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vendredi, 16 novembre 2007

Kuo Mo-jo, érudit et écrivain chinois

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Kuo Mo-jo, érudit et écrivain chinois

16 novembre 1892: Naissance à Such’an en Chine de Kuo Mo-jo, érudit et écrivain chinois. Sa vie entière résume les tiraillements et les réconciliations de la Chine, soumise, tout au long du 20ième siècle, à des dissensions civiles intenses, à une occupation japonaise et à un régime communiste, où l’harmonie n’a pas régné non plus, comme l’atteste la révolution culturelle des années 60 et l’arrestation de la « bande des quatre » après la disparition de Mao Tsé-Toung.

Kuo Mo-jo représente, en sa personne et en son œuvre, tous ces tiraillements qui ont travaillé la Chine. En 1914, il s’en va étudier la médecine au Japon, où il résidera pendant sept ans ; il devient recteur de l’Université Sun Ya Tsen à Canton puis à Shanghai, s’inscrivant forcément dans un ligne politique républicaine et moderniste, appelant la Chine à se réveiller et à acquérir les techniques prodiguant la puissance, sans renier ses racines pour autant. Kuo Mo-jo retournera régulièrement au Japon, Etat modèle pour ceux qui veulent une Chine authentiquement asiatique, mais capable de tenir tête aux autres puissances pour ne pas sombrer dans un statut subalterne. En 1937, son admiration pour le Japon ne l’empêche pas de se montrer patriote chinois et de se ranger sous la bannière de Tchang Kai-Tchek, leader nationaliste.

Les victoires communistes dans la guerre civile qui éclate après la seconde guerre mondiale le contraignent dans un premier temps à trouver refuge à Hong-Kong. Mais son option nationaliste ne fait nullement de lui une « persona non grata » en 1949, dans la Chine désormais sous la férule communiste. Il y devient le président de l’ « Academia Sinica », au sein de laquelle il se met à développer une quantité d’activités littéraires et philologiques. Il explore l’antiquité chinoise, rédige une poésie, une prose et une dramaturgie où les thèmes antiques, traditionnels, sont liés à des formes nouvelles, notamment importées d’Occident.

Kuo Mo-jo fut aussi le traducteur du « Faust » et du « Werther » de Goethe. La « vita activa » de Kuo Mo-jo s’inscrit dans un domaine soustrait véritablement aux idéologies de notre siècle : il a œuvré pour la Chine, pour la tradition chinoise, pour le maintien de la Chine dans l’histoire active sans passéismes incapacitants. Ce « japonophile » nationaliste, luttera contre l’envahisseur nippon dans les rangs de Tchang Kai-Tchek, et dirigera, pour finir, l’Academia Sinica sous le régime communiste, sans sombrer dans les travers ridicules de l’idéologie, comme le firent trop souvent les admirateurs européens et américains du maoïsme. La Chine donne ainsi une leçon de sagesse que l’Europe actuelle n’a pas été capable de suivre : la force intellectuelle des réprouvés en Europe aurait parfaitement pu participer à un renouveau vigoureux de notre continent.

La Chine d’aujourd’hui montre sa capacité d’évoluer, tandis que l’Europe sombre dans la déchéance, accentuant encore davantage sa mauvaise propension à exclure ceux qui apportent des solutions, en puisant dans les trésors du passé (Robert Steuckers).

01:35 Publié dans Biographie, Littérature, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Kouo Mo-Jo est sans doute un exemple pour les poètes et créateurs européens de notre époque.
Son clacissisme modernisé et son romantisme révolutionnaire ont un contenu qui serait explosif
de nos jours. Michelle LOI expose bien le contenu de son apport dans l'annexe B "Un poète de la Chine nouvelle" publié dans POEMES de Kouo Mo-Jo, Gallimard, Connaissance de l'Orient, 1970.
Associer le meilleur de l'héritage national, de ses mythes fondateurs et de ses grandes figures, au souci de faire lever des temps nouveaux peut ètre un mot d'ordre rénovateur et fédérateur pour des nations paralysées et une Europe dont la civilisation repose sur des piliers communs et des diversités fécondantes.
Chaque nation, chaque minorité, peut contribuer à l'oeuvre de rénovation commune pour sortir
de l'enlisement culturel actuel, pour ne pas parler de son autodestruction (on parlait autrefois du suicide de l'Europe).
Kouo Mo-Jo a participé à cette entreprise pour ce qui était de la Chine du XXe siècle. Exemple
stimulant.

Écrit par : Ivan Serge KELLER | samedi, 23 novembre 2013

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