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mardi, 27 septembre 2016

TERRE & PEUPLE Magazine n°68

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TERRE & PEUPLE Magazine n°68

Le numéro 68 de Terre & Peuple Magazine est centré autour du thème du populisme

Pierre Vial, dans son éditorial ‘Les assassins dans la maison’, n’y va pas par quatre chemins.  Quand il s'agit de se débarrasser d’animaux dangereux, les paysans savent bien qu’il n’y a pas trente-six solutions.  Nous choisissons de mettre les pieds dans le plat en promettant aux assassins : « Cela va vous coûter cher. »

Retour à la terre de la Bannière T&P de Flandre-Hainaut-Artois, qui a organisé un weekend de formation théorique et pratique des citadins au petit élevage et au jardinage, y compris la greffe et la taille d’arbres fruitiers et la cueillette de plantes qui soignent.  Prochaine édition en préparation.

Roberto Fiorini dénonce la précarisation des salariés français (aujourd’hui, 85% de l’embauche est temporaire) que prépare la Loi Travail pour se conformer à l’agenda européen et flexibiliser les coûts salariaux à la demande du MEDEV, le syndicat du patronat.  In-votables, les textes ne passent que par le subterfuge de ‘l’article 49/3’.  Cocus dans la rue, les syndicats ouvriers, ‘antifas idiots’, grondent mollement et se rangent.

Jean-Patrick Arteault commente l’ouvrage de Lucien Cerise sur 'Les Neuro-pirates’ et particulièrement l’ingénierie sociale du conflit identitaire.  Art de la guerre cognitive, l’ingénierie sociale vise à épargner à l’oligarchie les lourds investissements dans la surveillance et la répression des masses, qu’elle amène à se conformer ‘spontanément’.  Dans droit fil de ‘La Fabrique du consentement’ de Walter Lipmann, c’est une méthode pour pénétrer sans effraction un système mental ou social, par abus de confiance, et pour le contrôler furtivement, en amplifiant ses contradictions afin de le fragmenter.  Le conflit identitaire est triangulaire, entre deux acteurs cornaqués par un troisième, qui lance et entretient le conflit.  Le bourreau manipulateur doit apparaître comme la victime et rendre passionnel le conflit entre ses cibles.  Comment rendre cette ingénierie sociale inopérante ?  En recueillant les faits et en dégageant leurs relations de cause à effet pour remonter à l’ennemi caché.  Dans le cas pratique du double phénomène de l’invasion migratoire de l’Europe et de l’offensive jihadiste sur l’Europe et sur le Moyen-Orient, la cible principale est l’Europe, son peuplement et ses valeurs de libertés.  La réinfosphère identitaire a bien ciblé l’ennemi islamique.  Les plus éclairés ont repéré le jeu géopolitique des Saoudiens, de Qataris et des Turcs.  Du côté des musulmans, envahisseurs victimisés, on se démène à dénoncer le racisme et l’islamophobie des Européens.  L’observateur familiarisé avec l’ingénierie sociale situe le troisième angle du triangle : les marionnettistes du premier niveau, saoudiens, qataris et turcs, ne sont même plus masqués dans les grands médias.  Les mieux informés dégagent le rôle indirect des Américains.  Mais il y a encore un acteur que le casting ne se soucie pas de citer, qui a l’habitude d’être présenté en victime, qui pratique la stratégie du chaos fragmenteur au Moyen-Orient, qui soutient l’immigration et en même temps les mouvements identitaires hostiles à l’islam et dont la tradition messianique prédit que, à la fin des temps, ses rivaux s’étriperont mutuellement pour lui faire place nette.

Pierre Vial ouvre le dossier central sur le populisme en remarquant queddans la presse du système, l'adjectif populiste est devenu le qualificatif censé disqualifier.  Pour définir le populisme, il cite Vincent Coussedière pour qui, dans le n°160 d’Eléments, c’est la maladie dont souffrent les peuples européens.  Mais la maladie n’est pas le contraire de la santé.  Elle est la réaction, saine, d’un organisme agressé.  Le sursaut immunitaire contre le système à tuer les peuples (dont l’immigration-évasion) avec son poison cosmopolite.  Ses zélotes, de BHL au Pape, se rendent coupables d’ethnocide.  Mais ils butent sur le refus populiste de se laisser engloutir.

