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vendredi, 15 septembre 2023

Laurens Buijs, le lanceur d'alerte à l'Université d'Amsterdam

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Laurens Buijs, le lanceur d'alerte à l'Université d'Amsterdam

Jan Sergooris

Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°182, septembre 2023.

Une interview de Sarah Bracke, professeur de sociologie du genre et de la sexualité à l'Université d'Amsterdam (UVA), a été publiée dans De Standaard des 5 et 6 août 2023. Dans l'introduction à l'interview, Bracke est présentée comme la victime d'une campagne de diffamation en ligne de plusieurs mois menée par un collègue de l'UVA au génie maléfique, Laurens Buijs.

Le 25 avril 2023, Buijs a été suspendu par l'administration de l'UVA. La raison officielle était qu'il avait traité certains collègues d'extrémistes, de monstres et de corrompus. Ce ne sont pas des déclarations très agréables pour un universitaire, mais nous ne découvrons pas la préhistoire ni la suite de l'histoire dans De Standaard.

Qui est Laurens Buijs ? Il s'agit d'un chercheur en sciences sociales interdisciplinaires, d'un publiciste et d'un entrepreneur dans le domaine de la diversité et de l'inclusion (D&I) qui se définit idéologiquement comme un militant de gauche, homosexuel et LGTBQ.

La controverse a été déclenchée par un article d'opinion de M. Buijs. En effet, il avait écrit un article intitulé "La culture woke menace la liberté académique dans les sciences sociales" dans Folia, le magazine attitré de l'université d'Amsterdam, le 18/1/2023. Il y dénonçait le politiquement correct et le dogmatisme gauchiste dans les sciences sociales.

Mais c'est surtout sa déclaration critique sur le non-binaire qui a fait parler d'elle. Le fait qu'il n'y ait pas de base scientifique pour cela et que cela ne serve en rien à l'émancipation des genres a suffi pour qu'il soit accusé de transphobie. Cette affirmation a incité un groupe d'étudiants, en concertation avec certains professeurs - Sarah Bracke semble être l'une des instigatrices - à déposer une plainte pour discrimination contre leur professeur. Une pétition a été lancée et les étudiants ont demandé la suspension du professeur (*).

Les étudiants qui déposent une plainte contre Laurens Buijs demandent un environnement d'apprentissage où l'identité de chacun est garantie et où l'inclusion est primordiale.

Laurens Buijs admet dans une interview accordée à Nieuwe Wereld qu'il est également influencé dans sa réflexion par l'idéologie "woke", mais il commence à réaliser que ce mouvement ne cesse de s'intensifier et de se radicaliser pour devenir un extrémisme de gauche dans lequel la science doit être subordonnée à l'idéologie.....

Où les militants "woke" se trompent-ils maintenant ? C'est à ce moment-là que les militants commencent à faire le lien entre les idées de Buijs et ce que l'on vit et ce que l'on nomme sa propre identité. Ce que Buijs présente dans son article comme les résultats de ses recherches se heurte désormais aux perceptions identitaires de ces étudiants. Buijs doit donc ajuster ses recherches. Lorsque la science et l'idéologie s'affrontent, la science doit laisser le champ libre. C'est l'exigence de l'inclusivité.

Paul Cliteur, philosophe du droit néerlandais, a longuement discuté de l'événement dans un article paru dans Doorbraak (29/4/2023). Il accuse l'UVA de s'être laissée complètement prendre par le fanatisme irrationnel des extrémistes woke. Les autorités universitaires auraient dû convoquer les rédacteurs de la déclaration et leur expliquer la nature d'une institution universitaire. Elles auraient dû préciser qu'il n'est pas possible de déshonorer publiquement des professeurs si l'on s'attend à ce que leurs cours ne soient pas conformes à leurs propres opinions politiques et idéologiques. Ils auraient dû expliquer qu'il est impossible qu'un article publié par un universitaire dans une revue puisse être rétracté parce qu'il n'est pas conforme à certains préjugés idéologiques. Une université ne devrait jamais permettre que ce soient les étudiants non informés qui viennent déterminer le contenu du programme de premier cycle.

Paul Cliteur discerne à plusieurs reprises des schémas fixes dans l'extrémisme "woke" et les développe. Une attaque "woke" est une action concertée ou non par un ou plusieurs activistes "woke" visant à disqualifier, à annuler, à déclarer la cible de leurs actions comme un paria. L'activiste woke appelle ensuite à une action contre la victime ciblée pour avoir prétendument commis des actes de racisme, de sexisme, d'antisémitisme, d'islamophobie, de nazisme, de fascisme, d'homophobie, de transphobie ou, en tout état de cause, un "comportement transgressif". L'objectif d'une telle attaque est de porter atteinte à la (réputation) de la victime et, de préférence, de l'écarter de l'organisation. Le but ultime est de créer une organisation dans laquelle ne travaillent que des personnes partageant les mêmes idées. Des personnes ayant les mêmes croyances idéologiques. L'université devrait se transformer en un grand espace sécurisé : un "espace hermétique".

(*) Une personne non binaire ne veut être ni homme ni femme et s'attend à ce que son environnement veuille qu'on s'adresse à elle de cette manière (ce qui fait d'elle un être à part entière). L'émancipation des LGBTQ+ commence à partir de la distinction homme-femme.

Jan Sergooris

dimanche, 03 septembre 2023

De Thierry Breton à Napoléon III : Victor Hugo et l’interdiction de penser et d’imprimer

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De Thierry Breton à Napoléon III: Victor Hugo et l’interdiction de penser et d’imprimer

Nicolas Bonnal

Les interdits cybernétiques de Thierry Breton évoquent Orwell pour le Daily Mail. Mais nous avons de nombreux précédents en France concernant l’interdiction de tout par la bureaucratie ; et je prévoyais dans mon livre sur l’exception française (Les Belles Lettres, 1997) que la technocratie française socialiste et gaulliste annexerait l’Europe (démographiquement et intellectuellement) et qu’elle finirait par tout interdire.

On fait avec les moyens du bord : en 1851 c’est l’imprimerie, avec Breton c’est internet (d’ailleurs je m’en fous : l’humanité a ce qu’elle mérite). Victor Hugo :

« À l’heure qu’il est, personne ne sait au juste ce que c’est que le 2 décembre, ce qu’il a fait, ce qu’il a osé, qui il a tué, qui il a enseveli, qui il a enterré. Dès le matin du crime, les imprimeries ont été mises sous le scellé, la parole a été supprimée par Louis Bonaparte, homme de silence et de nuit. Le 2, le 3, le 4, le 5 et depuis, la vérité a été prise à la gorge et étranglée au moment où elle allait parler. Elle n’a pu même jeter un cri. Il a épaissi l’obscurité sur son guet-apens, et il a en partie réussi. Quels que soient les efforts de l’histoire, le 2 décembre plongera peut-être longtemps encore dans une sorte d’affreux crépuscule. Ce crime est composé d’audace et d’ombre ; d’un côté il s’étale cyniquement au grand jour, de l’autre il se dérobe et s’en va dans la brume. Effronterie oblique et hideuse qui cache on ne sait quelles monstruosités sous son manteau. »

Rappelons que peu à peu l’empire devint libéral et… populaire, le plébiscite de 1870, quelques mois avant la « correction » (Marx) face à la Prusse – correction méritée pour un empire qui avait croisé le fer avec la moitié de la terre, Chine, Mexique, Italie (1867 et 70), Autriche ou bien sûr… Russie – confirmant Napoléon dans sa pérennité dynastique.

