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dimanche, 23 août 2015

Pierre Vial: Emmanuel Ratier a rejoint les oies sauvages

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Emmanuel Ratier a rejoint les oies sauvages

par Pierre VIAL

Un grand Résistant Identitaire s’est éteint ce 19 août 2015…

Emmanuel Ratier présent !

 

Nous, ses Amis, nous l’appelions Manu. On se connaissait depuis toujours. J’ai, dans mes archives, la collection de Fanal, bulletin ronéotypé incandescent que Manu réalisait alors qu’il était lycéen à Rouen. Il a été partie prenante de toutes nos aventures, de toutes nos – nombreuses – folies, nous qui sommes toujours restés les Don Quichotte de nos quinze ans. Jean Mabire avait pour Manu une grande estime (et il ne la distribuait qu’à bon escient…).

 

Pour beaucoup, Emmanuel Ratier c’est Faits et Documents, fruit d’un infatigable travail de bénédictin, accumulant des informations qui étaient autant de munitions pour notre camp. J’avais coutume de dire qu’Emmanuel avait, dans le genre, fait encore mieux qu’Henry Coston. Le compliment n’était pas mince et Manu le prenait pour tel, avec cette modestie qui, avec sa permanente gentillesse, le caractérisait.

 

Homme de travail et d’action, homme d’un courage aussi tranquille qu’imperturbable, Manu faisait face aux aléas de la vie avec la sérénité qui appartient à ceux qui ont le sentiment de mettre en application la vieille maxime des temps de la chevalerie médiévale : « Fais ce que dois ».

 

Chercheur dans l’âme, Manu avait réalisé de magistrales études sur les groupes de pression qui sont les véritables maîtres du jeu dans notre soi-disant démocratie. Avec, en 2011, un monument : Au cœur du pouvoir. Enquête sur le club le plus puissant de France (éditions Facta). Tous les journalistes un tant soit peu informés pillent allègrement – sans bien sûr jamais le citer – ce livre consacré au Siècle, ce cercle où se retrouvent, copains comme cochons, les puissants du monde de la politique et de l’économie, qu’ils soient censés être de droite ou de gauche (étiquettes destinées à amuser les gogos).

 

Sachant qu’un livre est une arme, Manu avait réussi la gageure d’installer au cœur de Paris une librairie politiquement très incorrecte, la Librairie Facta, visée à plusieurs reprises par des attentats terroristes (dont les auteurs, parfaitement connus des services de police, n’ont bien sûr jamais été inquiétés…). Les camarades de nos provinces de passage à Paris savent trouver chez Facta de quoi faire provision de saines lectures.

 

Mais je ne veux surtout pas oublier que Manu fut avant tout un militant (c’est pour moi, n’en déplaise à certains, le plus beau des compliments car le militant c’est, étymologiquement, un « combattant »). Militant, Manu le fut partout et toujours, y compris dans ces camps de mouvements de jeunesse où il tint souvent le rôle, aussi ingrat que vital, de cuistot. Je l’ai vu, heureux comme un pape, en voyant que son rata était apprécié de jeunes estomacs affamés (mais aussi par les anciens venus constater que la relève était assurée).

 

Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à Manu est de continuer le combat, avec ténacité, comme il l’a toujours fait, contre vents et marées. Et nous savons qu’il marche en esprit dans nos rangs.

 

Salut, Manu. Rendez-vous au Walhalla, en compagnie de tous nos vieux camarades.

 

Pierre Vial, président de Terre et Peuple

 

• D’abord mis en ligne sur Terre et Peuple, le 20 août 2015.

Francis Bergeron: hommage à Emmanuel Ratier

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Hommage à Emmanuel Ratier

par Francis Bergeron

Ex: http://www.delitdimages.org 

Ce mercredi mon téléphone portable affiche le nom d’Emmanuel Ratier.

— Oui, Emmanuel ? Que puis-je pour toi ?

Mais ce n’est pas Emmanuel au bout du fil, c’est, sur le portable d’Emmanuel, l’un de ses amis très proches, Michel Nicolet, un « crieur » de Drouot, que j’avais connu à Drouot, précisément, il y a quarante ans, peut-être, en tout cas bien avant de découvrir que Michel et moi avions les mêmes curiosités littéraires, culturelles, politiques, et un ami commun : Emmanuel Ratier.

— Tu ne pourras plus rien faire pour Emmanuel, me dit-il, la gorge nouée. Une crise cardiaque vient de l’emporter. Il faisait de la spéléologie. Il a présumé de ses forces.

La mort de gens qu’on aime est toujours une catastrophe, mais l’horloge biologique prépare plus ou moins, – plus ou moins bien –, évidemment, à ce genre de chose. Mais Emmanuel, lui, était notre cadet. Rien ne pouvait laisser penser… Il ne se ménageait certes pas. Et nous connaissions ses problèmes de santé. Lui-même évoquait des coups de fatigue. Mais de là à imaginer…

Cette affreuse nouvelle, c’est un véritable coup de massue, encore accentué par le fait que, ces derniers mois, nous ne nous quittions pratiquement plus. Il m’avait embringué dans plusieurs de ses projets, et en particulier un projet qui nous tenait à cœur, à quelques-uns : la constitution d’un centre d’archivage et de conservation du patrimoine identitaire et européen.

Il avait suivi avec sympathie, il y a 15 ans, la création d’un Institut d’Histoire des Identités dans le Berry. Mais ce qu’il voulait faire était autrement plus ambitieux. Nous venions tout juste de créer, sous son impulsion, une association (avec Anne Brassié, Eric Delcroix et quelques autres) ; nous avions acheté (il avait acheté, en fait) d’énormes locaux, et les mètres cubes d’archives, de livres, de journaux, d’affiches, de tracts, se déversaient depuis quelques mois, en flots continus, dans ce bâtiment de 900 m2, déjà plein à craquer, à peine ouvert. Le classement avait commencé cet été, sous sa direction.

