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mercredi, 12 septembre 2007

Clinton, la Turquie et l'UE

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Texte ancien de 1999 pour rappeler la collusion américano-turque, aujourd'hui battue en brèche mais toujours potentiellement activable contre l'Europe !

Clinton veut ouvrir les portes de l’UE à la Turquie

A propos des déclarations du Président américain lors  de sa visite à la Turquie, dévastée par un tremblement de terre

Le Président Bill Clinton a esquissé clairement, devant l’ensemble des dirigeants turcs, la tâche stratégique que les Etats-Unis entendent donner à la Turquie : celle-ci doit être un « pont », surtout par le biais de son ad­hé­sion (espérée) à l’UE, entre l’Europe et l’Islam modéré ; elle doit également être le « bastion avancé de l’Oc­cident » contre les menaces des fondamentalistes (l’Iran) et de l’Irak ; elle sera l’élément porteur de la sta­bilité dans les Balkans ; elle sera l’alternative au monopole russe sur les fournitures énergétiques du Cau­ca­se, grâce à l’oléoduc Bakou-Ceyhan et au gazoduc transcaspien ; elle sera, enfin, l’alternative à l’hégémonie po­litique de Moscou en Asie Centrale. Toutefois, Clinton, en utilisant un langage très prudent, a aussi esquissé les « conditions » que la Turquie devra remplir pour que le peuple américain puisse accepter son rôle d’allié pri­vilégié qu’il compte lui attribuer : « approfondir la démocratie », objectif pour lequel « il y a encore beau­coup de travail à faire » ; la Turquie doit ensuite améliorer ses rapports avec Athènes et atténuer les tensions dans l’Egée ; elle doit ensuite favoriser un accord sur Chypre. Clinton, qui est en visite officielle à Ankara et qui doit participer le 18 novembre au sommet de l’OSCE, a affirmé, devant le parlement, que « le futur de la Tur­­quie est la clef pour donner forme au XXIième siècle ». Il a ensuite souligné, avec insistance, la grande im­portance géopolitique du pays, à cheval entre l’Est et l’Ouest, entre l’Occident chrétien et le monde mu­sul­man. Cependant, avec une égale insistance, la Président a insisté sur la nécessité, pour la Turquie, de con­ti­nuer les réformes démocratiques, « en particulier en ce qui concerne la liberté d’expression » et les droits de l’hom­me. Il a laissé entendre qu’il souhaitait également une solution à la question kurde. En même temps, Clin­ton dit l’urgence d’une amélioration des rapports de la Turquie avec la Grèce, afin que le dégel gréco-turc puisse favoriser l’adhésion à l’UE, projet que le Président américain « soutient avec force et fermeté » et aussi afin de faire de la Mer Egée une mer de paix. Clinton s’est ensuite félicité de la décision du leader turc-cypriote Rauf Denktasch d’accepter les négociations indirects qui auront lieu à New York ( !), mais il a dit au Pré­sident turc Suleyman Demirel et au Premier Ministre Bulent Eçevit qu’il attendait que ces négociations con­dui­sent à « des pourparlers significatifs qui mèneront à un accord général sur le problème cypriote ». Allusion claire aux tentatives directes de négociations qu’a entreprises Denktasch, qui reçoit le soutien d’Ankara, mais dont la « République Turque de Chypre du Nord » n’a pas encore été reconnue formellement par d’autres pays que la Turquie elle-même. Toute la classe politique turque, à commencer par Eçevit lui-même, était présente au Parlement pour écouter Clinton, flanqué de sa femme Hillary et de sa fille Chelsea. Eçevit s’est borné à ap­pré­cier l’importance que Clinton accorde à la Turquie, soulignant, dans sa réponse, que le Président américain connaissait bien le pays. Cependant, toute l’élite turque ne semble pas avoir apprécié la visite de Clinton. Une cen­taine de manifestants de la gauche turque ont été arrêtés pour avoir organisé des manifestations de pro­tes­ta­tion et scandé des slogans comme « Yankees go home ». Mises à part toutes questions politiques, ce sont les terribles séismes d’août et de novembre qui préoccupent l’homme de la rue en Turquie. Effectivement, le nom­bre de victimes du tremblement de terre du vendredi 12 novembre 1999 ne cesse d’augmenter. Le séisme a eu une ampleur de 7,2 sur l’échelle de Richter. D’après le dernier bilan officiel, il y aurait eu 452 morts et 2386 blessés. Les espoirs de trouver encore des survivants s’amenuisent d’heure en heure, même si les équipes de secours turques et étrangères continuent à creuser ou à fouiller les décombres s’il y a la moindre chance de trouver un être humain encore en vie. Le Président Clinton a assuré le soutien des Etats-Unis, qui ne lésineront en rien et multiplieront les efforts pour aider le nouvel « allié principal » de Washington dans le désastre qui le frappe. Clinton a annoncé un financement d’un milliard de dollars, via l’Eximbank. Cette fois, le gouvernement turc est intervenu rapidement sur les lieux du séisme, en y envoyant des militaires, attitude contraire à son inertie lors du tremblement de terre du 17 août, qui a fait 20.000 victimes. Le problème principal pour les si­nis­trés reste le froid et l’hi­ver qui arrive : de sérieux problèmes resteront irrésolus, y compris pour les sans-a­bri du séisme de cet été. De nombreux pays continuent à envoyer de l’aide, l’Italie en tête. A Duzce et à Kay­nas­li, les deux localités les plus touchées en novembre, où, respectivement, 350 et 301 des 722 immeubles à é­ta­ges se sont écroulés, les équipes de se­cours poursuivent avec obstination leurs recherches dans les ruines, mais 72 heures après le séisme, les espoirs de trouver encore quelqu’un en vie se réduisent considérablement.

Mauro BOTTARELLI.

(Article paru dans La Padania, 16 novembre 1999 ; http://www.lapadania.com ).

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