samedi, 16 février 2008
En souvenir de la "Sainte Alliance"
En souvenir de la «Sainte-Alliance» des nations européennes…
Le 12 septembre 1683, un voile de brouillard recouvre la colline de Kahlenberg qui domine la ville de Vienne, capitale du Saint-Empire. L'armée européenne assiste à la messe préparatoire, dite par le frère capucin frioulan Marco d'Aviano, conseiller spécial de l'Empereur Léopold I. Dans son prêche, il remémore pour tous les innombrables atrocités commises par les Turcs et leurs alliés bosniaques, tziganes et albanais en Serbie, en Hongrie, en Carinthie et dans le Frioul… Le Roi de Pologne Jean III Sobieski est le Commandeur de cette armée qui s'apprête à affronter l'adversaire ottoman, très supérieur en nombre: ils sont 70.000 hommes, contre 150.000 ennemis, dotés d'une artillerie de gros calibre dont personne ne dispose en Europe. Le Prince Eugène de Savoie est le chef de la cavalerie impériale; il vient de percer la ligne de siège des Ottomans, avec l'aide de ses six mille lances lombardes; il a réussi à pénétrer dans la ville et à porter secours aux 11.000 hommes épuisés du Comte von Starhemberg, défenseur de Vienne.
Face à eux, se déploie l'armée ottomane du Grand Vizir Kara Mustapha, ou Mustapha le Noir, rassemblée derrière la bannière du Prophète que leur a confiée le Sultan Mohammed IV et haranguée par les exhortes du Cheik Vani Effendi qui, à la suite du passage de la comète de Halley, prévoit la victoire mondiale de l'Islam sur les peuples chrétiens d'Europe. La bataille a fait rage pendant une journée entière, avec des fortunes diverses, mais, à la fin, les Turcs abandonnent le terrain, laissant derrière eux plus de 10.000 morts.
Le Père Marco d'Aviano officie lors du Te Deum solennel dans la Cathédrale Saint Etienne, où il incite l'Empereur, le Roi de Pologne et le Prince Eugène à continuer la guerre jusqu'à la libération de Budapest et de Belgrade du joug ottoman. Le chef-d'œuvre diplomatique du Père Marco est justement la constitution de cette Sainte Alliance unissant l'Empire, le Royaume de Pologne, la Sérénissime (Venise) et, enfin, la Russie. La campagne militaire de la Sainte Alliance contre les Turcs réussit effectivement à libérer les terres européennes occupées les unes après les autres: la Carinthie germanique d'abord, ensuite la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Transylvanie et d'importantes portions des territoires serbes et valaques. La “Porte de Fer” du Danube retombe entre les mains de l'Europe et l'Empire ottoman, lors de la paix de Karlowitz en 1699, renonce définitivement à conquérir l'Europe continentale.
C'est grâce au courage de ces 70.000 soldats accourus de tous les coins d'Europe pour affronter un ennemi plus de deux fois supérieur en nombre que nous devons de vivre dans des pays non théocratiques et de tradition chrétienne, où il y a séparation de l'Eglise et de l'Etat, permettant le développement d'une démocratie qui, bien qu'incomplète aujourd'hui, n'a pas d'égal dans le monde. Aujourd'hui, le Père Marco d'Aviano a donné son nom à l'aéroport de Trieste, tandis qu'on envisage enfin de le béatifier, même si un crétin isolé a eu le toupet, en apprenant cette nouvelle, de s'y opposer, accusant cet humble frère capucin, sauveur des nations européennes et génial géopolitologue avant la lettre, de “bellicisme”…!
Archimede BONTEMPI.
(article paru dans La Padania, 20 octobre 2000; http://www.lapadania.com).
00:25 Publié dans Affaires européennes, Histoire, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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