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Aucune illusion à se faire sur le suffrage universel : sous Napoléon III ce fut comme sous Hitler. Hugo rajoute :

« Et c’est là le scrutin, et répétons-le, insistons-y, ne nous lassons pas ; je crie cent fois les mêmes choses, dit Isaïe, pour qu’on les entende une fois ; et c’est là le scrutin, c’est là le plébiscite, c’est là le vote, c’est là le décret souverain du « suffrage universel », à l’ombre duquel s’abritent, dont se font un titre d’autorité et un diplôme de gouvernement ces hommes qui tiennent la France aujourd’hui, qui commandent, qui dominent, qui administrent, qui jugent, qui règnent, les mains dans l’or jusqu’aux coudes, les pieds dans le sang jusqu’aux genoux ! »

Comme sous Macron et sous Breton on a des élections et des médias euphorisants :

« Maintenant, et pour en finir, faisons une concession à M. Bonaparte. Plus de chicanes. Son scrutin du 20 décembre a été libre, il a été éclairé ; tous les journaux ont imprimé ce qui leur a plu ; qui a dit le contraire ? des calomniateurs… »

Après Hugo (il sera pacifiste sous Napoléon, belliciste sous Gambetta, donc méfiance) part sur les grands mots :

« Ils résolurent d’en finir une fois pour toutes avec l’esprit d’affranchissement et d’émancipation, et de refouler et de comprimer à jamais la force ascensionnelle de l’humanité. L’entreprise était rude. Ce que c’était que cette entreprise, nous l’avons indiqué déjà, plus d’une fois, dans ce livre et ailleurs. »

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Mais quand on voit la liquidation de la « culture masculine blanche » (désolés, c’est la culture, même s’il n’y en a plus, lisez Barzun) par Fink (qui commande tout) et consorts (Ursula Bourla etc.) on peut méditer les belles paroles qui suivent (sublime envolée avec accumulation d’infinitifs) :

« Défaire le travail de vingt générations ; tuer dans le dix-neuvième siècle, en le saisissant à la gorge, trois siècles, le seizième, le dix-septième et le dix-huitième, c’est-à-dire Luther, Descartes et Voltaire, l’examen religieux, l’examen philosophique, l’examen universel ; écraser dans toute l’Europe cette immense végétation de la libre pensée, grand chêne ici, brin d’herbe là ; marier le knout et l’aspersoir ; mettre plus d’Espagne dans le midi et plus de Russie dans le nord ; ressusciter tout ce qu’on pourrait de l’inquisition et étouffer tout ce qu’on pourrait de l’intelligence ; abêtir la jeunesse, en d’autres termes, abrutir l’avenir ; faire assister le monde à l’auto-da-fé des idées ; renverser les tribunes, supprimer le journal, l’affiche, le livre, la parole, le cri, le murmure, le souffle ; faire le silence ; poursuivre la pensée dans la casse d’imprimerie, dans le composteur, dans la lettre de plomb, dans le cliché, dans la lithographie, dans l’image, sur le théâtre, sur le tréteau, dans la bouche du comédien, dans le cahier du maître d’école, dans la balle du colporteur ; donner à chacun pour foi, pour loi, pour but et pour dieu, l’intérêt matériel ; dire au peuple : mangez et ne pensez plus ; ôter l’homme du cerveau et le mettre dans le ventre ; éteindre l’initiative individuelle, la vie locale, l’élan national, tous les instincts profonds qui poussent l’homme vers le droit ; anéantir ce moi des nations qu’on nomme Patrie ; détruire la nationalité chez les peuples partagés et démembrés, les constitutions dans les États constitutionnels, la République en France, la liberté partout ; mettre partout le pied sur l’effort humain. »

C’est ce qu’ils refont aujourd’hui nos clercs et bureaucrates associés au capital des fonds de pension américains. Hugo écrit au passage (il irait en taule aujourd’hui donc je le cite goulument) sur ce gouvernement (déjà) des aristos (ils sont toujours là) et des millionnaires – et des obsédés sexuels (cf. la Fête impériale) :

« Allons, nous allons exposer ce triomphe de l’ordre ; nous allons peindre ce gouvernement vigoureux, assis, carré, fort ; ayant pour lui une foule de petits jeunes gens qui ont plus d’ambition que de bottes, beaux fils et vilains gueux ; soutenu à la Bourse par Fould le juif, et à l’église par Montalembert le catholique ; estimé des femmes qui veulent être filles et des hommes qui veulent être préfets ; appuyé sur la coalition des prostitutions ; donnant des fêtes ; faisant des cardinaux ; portant cravate blanche et claque sous le bras, ganté beurre frais comme Morny, verni à neuf comme Maupas, frais brossé comme Persigny, riche, élégant, propre, doré, brossé, joyeux, né dans une mare de sang. »

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Puis il remarque (comme le fera Albert Speer dans ses mémoires sur le troisième Reich, autre association de bureaucrates socialistes et de milliardaires russophobes) le lien entre dictature et progrès technique (voyez aussi mon Internet nouvelle voie initiatique, quatrième partie) :

« Parce que vous avez vu réussir un coup de main prétorien, vous vous déclarez bas-empire ! C’est vite dit, et lâchement pensé. Mais réfléchissez donc, si vous pouvez. Est-ce que le bas-empire avait la boussole, la pile, l’imprimerie, le journal, la locomotive, le télégraphe électrique ? Autant d’ailes qui emportent l’homme, et que le bas-empire n’avait pas ! Où le bas-empire rampait, le dix-neuvième siècle plane. Y songez-vous ? Quoi ! nous reverrions l’impératrice Zoé, Romain Argyre, Nicéphore Logothète, Michel Calafate ! Allons donc ! Est-ce que vous vous imaginez que la Providence se répète platement ? Est-ce que vous croyez que Dieu rabâche ? »

Comme je l’ai dit le pouvoir devenu libéral sera conforté par le dernier plébiscite. Et comme le dit Flaubert  (alors ami de Hugo, avec il correspond et dont il récupère le courrier) dans son Journal, quelque part en 1853 :

« Mais une vérité me semble être sortie de tout cela ; c'est qu'on n'a nul besoin du vulgaire, de l'élément nombreux des majorités, de l'approbation, de la consécration. 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n'y a plus rien, qu'une tourbe canaille et imbécile. Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. »

Breton comme Biden ou Macron l’ont parfaitement compris.  Il n’y a aucune résistance, qu’une poignée de râleurs qui cliquent en attendant d’être affamés et privés de tout comme les autres, alors pourquoi se priver, merde ? Censure aussi Victor Hugo, Thierry. Et notre cher passé…

Flaubert encore : « L'humanité a la rage de l'abaissement moral, et je lui en veux de ce que je fais partie d'elle. »

Sources principales :

http://www.bouquineux.com/?telecharger=304&Flaubert-C...

https://www.dailymail.co.uk/news/article-12469157/EU-accu...

http://www.centremultimedia.be/IMG/pdf/hugo_napoleon_le_p...

https://www.amazon.fr/Autopsie-lexception-fran%C3%A7aise-...

https://www.amazon.fr/INTERNET-SECRETS-MONDIALISATION-Nic...

 

vendredi, 28 juillet 2023

La censure des médias sociaux: entre l'hypocrisie progressiste et la servilité aux gouvernements

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La censure des médias sociaux: entre l'hypocrisie progressiste et la servilité aux gouvernements

Par Giovanni (Blocco studentesco)

Source: https://www.bloccostudentesco.org/2023/07/06/bs-censura-social-tra-ipocrisia-e-servilismo/

Depuis leur création, les réseaux sociaux ont souvent été considérés comme un espace numérique libre dans lequel les utilisateurs pouvaient exprimer leurs opinions sans trop se soucier de la censure de tiers. Certaines positions politiquement incorrectes, par exemple, ne trouveront jamais de place en prime time sur la Rai, mais sur facebook ou instagram, ceux qui embrassent une vision différente de celle du statu quo peuvent, ou plutôt pourraient, l'exprimer plus ou moins librement.

