jeudi, 31 janvier 2008
Synergies Européennes: vie du mouvement (déc.07 - janv. 08)
Synergies Européennes – Décembre 2007/Janvier 2008
http://euro-synergies.hautetfort.com
Vie du mouvement
SINT-PIETERS-LEEUW / PAYOTTENLAND : Le 1 décembre 2007 s’est tenu le congrès annuel des associations identitaires, où a eu lieu un débat entre Alain Soral (ex-communiste devenu frontiste) et Eddy Hermy (ancien maoïste et ex-blokker en Flandre, qui appelle aujourd’hui à la restauration d’un nouveau solidarisme populaire) ; le débat entre ces deux personnalités fut animé par Robert Steuckers. Un rapport sur ce débat a été rédigé d’abord en langue néerlandaise (cf. 4 déc. 2007 sur http://euro-synergies.hautetfort.com ) puis a été traduit en français par Georges Hupin, président de la Bannière Terre & Peuple de Wallonie (cf. infra). L’intérêt du débat est de montrer l’inanité des oppositions entre anciennes gauches et anciennes droites face à un ennemi commun qui est le néo-libéralisme et la globalisation, perspective déjà mise en exergue par Roger Garaudy et Jean-Marie Domenach (revue « Esprit »), juste avant le scandale dit des « rouges/bruns », qui fut déclenché par « Le Monde » à Paris en 1993. L’établissement, avec ses « chiens de garde » étiquetés de « gauche » mais dépourvus de toute audace politique, pour reprendre la terminologie polémique de Serge Halimi, ne voulait pas de la convergence rêvée par Garaudy, déjà bien avant son exclusion du PCF, comme l’atteste d’ailleurs clairement son œuvre philosophique. Notons aussi que ce débat entre identitaires et anciens militants communistes et maoïstes, dans le beau Payottenland brabançon, suivait de quelques jours un débat analogue tenu à Vienne, sous les auspices de l’hebdomadaire « zur Zeit », où le journaliste Dimitrij Grieb publiait simultanément un article d’introduction générale à la problématique du passage des anciens soixante-huitards dans le camp identitaire en Allemagne et en Autriche, suivi de deux entretiens : 1) avec l’ancien socialiste autrichien et secrétaire du Chancelier Kreisky, Günther Rehak (qui avait pris la parole avec Scrinzi et Steuckers à Vienne le 28 octobre 2007) ; et 2) avec le Prof. Bernd Rabehl, ancien bras droit de Rudi Dutschke.
LIMA / PEROU : Parution, le 2 décembre 2007, sur le blog du Professeur péruvien Eduardo Hernando Nieto d’un texte déjà ancien de Robert Steuckers consacré à la figure du frère d’Ernst Jünger, Friedrich-Georg. Intitulé en espagnol « La Perfeccion de la Tecnica : F. G. Jünger », ce texte est accessible sur : http://eduardohernandonieto.blogspot.com . Précisons que ce blog, d’un intérêt cardinal pour nous tous, recèle une véritable mine d’or d’articles sur Léo Strauss, Carl Schmitt, Erich Voegelin, Julius Evola, etc. Pour en savoir plus, se référer à la fiche que consacre l’encyclopédie « Wikipedia », version française, à la personnalité et l’œuvre d’E. H. Nieto. Le texte de Steuckers sur F. G. Jünger est une nouvelle mouture en langue castillane de son étude parue en 1992 dans l’ « Encyclopédie des Œuvres Philosophiques » des Presses Universitaires de France. Il avait aussi servi de base à un exposé lors de l’Université d’été du GRECE, près d’Aix-en-Provence, en 1991.
BRUXELLES : Pierre Emile Blairon, directeur de la revue « Hyperborée », publiée en Provence, est venu animer un dîner-débat à Bruxelles, le 21 décembre 2007. Il a présenté les derniers numéros de sa publication, notamment le n°5, où Paul-Georges Sansonetti analyse les symboles et figures du Chaudron de Gundestrup ; Paul Catsaras évoque les sept degrés de l’ordre mithriaque. Le Professeur Jean Haudry, dans une contribution très fouillée, comme d’habitude, et intitulée « Du ciel de pierre au ciel dans la pierre », retrace les fondements même de la cosmogonie indo-européenne, à partir des recherches antérieures de Roth, Schmidt, Reichelt, Hopkins, Biezais, Maher, Arena, Huld, Lazzeroni, Crevatin, Gamkrelidze et Ivanov. Cette étude magistrale sera poursuivie dans les numéros prochains d’ « Hyperborée ». Alain Cagnat, dans la rubrique « Notre Europe », évoque de manière assez exhaustive et poignante « Chypre d’Aphrodite à Attila », déplorant le vandalisme effroyable qui a suivi l’invasion turque de l’île en 1974. Pierre Emile Blairon signe un article sur Jean Giono, avant de republier un article de cet écrivain provençal, titré « Le bourdonnement des abeilles ». Ludovic Dorant signe « De la signification véritable de la ‘tête de Maure’ du drapeau corse ». Lors de cette soirée bruxelloise du 21 décembre, Blairon a également présenté au public la thèse originale qui sous-tend son avant-dernier ouvrage : « La Dame en signe blanc – Marie-Madeleine, la déesse des origines », où l’on trouve surtout une hypothèse nouvelle sur la bataille ayant opposé les légions romaines, réorganisées par Marius, aux Cimbres, Teutons et Ambrons dans la région d’Aix-en-Provence (Aquae Sextiae) en 102 av. notre ère. Cette soirée a servi à faire connaître également l’ouvrage de Paul-Georges Sansonetti, « Chevalerie du Graal et Lumière de Gloire », paru à Menton en 2002 aux éditions Exèdre. La notion de « Lumière de Gloire », issue tant des traditions perses (« Kvarnah ») que du cycle arthurien, partiellement introduit par les cavaliers sarmates de Rome dans les Iles Britanniques, intéresse tous ceux qui, par tâtonnements successifs, entendent, à terme, relancer l’idéal des « Perséides » qui avait animé Marc. Eemans et René Baert, fondateurs, avant-guerre, de la revue « Hermès ». Référence d’ « Hyperborée » : www.hyperboreemagazine.fr (service librairie à partir du site).
