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mardi, 04 février 2020

Une autre idée de l'Europe - Les limites spirituelles de l'Europe d'aujourd'hui et le bilan critique de la modernité

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Une autre idée de l'Europe

Les limites spirituelles de l'Europe d'aujourd'hui et le bilan critique de la modernité

« Ab integro nascitur ordo »

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be

LA PERSONNALITÉ DE L'EUROPE

L'idée de « limites géopolitiques et stratégiques » ou celles de « limites spirituelles » est décisive pour l'Europe.

C'est autour d'elles que se fera ou ne se fera pas à l'avenir l'unité politique du continent, comme « communauté de destin, de civilisation et de responsabilités ». Le domaine où les « limites » de l'Europe sont les plus évidentes est celui de la puissance politico-militaire et d'une diplomatie réaliste, anticipant sur les grands équilibres du monde et réagissant à des situations decrise, désormais multiformes.

De surcroît, les politiques d'élargissement, de proximité et de voisinage 1 n'ont de sens que si l'Europe revendique et défend une identité, une personnalité et une histoire, bref une certaine idée de l'Europe.

En revanche l'idée des « limites spirituelles » de l'Europe est moins évidente et se heurte de plein fouet à la modernité européenne, à ses issues historiques et à son héritage institutionnel, dont participe le processus d'intégration qui est parvenu à un seuil existentiel critique.

A l'évidence, l'Europe du présent est taraudée par l'épuisement de son « idée-guide » et de son projet politique. Cet épuisement a des répercussions sur son engagement et sur sa foi combattante. Le doute de l'Europe sur elle-même découle d'une dépolitisation des masses et des élites et du sentiment de désenchantement qui en résulte. Ces évidences montrent également que les élites européennes ont perdu toute relation avec la politique comme « violence conquérante » (M. Weber).

Aux yeux des analystes, la situation actuelle de l'Europe offre le spectacle d'une coexistence hybride de sécularisation de la foi, de neutralisation et laïcisation des consciences, d'une étonnante égalisation de valeurs incompatibles provenant d'un multiculturalisme déroutant.

Ce dernier est le signe annonciateur d'une « latence de l'ennemi »2, l'autre visage d'une cohésion introuvable de la société.

Face à une « démocratie désarmée » et à une reformulation nécessaire du « concept d'ennemi », tous les signes de notre temps indiquent que nous vivons une période d'épuisement. L'Europe est devenue une puissance qui recherche une seule légitimité, celle du « status quo ».

Or, tous les grands changements et toutes les grandes mutations proviennent de la force transcendante d'une « idée-guide » qui refuse les garanties offertes par le « status quo ».

SUR LA CONNAISSANCE DU PRÉSENT

À l’inverse de ce qui se passe sur la scène des croyances où toute reconnaissance authentique de la religion apparaît comme un retour à un principe premier, la désacralisation absolue de l’Europe et de l’esprit européen a progressé dans la vie publique comme dépolitisation. Cette neutralisation de l’existence est vécue par les masses comme une phase de cessation de la guerre et comme l’affirmation définitive de la « paix universelle », ou comme « la fin de l’histoire » selon l’expression de Francis Fukuyama.

Cependant, la loi secrète et improférable du vocabulaire de l’histoire nous dit que la « guerre la plus terrible peut être conduite au nom de la paix, l’oppression plus horrible au nom de la liberté et de la déshumanisation plus abjecte seulement au nom de l’humanité » (C.Schmitt-1929).

L’Europe mène à son bout un processus qui a débuté il y a cinq siècles, le processus de sécularisation de la politique. Dans les cinq derniers siècles, l’Europe a connu quatre phases différentes de son évolution. Elle a été organisée par ses élites autour de quatre grands regroupements de principes ou de centres de références spirituels, avant d’aboutir à l’époque actuelle, une époque d’agnosticisme et d’indifférence, caractérisée, selon l’expression de Ortega y Gasset par « l’âme servile et docile ».

LES « LIMITES SPIRITUELLES » DE L’EUROPE D’AUJOURD’HUI

Pour mieux en venir aux « limites » de l’Europe actuelle et à l’utopie de la réconciliation et de l’harmonie des intérêts, ainsi qu’à l’humanisme moralisant de la « pensée servile », il faut en venir à ce procès unique de l’histoire européenne et, suivant Vico, Comte et Schmitt, à l'examen de cette évolution, permettant de dégager une loi générale du développement humain.

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Cette loi fait référence à l’existence de centres organisateurs de la vie spirituelle d’une époque, hiérarchisant toutes les grandes orientations venant des élites-guides, « l’évidence de leurs convictions et de leurs arguments, le contenu de leurs intérêts spirituels, les principes de leurs actions, le secret de leur succès et la disponibilité des grandes masses à se laisser influencer » (Schmitt).

