Quelque chose d'inquiétant arrive aux hommes en Amérique. Tous ceux qui font attention le savent. Ce qui est étrange, c'est à quel point on l'entend rarement reconnaître publiquement. Nos dirigeants s'engagent à créer davantage de possibilités pour les femmes et les filles, qui, selon eux, échouent. Les hommes n'ont pas besoin d'aide. C'est le patriarcat. Ils vont très bien. Plus que bien.
Mais vont-ils vraiment bien ? Voici les chiffres :
Commencez par le plus élémentaire, la vie et la mort. L'Américain moyen mourra cinq ans avant l'Américaine moyenne. L'une des raisons en est la dépendance. Les hommes sont deux fois plus susceptibles que les femmes de devenir alcooliques. Ils sont aussi deux fois plus susceptibles de mourir d'une overdose. Dans le New Hampshire, l'un des États les plus durement touchés par la crise des opioïdes, 73 % des décès par overdose étaient des hommes.
Mais la raison la plus triste d'une réduction de l'espérance de vie est le suicide. Soixante-dix-sept pour cent de tous les suicides sont commis par des hommes. Le taux global augmente à un rythme spectaculaire. Entre 1997 et 2014, il y a eu une augmentation de 43 % des décès par suicide chez les hommes américains d'âge moyen. Les taux sont les plus élevés chez les Indiens d'Amérique et les hommes blancs, qui se suicident à un taux environ dix fois supérieur à celui des femmes hispaniques et noires.
On entend souvent parler de la crise de l'incarcération en Amérique. C'est aussi un problème presque exclusivement masculin. Plus de 90 % des détenus sont des hommes.
Ces problèmes sont complexes et commencent jeunes. Par rapport aux filles, les garçons échouent en plus grand nombre à l'école. Plus de filles que de garçons obtiennent leur diplôme d'études secondaires. Beaucoup plus vont à l'université et obtiennent leur diplôme. Les garçons représentent l'écrasante majorité des cas de discipline scolaire. Une étude a révélé qu'un garçon sur cinq au secondaire avait reçu un diagnostic de trouble d'hyperactivité, comparativement à seulement une fille sur 11. Beaucoup d'entre eux ont reçu des médicaments. Les effets à long terme de ces médicaments sur la santé ne sont pas entièrement compris, mais ils semblent inclure la dépression plus tard dans la vie.
Les femmes sont nettement plus nombreuses que les hommes dans les études supérieures. Elles obtiennent la majorité des doctorats. Elles représentent maintenant la majorité des nouveaux inscrits dans les facultés de droit et de médecine.
Pour les hommes, les conséquences d'un échec scolaire sont lourdes de conséquences. Entre 1979-2010, les hommes en âge de travailler qui n'ont obtenu qu'un diplôme d'études secondaires ont vu leur salaire horaire réel chuter d'environ 20 %. Au cours de la même période, les femmes ayant fait des études secondaires ont vu leur salaire augmenter. Le déclin de l'économie industrielle a fait un tort disproportionné aux hommes.
Il y a maintenant sept millions d'hommes américains en âge de travailler qui ne sont plus sur le marché du travail. Ils ont abandonné. Près de la moitié d'entre eux prennent des analgésiques tous les jours. C'est le taux le plus élevé au monde.
Beaucoup moins de jeunes hommes se marient qu'il y a quelques décennies et moins de jeunes hommes restent mariés. Environ un enfant américain sur cinq vit avec sa mère. C'est le double du taux de 1970. Des millions d'autres garçons grandissent sans père. Les jeunes hommes adultes sont maintenant plus susceptibles de vivre avec un parent qu'avec leur conjoint ou partenaire. Ce n'est pas le cas des jeunes femmes. Les femmes célibataires achètent leur propre maison à un taux deux fois plus élevé que les hommes célibataires. Les femmes sont également plus nombreuses que les hommes à posséder un permis de conduire.
Chaque fois que des différences entre les sexes apparaissent dans le débat public, l'écart salarial domine la conversation. Une femme gagne 77 cents pour chaque dollar qu'un homme gagne. Voilà les statistiques que vous entendrez. C'est répété partout. Mais ce chiffre compare tous les hommes américains à toutes les Américaines, toutes professions confondues. Aucun sociologue légitime ne considérerait qu'il s'agit d'une mesure valable. Ce chiffre est à la fois dénué de sens et intentionnellement trompeur. C'est un sujet de controverse.
