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dimanche, 11 septembre 2011

Terre & Peuple n°48: les patries charnelles

 

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Terre & Peuple n°48: les patries charnelles
 
Le numéro 48 du TP-Mag est centré sur le thème des patries charnelles.
 
Dans l’éditorial, Pierre Vial souligne en quoi l’Affaire DSK révèle la pourriture de nos ‘élites’ : la connivence et la solidarité immédiate (avant que les faits ne soient connus) et inconditionnelle de la politique et de la presse avec la super-classe née de la mondialisation.
 
Bernard Lugan épingle dans Science et Avenir (n°772) un article d’Yves Coppens qui démontre le bien fondé de l’hypothèse régionaliste : ni les Européens, ni les Asiatiques ne descendent de l’homme moderne africain. D’autre part, pour Marcel Otte, qui enseigne la préhistoire à l’université de Liège, « qu’on le veuille ou non, l’homme de Néandertal est notre proche parent ».
 
Emmanuel Ratier déshabille Le Grand Siècle, section française de la super-classe mondialisée : « Si un missile tombait sur l’Automobile Club de France, le pouvoir serait décapité », car les six cents privilégiés qui représentent sa quintessence s’y réunissent chaque quatrième mercredi du mois.
 
Edouard Rix retrace l’arbre généalogique de l’individualisme moderne, à partir de la thèse d’Henry Sumner Maine (1822-1888). Celui-ci discerne à l’origine deux grands principes d’organisation politique : la parenté de sang puis la communauté de territoire. Tout commence avec le pouvoir du patriarche et, au lieu de se disperser à sa mort, les familles s’agrègent autour de la vertébrale lignagère. Maine note que l’état de nature n’est pas une notion historique, pas plus que le contrat social de Rousseau. Pour les sociétés modernes, la cellule de base n’est plus la famille, mais l’individu, la communauté organique évoluant vers une société mécanique et rationalisée. Max Weber (1864-1920) avait déjà développé ce thème dans ‘L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme’. Dans son ‘Essai sur l’individualisme’ (1983), l’anthropologue Louis Dumont (1911-1998) oppose les structures traditionnelles ‘holistes’ aux sociétés individualistes : alors que dans les sociétés traditionnelles chacun contribue à l’ordre global de l’Homme collectif, la société moderne n’est plus qu’un moyen pour l’individu, lequel devient une fin en soi. Platon et Aristote voyaient en l’homme un être social, les hellénistiques poseront comme idéal le sage détaché du social. Le christianisme, avec l’égalitarisme, l’universalisme et la dévaluation du monde, va dresser l’individu seul face à Dieu. Toutefois, après une opposition au monde de la part du christianisme primitif, l’Eglise triomphante du paganisme subordonne et même gouverne le monde, avant de replacer bientôt l’individu moderne dans le monde. Avec la Réforme, l’étape suivante sera bientôt la laïcisation des valeurs chrétiennes d’individualisme, égalitarisme et universalisme. Pour Louis Dumont, l’émancipation économique de la bourgeoisie libérale est un nouveau progrès de l’individualisme, Dieu servant de garantie à la moralité des affaires. Mais le rationalisme fait bientôt perdre de son influence à la religion, laquelle est remplacée par la recherche hédoniste du bonheur individuel qui devient le but essentiel de l’existence humaine (voir la Déclaration d’Indépendance américaine). Dans la postmodernité et l’hypermodernité, l’individualisme vire à l’indifférence à autrui, au narcissisme forcené et au cocooning.
 
Pierre Vial ouvre le dossier des ’Patries charnelles’, en rappelant que, dans l’esprit de Saint-Loup, père de la formule, mais aussi dans celui d’autres réveilleurs de peuples enracinés comme Jean Giono et Jean Mabire, elles s’incarnent dans l’union d’un sol et d’un sang. Ce que réclament bonnement les syndicalistes qui veulent ‘vivre et travailler au pays’.
 
Guillaume Guégan traite de la Bretagne contrariée. Contrariété majeure : sa séparation d’avec la grande Bretagne, alors que la Manche est un lien plus qu’un obstacle. César situe la source du druidisme dans l’île bretonne, d’où provient la migration. La seconde migration sera celle des moines et des abbés, victorieux des princes, première trahison des clercs qui fonderont la Bretagne des saints. La prolifération des saints va de pair avec celle des Pardons, circum-ambulations qui d’avantage qu’à Dieu s’adressent au petit saint de la paroisse. Les Normands, chassés par Alain Barbe Torte (937), vont faire place à cinq siècles d’indépendance à laquelle mettront un terme la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier (1488) et les mariages de la Duchesse Anne avec Charles VIII et Louis XII et de sa fille Claude avec François 1er. Les siècles ensuite sont scandés par les trahisons (aux actes d’union) et par les fidélités (héroïques dont celle de Pontcalleck, décapité en 1720), consacrant l’opposition fondamentale entre deux conceptions du pouvoir. Cette opposition se concrétisera dans la chouannerie, qui n’était pas royaliste, mais libertaire : le dernier chouan, Isidore Le Devehat, est arrêté en 1842 et condamné sous la monarchie! S’expliquerait ainsi le scandale du Camp de Conlie, où on laissera pourrir sans soins durant l’hiver 1971 (et sans armes) une armée de 60.00 volontaires ‘chouans’ levée contre les Prussiens ! Le XIXe siècle n’en a pas moins été celui de la celtomanie, marqué notamment par le Barzaz Breiz, recueil de chants collectés en Basse-Bretagne par Villemarqué. Et par un réveil littéraire et politique, notamment le Parti National Breton, radicalisé finalement dans le clandestin Gwen-ha-Du, qui fera exploser, en 1932, le monument de l’union à la France. Après 1944, la Bretagne courbe l’échine sous l’épuration communiste, mais en 1966 De Gaulle autorise quand même l’enregistrement des prénoms bretons. Toutefois, le mouvement n’existe presque plus, sinon au niveau des ‘élites entrepreneuriales’, et le vent tarde à présent à se lever sur la Bretagne.
 
