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vendredi, 25 octobre 2019

La militarisation de l'espace, prélude à la guerre dans l'espace

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La militarisation de l'espace, prélude à la guerre dans l'espace

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le terme espace, employé ici, ne correspond pas à l'espace « profond » ou interplanétaire, mais à l'espace orbital ou espace extra-atmosphérique, celui où se déplacent tous les engins spatiaux dotés d'une vitesse insuffisante pour échapper à l'attraction terrestre.

Bien que la place n'y manque pas, en principe, il est désormais encombré de milliers de satellites envoyés par les grandes nations spatiales.

Les plus nombreux sont des satellites américains, ce qui a permis de parler de la  domination spatiale, « spatial dominance » des Etats-Unis. La plupart de ces satellites servent aux télécommunications spatiales, mais beaucoup sont à but scientifique, dédiés soit à l'observation de la terre, soit à l'observation d'autres planètes. Un nombre croissant d'entre eux sont à but militaire. Il ne s'agit pas pour le moment de faire la guerre à d'autres engins spatiaux, mais d'observer la terre afin notamment de déterminer avec précision les cibles pouvant être atteintes par des ICBM, ou missiles balistiques intercontinentaux.

Jusqu'à présent, l'espace avait été considéré comme devant être démilitarisé, c'est-à-dire ne pas faire l'objet de combats entre satellites ou d'opérations menées par des satellites dits tueurs. Ceci résultait du Traité de l'Espace conclu sous l'égide de l'ONU dès 1967. C'était du bon sens, mais cela ne durera pas. L'Otan, c'est-à-dire les Etats-Unis, devrait déclarer l'espace comme un "warfighting domain", c'est-à-dire un domaine pouvant faire l'objet d'actions militaires. On lira à ce sujet un article récent de Spacewatch. L'Otan justifiera ceci comme résultant du développement rapide de nouvelles technologies spatiales pouvant servir à des actions militaires. Ceci signifiera que l'Otan pourra commencer à y utiliser des armes spatiales visant soit à détruire des satellites soit à intercepter des missiles ennemis.

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L'argument présenté à cet effet par le Pentagone est que la Russie avait récemment lancé un satellite dit commercial, ou non-militaire, destiné à assurer des tâches de maintenance sur d'autres satellites. L'utilité en est évidente. Mais un tel satellite, selon l'Otan, pourrait être utilisé par la Russie ou d'autres nations pour envoyer des satellites à de courtes distances d'autres satellites, notamment pour désactiver leurs capacités manœuvrières ou pour les détruire en provoquant des collisions. Ceci pourrait se faire sans être détecté.

Le prétexte pour ce faire sera que la France avait annoncé mettre au point des satellites armés de lasers ou de canons, en réponse à l'annonce faite en 2018 par Donald Trump d'une « force spatiale ». Ce fut la ministre de la Défense Florence Parly qui l'avait fait savoir le 25 Juillet à la suite de la décision d'Emmanuel Macron de créer un état-major spatial au sein des forces aériennes pour protéger ses propres satellites. L'exemple sera vite suivi par les autres puissances ayant des ambitions spatiales. Mais il est évident que le Pentagone n'avait pas attendu cette annonce de la France pour mettre au point ses propres satellites militaires à but offensif.

Les méthodes de la guerre spatiale

La guerre spatiale en préparation utilisera plusieurs méthodes différentes. la première en sera la « guerre électronique ». Il s'agira de tirer un faisceau intense de micro-ondes sur un satellite adverse afin de détruire ses instruments électroniques et le rendre ainsi incapable de suivre une trajectoire déterminée, ceci sans créer des nuages de débris orbitaux résultant d'une destruction proprement dite. La méthode n'est pas nouvelle. Elle avait été utilisée de façon élémentaire durant la seconde guerre mondiale, sous le terme de brouillage radio. Plus banalement, l'utilisation de faisceaux lasers sera généralisée, afin de détruire les panneaux solaires d'un satellite, indispensables pour lui fournir l'énergie nécessaire.

Une autre méthode sera utilisée. Elle apparaît comme la plus évidente. Il s'agira de placer brièvement dans l'orbite d'un satellite, lequel se déplace à grande vitesse et est doté d'une haute énergie cinétique, un objet à faible vitesse qui entrera nécessairement en collision avec ce satellite. La technique, dite de la destruction cinétique, avait déjà utilisée pour détruire des satellites en fin de vie, mais elle l'est de moins en moins du fait du nuage de débris résultant de son emploi. Dans le domaine militaire elle n'est pas recommandée, car la trajectoire de ce satellite lent est facilement observable par radar et peut entraîner en retour une frappe sur la base terrestre ayant assuré son lancement. Cependant, en cas de guerre, multiplier les débris sur la trajectoire des satellites adverses serait une bonne méthode pour les détruire.

Une troisième méthode consistera à attaquer un satellite adverse en tirant sur lui des projectiles à partir de mitrailleuses ou d'un canon placé sur le satellite ami. Mais cette méthode présente un inconvénient grave, qui limitera son emploi. La force de recul résultant de ce tir perturbera nécessairement la trajectoire du satellite tueur et pourra le rendre incapable de poursuivre sa trajectoire initiale.

Il va de soi que dans le cas d'une telle guerre dans l'espace, l'ensemble des pays non engagés dans celle-ci en seront gravement affectés. Les GPS, les service de télévision et en communication, notamment, qui leur sont devenus indispensables seront mis hors d'état de fonctionner.

Ajoutons que si l'usage d'armes nucléaires à bord des satellites est interdite aujourd'hui par les « Outer Space Treaty » et « Comprehensive Nuclear-Test Ban Treaty ». Mais la plupart des pays nucléaires, à commencer par les Etats-Unis, ne les ont pas signés. Une explosion nucléaire dans l'espace orbitale affecterait la plupart des formes de vie terrestres.

Ajoutons également que tous les pays engagés dans une course à l'installation de bases permanentes sur la Lune envisagent qu'elles puissent avoir un rôle militaire. Dans ce cas, la Lune à son tour deviendrait un terrain de guerre spatiale.

 

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