Jean Haudry situe le concept peuple dans les langues indo-européennes entre population et nation définie par sa langue, l’étranger barbare se trouvant comme les (autres) animaux hors communication avec les seuls vrais hommes.  L’ancêtre des Indo-Iraniens est Manu (de la Loi de Manu).  Mannus est celui des Germains (de Germanie) et Manees celui des Phrygiens.  L’ethnie est conçue comme un groupe de cinq peuples répartis selon les points cardinaux autour d’un centre, comme les cinq provinces d’Irlande et comme l’Islande ancienne, cinq étant l’expression symbolique d’une totalité (les cinq doigts de la main).  Au cercle supérieur, le peuple s’identifie à la tribu (les Teutons = ceux de la tewta ; un autre nom de la tribu est tiré d’Aryas, mais ari désigne plutôt les autres clans rivaux, et bientôt ennemi, contraste qui s’amplifiera dans la société héroïque, où le peuple se définit comme les siens (swe : Suèves, Sabins, Samnites) ou comme une confrérie guerrière d’hommes-loups.  Dans plusieurs langues, une même forme désigne le peuple et l’armée : populus latin est dérivé du verbe populari = dévaster et laos grec est à rapprocher du hittite lahha = expédition guerrière et de l’irlandais laech = guerrier.  La société héroïque est guerrière, issue de la période d’expansion à partir de bandes de jeunes hommes.

Alain Cagnat, qui traite des ‘Elites contre le peuple’, souligne que ‘populiste’ se veut une insulte.  Trump, qui affronte l’élite de pouvoir, est populiste et anti-moderniste, car l’ennemi majuscule de la bourgeoisie progressiste qui a déboulonné l’aristocratie traditionnelle, est l’enracinement.  Il faut en faire table rase.  Ce ne sera pas sans heurts, car les gens frustes sont des simples qui s’attachent.  Le communisme poussera cette logique jusqu’à l’absurde, jusqu’à vouloir faire le bien du peuple contre lui-même, avec le massacre des koulaks et l’organisation de la grande famine de l’Holodomor.  Il ne comprendra pas que le peuple répond à des mécanismes vitaux.  Le communisme disparu, avec son mirage économique, les ‘socialistes défroqués’ en ont conservé l’internationalisme et l’égalitarisme.  L’ouvrier est devenu un petit bourgeois identitaire !  Quand le peuple trahit ainsi la cause du peuple, il faut le remplacer.  En l’espèce, il faut le métamorphoser, par le métissage, pour le convertir à l’idéologie du Monde.  En 1945, De gaulle a abandonné l’éducation aux communistes et, vingt ans plus tard, en mai 68, les idées gauchistes triomphaient.  Le tiers-mondisme a remplacé l’internationalisme et préparé l’immigrationisme.  Le féminisme, qui a remplacé l’ouvriérisme, détruit la famille.  On a enseigné aux enfants à haïr les pensées autres et à préférer son lointain à son prochain.  Au lieu d’éduquer le peuple, l’oligarchie lui enseigne la Vérité et ne tolère que le politiquement correct.  Aux autochtones, on infuse la repentance, pour faire inciter l’immigré à la Juste Vengeance.  Mais le peuple, qui a flairé le précipice, freine des quatre fers.  Il se fonde sur des valeurs éternelles, moins vaporeuses que celles de la République.  Il voit le christianisme, qui avait rythmé son existence, remplacé par une religion de tous temps hostile.  Il constate que les élites ont cessé d’aimer la France, que leur morale des Lumières n’est qu’un masque.  Il se gausse de leur rhétorique contorsionnée.  La fracture passe aussi par l’Eglise.  Le Pape, imprégné de la théologie marxisante de la libération, s’affirme comme un acteur du multiculturalisme.  La fracture passe également par le FN, que son souci de se dé-diaboliser conduit à trahir son âme.  Il est temps d’entrer en résistance.  Un vent d’espoir en fait claquer l'étendard, non seulement en France, mais dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis.