LILLE : Le 22 décembre 2007, à l’invitation de la Bannière Terre & Peuple de Flandre-Hainaut-Artois, présidée par Pierre Loubry, Robert Steuckers a présenté, en la résumant, son étude parue sur les sites « be.altermedia.info » et « fravahr.com » consacrée à l’histoire, l’actualité et la géopolitique du fait iranien. Cette conférence solsticiale avait pour but de cerner l’enjeu de six faisceaux de faits relatifs à l’histoire iranienne : 1) les prémisses proto-historiques de l’histoire iranienne » ; 2) La constance territoriale de l’Empire perse (de -1600 à nos jours), avec la notion de périphérie septentrionale (la Bactrie) où se massaient, avant l’arrivée des Huns et des Turco-Mongols les peuples nomades indo-européens qui régénéraient l’Empire à intervalles réguliers ; 3) La longue lutte entre Rome et les Parthes, puis entre la Perse et Byzance, jusqu’à l’épuisement de ces deux puissances et l’avènement de l’islam ; 4) La conquête islamique de la Perse, de sa périphérie septentrionale jusqu’à la bataille de Talas en 751 ; le maintien d’une spécificité perse après cette conquête, avec les Samanides, les Bouyyides et Mahmoud de Ghazni ; la renaissance culturelle persane avec Ferdowsi, Omar Khayyam et la mystique de Sohrawardi ; 5) Le 16ième siècle des Séfévides ; 6) le déclin définitif de l’ancienne puissance persane après Nader Shah Afschar (1729-1747). La seconde partie de l’exposé concernait l’Iran moderne sous les Shahs de la dynastie Qadjar, les interventions britanniques et la volonté de Londres de n’autoriser aucune expansion persane en direction de l’Afghanistan dès 1837 ; le rôle subversif des Babis constitutionalistes soutenus par les Britanniques. Steuckers a ensuite évoqué la renaissance iranienne sous l’impulsion de Reza Khan Pahlavi, les événements très importants de la seconde guerre mondiale en Iran, le règne chahuté de son fils Mohammed Reza Shah Pahlavi avec l’affaire Mossadegh, la crise de l’OPEP, les projets de « révolution blanche », la révolution islamiste soutenue au départ par les Etats-Unis (ce que l’on a tendance à oublier aujourd’hui !!). Dans cette dernière partie de son exposé, Steuckers a surtout utilisé deux documents fort négligés par les historiens, observateurs et journalistes actuels : les mémoires du dernier Shah et celles de son ancien ministre de l’éducation Houchang Nahavandi, mort en exil à Bruxelles récemment.
BRUXELLES : Sous la direction de Robert Steuckers, lecture critique, le 27 décembre 2007, pour quelques stagiaires bruxellois, liégeois et lillois, du petit livre de Régis Debray, « L’obscénité démocratique », où l’ancien compagnon du Che et ministre de Mitterrand, en dépit d’un charabia républicaniste français qui échauffe nos oreilles de bons Impériaux, plaide en faveur d’une majesté et de pompes étatiques, ce qui le rapproche de Carl Schmitt, grand avocat de la représentation et de la visibilité du pouvoir direct (et de l’Eglise dans sa « forme catholique »). Sans cette nécessaire visibilité, le pouvoir est occulté, devient « potestas indirecta », ce que Schmitt désapprouve, car derrière toute « potestas indirecta » il subodore complots et intrigues anti-démocratiques. Pour Debray, le pouvoir doit découler de l’assemblée, du parlement, du peuple et non pas de médias qui décident de ce qui est bon ou mauvais pour le bien public, en dehors de toute visibilité publique.
PARIS : Le 23 décembre 2007, le site consacré en France à l’œuvre politique du Président russe actuel, Vladimir Poutine, a repris in extenso le texte sur l’Iran de Robert Steuckers, affiché antérieurement sur « be.altermedia.info » et « fravahr.com » (rédigé par des Iraniens en exil). Référence : http://vladimir-poutine.activblog.com/article-205018.html...
LIEGE / VERVIERS : Les stagiaires principautaires de l’école des cadres, animé cette fois par Luc Moulinat, ont eu pour lecture en novembre-décembre le travail de Matthieu Baumier, « La démocratie totalitaire – Penser la modernité post-démocratique », paru aux Presses de la Renaissance en 2007. La teneur de cet ouvrage se situe bien dans le sillage de Bernanos, ce qui relie le travail de nos amis liégeois et verviétois à celui de nos amis du Brabant wallon (cf. infra). Pour Baumier, la post-démocratie, qui est notre régime monstrueux et irréaliste actuel, inverse le réel du monde et le réel de la Personne humaine, précipitant nos sociétés dans le vide et la vacuité totale.
BRUXELLES : Le 30 décembre 2007, Ivan de Duve lance sur le net une excellente recension du dernier livre de Jean Parvulesco, intitulé « Dans la forêt de Fontainebleau », que nous afficherons dès que possible sur notre propre site http://euro-synergies.hautetfort.com dans la rubrique consacrée à Jean Parvulesco. Le livre est paru aux éditions « Alexipharmaque ».
GAND : Dans les cercles « synergétistes » de Gand, fonctionnant en langue néerlandaise, les stagiaires ont étudié l’œuvre de Mircea Eliade, en particulier « Le sacré et le profane ». Selon les principes de fonctionnement, jadis mis au point par Philippe Banoy, les stagiaires doivent lire les classiques directement dans le texte, afin d’avoir des bases solides pour poursuivre ultérieurement leur quête intellectuelle. On apprend que le résultat du travail de nos amis gantois, soit une conférence sur Eliade clé sur porte, sera bientôt « exporté » à Leuven ! Viralité synergétiste oblige !
BUDAPEST : Le site hongrois www.antidogma.hu a publié le 29 décembre 2007 quelques extraits d’un entretien de Robert Steuckers sur les événements et la géopolitique du Moyen et du Proche-Orient sous le titre de « Irany Mezopotàmia – Iszlam terfoglalàs az amerikai strategiai jà tszma tükrében ».
NANTES : Le site « voxnr.com », animé par l’infatigable Christian Bouchet, publie fin décembre trois textes issus des travaux de « Synergies Européennes » : 1) La traduction française de l’entretien avec Bernd Rabehl, ancien bras droit de Rudi Dutschke à Berlin, qu’avait réalisé Dimitrij Grieb pour l’hebdomadaire viennois « zur Zeit » ; 2) L’excellent texte de l’orientaliste flamand, qui signe la rubrique « Ex Oriente Lux » dans l’hebdomadaire anversois « ‘t Pallieterke », sur les Sikhs et la Khalsa ; 3) l’article historique de Saverio Borgheresi sur la conquête américaine des Philippines, paru préalablement dans le quotidien romain « Rinascita » (dont Bouchet est le correspondant en France). Référence : http://www.voxnr.com .
