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samedi, 06 février 2010

Pour en finir avec l'hitléromanie

hitler2.jpgPour en finir avec l'hitléromanie

 

par Jean de Lothier / Ex: http://livr-arbitres.over-blog.com/

 

On pensait le IIIe Reich mort et enterré depuis soixante ans. Faux ! Il n’a jamais été aussi vivant. C’est du moins ce que pourrait nous laisser croire la surabondance de la littérature sur ce thème[1]. Un phénomène que l’on peut désigner, à l’instar de l’écrivain Renaud Camus, comme « la seconde carrière d’Adolf Hitler»[2]. Cette « fascination du nazisme » (Peter Reichel) opère ainsi « un retour en creux, un retour comme figure inversée, comme contre-épreuve, comme pôle par excellence du négatif et donc comme obsession ». L’histoire est ancienne (les faux carnets du Führer publiés par l’hebdomadaire allemand Stern en 1983) mais elle a pris ces dernières années un tour inflationniste et absolument obsessionnel.

 

Bref, Hitler et ses sbires sont devenus une mode, une mode à laquelle s’adonnent les écrivaillons parisiens (l’insipide Eric-Emmanuel Schmitt explose les ventes avec La Part de l’autre, l’histrion Nicolas d’Etienne d’Orves nous inflige Les Orphelins du Mal, Patrick Besson de son côté s’essaie à l’exercice avec son Lui). Le best seller de Jonathan Littell, Les Bienveillantes, remarquable par son indigence documentaire, nous ressert les macérations brunâtres d’un bourreau des camps de la mort tandis que Norman Mailer commet une dernière œuvre[3], (« un livre-évènement » selon la presse) sur… la jeunesse d’Adolf Hitler. Un ouvrage à propos duquel Le Monde 2 dans son édition du 4 août 2007 nous gratifie d’une couverture avec un Führer en babygros. Une annonce qui sera d’ailleurs relayée quelques mois plus tard par Le Point (Hitler, l’enfance d’un monstre) et l’Express (qui profitant de l’effet d’opportunité, vend en supplément et sous cellophane un DVD sur Eva Braun…).

 

Si les journalistes de la pensée unique se régalent (avec la palme pour Le Nouvel Observateur, journal fétiche de la gauche bobo, qui a toujours un numéro spécial SS dans le frigo pour gonfler ses ventes), les mensuels donnent aussi à plein dans le genre : le magazine l’Histoire a ainsi consacré pas moins de six dossiers à la question (et ce à grand renfort de titres fracassants)[4], les revues spécialisées dans le militaria et la seconde guerre mondiale n’en finissent plus de présenter des dossiers sur « Hitler, chef de guerre ». Les adeptes de l’occultisme enfin peuvent se pourlécher à la lecture des « dossiers secrets du IIIe Reich » (sic) qui nous entretiennent des expéditions de l’Ahnenerbe au Tibet ou de la quête menée par les affidés de Himmler afin de retrouver les empreintes d’une race hyperboréenne venue d’une autre galaxie…

 

Les historiens se sont, à leur tour, saisis du filon. Rien n’échappe à leur attention. On en vient même à évoquer la vie mondaine sous le nazisme[5] (A quand un livre sur la vie sexuelle du Führer avec SA en porte-jarretelles sur la couverture ?). Tous les dignitaires nazis et leur entourage ont droit à une biographie[6]. Le journal de Goebbels récemment réédité (trois tomes parus depuis 2005) remporte un large succès. Les SS fournissent quant à eux la matière d’innombrables et de sempiternelles études[7].

 

Le petit écran n’est pas en reste. Les téléfilms qui ont pour contexte la seconde guerre mondiale (avec comme produit d’appel un officier vicelard et éructant portant deux runes zébrées sur les pattes de col) ne se comptent plus. La chaîne arte programme quant à elle une fois sur deux des documentaires sur des sujets liés au IIIe Reich. Un DVD au sous-titre racoleur (« Dans l’intimité d’Hitler ») est consacré à la vie d’Eva Braun. Décalque documentaire d’une biographie[8], il est produit par la chaîne qui diffuse « l’île de la tentation » et la Star Academy…

 

Le 7e art n’est pas non plus épargné : Nicolas Klotz, un réalisateur autoproclamé en mal d’inspiration, « de gauche », fait dans son film, la Question humaine (sorti en septembre 2007), le « subtil » parallèle entre le monde des multinationales et l’idéologie nazie…

 

Une telle « actualité » donne des ailes aux falsificateurs de l’histoire. A l’extrême-gauche, les trotskistes sont tellement hypnotisés par le complot « nazi-fasciste » qu’ils finissent par en faire l’objet exclusif de leurs « études » selon le mode fascination-répulsion. L’archéo-stalinien Alfred Wahl relit l’histoire de l’Allemagne post-1945 au prisme de son obsession brunâtre et bâtit la thèse surréaliste selon laquelle la RFA aurait bénéficié de l’armature politique, militaire et économique du IIIe Reich et ne serait donc qu’un succédané de ce régime[9].

