jeudi, 10 octobre 2013
La finance-Système réduite au Saudi Arabia Dream
La finance-Système réduite au Saudi Arabia Dream
Ex: http://www.dedefensa.org
L’explication technique et savante des arcanes extraordinaires de la situation du monde de la finance-Système, dont le centre est évidemment américaniste, a régulièrement échoué à nous en donner une perception à la fois simple et claire. Cela vaut essentiellement depuis l’événement de l’automne 2008 qui était en lui-même extraordinaire, et qui a entraîné des développements eux-mêmes extraordinaires, faisant évoluer la crise de ce qui paraissait un accident très grave (selon la perception rassurante que le Système voulait en donner) en un phénomène inscrit dans l’infrastructure crisique, c’est-à-dire une situation de crise permanente où ce que la raison perçoit comme extraordinaire dans le sens de monstrueux est devenu la norme de l’évolution.
On comprend qu’aujourd’hui cette question de la perception et de la “compréhension” plutôt symbolique de cette situation crisique infrastructurelle est plus insistante que jamais, alors que Washington est en crise de government shutdown et s’approche du moment où, paraît-il, se posera l’autre question institutionnelle du relèvement du plafond de la dette. (En principe le 17 octobre, mais rien n’est plus incertain que la prévision datée, aujourd’hui, d’une semaione à l’autre.) Le département US du trésor fait son travail, qui est technique mais a aussi dimension politicienne en ajoutant un élément de pression sur les protagonistes de la crise government shutdown, essentiellement les républicains adversaires d’Obama, pour qu’ils cèdent devant la perspective ; la dite perspective, par rapport à la dette, étant décrite évidemment comme apocalyptique, – ce qui n’est, après tout, qu’un risque prévisionnel mineur dans le cadre crisique où nous vivotons.
«The federal government is expected to exhaust its cash reserves by October 17 and if US lawmakers do not reach an agreement to raise the nation’s debt ceiling, the government will not be able to pay its bills and will default on its legal obligations. “In the event that a debt limit impasse were to lead to a default, it could have a catastrophic effect on not just financial markets but also on job creation, consumer spending and economic growth,” said the Treasury in a report on Thursday. “Credit markets could freeze, the value of the dollar could plummet, US interest rates could skyrocket, the negative spillovers could reverberate around the world, and there might be a financial crisis and recession that could echo the events of 2008 or worse,” warned the Treasury.» (PressTV.ir, le 3 octobre 2013.)
Les analyses financières et économistes abondent, la plupart étant sur fond prospectif d’effondrement et selon des mécanismes viciés, pervers, etc., pour pouvoir donner une explication satisfaisante d’une situation marquées par des déséquilibres colossaux, jusqu’au plus basique d’entre tous qui est l’inégalité engendrant un déséquilibre phénoménal entre l’extrême minorité des riches et l’extrême majorité des pauvres, – le fameux symbole des 1% versus les 99%. Ce “déséquilibre colossal”-là n’a jamais été aussi grand selon l’histoire statistique du domaine. (On vient de dépasser les pires situations statistiques de l’inégalité riches-pauvres, datant des années 1920 aux USA.) Finalement, ces diverses et très nombreuses supputations et analyses, chacune avec leur allant et leur apparente rationalité, toutes avec leur langage assuré du jugement à qui on ne la fait pas, ne donnent pas une image satisfaisante de la situation. Il leur manque l’ampleur, la représentation concrète acceptable, c’est-à-dire ce qui nourrit le jugement d’une manifestation assez claire de l’écho d’une certaine vérité de la situation. Cette faiblesse est aujourd’hui mise en lumière par la pression des événements, c’est-à-dire de la crise washingtonienne qui comprend évidemment des éléments techniques du domaine financier et des facteurs économiques fondamentaux, mais qui renvoie également à d’autres domaines, politiques, sociaux et psychologiques, essentiellement dans le domaine du système de la communication pour leur exposition.
Ainsi nous semble-t-il qu’une description imagée, hyperbolique et symbolique à la fois, avec des références et des analogies nourries de concepts généraux non-financiers qui nous sont familiers, permet de mieux saisir l’ampleur des déséquilibres et des déformations monstrueuses de la situation. Un document qui va dans ce sens, du fait de la verve imagée de la personne concernée, est une interview de Max Keyser, spécialiste boursier et spécialiste des aspects absolument virtualistes de la situation financière ; et aussi, essentiellement présentateur de l’émission Keyser Report de la station Russia Today, qui lui fait obligation de s’exprimer en langage imagé et effectivement hyperbolique et symbolique. Cette interview a été diffusée sur Russia Today le 3 octobre 2013 et nous en reproduisons les passages justement non-techniques, où la description de l’ensemble-Système économico-financier fait appel à des notions hors de la technique financière. On a ainsi, à notre sens une meilleure appréciation de la situation.
Russia Today : «There’s a lot of hype and some would say overreaction around all of this but the tell-tale sign is the markets. They haven’t reacted negatively. Is there really a crisis here?»
