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mardi, 28 décembre 2010

Nous vivons la fin de l'Empire romain!

Nous vivons la fin de l’Empire romain !

par Marc ROUSSET

Ex: http://www.europemaxima.com/

chute_de_l_empire_romai.jpgSommes-nous en 370 après J.-C., quarante ans avant la prise de Rome par Alaric en 410, ou en 270 après J.-C., juste avant le redressement in extremis d’une situation anarchique catastrophique par les empereurs illyriens, ce qui prolongea de deux siècles l’existence de l’Empire romain, voilà la question ! Pourquoi cette comparaison ? Aujourd’hui le taux de naissance des personnes d’origine extra-européenne en France est déjà de 17 %. Si rien ne change, avec les 250 000 immigrés par an du Président  Sarkozy et a fortiori les 450 000 immigrés par an que nous amèneraient les socialistes, ce taux passera à 30 % en 2030 et 50 % en 2050 ! Or le point de basculement sociologique est pratiquement déjà atteint; en l’absence de mesures drastiques et urgentes, le cancer de nos sociétés ne peut donc se développer que d’une façon exponentielle avec à terme une inéluctable  guerre civile !

Le succès de l’ouvrage de Thilo Sarrazin en Allemagne (plus de 600 000 exemplaires vendus) démontre que, contrairement à ce qu’affirment les droit-de-l’hommistes naïfs et inconscients, se pose en fait le problème bien réel de la survie de nos sociétés. « Savoir pour prévoir et prévoir pour pouvoir », disait Auguste Comte. La Vérité, c’est que si hier la France a perdu son empire, elle est en train de perdre aujourd’hui sa  langue, sa civilisation, son industrie, sa souveraineté, sa population.

Au-delà du danger mortel migratoire, l’égoïsme matérialiste et individualiste de nos générations, comme le montre le problème des retraites en France, les amène à s’endetter d’une façon irresponsable, à pratiquer la politique de la terre brûlée, à couper des arbres fruitiers pour en faire du bois de chauffage, à sacraliser les droits acquis en lieu et place du Saint-Esprit, selon  les termes de l’Académicienne Chantal  Delsol.

Il est difficile de comprendre ce qui se passe actuellement si l’on ne sait rien de la dislocation du monde romain qui est pour nous un avertissement. Comme du temps de l’Empire  romain décadent, les Barbares sont dans nos murs alors que leurs frères assiégeaient les remparts de la ville; l’homme européen se suicide démographiquement, se réfugie dans la frénésie du bien-être individualiste et matérialiste, ne voit pas venir la catastrophe, persuadé que sa  petite vie ordinaire va durer  l’éternité ! Nos  élites contemporaines sont aussi  aveugles qu’a pu l’être Ammien Marcellin qui écrivait en 385  au Livre XIV de son Histoire : « Rome destinée à vivre aussi longtemps qu’il y aura des hommes… ». Vingt-cinq ans plus tard, Alaric prenait Rome !

Nous établirons successivement le parallèle entre notre époque et la fin de l’Empire romain quant aux valeurs de notre société, à la prédominance de l’argent-roi, à l’immigration et les leçons de la bataille d’Andrinople, à la décadence démographique, au désir de ne plus assumer sa défense, et enfin à l’irruption du christianisme qui peut être comparé à la nouvelle religion  droit-de-l’hommiste.

« La première des vertus est le dévouement à la Patrie », disait Napoléon Bonaparte. Nous en sommes loin; les Bara, les Bigeard de la République paraissent de plus en plus anachroniques ! Aujourd’hui, nos héros lycéens n’apprennent  plus les poèmes de José-Maria de Heredia; ils sont ignares, incultes et manifestent pour leur retraite – vieillesse ! Les Romains  n’ont rien eu à craindre aussi longtemps qu’ils ont pratiqué la dignitas (l’honneur), la virtus (courage et fermeté d’âme), la pietas (respect de la tradition) et la gravitas (austérité naturelle). Selon la pietas, chaque citoyen se trouve dans la situation d’un débiteur insolvable au regard de tout ce qu’il a reçu de ses ancêtres en naissant; cela lui crée moins de droits que l’impérieux devoir de transmettre l’héritage. La pietas insufflait aux Romains l’énergie de se perpétuer et de survivre. Mais  à la fin de l’Empire, les Romains perdirent  toutes  ces qualités.

