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mercredi, 26 juin 2013

Britanniques et Américains espionnent leurs alliés!

 

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Dietmar Holzfeind:

Britanniques et Américains espionnent leurs alliés!

On savait que les Etats-Unis espionnaient leurs alliés! On apprend aujourd’hui que les Britanniques ont adopté les mêmes pratiques! Et à grande échelle!

Chaque jour, de nouvelles informations sont révélées: elles prouvent que, depuis des années, et sans la moindre vergogne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont espionné les données professionnelles et privées de tous les ressortissants étrangers, via internet. Cette pratique se poursuit. Ainsi, les Britanniques, à la suite du sommet du G20 de 2009 qu’ils avaient eux-mêmes organisé, ont espionné leurs hôtes, les ont mis sur “table d’écoute”. Les ordinateurs et les communications téléphoniques des hommes d’Etat, des diplomates et de leurs collaborateurs ont été mis sous surveillance; leurs échanges de courriers électroniques ont été enregistrés.

Le service secret britannique GCHQ (“Government Communications Headquarters”) avait, à cette fin, mis en place des “cafés internet” qu’il contrôlait et qu’il louait indirectement aux hôtes du G20, comme s’il s’agissait d’un service spécial. En réalité, c’était une manière plus commode d’accéder directement à leurs données. Le service secret était ainsi en mesure de lire les courriels, expédiés aux participants du sommet, avant même qu’ils ne les lisent eux-mêmes, ou au moins en même temps.

Près de quarante-cinq agents du service secret étaient occupés 24 h sur 24 à recueillir les informations et à les exploiter. Ces agents se seraient également introduits dans les Blackberries et smartphones, “afin d’avoir une vision permamente sur les communications téléphoniques”. Tout a été enregistré avec précision: le service savait où, quand et comment chacun des participants espionnés avait téléphoné, reçu un appel, et ce qui avait été dit. L’exploitation de ces données volées permettait aux ministres britanniques, qui participaient au G20, d’obtenir un avantage stratégique sur leurs “partenaires”.

C’est le quotidien “The Guardian” qui a révélé l’affaire, en se basant sur les documents d’Edward Snowden, l’homme qui a tiré la sonnette d’alarme, il y a quelques jours, en révélant la surveillance à grande échelle à laquelle se livrait le service secret américain NSA. Ces révélations mettront le gouvernement britannique dans l’embarras car il n’a pas seulement fait espionner les communications entre hommes d’Etat et diplomates des pays posés comme “ennemis”, mais aussi celles entre les représentants de ses “alliés” les plus proches! Le ministre turc des finances, Mehmet Simsek, aurait fait l’objet d’une surveillance particulière, de même que quinze autres personnes appartenant à la délégation turque.

La NSA américaine aurait donné au GCHQ britannique des informations relatives à une tentative d’écoute des conversations téléphoniques du Président russe de l’époque, Dimitri Medvedev. La NSA a tenté de déchiffrer les communications satellitaires que le Président russe lançait en direction de Moscou.

On peut aisément s’imaginer que ces révélations ont encore davantage tendu les relations, déjà passablement conflictuelles, entre les Etats-Unis et la Russie. Des hommes politiques en vue de Russie ont d’ores et déjà envisagé d’offrir l’asile politique à Snowden, l’homme par qui le scandale a été révélé. Puisque les services secrets américains violent les lois internationales en surveillant les communications téléphoniques et les échanges de courriels, Snowden est donc un “activiste en faveur des droits civiques”, auquel la Russie est prête à accorder l’asile politique, “même si les Américains piquent pour cela une crise d’hystérie”, a précisé le président de la Commission “Affaires étrangères” de la Douma, Pouchkov, dans un entretien accordé à l’agence Interfax.

Les Chinois aussi ont sévèrement critiqué les Etats-Unis. Selon l’agence de presse officielle Xinhua, les révélations sur ces activités d’espionnage ont démontré, une fois de plus, l’arrogance américaine. “C’est bien là l’image de marque des Etats-Unis —qui ne cessent de parler de démocratie, de liberté et de droits de l’homme—  qui vole en éclats”, dit-on aujourd’hui en Chine.

Comme on pouvait s’y attendre, l’UE et sa Commission, elles, restent timides, réticentes, ne soufflent mot. Lors d’une conférence de presse avec Eric Holder, le Procureur général des Etats-Unis, Viviane Reding, Commissaire européenne à la justice originaire du Luxembourg, a déclaré qu’elle s’engageait à protéger les données des citoyens européens.

Cette déclaration peut paraître bizarre car cette Commissaire, justement, avait naguère édulcoré, sous pression américaine, ses propres propositions en vue d’un règlement visant à protéger les données émanant des ressortissants de l’UE. Cette capitulation, sur les points essentiels du règlement en gestation, s’était faite sans la moindre réciprocité du “Big Brother” de Washington.

Dietmar HOLZFEIND.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°25/2013).