Il convient de parler au passé, car ces dernières années, ces mêmes plateformes qui permettaient une certaine liberté d'expression censurent aujourd'hui lourdement certains utilisateurs qui ne sont pas alignés sur la pensée unique. Cette censure peut prendre différentes formes, allant du bannissement du profil pendant un certain nombre de jours à la suppression de certains contenus, voire à la suppression totale du compte sans possibilité d'appel.

Beaucoup se souviendront de l'interdiction qui a frappé les mouvements italiens CasaPound et Forza Nuova en septembre 2019. Les profils Facebook et Instagram officiels de ces mouvements ainsi que ceux des associations qui leur étaient liées ont été supprimés d'un coup, de même que les comptes de centaines d'utilisateurs considérés comme proches de ce qu'on appelle "l'extrême droite". Cette censure est toujours active aujourd'hui: publier un post contenant les symboles des mouvements susmentionnés ou simplement les mentionner entraîne le risque de perdre le compte ou au moins de voir le contenu "incriminé" supprimé.

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Même YouTube n'est pas étranger à ce type d'interdiction : le cas de la chaîne de contre-information "Byoblu", dont près d'un demi-million d'abonnés ont été supprimés de la plateforme en 2021, est célèbre.

Certains affirment que cette censure est légitime puisque les réseaux sociaux sont des plateformes privées et que leurs propriétaires ont donc tout à fait le droit de restreindre l'accès de certains utilisateurs. Il est curieux de constater que les partisans de cette thèse absurde sont souvent les mêmes libéraux-progressistes qui s'autoproclament champions des droits civiques. En revanche, ces bien-pensants alignés sur la pensée des classes dirigeantes n'ont jamais rien à voir avec les interdictions et les restrictions sur les réseaux sociaux. La hache de la censure démocratique frappe les utilisateurs les plus politiquement incorrects, ceux qui, par exemple, pendant la pandémie, ont remis en question la légitimité des restrictions, ou ceux qui expriment encore des opinions contraires à l'immigration de masse qui touche notre pays et l'Europe en général.

Compte tenu de l'énorme utilisation des médias sociaux aujourd'hui, en être exclu, c'est à toutes fins utiles être réduit au silence devant un très large public. La liberté d'expression ne peut être considérée comme valable si certains décident d'en haut qui peut parler et qui ne le peut pas, au mépris de toutes les constitutions occidentales qui reconnaissent la liberté d'expression comme un droit universel. La constitution italienne en est un exemple (article 11 : "Toute personne a droit à la liberté d'expression [...] sans ingérence des autorités publiques et sans limites frontalières").

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Plus inquiétante encore que la censure en ligne est la servilité des gouvernements à l'égard des multinationales, dont Meta, le géant américain des réseaux sociaux. Si aujourd'hui les géants de la communication de masse éliminent les utilisateurs gênants, demain une multinationale high-tech, pour se remplir les poches, pourrait ordonner l'installation d'une puce sous-cutanée chez tout le monde, en faisant passer cela, ça va sans dire, pour un progrès (nous parlons en termes dystopiques, bien sûr, et volontairement exagérés, mais qui sait dans l'avenir !) Et nos gouvernements ? Au lieu de protéger la sacro-sainte liberté de choix, ils imposeraient des interdictions ad hoc pour pousser les gens à installer la puce, à l'instar de ce qui s'est passé avec la vaccination cov id19. Il suffit de dire qu'en Suède, pays très avancé, paradis sur terre pour les libéraux-progressistes, il est déjà possible de faire installer ces dispositifs qui permettent, entre autres, de payer en approchant simplement la main de l'appareil.

Depuis des décennies, la volonté des États-nations occidentaux passe après les diktats de la finance internationale. Le droit à la parole n'est qu'un des nombreux droits bafoués par les multinationales avec l'approbation des gouvernements réduits au rang de serviteurs du capital international.

Mais, comme on l'a déjà demandé, que deviendront la liberté et la volonté des peuples européens si nos gouvernements obéissent docilement à la volonté du capitalisme mondial ? L'avertissement est de rester sur ses gardes pour que les intérêts de quelques milliardaires de la haute finance ne l'emportent jamais sur la liberté des peuples souverains.

dimanche, 14 mai 2023

Maladie en phase terminale

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Maladie en phase terminale

par Andrea Zhok 

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-malattia-terminale 

L'exclusion du physicien Carlo Rovelli de la cérémonie d'ouverture de la Foire du livre de Francfort, à laquelle il avait été invité, fait des vagues. La faute de Rovelli est d'avoir contesté, de manière certes argumentée, les choix du gouvernement concernant le conflit entre la Russie et l'Ukraine.

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Figurant jusqu'à hier parmi les "accrédités" du système médiatique, Rovelli a même fait sourciller la bourgeoisie semi-cultivée, les lecteurs des journaux Corriere et Repubblica et la faune apparentée. Malheureusement, ce segment influent de la population ignore complètement la gravité de ce qui se produit depuis un certain temps, comme une tendance souterraine, continue et capillaire.

Il y a une ligne rouge continue qui s'effiloche dans la gestion de l'opinion publique occidentale depuis des années et qui s'est accélérée depuis 2020. C'est une ligne qui n'est parfois visible qu'en surface, comme dans la persécution d'Assange (ou de Manning, ou de Snowden, etc.) jusqu'à des censures mineures, comme celle qui fait aujourd'hui la une de l'actualité. La signification profonde de ce mouvement souterrain est très claire: la recherche de la vérité et la gestion du discours public en Occident sont désormais des options incompatibles.

Rovelli est accusé d'une chose impardonnable, à savoir d'avoir trahi son appartenance au cercle de ceux qui sont honorés par les élites du pouvoir, en les mettant dans l'embarras. Cela ne peut et ne doit pas se produire. Aujourd'hui, le discours public oscille entre deux pôles, d'un côté la polémique inoffensive et auto-extinguible sur l'ours ou le ragondin du jour, de l'autre la fourniture de munitions à la ligne dictée par le patron, c'est-à-dire par la chaîne de commandement dirigée par les Américains, derrière le char - de moins en moins triomphant - auquel nous sommes attachés.

Pour les vérités dévoilées, celles qui sont les plus lourdes et les plus dangereuses, l'ordre de détruire est en vigueur, comme le montre le cas d'Assange dont la vie a été annihilée pour servir d'exemple et d'avertissement à tout autre sujet éventuellement enclin à la paranoïa. Pour les insubordinations mineures (Rovelli, Orsini, etc.), il suffit de tomber en disgrâce auprès des courtisans, ce qui se répercute en censure, en chantage silencieux et mesquin, puis en discrédit, en blocage de carrière, etc.

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Tout cela est condensé en une leçon fondamentale, une leçon implicite que tout notre système de formatage des esprits, journaux, télévision, écoles, universités, etc. met en œuvre consciemment ou inconsciemment: "Tout ce qui est discours public est essentiellement faux."

C'est la leçon que les jeunes reçoivent très tôt et dont ils tirent toutes les conséquences en termes de désengagement et d'aboulie. Cette leçon n'échappe que partiellement à une partie de la population moins jeune, chez qui l'illusion des aspirations passées ("participation", "démocratie", etc.) est encore vivace.

La "réalité" dans laquelle nous baignons fonctionne cependant selon le syllogisme infaillible suivant :

1) Tout ce que nous avons en commun en tant que citoyens, en tant que demos, c'est le discours public alimenté par les médias ;

2) Mais ce discours public est désormais purement et simplement faux (ou carrément faux, ou composé de fragments de vérité bien choisis, fonctionnels pour créer un effet émotionnel désiré);

3) Par conséquent, il n'y a plus de démos possible, plus de discours public possible, et donc plus de levier pour une action collective visant à changer quoi que ce soit. Mettez vos cœurs en veilleuse, sauvez ce que vous pouvez.