Mais Emmanuel Ratier, c’était aussi sa lettre confidentielle Faits et Documents, remarquablement faite, et lue par des gens situés parfois aux antipodes de ses propres opinions. Il y avait ses émissions sur Radio Courtoisie, sa maison d’édition, sa librairie Facta, et encore ses dîners mensuels, exceptionnels carrefours de rencontres pour tout un travail de réseau.

Ratier, je l’avais connu jeune journaliste à Valeurs actuelles. Et ce qui faisait sa force et son efficacité hors du commun, aujourd’hui, c’était précisément qu’il avait bâti un réseau relationnel très dense, dont il était le pivot central.

Originaire du Vaucluse, Emmanuel Ratier était le fils d’un architecte et d’une ingénieur chimiste. Etudiant, il avait milité dans les groupuscules de droite, à Rouen. Diplômé du Centre français du Journalisme et de l’Institut d’Etudes Politiques, il avait créé la revue culturelle Balder (1976-1979), puis avait travaillé au Figaro Magazine, à Valeurs Actuelles, en 1982-1983 (ce qui situe très exactement l’époque où j’ai fait sa connaissance), à Magazine Hebdo, et à Minute, dont il avait été un temps le rédacteur en chef, en charge des enquêtes.

Mais son talent exceptionnel était encore ailleurs. Henry Coston l’avait désigné comme son héritier moral. L’expertise de Coston, ce don pour trouver et exploiter au mieux les archives les plus secrètes, Emmanuel Ratier l’avait, lui aussi, mais avec un niveau de fiabilité encore supérieur, et appuyé sur les possibilités des nouvelles technologies. Coston avait fait de son Dictionnaire de la politique française l’outil indispensable des journalistes et des hommes politiques. « Jamais cité, toujours pillé », telle aurait pu être sa devise. Mais que dire alors du travail de Ratier ? Que dire des deux tomes de son Encyclopédie politique française, de son Encyclopédie des pseudonymes, de son Encyclopédie des changements de noms, de ses enquêtes sur Jacques Chirac, et sur Manuel Valls (Le Vrai visage de Manuel Valls), de ses révélations sur les Mystères et secrets du B’Naï B’rith ?

Sa mort nous laisse sonnés sur place, car on ne peut s’empêcher de se dire : comment faire vivre désormais toutes ces entreprises sans lui ? Comment mener tous ces projets sans lui ? Il le faudra, pourtant. Car c’est ce qu’il attend de nous.

Issu de la nouvelle droite, Emmanuel n’était guère attiré par les consolations de la religion, même si une messe au moins sera dite pour lui.

Mais dès maintenant, à Véronique, son épouse, à Camille, Marguerite et Sophie, ses trois filles, dont il était si fier, et à juste titre, l’équipe de Présent transmet ses pensées les plus attristées et les plus émues, et à titre personnel, je tiens à leur marquer toute mon affection, dans ces moments si difficiles.

Francis Bergeron-Présent

12:51 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, presse, journalisme, emmanuel ratier, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Mort du dernier véritable journaliste, Emmanuel Ratier

Mort du dernier véritable journaliste, Emmanuel Ratier

Auteur : Quenel+ 
Ex: http://zejournal.mobi

emmanuZ3mrKn.jpgSouvent publié, souvent relayé, souvent lu, souvent interrogé, nous n’avons jamais vu l’Homme mais c’est sa voix que nous connaissions tous. Très discret, peu dans le grand public connaissaient son visage.

Arrêt cardiaque – Le décès d’Emmanuel Ratier est survenu hier, mercredi 19 aout 2015, et à notre connaissance, l’information est venue en premier lieu du carnet de Thibault de Chassey. Puis c’est Contre-info qui a repris, Panamza, FdeSouche, Égalité & Réconciliation, Breiz-info, Paul Eric Blanrue, Jeune Nation, Médias-Presse.info et bien d’autres…

L’hommage est unanime et sans doute, beaucoup n’ont pas encore eut le temps de le faire et vont le faire dans la journée.

Paul Eric Blanrue, dans son oraison, résume l’Homme ainsi :

Emmanuel Ratier, successeur d’Henry Coston, éditeur, auteur, directeur de la librairie Facta de nombreuses fois vandalisée par des antifas. Il était l’un des meilleurs spécialistes français des sociétés occultes.

[…]

Après un déménagement, il venait de m’annoncer qu’il partait en vacances. Je le connaissais depuis plus de 30 ans… Il était irremplaçable et ne sera pas remplacé dans le rôle qui était le sien. Il avait 57 ans. C’est jeune, trop jeune. Je pense très fort à sa femme, à ses jeunes filles et à sa famille, à qui j’adresse mes plus sincères condoléances.

À cette occasion, l’Historien publie une photo en compagnie d’Emmanuel Ratier, la première. Afin que l’hommage soit complet et que chacun puisse mettre un visage sur cette voix, nous avons nous aussi décidé de la publier en espérant que là où il est, M. Ratier accepte cela.

M. Ratier, à gauche en compagnie de Paul Eric Blanrue. Sur la tombe de Louis Ferdinand Céline à Meudon, le 1er Juillet 2011.

Son dernier livre, Le vrai visage de Manuel Valls, fit l’effet d’une bombe et le pouvoir ne put y répondre qu’à sa méprisable mesure : la librairie « Facta » vandalisée par 2 fois et un énième contrôle fiscal.

La librairie « Facta » d’Emmanuel Ratier vandalisée deux fois ces deux dernières années :

Dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013 :

Ainsi que dimanche 9 février 2014, lors d’une manifestation des « Antifas » autorisée par la préfecture de police de Paris :

L’Homme était connu pour ses travaux colossaux de journalisme pur. C’est le dernier véritable journaliste qui s’en est allé. Le Créateur en a décidé ainsi.

Il avait décidé de se mettre à son compte en publiant de nombreux ouvrages sur la vie politiques française. Basés sur des documents (et non des ragots) ceux-ci n’étaient jamais attaqués.

Sa lettre d’information Faits & Documents, disponible sur abonnement, était attendu impatiemment tous les 15 jours : une dizaine de pages truffées d’infos et de scoops, comme la liste des membres du Club le Siècles, la liste complète des invités au dîner du CRIF, et également l’actualité de la franc-maçonnerie. Une mine d’or.