Pierre Vial brûle un cierge à la Provence de Giono et sa communauté du Contadour, à laquelle il enseignait la religion des vraies richesses sur la montagne de Lure ‘libre et neuve qui vient à peine d’émerger du déluge’.
 
Edouard Rix évoque la redécouverte du Lubéron que vient de vivre la bannière de Provence. Double pèlerinage, à Albert Camus qui avait acquis une maison à Lourmarin et y repose, et aux martyrs vaudois. Fidèles d’un mouvement religieux fondé par le Lyonnais Valdès qui leur prêchait la pauvreté, ils ont été persécutés comme hérétiques. Réfugiés dans de hautes vallées alpines, ils y ont proliféré et une colonie a émigré en 1470 à Lourmarin, où elle a prospéré dans vingt-quatre villages, assainissant les marais du sud du Lubéron. Le 18 avril 1545, une ‘croisade’ a exterminé trois mille Vaudois et en a expédié six cents aux galères.
 
Jean Mabire a été pieusement pillé d’une perle précieuse : son hymne à l’Auvergne immortelle, celle du romancier Henri Pourrat (1887-1959), qui vit, écrit et meurt à Ambert, dans le Puy-de-Dôme. Pour Mait’Jean, Pourrat est, bien plus qu’un écrivain régionaliste, un ‘écrivain tellurique’, qui produit une littérature du sang et du sol, inspirée par les vertus de l’enracinement, à la fois païenne et chrétienne, plus artisanale qu’intellectuelle.
 
Evoquant l’Alsacien Jean-Jacques Mourreau, Pierre Vial promène le faisceau de son projecteur depuis la cathédrale de Strabourg, édifice solaire avec sa grande rosace flamboyante érigé sur l’emplacement d’un temple à Hercule et qui illustre bien le génie européen, jusqu’à la source sacrée du Mont-Sainte-Odile, fille du Soleil et porteuse de lumière guérisseuse des aveugles, en passant par le Mur Païen, construction cyclopéenne, qualifié tel par le Pape Léon IX et qui a fait l’objet de fouilles importante de 1942 à 1944.
 
Llorenç P.A. traite de la pédagogie identitaire par l’immersion linguistique. L’action révolutionnaire de pérennisation des lignées doit se concrétiser dans la musique, le chant, la cuisine, la danse traditionnelle et, bien entendu, l’école ethniquement enracinée. Il fait l’inventaire des expérience basques, occitanes, bretonnes, corses, catalanes d’écoles enracinées et souligne l’indispensable partenariat des parents. Il plaide pour l’école bilingue et l’immersion linguistique, les anciens prenant en charge les nouveaux élèves. Catalan, il s’étend sur son terroir, la Catalogne (Gothalonia ou land des Goths), où la Generalitat a été rétablie en 1977 et la langue normalisée en 1983.
 
Johan relate le pèlerinage accompli au mois de mai dernier par une douzaine d’amis au cœur de la Bourgogne sur les tombes des Vincenot, à la Pourrie près de Commarin. Cela faisait suite à une randonnée à travers la vallée de l’Ouche, sur les traces des héros des Etoiles de Compostelle.
 
Alain Cagnat est allé évaluer sur pièces le bilan de la Tunisie libérée de son dictateur (sous lequel, malgré une corruption généralisée, il faisait quand même bon vivre). Le résultat est désastreux : la corruption est toujours là, mais les touristes ont disparu. Par contre, les réfugiés affluent, libyens, mais également tchadiens, soudanais, nigériens, somaliens, maliens, éthiopiens, victimes du nouvel esclavagisme.
Le même Alain Cagnat réalise ensuite un panorama étourdissant et presque complet du monde musulman, depuis le Maroc à l’ouest jusqu’au Pakistan, en passant par l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, le Liban, la Jordanie, la Syrie, Israël, l’Arabie saoudite, les EAU, le sultanat d’Oman, le Koweit, le Qatar, Bahrein, le Yémen, la Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan. Une encyclopédie !
 
Jean Haudry, qui a pris part à la 27e université annuelle du Club de l’Horloge sur le thème ‘La France en faillite’, en souligne, avec l’importance, la qualité des communications présentées par Didier Maupas, Jean-Yves Le Gallou, François-Georges Dreyfus, Bertrand Lemennicier, Henry de Lesquen, Laurent Artur du Plessis, Jean-Jacques Rosa et Yvan Blot. Pierre Millan, qui en a réalisé à titre de conclusion la synthèse, suggère ‘pour remettre l’Etat au service de la Nation’ une série de mesures, notamment le referendum d’initiative populaire et la sortie de l’euro et de l’Union européenne. Pour Jean Haudry, cette rupture est un préalable indispensable, puisque l’UE s’oppose à toute mesure d’intérêt national et même d’ordre public. Il approuve le referendum, qui vient encore de faire ses preuves en Suisse. Mais il objecte que serait inopérante la réinsertion proposée du FN dans la droite, témoin l’engagement de cette dernière à l’égard du B’nai Brith, engagement qu’elle tient depuis 25 ans avec une rigueur significative à la différence de ses traditionnelles inconstances.

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