Dans ce cadre, d'ailleurs, se détache avec intérêt l'attitude des super-diffuseurs de mensonges certifiés, des pontes-gourous de l'information et du pouvoir, très actifs dans la dénonciation de toute hétérodoxie malvenue, posée comme "fake news". Nous sommes donc confrontés à un spectacle à la fois comique et répugnant où les commandants des cuirassés de l'information appellent au naufrage péremptoire des canots sociaux qui ne bénissent pas assez l'altruisme de Big Pharma, qui ne sont pas tendres avec Poutine, qui ne respectent pas le dernier catéchisme politiquement correct, et ainsi de suite.

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Nous vivons dans un monde où le mensonge instrumental est désormais la forme dominante du reportage d'intérêt public.

Il y a ceux qui y réagissent par un simple désengagement résigné, ceux qui s'enferment anxieusement dans leur chambre comme des hikikomori, ceux qui cherchent des paradis artificiels dans les pilules, ceux qui acceptent le jeu en essayant de l'utiliser pour un gain à court terme (parce qu'il n'y a pas d'autre horizon disponible); il y a ceux qui tombent dans la dépression ; il y a ceux qui deviennent fous; il y a ceux qui, de temps en temps, cassent tout pour revenir se cogner la tête contre le mur de leur cellule; et il y a ceux qui développent cette forme particulière de folie qui consiste à se battre sans armes contre des géants en espérant qu'ils se révèlent être des moulins à vent.

Au fond coule le courant de l'histoire où notre navire occidental a pris une position inclinée et, avec une inertie irréversible, accélère vers la chute d'eau. Une fois que la parole publique a perdu sa capacité à transmettre la vérité, il est impossible de lui rendre son poids. Chaque parole supplémentaire dépensée pour corriger les faussetés du passé, si elle atteint la sphère publique, est elle-même perçue comme faible, usée, impuissante.

La société que nous avons mise en place est une société sans vérité, et retirer la vérité du monde social, c'est le condamner à une maladie mortelle.

Combien de temps dureront les grincements, combien de temps faudra-t-il encore pour que tombent les plâtres, combien de temps faudra-t-il encore pour que s'infiltrent les eaux, combien de temps dureront les espaces de vie de plus en plus réduits, cela n'est pas facile à prévoir, mais un monde sans vérité est un monde sans logos, et il ne peut aboutir qu'à cette dimension où les mots sont superflus parce que la violence et la mort ont pris leur place.

 

mercredi, 10 mai 2023

La fatwa contre Fusaro

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La fatwa contre Fusaro

Par Carlos X. Blanco

Source: https://ntvespana.com/06/05/2023/la-fatwa-contra-fusaro-por-carlos-x-blanco/

A Barcelone, plusieurs muftis ou oulémas de la gauche "radicale" ont pris leur décision. Fusaro doit être "canceld", éliminé de l'horizon ("fatwa"). Et avec cette élimination, par voie de conséquence, tous ceux qui éditent, traduisent, commentent, étudient, diffusent et disent "bonjour" au penseur italien.

La gauche espagnole a réussi, après la mort de Franco, à associer deux concepts dans l'esprit des masses, comme s'ils étaient nécessairement soudés: "censure" et "franquisme". Il est évident pour tout lecteur versé dans les sciences politiques que la censure est inextricablement liée au pouvoir, même au pouvoir démo-libéral. Penser l'Etat et le réalisme politique sans une théorie et une pratique de la censure, c'est vivre dans un monde irréel, dans une utopie infantile. Il y a toujours censure s'il y a pouvoir, s'il y a État, quel que soit son signe. Ce qui est décisif, c'est qui l'exerce, sur quels sujets, de quelle manière et par quels moyens, dans quelle mesure et sur quelles questions. Récemment, le philosophe russe Alexandre Douguine a publié une réflexion intéressante sur la censure et sa portée ontologique.

La portée ontologique de la censure n'est pas un sujet qui plaît aux libéraux, qu'ils soient de gauche ou de droite, mais le traditionaliste russe touche les plaies, et sait très bien où ses plaies s'ouvrent et où les contradictions s'enveniment : chaque jour, le libéralisme global et omniprésent nous les montre.

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Le fait est évident. Il n'y a pas que Franco, il n'y a pas que le "fascisme" : la deuxième République espagnole a aussi été un censeur. Tout régime, qu'il s'agisse d'un régime démolisseur ou d'un régime autoproclamé "socialiste", "communiste", "démocratique-populaire", était un régime de censure. La censure fait partie des pouvoirs que se réserve un Etat, et le "droit à une information libre et véridique" doit toujours côtoyer les pouvoirs - légaux et autres - que se réserve un pouvoir pour se perpétuer et se défendre ou défendre des valeurs suprêmes. Certains de ces pouvoirs peuvent être parfaitement constitutionnels (ordre public, prévention de la trahison, unité nationale, protection des secrets d'État). Être censeur dans l'intérêt politique suprême et avoir besoin d'une "censure juste" est un prius, une donnée essentielle du réalisme politique. Peu importe que l'on soit de gauche ou de droite. Les choses doivent toujours être vues "en lutte" et sans utopie.

Les partis, les journaux, les entités - publiques ou privées - qui "gèrent une coterie", c'est-à-dire un groupe de personnes dans lequel - tel est l'homme - il n'y a pas et il ne peut pas y avoir d'uniformité, censurent également. Il y a aussi l'autocensure, et d'autres pratiques qui se glissent entre la circonspection, la conspiration du silence, le "ninguneo", etc. En parlant de cette autre censure, une censure non étatique, je dois parler de la récente "affaire Fusaro".

Elle s'est produite cette semaine. Une maison d'édition de gauche "de toujours", El Viejo Topo, marxiste à part entière, a été interdite (ou censurée) lors d'une foire du livre à Barcelone. Il semble que cette foire s'appelle "Literal" et qu'elle soit fréquentée par au moins une centaine d'éditeurs "spécialisés dans la pensée radicale". Elle prétend être une foire non seulement de livres, mais aussi d'"idées". El Viejo Topo, selon son directeur Miguel Riera dans un communiqué de presse, s'est vu opposer un veto soudain par un appel téléphonique. La raison ? L'éditeur a publié des livres du philosophe italien Diego Fusaro.

Je me sens obligé d'écrire ces lignes. J'ai une opinion sur le veto de la "Fira Literal", non pas parce que je sais quelque chose à leur sujet, mais à cause des victimes de la censure ou du veto, dont je me sens très proche. J'ai collaboré avec Fusaro à de nombreuses reprises. La dernière fois, j'ai édité et préfacé le livre de ses éditeurs SND "Karl Marx et l'esclavage".

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J'ai également collaboré avec El Viejo Topo, dans la revue duquel certains de mes articles ont été publiés. Je dois surtout exprimer ma solidarité avec cette maison d'édition, que j'apprécie, ainsi qu'avec Diego Fusaro, avec qui je suis uni par l'affection et l'admiration.

Il ne s'agit pas d'une censure de l'Etat, dans l'intérêt de la survie du Pouvoir, de l'Ordre Public, de l'intégrité nationale, etc. C'est la censure de quelques misérables tâcherons, incapables de reconnaître où se trouve le vrai radicalisme.