Emmanuel Ratier n’a jamais refusé un coup de main à Quenel+ quand nous l’avons sollicité pour nous fournir des éléments biographiques du monde politico-médiatique.

Faits & Documents a toujours relayé par ailleurs les persécutions d’état dont était victime Dieudonné et autres résistants.

Le 8 mai 2014, Dieudonné l’avait d’ailleurs invité pour parler du livre Le Vrai Visage De Manuel Valls :

Dieudonné reçoit Emmanuel Ratier pour Le Vrai Visage de Manuel Valls - 8 mai 2014

Parmi ses publications, vous connaissez sans-doute :

- La revue Faits & Documents 

- Le Vrai Visage de Manuel Valls

- Au cœur du Pouvoir

- L’Encyclopédie des changements de nom

- Les guerriers d’Israël : Enquête sur les milices sionistes

- Ras l’front : Anatomie d’un mouvement antifasciste

- Les chrétiens de gauche

- L’Encyclopédie politique française

- L’Encyclopédie des pseudonymes

- Mystères et secrets du B’nai B’rith

L’équipe de Quenel+ se joint à tous ceux qui l’ont fait avant nous et nous présentons nos condoléances à la famille et aux amis de M. Ratier.

Il nous a montré le chemin du véritable journalisme et nous devons tous tenter à nos niveaux respectifs de poursuivre son travail.

Qu’il repose en Paix.

 - Source : Quenel+

RATIER : UNE ENCYCLOPÉDIE LIBRE DISPARAÎT

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RATIER : UNE ENCYCLOPÉDIE LIBRE DISPARAÎT

Un anti système jamais condamné car il disait des vérités

Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr
C’est une bibliothèque qui disparaît avec un journaliste druide unique en son genre. Emmanuel Ratier, journaliste et écrivain, nous a quitté ce mercredi 19 août à l’âge de 57 ans. Militant infatigable de la «  vérité est ailleurs », il était le rédacteur de la lettre confidentielle Faits et documents, indispensable pour tous les journalistes désireux de connaitre les dessous du pouvoir et le parcours des personnalités du monde politique, économique et médiatique. Il était – dans la lignée d’Henry Coston – l’archiviste et le documentaliste numéro un de la droite nationale , régulièrement pillé par ses détracteurs et haï par ceux qui veulent vivre cachés pour manipuler sans se dévoiler.

Il fût également l’auteur d’une inégalée « Encyclopédie politique Française » en deux volumes, mais également d’un précieux « Au coeur du pouvoir : enquête sur Le Siècle ». Plus récemment son remarquable livre « Le vrai visage de Manuel Valls » avait été frappé de la loi du silence. Il prétendait notamment révéler le rôle de l’épouse du Premier ministre dans une subite «conversion» qu’aurait connue ce dernier en faveur d’Israël. Il gênait le vrai pouvoir, mais ses analyses et  portraits sans concession n’ont jamais été contestés.
 

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Inconnu du grand public, cet ancien du journal Minute avait aussi collaboré à Valeurs Actuelles et au Figaro Magazine. Il s’était également fait surtout le documentaliste de sa famille politique. «Faits et Documents», cette publication bimensuelle était devenue une petite institution utilisée même par des spécialistes extérieurs à la mouvance. Jeudi, de nombreuses figures de son camp saluaient la mémoire de l’essayiste - dont Jean-Marie Le Pen.

«Ces dernières années, Emmanuel Ratier s’était rapproché du polémiste antisémite Alain Soral, participant notamment à alimenter le site de son organisation Egalité et Réconciliation,» croit devoir préciser Libération,  sans doute pour discréditer un véritable journaliste d’investigation et non  le membre d'une meute conformiste forte de son nombre. Animateur sur Radio Courtoisie, l’antenne «de la libre parole et du pays réel», Ratier dirigeait également la librairie Facta, dans le neuvième arrondissement de Paris. 

Le journaliste entretenait enfin une très riche documentation personnelle sur de nombreuses personnalités, associées ou non à l’extrême droite. Des dossiers parfois mis à disposition de ses amis politiques ou de journalistes, même représentants de cette «presse du système» honnie.
 
Qui prendra la suite d’un  journaliste quasiment irremplaçable aujourd’hui? 

S’ils sont Charlie, on nous permettra d’être plutôt Ratier….. Car savoir et comprendre vaut mieux que caricaturer et salir.
 

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De la tradition

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De la tradition

par Patrice-Hans Perrier

Ex: http://www.dedefensa.org

La tradition, à toutes les époques, représente la « substantifique moelle » de l’ethos collectif. On parle de la durée historique sur le « long terme », de la « mémoire collective » ou du rôle métahistorique des archétypes qui tiennent le rôle d’agrégateurs des mythes fondateurs de la cité. La cité représente l’ordre consensuel qui cimente les libertés individuelles dans un contexte où toute citoyenneté qui se respecte ne peut agir qu’à travers le consensus civique. La Charte de la cité est comparable à une forme de « pacte républicain » qui ordonnance un « vivre ensemble » qui, autrement, ne serait qu’une chimère en l’espèce. Toutefois, c’est la tradition, comme force dépositaire de la mémoire collective, qui donne sa raison d’être à la vie citoyenne. Privée de tradition, la cité est condamnée à se transformer en univers concentrationnaire.

La mémoire collective et ses enjeux

« Si cette volonté, cette injonction d’être moderne, ne cesse de bouleverser les conditions de la vie commune, de faire se succéder les révolutions aux révolutions, sans jamais parvenir à se satisfaire, sans jamais parvenir à un point où nous puissions nous reposer en disant : « voici enfin le terme de notre entreprise », si cette volonté ou cette injonction ne se saisit jamais de son objet, qu’est-ce que cela veut dire ? »

- Pierre Manent, in « Les Métamorphoses de la cité – Essai sur la dynamique de l’Occident »

Cette perte des repères de la mémoire collective qui affecte nos sociétés occidentales postmodernes s’apparente, manifestement, à une fuite en avant mortifère. Et, nous l’observons tous les jours, cette fuite semble nous entraîner vers le gouffre abyssal d’une « antimatière historique », pour reprendre une catégorie conceptuelle mise de l’avant par Philippe Grasset. Nous serions entrés, d’après certains historiens, dans l’ère de la postmodernité à la suite de la Seconde Guerre mondiale. C’est donc dire que ceux qui ont le pouvoir d’écrire l’histoire ont décrété la fin de la modernité, c’est-à-dire le délitement de cette « époque des lumières » à l’intérieur de laquelle le « mythe du progrès » jouait un rôle d’agrégation et de consentement essentiel. Mais, vers où sommes-nous donc entraînés ?