Ainsi, la neutralisation spirituelle de la conscience européenne remonte au XIX e siècle, à l’apparition d’une neutralité culturelle générale, dont l’« État agnostique et laïc » est l’expression emblématique. La légitimité de l’État repose désormais sur sa neutralité et son agnosticisme moral. C’est un État qui renonce à commander l’économie, mais aussi les consciences. Dans l’évolution de l’histoire de l’esprit européen, il importe de souligner que le centre de référence des idées est un terrain de lutte et de combat. En effet, l’accord ou le désaccord principal auquel tout le reste est subordonné permet d’atteindre l’évidence des choses, la compréhension des phénomènes et l’ordre de participation dans la vie sociétale.

Cette migration européenne des centres de référence intellectuels d’un terrain à l’autre, désacralise progressivement l’histoire de la pensée européenne, la neutralise et la dépolitise.

L’humanité européenne a accompli en cinq siècles une complète migration du terrain de la lutte vers un terrain neutre, allant de la foi vers l’agnosticisme, des guerres de religion aux guerres nationales, puis économiques et pour finir idéologiques.

Dans cette transition il y a eu déplacement successif du terrain du compromis général, qui de confessionnel, devient national, puis social et enfin idéologique et pour terminer neutre.

Au bout du parcours la neutralité spirituelle et politique parvient à atteindre un état de néant spirituel, celui d’une politique sans âme. C’est à ce stade, le stade du vide de l’esprit, que triomphe une nouvelle idée, abstraite et dépassionnalisée, sécularisée et dépolitisée, celle de l’Europe comme État postmoderne, un État sans État, une politique sans politique, un pouvoir sans autorité, une désacralisation sans légitimité ; une forme d’État sans sujets, car l’idée même de citoyen se traduit en un concept vide et totalement désincarné.

AUX RACINES PHILOSOPHIQUES D’UNE « AUTRE MODERNITÉ »

A la source de la modernité occidentale, la référence immédiate est celle de la tradition des Lumières. Cette racine est définie par le culte de la raison, l'affirmation de l'universalisme et l'autonomie de l'individu, s’incarnant politiquement dans la civilisation qui porta la révolution des droits de l'homme. Or cette source n'apparaît plus aujourd'hui comme l'origine unique de la modernité occidentale. Une « autre modernité », s'est définie par opposition aux Lumières, par un corpus de doctrines anti-cosmopolitiques, nourrissant une culture dans laquelle les certitudes de la raison ont été combattues par les vieux enchantements de la religion et de la foi.

Renaît aujourd'hui dans le monde, plus violent que jamais, le divorce entre la foi et la raison qui se traduit, d'une part, par la pensée radicale de l'Islam, activée par une hostilité principielle à l’Occident, et, de l'autre, par le relativisme philosophique et les doctrines du pluralisme et de la complexité.

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Si les idées des Lumières ont engendré la civilisation des Droits de l'homme et de la Révolution et si ses grands noms restent Voltaire, Montesquieu Rousseau et Kant, la rupture du rationalisme avec la pensée de la tradition, s'incarnant politiquement dans les courants jacobins, contesta radicalement les idées reçues et l'ordre établi.

Dans le climat du renouveau intellectuel du XVIII e, l'opposition aux Lumières se fit cependant au nom de l’affirmation d'une « autre modernité », qui eut pour pères spirituels Edmund Burke (1729-1797 – historien anglo-irlandais) et Johann Gottfried Herder (1744-1803 – pasteur et patriote allemand).

Ceux-ci réfutèrent les idées universelles au nom de l'importance des communautés originelles, le peuple ou l'ethnos, la Gemeinschaft au lieu de la Gesellschaft, seules matrices culturelles de 1'« essence » spirituelle de l’individu, baigné dans la particularité d'une histoire collective toujours singulière.

Ce sont là les origines occidentales du conservatisme libéral s’opposant au déracinement de l’abs traction, de la raison pure et du culte des idées, faites pour être aimées par elles-mêmes dans le seul but de réinventer le monde.

Ainsi, sur les fondements d'une pensée more geometrico, une pensée « sans pères ni ascendants », le jacobinisme engendrera les doctrines du changement radical de l'homme, de la société et de l'histoire, que l’utopie marxiste convertira en totalitarisme et en antihumanisme, dans le but de réaliser une société unifiée et homogène, sans divisions ni conflits.

Or, puisque les Lumières marquèrent une rupture avec la théologie chrétienne, les idées de raison pure et le système des droits de l'homme, qui constituèrent le fondement du libéralisme politique et de la démocratie représentative, apparurent plus exportables à d'autres contextes culturels, généralisables à d'autres traditions et à d'autres histoires sociales et politiques. Par ailleurs, si la tradition réacquiert aujourd'hui la même légitimité que la démocratie représentative moderne, le relativisme historique ne devient-il pas la doctrine philosophique plus pertinente pour comprendre le monde contemporain, son pluralisme et sa complexité ?

Et la démocratie, comme forme de régime dont la seule source de légitimité est une fiction, la « volonté générale », peut-elle constituer encore le dépassement inévitable de la tradition et le fondement d'un équilibre de pouvoir propre aux régimes constitutionnels pluralistes, commandant le style d'une collectivité, son histoire et son avenir ?