 

De même, son acolyte Daniel Lindenberg, dans son fol espoir d’exonérer le communisme de son caractère intrinsèquement criminel, livre en préface d’un ouvrage sur L'archéologie nazie en Europe de l'Ouest[10] un texte édifiant par sa malhonnêteté intellectuelle. A la droite de la droite, les hystériques du complot juif (façon Réfléchir & Agir) n’en finissent plus de remâcher de vieilles haines alimentées par des lectures compulsives d’ouvrages d’uniformologie NS et d’occultisme de pacotille.

 

Tout ce petit monde qui fonctionne en vase clos sert remarquablement les intérêts du système médiatique et marchand qui poursuit inlassablement sa course folle et destructrice. Ces idiots utiles du mondialisme confèrent ainsi à « la bête immonde » une actualité artificielle et perpétuellement entretenue et offrent de la sorte un épouvantail inespéré aux tenants du système qui permet d’accréditer l’idée que si l’existence devient de plus en plus invivable et irrespirable dans les sociétés néolibérales, cela vaut toujours mieux que « le nazisme ». Ce gigantesque leurre, cette prodigieuse mystification et son instrumentalisation rituelle a une conséquence plus grave encore pour nous, Européens soucieux de l’identité de nos peuples et qui n’avons que faire des références brunâtres agitées par les onanistes de la pensée creuse.

 

Car la reductio ad Hitlerum (Leo Strauss) agit comme un mythe incapacitant systématiquement opposé à notre quête identitaire. Comme l’écrit Renaud Camus, « la deuxième carrière d’Adolf Hitler, s’exerçant selon un retournement terme à terme et purement mécanique des perspectives, a consisté à convaincre le monde, mais surtout l’Occident et d’abord l’Europe – qui pour son malheur avait pu suivre de beaucoup plus près que les autres continents la première équipée criminelle de ce revenant diabolique – que les distinctions ethniques et les dimensions héréditaires des civilisations ne comptaient pas, que les origines n’étaient rien, que les appartenances natives n’avaient aucune importance et que même si, par malheur, ces choses-là avaient une existence réelle et une influence effective sur les affaires des hommes et celles des États, il fallait faire comme s’il n’en était rien, les ignorer en fait et en discours, leur dénier toute pertinence, interdire qu’il y soit fait référence. (…) C’est ce mode de pensée et d’expression qui, seul aux commandes depuis qu’Hitler a commencé sa seconde carrière souterraine et renversée, oxymorique et ravageuse, a forgé le monde où nous vivons, l’Europe que nous essayons de construire et qu’il empêche, le pays que nous avions cru nôtre et dont il nous expliqua qu’il était à qui veut, c’est-à-dire à personne ».

 

On constate ainsi les effets dévastateurs de l’omniprésence d’« Hitler » dans le discours contemporain. Obsession incapacitante, fantasme stérile, confiserie pour mongoliens, cette imprégnation délétère doit plus que jamais nous ramener aux sources authentiques de notre identité, aux racines profondes et anciennes, afin de nous libérer d’un étouffoir dialectique et de reconquérir nos libertés et nos droits sur la terre européenne qui nous appartient et dont nous sommes les fils, de toute éternité.

 



[1] Cf. Le magazine littéraire, « Le nazisme, 60 ans de romans », septembre 2007.

[2] Le communisme du XXIe siècle, Paris, Xenia Editions, 2007.

[3] Il s’agit d’une biographie romancée du dictateur (Un château en forêt, Paris, Plon, 2007) qui propose une thèse simpliste sur le caractère diabolique du personnage et ignore tout des meilleurs travaux des historiens anglais (Ian Kershaw) et allemands (Joachim Fest).

[4] L’Histoire : Le triomphe des nazis (février 1998) ; Hitler – Portrait d’un monstre (n°297, mars 1999), Les derniers jours d’Hitler (n°297, avril 2005) ; Les bourreaux nazis (n°320, mai 2007).

[5] Fabrice d’Almeida, La vie mondaine sous le nazisme, Paris, Perrin, 2005.

[6] Que ce soit Magda Goebbels (Tallandier, 2006), l’épouse du nain boiteux ; l’archange du mal Reinhard Heydrich (Tallandier, 2007) ou le garde du corps d’Hitler, Rochas Misch (Le Cherche-Midi, 2006).

[7] Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006 et Jean Luc Leleu, La Waffen SS - soldats politiques en guerre, Paris, Perrin, 2007.

[8] Daniel Costelle, Eva Braun : Dans l’intimité d’Hitler, Paris, l’Archipel, 2007.

[9] Alfred Wahl, La seconde histoire du nazisme dans l’Allemagne fédérale depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2006.

[10] L'archéologie nationale-socialiste dans les pays occupés à l'Ouest du Reich : actes de la Table ronde internationale Blut und Boden, tenue à Lyon (Rhône) dans le cadre du Xe Congrès de la European association of archaeologists, sous la direction de Jean-Pierre Legendre, Laurent Olivier et Bernadette Schnitzler, Gollion / Paris, infolio, 2007. 

 

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