomie de gestion (qui peut être remise en question à tout instant par l’État central) et une totale indépendance, négociée avec l’État français, une voie pacifique, raisonnée et réfléchie vers l’autodétermination et permettre au peuple breton de se retrouver. La Bretagne peut, avec un tel statut, devenir une grande région européenne entreprenante et riche.

Dès à présent, le peuple breton doit de nouveau entrer dans l’histoire avec la possibilité d’agir pour lui-même et être l’acteur de son avenir.

Padrig MONTAUZIER

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Sommaire War Raok n° 68

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Environnement

Environnement / Écologie page 12

Écologie

Réchauffement climatique, éco-anxiété et restrictions page 14

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Politique

Propositions pour un renouveau autonomiste page 16

Tribune libre

En sortir, c’est s’en sortir ! Page 18

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19

Tribune libre

La consommation de viande attaquée par les élites mondiales page 23

Réflexions

Le fanatisme idéologique tue les luttes de libération nationale page 24

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Société

Novlangue… un dangereux flirt avec des tentations totalitaires page 26

Histoire de l’Emsav

Le marquis de l’Estourbeillon et l’URB page 29

Bretagne sacrée

Bannières de processions et de pardons,  page 32

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Nature

Libellules et demoiselles en Bretagne page 35

Lip-e-bav

Le ragoût dans les “mottes” d’Ouessant page 37

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Keleier ar Vro

Les cent ans du Gwenn ha Du page 38

Bretagne sacrée

Le phare de l’île Vierge page 39

 

samedi, 16 septembre 2023

Parution du numéro 67 de War Raok

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Parution du numéro 67 de War Raok

EDITORIAL 

Union dans l’action et dans les esprits   

La situation actuelle de la France nous autorise à esquisser quelques sourires moqueurs, et nous ne sommes pas, nous Bretons, les seuls à regarder notre plus proche voisin sombrer lentement, s’affaiblir et devenir de plus en plus effacé face aux nouveaux grands de ce monde ! Quand on est faible et que l’on veut se faire passer pour puissant on prend un air vaniteux, on se montre même prétentieux, on mène des opérations de prestige qui prennent malheureusement des proportions tout à fait pathologiques. L’État français en est coutumier depuis plusieurs années et, dépité, il souffre d’un besoin névrotique de grandeur. Conscient de l’artifice de son existence, il se croit dans la nécessité de provoquer un sentiment de supériorité autour de ses réalisations qu’il qualifie de grandioses… et, comme d’habitude, il sombre dans un ridicule assez douloureux !

Oui, le bateau France prend l’eau ! Nous, Bretons, pourrions nous réjouir de ce déclin, de cette déliquescence, nous ravir de voir le pays des « Droits de l’Homme », pays qui nie l’existence de notre peuple, de notre nation, ce pays qui nous prive de nos libertés et de nos droits nationaux, qui embastille les peuples basque, corse, catalan, flamand, alsacien, occitan… se perdre et s’abîmer. Eh bien non. Laissons notre voisin gérer son naufrage et les problèmes qu’il s’est créés, pensons à notre Bretagne, épargnons à notre peuple les cruels événements qui font entrevoir l’abîme et arrêtons une gangrène qui se profile inéluctablement.

Faut-il quitter le bateau ? La réponse est évidente ! La société française est malade, touchée et faussée dans ses assises… Alors sauvons la Bretagne. Mais pour cela, un minimum d’unité, d’union politique devient une question de vie ou de mort. Les Bretons, dans leur grande majorité, s’en rendent compte par moments, pour retomber tout de suite après dans leur individualisme, faute d’une certitude qui devrait les engager et déterminer leur conduite. Pourquoi leur « mauvaise conscience » n’est-elle pas devenue conscience et conscience opérante ? Pourquoi les appels à l’union sont-ils restés sans prise sur les partis bretons ?  Pourquoi l’impératif de l’union des forces politiques bretonnes n’a-t-il trouvé, sur peu de plan, les instruments aptes à faire valoir son exigence et à entraîner la Bretagne sur la voie de l’émancipation ?

Les raisons sont multiples. Tout d’abord, l’union n’a pas trouvé son instrument « intellectuel ». Union ne signifie pas juxtaposition, ni alignement comme le souhaiteraient certains, mais synthèse, analyse permettant de découvrir, pour chaque élément de la réalité bretonne ainsi dénombrée, le coefficient permettant de le situer suivant son poids spécifique et de reconstituer cette réalité dans ses articulations concrètes. Attention toutefois à ne pas s’épargner l’effort d’identifier le meilleur point d’application en vue des buts à atteindre.

L’union n’a pas trouvé non plus son instrument « moral ». Dans cette carence, l’intelligence a sa part de responsabilité. On se satisfait bien souvent d’une fausse analyse et l’on finit par se contenter de programme approximatif aux dépens non seulement de l’efficacité mais aussi du caractère. On accepte toute abdication d’une véritable pensée nationaliste devant les raccourcis dialectiques de l’action… La cohérence entre la pensée et l’action se trouve ainsi compromise ce qui désarme les consciences et les livre au désarroi. Il faut, une fois pour toute, mettre à l’écart, se débarrasser et dénoncer les sectaires, idéologues, imposteurs et autres arrivistes qui s’opposent constamment à toute initiative d’union ainsi que leurs travers pernicieux. Ces gens ne travaillent malheureusement pas pour la Bretagne !

Enfin, l’union n’a pas trouvé son instrument « politique », c’est-à-dire avoir une vue d’ensemble de tous les éléments de la vie nationale bretonne permettant de les articuler suivant leur importance et leur conformité aux intérêts du peuple breton.

Pour conclure, une véritable union nationale bretonne se doit de faire la part du présent et de l’avenir, assurer, à travers les nécessités, la sauvegarde des intérêts permanents de la Bretagne, tels qu’ils sont déterminés par son histoire, sa géographie et par les valeurs mûries dans sa civilisation.

Padrig MONTAUZIER.

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SOMMAIRE WAR RAOK N° 67

Spécial été : 52 pages

Éditorial, page 3

Buan ha Buan, page 4

Géopolitique : Conflit en Serbie et au Kosovo ?, Page 13

Notre Europe :L’Europe, la mort ou la capitulation, page 15

Tribune libre : L’activisme écologiste et utopique..., page 17

Billet d’humeur : La “substitution ethnique" dans la société fluide, page 19

Société : Un enseignement enraciné, page 20

Religion : Christianisme orthodoxe et chrétienté celtique, page 22

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton, page 24

Histoire : Géopolitique de la Bretagne, page 29

Symbole sacré : La roue celtique, page 33

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Tradition : La tradition indo-européenne chez les Celtes, page 35

Plantes et santé : Ti al louzoù … aujourd’hui, page 37

Terre de Celtie : Cornouailles : une identité celtique qui perdure, page 39

Civilisation celtique : Littératures écrites et orales des civilisations celtiques, page 44

Nature : Les sauterelles, Grillons, criquets, courtilières, page 47

Lip-e-bav : L’artichaut breton farci, page 49

Keleier ar Vro : La Bretagne défigurée, page 50

Bretagne sacrée : Les rochers sculptés de Rothéneuf, page 51

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vendredi, 24 mars 2023

Cornouailles: une identité celtique qui perdure

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Cornouailles: une identité celtique qui perdure

Enric Ravello Barber

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2023/03/cornualles-una-identidad-celta-que.html

En janvier 1549, l'Acte d'uniformité est déclaré. La reine Élisabeth I parachève ainsi le processus de création d'une Église anglaise/anglicane séparée de Rome, qui avait été initié par son père, le célèbre Henri VIII. Cet Acte d'uniformité incluait le nouveau Livre de prières communes pour les membres de la nouvelle Église.  La Cornouailles, qui a toujours été un territoire favorable aux Tudors, dynastie d'origine galloise - et donc très proche des Cornouaillais - s'oppose à l'imposition de ce Livre. Deux raisons à cela : la première est l'attachement des Cornouaillais à la religion catholique ; la seconde - et la principale - est que le livre est écrit en anglais, une langue que - comme ils l'ont fait savoir au souverain - personne ne comprend dans la Cornouailles du 16ème siècle. La langue locale, le cornique aux racines celtiques, était très éloignée de l'anglo-saxon aux racines germaniques.

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Le Pays de Galles et les Cornouailles sont les dernières terres des Celtes britanniques

Au 1er millénaire avant notre ère, les Celtes colonisent toute la côte atlantique du continent, de la péninsule ibérique à la Belgique actuelle, en passant par la Gaule. Des peuples celtes se sont également installés dans les îles britanniques, s'ajoutant à une population antérieure qui aurait été assez semblable à celle qui venait d'arriver, formant ainsi la population britannique. Parmi ces Celtes insulaires, on distingue deux types: les Gaéliques, qui occupaient l'île d'Irlande, et les Brythoniques, qui s'étaient installés sur l'île de Grande-Bretagne.

Les traces d'un passé plus lointain dans la région sont la forte présence de complexes mégalithiques dans toute la Cornouailles, notamment ceux connus sous le nom de The Hurlers.

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En 43 avant J.-C., les aigles des légions romaines arrivent sur l'île de Grande-Bretagne, ne laissant que la partie sud de l'île sous contrôle romain, après avoir été repoussés au nord par les Pictes.  Avant l'arrivée des légions, l'historien romain Diodore décrivait la péninsule de Belerion (l'actuelle Cornouailles) comme une région extrêmement civilisée et sophistiquée, enrichie par ses échanges commerciaux avec d'autres lieux de l'île, mais aussi de l'Europe occidentale et même de la Méditerranée, dont elle est le principal fournisseur d'étain. Les Grecs les connaissaient peut-être sous le nom d'îles Kassiterides, et Diodore lui-même fait référence aux premières activités minières de la région. La domination romaine a duré jusqu'à la fin du 5ème siècle après J.-C., bien que leur pouvoir se soit progressivement affaibli. Dans leur division administrative de l'île, les Romains ont formé la province de Dummoni, qui occuperait les régions actuelles de Cornouailles, Somerset et Devon (une évolution du nom latin).  Pendant toute cette période, le latin n'était que la langue d'une petite élite administrative, la population indigène continuant à parler sa langue celtique brythonique dans ce qui est aujourd'hui le Pays de Galles et l'Angleterre.

Rome quitte la Grande-Bretagne en 410 après J.-C. et un nouveau cycle historique commence. Après le retrait des légions, la Dumnonie reste un petit royaume celto-romain et est le théâtre d'une fragilité et d'une fragmentation politiques généralisées.

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Le changement définitif dans l'histoire de la Grande-Bretagne a lieu dans ces années-là, avec l'arrivée massive de peuples germaniques: Angles, Saxons et Jutes, venus des côtes continentales de l'Atlantique Nord, qui occupent progressivement l'île d'est en ouest. Ce mouvement repousse progressivement les autochtones britanniques vers l'ouest, et les Anglo-Saxons leur donnent les noms de Cornwalas et Westwalas, de l'anglo-saxon Wealas (étrangers), qui deviendront Wales-Welsh et Cornwall-Cornish (au Pays de Galles, le nom du pays est Cymru et celui de la Cornouailles Kerwon ou Curnow).  Les Latins appelleront le royaume de Cornouailles Cerniu, de l'ethnonyme celtique local latinisé en Cornovii, tandis que les Anglo-Saxons utiliseront le terme "west Welsh" pour souligner sa similitude avec le Pays de Galles. Le Pays de Galles et la Cornouaille sont les régions qui sont restées aux mains des populations celtiques - encore aujourd'hui - face à la pression anglo-saxonne.  C'est cette fragmentation qui a conduit à la dérivation de deux langues très similaires à partir du brythonique commun: le gallois et le cornique. Si l'on ajoute que la pression anglo-saxonne a poussé nombre de ces Celtes, aujourd'hui réduits au Pays de Galles et aux Cornouailles, à traverser la mer et à s'installer en Bretagne (d'où le nom), la langue bretonne est l'évolution du gallois et du cornique apportés par ces Celtes devenus bretons. Il existe des preuves d'une certaine implantation dans la région ibérique de la Galice.

Le dernier roi du royaume celtique de Cornouailles/Dumonie fut Huwai, fut celui qui accepta définitivement la domination du roi anglo-saxon Atheslan, après une période de lutte et d'affrontement constants avec les Anglo-Saxons et le royaume de Dumonia, qui luttait aux côtés des royaumes gallois voisins et frères contre l'avancée "anglaise", en comptant sur l'alliance des Vikings danois - qui occupaient le centre de l'île - lors de cet affrontement. En 936, Atheslan, qui avait unifié sous sa couronne tous les royaumes anglo-saxons de l'île et avait été reconnu par Huwai, fixa la frontière entre l'Angleterre et la Cornouailles à la rivière Tamar, lui enlevant l'Exester cornouaillais et une partie du Devon. Cette frontière tracée par Atheslan est exactement la même que celle qui sépare les comtés anglais actuels de la Cornouaille celtique et du Devon anglo-saxon.

Terre de légendes et de saints

Ce sont des années sombres de fragilité des pouvoirs et d'affrontement entre Celtes autochtones et Germains anglo-saxons, une époque de contes et de légendes, dont deux marqueront la mémoire collective européenne jusqu'à aujourd'hui : celle du roi Arthur et celle de Tristan et Iseult.

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La figure du roi Arthur oscille entre mythe et réalité historique. La légende fait sans doute référence à un personnage historique, roi d'un royaume celte (d'autres évoquent un roi d'un royaume celto-romanisé) qui a unifié plusieurs Celto-Britons dans la lutte contre l'avancée anglo-saxonne.  Peut-être la légende ne fait-elle pas référence à un seul roi, mais à plusieurs qui joueront ce rôle à la fin du 5ème siècle et au début du 6ème siècle.  Mais la Cornouailles a certainement des raisons de revendiquer le roi mythique - ou du moins l'un de ses principaux inspirateurs - comme le sien. C'est là que le situe la légende de Tristan et Iseult, à Slaugther Bride, un lieu connu depuis l'Antiquité sous le nom de "tombe d'Arthur", où Richard Carew a décrit en 1602 la dernière bataille entre le roi Arthur et son neveu Mordred.  En Cornouailles, vous trouverez également le château de Tintagel, dont l'horizon archéologique remonte à l'époque celtique. En effet, c'est ici que le Normand Geoffrey et ses hommes ont écrit que dans cette région, les Cornouaillais affirmaient qu'Arthur n'était pas mort et qu'il reviendrait un jour pour régner.

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Pour continuer dans cette zone où l'histoire et le mythe se rencontrent, il faut mentionner le roi de Cornouailles Cynan ou Conan de Mariadoc, et ensuite se tourner vers une légende de référence constante dans l'imaginaire collectif européen, celle de Tristan et Iseult, qui est également liée à la Cornouailles. Tristan, le neveu du roi de Cornouailles Marc, est envoyé en Irlande pour demander la main d'Iseult, la fille de la reine de Marc. La reine accepte, et la princesse et sa servante Brangwayn se mettent en route pour la Cornouaille. La reine a donné à Brangwayn un philtre d'amour spécial, qu'Isolde/Iseult et Mark doivent boire lors de leur nuit de noces, mais par erreur (ou à dessein), c'est Tristan qui boit le liquide magique. Inévitablement, Tristan et Iseult tombent follement amoureux et, à la cour du roi Marc, ils recourent à diverses tromperies pour rester ensemble. Tristan finit par quitter la Cornouailles pour se mettre au service du roi Hywel de Bretagne, où il rencontre et épouse une seconde Iseut (Iseut des Mains Blanches). Cependant, la première Iseult supplie Tristan de revenir, ce qu'il fait, et il est tué par le roi Marc, en colère, qui a découvert la vérité sur leur liaison.

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"Il y a plus de saints en Cornouailles qu'au paradis", dit un vieil adage cornouaillais. Certains affirment même - sans grand fondement - que la Cornouailles était le centre du celto-christianisme au début du Moyen-Âge et que c'est de là qu'a été influencé le christianisme de la Grande-Bretagne, du Pays de Galles, de l'Écosse et, surtout, de l'Irlande, le grand centre culturel chrétien du début de l'ère médiévale.  Cependant, l'histoire atteste que la Cornouailles est devenue chrétienne précisément avec l'arrivée de moines irlandais qui s'étaient installés dans le royaume gallois voisin de Demetia, et que ce sont des moines irlandais et gallois qui ont évangélisé la Cornouaille.  Saint Piran, le saint patron de la Cornouaille, était un moine breton - rappelons qu'il s'agit d'une terre peuplée de Gallois et de Corniques - qui est venu en Cornouailles depuis un monastère gallois.  Le drapeau de Cornouailles (croix blanche sur fond noir) était son emblème.

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Le monastère de St Michael's Mount (en cornique, Karrek Loes y'n Koes, littéralement "rocher gris dans la forêt") est un point de repère obligatoire de la chrétienté médiévale en Cornouailles. Il ressemble beaucoup à son homonyme marquant la frontière entre la Normandie et la Bretagne, dont il dépendait. Le nom cornique fait référence à une époque antérieure où le niveau de l'eau était plus bas et où il s'agissait d'une colline entourée de forêts et rattachée à l'île de Bretagne ; aujourd'hui, elle est séparée par un court espace de mer, que l'on peut parcourir à pied lorsque la marée le permet. À l'époque préchrétienne, il s'agissait d'un important comptoir commercial pour l'étain. Pour le visiter, il faut prendre le train jusqu'à Penzance (Pensans en cornique), à la pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne, et emprunter la promenade qui mène directement à la colline. En face se trouve la petite ville de Marazion (Marhasyow en cornique).

icravemages.jpgToujours dans le domaine des signes identitaires, le crave à bec rouge est un symbole de la Cornouaille, appelé en cornique "palores", "chough", et parfois dans la littérature "the spirit of Cornwall" (l'esprit de la Cornouaille).  Pendant un certain temps, les Cornouaillais eux-mêmes ont été appelés chough en référence à cet oiseau typique de leurs côtes.

Du comté au duché de Cornouailles

En 1066, les Normands, des Vikings installés en France depuis le 10ème siècle, arrivent en Angleterre sous le commandement de Guillaume le Conquérant, qui sera victorieux dans sa conquête du trône d'Angleterre. La nouvelle aristocratie normande prend le pas sur l'aristocratie anglo-saxonne. Au Pays de Galles et en Cornouailles, la conquête par ces châtelains normands, la domination sur la population celte locale, donne le pouvoir à une couche superficielle de dirigeants, occupant les châteaux.

La Normandie - répétons-le - est née lorsque le roi franc Charles III a cédé un important territoire dans le nord-ouest de la France au chef viking danois Rollo, qui s'est établi comme duc, en échange de la protection du royaume franc contre les incursions d'autres Vikings, principalement norvégiens. Guillaume, duc de Normandie, est un descendant de Rollo et la Normandie sur laquelle il règne comprend la Bretagne. Guillaume aspire au trône d'Angleterre et lorsqu'il planifie l'invasion, de nombreux nobles bretons, descendants des Cornouaillais et des Gallois qui s'étaient installés dans cette région pour fuir la conquête anglo-saxonne, s'enrôlent dans les troupes de Guillaume dans le but de retrouver les terres dont ils ont été chassés par les Anglo-Saxons. La victoire des Normands à la bataille de Hastings sur les Anglo-Saxons et l'installation du roi normand Guillaume le Conquérant sur le trône d'Angleterre ont donné un nouvel élan aux relations entre la Cornouaille, le Pays de Galles et la Bretagne, et Guillaume le Conquérant a été considéré comme une sorte de roi Arthur retrouvé. À cette époque, la langue cornique connaît une nette avancée territoriale.

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En 1173, la dynastie Plantagenet - fondée par Guillaume le Conquérant - établit le comté de Cornaulles, dont une grande partie des barons et de la noblesse étaient celto-cornouaillais. En 1337, le roi anglais Édouard III a fait du comté un duché - un statut noble qu'il conserve encore aujourd'hui.  Les conquérants normands considéraient la Cornouailles et le Pays de Galles comme distincts de l'Angleterre et, même sous la souveraineté du monarque anglo-normand, comme des territoires autonomes et autogérés, virtuellement indépendants, à l'exception des liens logiques de soumission à la couronne.

Les Tudors

Les Cornouaillais ont ouvertement soutenu l'accession d'Henri VII Tudor au trône d'Angleterre. En effet, la dynastie des Tudor (Tudur en gallois) était d'origine celte et galloise et les Cornouaillais se sont toujours identifiés à elle. L'accession d'Henri au trône a suivi la guerre civile entre deux branches de l'aristocratie anglo-normande: la rose blanche des York et la rose rouge des Lancastre. De nombreux Cornouaillais et Gallois ont vu dans l'accession au trône d'Angleterre de "l'un des leurs" une renaissance du mythe arthurien, l'ancienne Britannia étant à nouveau placée sous la souveraineté d'une maison royale celtique. Ils y voyaient le premier acte du "projet britannique" - la résurrection politique de la Grande-Bretagne celtique qui avait été soumise par les envahisseurs anglo-saxons.

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Henri VII était un adepte convaincu de ce projet celtique britannique. Gallois d'origine, il revendique le droit de dominer toute l'île de Grande-Bretagne, dans un projet politique qui fait référence à la récupération de l'île entière des Celto-Britons (qui comprenaient les anciens Pictes écossais). Avant sa victoire suite à la guerre des Deux-Roses, Henri VII s'exile en Bretagne, où il approfondit sa conscience celtique. À son retour, lors de la bataille contre Richard III d'York, Henri VII brandit le dragon gallois comme bannière et bénéficie d'un soutien massif de la part des Gallois et des Cornouaillais. Henri VII rappelle son fils aîné Arthur et lui accorde le duché de Cornouailles, traite ses sujets gallois et cornouaillais (qu'il considère comme supérieurs aux Anglais anglo-saxons) de manière préférentielle, et envoie son ambassadeur Richard Edgcumbe en Irlande, en Écosse et en Bretagne pour renforcer les alliances et les pactes pan-celtiques.

D'autre part, Henri VII entame ce que l'on appelle la "révolution gouvernementale des Tudor", c'est-à-dire la mise en place progressive d'un système administratif, économique et fiscal dans l'ensemble de son royaume. Ces politiques fiscales centralisatrices se heurtent à l'opposition de nombreuses régions d'Angleterre, dont le duché de Cornouailles, et Henri VII et les Tudors successifs n'hésitent pas à sévir.

Le membre le plus connu de la maison Tudor et l'un des monarques anglais les plus importants de l'histoire a succédé à Henri VII sur le trône: Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'Église catholique de Rome et instauré l'anglicanisme protestant en Angleterre. Henri VIII partage les conceptions celto-britanniques de son père; le jour de son couronnement (1509), les chevaux sont ornés des armoiries de ses possessions, l'Angleterre, (une partie de) la France, la Gascogne, la Guyenne, la Normandie, l'Anjou, l'Irlande, le Pays de Galles et la Cornouailles (ces deux dernières étant considérées comme distinctes de l'Angleterre). Tout changea lorsque Henri VIII prit la mesure la plus importante de ce processus de "révolution gouvernementale des Tudor", à savoir la création de l'Église d'Angleterre et son implantation dans tout le royaume. La Cornouailles étant une région à forte religiosité catholique traditionnelle, la réforme n'a pas été bien accueillie et - comme mentionné supra - après l'Acte d'uniformité, la fille d'Henri VIII, Elizabeth I Tudor, a voulu imposer un livre de prières unifié en langue anglaise, ce qui était étranger à la plupart des habitants de Cornouailles à l'époque. Les rébellions de Cornouailles et du Pays de Galles - où, comme toujours, la situation est similaire - sont écrasées par l'armée royaliste. Les pertes ont été lourdes, mais la Cornouailles a continué à bénéficier d'une forte présence catholique jusqu'au 17ème siècle. Bien que l'anglicanisme se soit imposé au fil du temps, la détérioration des relations commerciales entre la Cornouailles et l'Espagne et le rôle croissant de la Cornouailles en tant que point stratégique de commerce et d'expédition pour l'Angleterre ont été des facteurs déterminants. C'est ainsi qu'a débuté un processus d'anglicisation qui a affecté la Cornouailles sur les plans politique, économique, culturel et, surtout, linguistique.