L'ESPACE PLANÉTAIRE ET LE DESTIN OCCIDENTAL

La particularité du « destin occidental » et le changement du rapport entre l'Europe et le monde nous incitent à dresser un bilan critique des acquis et des dérives de la Modernité.
Ce bilan se heurte à une impossible synthèse entre « l'universel » européen et les particularismes locaux. Il en résulte ainsi une nouvelle approche intellectuelle comportant l'abandon progressif des aspirations universalistes des Lumières qui apparaissent désormais désincarnées et abstraites. Les convictions de l'Universel avaient fait croire, aux XIXième et XXième siècles, que l'on pourrait surmonter les obstacles de la différenciation inégalitaire de la société et l'hétérogénéité naturelle du monde, par l'arbitraire homogénéité des concepts. Cette vengeance spiritualiste de « l'Histoire » comporte l'émergence d'un “Nouveau Cycle Intellectuel”, relativiste, organiciste et anti-rationaliste.

Ce courant s'oppose aux généralisations arbitraires et aux certitudes rationalisantes et cela au nom du monde historique, comme totalité des formes d'existence de la condition humaine et surtout comme polythéisme de valeurs incompatibles, ou pour le dire avec Max Weber, comme opposition irréductible des croyances et « guerre des dieux ».

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Le grand dilemme, élémentaire et immédiat, qui se pose aujourd'hui à l’Europe consiste à savoir si on peut faire coexister l’utopie du droit public et la réalité de la politique mondiale.

Et si l’« essence » du politique peut être inscrite, à l’extérieur, dans la dialectique aventureuse et conflictuelle de l’un et du multiple et à l’intérieur dans un réseau de relations fonctionnelles, engendrant une version dispersée et administrative de la théorie de la décision et une image tranquillisante de la paix, la pax apparens de Thomas d’Aquin.

ADAPTATION INSTITUTIONNELLE OU REFONDATION RADICALE

Face à l'épuisement de son principe constitutif, au dévoiement de sa mission et à la perte grandissante de sa légitimité, de quoi l'UE a-t-elle besoin, comme fille de la « raison pure » et dernière incarnation de l'utopie rationaliste, pour faire face aux défis de notre temps.

D'une simple adaptation institutionnelle ou d'une refondation radicale ? A-t-elle besoin d'une nouvelle idée historique et laquelle ? Doit-elle fédérer des Nations et reconnaître la hiérarchie naturelle des plus puissantes d'entre elles ?

Ce qui fait toujours problème dans une période de mutations est la transformation d'une philosophie en une stratégie, par le biais de l'appareil institutionnel. L'appareil en lui-même est inerte, sans volonté ni action, car les institutions n'ont d'autres fonctions que de transformer les idées en pouvoir. En poursuivant le diagnostic de l'UE et en traçant le bilan désenchanté d'une physiologie institutionnelle en crise, la santé de l'organisme apparaît affectée par de multiples syndromes dégénératifs en contraste avec le retour des États.

Du point de vue des « limites historiques », l''autorité constitutionnelle de l'UE n'a pas encore franchi le seuil de « l'autorité fonctionnelle » et les jeux compensatoires entre pays-membres se sont fait valoir en termes de relations de puissance entre États souverains, au sein du processus d'intégration et de manière concertée, y compris en matière économique, (couple franco-allemand), mais en dehors du cadre d'intégration.

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Dans la première phase de mise en œuvre du processus d'intégration, l'essence profonde des relations internationales, structurellement fondée sur l’état asocial du système inter-étatique a été masquée par l'idéalisation militante du « combat pour la paix », qui a inspiré la politique étrangère de l'Union et s'est réclamé d'un forme d'utopisme légaliste et juridiste.

Cette idéalisation a infirmé les préceptes de prudence et d'équilibre du réalisme classique, au nom du multilatéralisme et de la sécurité collective, qui constituent encore aujourd'hui les deux référents majeurs de la pratique diplomatique de l'UE.

LE CONCEPT « D'ENNEMI » ET LA « SÉCURITÉ COLLECTIVE »

Or l’absence de la figure de l’ennemi dans la définition du concept européen de sécurité est capitale pour la compréhension de sa faiblesse. En effet, cette absence est essentielle pour déceler la nature des réponses prévues pour faire face aux défis et aux menaces extérieures.

Cette absence de l’« ennemi » en acte, n’exclut guère la définition d’un « état latent d’hostilité », comme situation intermédiaire entre l’état de conflit et l’état de paix.

