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samedi, 15 décembre 2007

Un hommage à Soljénitsyne

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Un hommage à Alexandre Soljenitsyne

La slaviste flamande Barbara De Munnynck rend un vibrant hommage, sur deux pleines pages, dans le quotidien De Standaard (8 décembre 2006) à l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne. Elle retrace et analyse toute son œuvre et écrit cette belle conclusion :

« Soljenitsyne n’est plus à la mode actuellement. C’est dû aux bouleversements politiques récents. Tout simplement, l’homme est par nature hors de toute mode. Bien qu’il soit connu comme écrivain politique, il est bien plutôt un moraliste inspiré par la religion. Il critiquait la dictature soviétique d’un point de vue spirituel, et non pas au nom d’une idéologie politique alternative. Mesurés à l’aune des critères éthiques de Soljenitsyne, tant l’Occident que la nouvelle Russie ne valent rien. Pour toutes ces raisons, on peut penser que Soljenitsyne n’est qu’un grand-père grincheux ou un éternel dissident ; quoi qu’il en soit, son attitude face à la vie, cohérente, force le respect. Elle a été forgée dans des conditions difficiles et présente des analogies avec l’humanisme chrétien de Saint Augustin, de Thomas d’Aquin et d’Edmund Burke. Soljenitsyne est un prophète vénérable, dont le message est au-dessus du temps qui passe. L’enthousiasme pour sa personne pendant la Guerre Froide, était aussi étrange que le désintérêt qui le frappe aujourd’hui ».

Ces réflexions de Barbara De Munnynck nous permettent de tirer quelques conclusions générales :

La nécessité se fait de plus en plus évidente de juger nos époques turbulentes, effervescentes, turbo-capitalistes, au départ de critères soustraits au temps. Les grandes œuvres et l’équilibre des hommes postulent la longue durée ; rien de grand et de durable ne peut émerger dans la sarabande infernale de novismes hétéroclites qui frappent des sociétés comme la nôtres. Les hommes ont besoin de balises sur le long terme et périclitent si elles disparaissent.

Au-delà de telle ou telle religion, posée ici a priori comme source d’inspiration de Soljenitsyne, c’est cette attitude de respect face à la longue mémoire, face aux continuités de tous ordres, qu’il faut ré-acquérir.

La fabrication d’idéologies alternatives, posées comme des panacées qui vont tout arranger, ne sert à rien, ou ne pourra conduire qu’à de nouvelles catastrophes.

Pour acquérir à nouveau ce sens de la longue durée ou de la longue mémoire, d’autres œuvres que celles d’Augustin ou Thomas d’Aquin sont nécessaires. Il s’agit de dresser l’inventaire fascinant des grandes productions spirituelles de l’humanité.

Le désintérêt qui frappe Soljenitsyne vient surtout de deux choses : il a fustigé l’occidentalisme et l’américanisme dans un fameux discours à Harvard ; il n’a pas applaudi l’occidentalisation de la Russie, suite à l’effondrement du communisme. Il se soustrait dès lors aux poncifs répétés ad nauseam dans les grands médias planétaires, centrés autour d’agences de presse américaines qui font l’opinion et qui nous induisent par tous les moyens à penser que l’américanisme est le terminus heureux et formidables de l’histoire et que l’occidentalisation de la Russie, malgré les ratés, est une aubaine magnifique offerte aux peuples de Russie.

00:25 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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