BRABANT WALLON : Dans ce « Roman Païs » de l’ancien duché impérial du Brabant, sous la dynamique impulsion de Max Steens, qui aime sortir des sentiers battus, même ceux qui ne sont battus que par les « nôtres », trois thématiques ont été mises en exergue depuis novembre 2007 : 1) Une relecture innovante de Georges Bernanos, dans le sillage que nous avait indiqué Laurent Schang, il y a quelques années ; Steens a proposé aux stagiaires et sympathisants de relire les textes d’après la seconde guerre mondiale, notamment certaines conférences de 1946, où notre écrivain français, pourtant hostile au fascisme et au nazisme pendant la deuxième « grande conflagration », ne salue pas la victoire de l’américanisme et du bolchevisme (pour reprendre la terminologie de Heidegger) et constate avec effroi l’abomination dans laquelle sera très vite jeté notre monde : celui-ci sera concentrationnaire car la démocratie moderne participe, selon Bernanos, de la même perversité concentrationnaire que le nazisme qu’elle a si vigoureusement combattu. L’administration bureaucratique, hypertrophiée et obèse (Baudrillard) qu’elle génère, tel un cancer, est le reflet le plus patent de cette perversité concentrationnaire. 2) Vu la forte concentration de romanistes et de philosophes issus de Louvain-la-Neuve dans le cercle des amis de Steens, la deuxième thématique est l’œuvre de René Girard, « Mensonge romantique et vérité romanesque ». Pourquoi mobiliser Girard ? Lubie de Steens ? Non, répond-il, avec la véhémence enthousiaste qu’on lui connaît : Girard a entamé une recherche sur la mimésis et le désir triangulaire (que l’on retrouve chez Freud et Hegel), présents dans les œuvres, classiques autant que cardinales, de Cervantès, Stendhal, Proust, Dostoïevski. L’objectif est de former, bien évidemment, des professeurs de français, de morale laïque ou de religion, capables de dire autre chose à leurs étudiants (en dépit de l’effondrement culturel actuel) que les banalités imposées par le nouvel univers concentrationnaire à drapeau démocratique, que dénonçait Bernanos. 3) La troisième thématique repose sur un ouvrage moins vaste mais très pertinent, celui de Richard Millet, « Désenchantement de la littérature », où l’auteur dénonce et fustige l’effondrement de l’école et de la langue, avec force références à Nietzsche et Heidegger. Pour Millet, cette chute cataclysmique entraîne une mutation ontologique de l’être humain.
DUISBURG / RUHRGEBIET : Le 5 janvier 2008, forum de discussion islamique (sunnite) www.ahlu-sunnah.de publie en enregistrement vocal deux conférences tenues lors du congrès de la « Gesellschaft für freie Publizistik » de 2006, celle, remarquable de Safet Babic (« Historische Angriffe der Türken gegen Europa am Beispiel Bosniens ») et celle de Robert Steuckers, intitulée « Kampf der Kulturen ». Ce titre peut faire penser qu’il s’agit de digressions sur le travail de Samuel Huntington, dans une perspective néo-conservatrice. Il n’en est rien. Cette conférence visait à dénoncer l’ennemi principal, c’est-à-dire les Etats-Unis, dans la perspective schmittienne de « raumfremde Macht », de « puissance étrangère à notre espace européen/eurasien », mais, simultanément, de dresser la liste des alliés musulmans des Etats-Unis, en l’occurrence certains filons dérivés de matrices hanbalites et wahhabites qui n’ont eu de cesse de ruiner les puissances musulmanes intelligemment syncrétistes ou de détruire les ressorts du nationalisme arabe issus de la pensée politique et pratique de Michel Aflaq, de Gamal Abdel Nasser et de Saddam Hussein, un nationalisme qui pouvait, lui, être un allié de l’Europe, contrairement aux avatars du hanbalisme et du wahhabisme qui ont plus d’un trait commun avec le fondamentalisme puritain, formant le socle de l’américanisme le plus agressif, ce qui explique l’alliance entre ces extrémismes religieux, monothéistes et messianiques, contre toute autre façon de concevoir la politique. Dans le contexte allemand, les arguments de Steuckers rejoignent en gros ceux de Peter Scholl-Latour. Dans le contexte français, ils rejoignent ceux de toute une série de géopolitologues qui ont analysé l’histoire de la Turquie (dont Jean-Paul Roux), de l’Iran (Roux également, ainsi que Bernard Hourcade) ou de l’Arabie Saoudite. Le texte de la conférence (du moins la version écrite à paraître) contient une analyse assez fouillée de l’histoire de ce pays et du wahhabisme, qui puise notamment dans l’œuvre de Benoist-Méchin. On trouve les deux conférence de Babic et Steuckers directement sur http://www.file-upload.net
MADRID : La version espagnole de l’encyclopédie en ligne « Wikipedia » consacre une entrée asses brève au général et géopolitologue autrichien Heinrich Jordis von Lohausen, avec comme document le texte de Robert Steuckers, ayant servi d’éditorial au numéro de « Vouloir » sur la géopolitique et dédié au Général. Ce texte est intitulé « Hommage au Général-Baron Heinrich Jordis von Lohausen à l’occasion de son 90ième anniversaire ». Source : http://es.wikipedia.org/
BRUXELLES : Parution du 293ième numéro du « Bulletin célinien », œuvre de l’infatigable Marc Laudelout, avec, notamment, les contributions suivantes : P. L. MOUDENC, « Albert Paraz, 50 ans après » ; Marc LAUDELOUT, « Jacques Brenner et Dominique de Roux » ; Marc LAUDELOUT, « P. A. Cousteau, Céline et la Quatrième République » ; Marc LAUDELOUT, « La mort de Montandon » ; Frédéric SAENEN, « Les revues littéraires sous l’Occupation » ; Jean-Paul LOUIS, « L’Année Céline 2006 » ; etc. Adresses : Bulletin Célinien, BP 70, B-1000 Bruxelles 22 – Belgique ; celinebc@skynet.be ; site : http://louisferdinandceline.free.fr/
LOZANNE : Parution du n°34 de la revue « Terre & Peuple », dirigée par Pierre Vial. Les thématiques centrales de ce numéro seront discutées lors des soirées organisées par le mouvement « T&P » à Bruxelles, Liège ou Charleroi. Nous retiendrons pour notre part les articles suivants : Jean HAUDRY, « La cruche de Brno » ; Dr. Pierre COSTAZ, « La Déesse-Mère de Notre Dame de la Vie » ; H. P. FALAVIGNA, « La prise d’otages de Beslan et les perspectives d’avenir de la politique russe » ; Tomislav SUNIC, « L’histoire victimaire comme identité négative » (cf. http://doctorsunic.netfirms.com ). Le dossier central de ce numéro étant consacré aux Balkans et au Kosovo, les débats qui tourneront autour de cette publication nous permettrons de réactiver toute la documentation que « Synergies Européennes » a rassemblée sur la géopolitique et l’histoire de cette région d’Europe.