Le vrai radicalisme ne réside pas en quelques farceurs qui organisent une foire du livre, mais dans un philosophe à l'œuvre très vaste (malgré son jeune âge) qui connaît Marx comme très peu de gens dans le monde le connaissent aujourd'hui. C'est pourquoi j'ai travaillé à l'édition de son dernier livre, en collaboration avec SND, une maison d'édition qui sait reconnaître la "racine" (et le radical vient de la racine) des maux du monde moderne, et qui a un grand flair pour repérer un grand penseur et publier l'une de ses œuvres. Fusaro est un grand penseur, et sa très large projection rappelle à tous ces faux "radicaux" ce qu'ils sont vraiment. Une gauche au service du Grand Capital, au service du Nouvel Ordre Mondial. Les gardiens du système, voilà ce qu'ils sont. Un système néolibéral qui repose sur deux piliers, les néolibéraux de l'argent et de la droite, et les gauchistes néolibéraux de l'"empowerment", du séparatisme et de la culture de l'annulation.

Ils essaient d'annuler Fusaro et ce qu'ils obtiennent, à proprement parler, c'est l'auto-annulation. Ils s'enferment dans la négation de leurs propres discours, qui promettaient d'être si émancipateurs: étant si antifascistes, ils distillent eux-mêmes, chaque jour davantage, un totalitarisme nu et honteux. Ils sont les censeurs à la solde du Système, ses garçons de course. Ils font un sale boulot pour pas cher: laver la face d'une pseudo-démocratie et d'une ploutocratie. Bientôt, une forte pluie balaiera cette poussière de nullités. Dans les poubelles de l'histoire, la poussière que sont ces "radicaux" se déposera à jamais. Mais Fusaro, et les courageux éditeurs qui diffusent ses livres, brilleront toujours au milieu de cette poussière d'insignifiance et de cette crasse pseudo-idéologique.

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mardi, 04 avril 2023

Roald Dahl: une nouvelle victime du politiquement correct

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Roald Dahl: une nouvelle victime du politiquement correct

Source: https://www.bloccostudentesco.org/2023/03/10/bs-roald-dahl-ennesima-vittima-del-politicamente-corretto/

Par Chiara

Même les œuvres de Roald Dahl, le célèbre écrivain britannique, n'échappent pas à la révision langagière dictée par le politiquement correct.

Après 007 et Blanche-Neige, c'est au tour de "La chocolaterie" d'être frappée par le couperet de la pensée unique, dans le but d'éliminer tous les termes et expressions considérés comme "non inclusifs".

C'est le cas de mots comme "gros", "laid" et "nain" : les "Oompa Loompas", célèbres pour leur stature, auparavant définis comme de "petits hommes", sont devenus de "petites personnes", au nom de l'égalité des sexes et du body-positive.

Dans d'autres livres, comme le roman "Les sorcières", des phrases entières ont été modifiées parce qu'elles étaient jugées sexistes.

Même la vie de l'auteur lui-même n'a pas été sauvée du révisionnisme et du jugement stérile d'un comité dirigé par une "fille" qui se décrivait comme anarchique, non binaire, asexuelle et polyamoureuse, en raison de ses opinions politiques considérées comme antisémites et anti-israéliennes.

Il s'agit d'une tendance qui découle d'une idée fausse selon laquelle il est possible et admissible d'évaluer les œuvres de Dante Alighieri et de Shakespeare avec les yeux d'aujourd'hui. C'est l'expression ultime d'une très faible conscience culturelle et d'une ignorance croissante qui, à ce rythme, peut difficilement être éradiquée ou du moins diminuée.

Il s'agit d'un phénomène de plus en plus dangereux, qui vise à imposer des normes délétères et à mettre de plus en plus en danger la liberté d'expression : une autre forme de révision déguisée en protection des catégories "sensibles".

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Ainsi, pour éviter les critiques stériles et la censure, les auteurs, réalisateurs et autres membres de l'industrie du divertissement se sentent obligés d'inclure les Noirs et les homosexuels dans chacun de leurs films ou de leurs livres, au point de les retrouver dans des œuvres où ils n'étaient pas envisagés à l'origine.

Au Royaume-Uni, une commission nationale pour la prévention de l'extrémisme a rendu publique une liste dans laquelle elle cite la lecture de certains classiques de la littérature anglaise (par exemple Shakespeare, Tolkien et Orwell) comme de possibles "signaux d'alarme" indiquant des positions liées à l'extrémisme de droite.

Ils n'ont probablement pas réalisé qu'un tel travail n'est rien d'autre que la réalisation de ce que George Orwell lui-même avait prédit dans "1984".

Plusieurs intellectuels de premier plan, tels que Salman Rushdie et Francis Fukuyama, se sont prononcés publiquement contre la "cancel culture", la qualifiant d'ensemble rigide "de normes morales et d'alignements politiques qui tendent à saper le débat ouvert au profit d'une conformité idéologique".

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D'autres intellectuels, en revanche, relégués dans une certaine idéologie, soutiennent cette tendance délétère et ont une forte emprise sur le public, comme dans le cas de phénomènes tels que les communautés Black Lives Matter et LGBT, sans l'approbation desquelles il semble qu'il soit devenu impossible de s'exprimer.

En conclusion, on constate que le révisionnisme culturel n'est rien d'autre qu'une énième tentative de modifier le passé en fonction des tendances et des modes du présent, sans tenir compte des différences culturelles et sociales entre les différentes périodes historiques ; les vraies victimes sont les esprits mitraillés par des informations de plus en plus marquées par l'uniformisation de la pensée.

La cancel culture n'est rien d'autre que l'enfant du conformisme qui caractérise la société d'aujourd'hui.

dimanche, 02 avril 2023

Censure: la métaphysique de la culture souveraine

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Censure: la métaphysique de la culture souveraine

Alexandre Douguine

Source: https://katehon.com/ru/article/cenzura-metafizika-suverennoy-kultury

La censure libérale dans l'Occident moderne

Le thème de la censure n'est pas seulement d'une grande actualité pour notre société (surtout dans le contexte de l'Opération militaire spéciale en Ukraine), il est aussi philosophiquement fondamental. La culture occidentale contemporaine recourt de plus en plus fréquemment à la censure, bien qu'elle tente de présenter le libéralisme comme abolissant tout critère de censure. En réalité, qu'est-ce que la censure [1] si ce n'est la forme la plus radicale de censurer toute idée, image, doctrine, œuvre ou pensée qui ne rentre pas dans le dogme étroit et de plus en plus exclusiviste de la "société ouverte"? Aujourd'hui encore, au Festival de Cannes et dans d'autres lieux prestigieux contrôlés par l'Occident, il est impossible de passer sans une panoplie idéologico-délirante minimale nécessaire - soit des formes non traditionnelles d'identité sexuelle, de diversité raciale, de discours anticolonial (et en fait néocolonial libéral), et ainsi de suite. Qu'est d'autre qu'une censure totalitaire et pandémique, que le wokisme (2), c'est-à-dire un appel à tous les citoyens à être "éveillés" et à signaler immédiatement aux autorités compétentes tout soupçon de déviation par rapport aux anti-valeurs libérales - le racisme (la russophobie étant une exception, ici, car la Russie n'est pas politiquement correcte), le "sexisme", le "patriotisme" (là encore, le nazisme ukrainien est une exception; il est le bienvenu car il s'agit d'une lutte contre les "Russes"), l'inégalité entre les sexes (par exemple, la protection de la famille traditionnelle normale)? Et le fameux "politiquement correct" [3], qui nous oblige, avec insistance et sous la menace d'un ostracisme total, à éviter certains termes, expressions, citations, formulations susceptibles d'affecter les sensibilités de la société libérale, n'est-ce pas une censure? Dans l'Occident d'aujourd'hui, nous avons affaire à une véritable floraison de la censure. C'est un fait indéniable, quels que soient les synonymes que l'on puisse inventer pour désigner cette censure.

La Russie est condamnée à la censure aussi bien si elle suit l'Occident que si, au contraire, elle remet en cause, voire rejette directement ses normes et ses règles. Nous sommes déjà entrés dans l'ère de la censure et il nous reste à comprendre véritablement ce qu'elle est.