La « limite » du concept de sécurité adopté par l'Union prend la forme d'une dilution de sa personnalité dans un tout politiquement hétérogène, le multilatéralisme des Nations Unies, où les États démocratiques coexistent avec des États voyous et des États autocratiques ou encore des États en faillite. Il en résulte une autre « limite » de l’UE, son aveuglement face à la transformation conjointe du système international et de la puissance. En réalité la caractéristique principale d’une puissance est son unilatéralisme, autrement dit l’évaluation indépendante et autonome de ses choix existentiels, ne comportant pas de dilution de la volonté d’affirmer son identité et son avenir, en exécution des délibérations d’une enceinte multilatérale, les Nations unies, à l’âme « servile et docile », une enceinte qui n’est guère l’expression de la puissance de la paix et de son idéal, mais le simple substitut de la puissance qui lui fait défaut.

En ce qui concerne les aspects constitutionnels de l'UE, les « Traités de Rome » ou de Lisbonne n'ont pu amoindrir le sentiment d'appartenance nationale, car la gestion de l'identité et de la culture, qui n'a jamais été l'apanage de l'intégration, est restée de compétence nationale. A l'inverse, « l’appétit naturel des hommes pour l’état civil » et pour la paix, qui a été érigé en postulat moral du système européen a provoqué une inversion des conceptions westphaliennes de l’État, par la fiction de la « souveraineté partagée ».

Or, la doctrine de la « souveraineté partagée » n'a guère protégé les nations et les citoyens des turbulences de l'Histoire, de telle sorte que les partisans de « l'Europe des Patries » ont été les seuls à se préoccuper, paradoxalement, de l'interprétation extérieure de la souveraineté et donc de l'indépendance politique de l'Europe sur la scène internationale.

Du point de vue stratégique, la mutation de la souveraineté des États-forts découle de la coordination stratégique du BAM aux mains d'Hegemon et celle de « souveraineté limitée » a été élaborée par R. Haas à propos des États faibles et à base sociale non-viable.

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Le « système de défense » et de protection avancée du BAM est en effet un « système d’intégration politique » créateur de subordination et de dépendance des alliés vis-à-vis de la puissance dominante, tandis qu’il se configure comme un système d’« insularisation », et de containment pour les adversaires ou les rivaux.

Vis-à-vis des États faibles, la doctrine des « limitations de souveraineté » est applicable aux régimes autoritaires et intégristes, ainsi à une « souveraineté fictive « doit faire place une « souveraineté limitée ».

MODÈLES DÉMOCRATIQUES ET CRISES DE LÉGITIMITÉ

La résistance des sociétés non occidentales au rationalisme historique des Lumières a été dictée par la vocation de la philosophie rationaliste à imprimer un cours « critique » et « réformateur » aux ensembles sociaux traditionnels et à leur imposer « d'autres valeurs », d'autres justifications politiques et d'autres principes de légitimité, bref à les occidentaliser et les dénaturer.

Cela concerne en particulier l'imposition de régimes et modèles démocratiques et, dans l'ordre culturel, une vision problématique et laicisante de l'Histoire, qui est antithétique par rapport à la tradition.

Du point de vue des particularismes culturels, la diversité des cultures et des peuples qui restent les sujets collectifs de l'histoire appelle à une différence de perceptions, dans l'affrontement entre identités, longtemps reniées, et aujourd'hui ressurgissantes. En réaction au mouvement de mondialisation, de nouveaux facteurs de fragmentation et de désordre accroissent l'hétérogénéité du système et simultanément les mécanismes de régulation existants, régionaux ou universels, apparaissent inappropriés à gérer ou à maîtriser l'interdépendance de la planète.

En perspective, l'uniformisation de la culture nous montre que le processus de mondialisation a pour corollaire, l'irruption de nouveaux acteurs, individus et minorités, par delà les États ou les sociétés, revendiquant la reconnaissance de leurs statuts, juridiques et politiques, dans un horizon temporel amplifié et de ce fait, plus complexe.

Aujourd'hui les dessous de l'Histoire font apparaître les déceptions amères d'une crise de légitimité des démocraties, des conceptions de l'État de droit et des droits universels, coupables d'avoir dissocié l'intime relation entre l'universel et le particulier au profit du premier, ouvrant la voie à la révolte de la tradition et du passé, comme formes d'historicité authentiques.

Dans cette impossible synthèse entre les différentes approches de l'histoire et les manifestations de la vie spirituelle prenant corps dans la diversité des régimes et des formes de gouvernement, « l'universel » européen se heurte à une série innombrable de singularités culturelles, comme « inhérences » des régimes politiques à leur propre histoire. Par rapport à ces histoires individuelles et locales tout ce qui vient de l'extérieur apparaît comme une greffe « sans inhérence » à un passé, à une tradition particulière ou à une forme concrète du pluralisme historique. Cet heurt de l'universel et du particulier est préjudiciable pour tous les systèmes de concepts à prétention universaliste et en particulier pour le système d'idées abstraites et universelles héritées des Lumières.

En effet, si « l'universel » est la connexion nécessaire entre toutes les déterminations de la chose, ou encore le prédicat commun de plusieurs choses, les particularismes du monde de l'âge planétaire, idées, cultures, civilisations, régimes politiques, sociétés, ne peuvent exister, au niveau de la connaissance, que comme des épiphénomènes.