Qu’il nous soit permis de reprendre une intervention d’Éric Basillais, un commentateur particulièrement actif sur le site Dedefensa.org. Ce dernier soulignait, à la suite d’un article intitulé « Vertigo », que « si subversion il y a, elle tient à un habitus Marchand (l'échange, la monnaie,...) dans un premier sens historique; et à une subversion du COSMOS (en CHAOS au final) si l'on songe (et croit) aux Eschatologies de la TRADITION (Hindoue, Germanique, Celtique...) ». À l’instar d’Éric Basillais, nous estimons que la tradition constitue, bel et bien, un processus métahistorique d’agrégation des cultures et des cultes, dans un sens fondateur. Ainsi donc, la TRADITION, peu importe les enjeux idéologiques ou spirituels, est le lit sur lequel prendra forme une nouvelle société, une nouvelle cité.

C’est par la médiation de la mémoire traditionnelle que s’accompliront la dissolution d’une cité et sa refondation dans un nouvel espace de représentation. La tradition est immémoriale, a-historique, indépendante des lectures orientées de l’histoire humaine et dépositaire d’une mémoire collective qui permet aux générations de se succéder en espérant pouvoir approfondir le legs de leurs géniteurs. La tradition, au sens universel, représente la mémoire de l’humanité, non pas un ensemble de prescriptions se rattachant à une culture en particulier.

C’est ce qui a poussé Mircea Eliade à professer que les rituels qui se répètent in illo tempore, en dehors de la contemporanéité, à une autre époque, permettent aux archétypes de survivre et d’irriguer la mémoire collective. Une mémoire collective correctement irriguée fera en sorte que les citoyens puissent approfondir leur passage en cette vie, donner un sens à leur existence. Pour paraphraser Eliade, on pourrait souligner que les places sacrées de la cité le deviennent parce qu’une collectivité y a accompli, sur le long terme, « des rites qui répètent symboliquement l’acte de la Création ». La tradition, si l’on approfondit cette vision des choses, est manifestement indépendante de l’« habitus Marchand », pour reprendre l’expression d’Éric Basillais. Voilà pourquoi l’« ordre marchand » tente de « liquéfier » nos sociétés postmodernes, pour que rien ne vienne entraver la libre circulation des commodités. Les commodités sont des valences qui permettent au pouvoir de dominer l’espace et le temps, d’acheter l’ « humaine condition » et de transformer la cité en univers concentrationnaire.

La TRADITION représente, pour l’imperium, l’ennemi numéro 1 à abattre, vaille que vaille.

Nous avons pris le parti de lancer un débat herméneutique qui portera sur le rôle de la TRADITION au cœur de la cité humaine. Ce mortier spirituel aura permis aux sociétés de s’ériger sur le mode d’une cité symbolique favorisant l’épanouissement de l’humanité en définitive. Toute société qui se coupe de la tradition est condamnée, à brève échéance, à se muer en univers concentrationnaire, à devenir l’« agora du chaos » [dixit PHP]. Loin de nous l’idée de perpétuer une vision nostalgique, pittoresque, de l’histoire. Il nous importe, a contrario, de partager avec nos lecteurs notre appréhension viscérale du délitement d’une tradition menacée par la vision luciférienne d’un « progrès illimité », véritable deus ex machina au service de la « volonté de puissance » de nos maîtres réels. En espérant qu’un authentique débat puisse naître à la suite de notre analyse.

Les fondations de la cité

« La cité, la polis, est la première forme politique. Elle est la condition de production ou la matrice d’une forme de vie nouvelle, la vie politique, la vie dans laquelle les hommes se gouvernent eux-mêmes et savent qu’ils se gouvernent eux-mêmes. Cette forme de vie peut prendre des formes diverses, car il y a différentes manières de se gouverner. »

- Pierre Manent, in « Les Métamorphoses de la cité – Essai sur la dynamique de l’Occident »

Nous tenterons, malgré l’étendue du sujet, de cerner l’importance de la tradition comme source immémoriale. La cité grecque représentant l’apex de la médiation (politique) des rapports citoyens, elle nous sert de représentation symbolique d’un stade de gouvernance qui semble indépassable au moment de composer notre analyse. Mais, outre le fait qu’elle permette d’organiser la collectivité, qu’est-ce qui fonde la cité ?

Pierre Manent, chercheur en sciences sociales, nous rappelle que « les auteurs grecs (Aristote et consorts) n’ignoraient pas l’existence d’autres formes politiques que la cité, s’ils montraient peu d’intérêt pour elles. Ils connaissaient fort bien deux autres formes politiques au moins, à savoir la tribu – ethnos – et l’empire (en particulier l’empire perse qui s’imposa plus d’une fois à leur attention !). On pourrait ajouter une quatrième forme, celle des monarchies tribales… ». La nation, pour sa part, est une structure politique forgée tout au long d’une modernité qui allait tenter de fédérer des ensembles de cités qui, autrement, seraient condamnées à se faire la guerre. Les nations de la postmodernité tiendraient-elles le rôle des antiques cités ? Les nouvelles formes d’unions fédérales devenant le mortier de cette gouvernance mondiale tant abhorrée par ce qu’il est convenu d’appeler la « dissidence ».

Certains anarchistes, pour leur part, professent que la polis génère un état d’enfermement qui brime les droits fondamentaux de ses sujets au profit d’une concentration de pouvoir entre les mains d’une élite prédatrice. Leur vision d’une autogestion fédérée par une constellation de syndicats en interrelation dynamique nous fait penser au monde tribal des anciennes nations amérindiennes. Cette vision idyllique d’un univers tribal « non-concentrationnaire » ne semble pas tenir compte du fait que la guerre ait toujours été une condition naturelle de cet état d’organisation politique primitive.