Le sens de la métaphore

Commençons notre examen de ce sujet important par une métaphore élémentaire (4); soulignons que, même dans les sciences naturelles, telles que la physique, la chimie, la biologie, etc., la construction d'une théorie scientifique commence par une métaphore sensuelle, parfois purement poétique. Sans métaphore, il n'y aurait pas eu l'idée des atomes, des états de la matière, du plasma, des fluides, de la matière elle-même. Il est donc légitime de se poser la question de l'image du censeur et de la censure en tant que telle.

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Généralement, nous avons l'image d'un fonctionnaire limité et méchant, totalement dépourvu de talent et de créativité, qui déteste délibérément l'élément même du talent, la recherche vivante, envie les créateurs et les génies et tente de soumettre tout le monde à la même règle; cette image apparaît immédiatement à l'esprit. Une telle image suscite le rejet et toute discussion ultérieure sur le thème de la nécessité ou non de la censure dans la société car elle est construite autour de cette horrible caricature - un personnage inférieur, bas et vulgaire. Voulons-nous une telle censure et une telle censure? Toute personne sensée répondrait "non", "en aucun cas". La suite de la discussion est claire dès le départ. Certains s'en indigneront sincèrement, d'autres défendront désespérément l'image et son utilité pratique au motif que, sans elle, les choses seraient encore pires. Mais si nous sommes d'accord avec une telle métaphore de départ, nous avons sciemment perdu. Nous ne pourrons pas défendre la censure, ce qui signifie que les libéraux les plus doués pour la polémique et la rhétorique imposeront simplement leur censure à la société - plus élégamment encadrée et couplée à d'autres images clés - les femmes souffrant de l'arbitraire du patriarcat, les minorités ethniques et sexuelles opprimées, les migrants illégaux sans papiers parleront pour ceux qui imposeront d'autres règles de censure. Les victimes - ou plutôt les images artificielles des victimes, les hologrammes soigneusement fabriqués - parleront désormais au nom des juges et même des bourreaux. Et le public ne s'apercevra pas qu'en luttant contre la censure, il s'est retrouvé sous la coupe de censeurs totalitaires, cruels et inébranlables. Ceux-ci ont simplement changé d'image et ne s'appellent plus ainsi. Mais cela ne change pas l'essence de ce qu'ils font et de ce qu'ils imposent à la société.

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Si nous poursuivons la logique de Gaston Bachelard, nous devrions changer l'image du censeur et nous obtiendrons une image tout à fait différente. Imaginons que le censeur soit Michelangelo Buanarotti, sculptant son chef-d'œuvre immortel, la Pietà, dans le marbre. Ce chef-d'œuvre absolu, dans tous les sens du terme, se trouve dans la basilique Saint-Pierre au Vatican. 

Une autre métaphore similaire - peut-être à plus grande échelle, mais moins raffinée et expressive pour l'esprit chrétien - est le Sphinx égyptien, sculpté au milieu du troisième millénaire avant J.-C. à Gizeh, à côté du complexe pyramidal [5].

Si le censeur incarne l'image de Michel-Ange ou celle du Sphinx égyptien, sa fonction est de sculpter dans le potentiel créatif de la société, comme dans un rocher, une image sacrée raffinée et sophistiquée qui corresponde le mieux possible à l'identité collective historique. En d'autres termes, le censeur est une sorte de macro-démiurge dont le matériau (le marbre ou le granit) est la totalité des capacités créatives et des quêtes créatives du peuple. De la roche, le censeur coupe ce qui est superflu et laisse ce qui est nécessaire. Car une grande statue élégante, pleine d'esprit, de sens et d'une énorme vie intérieure créative, émerge ainsi: en coupant le superflu.  Cette élimination, même si elle est douloureuse pour le marbre lui-même, pour la chair du rocher, est un acte de création supérieure. Enlever le superflu signifie laisser le superflu, et le superflu signifie le fondamental, l'essentiel, ce qui était secrètement caché dans le granit, ce qui a été deviné et reconnu en lui, et à partir de là, éventuellement, a été déduit. Le censeur, comme Michel-Ange, est celui qui, dans le bloc de marbre informe, voit la Pietà, c'est-à-dire le Christ et la Mère de Dieu tenant son saint corps dans ses bras. Et en la voyant, il coupe souverainement et librement le superflu qui empêche l'image de pénétrer dans l'élément obscur du minéral.  De même, les anciens Égyptiens de l'époque du pharaon Chephren, en regardant la roche calcaire solide, reconnaissent la figure majestueuse et mystérieuse du Sphinx, celui de leur panthéon, prototype des chérubins célestes, qui combine les caractéristiques animales et humaines dans une synthèse transcendantale inégalable.

Le censeur crée la culture, et pour cela il doit posséder le plus haut degré de souveraineté. Il sait à la fois ce qu'il doit éliminer et ce qu'il doit laisser derrière lui. En fait, le censeur est un créateur, un artiste, mais il n'agit qu'au niveau de toute la société, de tout le peuple. Sa qualité est donc plus importante que celle d'un créateur ordinaire. Un créateur a le droit à l'erreur, à l'expérimentation, à l'échec, à l'insuccès. Le censeur n'a pas ce droit. Il est chargé par la société de ciseler une image que la société, les gens portent dans leur cœur, dans leur âme. Cette image, dont le peuple est porteur, est lourde de dangers. Il n'a pas le droit à l'erreur.

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Le censeur n'est pas un artiste

Il existe une autre différence entre le censeur et l'artiste. Le censeur supprime ce qui n'est pas nécessaire. Il ne remplace pas l'artiste, il n'est pas porteur d'énergie créatrice. Si le censeur était un créateur, il identifierait simplement son travail à celui de la société. Mais c'est un chemin vicieux. Il ferme les directions qui peuvent aller vers l'image recherchée par d'autres voies. Le censeur se distingue de Michel-Ange en ce qu'il ne laisse pas sa signature sous l'œuvre - ainsi que Michel-Ange lui-même sous la Pietà. Il n'est pas un artiste parmi les artistes. C'est un ascète, qui abandonne volontairement son propre potentiel créatif, sa propre volonté, au profit d'une œuvre collective, toute publique, universelle. Il ne crée pas tant qu'il ne laisse les autres créer, mais seulement ceux qu'il identifie lui-même comme les créateurs de la Pietà, et non comme de simples morceaux de matière noire souhaitant être reconnus comme une œuvre d'art. Il élimine les bavures et affine les formes délicates, mais il ne les crée pas lui-même. C'est le travail d'un sculpteur, pas celui d'un peintre ou d'un poète.

Le censeur doit donc être le gardien de l'art et non son créateur spontané. En ce sens, une série de définitions et de formulations de Martin Heidegger dans son ouvrage fondamental De l'origine de l'œuvre d'art est plus que jamais d'actualité.

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Il est révélateur que nous ne connaissions pas le nom des auteurs de l'ancien sphinx égyptien, qui ont reconnu ses traits dans la roche. Ils restent aussi mystérieux que le sphinx lui-même. D'une certaine manière, le censeur-gardien devrait leur ressembler - son anonymat fait partie de son pouvoir souverain.

Le censeur définit les limites, les frontières de ce qui est de l'art et de ce qui n'est que du marbre. Pour ce faire, il doit être lui-même profondément lié à sa culture, comprendre sa logique, son vecteur historiosophique, ses orientations, sa structure. Et pour cela, il doit être complètement et totalement souverain.

