lundi, 22 octobre 2018
Condition animale : entre éco et égo, quelle est la responsabilité des humains?
Condition animale : entre éco et égo, quelle est la responsabilité des humains?
Une certaine frange radicale de la mouvance végane a récemment intéressé les médias par ses outrances et fait beaucoup de mal aux nombreuses associations qui luttent contre la maltraitance animale. Le chef de file de ce mouvement est une femme, Solveig Halloin, ancienne Femen, qui incite les militants du collectif Boucherie Abolition à harceler les bouchers et à dégrader leurs commerces.
Il serait stupide de répondre aux excès de ces végans par des provocations de méchant carnivore, viandard assoiffé de sang et destructeur du monde animal pour le plaisir.
Nous proposerons ici une troisième voie.
Quelques notions pour s’y retrouver dans cette nouvelle jungle, par ordre de rigueur décroissante :
• Le véganisme interdit toute absorption d’animaux ou de produits dérivés d’animaux ou de leur utilisation (en vrac : œufs, lait, miel, mais aussi cire d’abeille, cuir, soie, cosmétiques, etc.).
• Les végétaliens ne mangent pas d’animaux ni non plus leurs productions (œufs, produits laitiers, miel).
• Les végétariens ne mangent pas d’animaux (viande et poisson).
• Les flexitariens, s’intéressant au bien‐être animal et, réprouvant les pratiques agro‐alimentaires industrielles, limitent leur consommation de chair animale en tenant compte de sa qualité d’élevage et de production. On retrouve dans cette catégorie méconnue et pourtant la plus nombreuse, la plupart des gastronomes éclairés et des consommateurs de produits biologiques.
L’une des causes de la maltraitance animale : les religions du Livre
Le magazine Marianne, dans son numéro 1125, avance l’idée qu’il y aurait des passerelles entre les antispécistes d’extrême-gauche et « l’extrême-droite ». On y apprend ainsi que le gauchiste violent Clément Méric, mort dans une rixe opposant sa bande à des supposés skinheads, était tout aussi végan que le principal accusé, Esteban Morillo.
L’information n’est pas dénuée d’intérêt. Effectivement, la défense de la condition animale rassemble toutes sortes de gens habituellement opposés sur le plan politique, mais aussi culturel, philosophique, spirituel, géographique, historique… C’est ainsi que deux femmes que tout sépare emploient peu ou prou les mêmes mots pour définir l’une des causes de la maltraitance animale : les religions du Livre. L’une, Élisabeth de Fontenay, est une philosophe convertie au judaïsme, dont une partie de la famille fut déportée par les nazis ; elle est une militante active de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et s’intéresse aussi à la cause animale qu’elle a défendue dans son livre : Le Silence des bêtes. La seconde, Savitri Devi, française d’origine grecque, mariée à un brahmane indou, s’impliqua dans la fondation de l’écologie profonde et fréquentera après‐guerre les milieux néo‐nazis.
Comparons :
Élisabeth de Fontenay : « Dans l’histoire de l’Église catholique, si l’on excepte quelques mystiques comme saint François d’Assise, on assiste à un désintérêt profond pour la condition animale. Quand on sacrifiait des animaux au temple, la bête était unie à l’homme et à Dieu dans une relation triangulaire très porteuse de sens. On immolait les animaux, mais ils étaient objets de respect… Or, à partir du moment où le Christ s’offre comme la brebis du sacrifice, il n’y a plus lieu de se soucier des animaux en chair et en os, ils n’existent plus que sur le mode de l’allégorie. Saint Augustin assurait même que les animaux ne peuvent pas souffrir puisqu’ils n’ont pas commis le péché originel. Les animaux‐machines de Descartes s’inscrivent dans cette trace. » In Le Point du 25 avril 2013
Savitri Devi : « Toute la splendeur du monde matériel, toute la beauté, la force et l’amour des millions de bêtes, d’oiseaux, de poissons, d’arbres et de végétaux, la majesté des montagnes revêtues de neige, la beauté des vagues incessantes, tout cela et plus encore, ne vaut pas, aux yeux de Dieu, l’âme immortelle d’un humain imbécile – ainsi parlent les Evangiles. C’est pourquoi la chasse aux tigres et aux cerfs, le massacre de doux agneaux innocents, si heureux de vivre, la dissection de jolis cochons d’Inde ou de chiens intelligents, ne sont pas des « péchés » selon les religions anthropocentrées, pas même si elles entraînent la souffrance la plus terrible. Mais l’euthanasie sans douleur appliquée à des idiots humains inutiles est un « crime ». Comment pourrait‐il en être autrement ? Ils ont deux jambes, pas de queue, et une âme immortelle. Si dégénérés qu’ils puissent être, ils sont des hommes. »
Nous remarquerons que madame de Fontenay reste discrète sur le mode d’abattage des deux autres religions monothéistes, seules concernées par cette maltraitance animale, tout comme les végans qui évitent soigneusement de s’en prendre aux boucheries halal ou casher.