Le TP Magazine a interviewé un jeune cadre polonais qui a vécu à l’Ouest et connaît bien la Pologne.  Il a démonté la propagande occidentale et rectifié l’image exécrable que notre presse bien-pensante nous propose du PiS, le parti Droit et Justice qui est au pouvoir en Pologne : le premier ministre Jaroslaw Kaczynski , fasciné par le populisme du hongrois Viktor Orban, seraît prêt pour créer un axe Budapest-Varsovie-Moscou europhobe, dont la vraie cible serait la démocratie libérale (à la Montesquieu, avec la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire et l’équilibre entre eux).  Pour l’interviewé, la Pologne est, au contraire, un modèle de démocratie parlementaire proportionnelle, qui ne peut se gouverner que par coalition (et qu’il est aisé dès lors de rendre ingouvernable).  Le PiS a été au pouvoir entre 2005 et 2007 et a payé cher son manque d’introductions dans la grande presse.  Le PO (Plate-forme civique) a par la suite dirigé la politique du pays durant huit ans.  Parti ‘moderne’ pro-UE, il a ouvert le pays aux investissements étrangers, à la spéculation et à une corruption monumentale.  Entre temps, le PiS a connu une crise tragique, avec le crash de l’avion du Président Lech Kaczynski, le propre frère jumeau de Jaroslaw, qu’accompagnait tout l’état-major du PiS.  Le parti est parvenu à survivre à ce choc, à rajeunir ses cadres et à compenser par l’internet son manque d’accès à la presse mainstream, à un moment où le peuple était excédé par l’équipe en place.  Il a déjoué une prise en main de la Cour constitutionnelle, organe modérateur du droit du président de la république à dissoudre le parlement.  Le PiS est un modèle de social-démocratie du type Poland First.  Le PiS a l’appui d’Israël et des USA.  L’opinion selon laquelle Jaroslaw Kaczynski nourrirait des sentiments personnels de vengeance à l’égard de Vladimir Poutine est assez vraisemblable.

Pour Pierre Vial, le populisme est une tradition française, de prise de conscience du sentiment commun de la nécessité chez ceux qui partagent une même conception du monde.  Pour les Suisses, cela s’exprime par la voie du referendum d’initiative populaire.  C’est la démocratie directe, celle qui n’est pas confisquée par une élite cooptée.  Pour refaire l’unité, après la tragédie fratricide de la Révolution, Bonaparte a proposé au peuple la Grande Armée, école de fraternité, et le Concordat, accueilli avec soulagement par la paysannerie.  Napoléon III a fait de même pour le prolétariat ouvrier naissant, en mariant à la fierté nationale la justice sociale qui rétablit l’unité, contre les fomenteurs de la lutte des classes.  La tradition bonapartiste a été incarnée ensuite par le Parti de l’Appel au Peuple.  Les Jeunesses Patriotes, du bonapartiste Pierre Taittinger, qui combattaient les communistes, ont eu cinq tués en 1925 et deux encore le 6 février 1934, dans la révolte populaire contre les pourris.  La Révolution nationale transcende les clivages dans la population.  Elle n’est pas la révolution d’une classe, mais d’une génération.  Le boulangisme fut incontestablement populiste, la république bourgeoise corrompue étant à la fois antinationale et antipopulaire.  Le sursaut instinctif du peuple était incompressible.  Après la disparition subite du brave général Boulanger et la décomposition de son mouvement, son thème a été repris par la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède.  Au même moment, Edouard Drumont, dans La France Juive qui connaît un immense succès, reconnaît aux Juifs qu’ils sont un peuple, mais qu’ils ont dès lors un autre destin que celui du peuple français, car il préconise un socialisme national.  Ses sympathies vont clairement aux communards (« Ce sont des hommes pareils à nous ») et il dénonce le massacre de Fourmies.  La défense du peuple toutes classes confondues se retrouve prônée en 1936 dans L’Humanité dans « la réconciliation française contre les 200 familles » (Paul Vaillant-Couturier) et réalisée dans l’Italie fasciste et dans l’Allemagne hitlérienne.  La mystique populiste est explicite dans le Parti Populaire Français de Jacques Doriot, ancien responsable communiste, et dans le Rassemblement National Populaire de Marcel Déat.  De même dans les Croix de Feu, transformés en 1936 en Parti Social Français, du Colonel de La Rocque qui, pas plus que le Maréchal Pétain, ne permettra à la vague populiste de balayer la IIIe République.  Sous la IVe, le populisme ressurgit avec poujadisme, réaction de santé des laborieux contre les bureaucrates parisiens, du pays réel contre le pays légal. Aux élections de 1956, il rafle 52 députés, dont le plus jeune est Jean-Marie Le Pen.  Le mouvement sera marginalisé par l’arrivée de De Gaulle, lequel installe une caste technocratique.  Celle-ci ne comprendra rien au surgissement et à la percée du Front National, vaste électorat issu de toutes les couches et de tous les bords, le plus populaire et le plus ouvrier, ce que Taguieff définit dès 1984 comme un national-populisme.  C’est le syndicat des indigènes.