Le censeur comme souverain

Il est important de le dire tout de suite : le censeur n'est pas une fonction de l'État. Il ne peut pas être un simple fonctionnaire qui exécute les ordres de quelqu'un. Dans ce cas, nous n'avons pas affaire au censeur, mais à un représentant du censeur, son héraut, son messager, son annonciateur, et la figure du véritable censeur nous est tout simplement cachée dans l'ombre. Le censeur est porteur d'une souveraineté absolue. Il n'est pas engagé par le pouvoir et ne le sert pas, il est une partie de ce pouvoir, son aspect organique orienté vers le domaine de la culture. Les autres aspects du pouvoir souverain s'adressent à d'autres domaines - l'économie, la politique étrangère, la défense, la sphère sociale. Le censeur porte le fardeau de la souveraineté culturelle. Et dans ce domaine, il n'a pas d'autorité supérieure. Qui peut dicter à Michel-Ange ce que doit être la Pietà ou aux Egyptiens anonymes ce à quoi doit ressembler le Sphinx ? Michel-Ange l'a conçue, il l'a créée à partir d'un rocher de marbre. Les Égyptiens ont sculpté le Sphinx dans du calcaire.

Mais bien sûr, Michel-Ange lui-même et les architectes égyptiens ne vivaient pas en vase clos. Michel-Ange faisait partie de la civilisation catholique, véritable fils de la Florence de la Renaissance, porteur d'un esprit historique et géographique très particulier, d'une identité particulière. Quoi qu'il ait créé, il l'a créé au sein du christianisme. Et son œuvre est jugée de cette manière et dans cette optique. La Pietà est plus haute que Michel-Ange, mais dans la conceptualisation et la présentation de la Pietà, il est plus haut que tous les autres. Il est souverain dans un contexte spirituel particulier. Ici, il est complètement libre. Mais il n'est pas libre du contexte lui-même.

Cela apparaît encore plus clairement chez les créateurs du Sphinx. Ils sont la chair et le sang de la tradition sacerdotale égyptienne, ils sont les porteurs d'une sacralité très particulière. Si leur regard reconnaît dans un bloc de pierre informe la figure d'un être du monde spirituel, c'est que le regard lui-même est fondamentalement structuré, éduqué et saturé par les images qu'il capte de l'environnement extérieur. Les Égyptiens portent le Sphinx dans leur âme, au plus profond d'eux-mêmes. Ce Sphinx entretient une relation privilégiée avec leur identité. 

De même, le censeur reflète le destin de son peuple, de sa société, précisément au tournant de l'histoire où il se trouve. L'ayant compris et reconnu, il est par ailleurs libre. Mais il n'en est pas libre. Non seulement le censeur n'est pas libre du pays, de son histoire, de l'identité et du destin du peuple, mais il en est plus dépendant que n'importe quel créateur. Les créateurs peuvent essayer de créer n'importe quoi. Ils ne sont certainement pas exempts de contenu historique et social, mais ils se comportent comme s'ils étaient totalement libres. Leur liberté est limitée par un censeur qui est beaucoup plus responsable de l'histoire qu'eux. Mais lui aussi est limité, mais d'une manière différente. Non pas par le pouvoir, mais par l'être, en le comprenant, en découvrant sa structure, son destin.

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La censure comme institution de justice

Abordons maintenant, avec un peu de retard, l'étymologie et la genèse de la notion de censure, de censeur. Le mot vient du latin censeo - "définir", "évaluer", "donner un sens", ainsi que "penser", "supposer". La racine indo-européenne *kens- "déclarer" en est à l'origine.

Historiquement, l'institut des censeurs est apparu dans la Rome antique et était indépendant des autres branches du gouvernement, qui étaient appelées à donner une évaluation objective de l'état matériel, de l'état des travaux publics et du fonctionnement des institutions publiques, ainsi qu'à contrôler le respect de la moralité. Par essence, le censeur est celui qui est responsable de la justice, de la correspondance entre les normes déclarées de la société et l'état réel des choses. Il s'agit d'un contrôle spirituel du comportement des différentes autorités et instances, fondé sur le fait que les règles et les normes de principe doivent être respectées par tous, qu'ils soient supérieurs ou inférieurs.

En d'autres termes, la censure est un appareil qui garantit la justice. Si une société s'engage à respecter certains idéaux, elle doit les suivre. Et il y a des censeurs pour le faire.

La censure n'est donc pas un instrument de pouvoir dirigé contre les masses, mais une instance transcendante chargée de surveiller la justice à tous les niveaux, au sommet comme à la base, et habilitée à demander des comptes aux uns et aux autres.

Le terme censeo ne signifie donc pas simplement "évaluation", mais précisément une évaluation juste basée sur ce qu'il est, et non sur ce à quoi il ressemble. Il s'agit d'une vérification de l'état réel des choses, indépendamment de la manière dont chacun - jusqu'aux cercles les plus élevés - voudrait le présenter. Si l'on cherche des analogies modernes, la censure au sens romain correspond à la notion moderne d'"audit", c'est-à-dire de vérification objective et impartiale de l'état réel des choses - dans une entreprise, une société, une organisation à quelque échelle que ce soit.

Mais pour garantir l'équité, pour déclarer la valeur réelle, il faut savoir ce qui est juste. Cela suppose que le censeur appartienne à une instance très élevée, qui peut se permettre d'être indépendante du sénat et des magistrats (si l'on prend Rome et son système), c'est-à-dire de toutes les branches et de tous les niveaux du pouvoir. Cette souveraineté ne peut être détenue que par les philosophes qui sont, selon Platon, les gardiens, les "gardiens de l'être", ajoute Heidegger. La censure est donc avant tout l'affaire de la philosophie souveraine.

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La censure transcendantale de Lucian Blaga

La référence de la censure à la philosophie nous oblige à examiner de plus près le contenu métaphysique du concept. Pour ce faire, nous pouvons nous tourner vers le philosophe roumain Lucian Blaga, qui a introduit le concept de "censure transcendantale".

Pour comprendre ce que Lucian Blaga entend par "censure transcendantale", nous devons dire quelques mots sur sa théorie philosophique en général. Blaga commence par dire que l'Être suprême - l'Absolu et le créateur du monde - est le "Grand Anonyme" [7]. Diverses épithètes élogieuses peuvent raisonnablement être appliquées au Grand Anonyme - "Grand", "Puissant", "Un", "Le plus sage", "Éternel", etc., mais une seule est d'une incommensurable pertinence: "Celui qui proclame la Vérité", "le Vrai". Pour Descartes, il est évident que Dieu ne peut pas mentir. Lucian Blaga a tendance à dire le contraire: si le Grand Anonyme révélait la vérité, sa puissance créatrice créerait immédiatement son doublet absolu, ce qui court-circuiterait son plérôme. Il est donc contraint de dire, sinon un mensonge pur et simple, du moins pas toute la vérité, et plus précisément encore, il introduit une censure transcendantale - mais encore une fois non pas dans l'énoncé, mais dans la possibilité fondamentale de son interprétation adéquate. Il peut révéler toute la sagesse, mais il prive d'abord celui à qui il la révèle de la capacité de la comprendre. C'est le sens de la "censure transcendantale". Si Dieu (le Grand Anonyme) créait une création vraiment parfaite et vraie, il se répéterait tout simplement. Mais c'est impossible, car il ne peut y avoir deux "dieux" totalement identiques. Ainsi, selon Lucian Blaga, pour que la création émerge, Dieu doit s'autocensurer. Cette censure consiste à dissimuler certains aspects - supérieurs - de la structure de la réalité.

Blaga introduit les concepts de "conscience paradisiaque" et de "conscience luciférienne" [8]. La première considère Dieu et la réalité dans son ensemble comme un triangle continu. Elle ne saisit pas la présence d'une censure transcendantale et pense l'existence comme si elle n'existait pas. Le second, au contraire, reconnaît la prise, mais se rebelle contre la "censure transcendantale" et cherche à la fissurer (à "devenir Dieu").