La guerre permanente était, aussi, une condition naturelle inhérente au rayonnement de la cité grecque. Toutefois, comme le souligne Pierre Manent, «… le politique ancien est un éducateur inséparablement politique et moral qui s’efforce de susciter dans l’âme des citoyens les dispositions morales « les plus nobles et plus justes » ». Si la cité moderne a pacifié nos ardeurs guerrières, c’est l’appât du gain qui est devenu le modus operandi d’une politique qui revêt toute les apparences d’une médiation entre des intérêts financiers qui menacent la pax republicana. Pour simplifier, on pourrait dire que les philosophes étaient les politiques (politiciens) de l’antiquité, alors que les épiciers (pris dans un sens négatif) sont les politiques de la postmodernité.

Qu’est-ce qui fonde la cité ? C’est la famille; le récit de l’Iliade est sans équivoque sur la question. Lorsque le troyen Paris enlève la belle Hélène, il provoque la colère des Grecs et, de fil en aiguille, le siège de la ville de Troie se met en place sur la base d’une saga familiale. Ce sont les liens filiaux, en dépit des rançons exigées, qui sont en jeu et non pas une volonté de puissance automotrice. Toutefois, les héros de cette tragédie épique sont emportés par la folie de l’hubris et sont les auteurs de forfaits impardonnables. Un retournement de la destinée fera en sorte qu’Achille (le champion des grecs) finisse par céder aux supplications du roi Priam traversant les lignes ennemies pour réclamer la dépouille de son fils Hector. Il s’agit d’un moment-clef du récit construit par Homère. L’auteur y démontre que c’est en raison du respect de la filiation que les vainqueurs finiront par se montrer cléments.

Athena..jpgOn pourrait, facilement, opposer l’idéal de la cité (le rayonnement des familles patriciennes) à celui de l’imperium (le nivellement des citoyens afin qu’ils deviennent des sujets consentants). Que s’est-il passé, en Occident, pour que l’idéal de la cité finisse par imploser sous la pression d’un imperium protéiforme et « multicartes »?

Dominique Venner, historien français décédé en 2013, déplore, comme tant d’autres, cette perte de mémoire qui afflige nos élites intellectuelles (…) et il ne se gène pas pour pointer du doigt cette « métaphysique de l’illimitée » qui semble avoir fourni à l’imperium ses meilleurs munitions. Venner admire la sagesse antique des stoïciens qui s’appuyait, entre autres, sur le respect des limites qui sont imparties à la nature environnante. Il souligne, à l’intérieur de son dernier essai (*), que « la limite n’est pas seulement la frontière où quelque chose s’arrête. La limite signifie ce par quoi quelque chose se rassemble, manifestant sa plénitude ». Cette notion de borne, ou de limite, recoupe toute la question, combien controversée, des frontières, de l’identité et de la filiation. Dominique Venner rend justice à la contribution du philosophe Martin Heidegger, notamment pour son essai intitulé « Être et Temps », qui a su définir « le monde contemporain par la disparition de la mesure et de la limite ».

Le rituel de la consommation

Mais, comment sommes-nous passés d’une civilisation agraire, à l’écoute des rythmes de la nature, à cet espèce de VORTEX du commerce qui désintègre tous nos habitus, nos lieux communs? La mémoire collective se déploie sur le cours d’une histoire longue, elle consiste en une agrégation de rites qui fondent leurs pratiques sur des cités pérennes. Le commerce, a contrario, nécessite une fluidité constante, des flux tendus qui permettent de produire, écouler, échanger, retourner, recycler, détruire et recommencer le cycle de la production-consommation de manière quasi instantanée. Consommer c’est oublier qui nous sommes, puisque la marchandise impose son langage propre au sein de nos agoras qui sont devenues des places marchandes. Le commerce ne constitue pas un problème en soi; c’est son développement sans limites et son instrumentalisation au profil de la sphère financière qui blessent. Guy Debord, nous le répétons, n’aurait pas hésité à affirmer que « c’est la marchandise qui nous consomme » en définitive.

La consommation demeure le seul rituel toléré par l’ordre marchand. À l’instar de la marchandise qui se déplace, suivant les flux monétaires, nos habitudes de consommation sont instables, elles induisent des rituels qui ne sont fondés que sur des concepts arbitraires. Dans de telles conditions, la cité se dissout et, invariablement, les rapports citoyens se distendent. Curieusement, plusieurs grandes « marques » commerciales se sont glissées, tels des parasites, sous la dépouille de termes empruntés à la mythologie. Ainsi, les chaussures Nike ont été affublées du nom de la déesse grecque de la VICTOIRE (Niké). Idem pour les voitures Mazda, empruntant au dieu perse Ahura Mazdâ la prérogative d’être un « Seigneur de la Sagesse ». Les commodités du monde marchand se sont infiltrées à travers tous les pores de la cité, au point de permettre à la caste aux manettes d’investir nos repères symboliques afin de les récupérer.

Wall Street représente l’Acropole, ou cité des dieux. Les centres commerciaux tiennent la place de temples de la consommation. Les vendeurs ressemblent, à s’y méprendre, à des prêtres officiant au culte de l’achat compulsif et salutaire. Les marques affichées sur les bannières servent à nommer les divinités tutélaires de la cité marchande. Et, in fine, les logos commerciaux se sont substitués au logos, c’est-à-dire le discours de la raison des antiques philosophes. Les logos commerciaux nous propulsent en arrière, à l’époque des hiéroglyphes, en s’imposant comme « signes moteurs » de la communication. Il n’y a qu’à observer les nouvelles formes d’écriture tronquée utilisées pour transmettre des message-textes via nos téléphones « intelligents » pour comprendre l’étendu des dommages. De facto, on pourrait parler de « troubles moteurs » de la communication. Ainsi donc, c’est toute la syntaxe des rapports langagiers qui est déconstruite, déstructurée, au gré d’une communication humaine calquée sur celle des échanges marchands.

