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mardi, 14 décembre 2010

Mélenchon zest-il fasciste?

Mélenchon est-il fasciste ?

Ex: http://blogchocdumois.hautetfort.com/

jean_luc_melenchon.jpgCe trublion que l’on classe à la gauche de la gauche, alternant entre des alliances de circonstance avec le PC « F » de Pierre Laurent ou l’ex LCR devenue NPA d’Olivier Besancenot, sans oublier ses rapprochements tactiques avec une certaine frange écolo représentée, notamment, par José Bové (cf. la campagne pour le « non » à la constitution européenne de 2005), serait-il un authentique fasciste, au sens propre du terme… du moins dans sa dimension économique ?

Assurément populiste

Revendiquant une filiation avec Die Linke, parti politique outre-Rhin, se situant à gauche de l’alliance parlementaire SPD-Les Verts au Bundestag, Jean-Luc Mélanchon et son PDG (Parti de gauche) créé fin 2008, se situent sur une ligne idéologique empruntant au communisme anticapitaliste autant qu’au jacobinisme le plus ringard, le tout saupoudré d’un laïcisme des plus intransigeants. Il y aurait beaucoup à dire sur ces aspects doctrinaux qui donneraient à notre histrion un air désuet rad.-soc. du temps du petit père Combes. Mais ce qui interroge sont les troublantes similitudes, y compris terminologiques, qui feraient de Mélenchon, un adversaire politique pas comme les autres. Disons-le tout net, rien de commun avec un Le Pen, chez ce diable d’homme au verbe aussi haut que le défunt Frèche, si ce n’est, peut-être, une certaine faconde tribunicienne qui l’amène à se faire comprendre aisément par le Français moyen ou bas-moyen. Populiste ? Pourquoi pas, si l’on retient la définition somme toute blondinienne et jeanyannesque de Denis Tillinac : « est populiste quiconque cause, réagit, s’émeut, s’ébahit, s’indigne comme les gens du peuple sans recourir aux grilles de lectures édictées par l’idéologie. Ou imposées par l’euphémisation chère aux technocrates (…). Aucun pathos branché ou contourné, rien que des sentiments populaires ».

Opportunément souverainiste et stratégiquement communiste

Mais point, non plus, du moins, en apparence, de dictature du prolétariat ou de dépérissement marxiste-léniniste de l’Etat, chez ce héraut tout en verve et à la rhétorique âpre et serrée. Au contraire, tout chez lui converge vers l’Etat conçu comme le principe et la fin de son idéal de gouvernement. Pour dire les choses autrement, il exhale de ses idées un sulfureux parfum de socialisme national, syntagme que l’intéressé lui-même serait sans doute prompt à réfuter en bloc de crainte d’effrayer ces « cons d’électeurs », que Frèche condescendait à mépriser. C’est que depuis la victoire du « non » au référendum du 29 mai 2005, le vent de l’Histoire (tout au moins celle des mentalités qui ont évolué depuis le précédent plébiscite mitterrandien sur le traité de Maastricht) lui gonfle les voiles. La crise économico-financière de ces deux dernières années rappelant furieusement (mais plus gravement aussi) celle de 1929, pourquoi ne pas renouer avec un certain volontarisme politique décomplexé visant à serrer la vis du patronat grand-bourgeois comme de l’argent-roi ? Son rapprochement d’avec un PC« F » moribond (1,93% lors des présidentielles de 2007) dans l’espoir inavoué mais évident de l’avaler, le placerait dans une perspective nationale-bolchévique, sans pour autant le classer aveuglément dans la catégorie fourre-tout de « l’extrême-droite ». Car précisément, Mélenchon proclame un attachement idéologique proche de l’extrême-gauche, ainsi que son éloignement du PS, sans doute jugé trop mollasson à son goût, l’atteste. Nul héritage révolutionnaire-conservateur, ainsi que l’entendait Moeller van den Bruck, théoricien d’un concept qui fit florès dans l’Allemagne weimarienne. Plus staliniste que trotskyste, Mélenchon prône une économie planifiée, pourquoi pas de type communiste, mais dans le cadre même des frontières hexagonales, en témoigne son scepticisme face au dogme européiste de l’amitié franco-allemande.

Economiquement fasciste ?
 
Dans le champ de l’économie politique, Mélenchon est résolument anticapitaliste, favorable à l’union des classes productives est chaud partisan d’une république sociale. Isolément prises, ces postures se retrouvent dans à peu près tous les mouvements altermondialistes (c’est-à-dire favorable à une « autre » mondialisation de type crypto-internationaliste rénové, à la sauce de l’antique Komintern) ou d’extrême-gauche. Mais en les faisant converger dans un seul et même faisceau dirigiste et d’interventionnisme étatique, elles revêtent les oripeaux d’un fascisme (dans l’acception mussolinienne et non dans celle dévoyée de l’insulte courante propre à la reductio ad hitlerum) cantonné à l’économie. Il y aurait, en effet, certainement loin de la coupe aux lèvres pour affirmer que notre bouillant jurassien serait également politiquement et idéologiquement fasciste. Il manque quand même le corporatisme d’Etat spécifique au fascisme italien. Néanmoins, l’acerbe (et non dénuée de bon sens, par ailleurs) critique mélanchonienne du capitalisme financier occidental le rapproche singulièrement du diagnostic établi par le Duce lui-même à l’orée des années 1930, ce qui avait conduit ce dernier à condamner le système libéral comme cause unique et inévitable de la crise du système capitaliste. Toutefois, et c’est en cela que sa doctrine économique reste insaisissable, nonobstant de prudentes mais persistantes proximités conceptuelles avec le fascisme économique, on doit relever son refus de la croissance économique permanente (productivisme) au nom de la décroissance écologique. De Mussolini à Serge Latouche (économiste et sociologue, théoricien français de la décroissance) de la « marche sur Rome » au « club de Rome » (célèbre pour avoir, le premier, en 1972, rédigé un rapport sur « les limites de la croissance »), le grand bond jubilaire est saisissant de contraste, avouons-le ! Telle est la singularité de Mélenchon. Du fascisme rouge-brun, au fascisme vert, un nouvel impressionnisme politique ?

 

Robert Massis

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