Ils figurent ainsi comme entités négligeables dans la définition d'une loi générale de l'évolution humaine, qui impose l'affirmation, nécessairement conflictuelle, d'un système politique sur les autres et qui fait du système démocratique un modèle hypostasié, là même où il est un régime révocable, périssable, précaire et contingent.

L'élargissement du « modèle démocratique » est apparu ainsi comme l'expression d'une vision utopique de l'Histoire et s'est heurté, à une interprétation messianique du monde historique.

La tradition et les sociétés traditionnelles témoignent de l'expression d'autres formes d'« historicité », indifférentes à l'idée de « démocratie », sauf pour les couches intellectuelles cosmopolites, libertaires et non organiques, sans légitimité et exclues des offices publics.

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Ces sociétés représentent le démenti patent d'une conception de l'histoire comme abstraction.

L'interprétation de la démocratie comme « modèle » est également la négation de l'évolution des régimes politiques selon leur propre loi, ou selon leur propre individualité historique. Si le « modèle démocratique » devait prendre racine, cela correspondrait au triomphe de la « cité céleste» sur la « cité terrestre» de Saint Augustin, où le « bien » l'emporte définitivement sur le « mal ».

Ce triomphe clôturerait la doctrine moderne des cycles historiques et se conclurait définitivement par la « fin de l'histoire » (F. Fukuyama). Or, s'il y a toujours quelque chose de messianique dans cette fin de l'Histoire comme conclusion d'un cycle, c'est bien ce retour du monde à Dieu par le réenchantement de la foi. C'est le triomphe sur terre de l'agneau céleste.

Peut-on dès lors réenchanter le projet européen et repartir d'un ordre nouveau et d'une nouvelle idée de l'Europe en phase avec notre temps et en prise directe avec le « nouveau cycle intellectuel » ?

 

Bruxelles, le 19 Février 2014

 

 

Pensées interdites

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Pensées interdites

par Rémi TREMBLAY

C’est une banalité que d’affirmer que les Milléniaux lisent peu. Bercés par les écrans et gavés par les médias sociaux et les vidéos en ligne, ils n’ont que peu d’intérêt pour la lecture et s’il existe des exceptions à cette règle, il reste que la plupart ne s’emballeront jamais en lisant la prose de Charles Maurras ou de Lionel Groulx. Mais l’objectif n’est pas ici de les convaincre de s’intéresser à ces lectures qu’ils trouveront probablement fastidieuses et rébarbatives, mais de leur présenter un livre choc composé d’une série d’aphorismes qui saura capter leur intérêt et les faire renouer avec la lecture, au moins le temps d’un livre.

ED40Y1nWwAA7BhA.jpgLe livre de Grégory Roose, Pensées interdites, est parfait pour celui qui n’a jamais ouvert un ouvrage de politique ou que rebute l’idée de se plonger dans de grandes dissertations philosophiques, bref, un ouvrage idéal pour le Millénial ou quiconque lit peu.

L’auteur en est à son premier titre. Mal pensant comme on les aime s’assumant totalement, Roose constate le Grand Remplacement et propose comme voie de sortie, le Grand Rapatriement, soit le divorce avec les éléments exogènes qui ont refusé de s’assimiler. Il est temps de dire adieu à ceux qui partagent la même maison, mais qui ne l’aiment pas et qui ne nous aiment pas. Nul racisme chez lui; il croit l’assimilation possible, mais celle-ci n’est réalisable que si les immigrants sont de bonne foi et s’ils ne sont pas trop nombreux. Deux conditions que l’immigration comme elle se pratique aujourd’hui ne remplit pas. Ainsi, « le Grand Rapatriement doit être la conséquence opérationnelle d’une rupture de contrat entre un peuple autochtone et des fragments de peuples exogènes et dissidents ».

Ses réflexions, parfois humoristiques, voire sarcastiques, touchent un grand nombre de sujets, de la déferlante migratoire au féminisme moderne en passant par l’automobile et le journalisme. Chaque sujet mériterait une analyse complète, mais c’est justement là le charme des aphorismes; présenter en quelques mots une pensée complexe. L’aphorisme est à l’essai politique, ce que le haiku est au sonnet.

Pour bien exemplifier le style de Roose, le mieux est de présenter certaines de ses réflexions :

  • Avoir toujours raison est un art. Savoir reconnaître ses torts est une vertu. La plupart des politiciens sont des artistes vicieux.

  • La loi contre les « fake news » est censée « protéger la vie démocratique et républicaine ». Tout comme le nom officiel de la Corée du Nord contient les mots république et démocratique. Vous me suivez ?

  • Notre défaite démographique, concomitante à l’invasion migratoire, sonnerait le glas de notre civilisation deux fois millénaire.

  • La gauche dite « antiraciste » racialise tous les débats, mais c’est la droite qui est régulièrement qualifiée de raciste et de réactionnaire. Cette gauche est un fléau sociétal qui doit être ringardisé au nom de l’intérêt général.