BRUXELLES : Le numéro 74 de « Renaissance Européenne », organe de « T&P-Wallonie », reproduit un texte de « Synergies Européennes » : celui de Günther Deschner, intitulé « La CIA en Allemagne », dénonçant les manipulations et les coups tordus des services secrets américains en Allemagne de l’Ouest, pendant et après la Guerre Froide. L’original allemand était paru en janvier 2007 dans l’hebdomadaire berlinois « Junge Freiheit ». Signalons aussi que « Renaissance Européenne » n°74 nous livre un compte-rendu détaillé sur le colloque identitaire de Sint-Pieters-Leeuw (cf. supra) du 1 décembre 2007. Il reproduit en traduction française un compte-rendu rédigé par un de nos amis gantois ; le texte de Pierre Vial, qui a été lu en son absence ; l’allocution de Kris Roman, dirigeant de l’association « Eurorus ». Signalons encore d’amples recensions des revues « Terre & Peuple » (n°33) et « Hyperborée » (cf. supra) (n°5). Adresse : Renaissance Européenne, Secrétariat, Avenue G. Mullie 55/13, 1200 Bruxelles.
PARIS : Le 7 janvier 2007, le site http://vertusetcombat.unblog.fr fait paraître à son tour le texte de « Moestasjrik », pseudo (*) bien plaisant de l’orientaliste flamand qui œuvre dans la rédaction du « ‘t Pallieterke », sur les Sikhs et la Khalsa. Rappelons que le site « Vertus et Combat » a déjà publié plus d’un texte émanant des anciennes publications de « Synergies Européennes », ainsi que de nouveaux textes, diffusés sur le net.
(*) en français la traduction de ce pseudonyme équivaudrait à « Riri la Moustache ».
RIJKS-VLAANDEREN / FLANDRE IMPERIALE : Basé en Flandre Impériale, dans le triangle Alost/Termonde/Erembodegem, patrie de Marc. Eemans, le site multilingue « European Friends of Russia » fait paraître le 8 janvier 2008 un texte de Robert Steuckers intitulé « Restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques ». Référence : http://efr.skynetblogs.be
DENDERMONDE (TERMONDE) : Le site « Eurorus », animé par Kris Roman, publie en date du 8 janvier 2008, le texte de Robert Steuckers, « Restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques ». Ce texte est ensuite repris en date du 28 janvier 2008. Référence : http://eurorus-altermedia.info
PARIS : Le 9 janvier 2008, le site http://vertusetcombat.unblog.fr publie un texte de Robert Steuckers, datant de 1991 : « Individu ou Communauté ? A propos de la querelle qui oppose le GRECE au Club de l’Horloge ». Ce texte prévient contre toutes les dérives libérales fondées sur la méthodologie individualiste chère à Hayek. Il rappelle également les stratégies sociales gaulliennes de l’intéressement et de la participation.
PARIS : Le site de la revue « Vouloir », qui collationne également les archives de l’EROE des années 80, publie le 10 janvier 2008, le texte de Saverio Borgheresi, « Quand les Philippines devinrent colonie américaine », paru naguère dans le quotidien romain « Rinascita ». Ensuite, même jour, « Le fascisme entre Orient et Occident » de Michelangelo Ingrassia, paru en 2000 dans le mensuel romain « Area ». Le 9 janvier, le site avait affiché « La symbolique politique du Loup » de Karlheinz Weissmann, paru auparavant dans l’hebdo berlinois « Junge Freiheit ». Le site de « Vouloir » prend le relais de « Synergies/France » à Paris. Références : http://vouloir.hautetfort.com . Signalons également que ces textes sont repris sur un autre site : http://technocrati.com/blogs/vouloir.hautetfort.com...
PARIS : Le 10 janvier 2008, le site « Catalaxia » (http://constitutiolibertatis.hautetfort.com...) fait paraître sur la grande toile un texte diffusé en traduction française par « Synergies Européennes » : « Ernst Kantorowicz, biographe de Frédéric II de Hohenstaufen », dû à la plume de Stefan Pietschmann et paru en 2000 dans les colonnes de l’hebdomadaire berlinois « Junge Freiheit ». Ce texte doit servir d’introduction à la longue étude qu’avait préparée Max Steens pour l’Université d’été 2000 de « Synergies Européennes », tenue à Groppello di Gavirate en Lombardie. Cette étude est régulièrement présentée aux stagiaires de « Synergies Européennes ».
STRASBOURG : Le site alsacien de l’agence de presse « novopress » (http://alsace.novopress.info ) a repris, le 13 janvier 2008, l’entretien accordé à Dimitrij Grieb, de l’hebdo viennois « zur Zeit », par le Professeur Bernd Rabehl, ancien bras droit de Rudi Dutschke. Cet entretien avait été traduit par Robert Steuckers et déjà diffusé par « voxnr.com » (cf. supra).
GAND : Le 13 janvier 2008, le site officiel des étudiants nationalistes flamands (NSV), http://www.nationalisme.info/archieven/2008/01.html... publie dans sa rubrique « Archives » un entretien que Robert Steuckers avait accordé il y a quelques années à la revue flamande « Branding » sur la question turque. Intitulé « Turkije behoort niet tot de EU ». Cet entretien, au fond, n’est plus fort actuel car, à la suite des derniers événements en Irak, notamment dans le Kurdistan irakien, la position de la Turquie a changé. Nous étions contraints de la fustiger avec fougue au moment de l’invasion otanesque des Balkans, où le tandem Clinton / Albright envisageait, avec l’aide d’Ankara, de forger la fameuse « dorsale verte » ou « dorsale islamique » entre la Mer de Marmara et l’Adriatique, ce qui était fondamentalement contraire aux intérêts géopolitiques et géostratégiques de l’Europe. C’était un retour du facteur ottoman dans le sud-est de notre sous-continent. La présence américaine en Irak, et surtout dans la région de Mossoul qui revient de droit à la Turquie, a changé la donne : l’opinion publique turque n’est plus guère américanophile et l’anti-américanisme turc constitue un système conceptuel intéressant à suivre. L’entretien de Steuckers à « Branding » évoque toutefois l’accord qui pourrait émerger entre une Europe redevenue « impériale » et la Turquie sur Mossoul mais sans développer cet argument et sans parler du nouvel anti-américanisme turc.