Les Cornouailles pendant la guerre civile anglaise

Ce conservatisme traditionnel des Cornouailles - religieux et politique - signifie que lorsque le révolutionnaire puritain Oliver Cromwell et le Parlement anglais se sont révoltés et ont déclaré la guerre au monarque Charles Ier - de la dynastie des Stuart, qui a succédé à la dynastie des Tudor sur le trône d'Angleterre - les Cornouaillais se sont clairement rangés du côté du roi. Seule une petite minorité de Cornouaillais s'est rangée du côté du Parlement et a traversé la rivière Tamar - la frontière entre les Cornouailles et le Devon - pour s'installer dans la capitale du Devon, Plymouth, un important bastion puritain. C'est précisément de Plymouth qu'est parti le célèbre Mayflower, chargé de puritains anglais, qui allaient être les pères fondateurs des États-Unis, puissance idéologiquement née de l'arrivée de ces puritains. Il est curieux de constater que Plymouth est l'une des rares villes européennes où Jehovah figure dans la légende de ses armoiries municipales, "Turris Fortissima est nomen Jehovah".

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Ci-dessus, un "Roundhead" puritain de la "New Model Army" de Cromwell; en-dessous, "Cavaliers" de l'armée royaliste.

Le mot "puritain" - qui n'a rien de moral - fait référence à l'idée de maintenir la religion protestante "pure", à la fois dans son essence biblique et dans son opposition absolue au catholicisme. L'armée fondée par Cromwell, la New Model Army, plus connue sous le nom de Roundheads, considérait les Gallois, les Cornouaillais et les Irlandais comme des "païens" et le degré de répression était brutal. Le génocide irlandais aux mains de Cromwell a atteint des proportions effrayantes.

Finalement, les royalistes gagnèrent la guerre et la monarchie fut restaurée en la personne de Charles II Stuart. À cette époque, l'économie des Cornouailles connaît une expansion majeure, combinant la pêche, l'exploitation minière et le transport maritime.

Encore une fois, le projet "britannique"

En 1707, les parlements d'Écosse et d'Angleterre - qui englobent le Pays de Galles et les Cornouailles - signent l'Acte d'Union, qui parachève l'union des deux couronnes sous la dynastie des Stuart, d'origine écossaise. Cette union donne naissance à une nouvelle entité politique qui englobe les deux signataires et qui prend le nom de Grande-Bretagne. D'une certaine manière, elle renoue avec le "projet britannique" des Tudors et d'Henri VIII, mais l'axe idéologique est désormais différent : il repose sur le protestantisme et sur l'expansion maritime et commerciale.

La Cornouailles jouera également un rôle de premier plan dans cette renaissance du "projet britannique", mais cette fois dans le cadre de nouveaux paramètres idéologiques et économiques éloignés de l'actualisation politique du passé celto-britannique.

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Exploitation minière, méthodisme et émigration

Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'importance de la pêche dans l'économie cornouaillaise cède progressivement la place à l'exploitation minière.  L'exploitation minière et la Cornouailles sont devenues presque synonymes - la situation était également très similaire au Pays de Galles.  Le cuivre, utilisé principalement pour fabriquer du fer-blanc et dont la demande a connu une croissance exponentielle dans le monde entier, a joué un rôle particulièrement important dans l'exploitation minière.

L'exploitation minière a eu un impact considérable sur l'imaginaire collectif, l'identité et la vie quotidienne des Cornouaillais. Les Cornouaillais étaient très fiers de leur réputation de mineurs. Associé à l'exploitation minière, le méthodisme - une variante protestante - a connu une grande expansion en Cornouailles, en mettant l'accent sur la solidarité et le soutien mutuel, des valeurs étroitement liées à l'activité et à la culture minières.  Alors que le méthodisme est fort dans la sphère religieuse, le parti libéral gagne en importance dans la sphère politique.

Associés à ce sentiment politico-religieux et à leur expertise de mineurs, les Cornouaillais ont émigré en grand nombre au cours du 19ème siècle vers des territoires tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud riche en diamants et la Californie lors de la ruée vers l'or, où ils ont joué un rôle de premier plan dans l'activité minière. De nombreux mots cornouaillais liés à l'exploitation minière sont passés en anglais : costean, gunnies, vug.

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Une langue qui survit

Nous avons déjà évoqué l'impact négatif de l'incompréhensible livre de prières en langue anglaise en Cornouailles. Le cornique a été fortement soutenu par l'Église catholique pendant tout le Moyen-Âge. Ajoutons que la rébellion des Cornouaillais contre Élisabeth I et sa volonté d'imposer ce livre unifié de prières et de chants en anglais - et non de le traduire en cornouaillais - a eu un impact significatif et négatif sur la langue: non seulement les Cornouaillais ont été obligés d'apprendre et d'utiliser l'anglais - même si, au début, ce n'était qu'à l'église - mais, fait grave et décisif, le cornouaillais est resté une langue hostile à la réforme et au pouvoir de la reine, avec tous les problèmes que cela entraînait pour l'usage normal de la langue. Le déclin du cornique a été vertigineux et, en 1800, il avait pratiquement disparu en tant que langue résiduelle de quelques locuteurs dans l'extrême sud-ouest du pays. Cependant, à la fin du 20ème siècle, l'enthousiasme des Cornouaillais pour récupérer leur langue a eu des effets importants, et des niches ont été récupérées pour cette ancienne langue celtique, qui est maintenant enseignée dans les écoles primaires du pays en tant que matière facultative. C'est le seul moyen de la maintenir en vie. Elle est encore bien en deçà de la "normalité".

La Cornouailles a produit d'illustres écrivains de langue anglaise tels que Silas Hocking, les poètes John Betjeman et William Golding, lauréat du prix Nobel. C'est également en Cornouailles qu'ont été écrits L'auberge de la Jamaïque de Daphne du Maurier, filmé par Alfred Hitchcock, et Le siège de la ferme de Trencher de Gordon Williams, filmé par Sam Packinpah sous le titre Chiens de paille.

Vers un renouveau de la Cornouailles

Le déclin de l'industrie minière depuis le milieu du 20ème siècle, ainsi que le déclin de l'agriculture et de la pêche, ont entraîné un appauvrissement général de la région, qui a été inversé ces dernières décennies par la nouvelle "industrie nationale": le tourisme. Les Cornouailles sont devenues une destination estivale de luxe pour les classes aisées anglaises et une destination de plus en plus populaire dans toute l'Europe. Il ne fait aucun doute que les Cornouailles ont tous les atouts pour devenir une destination incontournable, quels que soient les critères retenus.

Le rétablissement et la renaissance modérée de la langue doivent être considérés dans le contexte d'une renaissance de la langue cornique, qui remonte à 1904, lorsque Henry Jenner a publié A Handbook of the Cornish Language (Manuel de la langue cornique). Ces efforts culturels ont été déployés simultanément dans la capitale, Turo, et dans les régions les plus occidentales du pays.

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Après la Seconde Guerre mondiale, l'identitarisme cornouaillais est passé de la sphère purement culturelle à la sphère politique, avec le rôle du parti Mebyon Kernow (Fils de Cornouailles), qui s'est scindé en 1969 pour devenir le Cornish National Party. À la fin des années 1990, la Cornouailles a obtenu le statut de région au sein de l'UE et, en 2002, le cornique a été officiellement reconnu par le gouvernement britannique. Nous espérons et souhaitons que tous les mouvements visant à préserver la langue et la culture de cette ancienne identité celtique et européenne s'intensifieront au cours des prochaines décennies et que la Cornouailles continuera d'être l'une des identités vivantes qui forment et enrichissent le patrimoine historique et culturel européen.

 

A lire également sur ce site:

Dr. Bernard Tomaschitz, "Les Corniques obtiennent le statut de minorité nationale", http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/07/25/les-corniques-obtiennent-le-statut-de-minorite-nationale.html - 25 juillet 2014.

Richard Lawson, "Destin et identité des Cornouailles", http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2009/02/05/destin-et-identite-des-cornouailles.html - 05 février 2009.

 

mercredi, 15 mars 2023

Parution du numéro 66 de la revue War Raok

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Parution du numéro 66 de la revue War Raok

EDITORIAL 

Il faut oser affronter l’État français et son ministère de l’Éducation coloniale

De plus en plus de voix s’élèvent pour que soit enseigné, de façon officielle, l’Histoire de la Bretagne aux jeunes élèves bretons. Un enseignement obligatoire et non pas une certaine « liberté pédagogique » des enseignants qui consiste à enseigner l’Histoire de France à travers des exemples locaux afin d’agrémenter et embellir le programme ! Voilà le subterfuge, l’échappatoire du ministère français de l’Éducation nationale pour ne pas intégrer officiellement l’Histoire de la Bretagne dans tous les programmes scolaires. Une fidélité aux règles intangibles imposées par les Grands Maîtres de l' Éducation nationale depuis le 19ème siècle.

La République française a choisi de laisser les enfants bretons dans l’ignorance de leur Histoire

Cette Histoire de la nation bretonne, véritable roman national au cœur de notre identité, serait-elle si sulfureuse pour que lʼÉtat français et sa belle République souhaitent la passer sous silence ? Une connaissance parfaite susciterait-elle une prise de conscience et éveillerait-elle soudain un désir d’émancipation au sein du peuple breton ?

Les motifs du refus d’enseigner cette grande Histoire du peuple breton se trouvent en fait dans ces deux interrogations ! Nos braves « Hussards noirs de la République française » ont bien flairé le danger et lorsqu’ils daignent évoquer notre Histoire, ils la falsifient et osent les pires contrefaçons. On va même user des pires arguments fallacieux et s’adjoindre la collaboration de piètres historiens nourris par des visions idéologiques peu recommandables.

Ainsi, on apprend que les Bretons tireraient leur origine des tribus gauloises qui occupaient l’Armorique avant notre ère. Que la langue bretonne serait un miraculeux échantillon conservé de la langue que l’on parlait dans toute la Gaule… et donc que les Bretons seraient ainsi deux fois Français, puisque descendants directs des grands guerriers blonds aux yeux bleus, que la mythologie officielle assigne pour aïeux lointains à l’ensemble des hommes qui habitent entre l’Atlantique, le Rhin et les Alpes.

La vérité est toute autre messieurs. Le berceau historique de notre ethnie est l’Île de Bretagne, où vivaient entre autres peuples, des hommes qui parlaient une langue apparentée à celle des Celtes continentaux et qui possédaient un type physique assez différent.

Peu à peu refoulés vers l’Ouest suite aux diverses invasions, ils ne parvinrent à se maintenir que dans les deux péninsules occidentales de l’Île : le Pays de Galles et la Cornouailles où leurs fils habitent encore. Étaient-ils trop nombreux pour ces territoires ? Toujours est-il qu’ils se mirent à émigrer vers l’Armorique toute proche. L’Armorique ainsi repeuplée devint la Bretagne.

On voit déjà combien, par cette brève première partie de notre Histoire, les débuts de la Bretagne la font différente de la France et l’erreur que l’on commettrait en l’assimilant à une quelconque et vulgaire province française.

La suite de son histoire ne fit que creuser le fossé qui séparait la Bretagne, dès l’origine, de ses voisins de l’Est ! A peine établis en Armorique, les Bretons durent lutter contre les assauts successifs des Francs et repousser les multiples tentatives d’invasion pour sauvegarder leur liberté. Du point de vue historique, une chose est certaine, et personne ne le niera, la Bretagne vécu indépendante pendant de très longs et heureux siècles. Je ne vous ferai pas l’histoire de cette glorieuse période où les souverains bretons donnèrent au pays une prospérité remarquable et où les autres nations regardaient avec envie ce petit peuple européen actif et entreprenant.

L’État français et sa République n’ont eu de cesse de répéter aux Bretons qu’ils n’avaient pas d’Histoire ! Il nous faut maintenant mettre un terme à cette politique bornée où se mêlent peur et méfiance, mais aussi totalitarisme et négationnisme culturel piliers jacobins de l’Éducation nationale française.

Il faut abattre cette féodalité.

 

Padrig MONTAUZIER.

 

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Sommaire War Raok n°66

Buhezegezh vreizh  page 2

Editorial page 3 (Padrig Montauzier)

Buan ha Buan page 4 (Julien Dir, Yann Vallérie)

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Europe

Réflexion sur l’identité européenne page 10 (Enric Ravello)

Tribune libre

L’Occident a tendu un piège perfide aux Russes ? Page 12 (Peter G. Feher)

Histoire

Deux peuples, deux destins page 14 (Fulup Perc’hirin)

Politique

Immigration : la prochaine étape du libéralisme page 17 (Enric Ravello Barber)

Hent an Dazont 

Votre cahier de 2 pages en breton page 18 (Tepod Mab Kerlevenez/Eostig Pont-Eon)

Solidairté Kosovo

Le convoi de Noël, contre vents et marées page 23 (Goulc’hen Danio de Rosquelfen)

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Plantes et santé

L’herboristerie… et le pouvoir des plantes page 25 (Jérôme Marchin)

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 27 (Fulup Perc’hirin)

Nature

Le ver de terre page 31 (Per Manac’h)

Lip-e-bav

Soupe de poisson à la bretonne page 33 (Youenn ar C’heginer)

Keleier ar Vro

Le Gwenn ha Du de l’Hôtel de ville de Saint-Nazaire page 34 (Meriadeg de Keranflec’h)

Bretagne sacrée

Le dolmen de la Roche-aux-fées  page 35 (Per Manac’h)

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jeudi, 15 décembre 2022

Parution du numéro 65 de la revue War Raok

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Parution du numéro 65 de la revue War Raok

EDITO

Transformer le crépuscule présent en une nouvelle aurore

En ces temps perturbés et dans un contexte particulièrement trouble, face à l’arrogance et à l’indécence de certains grands prêtres, grands guides ou nouveaux ayatollahs de la terre brûlée plaidant en faveur de cette funeste et aberrante religion révolutionnaire qui consiste à faire du « passé table rase », nous devons plus que jamais affirmer notre attachement aux traditions et aux valeurs, fondements de nos sociétés bretonnes et européennes.

Si la tradition est un ensemble de représentations et de pratiques considérées comme indiscutablement vraies par le peuple qui s’y réfère, elle est également un trait culturel spécifique particulièrement chargé de valeurs. La tradition est intemporelle, incarnée et réalisée puisque, comme l’indique son nom, elle est transmission de principes. Un autre nom de la tradition est mémoire, à condition de ne pas entendre par là une fabrication imposée : un peuple sans mémoire, et plus encore un peuple sans souvenir, est un peuple sans âme.

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Elle ne s’oppose pas au « futur », au « progrès » ou au « moderne », elle les fonde. Les projets et les visées d’avenir sont des mises en perspective de traditions. La tradition touche aussi bien les attitudes mentales que les rites qui doivent demeurer immuables. Nos rites populaires sont un ensemble de coutumes dictées par notre tradition. Ils sont aujourd’hui soit réduits, par déculturation, soit neutralisés par muséification dans un ridicule folklore-spectacle pour touristes. Mais les traditions peuvent être régénérées ou réinventées même après une période d’apparente interruption. En fait, rien ne disparaît jamais, tout est soumis à la loi du changement et demeure susceptible de revenir. Une tradition peut être occultée, nous pouvons la manifester de nouveau. La tradition est un perpétuel recours.

Il nous faut donc refuser tout système de pensée que nous imposent les fanatiques idéologues nourris de la philosophie des « Lumières » : leur but est l’homogénéisation générale des peuples et par conséquent la destruction de tous référents communautaires. Nous refusons de voir l’âme du peuple breton remplacée par l’absence d’âme de ses plus mortels ennemis.

On ne peut pas évoquer la tradition sans y associer le concept de valeurs qui font qu’il n’y a pas de vie possible pour un peuple sans la reconnaissance et l’adoption d’un certain nombre de valeurs fondatrices. Elles ne s’appréhendent pas rationnellement mais dans le vécu d’une communauté ethnique. Des valeurs, qui ne se confondent pas avec des dogmes moraux imposés, mais sont essentiellement une attitude de vie. Il faut savoir lire, à travers la crise qui affecte notre Europe aujourd’hui, le déclin de cadres idéologiques déliquescents et la naissance de nouvelles valeurs, encore indistinctes, mais que nous devons formaliser selon les données immémoriales de nos héritages propres. Les peuples ont besoin d’un système de valeurs renouvelé, réinventé, qui puisse transformer le crépuscule présent en une nouvelle aurore.

Chaque peuple peut placer au-dessus de tout ses propres valeurs, tout en les considérant comme relatives, comme son bien propre et non comme celui de l’humanité tout entière.

Enfin, toute tentative de promouvoir des valeurs universelles est en fait un instrument du déracinement idéologique pour vider de leur substance les morales concrètes des peuples authentiques.

Nous pouvons être guidés dans ce choix de valeurs réelles par notre propre tradition culturelle.

Nous ne voulons pas être tenus pour responsables de la mort du peuple breton et de notre Bretagne. Aussi, nous devons avoir le courage de la résistance et de l’abnégation et convaincre autrui de la portée civilisationnelle de notre combat politique qui occupera obligatoirement l’ensemble des prochaines années à venir.

D’an holl ac’hanoc’h e hetan un Nedeleg laouen hag ur Bloavezh mat 2023.

Padrig MONTAUZIER.

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Sommaire War Raok n° 65

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Peuples d’Europe

Les Hellènes oubliés page 8

Billet d’humeur

Le nouvel opium du peuple page 9

Europe

La Suède détruit le cauchemar social-démocrate page 10

Environnement

De la mondialisation à la civilisation page 12

Tribune libre

Le destin français de l’Alsace, une tragédie page 14

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19

Politique

Faut-il affirmer une dimension européenne ? Page 23

Histoire de Bretagne

Un point de vue politique (2ème partie) page 26

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Religion

Le sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray page 30

Histoire de Celtie

Les Culdee, Lug et Merlin page 31

Tradition

La San Esteban, la Catalogne et l’axe carolingien page 32

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 33

Nature

La lamproie page 36

Lip-e-bav

Filet mignon de porc au cidre et son confit page 37

Keleier ar Vro

La statue de Louis XIV dévoilée page 38

Bretagne sacrée

La chapelle Sainte-Barbe page 39

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mardi, 11 octobre 2022

Les Culdee, Lug et Merlin. Naissance et splendeur des phratries médiévales de bâtisseurs

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Les Culdee, Lug et Merlin. Naissance et splendeur des phratries médiévales de bâtisseurs

Le 5ème siècle en Grande-Bretagne constitue un jalon dans notre recherche. En 43 après J.-C., des artisans employés par les légions romaines étaient à l'œuvre dans ces contrées lointaines, construisant des tours et des murs pour protéger les citoyens romains des attaques écossaises.

Ce travail militaire s'est poursuivi jusqu'au début du 3ème siècle. Certains artisans sont retournés sur le continent, d'autres se sont installés en Britannia et sont restés. Ils ont transmis leur savoir aux Bretons, ce qui explique la naissance au 5ème siècle de la confrérie des CULDEE, qui a remplacé les collèges de bâtisseurs romains.

D'obédience chrétienne, les Culdee ont gardé secret leurs techniques et leurs réunions. Ils ont rapidement rejeté la civilisation romaine et ses formes artistiques au profit du symbolisme celtique.

Après la chute de l'Empire romain d'Occident au 5ème siècle, les grandes commandes architecturales ont disparu. De nombreux artisans se sont retrouvés sans travail et un bon nombre d'entre eux sont partis à Byzance.

Malgré l'insécurité, il y a eu de nombreux voyages et contacts entre les bâtisseurs occidentaux et orientaux. C'est pourquoi, au cours des 5ème et 6ème siècles, un grand nombre de bâtiments séculiers et religieux ont été érigés en France, montrant une nette influence orientale.

Avec la chute de Rome, beaucoup de ceux qui, en Occident, croyaient encore que la vie avait un sens transcendant se sont tournés vers l'Irlande, le fief du celtisme. La verte Eirinn, cependant, n'était pas fermée au christianisme apporté par les moines.

Leur rencontre avec les maçons de Culdee a été positive. Ces derniers deviennent désormais des moines bâtisseurs organisés en collèges. Ils acceptaient le mariage et ne reconnaissaient pas l'autorité suprême du pape romain, qui était considéré comme un simple évêque.

Parmi les Culdee, on trouve les descendants des druides et des bardes celtiques, dont la vocation chrétienne était surtout un moyen de garder un profil bas.

Les moines du continent et les bâtisseurs locaux ont travaillé ensemble pour créer des cités entièrement monastiques. Certains quartiers sont attribués aux maîtres maçons et aux maîtres charpentiers qui jouissent d'une certaine autonomie.

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Ils ont besoin des moines et les moines ont besoin d'eux. Il s'agissait de bâtir une nouvelle civilisation avec la foi chrétienne et de construire des bâtiments sacrés et profanes pour atteindre l'harmonie sociale.

L'héritage celtique est présent dans l'âme de ces bâtisseurs. Ils rappellent la robe rituelle blanche des druides, leurs maîtres spirituels, les rites d'initiation où les profanes entrent dans une peau d'animal, mourant au "vieil homme" et renaissant au "nouvel homme" (métanoïa ou transformation spirituelle radicale).

Dans les assemblées de constructeurs, on porte un tablier. Le membre est expulsé de la communauté.

Le celtisme, c'est aussi LUG, le dieu de la lumière et le seigneur de tous les arts. On retrouve son nom dans plusieurs villes européennes (Lugo, Lyon et Londres, par exemple). Il se manifeste en la personne du chef de clan, détenteur de la massue.

L'initiation se traduit, tout d'abord, par la pratique d'un métier, et nul n'est admis à TARA, la ville sainte de l'Irlande, s'il ne connaît pas un métier.

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À Tara, la salle des banquets rituels est appelée la "demeure de la chambre du milieu". Rappelons que le conseil des maîtres francs-maçons est appelé la "chambre du milieu".

Par l'intermédiaire des moines culdee, le grand souffle de l'initiation celtique revigore le christianisme occidental, trouvant son symbole le plus parfait dans la figure de MERLIN LE SAGE, dont on oublie souvent qu'il était un maître-bâtisseur. Il a fait appel à des guerriers et des artisans pour transporter des pierres d'Écosse et d'Irlande afin de construire un gigantesque tombeau en l'honneur du roi Uter Pendragon.

Merlin a enseigné aux bâtisseurs que l'esprit doit prévaloir sur la matière et que seul le Maître Bâtisseur, le magicien de la pierre, est capable de réaliser l'Œuvre totale.

vendredi, 26 août 2022

Parution du n°64 de War Raok

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Parution du n°64 de War Raok

EDITORIAL

A quoi bon… combattre  !

De toutes les objections faites à l’action militante en faveur de l’émancipation du peuple breton, la plus affligeante est sans conteste celle qui se résume en cette expression, toute de faiblesse et de démobilisation : « A quoi bon »…

Certains Bretons semblent avoir perdu le sentiment de leur nationalité, or, en réalité, le sentiment national breton existe bien plus qu’on le croit généralement, seulement ce sentiment, dont personne ne leur ont appris à être fiers, est refoulé et caché au fond de leur cœur. Et pourtant, combien en avons-nous vu de ces femmes et ces hommes de Bretagne vibrer lors d’un fest-noz, s’émouvoir en écoutant les chants traditionnels, brandir le Gwenn ha Du avec orgueil et chanter notre Bro Gozh ma Zadoù, défendre la langue bretonne, protéger un illustre patrimoine profane et sacré, ou encore vanter une histoire de Bretagne prestigieuse…

C’est une réalité et nous avons cette chance que les Bretons, néanmoins, sont fiers d’être Bretons...  fiers de leur identité.

Mais la flamme qui, à un moment, a brillé dans les regards, s’éteint. Les visages un instant détendus se ferment voire se figent, on hausse les épaules, cependant que les mots lamentables tombent des lèvres désabusées : « A quoi bon !». Une attitude de vaincu qui peut s’expliquer mais qui n’a pas d’excuses car si l’on commence à s’abandonner soi-même de quel droit exiger d’autrui qu’il vous respect ?

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A quoi bon lutter pour que la Bretagne vive, pour que la Bretagne, qui a été une nation prospère et organisée, ressurgisse des cendres du passé sous lesquelles on veut la maintenir pour mieux l’étouffer !

A quoi bon lutter pour que la Bretagne retrouve sa place au sein des autres nations européennes, pour que sa personnalité soit reconnue, pour que ses intérêts économiques soient protégés au lieu d’être sacrifiés, pour que, en un mot, les Bretons recouvrent leurs libertés et leur souveraineté !

Cela ne vaut-il pas la peine de sortir de l’attitude résignée de celui qui se complet dans sa médiocrité ? Que ceux qui, au fond d’eux-mêmes, se sentent Bretons mais qui n’ont que le triste courage de murmurer « A quoi bon » sachent qu’en agissant ainsi ils se dévalorisent eux-mêmes et se font les complices silencieux de ceux qui veulent détruire notre pays.