  • L’inversion des flux migratoires est notre seul salut possible. À défaut, la civilisation européenne, subjuguée, disparaîtra dans quelques générations.

  • Ne pas dire « égorgé », dire « blessé mortellement au cou »; ne pas dire « immigré clandestin », dire « primo-arrivant »; ne pas dire « Grand Remplacement ». Surtout, ne pas le dire.

  • La censure sur les réseaux sociaux s’organise. La presse clandestine a toutes les raisons de renaître de ses cendres.

L’auteur n’a pas le même sens de la formule que Robert Poulet ou Xavier Eman, plus contemporain, mais il n’en demeure pas moins que ses réflexions sont la plupart du temps justes et parviennent en quelques mots bien sentis à déconstruire l’argumentaire de nos opposants, empêtrés dans leurs contradictions, ce qui nous fait oublier le manque de fil conducteur. On reconnaît chez cet homme le courage que François Bousquet nous exhorte à adopter. D’ailleurs, certaines de ses réflexions auraient pu être tirées du Manuel de guérilla culturelle de ce dernier.

Il ne reste plus qu’à mettre ce livre dans les mains de ceux qui font de l’urticaire à la simple évocation du mot « lecture ». C’est le cadeau idéal pour le neveu millénial ou l’homme trop pressé pour prendre le temps de s’asseoir et de se plonger dans une lecture de fond.

Rémy Tremblay

Grégory Roose, Pensées interdites, Apoxa, 2019, 148 p., 8 €.

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 24 janvier 2020.

Coranovirus: nouveau front de la guerre hybride contre la Chine

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Coranovirus: nouveau front de la guerre hybride contre la Chine

Par Laurent SCHIAPARELLI

Les réactions des autorités occidentales, outrepassant les recommandations de l’OMS, contribuent à semer un climat de panique face à une épidémie encore somme toute limitée. Pourquoi ne réagit-on pas de la même manière à des menaces sanitaires autrement plus meurtrières?

L’Agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA) développe depuis quelques années le concept militaire de guerre mosaïquée (mosaic warfare), une sous-catégorie de la guerre hybride (combinaison de moyens militaires, cybernétiques et non-conventionnels, comme le terrorisme, la guerre de l’information, la criminalité).

Que ce soit dans le champ militaire, ou ici médiatique, il s’agit de projeter vers l’ennemi une multitude d’attaques de taille et de nature différente, qui individuellement sont peu décisives, mais qui, combinées et déployées simultanément ou successivement, ont pour but d’épuiser et de submerger les défenses adverses.

Il semble que cette stratégie soit aujourd’hui à l’œuvre dans le volet médiatique de la guerre économique déclarée par les États-Unis à la Chine.

Sur le devant de la scène, une guerre économique conventionnelle, au sujet de laquelle les deux gouvernements négocient de façon théâtrale depuis un an. En parallèle, une multitude d’attaques antichinoises restreintes et évolutives: droits de l’homme (Xinjiang), intégrité territoriale (Mer de Chine du Sud), souveraineté (Hong Kong) mais également environnementale (pollution, déforestation, incendies), et depuis quelques semaines, sanitaires avec l’apparition du coronavirus dans un marché à Wuhan.

Le fait que la DARPA finance plusieurs projets de recherche sur le forçage génétique, technique hautement controversée, est sûrement une coïncidence sur laquelle nous n’aurons pas le temps de nous attarder ici.

Reconnaissance de l’OMS, mais sanctions des Etats

Au cours de sa réunion du 30 janvier 2020, le Comité d’urgence de l’OMS a convenu, «dans un esprit de soutien et de reconnaissance envers la Chine», que la flambée épidémique constitue une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). Cette déclaration se borne à une série de recommandations à destination du personnel de l’OMS, de la Chine et de la communauté internationale, principalement sur un renforcement des échanges des données collectées.

Le point saillant de ce communiqué est l’absence de recommandation de restriction des déplacements. «[…] Les faits ont montré que la restriction de la circulation des personnes et des biens pendant les urgences de santé publique peut être inefficace […]. En outre, les restrictions peuvent interrompre l’aide et l’appui technique nécessaires, perturber les entreprises et avoir des effets négatifs sur l’économie des pays touchés.»

Ainsi, l’interruption de vols commerciaux vers et en provenance de la Chine de compagnies aériennes occidentales (British Airways, Lufthansa, Swiss, Air France) s’apparente dans le meilleur des cas à un excès de précautions, et dans le pire à une tentative malveillante de clouer la Chine au pilori.

Les États-Unis viennent de diffuser un avis de voyage de niveau 4 à destination de la Chine, l’Allemagne demande à ses ressortissants de quitter la ville de Wuhan, et la France propose le rapatriement aux Français de Wuhan qui le souhaitent (comment? Air France ne dessert plus la Chine depuis le 31 janvier). L’hystérie est donc alimentée depuis l’étranger une nouvelle fois, alors que les chiffres de propagation, aussi bien en Chine où l’épidémie est la plus grave, qu’à l’étranger, ne le justifient pas. Et ce le jour où l’OMS déclare que des restrictions de déplacements ne sont pas souhaitables.