Une fois que l'on compare des hommes et des femmes qui ont une expérience semblable et qui travaillent les mêmes heures dans des emplois semblables pendant la même période - et c'est la seule façon de le mesurer - l'écart disparaît presque complètement. En fait, il peut même s'inverser. Une étude fondée sur des données de recensement a révélé que les femmes célibataires de 20 ans vivant dans des régions métropolitaines gagnent maintenant huit % de plus en moyenne que leurs homologues masculins. Soit dit en passant, la majorité des gestionnaires sont maintenant des femmes. En moyenne, les femmes obtiennent des résultats plus élevés aux tests de QI que les hommes.
Les hommes prennent même du retard physiquement. Une étude récente a révélé que près de la moitié des jeunes hommes ont échoué au test de condition physique d'entrée de l'Armée de terre pendant leur entraînement de base. Soixante-dix pour cent des hommes américains sont en surpoids ou obèses, comparativement à 59 % des femmes américaines.
Le plus terrifiant peut-être, c'est que les hommes semblent devenir moins masculins. Le nombre de spermatozoïdes dans l'Ouest a chuté de près de 60 % depuis le début des années 1970. Les scientifiques ne savent pas pourquoi. Les taux de testostérone chez les hommes ont également chuté rapidement. Une étude a révélé que les taux moyens de testostérone chez les hommes ont chuté de un pour cent chaque année après 1987. Cela n'a rien à voir avec l'âge. L'homme moyen de 40 ans en 2017 aurait des taux de testostérone inférieurs de 30 % à ceux de l'homme moyen de 40 ans en 1987.
Il n'y a aucun avantage à cela. Chez les hommes, une baisse du taux de testostérone est associée à la dépression, à la léthargie, au gain de poids et à une diminution des capacités cognitives. Rien de tel ne s'est jamais produit. On pourrait penser qu'on souhaiterait savoir exactement ce qui se passe et comment y remédier. Mais les médias ignorent l'histoire. C'est considéré comme un sujet marginal.
Ce n'est pas non plus une priorité dans le milieu de la recherche scientifique. Nous n'avons pas trouvé une seule étude financée par le NIH sur les raisons de la baisse des taux de testostérone. Nous avons trouvé une étude sur, citons, « Pubic Hair Grooming Prevalence and Motivation Among Women in the United States » (Prévalence et motivation du toilettage des poils pubiens chez les femmes aux États-Unis).
Ce sont les chiffres. Ils brossent un tableau très clair: les hommes américains échouent dans leur corps, leur mental et leur esprit. C'est une crise. Pourtant, nos dirigeants prétendent que ce n'est pas le cas. Ils nous disent le contraire: les femmes sont victimes, les hommes sont des oppresseurs. Remettre en question cette hypothèse, c'est risquer la punition. Même si les femmes dépassent de loin les hommes dans l'enseignement supérieur, pratiquement tous les campus universitaires soutiennent un département d'études féminines, dont le principal objectif est de s'attaquer au pouvoir masculin. Nos politiciens et nos chefs d'entreprise intériorisent et amplifient ce message. Les hommes sont privilégiés. Les femmes sont opprimées. Embaucher, promouvoir et récompenser en conséquence.
Ce serait parfait si c'était vrai. Mais ce n'est pas vrai. Au mieux, c'est une vision dépassée d'une Amérique qui n'existe plus. Au pire, c'est un mensonge pernicieux.
De toute façon, ignorer le déclin des hommes n'aide personne. Les hommes et les femmes ont besoin les uns des autres. L'un ne peut exister sans l'autre. C'est de la biologie élémentaire, mais c'est aussi la réalité que chacun de nous a vécue, avec ses parents, ses frères et sœurs et ses amis. Quand les hommes échouent, nous souffrons tous.