Alors, à quoi bon combattre ne serait-ce que pour se sentir un homme fier, libre, sûr de soi et non un vaincu qui traîne sa résignation comme une chaîne. Ce que ne pourrait faire une poignée de militants déterminés qui jettent le bon grain, l’effort du plus grand nombre le réalisera lors de la moisson qui se prépare. Il ne faut pas s’abandonner, se résigner, mais marcher la tête haute et au coude-à-coude avec ceux qui ne souhaitent que le salut de la Bretagne et le bonheur du peuple breton. L’essentiel est d’agir, ensemble si possible.

Aujourd’hui, des voix de plus en plus nombreuses et de plus en plus influentes s’élèvent pour que la Bretagne soit dotée d’un « statut » spécifique au sein de l’Europe. On ne peut que s’en réjouir. La revendication n’est pas nouvelle, mais qu’elle s’amplifie incontestablement est un signe des temps.

La Bretagne est notre pays, notre maison et cela doit rester ainsi parce que nous n’en avons pas d’autre.

Padrig MONTAUZIER, directeur de publication.

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SOMMAIRE du numéro 64

Buhezegezh vreizh, page 2

Editorial, page 3

Buan ha Buan, page 4

Environnement

Le Green Deal européen et l’effondrement industriel de l’Europe, page 8

Société

La Bretagne défigurée ?, page 11

In Memoriam

Décès de l’abbé Marcel Blanchard, page 13

Politique

Éducation, les droits des parents, page 16

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton, page 19

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Histoire de Celtie

Les femmes-champions dans la mythologie irlandaise, page 23

Histoire de Bretagne

Un point de vue politique (1ère partie), page 25

Géopolitique

La guerre en Ukraine

Un traumatisme vécu dans cette partie de l’Europe, page 28

Santé

Alimentation : un enjeu culturel majeur, page 31

Tradition

Les animaux sacrés et leur nom tabou, page 32

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques, page 33

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Nature

La vie du saumon atlantique, page 36

Lip-e-bav

Tartare de Saint-Jacques, page 37

Keleier ar Vro

Une face cachée de la colonisation en Bretagne, page 38

Bretagne sacrée

Le château de Suscinio, page 39.

dimanche, 24 juillet 2022

Parution du n°63 de War Raok

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Parution du n°63 de War Raok

EDITORIAL 

Nous n’avons jamais tant envie de sortir d’une maison que lorsque l’on y est enfermé de force  !

Le jacobinisme, fruit de la Révolution française, sévit impitoyablement sur ce pauvre Hexagone. D’autant plus dangereux qu’il se pare de toutes les qualités et vertus, et apparaît encore pour la grande majorité des hommes politiques français comme une nécessité ! Il est un des pires fléaux auquel il faut ajouter ce colonialisme exercé par l’État français, depuis l’avènement de sa belle Révolution, à l’encontre des peuples ethniques comme le peuple breton. Est-il utile de rappeler que cette Révolution française prétendant libérer le peuple du pouvoir absolu du Roi en rétablissait un autre encore plus absolu avec son système totalitaire.

La Bretagne qui, depuis la perte de son indépendance, jouissait d’une large autonomie, a vu, par un tour de passe-passe, ses libertés purement et simplement supprimées car assimilées à des privilèges. Dorénavant, il faut une Bretagne incolore, docile, soumise qui ne soit plus qu’une banale province française, que le reflet de cette France issue des Lumières.

On cherche ainsi à rendre les Bretons amnésiques et à effacer toute trace de souvenirs historiques ! Dans quelques temps plus tard on commettra sans vergogne, au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, les pires excès, les pires crimes. La France s’est faite par le fer, le feu et le sang reconnaissent volontiers les jacobins   et c’est pourquoi ils pensent qu’elle ne peut se maintenir que par la contrainte et la coercition. Ils n’ont pas compris que la contrainte engendre obligatoirement des réactions, légitimes et parfois violentes, et que l’on a jamais tant envie de sortir d’une maison que lorsque l’on y est enfermé de force. Ils ne se demandent jamais comment on peut être ou devenir autonomiste, souverainiste ou indépendantiste Breton, Corse, Flamand, Catalan, Basque...etc. Ils jugent et condamnent sans chercher à comprendre. Leurs actions néfastes n’ont que trop duré.

La France reste aujourd’hui le pays le moins évolué de toute l’Europe occidentale 

Depuis qu’ils sont au pouvoir, nos braves et indécrottables jacobins, épris de liberté, pratiquent en fait le centralisme démocratique. Sûrs d’eux, insensibles au temps qui passe, aux évolutions géopolitiques, ils demeurent immuables dans leurs convictions. Par leur aplomb, leur suffisance, ils donnent à leur République  une renommée usurpée. L’ « Une et Indivisible »  commence sérieusement à se fissurer, l’Europe des peuples sans État est en marche ! On entend des craquements dans la charpente vermoulue et fatiguée de l’édifice France aux fondations instables et mal assurées.

Jacobins, fanatiques « nationalistes » (les guillemets s’imposent car la France n’est pas une nation mais un État composé de nations) n’ont pas compris qu’en favorisant le nivellement, ils sont en train de creuser eux-mêmes leur propre tombe. Une véritable nation, un véritable peuple ne peuvent être qu’une communauté ethnique.

En fait les tenants de l’indivisibilité de la République française ne font-ils pas tout pour détruire leur République ? Ils se plaignent aujourd’hui ! Ils gémissent et pleurent même… Par leurs conceptions irréalistes et universalistes ils ont amené leur France à ce degré de dissolution et d’inconsistance que l’on connaît aujourd’hui.

Pour le peuple breton et les autres peuples embastillés dans la forteresse France, une émancipation s’impose et si l’ennemi reste encore aujourd’hui la République française, qui s’essouffle et qui n’engendre guère plus aucun enthousiasme, un nouvel ennemi menace et met en danger notre civilisation européenne et l’ensemble de nos peuples européens... Et contre cet ennemi-là nous devrons opposer un front résolu et sans faille.

Padrig MONTAUZIER

SOMMAIRE N° 63

Buhezegezh vreizh

Editorial

Buan ha Buan

Dossier Environnement

  • L’écologie pervertie au profit d’une idéologie politique
  • Les prédicateurs de la mondialisation
  • Génération Greta. Comment la peur de l’effondrement mobilise toute une société et ses médias
  • Éclairer la Bretagne. Sans indépendance énergétique pas d’autonomie économique !
  • En conclusion du dossier

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton

Politique

Quand les petits remplacements mènent au Grand Remplacement

Tribune libre

Nations et nationalismes : la grande confusion

Santé

De pauvres fruits et légumes

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Tradition

Le symbolisme du cerf

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques

Nature

Petit musicien de nos foyers : le grillon

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Lip-e-bav

Andouille de Guéméné poêlée et lapin au cidre

Keleier ar Vro

La longue affaire du Bugaled Breizh

Bretagne sacrée

Les cimetières marins

 

lundi, 27 décembre 2021

Parution du n°62 de War Raok

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Parution du n°62 de War Raok

EDITORIAL

Les effets de l’acculturation en Bretagne

Le destin de la Bretagne est fondé sur son identité, sa culture, son histoire!

La culture est l’ensemble des valeurs, des traditions et coutumes d’un peuple. Elle reflète le mode de vie et la vision du monde d’une communauté donnée. C’est toute l’identité d’un peuple. La culture est aussi le reflet de l’histoire, c’est-à-dire le vécu d’un peuple dès son origine et à travers les âges. L’acculturation est le rejet de ses valeurs, ses coutumes et traditions pour s’approprier des valeurs culturelles d’un autre groupe humain, en cherchant à s’identifier à ces mœurs et coutumes. Cette domination culturelle est une nouvelle forme de colonisation dont les médias aux ordres constituent les véritables instruments d’acculturation et en sont les principaux organes de promotion. Nous ne sommes pas sans savoir que tout changement de comportement, des coutumes et traditions, reflets du passé d’un peuple, conduisent à la disparition de ce peuple, de son identité et de sa culture.

La culture est l’âme vivante d’une nation et c’est ce qui fait qu’une nation est différente d’une autre. Selon un principe anthropologique, toutes les cultures se valent, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de culture qui soit supérieure à d’autre, puisque chaque culture a ses particularités et reflète un passé différent et unique d’un peuple. Et, c’est à travers les spécificités culturelles qu’on distingue les peuples, à savoir leur mode de vie, leur vision du monde, leur croyance.

Dans le cas de la Bretagne, si la politique de l’État français a été de tout temps de s’attaquer particulièrement à la langue bretonne, l’enseignement de l’histoire de la Bretagne n’a pas été épargné pour autant. Il est vrai que si les Bretons avaient eu une parfaite connaissance de leur histoire, nous ne serions très certainement pas dans cette situation actuelle de sujétion, dans cet état de dépendance et aurions recouvré depuis fort longtemps nos libertés perdues. La dimension celtique de l’histoire et de la culture bretonnes est en fait une manière de la singulariser par rapport au modèle culturel français, héritier de la tradition gréco-latine. Ainsi, on comprend mieux la méfiance, l’acharnement et l’opposition du « pays des droits de l’homme » à dispenser un enseignement généralisé de l’histoire millénaire du peuple breton à la jeunesse bretonne. Méfiance toutefois ! L’enseignement que nous voulons est celui d’une histoire de Bretagne authentique écrite par des historiens honnêtes et intègres et non par ce que pourrait proposer l’État français, par le biais de son Éducation nationale, un programme d’enseignement revu et corrigé, une histoire à sa convenance, une histoire falsifiée fleurant bon le négationnisme, une histoire convenable écrite par des idéologues manipulateurs !

Langue, histoire, coutumes, traditions… un rejet de ces valeurs peut inéluctablement conduire à une disparition de la culture bretonne en tant que telle si rien n’est fait. Dans ce constat de déperdition, quelle est donc la place d’une politique culturelle devant mettre en évidence les valeurs culturelles de la Bretagne au passé mémorable dans l’histoire de l’Europe ? Nous sommes à l’heure où la tendance fait croire que tout ce qui est étranger est bon et tout ce qui est local est mauvais. La Bretagne est reconnue comme un pays riche culturellement d’après son histoire, ses origines et l’ensemble des valeurs et traditions qui lui sont propres, cependant, elle n’est pas épargnée d’être un jour dans la liste des anciennes sociétés. En somme, le combat contre l’acculturation est avant tout une responsabilité de tous les Bretons, mais il incombe aux responsables politiques en Bretagne, en particulier au « croupion » Conseil Régional, de faire la promotion de la culture bretonne par tous les moyens. C’est une affaire politique qui nécessite l’apport de tous les secteurs concernés.

L’hostilité de la république française à l’égard de la Bretagne est toujours d’actualité. Avons-nous alors encore quelque chose à partager avec elle, qui bafoue notre identité et nous dénie toute autonomie, jusqu’à l’enseignement aux enfants de Bretagne de leur langue et de l’Histoire de leur pays ? Les Bretons doivent reprendre en mains l’enseignement de leur langue, mais également de leur histoire refusant ainsi les hérésies qui, par lavage des cerveaux, ont été introduites dans leurs esprits. Seul, un authentique pouvoir breton sera à même de défendre et de promouvoir cette culture bretonne à la fois héritière du passé de nos aïeux et tournée vers la créativité du futur.

Padrig MONTAUZIER

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Sommaire War Raok n° 62

Buhezegezh vreizh  page 2

Editorial  page 3 (Padrig Montauzier)

Buan ha Buan page 4

Société

La cancel culture et la délégitimation de la mémoire page 9 (Giulio Battioni)

Politique

L’Alliance souverainiste bretonne,

un élan majeur pour la Bretagne page 11 (Meriadeg de Keranflec’h)

Tradition

Le symbolisme du cheval page 15 (Per Manac’h)

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19 (Donwal Gwenvenez/Yann Mikael)

Histoire de Celtie

Importance du celtisme dans les Asturies page 23 (Carlos X. Blanco)

Tribune libre

Sur les prénoms non-français, objection M. Zemmour ! Page 25 (Youenn Caouissin)

Histoire de Bretagne

Le faux traité de 1532 page 26 (Docteur Louis Melennec)

Politique

La mosquée de Cologne, la charia en marche page 30 (Erwan Houardon)

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 32 (Fulup Perc’hirin)

Nature

L’écureuil, petit rouquin de nos forêts page 36 (Youenn Caouissin)

Lip-e-bav

Gratin du pêcheur aux herbes page 37 (Youenn ar C’heginer)

Keleier ar Vro

Un statut de résident pour la Bretagne page 38 (Meriadeg de Keranflec’h)

Bretagne sacrée

Les lavoirs page 39 (Per Manac’h)

samedi, 07 août 2021

Parution du n°61 de la revue bretonne War Raok

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Parution du n°61 de la revue bretonne War Raok

EDITORIAL

Peut-on parler de souverainisme breton afin d’assurer l’épanouissement de l’identité bretonne?

par Padrig Montauzier

En Bretagne nous sommes, depuis longtemps, familiarisés avec les termes autonomistes, indépendantistes, voire séparatistes. Une nouvelle dénomination semble voir le jour depuis quelque temps, celle de souverainisme breton ! Comment peut-on définir succinctement ce nouveau concept ?

Toute nation qui ne s’administre pas elle-même connaît une rapide décadence. La Bretagne depuis la perte de son indépendance, de l’union de 1532 et plus depuis son annexion totale de 1790, en donne un exemple frappant. La Bretagne, enserrée dans l’un des États les plus centralisé d’Europe, n’a pas la possibilité de  « s’auto-déterminer ». Elle n’a pas non plus la possibilité de « s’auto-organiser » ni de « s’auto-gérer ».

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L'idée de la souveraineté de la Bretagne est fondée sur une vision et une interprétation nationalistes des faits historiques et des réalités sociologiques de la Bretagne. L’argument clé consiste à soutenir que la population bretonne forme un peuple distinct qui, dans le cadre du système politique français, ne peut exister qu’à titre de minorité ethnique, ce qui implique que le peuple breton ne peut se diriger lui-même et que son destin dépend totalement de l’État français et de ses gouvernements. Accepter un tel statut de minorité signifierait que les Bretons donnent leur accord à une totale subordination impliquant qu’ils renoncent à leur identité propre.

Cette souveraineté ne se fera pas contre la France, mais pour la Bretagne  !

On peut imaginer que, dans un premier temps, dans une première étape, la Bretagne dispose d’un statut de large autonomie administrative et politique comme cela est mis en pratique aujourd’hui tout près de nous en Europe: en Catalogne, en Écosse, au Pays Basque, en Flandre… etc.

Ce positionnement est une rupture totale avec le centralisme et le jacobinisme français qui tuent les peuples et avec le dogme de « l’une et indivisible » contre nos libertés. On peut alors parler de souveraineté-association, combinaison de deux concepts : l'obtention de la souveraineté de l'État breton et la création d'une association politique et économique entre le nouvel État souverain et la France. On peut définir ce statut de souveraineté partagée ou co-souveraineté comme étant les pouvoirs d'une Bretagne de faire ses lois, de prélever ses impôts et d'établir ses relations extérieures. Une démarche loin d’être utopique, elle est même au contraire parfaitement rationnelle et le peuple breton a toutes les aptitudes nécessaires pour l’assumer. Cette souveraineté souhaitée rendra donc aux représentants du peuple breton le droit de gérer les affaires bretonnes et permettra ainsi à la Bretagne de protéger ses intérêts matériels, d’assurer son développement économique, de défendre ses libertés culturelles spécifiques et ses intérêts spirituels.

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Ainsi, les Bretons pourront bâtir une Bretagne authentiquement bretonne tout en s’intégrant au monde moderne par l’enrichissement de ses propres valeurs et le refus d’un repli ou d’une autarcie mortelle. La Bretagne sera une terre de libertés, non pas formelles mais réelles sur tous les plans.

La situation actuelle de peuple colonisé n’a rien de stimulant, rien qui invite au dépassement de soi ou qui pousse à l’audace créatrice. À ce destin, courbé sous les vents de l’histoire, le souverainiste préfère les risques de vie qu’offre l’indépendance. C’est le sens de l’appartenance, la définition de l’identité, qui est l’enjeu majeur de la souveraineté. Les Bretons ont à choisir entre le statut de minorité et le statut de peuple à part entière.

Cette émancipation politique, économique, sociale et culturelle du peuple breton, ainsi que l’édification d’une Bretagne enfin maîtresse de ses destinées personnelles dans le respect d’une interdépendance qui l’unira à ses voisins européens… peut parfaitement convenir à une définition du souverainisme breton.

Les Bretons doivent être en première ligne pour revendiquer cette souveraineté de la Bretagne avec la tranquille assurance de disposer des atouts économiques suffisants pour afficher cette ambition.

Mais les Bretons sauront-ils se doter d’un tel projet de société ?

Padrig MONTAUZIER

Sommaire War Raok n° 61

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3. Padrig Montauzier

Buan ha Buan page 4

Société

Le tatouage traditionnel celtique page 9. Ronan Danic

Politique

Kofi Yamgnane, ses mémoires d’outre-haine page 10. Erwan Houardon

Culture bretonne

La destruction de la langue bretonne page 14. Louis Melennec

Tradition

Le symbolisme de la sirène page 16. Riec Cado

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19. Donwal Gwenvenez

Histoire de Celtie

Highland titles page 23. Jérôme Le Bouter

Tribune libre

Les origines de la culpabilité blanche page 24. Tomislav Sunic

Histoire de Bretagne

Enfants de la Chouannerie, sublimes cœurs de héros page 28. Youenn Caouissin

Environnement

L’éolienne, nouveau symbole de la Bretagne ? Page 30. Erwan Houardon

Civilisations celtiques

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 32. Fulup Perc’hirin

Nature

Les petits réverbères de la nature page 36. Youenn Caouissin

Lip-e-bav

Un repas breton page 37. Youenn ar C’heginer

Keleier ar Vro

L’État français contre les langues “régionales”  page 38. Meriadeg de Keranflec’h

Bretagne sacrée

Bretagne, terre de châteaux page 39. Per Manac’h

 

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vendredi, 07 mai 2021

Histoire et perspective du nationalisme breton - Entretien avec Padrig Montauzier

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Histoire et perspective du nationalisme breton

Entretien avec Padrig Montauzier

Propos recueillis par Enric Ravello Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/05/

Breizhiz, preizh oc'h deut da vezañ da lezennoù didruez ur reizhiad bedelour ha bedvroelour ha da veañs ar re zo ouzh e ren. Bazhyevet oc'h dindan lezennoù estren Bro-C'hall hag a zo bet a-viskoazh o klask hoc'h enteuziñ hag a zistruj kement tra a c'hallfe ho tieubiñ. Ar falsprofeded-se o deus troet ac'hanoc'h en atomoù denel, e Frañsizien vat reizh ha sentus. Ar pezh a anvont demokratelezh hiziv n'eo nemet maskl ar servelezh ekonomikel hag an displedoni vezhus.

Hiziv, pobl Vreizh, n'ac'h eus ket a vammvro anavezet ez-ofisiel ken. Arc'hoazh n'az-po mui na familh, na hevelebiezh : n'az po nemet mistri. Klaoustre, siwazh, en em laki da garout ar sujidigezh-se en ur grediñ e waranto dit bevañ ez aes.

Traduction française :

Bretons, vous êtes livrés aux lois impitoyables d’un système mondialiste et cosmopolite et à l'égoïsme de ceux qui le dirigent. Vous êtes soumis aux lois étrangères de la France qui se livre depuis toujours à une politique d’assimilation forcée, et détruit tout ce qui peut vous libérer. Ces mauvais prophètes vous ont transformé en atomes humains, en bons Français dociles et disciplinés. Ce qu'ils nomment aujourd'hui démocratie n'est que le masque de l'esclavage politique, du servage économique et de l'abjection morale.

Aujourd’hui, peuple breton tu n’as plus de patrie reconnue officiellement. Demain tu n’auras ni famille, ni identité : tu n’auras que des maîtres. Mais malheureusement tu risqueras d’aimer encore cette servitude croyant qu'elle te garantira l'aisance matérielle.

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IDENTITÉ 

La Bretagne est une nation avec une personnalité forte et profondément enracinée, pour commencer l'interview, j'aimerais que vous nous expliquiez la genèse de la nation bretonne.Beaucoup de gens pensent que les Bretons sont les restes des Celtes gaulois qui ont survécu à la romanisation, mais en réalité c'était l'Armorique et c'était totalement romanisé, vous, les Bretons, vous vous appelez ainsi précisément parce que vous venez de Grande-Bretagne et êtes les descendants deles Celtes ont émigré en Armorique à la suite de l'invasion anglo-saxonne de l'île.Pouvez-vous expliquer brièvement cela? L'arrivée des Bretons était-elle dans une certaine mesure une « re-celtisation » de l'Armorique?

Padrig Montauzier : La presqu’île habitée aujourd’hui par les Bretons et située à l’extrémité de l’Europe occidentale était connue dans le passé sous le nom d’Armorique, « le pays du bord de la mer ». Les premières manifestations de la vie humaine en Armorique datent de l’époque paléolithique avec notamment les fouilles du Mont Dol en Ille et Vilaine. Les hommes qui ont dressé les mégalithes vivaient aux environs de l’an 2000 avant Jésus-Christ, possédaient des armes de bronze et imposèrent alors leur domination sur tout l’Occident, jusqu’au jour où les Celtes qui occupaient l’Europe centrale partirent à la conquête des terres avoisinant la Baltique, la mer du Nord, la Grande Bretagne et l’Irlande.

Au premier siècle avant Jésus-Christ, plusieurs tribus celtes occupent le massif Armoricain. Elles appartiennent au rameau « celto-belge » qui peuple une partie des îles Britanniques. Cinq peuples se partagent le territoire appelé actuellement la Bretagne : Les Redones, les Namnètes, les Vénètes, les Ossismes et les Curiosolites.

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L’île de Bretagne, c’est-à-dire la Grande Bretagne actuelle, était habitée par des populations de race ligure puis ensuite envahie par les Celtes, les Goidels dans un premier temps puis par les Bretons. L’invasion saxonne commence vers 449 et se poursuit jusqu’à la fin du VIème siècle. Les succès des troupes saxonnes forcent   les Bretons à se réfugier dans l’Ouest du pays en formant ainsi trois groupes : au Sud, les Bretons de Cornouailles (Cornwall), au Nord, les Bretons de Cumbrie et entre les deux, les Bretons de Cambrie ou Pays de Galles. D’autres Bretons, pour échapper à la fureur des Saxons, traversent l’océan et abordent par exemple les côtes de Galice… les autres, beaucoup plus nombreux arrivent en Armorique et fondent la nation bretonne qui occupe aujourd’hui notre péninsule.

A la suite des persécutions exercées par les Anglo-Saxons contre les Bretons, l’émigration en Armorique prend des proportions considérables. Cette émigration de Grande Bretagne en Armorique se fait sans doute par tribus, une flottille part sous la direction d’un tiern (chef) ou encore d’un moine et débarque dans la péninsule. Les exilés se groupent autour d’un chef puissant et c’est ainsi l’origine des principautés créées par les Bretons sur le sol de leur nouvelle patrie. Ces principautés sont au nombre de trois : la Domnonée, la Cornouaille, et le Bro-Warroch ou Bro-Erec. La re-celtisation de l’Armorique se fait sur deux zones distinctes. A l’Ouest l’élément celtique domine complètement car cette région est en partie très dépeuplée. A l’Est par contre où la population armoricaine est plus dense, il se forme ce que l’on appelle aujourd’hui la Haute Bretagne ou pays gallo, une zone mixte à la fois bretonne et armoricaine. Sans l’émigration bretonne, la péninsule armoricaine aurait été un pays de langue latine, simple province du royaume des Francks, languissante et inculte… Cette émigration bretonne lui a donné un peuple nouveau de race et de langue celtiques, un peuple fier, indépendant… en un mot qui en a fait la Bretagne. Voilà ce que les émigrés ont apporté en ce pays, voilà ce que ce pays leur doit. Lorsque les Bretons quittèrent la Cambrie ou le Cornwall pour l’Armorique, ils ne partaient pas pour une terre totalement inconnue. Ils avaient le souvenir des nombreuses relations commerciales entretenues jadis au temps de la Celtique indépendante avec les tribus armoricaines et les paysages de cette nouvelle Bretagne leur rappelaient ceux de la patrie perdue.        

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Vous êtes donc frères des Gallois - et des Cornouaillais - certains nationalistes bretons pensent que Galles et la Grande-Bretagne sont la même nation divisée en deux, "deux tranchants de la même épée" m'a dit un jour un bon nationaliste breton;en fait l'hymne de Galles et celui de la Bretagne, qu'en pensez-vous ?