Robert Dragan fait l’inventaire des partis européens ‘dissidents’.  Cela couvre trente-six pays, avec pour certains plusieurs fiches détaillées : une vraie merveille à conserver sous la main en attendant le prochain printemps (cfr Georges Schwartz, alias Soros, et sa tendresse inquiétante pour les Balkans).  Il n’est malheureusement pas possible de résumer un tel dictionnaire !

Poursuivant son autopsie de la Révolution Française, Pierre Vial aborde la Convention et la Terreur, en rappelant que l'Assemblée Nationale était  alors partagée entre 'La Gironde', tenue par une bourgeoisie d'affaires de notables locaux soucieux de re-stabilisation, et 'La Montagne', aile marchante de la révolution, liée aux enrichis par les biens nationaux et par les fournitures militaires, et dont les leaders étaient le démagogue Danton, le paranoïaque Marat et le puritain Robespierre.  Entre les deux 'Le Marais' des opportunistes guettant le sens du vent pour voler au secours de la victoire.  Et, dehors, la rue appartenait aux 'sans-culottes', qui portaient leurs revendications à la Commune de Paris afin de sanctionner, pour cause de disette, le pouvoir aux mains des Girondains.  C'est le procès du Roi et son exécution qui vont marquer la rupture entre Girondains et Montagnards et consacrer le principe de la table rase du peuple, débarrassé de ses traditions et racines et désormais ouvert au progrès et au cosmopolitisme, dans une laïcisation du dogme monothéiste, qui brise avec l'idéal antique de dépassement de l'homme européen (de la juste mesure à l'immensité immensurable).  Message de rupture au peuple français, la décapitation de Louis XVI est en même temps un message à tous les peuples européens, avec qui c'est la guerre.  La décision de lever 300.000 soldats, volontaires ou non, provoque une insurrection paysanne et catholique.  Dans le même temps, la disette a décuplé le prix du pain.  Pour tenter de rassurer les possédants inquiets, les conventionnels, qui qualifient d'Enragés les sans-culottes révoltés, menacent de la peine de mort ceux qui revendiquent des lois subversives du droit de propriété.  Contre les 'Suspects' d'être des ennemis de la liberté, ils instituent un Tribunal révolutionnaire, chargé de frapper vite et fort, et un Comité de Salut public, qui court-circuite le gouvernement au mains des Girondains.  Se sentant menacés, ceux-ci mobilisent les provinces.  Les sans-culottes répliquent par un comité insurrectionnel et par une manifestation géante qui assiège la Convention.  Les Girondains qui n'ont pas fui sont arrêtés.  Les Montagnards, pour sauver la patrie en danger d'armées étrangères et d'insurrections, vendéenne et autres, installent un gouvernement d'exception.  La Convention met 'La Terreur à l'ordre du jour'.  Ses 'Représentants en mission' (Fouché, Barras) font régner dans tout le pays une terreur totale et permanente.  A Paris, les Enragés réclamaient et obtenaient du tribunal révolutionnaire de Fouquier-Tinville la tête des traîtres et la confiscation de leurs biens.  Charlotte Corday, fera justice en assassinant Marat, qui avait réclamé qu'on coupât 270.000 têtes !  Le zèle épurateur débouche sur des exécutions de masse, au canon à mitraille à Lyon et empilés garrottés dans des embarcations coulées dans la Loire à Nantes.  