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lundi, 27 octobre 2008

Les fruits amers du néo-libéralisme

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Andreas MÖLZER:

Les fruits amers du néo-libéralisme

 

La  crise financière internationale a bien saisi l’Europe en ses griffes. Chaque jour,  dans l’un ou l’autre pays de l’Union Européenne,  on doit rapidement ficeler une politique de sauvetage pour empêcher l’effondrement d’une grosse banque; les indices de la Bourse plongent vertigineusement et, lors des réunions au sommet de l’UE, on cherche fébrilement des solutions  de rechange pour échapper à la crise. Toute cette misère n’est pas  subitement tombée du ciel. Depuis longtemps déjà, des spécialistes nous ont averti que la bulle pouvait éclater sur les marchés financiers internationaux, bulle que l’incommensurable avidité des spéculateurs américains avait contribué à créer. En se détachant complètement de l’économie réelle, on s’est mis à faire des affaires abracadabrantes et on a remplacé la rationalité économique par un mental de joueur de casino. Les banques européennes n’ont pas voulu demeurer en retrait de cette euphorie et se sont jetées dans le piège américain. Et maintenant  que les banques fortement touchées par cette peste risquent d’entraîner toute l’économie dans l’abîme, voilà que l’Etat doit revenir pour empêcher le pire. En d’autres termes: l’Europe récolte désormais les fruits amers du néo-libéralisme.

 

Prendre le mal à la racine: l’UE n’en a pas eu la volonté. Car pour le faire, il aurait fallu repenser de fond en comble le système financier international existant. Pour empêcher que dans l’avenir,  l’avidité pathologique de la haute finance américaine ne ruine le secteur bancaire européen, il faut tenir en laisse les jongleurs de la finance internationale. Il faudrait aussi qu’au niveau du contrôle des marchés financiers, on impose des critères minimaux sévères et, qui plus est, qu’on  exige des profiteurs du système financier une contribution de solidarité. De façon à conforter un fonds de sécurité permettant de soutenir les banques en cas de crise.

 

Quant au Bruxelles eurocratique, il est bien nécessaire qu’il change fondamentalement son attitude et confesse, même indirectement, qu’il a fait fausse route et échoué. Car, rappellons-le, dans les années et décennies passées, le Bruxelles eurocratique ne s’est pas posé comme un rempart contre la globalisation selon le modèle voulu par les Américains, mais, au contraire, comme l’instrument favorisant un libéralisme sans aucun frein. Ce Bruxelles eurocratique n’a  pas pour but premier de protéger les citoyens qu’il a sous sa juridiction mais de détricoter les barrières douanières et d’abattre les limitations imposées au commerce et de favoriser le passage et le transfert illimité des marchandises et des capitaux vers tous les continents. C’est à cela que travaillent les lobbyistes de tous poils qui s’agitent dans les corridors du Bruxelles eurocratique:  leur objectif, c’est que dans l’UE s’imposent les projets de l’idéologie néo-libérale de Wall Street et d’autres cénacles américains.

 

Andreas MÖLZER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°42/2008, trad. franç.: Robert Steuckers).

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