PARIS : Le 15 janvier 2008, le site http://vertusetcombat.unblog.fr affiche un texte diffusé par « Synergies Européennes » : « Globalisation, néo-libéralisme et ‘homme flexible’ » de Brigitte Sob. L’original était paru dans l’hebdomadaire viennois « zur Zeit », fin 2007.
LISBONNE : Le 15 janvier 2008, le site http://pt.novopress.info publie sous le titre de « Cronica belga : Um português na « 4ième fête de l’identité » un reportage du journaliste Duarte Branquinho sur le colloque tenu le 1 décembre 2007 à Sint-Pieters-Leeuw, avec la présence d’Alain Soral et d’Eddy Hermy (cf. supra). Il est aussitôt repris, le même jour, par un autre site portugais, http://penaeespada.blogspot.com .
PARIS : Le 16 janvier 2008, le site http://www.insolent.fr/2008/01/maurras-pre-put.html... publie une étude intéressante de Jean-Gilles Malliarakis, intitulée « Maurras, père putatif des souverainistes. Mais l’ont-ils seulement lu ? ». Cette étude critique du souverainisme français contemporain a le mérite de venir de France et d’être issu d’une plume (et d’une voix…) qui ne ménage jamais ses efforts pour défendre et sa patrie française et sa grande patrie européenne. Elle doit être lue et relue, surtout aux « écoles de cadres ».
AMSTERDAM : Le 17 janvier 2008, le site http://nl.novopress.info republie un entretien déjà fort ancien que Robert Steuckers avait accordé à la revue étudiante flamande « Branding », sur le question, turque (« Turkije behoort niet tot de EU » / « La Turquie n’a rien à faire dans l’UE ») (cf. supra).
PARIS : Le 17 janvier 2008, le site français http://vertusetcombat.unblog.fr affiche la liste de tous les nouveaux articles disponibles sur le site http://euro-synergies.hautetfort.com entre le 1 et le 31 décembre 2007.
PARIS : Le très beau site de stratégie et de questions militaires, « Theatrum Belli » (http://theatrumbelli.hautetfort.com) reprend un texte diffusé récemment par « Synergies Européennes », dû à la plume de Karl Weinhold, célébrant l’appel, en janvier 1919, à former un parlement indépendantiste irlandais en dépit du refus des autorités britanniques.
LIEGE / VERVIERS : Pour janvier-février, regroupés autour de Xavier Hottepont et Philippe Banoy, les stagiaires liégeois et verviétois de l’école des cadres auront pour tâche de lire un texte court et classique de Marcel De Corte, intitulé « De la dissociété », paru aux éditions Remi Perrin, et de comparer la teneur et les arguments de l’opuscule dense de De Corte, qui fut, rappelons-le, professeur de philosophie à l’Université d’Etat de Liège, à ceux avancés par un livre actuel, au ton bien moins traditionaliste et où l’on trouve assez souvent des accents propres à la « gauche plurielle », celui de Jacques Généreux, « La Dissociété », paru au Seuil en octobre 2006. Généreux pose comme thèse principale que les sociétés authentiques, c’est-à-dire celles qui ne sont pas disloquées par le phénomène de la ‘dissociété’, sont soudées par la solidarité et le primat du bien commun. Solidarité et bien commun qu’il entend faire revivre sinon restaurer. Dans la perspective d’un nouvel engouement pour l’idéal de solidarisme en Flandre aujourd’hui, la lecture de ces deux ouvrages nous paraît intéressante voire impérative. A noter également que les équipes de Bruxelles et de Flandre Impériale préparent, sur la même thématique, une journée de lecture sur le livre de Marie-Claude Blais, « La solidarité – Histoire d’une idée », Gallimard, 2007. Livre qui sera lu conjointement aux pages sur cette même thématique de la solidarité, parues dans l’œuvre encyclopédique de Sirinelli sur les droites en France.
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Jeunes filles porte-bannière
Willy FRESON:
SOUS L'EGIDE DE WOTAN: les jeunes filles porte-étendard dans les tribus germaniques
Les démocraties égalitaires contemporaines nous avaient déjà gratifiés de la guerre totale, c'est-à-dire de la guerre pour tous. Depuis peu, en Europe, elles ont peaufiné leur logique maniaque, en étendant aux femmes le douteux 'droit' de porter l'uniforme et les armes.
Y a-t-il là un quelconque souci d'affermir l'institution militaire et policière ? Ou de répondre à une impérieuse nécessité de défense nationale ? En aucune façon, bien sûr. Seules des considérations idéologiques obsessionnelles ont présidé à cette nouvelle et mirifique avancée des 'droits imprescriptibles'. Sur le thème 'Les femmes et la guerre', on lira dans La Nouvelle Revue d'Histoire (n°2, sept-oct 2002) le compte-rendu du livre de l'auteur israélien Martin van Creveld et la table ronde qui lui est consacrée. Les femmes en armes constituent donc un sujet d'actualité qu'on ne saurait ignorer, puisque désormais cet intéressant spectacle s'offre quotidiennement dans nos rues, avec, il est vrai, d'autres réalisations de cette modernité qui fait le charme de la vie urbaine.
Cependant, mon propos ne sera pas d'épiloguer plus longuement sur le présent et l'avenir de la question, mais bien plutôt de saisir le prétexte de ce point d'actualité, pour en évoquer certains aspects anciens. Que peut dire l'historien sur les femmes et la guerre, dans le lointain passé des peuples européens, c'est-à-dire bien avant que le chaos de la 'modernité' ne déstructure ces derniers ? Certes, le champ d'investigation est vaste, mais les sources ne répondent pas toujours à l'attente. Néanmoins, les textes, et plus encore l'archéologie, offrent parfois des ressources inattendues. Par exemple, dans le cas du monde germanique ancien, l'information est d'origine romaine. C'est donc d'abord, par-dessus les épaules des légionnaires, que nous aurons l'occasion de contempler les cadavres meurtris de femmes germaniques tuées au combat, en compagnie de leurs congénères masculins.