Ce sont les jeunes chefs militaires victorieux qui vont donner au Comité de salut public un poids suffisant pour contrecarrer l'action des 'factions', Enragés et Indulgents, qui s'accusaient mutuellement de trahison dans le Journal d'Hébert ou dans celui de Desmoulins.  Robespierre, qui est opposé à la fois au modérantisme et aux excès, choisit d'éliminer d'abord les hébertistes ultra-terroristes.  Hébert, qui met dans le même sac tous ceux qui s'opposent à lui, avait suggéré aux sans-culottes : « Sur une forêt de piques, promenez toutes les têtes de ces scélérats. »  Ceux-ci en retiennent que, pour sauver leur peau, il leur faut avoir d'abord celle d'Hébert.  La Convention ordonne alors l'arrestation des hébertistes, qui sont sans retard guillotinés.  Ayant frappé à gauche, Robespierre se devait de frapper à droite les Indulgents, avec à leur tête Danton, orateur entraîneur d'hommes qui se savait irrésistible et se croyait intouchable.  Arrêté et traduit devant le Tribunal révolutionnaire présidé par Saint-Just, celui-ci ne lui laissera pas l'occasion de s'exprimer, sauf pour prédire : « Robespierre me suit. »  Celui-ci, que Nietzsche qualifiait « le plus froid des monstres froids » et dont Mirabeau prédisait : « Il ira loin : il croit tout ce qu'il dit. », exerce alors pratiquement une dictature.  La Vendée subit à ce moment, avec les Colonnes Infernales, une Terreur folle, un génocide qui déshonore à jamais ceux qui l'ont ordonné et dont ont témoigné des soldats républicains rongés de honte.  Mais entre temps la justification de la Terreur par la menace étrangère est devenue  de moins en moins évidente, vu les victoires remportées par les militaires.  Robespierre, qui redoute les ambitions de ceux-ci, souhaite arrêter la guerre.  Les anciens Représentants en mission, craignant d'avoir à rendre compte de leurs exactions, ont fait courir le bruit que se préparaient de nouvelles charrettes.  Aussi, quand le 8 Thermidor Robespierre demande à la Convention « de punir les traîtres » et « d'épurer » le Comité de sûreté générale et le Comité de Salut public dont il est lui-même l'âme, sans désigner nommément « les fripons », bien des conventionnels se croient visés et une coalition se forme pour arrêter la Terreur.  La Convention vote alors l'arrestation de Robespierre.  Celui-ci riposte en faisant sonner le tocsin et la Commune de Paris se proclame en insurrection.  Robespierre occupe l'Hôtel de Ville avec la poignée de ses fidèles, mais les sans-culottes, qui sont las des Enragés, sentent d'instinct qu'ils ne sont pas des leurs et ils ne sont pas prêts à sacrifier leur vie pour eux.  Robespierre, grièvement blessé, est arrêté et il sera guillotiné le soir même avec 21 des siens et 83 autres dans les deux jours qui suivent.  Les Thermidoriens n'étaient qu'une coalition de circonstance à qui Robespierre a fait fonction de bouc émissaire.  Ils se sont empressés de mettre en place une démocratie bourgeoise, soucieuse de capitaliser les acquis matériels et financiers de l'opération, en prévenant un retour en force des royalistes et des sans-culottes, tout en prenant en compte le poids croissant d'une armée forte de ses succès.  Ils ont installé le pouvoir de l'argent.