Les Romains connurent eux aussi l’argent-roi, la corruption, la société marchande sans amour de la Patrie, une société où chacun pensait seulement à améliorer sa propre condition. Les fonctionnaires étaient corrompus. Des incapables, suite à des intrigues, obtenaient des commandements. Il y avait pénurie généralisée de recrues car les représentants de l’aristocratie romaine avaient obtenu le privilège fiscal de pouvoir dispenser pour un prix dérisoire leurs domaines de toute fourniture de conscrits. Des généraux acceptaient de venir au secours d’une ville assiégée que contre le versement d’une rançon. Les soldats affectés aux fortins des frontières s’adonnaient à l’agriculture et au commerce de détail plus qu’au maniement des armes. Les troupes régulières s’illustraient souvent par l’ivrognerie, l’indiscipline, le pillage pour entretenir  leurs familles. Les soldats étaient même parfois victimes des prévarications de leurs chefs.

Les Romains renoncèrent aussi progressivement à se défendre contre les Barbares. Il aurait fallu que la population s’en mêle. Or la constitution de milices d’auto-défense resta exceptionnelle. L’Empire ne comptait plus de soldats citoyens. Le métier était censé être réservé à des professionnels. Les représentants des classes dirigeantes s’enfuyaient devant les envahisseurs ou collaboraient avec eux. Les habitants des villes fortifiaient leurs murailles, mais se rendaient dès qu’on leur promettait la vie sauve. Aujourd’hui, en France, le budget de la défense qui représentait 5,1 % par rapport au P.I.B. du temps du Général de Gaulle ne représente plus que 1,8 % et tend allègrement vers les  1,5 %. La France a rejoint l’O.T.A.N. avec le Président Sarkozy, mais on n’entend plus parler du pilier européen de défense et encore moins du fameux quartier-général européen à Bruxelles. 90 % des régiments ont été dissous et nos forces armées ne disposent même pas d’un nombre d’hommes suffisant en cas d’explosion généralisée des banlieues pour ramener l’ordre et l’État de droit. L’immigration extra-européenne coûte 36 milliards d’euros par an à la France, mais elle ne trouve pas 3 milliards d’euros pour s’offrir un deuxième porte-avions, en dépit des nombreuses avaries et indisponibilités de maintenance du porte-avions Charles-de-Gaulle. Bref, la France renonce de plus en plus d’une façon éhontée à se défendre ! Or, comme le rappelle Julien Freund, une civilisation ne peut faire abstraction de sa puissance militaire. Toute l’histoire humaine dément cette illusion. « Athènes n’est pas seulement la ville qui a abrité Socrate et Phidias, mais aussi une puissance militaire qui a réussi à préserver son originalité grâce au génie stratégique de Miltiade, de Cimon et de Thémistocle (1). »

Rome a aussi connu, tout comme l’Europe actuelle, le déclin démographique. Pierre Chaunu s’est fait l’avocat passionné de cette cause face à notre indifférence. Or la baisse de la natalité est un des signes du renoncement à la vie pour jouir du présent et par peur de l’avenir. Elle est l’expression du refus de défendre les valeurs de la civilisation à laquelle on appartient. « L’heureuse Campanie, qui n’a pas encore vu un Barbare, lit-on dans le Code Théodosien, compte déjà 120 000 hectares où il n’y a ni chaumière, ni homme (2) ». Si la population sous Auguste était de 70 millions, elle n’était plus que de 50 millions à la fin du IIIe siècle.

Les Romains connurent aussi les méfaits d’une politique migratoire inconsciente avec le pillage de l’Italie par les troupes d’Alaric et surtout lors du désastre d’Andrinople qui fut une défaite militaire pour l’Empire avec des conséquences bien plus catastrophiques encore que celle de Cannes face à Hannibal. Les soldats et officiers barbares des légions romaines furent incapables de résister à l’appel du sang face à l’irruption victorieuse de leurs compatriotes sur le sol romain. Les troupes d’Alaric ne cessèrent de voir affluer vers elles des colons d’origine germanique, prisonniers de guerre, esclaves en rupture de ban.