Le choc des grandes invasions barbares
Dion Cassius, sénateur romain originaire d'Asie Mineure, écrivit en grec, vers 230 de notre ère, une Histoire romaine, qui constitue une de nos sources principales sur le sujet. Son oeuvre, comme tant d'autres, nous est malheureusement parvenue mutilée par les siècles. C'est dommage, car il y rapportait des événements qui lui avaient été contemporains, entre autres l'épisode fameux connu sous le nom de 'Guerre des Marcomans', premier acte des Grandes Invasions, qui allaient semer le chaos dans l'Empire et mettre à jamais l'Europe en miettes. Cette geste sanglante peut se résumer ainsi: de 166 à 180, les peuples barbares du centre de l'Europe s'ébranlèrent de proche en proche et franchirent en masse les frontières de l'Empire romain, sur le Danube et dans les Carpates. En 170, les Balkans et la Grèce furent razziés. La même année, des bandes germaniques firent même irruption en Vénétie, semant une terreur d'autant plus incontrôlée que l'Italie n'avait plus subi d'invasion étrangère depuis près de trois siècles. Ce passé, lointain déjà, avait été témoin de la ruée des Cimbres et de leurs alliés, premiers Germains à avoir pris d'assaut le monde méditerranéen.
Dans les deux cas, la machine de guerre romaine vint à bout des envahisseurs, mais au prix de combats meurtriers et de lourdes pertes. Dès 171, l'empereur Marc-Aurèle prenait ses quartiers à Carnuntum, sur le Danube -non loin de l'actuelle Bratislava- et ses troupes rejetaient l'ennemi sur l'autre rive. Puis, l'année suivante, les armées romaines franchirent le fleuve et occupèrent le pays des Marcomans et celui des Quades (Moravie et Slovaquie). C'étaient les principaux meneurs de la coalition barbare, qui comprenait une foule de peuples, dont les Lombards, les Vandales, les Hermundures, les Daces 'libres' et les Sarmates. Ce ne fut pas sans mal. Progressant dans l'axe de la 'route de l'ambre', immémoriale liaison entre l'Adriatique et la Baltique, les légions menèrent durant des années une lutte sans merci contre un adversaire féroce, une éreintante guérilla entre monts de Bohème et vallées des Carpates.
Du tumulte de ces combats témoignent les scènes pathétiques de la Colonne Aurélienne, à Rome, et les inscriptions mentionnant nombre de généraux romains tués dans les batailles, et les couches de cendres, dégagées par les archéologues, sur les sites des villages germaniques au nord du Danube. Quant aux sources littéraires, elles sont d'une maigreur déplorable, eu égard à l'importance cruciale de ces événements pour l'histoire subséquente de l'Europe. Sur le sujet, Dion Cassius est un témoin irremplaçable, bien que le récit qu'il fit du règne de Marc-Aurèle ne subsiste plus qu'à l'état de bribes. C'est précisément un de ces fragments que je prendrai comme point de départ, pour introduire quelques réflexions sur un aspect peu connu, mais assez singulier, de la vie sociale des anciens peuples d'Europe.
Des cadavres de femmes en armes
Il s'agit de onze mots préservés par l'abréviateur byzantin Xiliphin (Dion, 71, 3, 2/Boissevain, III, 251) et qu'on peut traduire comme suit: 'parmi les cadavres des Barbares, on trouva même des femmes en armes'. C'est là un des rares témoignages littéraires antiques qui nous présente des femmes combattantes, intégrées dans un groupe de guerriers, ceci dans le contexte des guerres du 2e siècle évoqué plus haut. Manifestement, l'anecdote a été préservée parce qu'elle rapportait un trait curieux, éminemment barbare, qui choquait l'entendement des Anciens. La tradition grecque voyait, d'ailleurs, dans la guerre au féminin un fait exotique propre à distinguer le civilisé du non-civilisé. Elle n'appréhendait le phénomène qu'au travers de la légende des Amazones, fiction littéraire souvent exploitée, mais qui reposait sur une réalité historique mal comprise et enracinée dans le milieu des nomades iraniens (Scythes, Alano-Sarmates).
Une distinction s'impose cependant. Mon propos porte sur les femmes guerrières, c'est-à-dire sur celles qui portaient les armes et participaient aux combats dans les rangs des formations militaires traditionnelles de leurs ethnies, de manière quasi-institutionnelle. Ce phénomène est peu mentionné dans les textes. Ceux-ci sont, par contre, plus prolixes lorsqu'il s'agit de mettre en scène des femmes -mères, épouses ou filles- sortant de leur rôle naturel et participant peu ou prou aux combats, avant tout sous la pression d'événements contraignants. Un cas célèbre est celui des femmes cimbres, dans la plaine du Pô, en 101 avant notre ère. Plutarque et Orose nous les décrivent, hurlantes et gesticulantes, tentant de rétablir une ligne de défense sur le cercle de leurs chariots, alors que les rangs des Cimbres viennent d'être enfoncés par les légions du consul Marius. Le récit de la bataille s'achève sur un massacre général et sur le spectacle des soldats romains lancés au pas de course, qui égorgeant et décapitant les malheureuses, avant d'assister au suicide des survivantes, exécutant leurs propres enfants. L'année précédente, les femmes des Ambrons s'étaient comportées avec une semblable détermination face aux soldats du même Marius. On se rappellera aussi le rôle de soutien joué par les femmes bituriges, lors de l'assaut tenté par les légionnaires de César sur Avaricum (Bourges).
Des guerrières avérées
Tout autre est évidemment le cas des guerrières avérées, qui participent en première ligne et qui, en toute hypothèse, jouent un rôle particulier dans l'organisation des contingents germaniques. Ce rôle n'a sans doute fait que croître à la faveur des grands mouvements de peuples guerriers, qui se déploient en Europe centrale et orientale dès la veille des Guerres Marcomanniques et qui connaîtront leurs paroxysmes au 3e et au 5e siècles. Ainsi, cent ans après la contre-offensive victorieuse de Marc-Aurèle, la situation stratégique de l'Empire romain s'est considérablement détériorée. Durant une bonne part du 3e siècle, un ouragan d'assauts répétés s'est déchaîné sur toute la frontière européenne, depuis la mer du Nord jusqu'au piémont du Caucase. En particulier, la puissante confédération gothique, issue des régions baltiques, s'est établie alors en Ukraine et Roumanie actuelles, lançant, à partir de là, de profondes razzias vers les Balkans, l'Asie Mineure, l'Egée et même la Méditerranée orientale. La situation ne fut rétablie, en partie, que par les puissantes contre-offensives menées par les empereurs Claude 'le Gothique' et Aurélien.