Le Léviathan de la sphère marchande

Qu’est-ce qui nous prouve que les fondations de la cité aient été pulvérisées par l’ordre marchand en fin de parcours ? Le fait qu’un ancien cimetière soit converti en centre d’achat, ou qu’une église désaffectée se métamorphose en édifice à condominiums, tout cela nous interpelle. Il n’est pas surprenant, dans un tel contexte, d’assister à la multiplication de profanations qui visent les cimetières, et autres nécropoles (cités des morts), où ont été enterrés nos ancêtres. Ceux et celles qui profanent et souillent les sites sacrées de nos cités dévoyées agissent au profit de l’ordre marchand. Il s’agit de banaliser, de néantiser, tous les lieux de la mémoire collectives qui conservent (pour combien de temps?) une part inviolable de cette tradition immémoriale. Lorsque certaines églises étaient érigées sur les décombres d’anciens sites de rituels païens, il ne s’agissait pas de souiller la mémoire collective en abrogeant la symbolique initiale des lieux. La tradition avait, donc, été respectée dans une certaine mesure. Le Genius loci (Esprit du lieu) n’avait pas été transgressé.

À l’heure du néolibéralisme, dans un contexte où de puissants intérêts privés investissent les espaces de la cité, tous nos rites immémoriaux sont menacés d’extermination. Enterrer ses morts constitue une pratique universelle qui aura contribué à façonner nos espaces collectifs. De nos jours, par soucis d’économie et au nom de la protection de l’environnement, nous utilisons la crémation (ici, nous ne remettons pas cette pratique en question) afin de faire disparaître toute trace du défunt et l’urne funéraire, posée tel un bibelot sur une console, a définitivement pris la place de la pierre tombale. Les morts n’ont plus droit de cité, ils sont devenus des itinérants, sans domicile fixe, qui, passant d’une main à l’autre, ne peuvent même plus reposer en paix ! Tout doit circuler dans le monde marchand. Même les morts …

Pierre Manent souligne, dans son essai intitulé « Les métamorphoses de la cité », que la caste des guerriers dans le monde de l’ancienne Grèce constituait le « petit nombre » des citoyens aux commandes de la polis. Outre leurs prérogatives guerrières, les patriciens s’adonnaient, aussi, au commerce qui permettait à la cité de s’épanouir en tissant des liens avec d’autres cités concurrentes. Maîtres du commerce, les patriciens ne possédaient pas de grandes richesses, hormis des propriétés terriennes et des titres se rapportant aux tombeaux des ancêtres. Il ajuste le tir en précisant que « le petit nombre était surtout propriétaire de rites – rites funéraires, rites de mariage –, tandis que le grand nombre n’avait que la nudité de sa nature animale. Le grand nombre était extérieur au genos, ou à l’ordre des « familles », comme plus tard l’étranger (métèque) « proprement dit » sera étranger à la cité ». L’auteur cerne, avec précision, la notion capiton de filiation, dans le sens d’une passation de prérogatives qui n’ont rien à voir avec une quelconque fortune personnelle. Nul de besoin, ici, de discuter (ou de nous disputer) des limites objectives de cette démocratie primitive limitée aux descendants (patriciens) d’une haute lignée. Le point de cette observation portant sur l’importance des rites funéraires dans le cadre d’une transmission de la mémoire collective, sorte de « génome » de la cité.

Les puissantes guildes marchandes de la Renaissance permettront au grand capital de circuler et de concurrencer le pouvoir tutélaire des patriciens. L’auteur Thomas Hobbes, dans son célèbre traité intitulé « Le Léviathan », oppose le droit naturel à un contrat social qui représenterait les fondations politiques de toute société évoluée. Une société où tout un chacun tire sur la couverture peut se désagréger sous l’effet délétère de la guerre civile et dégénérer en chaos. Rappelons que le terme Léviathan représentait le monstre du chaos primitif dans la mythologie phénicienne. C’est précisément la figure symbolique du chaos qui semble menacer une tradition par laquelle se fondent les « rapports citoyens durables ». Et, c’est la notion moderne de progrès illimité qui conforte toute la politique d’une sphère marchande emportée par un hubris sans vergogne. Pierre Hadot, un spécialiste cité par Dominique Venner, nous prévient que « le « oui » stoïcien est un consentement à la rationalité du monde, l’affirmation dionysiaque de l’existence dont parle Nietzsche est un « oui » donné à l’irrationalité, à la cruauté aveugle de la vie, à la volonté de puissance par-delà le bien et le mal ».

L’hubris au service d’une volonté de puissance démoniaque

Nous sommes rendus au terme de notre analyse critique et nous devons conclure, faute de temps et d’énergie. Qu’il nous soit permis de revenir sur cette notion d’« affirmation dionysiaque de l’existence » afin d’expliciter le rôle de la « contre-culture » au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Prétextant une étape inévitable, au cœur d’un fallacieux processus de libération, les activistes à l’œuvre dans les coulisses de Mai 68 ont moussé l’« affirmation dionysiaque de l’existence » dans un contexte où l’« état profond » souhaitait accélérer le cours des choses. « Il est interdit d’interdire » deviendra l’antienne d’une communication au service de la dissolution des repères identitaires qui auraient dû, normalement, guider l’éclosion des forces vives du « baby boom » de l’après-guerre.

Jim Morrison, chantre emporté par un hubris débridé, déclame vouloir « faire l’amour à sa mère et tuer son père ». Brisant le tabou fondateur de la famille, unité de base de la cité, Morrison inaugure, tel un prophète de malheur, une nouvelle ère. Cette ultime provocation agira comme le « geste fondateur » d’une « rébellion sans cause ». La jeunesse paumée de l’Amérique se mettra à danser en solitaire dans les discothèques, en répétant, pour paraphraser le philosophe Michel Clouscard, la gestuelle d’une rébellion supposément révolutionnaire. Il s’agissait, pour dire vrai, de se mouler aux exigences de la nouvelle « société de consommation » afin d’épouser les gestes d’un automate programmé dans ses moindres affects par les « sorciers » de la « contre-culture ». Et, à coup de drogues de plus en plus dures, il sera possible de rendre amnésique la jeunesse pour qu’elle ne soit plus JAMAIS capable de renouer avec ses racines.