Padrig Montauzier : Effectivement nous sommes frères, frères celtes et unis par une même culture. Il est vrai que le Pays de Galles et la Bretagne ont toujours été, sur le plan culturel, très proches principalement au niveau de la langue, Comme vous le mentionnez, nous avons un hymne identique ce qui démontre bien une très grande proximité culturelle. Une différence toutefois, nos frères gallois, comme pour les autres nations celtes, bénéficient de pouvoirs réels et d’une reconnaissance par la couronne anglaise, ce qui n’est pas le cas du peuple breton sous tutelle coloniale française et privé de ses droits nationaux.

A la fin du 19e siècle, au début du 20e siècle, on assiste à un renouveau du celtisme, proposant même une unité pan-celtique, dont chacune des nations celtiques serait une province (Écosse, Irlande, Pays de Galles, Cornouailles, Ile de Man, Grande-Bretagne).Êtes-vous favorable à cette idée ?

Padrig Montauzier : Cette idée évidemment j’y suis favorable et l’on voit bien qu’elle est profondément ancrée chez les Bretons. Regardez par exemple le succès du festival inter-celtique de Lorient qui rassemble depuis de nombreuses années des milliers de spectateurs venant du monde entier. Toutefois, si après la seconde guerre mondiale nos frères irlandais et gallois se sont mobilisés pour aider les militants nationalistes bretons persécutés par le gouvernement gaulliste/communiste français, il ne faudrait pas oublier que dans l’ensemble tous nos frères celtes restent relativement très francophiles. Personnellement, sur le plan politique, je regarde plus vers l’Est pour un soutien à notre cause de libération nationale. C’est là que l’on voit qu’il existe parfois un « fossé » entre le culturel et le politique, alors que les deux sont étroitement liés !

Le Gwenn ha Du (blanc et noir) est le nom donné au drapeau breton que nous connaissons tous, mais la Bretagne a eu de plus en plus de drapeaux plus anciens, comme celui avec la croix noire sur fond blanc, lequel d'entre eux représente le mieux l'histoire et l'identité bretonne, quelle est la différence entre eux ?

Padrig Montauzier : Faisons abstraction des drapeaux représentant les pays (Broioù) de Bretagne et intéressons-nous aux trois drapeaux symbolisant la Nation bretonne. Les drapeaux basés sur une croix de couleurs découlent en fait de l’époque des croisades. Lors des deux premières croisades, les différentes nations y participant arboraient toutes la croix rouge sur fond blanc. C'est seulement lors de la troisième croisade, en 1188, que chaque nation put avec l'accord du pape disposer de sa propre couleur de croix afin de se distinguer des autres nations. Avec l'approbation du pape Gregoire IX, les Bretons auraient reçu la couleur noire pour leur croix. Les différentes traces historiques ont le plus souvent montré la croix noire sous forme d'écu, de bannière, ou encore associée à des hermines. Le Kroaz Du (croix noire en breton) devient l'emblème de l’État breton jusqu'à l'annexion par la France. Le Kroaz Du évoluera à cette date et sera utilisé par la marine bretonne qui lui rajoute des mouchetures d'hermine. Lors de l'annexion définitive en 1532, il disparaîtra alors au profit de l'hermine plain, les différents rois de France successifs estimant que la croix noire rappelait trop la monarchie et l’indépendance bretonne, et risquait de remettre en cause la légitimité du rattachement du duché de Bretagne à la France. Le Kroaz Du a été remis en lumière à partir de l’année 2000 sous l’impulsion du parti de droite nationaliste ADSAV.

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Appelé Bannière d'hermine ou drapeau hermine plain, ce drapeau historique de Bretagne voit le jour en 1316 sous le règne du duc de Bretagne Jean III qui décide de changer d'armoiries et opte pour le semé de mouchetures d'hermine, que l'on appelle en héraldique « hermine plain ». Aujourd'hui encore, le drapeau d'hermine est utilisé lors certaines manifestations historiques, politiques et fêtes religieuses, par certains bagadoù et mairies de Bretagne et flotte sur des bateaux de plaisance, châteaux et églises de Bretagne.

Enfin le Gwenn ha Du (blanc et noir en breton). Au XIXème siècle, un réveil celtique, partie prenante du romantisme et du principe des nationalités, gagne toute l’Europe, d’Ouest en Est, et les hermines du Gwenn-ha-Du en frémirent dans le vent. C’est en 1925 que Morvan Marchal, militant nationaliste breton et co-fondateur de Breiz Atao, ce laboratoire expérimental des partis bretons de l’avenir, créé le drapeau breton à bandes. Il fallait inventer un drapeau breton d’esprit moderne tout en conservant au maximum les couleurs et les hermines primitives. Au point gauche du drapeau neuf bandes égales alternativement noires et blanches, couleur traditionnelle, lesquelles bandes représentent, les blanches les pays bretonnants : Léon, Trégor, Cornouaille, Vannetais, les noires, les pays gallos : Rennais, Nantais, Dolois, Malouin, Penthièvre.

Ce drapeau n’a jamais voulu être un drapeau politique mais un emblème moderne de la Bretagne et il constitue une synthèse parfaitement acceptable de la tradition du drapeau d’hermine et d’une figuration de la diversité bretonne. Dès 1937, il est reconnu par le gouvernement français à l’Exposition Internationale où il flotte sur l’Esplanade des Invalides à égalité avec les autres drapeaux du monde entier.

Ainsi, arboré à ses débuts par le seul Parti National Breton, il fut rapidement adopté par d’autres fractions militantes aussi différentes qu’Ar Falz et le Bleun-Brug. Il guidera les militants sur les lieux historiques et flottera au cours de leurs manifestations et congrès. Avant, pendant et après la seconde guerre mondiale des centaines de Bretons iront en prison, se battront et mourront pour ce drapeau parce qu’il symbolise leur personnalité d’homme libre dans la réalité toujours enchaînée.

Le Gwenn ha Du est donc aujourd’hui le drapeau national officiel de la nation bretonne.

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On parle de la possibilité de réintégrer la capitale historique de la Bretagne, Nantes, en Bretagne, dont elle a été retirée en 1941 pour créer le département artificiel de la Loire-Atlantique.Cette réunification de la Grande-Bretagne est un jalon pour le nationalisme breton ?

Padrig Montauzier : Le décret signé sous le régime français du Maréchal Pétain retirant la Loire Atlantique du reste de la nation bretonne est en fait un vieux projet décidé par les radicaux socialistes français afin d’affaiblir la Bretagne de la réduire sur le plan européen car l’État français n’a jamais perdu en mémoire le fait séparatiste breton. Tous les gouvernements français ont fidèlement suivi et appliqué ce décret et cette horrible amputation de notre nation. Cette partition de notre Bretagne ne repose que sur des volontés politiques françaises dont les conséquences continuent de peser lourdement sur notre nation : économiquement, nous sommes affaiblis ; et outre le déni évident de démocratie, le temps poursuit l’érosion de notre identité et amenuise cette force qu’elle constitue, ce levier dont tous devrions tirer profit. La question de la réunification de la Bretagne est plus que jamais d’actualité, mais, nous nationalistes et indépendantistes bretons, restons opposés à la tenue d’un référendum pour de multiples raisons. La première est d’une évidence toute simple : l’État français, en organisant la partition, en amputant la nation bretonne d’une partie de son territoire national, a-t-il demandé son avis au peuple breton ? Non bien évidemment ! Alors pourquoi tant de gymnastique ? Pourquoi demander, je dirais quémander, un référendum ?

La voie du référendum est un véritable piège sur cette question fondamentale qu’est le retour de la Loire Atlantique en Bretagne. Un leurre, un appeau comme disent les chasseurs, un référendum bien pensé, cadenassé, ambigu quant à la définition, au périmètre ou encore à la formulation et aux libellés des questions posées… Un référendum sujet à toutes les manipulations de la part des ennemis jurés de la réunification et ils sont nombreux à être aux aguets, sans oublier des politiques en bout de course qui aujourd’hui reviennent sur le devant de la scène et qui dans le passé ont trahi.

indexnantes.jpgIl existe pourtant un mode législatif tout simple pour régler le problème: le décret. Il suffirait en effet d’un simple décret, répondant à celui du gouvernement français en 1941, pour réintégrer la Loire Atlantique en Bretagne, clore ainsi définitivement cette abomination et rendre enfin justice au peuple breton. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ! Alors faut-il que la réunification de la Bretagne pose problème et inquiète à ce point pour devoir choisir la voie la plus tortueuse pour résoudre une fois pour toute l’éternelle revendication du peuple breton qui, dans son immense majorité et principalement les habitants de la Loire Atlantique, demande la fin de cette partition ? Il est vrai qu’une Bretagne, son intégrité territoriale retrouvée, deviendrait une nation européenne conséquente, d’où l’origine de son amputation, sans sous-estimer les craintes toujours actuelles d’un État français, enfermé dans un colonialisme d’un autre âge, redoutant quelques velléités séparatistes de la part d’une Bretagne toujours réputée rebelle.

Refusons catégoriquement cette solution référendaire qui pourrait se retourner contre nous et signifier la fin de notre rêve d’unité.

NATIONALISME  

Vous avez été condamné à 15 ans de prison pour votre participation à l'attentat du Château de Versailles (une attaque sans victimes qui ne cherchait que des dommages matériels et symboliques) en tant que membre du FLB / ARB, vous êtes donc l'une des plus grandes références du nationalisme Breton, pouvez-vous nous résumer brièvement votre vie de militant ?

Padrig Montauzier : Mon parcours politique pourrait être assez classique s’il n’y avait pas eu la période « clandestine », les condamnations puis les prisons françaises.

Comme je l’ai maintes fois mentionné, j’ai très jeune été baigné dans un environnement politique, un environnement familial puisque mon père était militant et dirigeant syndicaliste ouvrier. C’est ainsi que tout gamin j’ai participé à certaines grandes manifestations organisées par le parti communiste français et mes souvenirs restent encore, à ce jour, intacts, comme ces « premier mai » au parc du Thabor à Rennes.

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La suite est logique, la route est toute tracée. Adhésion aux Jeunesses communistes quelques années avant les fameux évènements de mai 68 et c’est à partir de cette date que tout va basculer. Un mouvement clandestin FLB (Front de Libération de la Bretagne) se manifeste bruyamment en Bretagne en faisant exploser des bâtiments administratifs symboles de la présence française en Bretagne. Une revendication claire : l’indépendance de la Bretagne… Évidemment ce n’était pas du goût d’un PCF jacobin et ennemi juré de tout ce qui pouvait être assimilé au mouvement breton. Vient également s’ajouter à cette première dissension, le mouvement de révolte de mai 68 et le regard d’un jeune lycéen de 18 ans, un regard en totale opposition avec les positions communistes (PCF) et celles de la centrale ouvrière affiliée à ce parti.

C’est la rupture totale et mon intérêt soudain pour tout ce qui concerne la Bretagne et le mouvement breton, tant culturel que politique. Un premier déclic : apparition à la télévision régionale d’un homme s’exprimant en langue bretonne ! Cet homme, vous l’avez reconnu, c’était Charlez ar Gall. Seconde chose qui déclenche mon intérêt pour la cause bretonne c’est une lecture de l’Histoire de la Bretagne de l’abbé Poisson et là l’affaire était conclue. S’ensuivent les lectures de nombreux journaux politiques de l’époque dont l’Avenir de la Bretagne dirigée par Yann Fouéré, et le Peuple breton l’organe de l’UDB. Le choix a été rapide, et l’homme de gauche que j’étais encore resté, opte pour les idées exprimées dans un journal classé « à droite », le journal de Yann Fouéré et à cette époque organe de SAV (Strollad Ar Vro, parti de la patrie en français.

unnamedbret.pngDébut des années 70, adhésion au parti SAV et quelques temps plus tard je prends la fonction de secrétaire fédéral pour le pays de Rennes.

Entre temps les attentats du FLB (Front de libération de la Bretagne) s’intensifient, ainsi que les arrestations, les condamnations… L’État français, fidèle à lui-même, reste totalement sourd malgré la multiplication des « nuits bleues » et les scores très honorables du mouvement politique breton légal aux diverses élections.

Alors encore une suite logique… Pourquoi poursuivre dans la voie légale qui semble être une impasse ? Quelques mois plus tard le pas est franchi. C’est mon engagement dans le mouvement clandestin. Responsable de Kevrennoù sur plusieurs départements, membre du Kuzul Meur (Grand conseil), attentats en série... puis arrestation et jugement devant une juridiction spéciale française : la Cour de Sûreté de l’État. Une première condamnation à 15 années de réclusion criminelle, puis quelques mois plus tard, seconde condamnation (pour une trentaine d’attentats) à 15 autres années d’emprisonnement dans les geôles françaises. A noter que lors du premier procès, j’ai refusé d’y participer au motif que je ne reconnaissais pas cette juridiction française et demandais à être jugé en Bretagne par un juridiction bretonne. Dans le box des accusés, je me suis limité à lire une longue déclaration de plusieurs heures après 20 jours de grève de la faim, et demandé à mes avocats de se retirer afin de laisser, entre elle, la justice française délibérée en son âme et conscience ! (Petit rappel, la peine de mort avait été envisagée).

flb.jpg1981, élection de Mitterrand, amnistie… et 3 ans et demi passés dans les cachots du pays qui nous occupe toujours. A peine libéré, création avec Yann Fouéré et une poignée de militants nationalistes du POBL (Parti pour l’Organisation de la Bretagne Libre). A l’issue d’une première assemblée générale je suis nommé secrétaire national, puis quelques années plus tard je deviens un des présidents jusqu’à la création d’ADSAV (la relève ou la renaissance) en français, parti de la droite nationaliste bretonne. A l’initiative de ce nouveau parti, j’en prends la direction pendant de nombreuses avant de laisser la place à une équipe plus jeune et me consacrer uniquement à la revue War Raok/La voix de la nation bretonne qu’il faut impérativement moderniser et développer… un outil indispensable pour faire avancer, voire triompher, la cause indépendantiste bretonne.

La Première Guerre mondiale du fait de son impact démographique et de son acculturation française, après la Seconde on fut considérée « tout le breton » comme un soupçon de «collaborationnisme», comment ces deux conflits affectèrent-ils réellement la Bretagne ?

Padrig Montauzier: La première guerre mondiale a été une véritable catastrophe pour la Bretagne. 240.000 Bretons sont morts dans une guerre où la Bretagne n’était en rien concernée, mais cette guerre correspond surtout à la fin d’un mode de vie traditionnelle, à la régression de la langue bretonne… et à la montée d’un fanatisme républicain français culpabilisant les Bretons d’appartenir à un peuple fier et distinct.

La seconde guerre mondiale a été également un conflit qui a affecté durement notre patrie. Toutefois il faut noter que si durant le premier conflit le mouvement breton était peu existant sur le plan politique, il n’en est pas de même lors de cette seconde guerre mondiale. L’EMSAV est organisé, relativement influent avec plusieurs partis politiques mais également bien représenté dans le domaine culturel. On conteste ouvertement la présence française en Bretagne, le journal Breiz Atao, le Parti National Breton ouvrent la voie et parlent d’indépendance… le groupe clandestin Gwenn ha Du fait parler la poudre, le journal La Bretagne, plus modéré, demande un statut d’autonomie… Il y a donc une véritable « contestation » nationaliste bretonne et l’État français en alerte met en route son appareil répressif. Premières arrestations de leaders politiques, premiers emprisonnements.    

51KCT7U+AdL._SX348_BO1,204,203,200_.jpgJe vous donne deux citations de chefs et militants nationalistes bretons à cette période :

« Quelques centaines de Bretons résolus peuvent, à l’occasion du prochain confit, faire de la Bretagne une seconde Irlande ». Frañsez Debauvais.

Ou encore :

« Dans un délai prévisible il n’y aura plus de France, nous devons être sur les rangs pour prendre notre part des dépouilles de la bête ». Célestin Lainé.

Pendant ces années du conflit, deux camps s’affrontent : les Bretons qui se rangent du côté de la France en résistance contre l’occupation allemande, et les nationalistes bretons qui ne veulent pas entrer dans ce jeu guerrier où la Bretagne n’est nullement en conflit avec l’Allemagne. On retrouve cette même situation en Irlande avec le mouvement républicain et notamment avec l’attitude de l’IRA. Profitant de cette situation particulière en Bretagne et sous l’influence de plusieurs responsables allemands très celtisants, le IIIème Reich accorde quelques largeurs aux milieux nationalistes sur le plan culturel, notamment la diffusion de la langue bretonne sur les ondes. Quant à son engagement, en cas de victoire, d’accorder à la Bretagne une réelle indépendance, cela reste assez floue et pour ce qui me concerne reste au stade d’une vague promesse.

Ce qu’il faut surtout retenir de ce second conflit et de son incidence en Bretagne, c’est le comportement de ceux, qui au nom d’une résistance à l’occupant allemand, commettent les pires crimes, les plus odieux assassinats de militants bretons. C’est ainsi, après le lâche assassinat de l’abbé Yann-Vari Perrot par les communistes, que des militants nationalistes créent la formation Perrot (Bezen Perrot) et s’engagent, en tant que Bretons, au côté des forces allemandes et traquent alors les réseaux de résistants afin de préserver la vie des militants bretons. Ces hommes, ne se reconnaissant pas français, n’ont donc pas collaboré, c’est une différence avec les millions de Français qui, eux, ont joué la carte allemande contre leur propre pays.

Enfin, après la guerre, la France gaulliste et communiste a traduit et fait condamner un nombre considérable de militants bretons tant politiques que culturels, et malheureusement certains ont été passés par les armes. Rappelons, que lorsqu’ils étaient condamnés à mort face au peloton d’exécution, ils ne criaient pas «Heil Hitler» mais «Breizh Atao». Et si l’histoire avait été autre ? Nos militants seraient aujourd’hui des héros, des rues, des places porteraient leurs noms…

En tant que nationaliste breton et indépendantiste, je me suis toujours refusé à condamner ces camarades. J’ai le plus grand mépris pour ceux qui le font et qui sont tous, vous devez vous en douter marxistes et communistes, éternels ennemis d’une Bretagne libre.

La France n’est pas à une honte près... Cette période a laissé des traces, et malgré les tombereaux de mensonges déversés constamment par la bonne presse régionale, entretenant cet esprit de vengeance, le mouvement breton a néanmoins su relever la tête et reprendre le combat contre cet État français englué dans un colonialisme et un impérialisme d’un autre âge.  

AVT_Olier-Mordrel_1724.jpgOlier Mordrel est-il la référence maximale de la pensée nationaliste bretonne ?

Padrig Montauzier : Même si nous ne partageons pas toutes les positions d’Olier Mordrel, il nous faut reconnaître qu’il compte parmi le grand penseur et acteur du nationalisme breton. Ce grand homme a eu cette chance d’être présent et de militer pendant le second conflit mondial, puis après un exil forcé, de continuer à militer et à promouvoir les idées nationalistes bretonnes. Un autre grand homme, que j’ai bien connu et milité avec lui de très nombreuses années, c’est Yann Fouéré. Autre personnage, bien différent d’Olier Mordrel, pas tant sur les idées, mais sur l’approche et sur la façon de les présenter et de les promouvoir. N’oublions pas que Yann Fouéré fut un ancien haut fonctionnaire, ancien sous-Préfet de Morlaix dans le Finistère et donc habitué à une certaine diplomatie… ce que fait de lui un redoutable homme politique. En fait, ces deux hommes se complètent admirablement. Maintenant, d’autres ont écrit, peu il est vrai, mais de grande valeur également. Un grand regret, suite à la mort prématurée, du fait d’une longue maladie, pendant la seconde guerre mondiale de celui que je considère comme le grand artisan du mouvement nationaliste breton et fidèle équipier d’Olier Mordrel, je veux parler de Frañsez Debauvais. Très peu d’écrits malheureusement de sa part et je pense que s’il avait survécu nous aurions eu très certainement une autre version, ou plutôt, une approche différente du nationalisme breton qui aurait été un véritable outil, une véritable arme, pour notre combat de libération nationale.

Malheureusement, dans les années 60-70, le nationalisme breton a été pénétré par le gauchisme, des magazines comme War Raok, que vous dirigez, ou des partis comme ADSAV, dont vous êtes co-fondateur, sont-ils la possibilité de retrouver le véritable sens identitaire du nationalisme breton ?

Padrig Montauzier : Les années 60-70 sont en fait les années du fameux Mai 68 avec ses dérives qui ont gangrené non seulement les milieux politiques mais également toute la société en Bretagne. Le mouvement breton n’a pas échappé au virus gauchiste et a encore, aujourd’hui, bien du mal à en guérir. Cette véritable maladie mentale nous a fait perdre un nombre considérable d’années dans notre combat pour l’émancipation de notre peuple. Notre objectif de militant breton nationaliste est de permettre à la Bretagne de renaître et ce simple objectif dépasse le clivage gauche/droite, clivage que nous revivrons lorsque nous aurons recouvré notre liberté ! Aujourd’hui notre peuple breton est menacé dans son existence même. L’Europe est en proie à une grave crise d’identité, l’image même des peuples est brouillée, le mot nation ne dit plus rien et son sens premier s’efface. Le sentiment d’appartenance n’existe plus que dans la réalité des nations charnelles et dans les aires de vieille culture… Aujourd’hui, la nation s’appelle Bretagne, Flandre, Écosse, Catalogne, Corse, Pays de Galles, Euskadi…

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C’est l’orientation choisie par la revue War Raok, orientation qui refuse tout sectarisme idéologique véritable frein dans notre lutte de libération. Le peuple breton a besoin de propositions qui s’inscrivent dans une démarche de renouveau, de propositions porteuses d’idées fortes mais simples qui permettront demain à notre nation de prendre un nouvel essor dans une Europe nouvelle. Comme dit précédemment, on doit s’écarter et se dégager de tout dogme idéologique, de tout impératif de conformisme et de bienséance politiques qui l’emportent sur les intérêts du peuple breton. Notre démarche résulte d’une prise de conscience nationaliste, de décisions qui nous sont propres car nous ne laisserons jamais à d’autres le soin de nous définir. Nous voulons tout simplement faire entrer notre peuple dans l’histoire en lui rendant la possibilité d’agir pour lui-même et d’être l’acteur de son devenir. Ce qui caractérise notre nationalisme, ce qui nous caractérise c’est que nous envisageons notre lutte pour l’indépendance de la Bretagne comme un appel à certaines attitudes morales, sociales et politiques en rupture totale avec le système colonial qui nous opprime.  

IMMIGRATION

La Bretagne est en train de devenir un lieu d'arrivée massive d'immigrants ces dernières années, avec l'augmentation conséquente de l'insécurité, pensez-vous que le gouvernement parisien utilise consciemment l'immigration pour « dé-bretoniser » la Bretagne ? Que pensez-vous de ces psycho-nationalistes bretons en faveur du «papal pour tous» ?

Padrig Montauzier : Excellente question qui ne s’applique malheureusement pas uniquement à la Bretagne. L’État français utilise bien sûr ce phénomène migratoire, avec le déplacement de ces populations étrangères et extra-européennes, et déstabilise ainsi l’homogénéité ethnique des peuples. Il le fait régulièrement en Bretagne et dans certaines grandes villes bretonnes aujourd’hui on ne sait plus très bien dans quelle partie du monde nous nous trouvons ! Autrefois on déplaçait les populations (régimes communistes), aujourd’hui la façon de faire est différente, plus anodine, mais toute aussi efficace. Mais comme vous le dites dans votre question, certains militants « bretons » acceptent ce procédé mortifère qui menace l’existence même du peuple breton, peuple dont ils se réfèrent et prétendent défendre l’identité !

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De tout temps les déplacements de population ont marqué l’histoire, mais accomplis à l’intérieur d’un vaste ensemble ethno-culturel relativement homogène, ils n’ont jamais affecté la cohésion, ni mis en péril les caractères communs des peuples. La présence de plus en plus massive, en Europe, de populations immigrées extra-européennes est en fait le produit d’un certain système idéologique négateur des spécificités. Il faut également remarquer qu’une immigration massive, comme nous le constatons actuellement, devient obligatoirement une colonisation !

Il nous appartient donc, nous défenseurs des peuples, de refuser ce qui devient une invasion démographique. Les problèmes liés à cette immigration extra-européenne en Europe appellent une solution idéologique favorable à la cause des peuples. Les irresponsables qui prônent la fusion des peuples par idéologie mondialiste font le jeu des puissances d’argent et de la haute finance cosmopolite. Leur ardeur humanitaire masque en fait leurs véritables motivations.

Au même titre que nous, nationalistes et indépendantistes bretons, refusons l’exode des Bretons, nous refusons l’exode immigrationniste dans le reste du monde.

EUROPE DES PEUPLES

Yann Fouéré, un nationaliste breton, a écrit le célèbre livre Pour l'Europe des cent drapeaux qui proposait une Europe fédérale basée sur les patries charnelles.Quelle est votre proposition pour la construction de cette "Europe aux cent drapeaux" ?