Péril pulmonaire jaune ou gastro-entérite bien de chez nous?

En France, les médias sèment la panique. Cinq cas diagnostiqués, et on ne trouve déjà plus de masques en pharmacie. Le SAMU reçoit des appels de personnes qui s’inquiètent d’avoir «récemment mangé chinois», ou d’avoir reçu un colis de Chine. Les médias tournent en dérision cette psychose outrancière, mais plutôt que d’expliquer pourquoi il n’y a pas lieu de paniquer, ces médias nous apprennent que les services médicaux français sont «prêts». Sous-entendu, «il y a bien un danger venu de Chine».

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Pourtant, si on avait sincèrement voulu désamorcer ce début d’hystérie collective, il eut été plus simple de donner l’antenne à un expert, pour apporter un point de vue documenté et apaisant. On aurait pu donner la parole au Professeur Didier Raoult, Directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, qui aurait pu expliquer à une heure de grande écoute, comme il le fait chaque semaine sur sa chaîne YouTube, que cette flambée épidémique en Chine est bénigne au regard d’autres maladies infectieuses qui sévissent en Occident dans le silence médiatique le plus total.

Dans une de ses brèves vidéos, datée du 17 septembre 2019, il explique que l’infection au clostridium difficile tue 20,000 personnes par an en Europe et 20,000 aux États-Unis. 10% de la population occidentale serait «colonisée» par ce clostridium difficile, qui est LA vraie maladie émergente, mais qui étrangement ne fait pas le buzz dans nos médias. Peut-être est-ce le fait qu’elle sévit fortement dans les EPHAD, où il faut bien mourir de quelque chose, de vieillesse, de maltraitance, ou de maladie.

Sa létalité va de 5 à 50% selon la souche, et elle a une très forte contagiosité. Malgre sa cinquième position au classement des maladies responsables de décès en France, le professeur Raoult constate que «ce n’est pas un problème médiatique».

En comparaison, le coronavirus 2019-nCoV a une létalité de 2,3% et s’est peu répandu à l’étranger: 259 cas sur 1100 au 1er février. Cette épidémie bénéficie d’une caisse de résonance médiatique que ni sa contagiosité ni sa létalité ne justifient. A l’inverse, l’avis d’un expert comme celui du professeur Raoult ne génère aucun buzz dans les médias. Il est même suspect aux yeux de certains membres de la communauté française en Chine, à qui on ne la fait pas, car ils ont consulté la fiche Wikipedia en français du Professeur Raoult, et n’ont pas manqué d’y remarquer la marque au fer rouge qui frappe ce professeur, celle qui expose son crime dès les premières lignes, celui d’être «climato-sceptique». Sa fiche Wikipedia en anglais, plus exhaustive, ne mentionne pas son opinion sur le climat, préférant détailler ses réussites dans son domaine, la biologie (brevets, prix, création de startups) et sur le fait qu’il soit présent dans le top 10 des chercheurs français, attribué par la revue Nature, et dans le top 99 des microbiologistes dans le monde.

La ligne de front est stoïque, les planqués s’affolent

Ainsi, la Chine fait face, sans débordements, à cette nouvelle épreuve, et comptabilise les mauvaises nouvelles qui s’accumulent, surtout en provenance de ses «partenaires étrangers». Autant de gouvernements occidentaux qui en temps normal font la danse du ventre pour signer des contrats commerciaux, mais qui, à l’annonce d’une épidémie encore bénigne, retournent leur veste et prennent des décisions draconiennes et inamicales d’évacuation, qui délivrent un tout autre message: la Chine ne serait pas capable de gérer cette épidémie, alors même que l’OMS salue la transparence et la réactivité chinoise dans cette crise. La crise du SRAS de 2003, qui avait explosé à Hong Kong, n’avait pas causé autant d’émoi chez les Occidentaux à l’époque.

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La population de Hong Kong justement (11 cas, 0 décès pour 7,1 millions d’habitants), habituée aux débordements émotionnels, ne manque pas de saisir la balle au bond pour exhiber un peu plus sa sinophobie schizophrénique: elle vient de faire pression sur l’Exécutif pour repousser l’ouverture des écoles au 2 mars (elle était prévue pour le 3, puis le 17 février), et fermer les liens ferroviaires avec la Chine (en contradiction avec les recommandations de l’OMS). Dans la continuité des émeutes des derniers mois, les appels se multiplient pour couper toute voie de communication avec la Chine. Les médecins sont à l’avant-garde de ces revendications, menaçant le gouvernement de se mettre en grève si toutes les voies de communication ne sont pas coupées d’ici le 3 février. Des bâtiments destinés à accueillir les patients en quarantaine ont été incendiés par le voisinage, des hôpitaux traitant des patients chinois ont été attaqués, et de nombreuses mises à sac de parapharmacies ont été signalées, pour de l’alcool et des masques. Ces scènes, dignes des classiques américains que sont Black Friday et L’attaque des zombies, montrent à quel point le virus de l’américanisation est actif dans ce petit territoire.