 

Patrice-Hans Perrier

Petite bibliographie

(*) Un samouraï d’Occident – Le Bréviaire des insoumis, une source de références incontournable achevée en 2013. Écrit par Dominique Venner, 316 pages – ISBN : 978-2-36371-073-4. Édité par Pierre-Guillaume de Roux, 2013.

(*) Les Métamorphoses de la cité – Essai sur la dynamique de l’Occident, une étude synoptique de l’histoire politique de l’Occident achevée en 2010. Écrit par Pierre Manent, 424 pages – ISBN : 978-2-0812-7092-3. Édité par Flammarion, 2010.

Western civilization is imploding

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Western civilization is imploding

by Brett Stevens

Ex: http://www.amerika.org

Over the generations, a sense of dread has been building: the observation that — despite some things which have improved — our society is heading downward. Its organization, or the pattern of how it holds itself together, is fraying. It is the death of the West.

We all make fun of the old guys who rail about how in their day the steaks were redder and the whiskey sweeter, but perhaps those were merely symbols for an ongoing decay in quality. Quality is measured by the experience as a whole, and not particular items that seem brighter and newer than others.

Over at The Mad Monarchist a new article gives voice to concern about the collapse of the West:

We are at or are fast approaching the point of critical mass for western civilization…The internationalists have the world firmly in their grip and with the United States circling the drain, western civilization is going the same way. Of course, all monarchists know that the USA was never a pure example of western civilization, it has never had any of the high culture of Europe but that is to be expected as it is a branch rather than the tree itself.

…The leaders of the EU have emasculated the countries of Europe to empower their central EU government while also making sure that Europe itself is never significant again. They are all part of the same internationalist clique. They don’t want any European country to be great because that would detract from the European Union and they don’t really want Europe to be great because they have nothing but contempt for European culture, European history and western civilization in general. Some actively want to destroy it while others are just looking out for themselves and willingly go along with those who do want to destroy it to further their own interests.

He makes excellent points and the following notions are designed to harmonize with those, not contradict them.

We do not get to a state such as our present condition without first having lost track of our future. Future is tied to past; past shows us not only what worked and what did not, but also who we are and from that, where we should be going. But that past was rejected in favor of egalitarianism during The Enlightenment™. Egalitarianism states that all people are equal, which means that the individual — not culture, values, philosophy, heritage or social order — determines the future. We base our decisions not on what has worked, or what would be good, but what individuals want to do. This creates a transition to a facilitative society.

Facilitative societies have many problems, but the two largest are the need for control, and the passivity of the population. When each person does whatever they want, there is no balance in social order nor is there a central idea to which people “harmonize” or find themselves in resonance with and attempt to fulfill. Morality would be one example of this type of order. Control in turn creates passivity. Citizens are accustomed to doing whatever they want unless stopped, but also become familiar with correction by their ideological leaders. As a result, they do not act toward any purpose, but instead flit around and do nothing of import unless explicitly told to do otherwise. The far extreme of this is what happens in authoritarian societies where people refuse to act unless commanded because the risks of unauthorized action are too great, and the state will step in at some point and tell them what to do anyway. Like children of an overbearing parent, they wait for this correction and achieve nothing in the meantime.

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Control-based societies become miserable places. As the 21st century has taught us, even when “free” and “tolerant” places they become tyrannical because those in power — or those who want to join them — must manufacture a constant series of ideological crises in order to keep motivating the population. A facilitative society has no objectives, therefore must style every change as a “war” or a defensive action. This self-pity mentality spreads to the population at large. Between the constant war for ideological clarity, and the general apathy of the population to everything else, decay results and the society plunges downward into a spiral of despair. Eventually it loses all social order and becomes a third-world style society, unable to organize itself to have public hygiene, rule of law, freedom from corruption and even social order itself.

The origin of this decay begins with egalitarianism (or “equality”) which is itself a form of individualism, or the demand by the individual that society support him in his choices without a corresponding investment by the individual in society. All of the subsidy states — socialism, communism, and even consumerism which is capitalism supported through low-return consumer purchases funded by state welfare programs — are based in this form of radical individualism. It comes about when societies become “bottom-heavy,” or have many individuals who know nothing about how to run a society who nonetheless demand participation in its decision-making. These individuals band together into a “Crowd,” and through a philosophy of Crowdism develop a sense of victimhood based in self-pity which spurs them to attack their society and convert it into a facilitative society.

Control then becomes required because facilitative societies are chaotic and individuals, acting on radical individualism, tend to externalize the costs of their actions to others. Conservatism arises as a resistance to this movement, but generally fails because its adherents are unable to articulate what they really need, which is an end to the facilitative society. Early experiments in liberalism in France and Russia showed how quickly revolutions turn to ideological enforcement, usually by inventing or discovering enemies, and from that to authoritarianism. Conservative experiments in using this force against liberalism, as seen in Italy and Germany, met with less than shining results because of the inherent control-tendencies of liberal society which prevented the restoration of organic culture.

Opposite the control-based facilitative society is the leadership-based society. This is part of what is called “tradition,” which is a way of viewing the world through both (a) realistic and (b) transcendental viewpoints. These aim to discover methods that work in the real world, but to point them toward “transcendentals” or eternal goals that can never be fully realized and thus can both harmonize and motivate a society without the war/victimhood narrative of egalitarian societies. In these societies, leaders do not “control” their population but actually lead it, meaning that they discover necessary tasks and keep people organized toward transcendental goals. Leadership societies have purpose, and as a result, in them people have roles in which they fulfill parts of the overall ongoing goal. Paul Woodruff refers to the basis of the glories of the past as “reverence,” or an awe and transcendental appreciation for our world, and this seems like an appropriate basis for the combination of strong cultural, religious and moral feeling that traditional societies have.