Padrig Montauzier : Tout d’abord je voudrais préciser que l’on peut difficilement séparer le combat qui se mène aujourd’hui en Bretagne (ou en Catalogne, en Flandre, en Corse, au Pays Basque, en Écosse...) et le destin de l’Europe. L’Europe que nous voulons bâtir est l’Europe des peuples, l’Europe aux cent drapeaux, aux cent nations... l’Europe ethnique. Dois-je rappeler que la Bretagne est une des plus anciennes nations européennes. L’Europe fait donc partie de notre combat et d’un bout à l’autre de cette Europe des peuples luttent pour leur émancipation et leur libération nationale. De l’un à l’autre, les buts et les moyens varient, mais l’impulsion initiale est la même.

imaempl.jpgCette lutte des peuples, concerne ou concernera tous les peuples européens. Mais comme je le précisais précédemment, cette Europe devra se construire sur des bases ethniques, des peuples-patries… Une Europe européenne. Dois-je vous énumérer les dangers actuels qui risquent de conduire l’Europe à sa perte : l’immigration extra-européenne, l’islam religion guerrière, la menace de certains pays émergents… etc. La situation est aujourd’hui critique car nous sommes plus qu’hier devant un grave danger d’assimilation. Je suis un défenseur et du côté des peuples de culture contre les systèmes massifiants, les complices et les agents du déracinement. A nous d’organiser la résistance, peuples européens. A nous Bretons de participer activement à la construction de cette Europe des peuples qui est en marche. Ce qu’il faut à cette Europe c’est d’abord une vision, un idéal, un souffle nouveau. Cette Europe nouvelle doit bien sûr échapper à toutes tentations impérialistes, centralistes, à tout système unitaire. Elle sera une fédération dont chaque nation sera membre. Ces membres, eux-mêmes États, se gouvernant, s’administrant en toute souveraineté selon leurs propres lois. La Bretagne adhérera librement à ce pacte fédéral et ne déléguera uniquement que ce qu’elle ne pourra gérer seule. A tout moment cependant, elle sera libre de suspendre telle compétence à l’Europe, voire, si la situation l’exige, de se retirer totalement du pacte.

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Enfin, quels sont vos projets culturels et politiques actuels ?

Padrig Montauzier : Actuellement je projet qui me tient à cœur c’est de faire en sorte qu’une revue comme War Raok perdure et devienne un véritable outil pour la cause qui m’anime et qui anime tous les défenseurs des libertés bretonnes. La revue que je dirige doit devenir une référence dans cette résistance de notre peuple face à un État français colonialiste et impérialiste. War Raok, avec plus de 20 années d’existence, œuvre concrètement pour une réelle renaissance bretonne, refuse par les articles traités que le peuple breton se laisse contaminer par des émotions étrangères, émotions préfabriquées, afin de mieux se réapproprier ses propres émotions… celles liées à sa terre, à sa culture, à son histoire, à sa langue, à sa religion et à ses traditions.

wr.jpgIl faut que War Raok continue à diffuser les idées généreuses de liberté, sans complaisance mais avec objectivité et rigueur. Si certains ont peur de leur ombre, se passent eux-mêmes la camisole intellectuelle, nous préférons à War Raok agir pour une véritable renaissance bretonne en évitant surtout de ne pas tomber dans le piège d’une revue contestataire, irresponsable ou extrémiste.

Voilà mon cher Enric.

A galon vat Enric, Bennozh Doue deoc’h kamaladed, ha bevet dieubidigezh Vreizh ha Bro Gatalonia.

vendredi, 26 mars 2021

Le souverainisme gallois, pas plus identitaire que sa version écossaise

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Le souverainisme gallois, pas plus identitaire que sa version écossaise

Les récents sondages effectués dans le Pays de Galles, au nord-ouest de l’Angleterre, démontrent qu’il y aurait un engouement pour l’indépendance. Ils seraient aujourd’hui 40%, particulièrement les jeunes (https://www.theguardian.com/uk-news/2021/mar/04/westminster-warned-as-poll-shows-record-backing-for-welsh-independence), à s’affirmer en faveur d’un tel projet, alors que l’option souverainiste a longtemps stagné sous la barre du 10%. Le contexte y est pour beaucoup; nombreux sont les Gallois qui soulèvent de nombreux griefs face à la gestion pandémique de Boris Johnson et d’ailleurs les travaillistes gallois n’hésitent pas à utiliser cette vague séparatiste pour tenter de négocier un « fédéralisme renouvelé. »

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En tant que tel, le projet de souveraineté est officiellement porté par le Plaid Cymru d’Adam Price, parti dont le programme n’est pas sans rappeler celui des socio-démocrates du Scottish National Party (SNP) ou du Parti québécois (PQ). À l’origine ce parti fondé en 1925 faisait de la défense des traditions et de l’ethnie galloises le point central de son programme, une démarche “volkish” qui le rapprocha idéologiquement d’autres mouvements anticonformistes de l’avant-guerre. Toutefois, il s’est converti dans les années 60 dans la défense d’une souveraineté civique vidée de tout substance. Le parti annonce d’entrée de jeu son adhésion au multi-culturalisme en faisant une profession de foi, qui, bien qu’historiquement pas tout à fait vraie, est sans ambiguïté : « L’idée du Pays de Galles comme une communauté de communautés, unies dans sa diversité, a toujours été au cœur de la mission du Plaid Cymru. » (LIEN).

Exactement comme c’est le cas dans cette constellation séparatiste qui comprend les Écossais, les Catalans, les Basques, les Québécois, les Bretons et tant d’autres.

Ce n’est pas nécessairement que ces peuples ont renié leurs racines ou ne tiennent pas à leur identité, mais plutôt que les élites indépendantistes rejettent toute forme de nationalisme pour adopter une approche mièvre dictée par la rectitude politique. La souveraineté peut donc avancer sans risque de se faire diaboliser. Mais le remède est parfois pire que le mal qu’on veut curer : en renonçant à définir le peuple qu’ont dit représenté, en le limitant à une expression purement géographique, on porte un projet vide. L’indépendance est un projet visant à permettre à un peuple, doté de caractéristiques qui lui sont propres, et non à un territoire, qui n’est sans le peuple qui l’habite qu’une parcelle de terre, au rang de nation souveraine.

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Sans cette prise de conscience, tout rêve souverainiste reste un simple projet de bureaucrate qui espère éviter de dédoubler sa paperasse à deux administrations.

Mais il y aussi le terme souveraineté que ni le SNL, ni le PQ, ni même le Plaid ne définissent réellement. On fait l’impasse sur le « peuple » mais également sur la « souveraineté » comme telle. Car dans les faits, comme l’a fort bien souligné Pierre Hillard, ce que proposent souvent les souverainistes actuels c’est de simplement faire sauter l’administration nationale pour se placer directement sous tutelle des organismes internationaux. Sur ce point il n’a pas tout à fait tort : le SNL et le Plaid sont partisans d’une Union européenne forte et le Parti québécois n’envisage pas de se libérer de la tutelle mondialiste actuelle; il aimerait juste qu’un siège à l’OTAN, à l’ONU et au FMI soit marqué d’un fleurdelysée. La souveraineté en ce sens n’est qu’une déformation sémantique : on recherche dans les faits une gestion plus localisée du mondialisme.

Pour en revenir au Pays de Galles, il est peu probable qu’un référendum soit tenu sur la question à brève échéance. Lorsque la poussière retombera après la pandémie, la balloune indépendantiste risque de se dessouffler, à moins bien sûr que le Plaid ne redonne un moteur à sa cause en lui insufflant un sens profond.

samedi, 20 mars 2021

Irlande: l'Indépendance Inachevée

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Café Noir N.15

Irlande: l'Indépendance Inachevée

IRA, Lutte Armée, Boom Économique et Brexit Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
 
Émission du Vendredi 19 mars 2021 avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed
 
 
LIENS DU SITE ET DES LIVRES MENTIONNÉS
Ça n'empêche pas Nicolas - Blog de Jean Lévy https://tinyurl.com/ynkpmx4m
Avez-vous Compris les Philosophes IV de Pierre Le Vigan https://tinyurl.com/8drhs35y
Forgotten Revolution. The Limerick Soviet 1919 de Liam Cahill https://tinyurl.com/ynm2vuwh
 
EXTRAITS DANS CETTE ÉMISSION
– The Wind that Shakes the Barley. Film de Ken Loach
– The Wind that Shakes the Barley. Chanson de Loreena McKennitt
– Les Obsèques de Bobby Sands
– IRA: Défilé de Pâques à Free Derry en 2017
– You will Never Beat the Irish. Chanson des Wolfe Tones

dimanche, 07 mars 2021

Parution du numéro 60 de la revue War Raok

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Parution du numéro 60 de la revue War Raok

EDITORIAL

Les voies du salut

Toute nation qui ne s’administre pas elle-même connaît inéluctablement une rapide décadence.

Il est vain pour un peuple de lutter si l’on a pas d’abord pris conscience des données fondamentales qui déterminent son aliénation. Nous voulons donner au peuple breton une forme qui empêche sa disparition et permettre son retour à la dynamique de l’histoire. Notre volonté d’émancipation n’est pas un enfermement : elle s’ouvre sur la reconquête d’un espace global, exigence de la géopolitique la plus réaliste. Gardons-nous d’un exclusivisme ethnique mal compris. La légitime préservation de nos caractères ethniques ne doit pas être un repli sur soi-même, même si nous pouvons être séduits par l’expression : « patriotisme ethnique » qui fixe des critères généraux et permet de parler de communauté nationale.

Dans l’Europe actuelle, Europe en pleine mutation, ce sont les nations sans État, les peuples aux droits bafoués, qui sont une nouvelle fois au premier rang des revendications. La rumeur vient d’Écosse, de Catalogne, du Pays Basque, de Flandre, de Corse ou de Bretagne, comme naguère des Pays Baltes ou d’Irlande… Partout renaissent des tensions légitimes qu’on aurait cru éteintes, et la marée des peuples opprimés bat aux portes du vieux continent.

 La Bretagne depuis le traité d’union en 1532 (en fait il ne s’agit nullement d’un traité mais d’un simple acte interne à la France n’ayant aucun effet juridique en Bretagne), et plus encore depuis l’annexion de 1790, en donne un frappant exemple. De par sa position excentrée, la Bretagne n’a jamais offert pour l’État français qui en dispose aujourd’hui, que l’intérêt que l’on accorde à une zone stratégique ou à une colonie.

La nouvelle république française ne s’est jamais préoccupée de favoriser le développement industriel et commercial de ce petit peuple dont elle a rayé le nom de la carte et dont elle affecte d’ignorer l’existence. Son organisation d’essence révolutionnaire, centraliste et unitaire lui interdit de tenir aucun compte des spécificités et des intérêts particuliers de la Bretagne et son statut d’autonomie est de fait aboli unilatéralement par la force et sans le consentement et la participation des Bretons. C’est ainsi qu’un pays jadis des plus riches, à l’époque de sa souveraineté, devient une nation léthargique restée en marge de tout développement et progrès, qu’ont pu atteindre, parce ce que restées maîtresses de leurs destinées, d’autres petites nations comme la Norvège, le Danemark ou encore l’Islande. 

Nous sommes en 2021. Les choses ont-elles évolué ? Je vous répondrai, oui et non.

Non du fait de la France qui poursuit inexorablement sa politique coloniale, qui persiste à enfermer le peuple breton dans une caserne administrative, dans une camisole centraliste, impérialiste et continue à vivre à l’heure napoléonienne.

Oui, parce que les Bretons se sont tournés, non vers le passé, mais vers l’avenir et, depuis maintenant de nombreuses années, ils ont su relever maints défis. La Bretagne peut ainsi s’honorer d’être devenue très compétitive dans de nombreux secteurs d’activités, tant au niveau européen qu’international.

La jeune Bretagne a renoué avec ses racines et est à ce jour fière de son identité. Elle refuse la politique d’assimilation et d’uniformisation de l’État français.

La Jeune Bretagne relève la tête et nombreux sont ceux qui rêvent de République bretonne ! La guérison serait-elle au bout du chemin ?

Voilà, succinctement énoncé, ce que nous, patriotes bretons, voulons, ce que notre peuple est en droit d’exiger pour sa prospérité matérielle, pour son épanouissement intellectuel et moral, au nom de la sagesse politique dont il a toujours fait preuve dans le passé, au cours de mille années d’indépendance et de trois cents ans d’autonomie.

A la France de dire si elle est disposée à donner satisfaction aux aspirations légitimes du peuple breton, ou si elle fait litière de ses beaux principes de liberté qu’elle-même continue à répandre dans le monde...

A la France de dire si nous devons encore avoir le moindre espoir ? La moindre confiance en ce pays qui nous a coûté trop de sang et de larmes.

Nos chers voisins sont-ils enfin disposés à s’incliner devant nos droits ou, si pour demeurer et rester Bretons, seul le divorce reste la solution ? Une chose est certaine, l’Europe des peuples est en marche. Les communautés ethniques relèvent fièrement la tête et amorcent un début de souveraineté.

Da c’hortoz donedigezh ur wir Republik vrezhon…

Padrig MONTAUZIER

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SOMMAIRE N°60

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3 (Padrig Montauzier).

Buan ha Buan page 4

Politique :

Faut-il recommencer les Croisades ? Page 11 (Erwan Houardon).

Billet d’humeur :

Sommes-nous obligés de les croire ? Page 14 (Riec Cado).

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Tradition :

Le symbolisme du sanglier page 16 (Gérard Thiemmonge).

Hent an Dazont :

Votre cahier de 4 pages en breton page 19 (Tepod Mab Kerlevenez hag An Deureugenn).

Tribune libre :

Pour une écologie cohérente et intégrale page 23 (Dominique Baettig).

Histoire de Bretagne :

Les Amazones de la Chouannerie page 25 (Youenn Caouissin).

Environnement :

Agriculture et écologie : cap vers la réconciliation ! Page 28 (Mael Le Cosquer).

Civilisation bretonne :

Le principe féminin, origine primordiale page 31 (Fulup Perc’hirin).

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Nature :

Le héron cendré, le monsieur échasses de nos étangs page 35 (Youenn Caouissin).

Lip-e-bav :

Le gâteau nantais et gâteau à la peau de lait page 37 (Youenn ar C’heginer).

Keleier ar Vro :

Na stok ket ouzh ma c’hroaz page 38 (Meriadeg de Keranflec’h).

Bretagne sacrée :

Les Roches du Diable page 39 ( Per Manac’h).

lundi, 07 décembre 2020

WAR RAOK n°59

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WAR RAOK n°59

Sommaire:

Buhezegezh vreizh page 2 (Michel Lugaid).

Editorial page 3 (Padrig Montauzier).

Buan ha Buan page 4 (Tepod Mab Kerlevenez, Meriadeg de Keranflec’h).

Politique

La barbarie n’épargne jamais rien... page 8 (Erwan Houardon).

Billet d’humeur

La République française : arme de destruction massive page 11 (Riec Cado).

Écologie

La protection de notre littoral page 14 (Mael Le Cosquer).

Tradition

Le corbeau dans les traditions indo-européennes page 17 (Alberto Lombardo).

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19 (Donwal Genvenez).

Tribune libre

L’ineffable beauté de notre combat page 23 (Valérien Cantelmo).

Histoire de Bretagne

Il y a 150 ans, l’enfer du Camp de Conlie page 25 (Camille Le Mercier d’Erm).

Environnement

Entre spoliation et artificialisation des terres bretonnes page 28 (Erwan Houardon).

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin page 31 (Fulup Perc’hirin).

Nature

“Courte queue”, le chat sauvage page 35 (Youenn Caouissin).

Lip-e-bav

Raie rôtie au lard page 37 (Youenn ar C’heginer).

Keleier ar Vro

Réunification de la Bretagne page 38 (Meriadeg de Keranflec’h).

Bretagne sacrée

Le Mont-Dol, un mont de légendes page 39 (Per Manac’h).

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EDITORIAL

Le nationalisme : exaltation du sentiment national mais également volonté d’émancipation d’un peuple, son droit à disposer de lui-même

Dans un de mes anciens articles je ne boudais pas mon plaisir à mentionner cette petite phrase : « faisons lever une moisson d’espérance aux couleurs du nationalisme breton ».

Il n’est pas dans mon intention de donner ici un cours de philosophie politique, je n’en ai pas les compétences mais surtout j’ai toujours eu une autre préférence : l’action. Toutefois, la jeune génération de militants bretons a besoin de solides repères, de jalons afin de ne pas céder aux chants des sirènes et ainsi de ne pas déserter le terrain idéologique émasculé par des idéologies du déclin. 

Comprendre le monde, réfléchir, élaborer des solutions requière de connaître le sens des mots. Le terme nationaliste, si décrié, si galvaudé, est pour nous Bretons un ingrédient nécessaire à la libération de notre peuple privé de ses droits nationaux.

Mais d’où vient cette opposition entre patriotisme et nationalisme ? Qui a intérêt à entretenir cet antagonisme qui naît en réalité des usages successifs qui ont été faits de ces termes tout au long de l’histoire ? Opposer patriotisme et nationalisme est un lieu commun du discours politique. Le patriotisme, notion méliorative et affective, serait l’amour de son pays, une conception ouverte de sa patrie, la volonté désintéressée de la servir et de la promouvoir. Le patriotisme serait ouvert et inclusif. A contrario, le nationalisme, notion péjorative, serait une doctrine agressive, un amour exalté de la patrie qui dégénérerait en impérialisme... Le nationalisme serait par définition fermé et exclusif.

Les oligarques qui œuvrent, depuis des dizaines d'années, à diaboliser le concept même de nationalisme, au motif spécieux que ceux qui se déclareraient nationalistes seraient prétendument des nostalgiques du fascisme ou du IIIème Reich, développent avec habileté un sophisme de culpabilité par association, technique fallacieuse qui consiste à tenter de décrédibiliser l'adversaire en prétendant qu'il serait semblable à quelqu'un, ou à quelque chose, de détestable sous le prétexte qu'il en partagerait une caractéristique. Il est remarquable que ces mêmes oligarques n'ont aucunement cherché à diaboliser de la même façon le concept de communisme.

 

« En situation de crise, la première chose à faire est de redonner aux mots leur véritable sens »

(Confucius) 

 

Balayons d’un revers de main et jetons aux oubliettes la stupide et ridicule phrase imputée par erreur à un célèbre général français et dont l’auteur est en fait le romancier Romain Gary : « Le patriotisme c’est l’amour des siens…. le nationalisme, c’est la haine des autres ». Un autre imbécile s’était quant à lui autorisé à déclarer devant le parlement européen : « Le nationalisme, c’est la guerre ». (François Mitterrand 17 janvier 1995).

Pour nous militants bretons, le nationalisme, c’est avant tout la volonté du peuple breton à disposer d’un État souverain. La souveraineté étant de fait consubstantielle à l’État, être souverain signifie donc être maître chez soi, mais être maître chez soi nécessite d’avoir un chez soi, cela semblerait être une lapalissade mais il est, pour nous Bretons, impératif de le souligner.

Notre nationalisme, c'est la volonté politique de pouvoir vivre dans sa patrie, autrement dit dans sa nation, d'y être maître, ce qui implique de ne pas être sous la tutelle d’un pouvoir politique dirigé par un État étranger, en l’occurrence l’État français, sans sous-estimer la politique néfaste de l’Union européenne, véritable courroie de transmission des nouvelles oligarchies.

Les Bretons, depuis la perte de l’indépendance de leur patrie, cherchent à être les sujets, les maîtres de leur destin. Ils choisissent de mettre en avant telle ou telle facette de leur identité, cette identité bretonne forte et ancrée, pourtant persécutée et stigmatisée, qui a dû répondre à de si nombreuses attaques de la France ne désirant que l’effacer, la nier, et qui pourtant revient toujours comme le mouvement incessant des vagues s’étalant sur les plages bretonnes. Et étant donné qu'une identité forte est une condition nécessaire à la souveraineté d'une nation, le nationalisme s’impose naturellement comme la défense simultanée de la souveraineté et de l'identité. Ainsi, pour nous Bretons, patriotisme et nationalisme doivent inévitablement marcher main dans la main.

Je vous souhaite à tous un joyeux Noël et une bonne année 2021.

D’an holl ac’hanoc’h e hetan un Nedeleg laouen hag ur Bloavezh mat 2021.

Padrig MONTAUZIER

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vendredi, 18 septembre 2020

Histoire celtique: la bataille de Culloden

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Histoire celtique: la bataille de Culloden

par J. Le Bouter

Ex: https://www.breizh-info.com

Ultime dénouement des guerres jacobites, c’est le 16 avril 1746 que s’affrontèrent les derniers clans fidèles aux Stuarts et les soldats du roi Georges II de Hanovre. 

La bataille de Culloden mit fin à toute velléité des Stuarts sur le trône d’Écosse et d’Angleterre. Cette cruelle défaite eut de graves conséquences sur le mode de vie des Highlands, des clans et de l’ensemble de leurs traditions. 

Culloden met un point final aux guerres jacobites. De la Glorieuse révolution à la bataille de Culloden, c’est plus d’un demi-siècle d’insurrections et de répressions qui marquèrent au fer rouge l’Histoire écossaise.

Les défaites jacobites successives eurent bien sûr des conséquences sur la crédibilité militaire des souverains Stuarts, bien pleutres et maladroits, mais également sur la souveraineté des clans de cette partie de l’Écosse.

Les représailles et règlements de compte, comme le massacre de Glencoe en 1692 (War Raok N°55), alimentèrent rancœurs et querelles provoquant les insurrections de 1715, 1719 et 1746. Ils furent, dans le même temps, le terreau fertile du nationalisme écossais du XIXe siècle faisant de ce pays vaincu et morcelé, une nation forte et unie.

Le baroud d’honneur

C’est le fils du vieux Jacques III, Charles Edouard Stuart, « Bonnie Prince Charlie », qui prend la relève du mouvement jacobite dans les années 1740. Jeune prince énergique, celui-ci gagne le respect des chefs de clans par sa fougue au combat et sa détermination. Malheureusement, sa jeunesse, son manque d’autorité ainsi que le faible soutien de Louis XV le conduisent à une succession de défaites… La dernière d’entre elles se déroule à Drumossie, près de Culloden, le 16 avril 1746.

Le Duc William de Cumberland, deuxième fils du roi d’Angleterre, prend la tête de l’armée en charge de contrer les rebelles réfugiés dans le nord de L’Écosse. 12 000 tuniques rouges lourdement armées, firent face à 8 000 jacobites épuisés par de longues marches dans les montagnes, essentiellement équipés de courage et d’épées.

Le combat ne dure que quelques heures. Les rebelles tombent en nombre. Décimés et en désordre, leur tactique bien connue de l’assaut sabre au clair ne surprend plus l’artillerie anglaise : c’est un désastre. Les rescapés prennent alors la fuite se terrant dans les montagnes et les villages environnants. Malgré la défaite, les clans rebelles qui avaient répondu à l’appel du Prince Stuart marquèrent l’histoire par leur courage et leur bravoure pour une cause perdue d’avance. MacDonald, Cameron, Stewart de Lochaber, Glengarry, Moidart, Appin… chacun de ses patronymes est inscrit à jamais dans le granit des stèles commémoratives qui hérissent le champ de batailles.

On estime 1 200 les morts chez les Highlanders contre seulement 350 soldats hanovriens. Mais le pire reste à venir…

L’épuration

Cumberland, à juste titre surnommé le boucher de Culloden, laisse ses troupes de soudards terminer le travail. Nombre d’entre eux étaient des mercenaires allemands et des anglais recrutés dans les bas fonds de la société. Des détachements punitifs sont envoyés dans les Glens pour pourchasser les derniers Jacobites, brûlant systématiquement toutes les habitations soupçonnées d’abriter un fuyard.

Afin d’éviter de nouvelles réactions hostiles au gouvernement, une véritable épuration s’instaura les années suivantes avec la déportation des derniers rebelles vers les Antilles, et les Amériques.

Les réfractaires aux nouvelles mesures prohibant les armes et les coutumes particulières des Highlands sont jugés sommairement, exécutés ou bannis. Les terres sont, quant à elles, confisquées par la couronne.

L’ « Act of Proscription » de 1746-1747 modifia définitivement la société clanique. Les spécificités seigneuriales des Highlands sont abolies, les places fortes sont désarmées. Cet acte contenait également une clause pour le moins arbitraire… l’interdiction de porter le costume traditionnel des Highlands ! L’armée reçut l’ordre de faire comparaître les contrevenants directement en kilt, devant un magistrat, afin de les convaincre de leur culpabilité.