Cette nouvelle campagne médiatique antichinoise fera son petit effet sur les peuples occidentaux, dont une partie doit tout de même ressentir une certaine fatigue à ne lire que des informations systématiquement négatives et caricaturales sur la Chine. Comme souvent par le passé, les gouvernements européens ont tendance à trop en faire pour plaire à l’Oncle Sam, et s’exposent ainsi au ridicule tout d’abord, puis à une certaine rancune de la part du peuple et du gouvernement chinois, qui ne manquera pas de se transformer en mesure de rétorsion contre ceux partis trop précipitamment, et qui ont ainsi amplifié les difficultés économiques de la Chine au moment où il aurait été sage de montrer une certaine solidarité pragmatique.

Source : l’Antipresse n° 218 du 02/02/2020.

Pérou, élections législatives: victoire d'une secte biblique et prophétique !

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Pérou, élections législatives: victoire d'une secte biblique et prophétique !

Le Frepap, bras politique d’une secte religieuse qui prône le retour aux valeurs de la Bible, devient, avec seize députés, le deuxième parti du pays.

frepap.jpgLes personnes de la communauté LGBTI ont «le mal enkysté dans le cœur et dans le sang, mais ils vont avoir une chance de découvrir le décalogue universel des commandements, et par cet intermédiaire entrer dans la moralisation, pour plus tard devenir des gens de bien». Ces propos délirants ne sont ni nouveaux ni surprenants de la part d’un pasteur évangélique en Amérique latine. Ils sont plus inquiétants quand ils sortent de la bouche d’un responsable dont le parti a fait une entrée fracassante dimanche à l’Assemblée nationale du Pérou, devenant avec près de 9% des voix et seize élus la deuxième force politique du pays.

La diatribe a été tenue devant les caméras par Wilmer Cayllahua, qui, avec sa longue tunique et sa barbe de prophète, a multiplié les apparitions médiatiques pendant la campagne électorale. Son parti, le Front populaire agricole du Pérou (Frepap, ou «Agro» pour ses partisans), s’intéresse moins au monde rural qu’au règne des cieux : c’est le bras séculier d’une secte née dans les Andes, l’Association évangélique de la mission israélite du nouveau pacte universel (Aeminpu).

Pour les «israélites», comme on les appelle couramment, le Pérou est la terre promise et ses habitants, le nouveau peuple élu. Ils s’habillent de longues tuniques, les femmes ont la tête couverte et les hommes ne se rasent pas. Le fondateur et messie, Ezequiel Ataucusi, cordonnier et père de sept enfants, eut une révélation en 1968 : emmené «au troisième ciel», selon ses dires, il se proclame la réincarnation du prophète Ezéchiel. Sa doctrine mélange allègrement une lecture littérale de l’Ancien Testament avec les mythes incaïques, la langue de la grande majorité des fidèles étant le quechua. Le moment fort du calendrier de la secte est la célébration de «l’holocauste», le sacrifice d’un bœuf qui brûle sept jours durant.

Programme ultraconservateur axé sur la moralisation

artworks-000073318053-vvmjhf-t500x500.jpgEn 1989, Ezequiel Ataucusi fonde le Frepap et se présente, l’année suivante, à l’élection présidentielle, expérience qu’il renouvelle en 1995 et 2000, sans jamais dépasser 1% des voix. Le parti «agro» parvient à faire élire quelques députés au fil des années 90, qui rejoignent rapidement (et probablement contre rémunération) des formations moins farfelues.

A sa mort en 2000, à 82 ans, son fils qui porte les mêmes nom et prénom lui succède et garde le cap fixé par son père : une activité spirituelle combinée à une ambition électorale. Dans un contexte de défiance vis-à-vis du monde politique, après des scandales de corruption et des poursuites judiciaires contre presque tous les anciens présidents du pays, le Frepap parvient à imposer son symbole, un petit poisson bleu, et à faire entendre son programme ultraconservateur axé sur la moralisation.

Pour tenter d’éteindre la polémique suscitée par les saillies homophobes de Wilmer Cayllahua, le président du parti, Ezequiel Ataucusi fils, a rappelé que son mouvement respecterait la Constitution et la vie privée des citoyens, en ajoutant : «Notre église compte trois homosexuels. Repentants, bien entendu !»

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A noter que ce que Libération n’indique pas dans l’article que nous reproduisons ici (https://www.liberation.fr/planete/2020/02/01/les-homophob... ), c’est que grand apôtre de la vertu, la secte « évangélique » a depuis son implantation en Amazonie fait main basse sur le trafic de cocaïne péruvien. ( https://www.ulyces.co/lali-houghton/cette-secte-peruvienn...).