Ce dernier s'illustra, entre autres, par de nombreuses victoires et par un triomphe fameux à Rome, en 274, où figurèrent les rebelles Tétricus et Zénobie, le dernier empereur 'gaulois' et la célèbre reine de Palmyre. Mais surtout, nous rapporte l'Histoire Auguste (Aurélien, 34, 34,1), on fit aussi défiler dix femmes dont il s'était emparé -alors que beaucoup avaient été tuées- tandis qu'elles combattaient, habillées en hommes, parmi les Goths, une pancarte indiquant qu'elles appartenaient à la race des Amazones. Cette mention, plus explicite que celle de Dion, intègre tous les éléments évoqués plus haut: des guerrières combattant avec les hommes dans le même appareil, assimilées aux Amazones -cadre de référence obligé de la culture antique- et présentées comme une curiosité dans le défilé des captifs, avant de finir en anecdote piquante dans les récits de l'historiographie gréco-latine.
Les rumeurs de cette tradition perdureront durant des générations, puisqu'on en retrouve encore l'écho, à la fin du 8e siècle, chez Paul Diacre, qui écrit: On raconte que, lors d'une expédition avec leur roi, les Lombards, arrivés à un fleuve, s'en virent bloquer la traversée par les Amazones et que Lamissio fit le coup de poing avec la plus forte d'entre elles et la tua, se gagnant l'éloge et la gloire et procurant le passage aux Lombards (..). Cette partie du récit ne repose sans doute que sur une vérité bien mince. Tous ceux qui connaissent ces vieilles histoires savent bien que le peuple des Amazones a été détruit bien avant que ces faits aient pu se produire; à moins peut-être que, dans ces lieux mal connus et à peine mentionnés par l'hitoriographie où sont censés s'être déroulés ces événements, n'aient existé jusqu'à cette date des femmes de ce genre. J'ai effectivement, moi aussi, entendu dire qu'un peuple de ces femmes existe encore aujourd'hui dans les profondeurs de la Germanie. (Histoire des Lombards, 1, 15). Rappelons que ces lignes furent écrites par un auteur, lui-même d'origine lombarde, qui était un familier de Charles le Grand, alors que celui-ci menait ses guerres de terreur contre les Saxons demeurés 'païens'.
Des cadavres qui parlent
Si on a vite épuisé les ressources de la tradition littéraire -que je me suis efforcé de replacer dans leur contexte historique-, on se console sans peine avec les données de l'archéologie, laquelle fournit sans conteste le clou de la documentation. Le sol européen a, en effet, livré une catégorie toute particulière de fossiles humains, dans un état de conservation remarquable. Il s'agit de la série dite 'hommes des tourbières' (Moorleichen, Bog peoples, Moseliget), collection impressionnante de cadavres, conservés grâce aux conditions physico-chimiques favorables du milieu des tourbières d'Europe centrale et septentrionale. Un dénombrement, effectué en 1975, arrivait au chiffre de 1.620 cas, mis au jour principalement en Allemagne et au Danemark (4 cas en Belgique). Les découvertes n'ont pas cessé depuis, avec, par exemple, l'homme de Lindow Moss, en Angleterre (un druide, semble-t-il) ou le cas, spécial, de l'homme des glaces, 'Ötzi', au Tyrol. J'ai personnellement le souvenir poignant de la jeune fille de Windeby, que j'ai longuement contemplée au château Gottorf, à Schleswig. De cette collection, une série limitée de cas -mais néanmoins significative- relève de notre propos.
- Il y a tout d'abord trois cadavres de jeunes filles, trouvés dans le Halverder Moor (arr. de Tecklenburg, Westphalie) et qui datent des environs de 350 avant notre ère. Elles reposaient en compagnie de huit jeunes hommes, équipés de boucliers, d'épées et de lances, les filles ajoutant à cet appareil des arcs et des flèches. Les hommes portaient de longs pantalons de laine. Leurs compagnes complétaient cette tenue de vestes sans manches. Les onze corps étaient percés de coups.
- A Spelle, non loin du site précédent, mais en Basse-Saxe (arr. de Lingen), on a découvert seize corps portant des blessures de combat, dont ceux de deux filles âgées de 18 à 20 ans. Les morts reposaient avec leurs épées et des boucliers brisés, les filles avaient en sus des arcs et des flèches. A côté de chacune d'elles gisait une lance doublée d'une hampe fichée verticalement et dont l'extrémité supérieure était pourrie, montrant que les bois avaient été intentionnellement visibles en surface. Les faits datent du tournant de notre ère.
- Dans le Bruchbergmoor, à l'ouest des monts du Harz (Bad Grund, Basse-Saxe), on a exhumé trois hommes et quatre jeunes filles, armées et habillées comme leurs compagnons, dont l'un portait un collier garni d'une pièce d'or à l'effigie d'un empereur romain. Les sept individus avaient succombé à des coups d'épée.
- Le Kapermoor (Gollensdorf, arr. d'Osterburg, Saxe) a livré les corps d'une jeune fille et de deux hommes. Tous trois portaient des pantalons de cuir -la fille avec une veste. Ils avaient des blessures infligées de taille à l'épée. L'étrange demoiselle tenait une lance dans la main droite. Elle portait une épée à la hanche et elle était recouverte d'un bouclier brisé. Le fer de ses armes était incrusté de signes runiques damasquinés d'argent. L'ensemble a été daté du début du 3e siècle.
- Est particulièrement remarquable le corps d'une jeune fille retrouvé à Dätgen l (près de Rendsburg, Schleswig-Holstein) et qui date des environs de l'an 600 de notre ère. La jeune fille, vêtue de cuir, reposait sur un bouclier quadrangulaire aux bords arrondis. Dans sa main, elle portait une lance sur laquelle -fait singulier- avait été fiché un chapeau de feutre. Elle reposait criblée de flèches, aux côtés de six hommes, eux aussi percés de flèches et de coups d'épées.