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Dans Les grands cimetières sous la Lune, Georges Bernanos tenait en effet la démocratie pour une invention d’intellectuels, mais « au même titre que la monarchie de Joseph de Maistre ». Cette comparaison récurrente entre la démocratie comme régime faible en proie aux prédations financières et une monarchie aux mains d’une aristocratie qui l’est tout autant fait justement de Bernanos ce penseur singulier qu’il serait ridicule de vouloir classer sur l’échiquier politique. Bernanos ne critiquait pas la démocratie en tant qu’idéal, mais sa réalité telle qu’il l’observait, où il discernait nettement « l’usurpation bourgeoise ». La démocratie et son jeu électoral notamment, ne sont « qu’une fiction politique au service d’intérêts économiques inavouables », chose que l’on serait bien culotté de vouloir lui contester à l’heur de la mondialisation. Si Bernanos rejettait le qualificatif de démocrate, c’est parce que « Le démocrate, et plus particulièrement l’intellectuel bourgeois démocrate, me paraît l’espèce de bourgeois la plus haïssable », ce qui n’est pas sans rappeler les attaques de Pasolini contre cette même bourgeoise de l’Argent qui vampirise le peuple pour le rendre aussi monstrueux qu’elle. Mais Bernanos, contrairement à Pasolini, analysait directement la répercussion de cette usurpation bourgeoise sur l’État, dont il assimilait la crise au profit des puissances financières et occultes ; « la dépossession progressive des États au profit des forces anonymes de l’Industrie et de la Banque ». Bernanos, ni ne gauche, ni de droite, rejettait le libéralisme qu’avait embrassé la bourgeoisie et qu’elle imposait par son hégémonie depuis la Révolution Française. Or, cela constitue dans la pensée de Bernanos une spoliation de tout, même de l’État, au profit d’un individualisme qui se traduit économiquement, là où la puissance publique était censée agir comme un rempart contre la prédation du capitalisme dérégulé. Voilà pourquoi Bernanos se moquait bien des clivages et du jeu politique ; comme il le dit dans La France contre les Robots : « ce sont les démocrates qui font les démocraties, c’est le citoyen qui fait la République ». C’est justement ce point-là qui le démarque de l’étiquette vulgaire que certains tenteraient lui accoler par excès de bien-pensance ; Bernanos, bien qu’attaché à la royauté, appréhendait totalement l’idéal républicain. Si, pour lui, il faut « se méfier des systèmes démocratiques modernes, si imparfaits, si sommaires, si mal défendus contre les trahisons de l’argent », c’est du fait des hommes politiques dont l’obédience ne va pas à la patrie, mais à l’Argent. Or, Bernanos clamait ouvertement dans Le lendemain, c’est vous qu’il n’a « jamais été républicain, mais [qu’il a] compri[t] maintenant ce que ce mot exprimait à tort ou à raison, pour des milliers d’hommes qui ont mis en lui leur foi et leur fierté ». Il ajoutera plus tard que « L’idéalisme de ce qu’on pouvait appelait jadis les masses républicaines, leur enthousiasme naïf pour la liberté, la justice, le progrès […], nous l’avons laissé tourner en dérision, faute immense ».
Si pour Bernanos, la démocratie est « probablement le mot le plus prostitué de toutes les langues », c’est à cause de sa mise en pratique par des hommes de pouvoir et opportunistes. Il relève ainsi dans une de ses lettres que les démocraties « font semblant de croire à ce qu’elles défendent, mais elles n’y croient pas. Au réalisme cynique des dictatures, elles n’opposent qu’un opportunisme hypocrite », allant jusqu’à consacrer « Saint Tartufe, patron des démocraties », dans Le Chemin de la Croix des Âmes. C’est pour cette raison qu’à son retour à Paris lors de la Libération, Bernanos remarqua que la France est retournée à un état proche de celui de 1789. La démocratie ne serait qu’une illusion, qui « après avoir signifié une conviction profonde, un état d’âme, une fois, le mot de démocrate ait pris peu à peu le sens de citoyen d’une démocratie, rien d’avantage, de sorte que nous sommes menacés de voir un jour des démocraties sans démocrates, des régimes libres sans hommes libres ». Mais n’en sommes-nous justement pas à ce point ? Ce que Bernanos s’échinait à démontrer n’était pas tant de savoir si la démocratie était mauvaise et faible dans son essence, au contraire puisqu’il l’estimait dans La France contre les Robots comme « un héritage sacré » où « justice et fraternité sont incluses », ajoutant même que « La démocratie est encore à faire », mais qu’elle a une propension plus forte que les autres régimes à succomber aux pouvoirs de l’Argent et de la Technique, car lorsqu’elle n’est que « la forme politique du capitalisme », elle « n’est pas plus la déclaration des droits de l’Homme que la dictature cléricale du général Franco n’est l’Évangile ». Cette usurpation bourgeoise n’est pas une expression vaine chez le penseur, car il fustigeait avec la même force l’idée d’une monarchie phagocytée par la bourgeoisie. Or, elle constitue le principal problème de régression sociale et culturelle selon Bernanos, de par l’acculturation du peuple qu’elle entraîne, mais aussi par l’absence totale de loyauté et de fidélité qui la caractérise. Bernanos notait d’ailleurs avec une certaine ironie que tout le monde se dit démocrate, « y compris le Führer et Mussolini », ou encore que « la bombe atomique est entrée dans l’histoire sous le signe des démocraties ». Autant de saillies qui devraient nous faire réfléchir sur l’absurde dimension messianique que nous donnons par occidentalisme au sens du mot « démocratie », alors qu’aujourd’hui, nous sommes plus que jamais dans ce que craignait Bernanos dans Le Chemin de la Croix des Âmes : « un système de slogans, comme un oiseau pris sous le faisceau d’un projecteur ».


