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samedi, 17 août 2024

L'Occident collectif élimine la classe moyenne en la contraignant à une décroissance malheureuse

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L'Occident collectif élimine la classe moyenne en la contraignant à une décroissance malheureuse

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/loccidente-collettivo-elimina-il-ceto-medio-costringendolo-alla-decrescita-infelice/

Il y a hypocrisie paradoxale du pouvoir dans l'Occident collectif. En Italie, en France, en Allemagne, tous les entrepreneurs se plaignent parce que la classe moyenne a drastiquement réduit sa consommation. À cause des salaires insuffisants payés par ces mêmes entrepreneurs qui se plaignent. Et les gouvernements continuent à taxer cette même classe moyenne, l'appauvrissant et la prolétarisant progressivement.

Mais la situation aux États-Unis est encore plus absurde. Les deux candidats à la présidence ont choisi comme députés des personnes qui devraient être en mesure de récupérer les votes de la classe moyenne nord-américaine. Appauvrie par les choix de Trump en faveur des plus riches et par les politiques de Biden sur la scène internationale qui ont eu des répercussions sur la classe moyenne. Qui, et ce n'est pas un hasard, a également été drastiquement réduite numériquement. Et qui, dans l'ensemble, a connu une croissance économique deux fois moindre que celle des plus riches.

Le Sud global, au contraire, tente de faire croître la classe moyenne dans tous les pays. Au-delà des positions idéologiques et des alliances stratégiques. Car la classe moyenne garantit la consommation qui tire la production intérieure. Alors que les choix néo-meloniens, en Italie, de procéder par primes et gratifications au bénéfice des évadés fiscaux et des migrants plus ou moins réguliers, au détriment des vrais pauvres italiens, ne conduisent qu'à l'achat de produits à bas prix et de mauvaise qualité en provenance de l'étranger. C'est la décroissance malheureuse.

Il est clair que l'Occident collectif considère que le modèle économique social incluant la classe moyenne est dépassé. Il n'a plus besoin d'un tel amortisseur pour protéger les oligarques de la rage des exploités. Les méthodes de répression de plus en plus sophistiquées suffisent. Ou le matraquage médiatique des esprits obnubilés.

Tandis que la classe moyenne s'est désormais résignée au silence ou, au mieux, à la grogne. Pas une idée, pas une proposition, pas un centime investi dans la construction d'une alternative au système qui l'écrase. La bourgeoisie, qui avait été à l'avant-garde de la Révolution française et du Risorgimento italien, dans les combats de la Première Guerre mondiale, a renoncé à jouer un rôle de premier plan. Elle s'est réfugiée dans le « bien de mauvais goût », mais en réalité le mauvais goût est resté et les choses ne vont plus si bien.

On fait étudier ses enfants pour partir à l'étranger, on réduit ses dépenses, on se retrouve entre vieux amis appauvris et attristés. Et on regarde avec une colère mêlée d'étonnement les interviews des responsables d'associations professionnelles qui se plaignent que la classe moyenne ne dépense plus l'argent qu'elle n'a plus.

mercredi, 17 octobre 2018

Le populisme, la disparition des classes moyennes occidentales et la fin des modèles d'intégration "in the age of disruption"

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Le populisme, la disparition des classes moyennes occidentales et la fin des modèles d'intégration "in the age of disruption"

par Irnerio Seminatore

 

L’accusation de „populisme” et la crainte de la part des „élites” de l’accession au pouvoir de la part des partis anti-système impose de définir ce qu’expriment les opinions et les peuples des pays européens, au delà des préférences politiques et des réactions viscérales.

Le but en est d’essayer de  prévoir ce que peut se passer aux élections européennes de mai 2019.

Un bref détour par le processus de „mondialisation” et par la „structure des classes” des pays occidentaux, apparaît un préalable indispensable.

En partant des conséquences remarquées de la mondialisation, en ses deux scansions, de 1970 à 1990 et de 2015 à nos jours, une première évidence frappe l’observateur, la disparition de la classe ouvrière, suite à la désindustrialisation occidentale et la fin du „peuple”, comme paradigme socio-politique de référence.

Cette fin de la classe ouvrière a été est suivie plus tard, en raison de la révolution scientifique et technique et des changements dans la distribution géographique de la structure des classes, par la disparition des classes moyennes (Christophe Guilly -„No Society. La fin de la classe moyenne”), qui assuraient la continuité géographique et sociale entre la ville et la campagne.

La première se vide des emplois dynamiques produisant de la richesse et la campagne, à l’écart du tissus productif, devient une périphérie.

Entre les deux, dans la ceinture des grandes agglomérations s’installe une migration massive et déculturalisée, véritable poids lourd de l’État sécuritaire et assistanciel.

Ainsi le monde actif et productif de l’urbain est entouré d’une banlieue assistée, hors du champs du travail et de l’emploi et hors des modèles sociaux de référence et d’intégration; bref, hors de la notion de „peuple”.