La « vache folle » : l’holocauste
Élisabeth de Fontenay s’était élevée, en 1996, contre l’holocauste perpétré lors de l’épisode de « la vache folle », comme l’avait dénommé les autorités sanitaires, lesquelles étaient certainement plus folles que les vaches puisqu’elles avaient autorisé l’alimentation à base de farines animales à des herbivores. Au Royaume‐Uni, près de 2,5 millions de vaches avaient été ainsi abattues. Rudolf Steiner avait parfaitement décrit les conséquences de cette folie dans une conférence donnée en … 1923 ! Petite digression : la vache est le seul animal qui se transforme en un autre animal en mourant, selon une imposture bien orchestrée par les industriels de l’agro-alimentaire. Elle devient en effet du bœuf (un taureau castré), dont la viande est plus appréciée ; 85% du « bœuf » que nous mangeons sont des vaches laitières réformées, qui ne produisent plus ; la viande de bœuf engraissé pour la consommation serait beaucoup plus chère, sans atteindre les sommets d’un bœuf japonais de Kobé dont le prix est dix fois supérieur au prétendu « bœuf » français.
Élisabeth de Fontenay soupçonne l’industrie agro‐alimentaire d’avoir organisé ce massacre pour réguler une production devenue trop abondante…
Le bouddhiste français Matthieu Ricard constate que « tous les ans, 60 milliards d’animaux terrestres et 1 000 milliards d’animaux marins sont tués pour notre consommation, ce qui pose un défi majeur à la cohérence éthique des sociétés humaines ».
On comprend bien que, au regard de telles quantités, l’animal ne représente plus qu’un produit industriel comme un autre et un produit de consommation comme un autre pour les sept milliards d’humains peuplant notre planète, à la seule différence qu’il s’agit d’un produit vivant, aimant, et souffrant. Pour exemple, qui semble sorti tout droit d’un film de SF transhumaniste : on pratique dans le flanc des vaches des orifices d’environ 15 cm qu’on munit d’un hublot pour y observer le processus de digestion
L’humain est‐il un animal supérieur ?
Considérons les diverses catégories animales en fonction de leur rapport à l’homme :
• Les animaux sauvages qui vivent en liberté, quelquefois partielle, de nos jours, dans d’immenses réserves.
• Les animaux domestiques ou utilitaires servant à la consommation alimentaire des humains ou à des besognes diverses : transports de matériaux, labourage…
• Les animaux de compagnie.
• Les animaux de loisirs : de spectacle (cirque, zoo, corrida) ou de chasse (chiens et gibiers)
L’Homme a tout pouvoir sur les animaux, qui peuvent pourtant être doués de bien de fonctions dont l’Homme est dépourvu : voler, changer de couleur (le caméléon), sauter d’arbre en arbre, communiquer naturellement (comme les baleines) à des dizaines de kilomètres d’éloignement, voir repousser ses organes perdus (la queue du lézard)… les exemples sont innombrables et toujours étonnants. Mais les animaux ne sont pas doués de la parole ni d’une conscience ; cependant, ce sont des êtres sensibles et beaucoup sont capables de communiquer avec l’espèce humaine par divers canaux ; il suffit d’observer le regard d’un chien pour en être convaincus.