Les bardes gaéliques glorifiaient « les plis gracieux du tartan » et certains réfractaires « aux braies des Lowlands » déambulaient fièrement avec leurs tartans au bout d’un bâton sur l’épaule pour contourner la loi et défier le gouvernement !

La fuite

Qu’en est-il du prétendant Stuart ? Sa fuite rocambolesque est bien connue. Une jeune jacobite, Flora MacDonald, le déguisa en servante pour rejoindre l’île de Skye puis la France.

Des chansons relatent cet acte patriotique de la jeune femme des îles Hébrides, faisant d’elle une héroïne nationale. Il est également à noter qu’aucun de ses compatriotes n’a dénoncé le Prince durant sa cavale… malgré une récompense de 30 000 livres, qui, en pleine période de famine et de privation en aurait mis plus d’un à l’abri du besoin.

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Diderot écrira : « Le Prétendant, que les Anglais ont chassé de montagne en montagne comme une bête féroce, a trouvé la sûreté dans les cavernes de ces malheureux montagnards, qui auraient pu passer, en le livrant, de la plus profonde misère à l’opulence, et qui n’y pensèrent seulement pas. Je ne crois pas que vous puissiez trouver une meilleure preuve de la bonté naturelle de l’humanité ».

Plus que de l’humanisme, c’est du patriotisme !

Bien qu’enthousiasmant pour les nationalistes bretons, il ne faudrait pas avoir une vision manichéenne de ces révoltes. Ce n’est absolument pas l’Écosse, nation unie face à impérialisme britannique qui se bat pour sa souveraineté !

Nous retrouvons des Écossais des Lowlands dans les rangs orangistes et aussi des clans des Highlands aux côtés du roi hanovrien. Ces guerriers en kilts s’affrontent entre frères et voisins dans des guerres intestines, comme ils l’ont toujours fait. Les clans « gouvernementaux » vont d’ailleurs en récolter les fruits. Certains seront à l’origine de la création des régiments d’élites britanniques qui s’illustreront, en kilt et avec bravoure, dans les guerres à venir pour l’Union Jack.

Enfin, les répressions politiques et culturelles des Anglais sur l’Écosse insurgée, bien que brutales, furent bien moins mortifères et destructrices que le jacobinisme français que nous connaissons si bien. Si l’Écosse existe toujours, si elle n’est pas qu’un résidu de régions administratives dépouillées, c’est qu’elle n’a jamais été happée par le centralisme à la française ! La brutalité anglaise a renforcé leur identité alors que la sournoiserie française l’aurait effacée. Ce qui rend assurément la francophilie de certains de nos cousins d’outre-Manche d’autant plus agaçante !

J. Le Bouter pour la revue War raok (pour s’abonner c’est ici).

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

mercredi, 26 août 2020

War Raok n° 58

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EDITORIAL:

La victoire de l’audace  ! 

«  La passion doit céder parfois à la raison, lorsque l’on veut réellement atteindre le but que l’on s’est assigné...  ».

Cela ne signifie nullement l’abandon de nos idées, de nos convictions, mais la situation en Bretagne est arrivée à un tel degré qu’il nous faut envisager une stratégie nouvelle, une stratégie d’alliance et d’union avec l’ensemble du mouvement national breton. 

Certains, idéologues sectaires, considèrent que l’union nationale est un classique de la rhétorique politique, une expression magique qui, à chaque crise grave, revient comme une arlésienne. C’est, chaque fois, la même musique... Ils font fausse route et négligent que dans le cadre de la Bretagne il ne s’agit pas d’une simple crise, il s’agit d’une lutte de libération nationale, d’une lutte pour l’émancipation d’un peuple… Cette notion unanimiste consiste à considérer que, pour un temps, ce qui nous rassemble est au-dessus de ce qui nous divise et doit requérir deux principales conditions : qu’il existe un ennemi bien identifié et qu’elle s’inscrive dans un horizon temporel bien défini.

Alors oui cette union est plus nécessaire que jamais, mais il n’y a d’union réellement féconde que sur des principes et fondements certains. Il n’y a d’union digne d’être recherchée et voulue que celle qui ne se fait pas pour un jour, mais pour toujours. De même, il ne peut y avoir unité sans action ou alors elle n’est qu’une banale farce ou duperie et nous n’avons aucun goût pour participer à un rassemblement de pure forme.

Les enthousiasmes les plus ardents, les meilleures volontés ont beau s’unir, s’il ne s’agit que de doctrines, d’idéologies, de plans douteux… les plus belles flammes s’éteignent et ne laissent subsister qu’un peu de cendre froide. La plupart des militants nationalistes bretons sont animés d’un enthousiasme à la fois passionné, exalté et d’une volonté sincère de réaliser le bonheur du peuple breton. La plupart de ces hommes et femmes sont également des militants de valeur et tous ou au moins presque tous ont de toute évidence l’esprit et le cœur frappés comme d’une espèce d’illumination par le terrible sort fait au peuple breton par une république française s’arc-boutant sur un colonialisme d’un autre âge.

L’union nationale, le rassemblement de bonnes volontés, qui ne sont pas seulement valables par ce qu’ils sont, mais aussi par ce qu’ils représentent de possibilités pour la nation bretonne, doivent être une chose vraie. Une union nationale, qui associerait pour un temps les bonnes volontés et laisserait de côté les intérêts partisans au profit de l’intérêt général, doit être une véritable arme que nous devons brandir plus hardiment que jamais. La tâche qui reste à accomplir n’est pas insurmontable. Les militants bretons ont assez de caractère, de détermination en eux-mêmes et s’il leur en manquait, ils les puiseraient dans le souvenir de leurs héros, pour ainsi faire face aux dangers des nombreux ennemis de l’émancipation de notre peuple et aux bassesses mesquines de l’État français.

Pobl vreizh n’eo ket marv koulskoude c’hoazh, met war-nes mervel emañ* 

La mise sur pied d’une authentique union nationale doit, pour tous les défenseurs des libertés bretonnes, être salutaire et c’est pourquoi, plus résolu que jamais à l’union dans le combat et pour une action précise, tout patriote breton doit prendre conscience que la libération de la Bretagne dépend du succès d’une telle expérience. Nos amis Corses ont bien compris la nécessité de s’unir malgré leurs divisions.

Cette tâche, ce véritable espoir pour la Bretagne et pour son peuple, doit être la plus belle mais aussi la plus efficace de toutes celles qui nous sont imparties. Nous devons la mener à bien et assurer sa pleine réussite. De sa réalisation dépend pour la plus grande part l’avenir de la nation bretonne et du peuple breton.

Peut-être est-il temps de changer d’état d’esprit ?

Padrig MONTAUZIER

* Le peuple breton n’est pas encore mort, mais il est sur le point de mourir.

Sommaire War Raok n° 58

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Terre d’Europe

Les coutumes des peuples de Russie page 12

Politique

Covid-19, muezzin et Le Camp des Saints page 14

Histoire de Celtie

La bataille de Culloden page 18

Billet d’humeur

Et si l’on arrêtait de stigmatiser les extraterrestres ! Page 20

Tribune libre

La guerre sociale qui vient page 22

Identité bretonne

Bretagne : la vie des paysans jadis page 24

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 25

Europe

Pourquoi nous combattons page 33

Écologie

L’écologie vue de droite page 35

Géopolitique

La Russie de Poutine page 37

Histoire de Bretagne

Cadoudal : l’attentat de la rue Saint-Nicaise page 39

Environnement

Un environnement sain : un atout majeur pour la Bretagne page 43

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin page 45

Nature

Les pics, des percussionnistes agréables à entendre page 47

Lip-e-bav

Potée bretonne version quimperoise page 49

Keleier ar Vro

Pardons bretons et troménies, patrimoine culturel page 50

Bretagne sacrée

Le château de Trécesson page 51

samedi, 30 mai 2020

El Legado Celta en Galicia

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El Legado Celta en Galicia

 
 
Una ambiciosa producción que da a conocer la singular cultura de los castros gallegos, aborda la historia del noroeste de la península ibérica desde la época megalítica hasta la romanización de la cultura castreña.
 
 

samedi, 25 avril 2020

War Raok fête ses 20 ans !

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EDITORIAL

Ugentvet bloavezh, deiz ha bloaz laouen War Raok  !

War Raok fête ses 20 ans !

Dans un paysage médiatique contemporain largement dominé par un journalisme de révérence, mou et fade, discipliné, docile et bienveillant, il est toujours utile de rappeler qu’un autre rapport à la presse existe. Si cette dernière est très massivement diffusée et subventionnée, une réappropriation de la parole s’impose et ne doit pas rester uniquement le fait de quelques locomotives isolées.

De plus en plus des voix s’élèvent pour dénoncer les dérives et les perversions de cette presse gangrenée, ces médias et leur collusion, souvent trouble, avec le pouvoir en place, sans oublier la main mise des puissances d’argent, ou encore la connivence de nombreux journalistes avec les milieux politiques. De toute évidence ces journalistes ne sont pas prêts à faire leur mue ! La presse mainstream à l’impartialité plus que douteuse, aux manipulations multiples et constantes, manipulations proportionnelles à l’importance des enjeux politiques, aux faits inexacts, aux analyses sans grande pertinence… ne remplit plus sa mission d’intérêt général. Elle peut toutefois exprimer sa subjectivité, mais celle-ci ne doit en aucun cas prendre le pas sur la justesse de l’information ni s’exercer au détriment des lecteurs.

Sans langue de bois… ni de velours  !

A l’heure où les convergences économiques des titres se traduisent en convergence idéologique, le fameux positionnement consensuel du plus petit dénominateur commun permettant de ne pas heurter la sensibilité politique des lecteurs, War Raok fait, sans aucun doute, figure d’exception. Dans un paysage médiatique en voie d’unification accélérée, nous nous permettons le luxe d’une voix dissonante, dissidente et d’une liberté de ton devenues rares. Depuis 20 ans, la revue War Raok s’efforce de développer une communication différente de celle produite par les médias institutionnels en Bretagne, différente du fait d’analyses spécifiques sciemment occultées par les médias aux ordres, qui enrichissent nos réflexions sur de très nombreuses thématiques. 

Aujourd’hui, il serait absurde d’estimer que les médias ne jouent aucun rôle dans la formation des opinions. Dès lors que les informations sont orientées, que les idées ne sont plus diffusées que de manière confidentielle, elles deviennent naturellement moins légitimes. War Raok n’est pas uniquement une revue d’opposition même si elle dénonce l’attitude scandaleusement partisane des médias officiels. Elle est principalement porteuse d'un projet pour la Bretagne, d'une finalité sociale, politique, culturelle et économique. Soucieuse d’informer dans les meilleures conditions ses lecteurs, War Raok a pour essentiel but de permettre aux Bretons, à ce petit peuple celte, de sortir de l'état passif dans lequel le confinent les médias de masse en Bretagne. Elle instille un bol d’air frais, un parfum parfois irritant ou suave selon certains, elle secoue la « pâte molle et insipide » du paysage médiatique dans lequel la presse libre n’existe plus guère.

La survie de publications dissidentes, qui refusent d’être soumises à la dictature du politiquement correct, n’est possible que grâce à la fidélité des abonnés, des lecteurs et au travail souvent bénévole d’une équipe fiable et déterminée.

Soutenir War Raok, c’est soutenir une revue bretonne indépendante et libre, c’est défendre une certaine conception de l’information, de la liberté d’opinion pilier de toutes les libertés. Mais soutenir War Raok    c’est peut-être surtout renforcer le pluralisme des médias en Bretagne et donc, in fine, le pluralisme politique et la démocratie avec cette précision fondamentale que la démocratie, ce n’est pas obligatoirement le nombre, mais plutôt l’originalité.

Nous avons besoin de vous pour continuer à exercer ce regard critique et objectif qui, loin d’être un obstacle à la démocratie, ne peut que la stimuler. Merci de votre soutien !

Trugarez deoc’h en araok.

Padrig MONTAUZIER directeur de publication

et toute l’équipe de War Raok.

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SOMMAIRE WAR RAOK N° 57

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Politique 

Actualités de cendres et de haines... page 12

Europe 

Migrants en Allemagne : la situation est-elle maîtrisable ? Page 15

Billet d’humeur

Mieux se nourrir page 17

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19

Tribune libre

Le conservatisme, une vision politique à reconquérir page 23

Identité bretonne

La fin des accents ? Page 25

Histoire de Bretagne

La très ancienne coutume de Bretagne page 27

Environnement

Les zones humides capitales pour la biodiversité page 29

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin page 32

Nature

Mais faites donc taire tout cela ! Page 35

Lip-e-bav

Coq au cidre et aux pommes page 37

Keleier ar Vro

Dalc’homp soñj Markiz Pontkallek page 38

Bretagne sacrée

La chapelle de Languidou page 39.

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samedi, 18 avril 2020

Littératures et nationalités de combat

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Littératures et nationalités de combat

Par Pieter Jan Verstraete

Jelle Krol, Frison de cœur et de tripes, collaborateur au « Tresoor », a passé récemment une thèse de doctorat, qui est remarquable, et sur laquelle je souhaite attirer l’attention de mes lecteurs. Le « Tresoor » à Leeuwarden, capitale de la Frise néerlandaise, est, dans une certaine mesure, l’équivalent de la Maison des Lettres AMVC en Flandre.

L’objectif premier de la thèse de Krol est de situer les littératures produites par les minorités ethno-linguistiques dans la période qui a immédiatement suivi la première guerre mondiale et qui ont été exprimées par des écrivains qui se posaient comme les dirigeants politiques de minorités linguistiques auxquels ils s’identifiaient. Il aborde des auteurs tels Douwe Kalma (1896-1953), Frison, Saunders Lewis (1893-1985), Gallois, Hugh MacDiarmid (1892-1978), Ecossais, et Roparz Hemon (1900-1978), Breton.

Avant-Garde

Pendant la première guerre mondiale, le Président américain Woodrow Wilson avait annoncé que des nations sans langue jusqu’alors officielle allaient recevoir l’autonomie. Après la guerre, la carte de l’Europe avait pris un tout autre aspect. Si on la compare à celle d’avant 1914, on constate que le nombre d’Etats souverains avait augmenté d’environ un tiers. Des langues qui, auparavant, n’avaient aucun statut, sont devenues en 1918, des langues d’Etat, comme notamment le Polonais et le Slovaque. L’Islande avait obtenu un plus grand degré d’indépendance et l’Irlande (moins l’Irlande du Nord) était devenue une république indépendante.

Conséquence du débat public sur l’auto-détermination des minorités ethno-nationales, les sentiments propres au nationalisme culturel se sont intensifiés pendant l’entre-deux-guerres. Ces sentiments se sont exprimés tant et si bien que de jeunes écrivains d’avant-garde, partout en Europe, surent capter l’attention des lecteurs et des auteurs de langues majoritaires pour les littératures des langues minoritaires et, par suite, de créer de la sorte un espace plus indépendant pour leur propre littérature. Ces écrivains d’avant-garde se percevaient comme les leaders d’une nouvelle vague, au seuil de temps nouveaux. En tant que disciple de la spécialiste française ès-littératures comparées, Pascale Casanova, Jelle Krol pose ces littératures des langues minoritaires comme des « littératures de combat ».

Avec acribie, Krol explore la vie et l’œuvre des quatre auteurs ethno-nationalistes mentionnés ci-dessus, sans perdre de vue le contexte politique, socio-économique et religieux de leurs régions respectives. Les auteurs sélectionnés par Krol sont des contemporains, tous nés dans la dernière décennie du 19ème siècle. Il les décrit comme des littérateurs de premier plan, qui ont vigoureusement stimulé l’usage de leurs langues (le frison, le gallois, le breton et l’écossais), en démontrant qu’elles pouvaient exprimer des valeurs intellectuelles et culturelles de haut niveau. On les comparera à nos flamingants d’avant la première guerre mondiale qui ont su prouver à leurs détracteurs que la langue néerlandaise était aussi une langue scientifique (notamment dans le cadre de la lutte pour faire ouvrir une université de langue néerlandaise).

L’idée de la Grande Frise

KALMA.jpgDouwe Kalma opposait l’idée d’une Grande Frise à celle d’une Grande Néerlande, en exprimant de la sorte les liens, qu’il ressentait comme réels et charnels, entre les Frisons des Pays-Bas et ceux de Frise septentrionale et de Frise orientale qui vivaient sous les administrations allemande et danoise. Simultanément, il plaidait pour une Grande Frise qui aurait eu pour fonction de faire pont entre la Scandinavie et l’Angleterre, afin de lier des peuples qui, selon lui, étaient très proches depuis longtemps et qui présentaient certaines affinités mentales. Pour pouvoir donner forme à cette fonction de pont, la Frise, selon Kalma, devait réclamer une plus grande autonomie ; il fallait, pour cela, que ses compatriotes soient culturellement structurés.

Inspirés par la lutte pour l’indépendance irlandaise, Saunders Lewis et Hugh MacDiarmid insistaient sur la nécessité de promouvoir des changements politiques et des réformes culturelles, notamment au niveau de l’enseignement. En 1925, Lewis participe à la fondation du « Plaid Genedlaethol Cymru » (le Parti National du Pays de Galles) ; en 1928, MacDiarmid devint l’un des fondateurs du « National Party of Scotland ».

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Saunders Lewis.

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Hugh MacDiarmid.

Roparz Hemon, au contraire, pensait qu’une Bretagne plus autonome ne pourrait être concrétisée que si les Bretons se donnaient la peine de parler la langue bretonne, au-delà des cercles familiaux et religieux. Il croyait surtout que si la Bretagne devenait davantage bretonne sur les plans de la langue et de la culture, elle finirait par acquérir tout naturellement une plus large indépendance.

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Roparz Hemon.

En langue anglaise

Chacun de ces quatre auteurs, dans sa propre sphère linguistique, s’est avéré comme critique radical, qui exigeait une plus ample reconnaissance de sa langue. En même temps, ils incitaient leurs collègues écrivains à créer une littérature de haut niveau dans leurs langues minoritaires. Leur attitude combattive pourrait s’expliquer par leurs sentiments meurtris qui les auraient conduits à une ferme détermination : celle de se consacrer entièrement à leur mission. Chez ces quatre hommes, la minimisation ou, parfois, le mépris à l’endroit de la langue de leurs parents et de leurs ancêtres, ont constitué, consciemment ou inconsciemment, l’élément moteur de leur engagement.

Ils se posaient comme des dirigeants appelés à parfaire une mission. Indépendamment les uns des autres, ces quatre écrivains ont formulé plus ou moins le même objectif : ils voulaient que l’on déplace le foyer nodal de la civilisation des centres du pouvoir vers les périphéries. Ils avaient tous quatre conscience que le chemin vers ce noble but serait parsemé d’embûches et de défis. Leurs langues étaient toutefois davantage associées à la tradition et à la simplicité plutôt qu’à l’innovation et à la modernité.

Finalement, ces quatre écrivains étaient tous convaincus que leur langue et leur culture pouvaient jouer un rôle significatif dans l’après-guerre de 1918, non seulement dans leurs environnement réduit mais aussi  à un niveau plus vaste, sur le plan international. Ils ont réussi à donner plus de respectabilité à leur littérature. Ces quatre militants linguistes plaidaient aussi pour une large autonomie culturelle, pour le maintien de leur identité et pour une autonomie de leurs régions.

J’ai esquissé ici les lignes de force de la thèse du Dr. Jelle Krol. Cette thèse recèle toutefois un grand désavantage : elle est écrite en anglais (avec seulement un résumé en néerlandais à la fin). C’est devenu la règle dans les universités aux Pays-Bas.

Hélas, cette tendance à l’anglicisation devient aussi de plus en plus fréquente dans les universités flamandes. Je ne sais pas si cette thèse paraîtra un jour en néerlandais, en frison, en gallois, en écossais ou en breton. Quoi qu’il en soit, elle constitue un solide dossier, fourmillant de points de vue originaux, qui devraient intéresser nos lecteurs.

Pieter Jan Verstraete.

(ex : ‘t Pallieterke, 20 septembre 2018).

Jelle Krol, « Combative Minority Literature Writers in the Aftermath of the Great War », Groningen, Rijksuniversiteit Groningen, 2018. 408 pages, ISBN-978-94-60016-51-6.

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vendredi, 17 avril 2020

War Raok n°55 & 56

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War Raok n°55 & 56

EDITORIAL War Raok n° 55

La fidélité à notre Terre et à notre peuple

Le nationalisme breton, si présent et offensif il y a encore peu et plutôt timide en ces temps de grande perturbation, doit reprendre toute sa place, s’affirmer et ainsi combattre les tentacules de cette République française jacobine et coloniale. Il doit également s’opposer de façon drastique aux partisans et aux adeptes de l’uniformisation de l’Europe et de la dissolution des spécificités ethniques dans un horrible mélange artificiel universaliste.

Il faut renverser cette utopie destructrice des peuples et des communautés ethniques ainsi que cet ordre marchand qui menace nos cultures et combat nos aspirations à une vie nationale propre. Le peuple breton, mon peuple, deviendrait-il un peuple sans fierté, un peuple timoré et soudainement frileux qui a honte de sa langue, de sa culture, de son identité… qui n’a pas le courage d’affirmer sa propre souveraineté et d’édifier enfin son propre État, sa propre République ?

Est-il nécessaire de rappeler, encore une fois, que nos droits de peuple sont bafoués mais également que notre propre culture, notre propre identité sont menacées. Cette culture bretonne et celtique, riche et unique, est notre meilleur rempart contre ceux qui souhaitent la dissoudre et créer ainsi une uniformisation criminelle. C’est, pour nous, militants et patriotes bretons, une véritable barricade contre une éventuelle mort culturelle.

Aucune nation ne naît multiculturelle. Le multiculturalisme est une situation artificielle autant que malsaine qui ne peut affecter que les sociétés en déclin général. Une société multiculturelle porte au plus profond d’elle les germes d’une future destruction nationale.

Le mouvement national breton qui lutte contre la politique coloniale de l’État français ne doit pas ignorer que d’autres maux, tout aussi mortifères, menacent l’existence même du peuple breton. Les méthodes sont multiples : violentes, brutales avec déplacement de populations, mais aussi plus fourbes et perfides qui consistent tout simplement à remplacer un peuple progressivement par l’arrivée massive de populations étrangères. Aujourd’hui la méthode préférée et choisie est celle du métissage, ce métissage que certains, (à gauche principalement, mais à droite également sans oublier les traîtres en soutane et les déclarations répétées du Vatican en faveur des migrants), considèrent comme une réalité indéniable et une véritable réponse à la crise démographique des nations occidentales... Pire, les irresponsables qui prônent la promotion de la mobilité universelle et du multiculturalisme et déclarent ouvertement qu’à l’heure de la mondialisation les migrations sont des facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable, ne sont pas uniquement des irresponsables mais des criminels en puissance. Pitoyable cette vision surréaliste vantant un enrichissement humain et culturel ! Cette “culture de rencontre”, cette perception du monde où l’invasion migratoire actuelle constitue l’horizon vital de l’humanité, non seulement nous la réfutons mais nous la rejetons catégoriquement.

Notre rôle de militant politique breton est de donner un éclairage indispensable pour dissiper la pénombre qui rend aveugle notre peuple atteint malheureusement de cécité du fait des mensonges diffusés, répandus et imposés par la bonne presse et sa propagande immonde, par les petits “flics” de la pensée unique, par une oligarchie décadente, sans omettre les manipulations de cet État français, notre geôlier, aux funestes projets de destruction des peuples qu’il embastille. Il nous appartient de résister à cet avenir crépusculaire, de combattre pour un destin nouveau et la sauvegarde de notre Bretagne. Les Bretons ont le devoir sacré de conserver leurs racines, leurs traditions, leur civilisation… leur identité et de transmettre à leurs enfants le magnifique héritage reçu de leurs ancêtres. Pour conclure, je reprendrai cette célèbre phrase de Friedrich Hegel : “L’erreur la plus fatale pour un peuple est d’abandonner ses caractères biologiques”. Aussi complétons sans condescendance l’intitulé de cet éditorial : “Notre foi : la fidélité à notre terre, à notre peuple... à notre sang”.