 

 

Le relèvement de la Russie

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Le relèvement de la Russie

par Georges FELTIN-TRACOL

Chers Amis de Radio-Libertés,

Le 18 septembre dernier, 110 millions d’électeurs russes ont élu leurs députés à la Douma d’État pour les cinq prochaines années. Les Occidentaux dénoncèrent pour l’occasion les restrictions faites aux candidats d’opposition prévues par le code électoral. Ces âmes sensibles devraient plutôt regarder en Californie où les candidatures indépendantes sont quasi impossibles, en France et en Grande-Bretagne où des forces politiques importantes ne sont guère représentées au Parlement.

Ces législatives sont un bon prétexte pour évoquer Un printemps russe, l’essai très intéressant d’Alexandre Latsa (Éditions des Syrtes, 2016, 309 p., 20 €). Français vivant et travaillant à Moscou, l’auteur donne aussi sur des sites russes francophones un point de vue bien différent des habituels fantasmes journalistiques hexagonaux.

Dans cet ouvrage subjectif et engagé, l’auteur, s’il ne cache pas que la corruption demeure le principal problème social, estime que Vladimir Poutine a relevé la Russie, relèvement entamé, rappelle-t-il, – on l’oublie trop souvent – par Evgueni Primakov, le Premier ministre de Boris Eltsine en 1998 – 1999. Dans la décennie 1990, le pays sombrait dans le désordre, le risque d’éclatement séparatiste, une criminalité exponentielle, la paupérisation généralisée de la population et la confiscation des ressources nationales par une bande de financiers aventuriers et véreux, les futurs oligarques. Le rétablissement de l’ordre exigé et réalisé par un jeune président issu du KGB passa par la réduction de toutes les forces centripètes. C’est pourquoi le parti Russie unie monopolise la vie politique. Mais n’est-ce pas le cas avec l’ANC en Afrique du Sud ou la sociale-démocratie suédoise ?

Y appliquer les critères de l’Occident est une erreur grossière, affirme Alexandre Latsa, car la Russie est un État-continent qui abrite en son sein une très grande diversité ethnique et spirituelle. Moscou demeure la capitale de l’ultime Empire qui ne saurait être un quelconque État-nation. L’unité (dans la diversité culturelle assumée) de ce très vaste espace prime sur les droits individuels. Faut-il cependant au nom de cette unité se réjouir comme le fait l’auteur de l’annexion de la Crimée et du conflit dans l’Est de l’Ukraine ? Les Européens devraient plutôt s’entendre face à des menaces plus sérieuses : les banksters, le mondialisme, l’immigration, l’islamisme et la société de consommation.

Bonjour chez vous !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 2, d’abord diffusée sur Radio-Libertés, le 23 septembre 2016 vers 8 h 20.

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/le-relevement-de-la-russie-par-georges-feltin-tracol/

Créer une "principauté salafiste" à l’est de la Syrie: l’objectif américain

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Créer une "principauté salafiste" à l’est de la Syrie: l’objectif américain

Ex: http://zejournal.mobi

Les deux récentes attaques contre l’Armée arabe syrienne dans l’est de la Syrie correspondent au projet américain d’éliminer toute présence du gouvernement syrien à l’est de Palmyre. Cela permettrait aux États-Unis et leurs alliés de créer une « entité sunnite » dans l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, qui serait une épine permanente dans le pied de la Syrie et ses alliés.

Une analyse de 2012 de l’Agence du renseignement de la Défense (DIA) disait :

« Il y a la possibilité d’établir une principauté salafiste officielle ou non à l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), et ceci est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien… »

Notez que le plan mentionne précisément deux villes – Hasakah et Deir Ezzor.

Le 18 août, des unités des YPK kurdes ont soudain attaqué les positions du gouvernement syrien dans le centre de Hasakah au nord-est de la Syrie. Avant cet incident les relations entre les deux camps étaient correctes malgré quelques légers affrontements. Les Kurdes qui attaquaient étaient conseillés par des soldats des forces spéciales américaines. Lorsque la force aérienne syrienne est intervenue, les États-Unis ont menacé d’abattre ses avions. Les forces syriennes ont dû finalement se retirer des zones peuplées de Hasakah et sont maintenant confinées sur un aéroport à proximité de la ville. Elles sont coupées de tout approvisionnement et vont sans doute bientôt devoir abandonner.