François Duprat ne cachait pas qu’« il est clair aujourd’hui que la campagne de lutte contre l’immigration représentait la seule méthode utilisable ». En sortant le FN de ses thématiques classiques anti-communiste et anti-gaulliste, il avouait volontiers que « nous sommes des relativistes et que nous croyons à l’obligation pour les formulations idéologiques de s’adapter aux situations changeantes ». Sinon, « rester sur les vieilles positions, surannées et condamnées par les faits, c’est vouer notre camp à une défaite éternelle ». Ses préoccupations ne se limitent pas à la question sociale. Ainsi s’intéresse-t-il à l’écologie ! « Nous combattons pour que notre Terre ne soit pas ravagée et détruite par une “ civilisation ” qui anéantit rapidement ses richesses naturelles pour le seul profit final d’une petite clique d’exploiteurs. Les programmes de “ modernisation ” de notre espace territorial, le développement de l’énergie nucléaire, sont en train de détruire les bases mêmes de la vie de notre Peuple. » Parce que « l’hyper-capitalisme, comme le marxisme, sont issus, tous les deux, du monstrueux développement industriel du XIXe siècle et ils ont comme idée maîtresse la croyance en un progrès économique indéfini », « nous avons à lutter contre ceux qui ont transformé de vastes parties de notre planète en un dépotoir, pour augmenter qui la puissance politique d’une bureaucratie tyrannique, qui le taux de profit de certaines puissantes sociétés » avant d’affirmer que « l’écologie n’est qu’une projection de l’idéologie nationaliste-révolutionnaire ».
Cela ne l’empêchait pas de se pencher sur l’idée européenne à un moment où sa construction déjà pervertie n’en était qu’à ses balbutiements. « La France… mettons isolée (pour ne pas écorcher certaines oreilles) n’a jamais été un idéal admissible pour les militants de notre bord ayant le sens de l’Europe. » La nation française « peut et […] doit jouer un grand rôle au sein d’un rassemblement des nations européennes. Mais, là encore, la France, ne pourra participer à une union de l’Europe que si sa personnalité existe encore ». À propos du « fait français », il reconnaît que « nous sommes des ethnies diverses rassemblées en une seule nation et nous devons continuer ensemble notre chemin, en respectant scrupuleusement l’originalité de chacune des composantes de notre Entité historique ». La vocation du nationalisme-révolutionnaire n’est pas seulement d’envisager « la France comme une nation colonisée, qu’il est urgent de décoloniser. Les Français se croient libres alors qu’ils ne sont en vérité que les jouets de lobbies étrangers, qui les grugent et les exploitent, grâce à la complicité d’une fraction des classes dirigeantes, à qui ces lobbies jettent quelques morceaux de leur festin », mais aussi et surtout de considérer que « le Nationalisme est la défense de toutes les ethnies constituant le Peuple français, au sein de leur cadre historique, la Nation française, une Nation enfin délibérée et rendue à son destin ». Le nationalisme-révolutionnaire agit « pour la libération de tous les peuples d’Europe, soumis les uns au colonialisme sioniste, les autres au colonialisme marxiste ». Toutefois, attention !, « on ne construira pas l’Europe sur une éruption de micro-nationalismes, prévient-il, qui auraient toutes les chances de tourner très vite en chauvinisme et en racisme hostiles aux autres ethnies de notre nation ». Il en découle que « le nationalisme croît dans les régions, il ne prend pas appui sur des individus désincarnés, anonymes, mais sur des citoyens intégrés dans leurs régions d’origine. Il fait sienne la doctrine de l’enracinement et ne prêche pas un quelconque “ sous-jacobinisme ” centralisateur, destructeur des petites unités régionales ».