Padrig MONTAUZIER

SOMMAIRE N° 55

Buhezegezh vreizh

Editorial

Buan ha Buan

Société

Greta Thunberg, nouveau conte pour Occidentaux invertébrés – page 11

Religion

Quand un cardinal africain défend l’identité de l’Europe – page12

Musique

Da Anaon eo aet Yann-Fañch Kemener – page 16

Billet d’humeur

Non à l’idéologie du métissage généralisé – page 18

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton – page 19

Histoire de Celtie

Mort Ghlinne Comhann / Massacre de Glencoe – page 24

Histoire de Bretagne

Institutions bretonnes et classes sociales au XVe siècle – page 25

Environnement

Les effets de la pollution environnementale – page 28

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin – page 32

Nature

Nous avions un ami, pourtant, ce n’était qu’un petit chien... – page 35

Lip-e-bav

Queue de lotte à l’armoricaine – page 37

Keleier ar Vro

Prezegenn Loig Kervoas e Koad-Kew 2019 – page 38

Bretagne sacrée

L’art breton à la fin du Moyen Âge – page 39

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EDITORIAL War Raok N° 56

Un peuple faible est un peuple soumis !

L’année 2019 va s’achever dans quelques jours dans un désordre général qui ronge depuis maintenant tant et tant d’années notre vieille Europe. Pourquoi les peuples européens sombrent-ils de plus en plus dans une dégénérescence, une déchéance voire un déclin qui semblent inéluctables ?

Le mal s’est tellement immiscé dans l’ensemble de nos sociétés qu’il semble qu’il n’y ait plus aucun recours pour un véritable redressement. Personnellement je ne peux pas et ne veux pas céder au pessimisme ambiant et je pense que nous devons avoir la profonde certitude d’un relèvement, d’un sursaut de nos peuples et pour ce qui me concerne, de mon peuple… le peuple breton.

Depuis tant d’années, tant de siècles, les Bretons, privés de leur liberté, doivent sans cesse lutter pour continuer d’exister en tant que peuple, en tant qu’ethnie. Je suis donc optimiste quant à l’avenir des peuples européens, de nos patries charnelles, mais je m’autorise néanmoins d’être critique vis à vis de mon propre peuple et pour ce dernier éditorial de l’année 2019, il m’a semblé judicieux de vous livrer quelques réflexions de notre barde national, Glenmor, qui, avec son talent, sa verve bien connue, n’hésite pas à déranger quand il le faut les bonnes consciences. Il a parfaitement étudié et analysé les comportements d’un peuple qui lui était cher, un peuple dont il était issu, un peuple souvent en errance, dépossédé des ses droits mais toujours debout et déterminé, un peuple viscéralement attaché à ses traditions, un peuple fier de son identité… un peuple bien vivant car on ne meurt que de ses propres faiblesses.  

Il faut savoir parfois être sévère envers son propre peuple, et notre barde a su, avec une grande sagesse, dans un de ses nombreux recueils et en quelques phrases nous brosser un tableau fidèle de la situation d’une nation et d’un peuple aux valeurs importées, un peuple certes conquis mais jamais soumis, un peuple qui en fait a besoin d’une lutte à mener pour se sentir exister.

… « Pour réussir la catastrophe actuelle, la France a depuis des siècles inventé la kermesse en invitant les Bretons à la foire. A toute bonne table, il faut un chien. Nous fûmes la guenille des kermesses que l’Histoire appelle des guerres, le paltoquet que l’économie nomme chantier. L’ennemi, le nôtre, nous a servi des œuvres d’art que l’on appelle monuments aux morts…

Mobiliser la conscience nationale d’un peuple n’est certes pas chose aisée tant il est vrai que celle-ci est diluée dans un fatras de bonnes ou mauvaises volontés… A chaque velléité jacobine, la Bretagne répond par un sourire ou une colère. Le mouvement breton s’embarrasse le plus souvent de détail que d’essentiel. Tel est le sort de toute Nation-colonie.

Il n’y a pas de politique bretonne sans nationalisme, c’est à ce niveau surtout que l’éparpillement est catastrophique. Le phénomène est directement lié au fait que le « politicien » breton a adopté le vocabulaire français. Le concept gallican, sa définition ont fortement marqué nos dernières générations. Nous assistons à la prolifération de partis relevant du gauchisme en Bretagne, les uns aussi sectaires et tout aussi ambigus que les mêmes bourgeonnements de Paris. Tout se passe comme si la Bretagne ne pouvait se définir une ligne politique propre au réel breton, au tempérament de l’homme breton ! Le réel breton débouche sur le nationalisme qui, en somme, n’est qu’une prise de conscience de celui-ci. Gérer ses propres affaires est liberté à tous les niveaux, à plus forte raison au niveau de l’ethnie et du peuple.

Dans le cadre français, d’autrefois et d’aujourd’hui, il n’a été et ne sera jamais possible de réaliser ce nationalisme d’avenir... ».

Extraits du recueil « Le sang nomade » 1975.

Alors devons-nous, comme Glenmor, hurler dans la nuit pour réveiller les Bretons qui refusent obstinément d’ouvrir les yeux ? Oui sans aucun doute en espérant que ce hurlement perce la brume dans laquelle trop de nos compatriotes se bercent.

Si nous combattons pour un idéal, pour une vision de la vie, nous combattons avant tout pour la survie du peuple breton, de notre ethnie spécifique, de notre identité bretonne, celtique et européenne.

Nedeleg laouen ha d’an holl ac’hanoc’h e hetan ur Bloavezh mat 2020.

Joyeux Noël et meilleurs vœux à vous tous pour 2020.

Padrig MONTAUZIER

SOMMAIRE N° 56

Buhezegezh vreizh — page 2

Editorial — page 3

Buan ha Buan — page 4

Politique :

Le temps des assassins — page 11

Société Bretagne 2050 :

Grands scénarios très politiquement corrects — page 13

Tribune libre :

Éclairer l’Europe — page 15

Europe

Pologne : Large victoire des nationalistes — page 16

Billet d’humeur :

Pour certains Bretons, la France est un pays étranger — page 18

Hent an Dazont :

Votre cahier de 4 pages en breton — page 19

Culture bretonne :

Les Beaux-Arts bretons — page 23

Histoire de Bretagne :

La guerre d’invasion de la Bretagne par la France — page 26

Environnement :

Écologisme et nationalisme, un combat indivisible — page 30

Civilisation bretonne :

Rapports entre principes féminin et masculin — page 32

Nature :

La nature au pillage — page 35

Lip-e-bav :

Tripes bretonnes au cidre et aux pruneaux — page 37

Keleier ar Vro :

Retour sur l’incendie de la chapelle de Koad-Keo — page 38

Bretagne sacrée :

Notre-Dame de Bon-Repos — page 39.

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vendredi, 20 mars 2020

Esquisse d'une biographie d'Olier Mordrel

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Esquisse d'une biographie d'Olier Mordrel

par Roger Cousin

Ex: http://memoiresdeguerre.fr

Olier Mordrel, (né à Paris le 29 avril 1901, mort le 25 octobre 1985 à Léchiagat), de son vrai nom Olivier Mordrelle, fut un militant nationaliste breton engagé dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Il était favorable à l'autonomie de la Bretagne comme nation associée à la France. Il est aussi connu sous les pseudonymes de Jean de La Bénelais, Er Gédour, Calvez et Olivier Launay, noms avec lesquels il a signé ses nombreux ouvrages et articles.

Il est le fils d'une corse mariée avec le général Joseph Mordrelle (décédé en 1942), originaire de la région malouine et qui a accompli la plus grande partie de sa carrière dans les troupes coloniales. Il est né à Paris où il a passé le plus clair de son enfance. Paradoxalement il a appris le breton à Paris. Après des études aux Beaux-Arts, il exerce pendant dix ans la profession d'architecte à Quimper.

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Olier Mordrel est l'idéologue majeur du nationalisme breton et son influence marque encore aujourd'hui la frange la plus nationaliste de l'Emsav. Son fils est Tristan Mordrelle. En 1919, il adhère au groupe régionaliste Breiz Atao (Bretagne toujours). En 1922, il devint président de l'Unvaniez Yaouankiz Breiz (Union de la jeunesse de Bretagne). En 1925, alors qu'il s'était installé à Quimper comme architecte, il cosigne, avec Roparz Hemon, le manifeste de Gwalarn, dans le numéro de Breiz Atao (n° 74, février 1925) où apparait la swastika, symbole choisi pour son aspect païen et pré chrétien, en en-tête de la rubrique sur la vie du parti. C'est aussi le premier congrès interceltique à Dublin où la délégation bretonne se compose de François Jaffrennou (le barde Taldir), Olier Mordrel, Morvan Marchal et Youen Drezen. En 1927, il devient co-président du Parti autonomiste breton (PAB), puis son secrétaire à la propagande.

breiz-atao-21.gifIl anime dans les années trente, un courant de jeunes architectes d’esprit nationaliste (il possède le magasin art déco Ty Kodaks de Quimper) et tente de créer un style breton moderne. En 1932, François Debauvais et Olier Mordrel fondent le PNB 2 (Parti national breton), lequel sera dissous sous le gouvernement Daladier (octobre 1939) en raison de son engagement séparatiste et de ses amitiés avec de hauts dignitaires allemands prompts à affaiblir par tout moyen la France. Olier Mordrel est un des deux dirigeants majeurs de la mouvance autonomiste, mais si François Debauvais s'attache plus à l'organisation, lui accorde plus de temps aux spéculations idéologiques et aux prises de positions politiques notamment par l'intermédiaire du journal autonomiste puis nationaliste "Breiz Atao". Sa sensibilité radicale voire extrémiste qui le pousse vers un romantisme néo-païen et une fascination pour le fascisme reste cependant toujours relativement marginale et il devra créer sa propre revue afin d'exprimer un ensemble d'opinions que "Breiz Atao" ne peut formuler sans risquer de heurter d'autres sensibilités, notamment catholiques.

Il publie dans Breiz Atao, en 1933, le programme de gouvernement SAGA (Parti des Celtes Releves), sous le pseudonyme de A. Calvez. Il déclare à ce sujet (Stur, n° 1-2, juin 1942, p 5) : en 1933, (…) nous avons déclenché, dans notre vieux “ Breiz Atao ”, la campagne SAGA, en faveur d’un national-socialisme breton. En 1934, il fonde la revue Stur (Le Gouvernail), qui arbore le swastika. Il reprend, dans ce journal, des opinions du domaine de la pensée fasciste[réf. nécessaire] en développant un nationalisme celte. Il y publie en 1938 une lettre de Vision d’avenir (Stur n°12, 01-03/1938, p. 25-26) défendant la brutalité nécessaire des peuples maîtres – disons si vous voulez, les Nordiques –, et concluant : Ah ! Ceux d’entre nous qui ont mal au ventre à voir égorger un poulet, feraient bien d’aller s’endurcir un peu les nerfs tous les matins à l’abattoir municipal : conseil d’ami….

En 1936, il fonde le Bulletin des minorités nationales de France, ultérieurement dénommé Peuples et Frontières, où sont présentées des revendications au nom de la Bretagne et des principales minorités nationales européennes. L'autonomiste alsacien Hermann Bickler est chargé de la rubrique sur l’Alsace. Il se trouve être aussi sensible que Mordrel à l'idéologie nationale socialiste. Yann Fouéré lui succèdera. Ce journal s'attache à défendre le point de vue des autonomistes des minorités ethniques, notamment corse, flamande et bretonne. Parmi les rédacteurs se trouve pour la Flandre, l'abbé Jean-Marie Gantois et pour la Corse, Petru Rocca. On trouve parfois sous sa plume des écrits à caractère antisémite. Dans le premier numéro de Peuples et Frontières (1er janvier 1937, p. 14-16), dans Une lettre à propos de La Kermesse Héroïque, le Flamand J. Demeerseman attaque l’organe juif Marianne, en déclarant Il ne suffira pas d’alléguer comme excuse que, peut-être en Allemagne, l’industrie du cinéma n’est pas encore totalement libérée de l’emprise juive.

img-8-small517.jpgDans Breiz Atao (n° 164, 11 décembre 1932) il déclare, signant de son pseudonyme J. La B / Jean La Bénelais : Jacobin rime avec Youppin. (...) " Notre Juif " à nous, en Bretagne, c’est donc surtout le théoricien de l’Une et Indivisible, avant que Breiz Atao ne reprenne la swastika, symbole utilisé également par les nazis, le 29 janvier 1933. Le 14 décembre 1938, Mordrel est condamné, avec François Debauvais, à un an de prison avec sursis pour « atteinte à l'unité de la nation ». De juillet 1938 à juillet 1939, il est secrétaire général et rédacteur de Breiz Atao. Avant la déclaration de la guerre entre la France et l'Allemagne, et afin s'échapper à une arrestation imminente, il part en Allemagne nazie avec sa femme, François Debauvais et Anna Debauvais qui décrit leur voyage (Mémoires du chef breton : Fransez Debauvais, tome 3, p. 29-38). Depuis la Belgique, il rejoint Berlin. Publiés depuis Amsterdam, Mordrel et Debauvais adressent un manifeste aux Bretons, condamnant la guerre entreprise par la France le 25 octobre 1939.

En janvier 1940, les deux fondateurs du PNB adressent de l'étranger une "Lettre de Guerre" (Lizer Brezel) à leurs militants en rappelant qu'"un vrai breton n'a pas le droit de mourir pour la France". Ils ajoutent : "Nos ennemis depuis toujours et ceux de maintenant sont les Français, ce sont eux qui n'ont cessé de causer du tort à la Bretagne". Il est à Berlin « pour tenter d'y jouer la carte de l'indépendance bretonne dans l'éventualité probable d'une défaite de la France ». En mai 1940, François Debauvais et lui sont jugés par contumace par le tribunal militaire de Rennes pour « atteinte à la sécurité extérieure de l'État et à l'intégrité du territoire, maintien ou recrutement d'un groupe dissous, provocation de militaires à la désertion et à la trahison ». Ils sont dégradés militairement et condamnés à mort. Début mai 1940, il y dirige un prétendu « gouvernement breton en exil » (Bretonische Regierung).

Il ne fait pas pourtant avec François Debauvais figure de chefs alliés en exil. Leur présence correspond à une des politiques possibles en cas d’invasion réussie par le Reich. Ils peuvent circuler grâce aux agents du service secret qui gèrent l’option de l'indépendance bretonne, et leur ont fait délivrer des passeports de "Statenlos", réservés aux apatrides. Le 1er juillet 1940, il revient en Bretagne, suite à l'invasion allemande. Il devient alors directeur du Parti national breton et de son journal, L'Heure bretonne. Au même moment, au « Congrès » de Pontivy, Debeauvais et Mordrel créent le Comité National Breton. Il décide aussi l’édition d’un nouveau journal l’Heure Bretonne (son premier rédacteur sera Morvan Lebesque). Le 20 octobre 1940, le PNB est placé sous sa direction, et mène régulièrement campagne contre le gouvernement de Vichy et ses représentants régionaux, avec l’accord de l’occupant pour sa politique de pression sur Vichy. Les liens avec Célestin Lainé se tendent encore plus (après l'opposition au Comité National Breton), suite à l'action de son service Spécial à Gouezec en octobre 1940.

bagadou_stourm3.jpgSa ligne politique irrite Vichy et ne correspond plus aux besoins de Berlin, qui s’appuie désormais sur Vichy et constate l’isolement relatif du PNB dans la population; cet état de fait sera à l'origine de "la révolution de palais" du parti de décembre 1940. Qui plus est, Raymond Delaporte appuyé de Célestin Lainé, lequel ambitionne depuis longtemps de remplacer Olier Mordrel, profite du désir allemand d'étouffer l'autonomisme breton rendu inutile pour l'écarter de la direction alors qu'il lance une réorganisation du parti visant à le rendre totalement indépendant des Allemands et hostile à Vichy. La doctrine du PNB perdra en rigueur et en ardeur pour nourrir un séparatisme convenu. En novembre 1940, il affirme : "Notre force est en nous. elle n'est ni dans les autres ni dans les circonstances. ce n'est ni Vichy ni Berlin qui rendront au peuple breton la force de caractère nécessaire pour s'affranchir, se regrouper et se frayer une route. Notre sort se joue dans nos fibres... N'attendons rien que de nous. Alors, nous passerons au travers du gros temps, si gros temps il y a, comme une bonne étrave, et nos enfants seront Bretons".

Il remet sa démission, contraint et forcé, ainsi que celle de directeur de l'Heure Bretonne le 2 décembre 1940. Il est remplacé au PNB le 8 décembre 1940 par Raymond Delaporte. Cette "révolution de palais" aurait été soutenue par les services allemands, désireux de mettre en avant un autre dispositif. (Il faut néanmoins noter que la nouvelle ligne politique du PNB mené par Delaporte est beaucoup moins collaborationniste que la précédente.) Quant à O. Mordrel, il est assigné à résidence en Allemagne. Il fut assigné à résidence en Allemagne de la fin décembre 1940 à mai 1941. D'abord à Stuttgart, il rejoint Berlin au milieu de janvier 1941. Le professeur Leo Weisgerber lui propose le poste de lecteur de celtique à l'Université de Bonn. Ce dernier organise le retour à Paris de Mordrel le 6 mai 1941. Mordrel obtient des accords pour séjourner en Mayenne. A cette occasion, quelques-uns de ses amis comme Jean Merrien, Raffig Tullou, Jean Trécan et René-Yves Creston lui rendent visite et prennent son avis sur un certain nombre de problèmes culturels et politiques. Il revient par la suite à Rennes le 16 septembre 1941, avec l'autorisation des Allemands, après 10 mois de mise à l’écart, il est présenté comme "indésirable" par les dirigeants du P.N.B., exécré par Vichy, et gardé en réserve par les autorités allemandes. Il est autorisé et encouragé à faire reparaître sa revue Stur en 1942. En 1943, il rencontre régulièrement à Rennes Louis-Ferdinand Céline. Il fait partie de Radio Paris, la radio de propagande nazie. Le 13 août 1944, à l'arrivée des Alliés, il se réfugie en Allemagne. Le 16 février 1945, des négociations s'engagent entre Jacques Doriot et Mordrel au sujet de la reconnaissance d'une indépendance bretonne au sein d'une fédération « de type suisse » . C'est le Comité de libération française de Jacques Doriot. Il s'enfuit ensuite à la chute de l' Allemagne.

diaspad_1984_na_5_.jpgIl part d'abord pour le Brésil, puis l'Argentine, avant de trouver refuge en Espagne. Il est condamné à mort par contumace à la Libération, en juin 1946. Il écrit dans la revue Ar Vro, sous le pseudonyme de Brython. Il revient en France, en 1972, collabore à La Bretagne réelle, sous le pseudonyme d'Otto Mohr (son pseudonyme de 1940) et édite divers livres, dont Waffen SS d'Occident. Il a co-fondé dans les années 1980 un cercle nationaliste, le Kelc'h Maksen Wledig (Du nom de l'Empereur Maxime, "descendu" de Bretagne insulaire en compagnie de Conan Meriadec, le premier roi de Bretagne ), avec, entre autres, Yann-Ber Tillenon, et qui se place dans la continuité de l'extrême-droite bretonne ; et Georges Pinault, alias Goulven Pennaod. En 1981, il soutient François Mitterrand, tout en étant attentif aux travaux du GRECE, cercle de réflexion animé par Alain de Benoist, considéré comme proche de l'extrême-droite. Il meurt en 1985. (Voir Camus et Monzat, Les Droites nationales et radicales en France, Presses universitaires de Lyon, 1992).

Indépendamment de ses engagements politiques, Olier Mordrel est considéré comme un écrivain doté d'un talent de plume certain, tant en langue bretonne qu'en langue française. Dès les années 20, il commence à formuler une vision de la Bretagne propre, reposant sur une recherche de la pérennité d'une certaine sensibilité celtique. C'est avec "L'essence de la Bretagne" que débute son œuvre littéraire. Il y aborde l'effondrement de la société traditionnelle, la perte des repères, la quête à mener pour revivifier la Bretagne et son être. Après son retour d'exil, Olier Mordrel s'attache à produire une œuvre complète qui traite à la fois de son engagement passé, de doctrine politique nationaliste, de poésie celtique et d'histoire de l'art. Dans son livre majeur "Breiz Atao", Olier Mordrel fait le bilan de 25 ans de militantisme, non sans écarter les critiques que lui adressent dans leurs propres ouvrages des militants nationalistes, dont Anna Youennou, épouse de François Debauvais, dans son œuvre en 6 volumes "Breiz Atao et les siens, mémoire du chef breton". L'auteur présente Olier Mordrel comme volontiers hautain, autoritaire, méprisant et opportuniste.

51BjbPBkPIL._SX295_BO1,204,203,200_.jpgLe portrait des relations entre Mordrel et Debeauvais laissant entrevoir des rapports de plus en plus exécrables à mesure que la possibilité de réaliser l'indépendance avec l'aide allemande se concrétise. Reste que Olier Mordrel explique dans le détail son parcours et fournit son propre point de vue sur son engagement. Olier Mordrel cependant se garde d'expliquer les raisons plus intimes de ses sympathies pour l'idéologie nationale socialiste. Il avance au demeurant des motivations comme l'opportunisme, les circonstances exceptionnelles, une certaine communauté d'esprit. Il prend soin de démarquer la démarche du PNB de celle des fascismes par une sensibilité bretonne originale éloignée des stato-nationalismes allemand et italien et rejette l'idée d'une "copie bretonne" de modèles étrangers.

Il continuera à participer de loin à la vie de l'Emsav en adressant via des essais des conseils à la jeune génération. Il délivre notamment des propositions d'ordre politique, comme dans la "Voie Bretonne" ou il dénonce les incohérences idéologiques de la "gauche bretonne". Il approfondit en outre la doctrine nationaliste née dans les années 20 avec "Breiz Atao" avec "Le Mythe de l'Hexagone" et "L'idée bretonne". Son amour certain de la langue bretonne et de la littérature le pousse à rédiger des poèmes, des traductions mais aussi à saisir et comprendre cette "âme bretonne" qui l'intrigue depuis tant d'années en cherchant chez les écrivains bretons l'expression de cette sensibilité celtique qu'il essaie de cerner et décrire. Ce seront les ouvrages "La littérature en Bretagne" et "Les hommes dieux". Il réalise un atlas de la Bretagne où il livre son propre regard sur la péninsule tant d'un point de vue humain que géographique et dont le titre est "La Bretagne".

L'héritage d'Olier Mordrel a été longtemps ignoré ou rejeté depuis la fin de la guerre en raison de son parcours clairement marqué par une tentative de conciliation du fascisme, du national-socialisme et du celtisme breton avant et durant le conflit. Ses ouvrages d'après guerre, qui n'abordent pas ces thématiques, sont cependant des références du nationalisme breton d'un point de vue intellectuel, qu'on y adhère ou non. Avec l'apparition d'Adsav en 2000, Olier Mordrel et son héritage ont été réhabilités et parfois glorifiés. Une rupture après 55 ans de dénonciations des nationalistes bretons durant la guerre.

olier mordrel,bretagne,combat breton,nationalisme breton,pays celtiques,celtismeEn 2005, Adsav organisera une cérémonie sur la tombe de Mordrel pour les 20 ans de sa disparition. Plus généralement on peut dire qu'avec Adsav, les conceptions mordrelliennes du nationalisme breton que l'on trouvait déjà dans Breiz Atao à l'état embryonnaire, sont devenues les éléments constitutifs d'un nouveau courant à part entière de l'Emsav. Un courant d'extrême droite ou très proche de l'extrême droite mais doté d'une perspective propre et différente de l'extrême droite française. Une réalité qu'a dénoncé Mona Bras, porte parole de l'UDB suite à une interview du président d'Adsav ou ce dernier souligne les apports d'Olier Mordrel au nationalisme breton. La porte parole y dénonçait la dérive "mordrellienne" d'une frange de l'Emsav.

Direction des Renseignements Généraux - Audition du 23/12/1946 d'Helmut Knochen, 36 ans, ex-chef de la Police de Sûreté et du SD en France

Autonomistes bretons - Mordrel : Les autonomistes bretons étaient, avant guerre, financés par l'Abwehr. Pendant l'occupation , un certain nombre d'entre eux ont travaillé sous les ordres du Kommandeur de Rennes, pour la lutte contre le maquis et ont fait du renseignement pour l'Abwehr ainsi que pour nous.

Mordrel, leur chef, était en rapports dès 1940 avec le Général Best de l'administration militaire du Militarbefehlshaber et c'est lui que j'ai rencontré. Best s'intéressait tout particulièrement aux problèmes bretons.

lundi, 09 mars 2020

Gaeilge: To Save The Irish Language

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Gaeilge: To Save The Irish Language

Ex: https://www.defendevropa.com

Language. We take it for granted. We use it every day after all. It’s an unavoidable tool, necessary one and beautiful. One without which our lives would be diminished. But what happens when the native language of a people is replaced by another? What happens when these same people use this other language more than their own? This is unfortunately what has happened to Gaeilge, or Irish as most people know it. A beautiful tongue, on the brink of extinction.