Le champ social des migrants, en large parti musulman, sans repères sociétaux, en révolte permanente, et à forte prolificité, devient progressivement le champ du salut religieux et de la haine islamiste, celui de la déstructuration de la société.

C’est une donnée de fond et destinée à le rester.

Ce nouveau monde, hétérogène, revendicatif, non intégrable et étranger à l’univers culturel européen, est ouvert sur une ” périphérie” rurale  de populations „de souche”, dispersées, laïcisées, déclassées de leurs vieux statut productif, autrefois majoritaires et homogènes, fissurées en leurs représentation politique et encore polarisées idéologiquement par le vieux modèle socio-économique national, emploi/non emploi.

De l’ impossible cohabitation  de ces mondes prend forme l’une des sources du discours populiste, car ces populations vivent quotidiennement une inquiétude d’ordre social et identitaire.

Dans l’univers urbain, orienté vers la mondialisation et peuplés par ceux qui croient que le monde est „plat” et sans frontières, les „Anywheres” (les globalistes, les „web-dreamers” ou encore „les élites”, selon David Goodhart), le conflit qui se profile est dirigé contre les „localistes”, les „Somewheres”, ceux pour qui la réalité est la vie locale et le sentiment le plus naturel l’amour pour leur terreau, le bien commun  et la nation.

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Il a été remarqué (Stéphen Harper/”Right here, Right now. Politics and Leadership in the Age of Disruption”, National Post) que la rupture entre les „élites, minoritaires et le „peuple” de souche, majoritaire, est une rupture „disruptive”, interdisant de faire société, solidarité, continuité, destin commun.

Il s’agit d’un fossé qui existe dans les sociétés occidentales modernes par la disparition des classes moyennes et qui interdit toute assimilation „du bas par le haut, ce modèle supposant l’existence d’une classe intermédiaire dynamique et gagnante.

Puisque les classes moyennes occidentales sont traversées par une insécurité culturelle et identitaire profondes, l’intégration des migrants est fort improbable, car il est très difficile de ressembler à des gagnants, qui ont disparus et de monter dans l’échelle sociale, par manque de stabilité.

Par ailleurs le refus de „l’autre de soi” et la légalisation des vieilles déviances (homos, inégalités hommes/femmes..), conduit à l’émergence d’une société dérégulée, une sorte de „à-société”, où le crépuscule de l’État-Providence engendre d’une part un appauvrissement diffus et de l’autre une lutte pour les ressources, de plus en plus limitées (logement, allocations diverses, santé, éducation, sécurité..)

Cette décomposition de la société, irréductible à une seule figure politique, transforme le narratif politique en discours populiste, fondé sur la résilience protectionniste des autochtones et sur un image du „peuple”, mythisée, nostalgique et conservatrice.

Mythisée, car dépourvue du corps mystique de la souveraineté populaire, nostalgique, car portée par l’illusion d’une société régulée et conservatrice, car construite sur la mémoire d’une élite au service du „peuple”, mais incapable de répondre aujourd’hui aux angoisses identitaires des autochtones.

C’est pourquoi les populistes réclament un attachement criant aux politiques nationales (protectionnisme, interventionnisme, investissements productifs, fiscalité etc.), impliquant le démantèlement des carcans administratifs et technocratiques obsolètes (UE,FMI,FED,BM,etc.) et d’autre part la dénonciation d’une fausse „identité commune”, le „vivre ensemble”, prônée par les élites mondialistes.

Comme expression de la révolte anti-système, les périphériques expriment une réaction contre l’esprit de lucre, d’aventure et d’égoïsme du modèle anglo-saxon et néo-libéral et contre la double culture de la gauche, celle de l’incantation électoraliste et de la tentation bureaucratique.

Ainsi, par l’absence des classes moyennes travailleuses et dans une ère de  transformations profondes, la masse majoritaire des „Somewheres”, bref, notre environnement de vie et de travail, nos amis, nos connaissances et notre famille élargie, est composée de tous ceux dont les intérêts sont solidaires dans une situation générale de risque collectif.

Ils se battent d’une part contre les „élites” globalistes, aux intérêts mondiaux et qui choisissent leurs avantages dans un panier de marchés nationaux divers et font face d’autre part à une masse invasive de migrants et aux dangers de sécurité et de survie qu’ils représentent, réclamant une politique de civilisation.

Dans cette nouvelle géographie sociale dans les pays occidentaux, le populisme bouleverse les paradigmes intellectuels reçus et remet en cause les politiques rédistributrices et le piétisme humaniste des conceptions juridiques et politiques, élaborées dans des périodes révolues. Face à la menace existentielle, de la disparition ou du suicide de l’Occident, il parvient à secouer les fondements philosophiques de notre civilisation et à reléguer dans les palimpsestes de notre mémoire les images du peuple, qui, comme en France, à l’aube de la modernité et de la Révolution, se voulait „un, fraternel et souverain”.

Irnerio SEMINATORE

11 octobre 2018