Max Keyser : «I think we should take the words of Warren Buffet to heart. He basically described the Federal Reserve Bank and the American economy as one giant hedge fund. And he is absolutely correct. [...] Remember America is run by what I call financial jihadists who are basically suicide bankers. Warren Buffett, of course, is one of these suicide bankers and America, from the outside of course, looks like they’re trying to commit financial suicide. But that’s what a financial jihadist does, or a suicide banker. They blow themselves up for their cause and in this case it’s market fundamentalism, a belief in the profit – not the prophet.»
Russia Today : « But other tell-tale signs of the economy improving are there, Max. Are we to believe the economic indicators which suggest the US economy is on the up?»
Max Keyser : « [...] ... What will happen here – this is the outcome, there’s two outcomes – either the Federal Reserve Bank will increase their monthly buyback of bonds from $85 billion a month to $120 or $130 billion a month, or America defaults on its sovereign debt like it did in 1971 when it closed the gold window. Those are the two outcomes. So what we see here is jockeying between these two powerful sources in Washington, Congress, and the Senate. By the way - they all own stocks. Insider trading is legal. They’re all trading this information, they’re on their little phones and they’re trading stocks up and down and making money at the expense of the American people because they are financial terrorists as well. Financial terrorists have captured the American economy. I mean that’s plain and simple. Warren Buffet hit the nail on the head – America is just one giant hedge fund.»
Russia Today : «But they will raise the debt ceiling won’t they? Or will they not, because Obama is clearly worried about that? They’re arguing about Obama’s health care. What’s going to happen with that crisis?»
Max Keyser : «[...] ... That’s the insider’s scoop; I’m telling you how to make money on this façade, this Kabuki theater that has become America. America is the most watched soap opera in the world right now; it’s a huge hedge fund. You’ve got CNBC covering it like it’s an episode from “Breaking Bad,” the popular show about methamphetamine on cable TV. Ben Bernake and Barack Obama, you can almost picture them in the back room cooking up some meth and selling it on the street to finance their habit, which is defense spending, torture, extraordinary rendition, bombing people overseas, droning people that costs a lot of money. The only way they can finance that is by treating the entire economy like it’s a hedge fund where they just extract wealth second by second, manipulating markets, trading inside information. JP Morgan, Lloyd Blankfein, HSBC, Barclays, inside trading, market manipulation; they’ve been caught at it time and time again. Laundering money from drug cartels in the face of HSBC over and over again. It’s just drugs, insider trading, market manipulation, and Warren Buffett. That’s all that’s left in America.»
Russia Today : «You’re great with the plot lines so how is this particular episode going to end? The episode of the federal government shutdown. Is it going to end soon? Could it drag on for three weeks like we’ve seen in the past?»
Max Keyser : « A lot of people get hurt but the people in Washington consider the American public to be expendable. They don’t need the American public. They don’t need their taxes, they don’t need them working – because when they need money they just print it. It’s like Saudi Arabia in America. In Saudi Arabia when they need more money they just pump more oil. They don’t need the population, that’s why they live in destitute and why there’s so much poverty in Saudi Arabia. It’s the same thing in America – there’s a huge amount of poverty because... when they need some cash, they just get Ben Bernake to print it. It’s Saudi Arabia, it’s called the new American dream. The Saudi Arabian dream is alive in America.»
Ayant lu cette interview, vous ne savez absolument pas ce qui va se passer ; ou plutôt, nuance de taille et de bonne santé mentale, vous ne pouvez croire une seconde que vous savez absolument ce qui va se passer. Cela vous mettra temporairement dans une position d’infériorité lors de la conversation de salon ou de la discussion de café du jour, quand chacun affirme sa conviction et sa propre perspective pêchée chez son analyste préféré pour annoncer le futur catastrophique et immédiat. Ce n’est pas plus mal car personne, à notre sens, n’est évidemment capable d’une telle prévision, disons sur les quinze jours (passé le 17 octobre), ou même sur les trois prochains jours, sur la situation à Washington et le bouleversement mondial annoncé. Cela n’a aucune importance car nous n’avons pas à annoncer le bouleversement mondial, puisque nous sommes en son cœur, que nous l’expérimentons chaque jour, chaque minute, sans trop nous préoccuper de le savoir.
La description de Keyser est beaucoup plus intéressante parce qu’elle nous instruit sur l’essentiel en laissant l’accessoire (la prévision, dito la divination) à la salvatrice inconnaissance. Elle nous instruit sur la vérité du Système, qui singe les situations les plus abracadabrantesques nées du développement délirant de lui-même (le Système se singe lui-même), depuis 9/11 et surtout depuis l’automne 2008. Vous ne savez pas ce qui va se passer, – et, en cela, bien installé dans la lucidité, – mais vous avez une idée assez sympathique de la façon dont cette farce grotesque et eschatologique est en train de se dérouler. Vous savez au moins, ce qui est un sommet de l’art du grotesque eschatologique dont il importe d'être instruit, que l’American Dream s’est transmuté en Saudi Arabia Dream... Cela permet de continuer à rêver, occupation semble-t-il importante pour leurs psychologies endolories.
00:07 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finance, système, crise, politique internationale, arabie saoudite | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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