How sad would it be to let one of our European languages disappear? In the struggle to remind our people at large of their heritage as well as the duty to their children and ancestors to carry on, we cannot forget the crucial aspect of culture, to which language is central. Gaeilge, Irish, is important. To 4 million Irelanders in Ireland. To their diaspora which numbers up to 70 million. To us, Europeans, as another part of the enormously rich tapestry that is our collective culture and history.

Let us not let it happen, eh?

What is the most distinguishing feature of a people, other than genetics? Is it their culture? Their history? Their place in the world, geographically speaking?

It’s their language. Teanga in Gaeilge

The foremost of differences, aside one of the easiest to observe.

Language is the way humans interact with one another. We convey meaning and ideas and thoughts through language. It is one of our most important tools. One of the first we learn as a child.

So what would happen to a people who are undergoing a… change to put it lightly, if their language was to disappear? Surely they would lose that most distinguishing of features? They may not even be able to call themselves a people, or a nation, any longer.

A History of Strife & Survival

It is no secret that the history of Humankind is also a history of warfare, the Irish are no exception to this rule. In their case, the battles ware against the Vikings, the Normans, and the English, or British as they would later call themselves… literal centuries of wars, struggles, revolutions…

Around 795 AD the Vikings came to Ireland from Scandinavia with the aim to steal and pillage Irish treasure and women.

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By the end of the 10th century, Viking power was diminishing. The Viking era in Ireland is believed to have ended by 1014 when a large Viking Army was defeated in Clontarf by Brian Bórú, who is considered as Ireland’s greatest King.

In the 12th century, the Normans arrived in Ireland which began Ireland’s 800-year struggle with dear old England. In the 1600s the Ulster Plantation occurred in which Irish land was taken from Irish landowners and given to English families. This plantation of Ulster divided the country and this division still remains to this day. Then came Cromwell who arrived in Dublin in August 1649 and was intent on eradicating, as he saw it, the Irish problem once and for all. He despised Irish Catholics and together with his army he slaughtered and murdered, burnt houses and unplanted crops, leaving a trail of death and destruction across the Emerald Isle. He stole Irish land and granted it to moneylenders and English soldiers. He pushed most of the Irish and mainly Catholics, to the far side of the island where the land was poor and infertile. About a third of Catholics died through fighting, famine and disease.

The next 150 years saw more bloodshed and carnage on Irish soil between the Irish and English.

One of the biggest events in Ireland’s history over the last 200 years was ‘The Great Famine’. More than one million Irish died and more than one million emigrated due to the failure of their main crop, the potato, during the famine which lasted from 1845 to 1852. There are tales of roads strewn with dead Irish men, women and children with green around their mouths in a desperate attempt to quench their hunger by eating grass…

The late 1800s saw another push for Irish independence from England with the rise of Charles Stuart Parnell, one of Ireland’s greatest politicians. The Land League was formed with Charles Stuart Parnell as President. He tried to promote a more political way of dealing with the English. He promoted ‘shunning’, which meant that the Irish should refuse to deal with any landlord who unfairly evicted tenants or any Irish who took up the rent of new available land. This was known as the ‘Land War’. While Parnell never achieved Home Rule (Ireland run by its own independent Irish Parliament) it did lay the ground work for Ireland’s greatest uprising.

In 1916, Easter weekend, the Irish Volunteers and Irish Citizen Army launched an uprising. Britain was in the middle of World War 1. Padraig Pearse, who was one of the leaders of the rising, read the ‘Proclamation of the Irish Republic’ on the steps of the General Post Office (G.P.O) on O’Connell Street in Dublin before the start of the Rising. This uprising was in a sense a failure but lay the groundwork for greater things. The British rounded up its leaders and executed them. These executed later became martyrs.

A new style of guerrilla warfare began, some time later. Bloodshed on Irish streets peaked with the execution of British Intelligence Agents in 1920 and the murder of many Irish, and innocent Irish at that, by the British ‘Black and Tans’. But by 1922, Ireland achieved independence from Britain, except for six counties in the Northern Ireland, which still remains part of Britain today. In 1922, post-boxes were painted green from the traditional British red, road signs were changed to contain both Irish and English language and the Tri-Colour flew high and proud around Ireland. Violence still continued though, with the ‘The Troubles’ in Northern Ireland peaking in the 1970s. Today, Ireland is peaceful with power-sharing in Northern Ireland between the main Catholic and Protestant Parties.

So much struggle and so much bloodshed, to now lose that for which they fought, because of… globalisation? Interconnectedness? The Nihilist plaque that assails the Continent at large?

All of Europe has endured much. It’s what’s made us so strong today. It’s for that reason the current situation is so infuriating. To have survived so much just to give it up for…comfort?

That’s a nay from me.

Language decay following Independence

For much of Irish history, the English ruled Ireland, but Gaeilge, the language, only really began to decline after 1600, when the last of the Gaelic chieftains were defeated. While the Irish language was never banned or persecuted, it was discouraged. English was the official language of rule and business, there was no one to support the Irish language and culture. So, English slowly spread, especially in the East and in Dublin, the capital, while Irish remained strong in the West. By 1800, the Emerald Isle was roughly balanced between the two languages.

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Irish in 1871.

There were two major events that decimated Irish. The first was the Great Famine (1845-50) which hit the Irish speaking West hardest of all, out of a population of 8 million, about a million people died and another million emigrated. From then on emigration became a common part of Irish society as large numbers of Irish left the Isle every year, primarily to English speaking countries like America and Britain. So it was that most Irish people needed to speak English in the event that they would leave home.

English was the language of the future and of economic opportunity; Irish was the past and the language of a poverty-stricken island that couldn’t support them…

The second major event was the advent of education. Beginning in the 1830’s national schools were created across Ireland to educate people through English and Irish was strictly forbidden. While nothing could be done to prevent Irish from being spoken in the home, it was strongly discouraged and shamed. Irish was depicted as an ignorant peasant’s language, whereas English was the language of sophistication and wealth. Poor potato farmers spoke Irish, while rich and successful businessmen spoke English. Other organisations too promoted English, such as the Catholic Church and even Nationalist politicians like Daniel O’Connell. English became the language of the cities while Irish retreated to the most remote and underdeveloped parts of the country.

Languages are strongly subject to economies of scale. This is why immigrant families, if not very careful, lose the knowledge of their tongue, within two generations.

In the Irish example parents taught their children English because that was the language that most people spoke, which caused more people to learn it and so every generation English grew stronger and stronger. Likewise, Irish weakened as fewer people spoke it because few people spoke it which caused fewer still to speak it. It became more and more confined to elderly speakers which discouraged young people and continued the vicious circle. As fewer people spoke it, less people used it for art and literature, which gave people less of a reason to learn it. In short, Irish was/is trapped in a vicious downward spiral.

But there is hope, of course, Irish persists.

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Percentage stating they speak Irish daily outside the education system in the 2011 census.

Gaeilge Revived

If we want to revive a language we’re gonna need some people to speak it, no? There have been good sings in recent years!

With some 70 million emigrants from Ireland spread throughout different countries, the Irish born, the Irish descendants and those who became enamoured with Irish culture have worked together in an effort to save the Irish language. Because of the hard work and study from many people all over the globe, in 2008 the Irish government took a nationwide survey to ask its citizens how they wanted to re-establish the nation’s first and official language. The Irish language is now in the process of working its way off the Endangered Languages list.

One of the major supporters dedicated to saving Irish is Foras na Gaeilge. Since 1999, the Foras na Gaeilge took on the responsibility of promoting Irish throughout Ireland. This group developed the Good Friday Agreement, which makes the promotion of the Irish language a joint effort between the Republic of Ireland and Northern Ireland, a major achievement. They were also instrumental in ensuring that Irish was added to the European Charter for Regional and Minority Languages, making it a recognised language at the inception of the European Union.

There are positive developments every year regarding the language, more is required, more pushes and more effort, but the situation is improving and that is a good thing.

The Emerald Isle and above all, its people – na hÉireannaigh (the Irish), will live on!

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jeudi, 21 mars 2019

Avec Pierre Joannon

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Avec Pierre Joannon

Propos recueillis par Christopher Gérard

Ex: http://archaion.hautetfort.com 

 La parution d'un joli recueil de textes dédié à la mémoire du cher Michel Déon est l'occasion rêvée de sortir de mes archives ce bel entretien accordé par Pierre Joannon en 2006 pour la défunte NRH.

  -  Christopher Gérard : Pierre Joannon, vous êtes le spécialiste incontesté de l’histoire de la Verte Erin et de ses habitants. On ne compte plus les ouvrages que vous avez rédigés, dirigés et préfacés sur ce pays qui fascine tant les Français. Vous publiez ces jours-ci aux Editions Perrin, une monumentale Histoire de l’Irlande et des Irlandais de près de sept cents pages. D’où vous est venue cette passion pour l’Hibernie ? Seriez-vous la réincarnation lointaine d’un barde gaël ?

pjmdéon.jpg-  Pierre Joannon : Navré de vous décevoir ! Aucune goutte de sang irlandais ne coulait dans mes veines jusqu’à une date récente. En 1997, le Taoiseach(Premier ministre) de l’époque a dû sans doute estimer qu’il y avait là une lacune à combler, et il me fit octroyer la nationalité irlandaise, une reconnaissance dont je ne suis pas peu fier. On peut en tirer deux observations : que l’Irlande sait reconnaître les siens, et qu’on peut choisir ses racines au lieu de se contenter de les recevoir en héritage ! D’où me vient cette passion pour l’Irlande ? D’un voyage fortuit effectué au début des années soixante. J’ai eu le coup de foudre pour les paysages du Kerry et du Connemara qui correspondaient si exactement au pays rêvé que chacun porte en soi sans toujours avoir la chance de le rencontrer. Et le méditerranéen que je suis fut immédiatement séduit par ce peuple de conteurs disert, roublard et émouvant, prompt à passer du rire aux larmes avec un bonheur d’expression qui a disparu dans nos sociétés dites évoluées. L’histoire de cette île venait à point nommé répondre à certaines interrogations qui étaient les miennes au lendemain de la débâcle  algérienne. Je me mis à lire tous les ouvrages qui me tombaient sous la main, tant en français qu’en anglais. Etudiant en droit, je consacrais ma thèse de doctorat d’Etat à la constitution de l’Etat Libre d’Irlande de 1922 et à la constitution de l’Eire concoctée par Eamon de Valera en 1937. Un premier livre sur l’Irlande, paru aux Editions Plon grâce à l’appui bienveillant de Marcel Jullian, me valut une distinction de l’Académie Française. A quelques temps de là, le professeur Patrick Rafroidi qui avait créé au sein de l’Université de Lille un Centre d’études et de recherches irlandaise unique en France, m’offrit de diriger avec lui la revue universitaire Etudes Irlandaises. En acceptant, je ne me doutais guère que j’en assumerai les fonctions de corédacteur en chef pendant vingt-huit ans. Je publiais, dans le même temps plusieurs ouvrages sur le nationalisme irlandais, sur le débarquement des Français dans le comté de Mayo en 1798, sur de Gaulle et ses rapports avec l’Irlande dont étaient originaires ses ancêtres Mac Cartan, sur Michael Collins et la guerre d’indépendance anglo-irlandaise de 1919-1921, sur John Hume et l’évolution du processus de paix nord-irlandais. J’organisais également plusieurs colloques sur la Verte Erin à la Sorbonne, au Collège de France, à l’UNESCO, à l’Académie de la Paix et de la Sécurité Internationale et à l’Université de Nice. Enfin, en 1989, je pris l’initiative de créer la branche française de la Confédération des Ireland Funds, la plus importante organisation internationale non gouvernementale d’aide à l’Irlande réunissant à travers le monde Irlandais de souche, Irlandais de la diaspora et amis de l’Irlande. Vecteur privilégié de l’amitié entre nos deux pays, l’Ireland Fund de France que je préside distribue des bourses à des étudiants des deux pays, subventionne des manifestations culturelles d’intérêt commun et participe activement à l’essor des relations bilatérales dans tous les domaines. Ainsi que vous pouvez le constater, l’Irlande a fait boule de neige dans ma vie, sans que cela ait été le moins du monde prémédité. Le hasard fait parfois bien les choses.

-  C. G. : Pourquoi ce titre Histoire de l’Irlande et des Irlandais  ? N’est-il pas un peu redondant ?

-  P. J. : Nullement. On peut disserter sur l’Irlande, sur la France, et succomber par excès de conceptualisation aux idées reçues, aux stéréotypes. Revenir aux composantes de la population oblige à prendre en compte une réalité qui résiste aux simplifications abusives. Pour comprendre cette histoire pleine de bruit et de fureur, il faut restituer aux Irlandais la diversité et la complexité qui caractérise leurs origines : Gaels, Vikings, envahisseurs normands, Anglo-normands plus ou moins hibernisés, Vieux Anglais catholiques, colons cromwelliens et williamites, Ecossais d’Ulster, « mere Irish » soumis ou rebelles, catholiques inféodés au Château de Dublin, Anglo-irlandais convertis au nationalisme ou piliers de l’unionisme, descendants de Huguenots, fidèles de la Church of Ireland ou protestants non-conformistes, suppôts de l’Ordre d’Orange ou de l’Ancient Order of Hibernians, Irlandais de souche ou de la diaspora, nombreux sont les alluvions qui ont fait de ce peuple ce qu’il est devenu. Lorsqu’on parle des Irlandais, il convient toujours de se demander « Mais de qui parle-t-on exactement ? ».

- C. G. : Est-ce à cause de cette diversité que les Irlandais semblent traverser, à intervalles réguliers, une crise d’identité qui les pousse à chercher une réponse à cette lancinante interrogation « What does it mean to be Irish ? ».

-  P. J. : Sans aucun doute. Et ce trait que vous soulignez n’est pas nouveau. Dans Henri V, pièce écrite aux alentours de 1599, Shakespeare fait dire au capitaine irlandais MacMorris : « What ish my nation ? » - Qu’est-ce que ma nation ? C’est la première expression littéraire de cette crise d’identité qui, sous des formes diverses, est une des constantes de l’histoire irlandaise. Le poète Seamus Heaney, Prix Nobel de littérature, ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit : « Notre île est pleine de rumeurs inconfortables ». Cette volonté de refuser l’embrigadement imposé par des définitions en forme de pièges réducteurs exprime une identité en perpétuelle recherche de nouvelles formes. Chemin faisant, les Irlandais d’aujourd’hui ont enfin tordu le cou à ce complexe d’ex-colonisé qui les figeait dans une posture victimaire et un syndrome de ressentiment qui bridait leurs énergies. C’est patent en République d’Irlande, même si cela est moins évident dans cette Irlande du Nord occupée à panser les plaies de trente années de guérilla urbaine et d’affrontements inter-communautaires qui ont laissé dans les esprits des séquelles difficiles à évacuer.

pjhirl.jpg- C. G. : Vous soulignez qu’il existe en Irlande deux traditions historiographiques, l’une nationaliste focalisée sur les rapports conflictuels avec l’Angleterre, l’autre moins isolationniste et plus européocentrique. Laquelle vous semble la plus pertinente ? Votre approche de l’histoire irlandaise a-t-elle évolué depuis 1973, date de votre premier essai sur la Verte Erin ?

- P. J. : Il existe, en effet, deux lectures complémentaires de l’histoire irlandaise. Il y a d’abord la lecture « traditionnelle » narrant la destinée d’un peuple conquis et colonisé entre le XIIe et le XVIIe siècle, qui s’efforce de s’émanciper tout au long du XIXe, utilisant pour cela la voie parlementaire aussi bien que l’insurrection ou la guérilla, et qui finira par obtenir son indépendance politique dans le premier quart du XXe siècle, au terme d’affrontements qui préfigurent le grand mouvement de décolonisation qui devait sonner le glas des empires coloniaux au lendemain de la seconde guerre mondiale. Et il y a une lecture « européocentrique », mettant en lumière la dialectique qui sous-tend toute l’histoire irlandaise, la faisant s’éloigner de l’Europe à mesure qu’elle s’intègre davantage à un monde britannique dont elle ne parvient pas à se dégager, et la faisant au contraire se tourner vers l’Europe et même s’agréger à elle dans la phase de recherche de son indépendance et, à plus forte raison, dans la phase d’affirmation de cette indépendance chèrement payée. Quant à savoir où je me situe, il est clair que l’on ne peut écrire l’histoire de l’Irlande en 2006 comme on le faisait à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. il y a quarante ans, l’historiographie nationaliste, imprégnée de cette philosophie du ressentiment dont je parlais à l’instant, était toute puissante. On ne pouvait guère échapper à son influence. Aujourd’hui, les Irlandais ont pris du recul, des documents nouveaux ont été découverts et exploités, l’analyse d’éminents historiens comme Roy Foster ou Joseph Lee ont fait bouger les perspectives. En ce qui me concerne, peut-être suis-je moins crédule, moins naïf, moins déterministe dans mon approche. Je connais mieux l’Irlande. J’ai vieilli. Je pense être mieux armé intellectuellement pour restituer à cette histoire son épaisseur humaine et sa complexité sans tomber pour autant dans l’autre piège réductionniste du révisionnisme anti-nationaliste systématique qui a sombré dans le discrédit il y a une dizaine d’années environ.

- C. G. : Quelle est votre figure préférée de l’histoire irlandaise ?

pjmc.jpg- P. J. : Je suis bien en peine de vous répondre. Il existe tant de figures attachantes ou admirables : Parnell, Michael Collins, de Valera, John Hume aujourd’hui. Peut-être ai-je une prédilection pour Theobald Wolfe Tone, ce jeune avocat protestant qui fut, au dix-huitième siècle, « l’inventeur » du nationalisme irlandais après avoir échoué à intéresser les Anglais à un fumeux projet de colonisation. Il voulait émanciper les catholiques, mobiliser les protestants, liquider les dissensions religieuses au profit d’une conception éclairée de la citoyenneté, briser les liens de sujétion à l’Angleterre. Artisan de l’alliance franco-irlandaise il a laissé un merveilleux journal narrant ses aventures et ses intrigues dans le Paris du Directoire. On y découvre un jeune homme curieux, gai, aimant les femmes et le bon vin, fasciné par le théâtre et les défilés militaires, enthousiasmé par Hoche et beaucoup moins par Bonaparte. Capturé par les Anglais à la suite du piteux échec d’une tentative de débarquement français en Irlande, il sollicita de la cour martiale qui le jugeait la faveur d’être passé par les armes « pour avoir eu l’honneur de porter l’uniforme français ». Elle lui fut refusée : il fut condamné au gibet. La veille de l’exécution, il se trancha la gorge avec un canif et agonisa toute une semaine avant d’expirer le 19 novembre 1798.

- C. G. : James Joyce disait qu’il voulait, par son œuvre, « européaniser l’Irlande et irlandiser l’Europe ».  N’est-ce pas ce qui se passe depuis une vingtaine d’année ? 

- P. J. : Sans aucun doute. L’Irlande est devenue européenne. Et l’Europe lui a apporté beaucoup. Plus encore que des subventions, non négligeables, et la possibilité de dynamiser une économie en quête de débouchés, c’est le désenclavement des énergies et des mentalités, la fin d’un tête à tête oppressant qui se traduit par l’instauration d’une relation apaisée avec un voisin dont on se sent moins dépendant, le rattachement au continent d’une conscience libérée des pesanteurs de l’histoire et de la géographie, et la confiance que ce destin partagé finira par reléguer les violents soubresauts du Nord au magasin des vieilles querelles oubliées. Quant à l’irlandisation de l’Europe, elle va bon train. On fête la Saint Patrick du Nord au Sud du vieux continent. Les pubs irlandais fleurissent à tous les coins de rue. La littérature irlandaise est traduite en français, en italien, en espagnol. Les pièces de Frank Mc Guinness et de Brian Friel triomphent sur les scènes du monde entier. Neil Jordan décroche le Lion d’Or du Festival de Venise. Le groupe rock U2  se classe premier au hit parade international. Riverdancejoue à guichets fermés à Paris, à Londres, à Nice. Wilde, Joyce, Yeats, Beckett continuent de dominer de leur haute stature le corpus littéraire de notre temps. On pourrait multiplier les exemples.

-  C. G. : Votre ami Michel Déon qui a préfacé votre belle biographie de Michael Collins s’insurge contre cette prospérité « qui s’abat sur l’Irlande comme la pédophilie sur le bas clergé ». Etes-vous sensible à ce danger qui pèse sur l’Hibernie ?

- P. J. : Bien sûr, tout n’est pas parfait dans ce pays en pleine mutation qu’est devenu l’Irlande. Le Tigre Celtique a bien des taches sur son pelage. Le jeune cadre dynamique qui descend Dawson Street, un téléphone portable collé à l’oreille, n’a plus grand chose en commun avec le baladin du monde occidental de Synge. Mais, entre les plaintes de la tradition et les mirages de la modernité, les Irlandais qui ont déjà triomphé de la misère et de l’auto-flagellation, sauront rester fidèles à l’idée qu’ils se font d’eux mêmes et que nous nous faisons d’eux. Du moins est-il permis de l’espérer !

 

samedi, 08 septembre 2018

Pour que la Bretagne reste la Bretagne

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Revue War Raok, n°52, à paraître

Pour que la Bretagne reste la Bretagne

par Padrig Montauzier

Que la Bretagne reste la Bretagne, que l’Europe reste l’Europe… ils ne supportent pas ! Ils, ce sont les  adversaires des peuples qui composent les véritables patries charnelles en Europe : Basques, Ecossais, Bretons, Catalans, Gallois, Flamands, Corses, Irlandais… etc., peuples enracinés luttant pour rester eux-mêmes, vivre et conserver leur culture spécifique, leurs traditions, leur religion, leur langue. Ces adversaires (pourquoi ne pas tout simplement parler d’ennemis) dont la stratégie consiste uniquement à diaboliser sont adeptes du remplacement des valeurs qui passe par le remplacement des populations. Cette pratique cynique porte un nom : génocide par substitution. Leur souhait, que la Bretagne, terre celtique, devienne une terre multiculturelle et métissée. Pour imposer cet objectif ils usent d’une arme de destruction massive : le changement de peuple et de civilisation.

On ne peut plus déporter les peuples comme savaient si bien le faire les régimes totalitaires communistes. Les époques ont changé, les méthodes également mais le résultat reste le même. L’arme employée aujourd’hui est une arme non létale, un procédé plus habile, plus subtil mais tout aussi efficace. On se sert de la crise migratoire actuelle, on organise ainsi une substitution ethnique dont on se demande si l’objectif final n’est pas le remplacement pur et simple d’une population, d’un peuple. Cette submersion migratoire en Bretagne, nouvel outil de colonisation de l’Etat français, risque, à terme, de dissoudre le caractère spécifique breton de sa population historique. Nous devons nous opposer à toute assimilation des peuples par colonisation et substitution planifiée des populations. En Bretagne, l’immigration colonisatrice, la désintégration de la société bretonne… la perte de notre identité sont des poisons mortels qui doivent être combattus par tous les moyens, en privilégiant le principe du droit du sang, ultime garantie et barrière juridique avant la mort programmée du peuple breton.   

Notre position sur l’immigration de populations non-européennes, avec leur religion, leurs cultures inassimilables, se nourrit de notre expérience de nationalités en lutte pour leur survie et la reconquête de leur caractère-propre. Elle est donc choisie sereinement et avec rigueur. Nous sommes opposés à l’immigration extra-européenne comme au néo-colonialisme économique et culturel qui l’accompagne ordinairement, ainsi qu’à la dépersonnalisation et au déracinement des peuples. Nous refusons bien évidemment le mondialisme et son projet de métissage universel et nous prônons la relance de la démographie de nos peuples.

Nous rejetons le misérabilisme, nous refusons de gémir sur des maux nés en partie de notre faiblesse, car nous savons que notre action prend place dans une longue suite de renaissances. Nous affirmons que la plus haute forme de la politique et de l’accomplissement de soi c’est de servir la nature de son peuple, de lutter sans cesse pour la défendre, l’améliorer, en promouvoir les valeurs. C’est, dans un combat qui n’aura pas de fin, d’en transmettre la garde aux générations de demain.

Ce que nous refusons pour les ethnies d’Europe, nous le refusons aussi pour les peuples du monde.

Pour conclure, ce danger mortel qui consiste à remplacer les populations, à détruire les peuples et les ethnies, n’est ni une peur irraisonnée ni un fantasme. C’est une réalité, il suffit pour s’en rendre compte de se promener dans les rues de Rennes, de Nantes, de Brest ou de Lorient.

Padrig MONTAUZIER.

Site WAR RAOK MOUEZH BREIZH : http://www.war-raok.eu
Site SAUMONS DE BRETAGNE : http://saumonsdebretagne.hautetfort.com