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Perhaps the best definition of tradition comes from Aldous Huxley, who wrote The Perennial Philosophy to detail what is present in such societies. He outlines a mixture of religion and philosophy that serves as a principle of social order and personal order simultaneously:

More than twenty-five centuries have passed since that which has been called the Perennial Philosophy was first committed to writing; and in the course of those centuries it has found expression, now partial, now complete, now in this form, now in that, again and again. In Vedanta and Hebrew prophecy, in the Tao Teh King and the Platonic dialogues, in the Gospel according to St. John and Mahayana theology, in Plotinus and the Areopagite, among the Persian Sufis and the Christian mystics of the Middle Ages and the Renaissance–the Perennial Philosophy has spoken almost all the languages of Asia and Europe and has made use of the terminology and traditions of every one of the higher religions. But under all this confusion of tongues and myths, of local histories and particularist doctrines, there remains a Highest Common Factor, which is the Perennial Philosophy in what may be called its chemically pure state. This final purity can never, of course, be expressed by any verbal statement of the philosophy, however undogmatic that statement may be, however deliberately syncretistic. The very fact that it is set down at a certain time by a certain writer, using this or that language, automatically imposes a certain sociological and personal bias on the doctrines so formulated. It is only the act of contemplation when words and even personality are transcended, that the pure state of the Perennial Philosophy can actually be known. The records left by those who have known it in this way make it abundantly clear that all of them, whether Hindu, Buddhist, Hebrew, Taoist, Christian, or Mohammedan, were attempting to describe the same essentially indescribable Fact.

The original scriptures of most religions are poetical and unsystematic. Theology, which generally takes the form of a reasoned commentary on the parables and aphorisms of the scriptures, tends to make its appearance at a later stage of religious history. The Bhagavad-Gita occupies an intermediate position between scripture and theology; for it combines the poetical qualities of the first with the clear-cut methodicalness of the second. The book may be described, writes Ananda K. Coomaraswamy in his admirable Hinduism and Buddhism, “as a compendium of the whole Vedic doctrine to be found in the earlier Vedas, Brahmanas and Upanishads, and being therefore the basis of all the later developments, it can be regarded as the focus of all Indian religion” is also one of the clearest and most comprehensive summaries of the Perennial Philosophy ever to have been made. Hence its enduring value, not only for Indians, but for all mankind.

At the core of the Perennial Philosophy we find four fundamental doctrines.

  1. The phenomenal world of matter and of individualized consciousness–the world of things and animals and men and even gods–is the manifestation of a Divine Ground within which all partial realities have their being, and apart from which they would be non-existent.
  2. Human beings are capable not merely of knowing about the Divine Ground by inference; they can also realize its existence by a direct intuition, superior to discursive reasoning. This immediate knowledge unites the knower with that which is known.
  3. Man possesses a double nature, a phenomenal ego and an eternal Self, which is the inner man, the spirit, the spark of divinity within the soul. It is possible for a man, if he so desires, to identify himself with the spirit and therefore with the Divine Ground, which is of the same or like nature with the spirit.
  4. Man’s life on earth has only one end and purpose: to identify himself with his eternal Self and so to come to unitive knowledge of the Divine Ground.

Tradition treats reality as fact and includes in that fact a philosophical and metaphysical exploration of the order of life. Julius Evola gave us a hint in “On the Secret of Degeneration”:

If we look at the secret of degeneration from the exclusively traditional point of view, it becomes even harder to solve it completely. It is then a matter of the division of all cultures into two main types. On the one hand there are the traditional cultures, whose principle is identical and unchangeable, despite all the differences evident on the surface. The axis of these cultures and the summit of their hierarchical order consists of metaphysical, supra-individual powers and actions, which serve to inform and justify everything that is merely human, temporal, subject to becoming and to “history.” On the other hand there is “modern culture,” which is actually the anti-tradition and which exhausts itself in a construction of purely human and earthly conditions and in the total development of these, in pursuit of a life entirely detached from the “higher world.”

In a traditional culture, all is viewed by its significance as ideal; in a modern culture, all is material. This does not limit the ideal to the metaphysical alone, because ideas like loyalty, values and morality come first before material convenience. The difference lies in the tendency of traditional cultures to view the significance of acts as if, in Kant’s words, they were to “Act only according to that maxim by which you can at the same time will that it should become a universal law.” The order of nature itself as an idea matters more than material fate or condition. Where a modern culture is pragmatic, a traditional culture views itself through the lens of purpose and in that a sense of the underlying informational order to the universe. When radical individualism takes over, and cultures view themselves through egalitarianism, the idea of individuals deferring to an invisible social order formed of honor, loyalty, duty, culture, values and heritage becomes impossible.

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That outlook creates a transcendental effect on a society by which it sacralizes itself not as an end, but as a means to more of the sacred. Like the transcendentals “the good, the beautiful and the true,” a traditional culture aims for the principle of every act and aspect of being. These principles are more important than materiality because, in the view of traditional cultures, they create materiality. Whether this is atheistic or theistic matters little. A society can either idealize the patterns of reality itself, or its own people, and the latter path leads to decay and ruin. On a simple level, when principles such as law, justice, integrity and honor are lost, corruption reigns. On a greater level, when principles such as morality are placed first, it becomes impossible for wholesale abuses in which damages of individual acts are socialized to the group to become valid. Tradition is the opposite of utilitarianism, which argues from what a group feels — statistically, or by majority — benefits them as individuals. As the West has turned from this traditional view, it has plunged into slow but inexorable decline.

While we search today for answers, all of our methods resemble symptomatic or palliative treatment. That is: we do not believe we can strike at the core of our decay, and instead apply intermediates. To reverse our decline, we must first — as Kant reminds us — choose to be good. We must target the transcendentals. With a little thought and some reading of history, we can see that these mandate a society quite unlike our own: ruled by an aristocracy, united by heritage and culture, governed not by laws but by principles and, perhaps most importantly, one that has reverence for life and the fact that there are more important things than convenience and survival. The answer is not as simple as a theocracy, or nationalism, or even cultural reign, but includes all of the above. We must restore our identity as the West not just as a physical group, but as a principle: those who do what is right, no matter how inconvenient, and rise accordingly.