(Pour les Kurdes, ces attaques se sont avérées politiquement catastrophiques. Non seulement ils ont perdu le soutien du gouvernement syrien et des Russes, mais la Turquie a utilisé ces affrontements pour justifier son invasion de la Syrie. Cela a mis fin au rêve national kurde d’un territoire continu de l’Irak à la Méditerranée.)

Samedi, les avions américains ont attaqué la plus importante position du gouvernement syrien à Deir Ezzor. Près d’une centaine de soldats syriens ont été tués et la plupart des équipements lourds que la garnison Deir Ezzor avait laissés ont été détruits. Immédiatement après l’attaque aérienne, les combattants de l’État islamique ont occupé les positions dont le gouvernement avait été chassé. Ces combattants de l’État islamique tiennent maintenant les hauteurs qui surplombent l’aéroport de Deir Ezzor. Le lendemain, l’État islamique a abattu un avion du gouvernement syrien près de Deir Ezzor.

La ville et ses 150 000 habitants sont encerclés par État islamique. Ils avaient été approvisionnés depuis Damas par des vols de nuit vers l’aéroport. Maintenant que l’aéroport est sous le feu de l’État islamique, qui a aussi des armes anti-aériennes, ces vols d’approvisionnement ne sont plus possibles. L’attaque aérienne étasunienne ne laisse pratiquement aucune possibilité au gouvernement syrien d’approvisionner la ville. Si cette situation perdure la ville tombera aux mains de l’État islamique.

Le plan américain est de prendre ensuite Raqqa en utilisant des forces par procuration turques ou kurdes. Le plan prévoit également de laisser l’armée irakienne reprendre Mossoul en Irak. La seule grande ville en territoire d’État islamique qui reste entre les deux est Deir Ezzor. Si l’État islamique la prend à la garnison isolée de l’armée syrienne, il aura une bonne base pour survivre. (Et ça tombe bien, il y a aussi de riches puits de pétrole à proximité.) Personne, à part l’État syrien affaibli, n’aurait alors un intérêt immédiat à le chasser de là.

Au nord de cette entité, il y aurait une zone kurde, sans ambition de s’étendre au sud. Au nord-ouest de l’entité de Deir Ezzor il y aurait la conviviale « Zone de sécurité » contrôlée par la Turquie qu’Erdogan envisage de créer.

Les deux dernières opérations des forces américaines dans l’est de la Syrie correspondent au plan d’une « entité sunnite » ou d’une « principauté salafiste » exposé dans le document de la DIA de 2012. Une telle entité empêchera la continuité territoriale du « croissant chiite » qui relie l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Cela correspond à « l’isolement » de la Syrie prévu dans l’analyse de la DIA. Une « entité sunnite » dans l’est de la Syrie permettra également le passage d’un pipeline de gaz du Qatar vers l’Europe via la Turquie. Le gouvernement syrien avait rejeté la construction de ce pipeline qui allait à l’encontre des intérêts vitaux de son allié russe.

Au premier abord, cette politique américaine semble être à courte vue. On ne voit pas comment une telle « entité sunnite » pourrait se stabiliser. Elle continuerait, au contraire, d’être une source de terrorisme qui frapperait bien au-delà des frontières de la Syrie et des États voisins. Mais c’est précisément l’instabilité de cette création qui permettrait aux États-Unis de maintenir leur présence dans la région. Une source d’insécurité qu’ils pourraient stimuler ou réduire, à volonté.

Traduction : Dominique Muselet

Kashmir, The World’s Most Dangerous Border

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Kashmir, The World’s Most Dangerous Border

After the first India-Pakistan War in 1947, in which the British Indian Raj was divided into Hindu and Muslim-dominated states, India ended up with two-thirds of the formerly independent mountain state of Kashmir, and the new state of Pakistan with a scrubby, poor third known as Azad Kashmir.