Pourtant, si l’on en croit les religions du Livre, l’humain serait l’espèce « élue » de Dieu, au détriment de toutes les autres composantes de la Création. L’avènement du dogme darwinien va changer la donne.
Évolution ou involution ?
La science moderne (ou profane) s’est rangée à la thèse de Darwin qui professe l’origine animale de l’être humain et en déduit son statut actuel à la suite d’une longue évolution ; les partisans de la thèse évolutionniste s’opposent à la thèse créationniste qui avance que l’homme a été créé par le Dieu des monothéistes ; la date de cette création indéterminée varie, selon les différentes chapelles (ou plutôt sectes) de – 6 000 jusqu’au plus loin qu’on remonte dans la chaîne évolutionniste.
La Tradition (ou les traditions) renvoie dos à dos les deux thèses arguant que le cosmos est un continuum dont le mouvement procède par cycles à l’image de la nature et de l’univers et que notre cycle qui est en phase d’achèvement a vécu plusieurs dizaines de milliers d’années succédant à d’autres cycles antérieurs et en précédant de futurs. Pour la Tradition, l’Homme actuel résulte d’une involution depuis le début de ce cycle (qui involue tout autant comme le cycle des saisons, par exemple : dès le lendemain du solstice du 21 juin, les nuits commencent à rallonger), et son origine procède d’un Homme bien supérieur à ce que nous sommes, la science profane n’étant qu’une sorte de prothèse technique et artificielle venue remplacer d’anciennes facultés naturelles. Quant à l’origine animale supposée de l’Homme, Julius Evola nous fait remarquer que le supérieur ne peut naître de l’inférieur et qu’il appartient à l’intuition (ou au goût) de chacun d’admettre qu’il descend d’un singe ou d’un homme plus évolué, ceci dit en l’absence de toute certitude dite scientifique concernant la théorie darwinienne.
Pour l’ethnologue Jean Servier, auteur de L’Homme et l’Invisible (Imago, 1980), « La science occidentale défend l’hominisation du singe, peut‐être parce qu’il est plus facile d’être un singe « parvenu » qu’un ange déchu […]. Selon toutes les traditions, l’homme a été d’abord esprit, participant de toute la sérénité du Monde Invisible. Un désir l’a poussé à rompre l’harmonie cosmique : il lui a fallu, en expiation, descendre dans la matière, dans l’univers des formes, dans l’animalité : revêtir des vêtements de peaux. »
La place de l’Homme dans le cosmos
Notre époque est une période de transition entre deux cycles et qui va voir advenir, sans doute dans un grand bouleversement, la fin du nôtre avant l’avènement du suivant.
Nos ancêtres européens de l’Âge d’Or avaient parfaitement conscience d’être intégrés à l’univers cosmique, d’en être à la fois les conducteurs, les protecteurs et les producteurs, les trois fonctions qui régissaient leur monde.
Les hommes de l’Âge d’Or étaient l’élément régulateur, équilibrant, de ce que les monothéistes ont ensuite dénommé la « création » ; ils n’étaient ni prédateurs ni déprédateurs des autres règnes, animal, végétal, minéral. À l’Homme incombait la responsabilité de la parfaite harmonie du monde. Par un processus que nous n’avons pas ici la place d’expliquer, les hommes sont devenus prédateurs puis déprédateurs, ce qui explique les excès exercés par les hommes contre les animaux et les végétaux – massacres gigantesques des forêts – détruisant ce qui constitue la source même de leur survie.
Examinons ce pictogramme intitulé Égo – Éco (pour écologie). Il résume ce que nous venons de dire, à quelques différences près :
• L’un représente un homme au‐dessus de notre planète, englobant les espèces animales et végétales, mais aussi… la femme ; à côté de l’homme dominant le monde, un mot : Égo.
• L’autre inclut l’homme dans la même sphère, redescendant de sa position dominante au‐dessus du globe, un mot : Éco. L’homme et la femme, qui se retrouvent alors, font seulement partie de l’univers cosmique, placés quelque part, au hasard, entre une baleine et un chêne. C’est le sens écologique des ces dessins.