Le comble de la politique migratoire fut cependant le désastre d’Andrinople en août 378 avec l’armée d’Orient. En 375, culbutés par les Huns, les Goths poussèrent jusqu’au Danube pour solliciter l’asile et la protection de Rome. Là, «  debout  sur les berges, dit Eunape, ils tendaient les mains en lançant des lamentations et des cris ». Présentant des rameaux de suppliant, leur chef Fritigern demandait  le droit de passer le fleuve afin de s’établir pacifiquement sur le sol de l’Empire. L’empereur d’Orient Valens, mal conseillé, vit dans ces hommes des mercenaires possibles d’appoint pour ses propres troupes tandis que quelques officiers parlaient au contraire de refouler comme des envahisseurs, ces pacifiques immigrants avec leur famille. « On se moqua d’eux, écrit Eunape, comme des gens qui ne comprennent rien aux affaires publiques. » Le passage du Danube s’effectua dans un désordre indescriptible et avec une insuffisance de précautions des Romains qui laissèrent s’agglomérer cette multitude étrangère avec femmes, armes et enfants. Pendant l’hiver 377, les Goths taillent en pièces les troupes romaines affectées à leur garde; ils s’emparent de leurs armes et de leurs chevaux. Les troupes mercenaires romaines à proximité d’Andrinople rejoignent les rebelles. L’empereur Valens se met  en marche avec l’armée d’Orient et campe le 9 août 378 au pied des remparts d’Andrinople. L’armée impériale romaine fut finalement encerclée et moins d’un tiers échappa à l’extermination. Quant à Valens, il meurt brûlé vif, barricadé dans une  ferme ! Du mythe de l’invincibilité romaine, il ne reste plus rien. Rome est entrée en agonie. Elle durera cent ans.

Byzance tira la leçon du désastre et fit massacrer tous les soldats d’origine gothique. En 400, des Goths furent également massacrés par la population de Constantinople. L’armée de Byzance subit d’autres  épurations au Ve siècle et des Barbares furent éliminés des postes de commandement. Les éléments autochtones restèrent toujours prépondérants dans les armées de Byzance.

Quant à Voltaire, il s’interrogea, lui aussi, à propos de Rome sur son incapacité à s’opposer aux Barbares à l’époque de l’Empire, alors qu’elle avait réussi à en triompher sous la République contre les Gaulois et les Cimbres. La raison, il faut la chercher, selon lui, dans l’irruption du christianisme et chez les intellectuels aussi bien païens que chrétiens. Il invoque la haine que l’ancienne religion de l’Empire portait à la nouvelle, les disputes théologiques substituées au maniement des armes, les querelles sanglantes provoquées par le christianisme, la mollesse se substituant la valeur, les moines remplaçant les agriculteurs et les soldats, les vaines discussions théologiques pendant que les Barbares assiégeaient l’Empire, l’absence d’unicité de la pensée et de volonté. « Le christianisme ouvrait le ciel, mais il perdait l’Empire (3). » Symmaque, de son côté, est aussi célèbre pour avoir protesté publiquement quand les chrétiens, soutenus par Théodose, enlevèrent du Sénat de Rome, en 382, la  statue et l’autel de la Victoire. Là encore, on ne peut pas ne pas penser aux prédictions  actuelles de Jean Raspail dans Le Camp des Saints qui met en cause l’Église catholique  et surtout  le droit-de-l’hommisme, cette nouvelle religion du XXIe siècle, cause principale de la cécité et de l’irresponsabilité  des Européens face aux dangers de l’immigration extra-européenne.

Afin de ne  pas connaître le sort de l’Empire romain, la France, comme la plupart des pays ouest-européens, à défaut d’une nouvelle Jeanne d’Arc  ou de nouveaux empereurs illyriens, a besoin  d’un nouveau de Gaulle, d’un Poutine !

Marc Rousset

Notes

1 : Julien Freund, La Décadence, Sirey, 1984, p. 288.

2 : Michel de Jaeghere, « Le choc des civilisations », in Comment meurt une civilisation, Éditions Contretemps, 2009, p. 211.

3 : Julien Freund, op. cit., p. 112.


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