Rebellion and attempts at secession have flared ever since in Indian-ruled  Kashmir which has a restive Muslim-majority, and minorities of Sikhs and Hindus.  In fact, the Kashmir conflict is now the world’s oldest major crisis. The UN’s calls for a plebiscite to determine Kashmir’s future have been ignored by India.

A week ago, Kashmiri militants attacked an Indian Army brigade base at Uri that sits near the 1948-49 cease-fire line known as the Line Of Control (LOC). Seventeen Indian regular soldiers died along with four militants. New Delhi rushed 10,000 soldiers to Kashmir, boosting Indian military strength in the mountain state to over 500,000 men.

It is a grave mistake for the world to ignore Kashmir. My first book, “War at the Top of the World,” explored the Kashmir crisis and Indian-Pakistani-Chinese-Tibetan rivalries in the Karakoram and Himalaya  mountain ranges ( a work inspired by my talks with the Dalai Lama).  A decade ago I called Kashmir the ‘world’s most dangerous crisis.’  It remains so today.

India and Pakistan, both nuclear-armed states with powerful armed forces and medium-ranged missiles, remain at scimitar’s drawn over Kashmir for which they’ve fought two big wars and innumerable clashes.

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I’ve been under fire twice along the Kashmir Line of Control and another time further north on the ill-demarcated border leading to the 5,000 meters high Siachen Glacier, the world’s highest war.

Most Azad Kashmiris want union with Pakistan (though a minority favor total independence of historic Kashmir, which is roughly the size of England. ) India insists Kashmir is an integral part of the Indian Union and not open to any  discussion. Making matters even more complex, Pakistan gave a strategic chunk of vertiginous northern Kashmir called Aksai Chin to neighboring China. India claims it back.  China claims Indian-ruled Ladakh, also known as ‘Little Tibet.’

India calls Kashmiri Muslim militants “terrorists” and accuses Pakistan of waging “cross-border terrorism.” Pakistan accuses India of savage oppression in Kashmir that includes extra-judicial killings, kidnapping, reprisals on civilians and widespread torture, charges supported by Indian human rights groups.

This dispute was not of international consequence until India, then Pakistan, developed nuclear weapons and the means to deliver them by missiles and aircraft.  Both states are estimated to have around 100 nuclear devices deployed.

Over the past 20 years, India’s growing economy has allowed it to greatly expand its large military forces, now the world’s third largest.  They now outnumber Pakistan by at least 2.5 to 1 in manpower, warplanes, artillery, and armor. Granted, a portion of India’s military forces are deployed to watch the long Himalayan border with China. In my book, I suggested that the two Asian superpowers would eventually go to war in the Himalayas and over control of Burma (Myanmar).

Even so, India could use its potent armored corps to cut narrow Pakistan in half within days.  As a result, Pakistan developed tactical and strategic weapons to offset India’s crushing conventional superiority. So far, Islamabad’s nuclear strategy  has worked.  India’s government has repeatedly rejected the army’s requests to charge into Azad Kashmir and northern Pakistan Punjab after brazen Pakistani border incursions.

However, another  border clash in Kashmir, such as last week’s attack at Uri, could ignite serious fighting between old enemies India and Pakistan, raising the risk of full-scale war and even intervention by China to rescue its old ally, Pakistan. This week, China conducted a small-scale training exercise in Pakistan, a clear warning to India.

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For the rest of the world, the most frightening aspect of this tinderbox border, the world’s most militarized along with the Korean DMZ, is that both sides have only three minutes warning time of enemy air and missile attack.

That’s at best.  Electronic systems in India and Pakistan are often unreliable and fault-ridden. A false alarm of incoming warplanes and missiles would force a ‘use it or lose it’ response. Risks of accidents are very high.

A nuclear exchange between Pakistan and India would kill or seriously injure tens of millions in South Asia, pollute its ground water for decades or longer, and release clouds of radioactive dust around the globe.

This is not some Hollywood apocalypse. Shooting is a daily event on the Line of Control. The fanatical hatred between India and Pakistan remains constant. Nuclear war is more likely to start between India and Pakistan than anywhere else. Preventing one should be a primary diplomatic goal for the world’s powers.