L’être humain fait partie de la chaîne du vivant. Or, nous l’avons dit, l’être humain a une responsabilité : celle d’être l’élément régulateur du monde. Il devrait donc se trouver au centre même du dispositif pour accomplir sa mission. Il retrouvera sa place dans le prochain cycle.
Quelle solution ? Le retour au localisme
En attendant, il faut que l’homme enraciné retrouve la dignité que le règne de la quantité(1) lui a ôtée.
Il n’y a qu’une solution pour contrer la mondialisation et tous ses méfaits : retrouver sa terre, ses racines, ses coutumes, sa culture, les hommes de son sang, de son clan, le monde qu’on embrasse en regardant autour de soi. C’est ainsi que nos ancêtres les Gaulois déterminaient le territoire de leur tribu, du haut de leur oppidum. Ceci s’appelle, dans notre jargon moderne, la relocalisation.
Les paysans et les éleveurs doivent récupérer leurs terres sur le plan spirituel et concret. Les gouvernants et les industries agro‐alimentaires avaient décidé de créer des abattoirs collectifs au prétexte d’hygiène et de traçabilité ; il s’est avéré qu’ils sont devenus d’énormes usines à massacrer, dans un déluge de sang et de terreur ; on peut imaginer la qualité de la viande issue de ces animaux horriblement stressés et produisant des toxines en quantité ; plus question pour nos éleveurs d’abattre dans leurs fermes les bêtes qu’ils ont élevées ; mais les mêmes autorités ferment les yeux sur les abattages halal et cacher aux seuls motifs du profit ou de l’électoralisme ; pourtant, dans le domaine de la gestion sanitaire, les paysans et éleveurs français connaissent parfaitement les règles d’hygiène concernant leur métier et les respectent quand il s’agit d’une exploitation à taille humaine et locale.
Deux éleveurs, père et fils, expliquent leurs méthodes de travail lors d’une émission télévisée présentée par Perico Légasse :
« Nous maîtrisons l’ensemble du circuit de distribution, de l’élevage à la livraison ! Les animaux sont engraissés à la propriété en plein air, sans antibiotique, abattus (abattage traditionnel non hallal) à Bergerac (abattoir classé 2 sur une échelle de 4, rénové, confirmé et félicité en février 2012) et découpés dans notre laboratoire après une période de maturation de 10 à 20 jours. La viande est conditionnée sous vide dans l’heure suivant sa découpe pour une fraicheur optimale. Tout se déroule dans un rayon de 12 km, ce qui garantit à la viande une grande fraîcheur, réduit les émissions de CO2 et respecte l’environnement. »
Et qu’en sera‐t‐il des abattages rituels lorsque tous nos éleveurs auront adopté cet exemple ?
La France et autres pays européens concernés doivent tout simplement les interdire, comme le font déjà le Lichtenstein, la Norvège, la Suède, l’Islande, la Suisse, la Grèce, le Luxembourg, l’Autriche, la Pologne et le Danemark, ainsi que l’indique Christophe Magdelaine dans le site notre-planete.info :
« Littéralement pris en otage, le consommateur a de moins en moins le choix : même en privilégiant de la viande issue de l’ »agriculture biologique », à l’heure actuelle, rien ne garantit qu’elle ne soit pas issue d’un abattage rituel, d’autant plus que l’organisme de certification Ecocert vient d’accorder le label AB à des steaks hachés issus de l’abattage halal, en totale contradiction avec l’état d’esprit de l’Agriculture Biologique qui favorise le « bien‐être animal ».
Une nouvelle fois, les impératifs économiques et la pensée unique du monde politico‐médiatique passent devant le respect du consommateur, la laïcité, la transparence et la santé.
La complaisance du gouvernement français n’est pas une fatalité puisqu’un certain nombre de pays européens ont déjà totalement aboli les dérogations halal et casher. Il s’agit de : Lichtenstein, Norvège, Suède, Islande, Suisse, Grèce, Luxembourg, Autriche, Pologne et Danemark. »
Pierre‐Émile Blairon
(1) En référence à l’ouvrage fondamental de René Guénon Le Règne de la quantité (téléchargeable ici)
Source: avec l’aimable complicité de nos confrères de Nice-Provence.Info
10:02 Publié dans Ecologie, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, animaux, condition animale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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