- Tout aussi insolite est le cas de la jeune fille du Haselmoor (Kochel, arr. de Bad Tölz, Bavière), daté du 7e siècle. Elle tenait des deux mains une forte hampe de bois, présentant sur le haut de profondes entailles et tranchée d'un puissant coup de taille un peu au-dessus de sa tête. L'autopsie minutieuse du corps a révélé un hymen encore intact. La jouvencelle et le jeune homme étendu à ses côtés portaient comme vêtement des pantalons de cuir et des chaussures basses à lacets, complété pour la fille d'une veste de cuir sans manche. Les corps, frappés de coups d'épée, reposaient sur des boucliers tendus de cuir.
- Enfin, signalons le cas de la jeune fille de Linum (arr. de l'Osthavelland, Brandebourg). Elle portait une épée fixée à une ceinture serrant un pantalon de cuir, dans lequel était rentré une longue veste de laine sans manches. Dans sa main, elle tenait un arc. Tout près, un carquois était encore pourvu de quelques flèches. Elle avait été atteinte de plusieurs de ces traits.
Des vierges porte-bannière ?
L'interprétation de cet ensemble de faits bien documentés requiert prudence et nuance. Parmi tous ces corps de jeunes femmes, il faut sans doute faire une différence entre celles qui combattirent en nombre plus ou moins important dans les rangs des hommes, sans qu'on puisse, dans l'état de nos sources, préciser les modalités de leur rôle, et, d'autre part, celles qui semblent avoir exercé individuellement une fonction spécifique dans un cadre, par ailleurs, masculin. Le premier cas se rencontre à des titres divers et dans des contextes variés chez certains peuples, anciens ou non. Le second cas, dont relèvent les trouvailles de Dätgen l et Haselmoor, mérite plus d'attention, car il peut être éclairé par des données nettement plus récentes.
En effet, durant tout le dernier siècle du moyen âge, les Frisons du pays de Wursten, à l'embouchure de la Weser, avaient défendu leurs libertés contre les convoitises des évêques de Brême. La bataille décisive n'avait été livrée qu'en 1517, sur le Wreeder Siel. Le porte-enseigne de l'armée frisonne n'était autre qu'une jeune fille, qui se fit tuer en tentant de préserver jusqu'au bout son enseigne, la heirfona. Ce mot frison signifie 'la fille de l'armée' et désigne aussi bien la porteuse de l'emblème que l'enseigne elle-même. Cette dernière consistait, chez les Frisons du moyen âge, en une hampe de bois surmontée d'un chapeau sur-dimensionné. De tels couvre-chefs ont été retrouvés par deux fois en Frise Orientale et l'expression coutumière appelant au rassemblement du peuple se disait thene hôd upstêta, "dresser le chapeau". On ne s'avancera donc pas trop en concluant que les jeunes filles de Dätgen et de Haselmoor furent, elles aussi, des porte-enseigne de troupes guerrières, la seconde ayant manifestement subi le même sort que la heirfona frisonne: massacrée en cherchant à sauver son enseigne, dont le sommet -avec le chapeau ?- fut tranché par les assaillants.
Donne-nous la vaillance au combat
Dans tous les cas, il est important de noter qu'il s'agit de très jeunes filles, probablement vierges comme semble le confirmer le rapport médical du Haselmoor. Ce détail oriente plutôt vers une signification religieuse liée au culte de Wotan. Ce dieu, polymorphe et multifonctionnel, avait pris, en effet, depuis les 2e et 1er siècles avant notre ère, un caractère de plus en plus belliqueux, pour apparaître finalement comme le dieu par excellence de la guerre. Les Gefolgschaften, continuant les compagnonnages celtiques, se placèrent tout naturellement sous son égide et les guerriers morts au combat bénéficièrent de toute sa bienveillance. Ainsi, Wotan les accueillait auprès de lui dans le 'Valhalle' et, par ailleurs, ne se privait pas d'intervenir à son gré sur les champs de bataille, pour influer aussi bien sur les destins collectifs que sur le sort des individus. Mais il agissait à distance, par l'intermédiaire de figures féminines, les Valkyries. A l'origine, démons funèbres chargés de 'choisir les morts' (ce que signifie leur nom), ces fidèles du dieu borgne furent, par la suite, perçues comme de jeunes vierges guerrières, soutenant les mortels dans les combats et guidant les héros morts vers le Valhalle, où elles assuraient le service.
Dès lors, la 'militarisation' croissante des sociétés germaniques, durant les siècles de l'Empire romain, a dû entraîner l'incorporation d'un certain nombre de jeunes femmes dans les associations guerrières qui se regroupaient autour de chefs renommés. Héroïnes en herbe, n'est-il pas vraisemblable que ces femmes aient espéré suivre leurs compagnons, par delà la mort, pour rejoindre les banquets tumultueux du Valhalle -et pour devenir de nouvelles Valkyries ? L'hypothèse a toute chance de se vérifier, au moins dans le type de la heirfona dont la virginité avait sans aucun doute valeur sacrée, conférant force et protection à la troupe ainsi vouée au dieu de la guerre. Est en tout cas remarquable la pérennité de cette tradition païenne, jusqu'au sortir du moyen âge chrétien ! Songeons que la heirfona frisonne tomba l'année même où un moine fanatique nommé Luther afficha ses récriminations à Wittenberg, départ de la 'Réforme' et coup bas à la Renaissance !
Sans conteste, la documentation disponible aujourd'hui, toute fragmentaire et énigmatique qu'elle soit, permet de mieux discerner le rôle persistant que joua l'élément féminin dans l'organisation guerrière des peuples germaniques. Ce rôle peut être qualifié d'organique, puisqu'étroitement associé, en toute complémentarité, à la vie politique et religieuse de la communauté ethnique: la guerre restait une affaire d'hommes, mais un ensemble de représentations mentales, dont le détail nous échappe, faisait qu'un certain nombre de femmes étaient amenées -sous des conditions précises- à participer aux activités guerrières. Si maintenant on passe d'une marge de la vielle Germanie à une autre, de la Frise à la Lorraine, on ne pourra pas se retenir d'évoquer l'exemple d'une autre pucelle, apparue comme par enchantement dans 'l'Histoire de France', pour entraîner d'autres bandes armées dans le sillage de son étendard. Insolite dans le cadre chrétien français, Jeanne d'Arc ne pourrait-elle être un avatar occidental de la heirfona germanique, surgissant elle aussi de la plus profonde mémoire européenne ? La question mériterait un examen attentif. Je ne bouderai pas, en tout cas, la secrète jubilation d'entrevoir, derrière la sainte de Domrémy, l'ombre formidable du dieu borgne aux corbeaux, l'Odin des sagas scandinaves.
Willy Fréson
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