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lundi, 15 décembre 2008

Baldur Springmann: paysan de corps et d'âme

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Baldur Springmann: paysan de corps et d'âme

 

"Paysan de corps et d 'âme" : telle était la devise du mouvement écologiste dans les années 70 et 80. Baldur Springmann l'a incarnée pendant toute sa vie. Dès l'âge de 15 ans, il ne voulait pas reprendre l'usine de vis qu'avait fondée son grand-père à Hagen en Westphalie. . Baldur Springmann voulait être très proche du “pouls de la vie”, devenir un “paysan de corps et d'esprit”, comme l'annonce d'ailleurs le titre de son autobiographie en deux volumes.

 

Sa part d'héritage, Baldur Springmann l'a investie dans une ferme en ruine du Mecklembourg, mais après la deuxième guerre mondiale, il a dû l'abandonner avec sa famille et, réfugié totalement démuni, recommencer tout à zéro à Geschendorf dans le Holstein. Une pratique agricole s'est généralisée dans notre après-guerre, qui inquiétait Baldur Springmann: l'usage croissant de produits et d'engrais chimiques dans l'agriculture. Dès 1954, pour s'opposer à cette tendance, Springmann transforme sa dynamique entreprise en ferme biologique. l'on raisonne en termes écologiques, on induit logiquement un projet de réno­vation sociale, explique “Bio-Baldur”. En 1972, il fait de sa ferme —le “Hof Springe”—  une coopérative produc­teur/consommateurs, où les consommateurs, en tant que co-propriétaires, fixent les prix, de façon a maintenir la ferme en bon état de viabilité économique. Via un organisme s'occupant du service civil pour les objecteurs de conscience désirant travail­ler dans l'agriculture écologique, Baldur Springmann a pu engager des volontaires de ce service civil dans sa ferme, afin qu'ils mettent en pratique leur idéal “de paix avec la nature”.

 

Pourtant, Springmann n'était pas bien vu dans les milieux des politiciens verts, car il vivait en paix avec son propre peuple, il ne voyait pas en son peuple allemand l'incarnation du mal absolu. Pendant la guerre, Baldur Springmann avait été chef de bat­terie et capitaine-lieutenant dans la marine. Il n'a pas cru bon de se donner et de se fabriquer un faux passé de résistant. Les politiciens verts lui reprochait sa “Deutschtümelei”, son patriotisme doux et archaïsant, lié à un amour de la nature et des pay­sages allemands, mélange de “patrie et de matrie”. Ces acquis traditionnels font partie intégrante, dit Springmann, d'une cul­ture du dialogue qui transmet à l'autre et reçoit de l'autre en parfaite réciprocité, harmonie et symbiose. Fondateur et pionnier du mouvement vert en Allemagne, Springmann s'aperçoit au début des années 80 que les groupes communistes-maoïstes s'emparent des positions-clefs dans le mouvement écologiste: il décide de quitter le parti. Il participe à la fondation d'un nou­veau parti écologique, l'ÖDP, mais abandonne rapidement le travail politique. En 1981, son épouse Ille meurt, laissant Baldur dans un chagrin qu'il essaie de sublimer dans de nouvelles découvertes spirituelles et dans la rencontre avec d'autres per­sonnes. Mais quand il s'agit de co-organiser des manifestations de protestation contre des pratiques anti-écologiques, “Öko-Opa” (Eco-Papy), bien alerte, remonte sur la brèche. Encore aujourd'hui.

 

Le mouvement des Verts avait commencé dans l'enthousiasme; il voulait un dépassement du capitalisme industriel moderne. Mais il s'est enlisé dans les méandres de la politique politicienne de Bonn. Mais l'alternative concrète, écologique, sociale et populaire de Springmann nous interpelle encore et toujours, elle demeure une véritable pro-vocation, qui s'adresse à chacun d'entre nous.

 

Le 31 mai 1997, Baldur Springmann fêtait son 85ième anniversaire.

 

Ingrid MOUSEK.

(article paru dans Junge Freiheit, n°23/97; trad. franç. : Robert Steuckers).

 

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