mardi, 25 octobre 2016
L'Odyssée de Jérôme Salle (2016)
Chronique de film :
L'Odyssée de Jérôme Salle (2016)
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Autour de la figure de Jacques-Yves Cousteau, interprété par Lambert Wilson, L'Odyssée, film de Jérôme Salle, César du meilleur premier film pour Anthony Zimmer, nous entraîne dans trente années qui vont forger un mythe en même temps que changer le monde : 1949-1979. Deux mondes que toute oppose. Derrière l'Odyssée, nous assistons plutôt à une série d'odyssées, celle de la famille Cousteau, celle de la France triomphante des Trente Glorieuses, celle, au final, de l'écologie balbutiante.
Le film démarre en 1949, Jacques-Yves Cousteau, marié à Simone Melchior, fille et petite fille d'Amiral, quitte la Marine nationale et décide de mener différentes campagnes océanographiques. Il achète alors la Calypso, qu'il retape avec famille et volontaires et avec laquelle il va mener des expéditions financées par des sociétés pétrolières prospectant pour l'extraction offshore puis par une chaîne de télévision états-unienne. En 1979, le film se termine au moment de la mort de son deuxième fils, Philippe, dans un accident avec son hydravion sur le Tage.
Centré sur les rapports complexes avec son fils Philippe, la narration est assez classique, voire convenue, mais les scènes d'exploration sous-marine et Antarctique rehaussent l'ensemble. Vous saurez vous laisser entraîner dans ses différentes aventures sur ces nouveaux fronts pionniers vers les confins du monde des glaces et du monde sous-marin. Le film peut toutefois s'avérer poignant tant il rentre dans l'intimité du Commandant et de sa famille. Devenant de plus en plus détestable au fur et à mesure du film mais sachant regagner la sympathie du spectateur, celui-ci est bousculé dans ses représentations par son fils Philippe, préoccupé par l'écologie. Une Odyssée ? Au sens littéraire sûrement, au sens d'Homère, pas vraiment, tant J.Y.C. se laisse happer par les tentations de son époque. Simone Melchior semble une bien terne Pénélope, écumant son Whisky dans les logis de la Calypso...
Le rêve Cousteau se transforme ainsi peu à peu en cauchemar pour son équipage et son épouse, attachés à la Calypso, alors que le Commandant se rend dans les soirées mondaines à New-York ou à Paris. La décrépitude de son épouse, qui ressemble de plus en plus à une tenancière de bistrot de province, contraste avec l'allure de son mari, toujours impeccablement habillé, signant des autographes et séduisant les femmes. L'archétype de l'homme français, séducteur et agaçant qui parvient parfois à conquérir l'Amérique.
Mais peut-on vraiment, à la fin du film, se défier de l'homme au bonnet rouge ? Pas vraiment. Le père et le mari ont sûrement, comme tout homme, leur part d'ombre et leurs limites, mais Cousteau est au-delà de ça. Déterminé et égoïste mais surtout génie et pionnier, il est à l'origine du moratoire qui empêche l'exploitation de l'Antarctique jusqu'en 2048. Ses apports au monde de la plongée et à la connaissance des mondes sous-marins nous sont aujourd'hui précieux. Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society en 1977 le compte comme l'une de ses inspirations.
Utopiste, homme de son temps, le mythe Cousteau méritait-il d'être abordé sous un angle aussi intimiste ? C'est essentiellement sur ce point que les critiques pourront débattre. Et les conflits d'héritage entre sa nouvelle épouse et son fils Jean-Michel n'y sont probablement pas pour rien. En s'arrêtant en 1979, à la mort de Philippe, après une discussion avec Jean-Michel et sur une image de la famille réunie en 1949, le film ne cherche-t-il pas à s’immiscer dans ses querelles de famille ? Etait-il cependant nécessaire de dépeindre cet homme d'exception sous les traits aussi banals d'un père de famille inattentionné ou d'un mari volage ? Les Français ont-ils toujours besoin d'égratigner leurs icônes et de faire leur examen de conscience ? Si l'Odyssée redonne la part belle à ses proches, le film montre en définitive que rien de toute cette aventure n'aurait été possible sans la vision et la flamme ardente du Commandant. Nul n'est irremplaçable ? Pas sûr... Avec la fin de Cousteau, c'est aussi une certaine France qui s'est éteinte, une France ambitieuse et sûre d'elle-même. Quelque chose que nos enfants ne connaîtront sûrement jamais.
Jean/C.N.C.
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00:08 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jérôme salle, film, cinéma, 7ème art, commandant cousteau, océanographie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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