Cette ligne de réalité qui sépare la partie positivement accessible de l'être de la partie soumise à la censure transcendantale est ce que Blaga appelle l'"horizon mystérieux". La conscience paradisiaque pense que l'ascension de l'échelle des marches de l'être est ininterrompue, et elle ne remarque pas l'horizon mystérieux, c'est-à-dire le point où la continuité s'interrompt.

La conscience luciférienne est consciente de l'horizon mystérieux et tente avec insistance de décrire cette partie de l'être qui est cachée derrière le voile censuré, en utilisant les mêmes termes et approches que la réalité située sous l'horizon mystérieux. Il en résulte une collision dont nous pouvons clairement voir les échos dans l'état de la civilisation occidentale moderne, qui est devenue sans équivoque luciférienne et cherche à percer les voiles naturels du mystère - déchiffrage du génome, création de l'IA, etc. Le schéma de Lucian Blaga peut être reflété dans la figure suivante.

Blaga lui-même appelle à une troisième voie: ne pas tomber dans la naïveté d'une conscience paradisiaque qui ignore la fissure fondamentale dans la structure de la réalité, mais ne pas non plus se laisser capturer par la rébellion luciférienne. Il faut se concentrer sur l'horizon du mystère, en acceptant le mystère, le sacrement comme quelque chose d'autosuffisant. Oui, Dieu n'est pas connaissable, et la vérité qu'il nous donne ne peut jamais être complète. Il y aura toujours quelque chose qui nous sera caché par un voile impénétrable. Quelque chose sera toujours censuré et nous ne le saurons jamais.

Mais c'est la liberté de créer. Nous sommes libres d'imaginer ce qui se trouve au-delà de l'horizon du mystère, comme bon nous semble. Non pas la science (luciférisme), mais la culture [9], c'est ce que Dieu veut que nous fassions, ce qu'Il nous permet de faire, ce qu'Il nous encourage à faire.

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Dans une telle situation, le censeur prend une signification particulière. Il veille sur l'horizon du mystère pour le préserver de l'orgueil satanique, pour en maintenir l'imprenabilité. La création est libre tant qu'elle respecte le censeur transcendantal. Et le censeur se trouve dans la position de quelqu'un qui est investi d'une mission supérieure: maintenir les proportions de l'être telles qu'elles devraient être pour que le monde existe - exactement dans cet état intermédiaire qui n'est possible que lorsque la vérité est dialectiquement imbriquée dans la non-vérité et jusqu'à la fin, où l'une finit et où l'autre commence, personne ne le saura jamais. Jusqu'à la fin du monde.

La censure en Russie et la Russie

Au-delà de la figure caricaturale du censeur et compte tenu de la charge métaphysique de la "censure transcendantale" dans la philosophie de Lucian Blaga, nous pouvons porter un regard différent sur les faits bien connus qui décrivent l'état de la censure dans l'histoire de la Russie ancienne et plus tard de la Russie impériale. Ainsi, les listes de livres abjurés dans les "Izbornik de 1073" ne sont pas seulement une liste d'hérésies et d'interdictions, mais contiennent également des documents détaillés et bien plus détaillés provenant du saint héritage patristique, qui devraient être pris comme norme et standard. Ici, la description des hérésies sert à former une image plus contrastée de ce qui est convenable et correct. "L'Izbornik sculpte une Pietà ou un Sphinx - décrivant clairement l'image elle-même et contrastant avec les fragments de roche marbrière ou les voies déviantes indues à couper. La négation est inextricablement liée à l'affirmation et, en général, il s'agit de révéler l'image - la vision chrétienne orthodoxe complète de la vérité, de la beauté et de la bonté. En même temps, les profondeurs de la contemplation spirituelle monastique restent cachées. Elles ont leur place dans le domaine de l'horizon des mystères, que l'orthodoxie observe sans tenter de l'envahir ou de la critiquer directement.

Les réformes séculières sous Pierre et ses successeurs ont séparé la censure spirituelle de la censure séculière. Jusqu'au milieu du 18ème siècle, la source de la censure séculière était le tsar lui-même [10] (rappelons ici ce que nous avons dit sur la souveraineté suprême du censeur). Plus tard, les tsars russes ont délégué ce droit à diverses instances - le Sénat, l'Académie des sciences, le ministère de l'éducation publique, le ministère de l'intérieur [11], etc. Mais il s'agit toujours d'une délégation purement "comminatoire" de certains pouvoirs purement souverains du tsar. Il s'agit d'une extension du pouvoir souverain, et non de quelque chose d'indépendant et de particulier.

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Une figure marquante de la censure au 19ème siècle a été le comte Serguei Semionovitch Uvarov, qui a adapté le principe slavophile "Orthodoxie, Autocratie, Nationalité" à l'ensemble du système épistémologique de l'Empire - à la culture, à l'éducation, à la politique, etc. Le monarque a soutenu cette reconnaissance de la justesse slavophile, mais il n'a pas tant formulé le contenu du code de censure suprême qu'il n'a confirmé de son autorité suprême la version proposée. C'est Uvarov lui-même qui joue le rôle de censeur, de gardien de l'horizon mystérieux de la culture russe du 19ème siècle.

Les démocrates révolutionnaires et les bolcheviks, qui se moquaient autant qu'ils le pouvaient de la censure tsariste, ont pris le pouvoir en 1917 et ont suivi exactement la même voie, en introduisant un code de censure strict, mais uniquement sur la base de leur propre idéologie. Au lieu d'une absence de censure (ce qui est tout à fait impossible), les bolcheviks ont introduit leurs paramètres et les ont appliqués de manière beaucoup plus agressive, intolérante et radicale que les censeurs de l'époque tsariste.

Les libéraux contemporains, qu'ils soient russes ou occidentaux, font preuve d'une attitude similaire. Critiquant et ridiculisant sans pitié la censure dans les sociétés et les régimes qu'ils n'aiment pas, ils imposent, dès qu'ils accèdent au pouvoir, leurs propres règles de censure, encore plus dures et intolérantes, répressives et restrictives. Le piratage luciférien de l'horizon des mystères ne conduit pas à la libération de la censure, mais à une véritable dictature, bien que la rébellion elle-même commence par une demande de liberté sans restriction.

Conclusion

La censure existe bel et bien dans la Russie contemporaine. Il n'y a pas de société qui n'en ait pas. Cependant, elle est toujours appliquée par les libéraux en raison de l'inertie des années 90. Ce sont eux qui, ayant usurpé ce droit et n'ayant aucune intention de l'abandonner même dans les nouvelles conditions, continuent à détenir le monopole de la censure dans la Fédération de Russie. Les conditions nouvelles, découlant de l'Opération militaire spéciale, exigent de nouvelles actions, lignes directrices et méthodes de la part des autorités, mais jusqu'à présent, les libéraux y ont fait face par des moyens purement techniques. Le libéralisme, bien qu'associé à la notion de souveraineté, reste le code de la censure. En général, l'élite - y compris, surtout, l'élite épistémologique - est solidaire du code culturel occidental et bloque obstinément le code patriotique - slavophile, orthodoxe. D'où les contradictions avec la logique de censure: tout ce qui correspond avant tout à l'attitude libérale est accepté et soutenu dans la culture, mais associé à la loyauté envers le régime et - même si ce n'est pas le cas - à la reconnaissance de la souveraineté de la Russie. Tout le reste est rejeté. Le censeur souverain du pouvoir ne sculpte toujours pas une image orthodoxe de la société russe, mais un hybride postmoderne de "capitalisme souverain".

Il est évident que nous avons besoin d'un autre censeur et d'une autre censure.

Notes:

[1] Norris P.  Cancel Culture : Myth or Reality // Political Studies. 71. 11 août 2021. P.145-174.

[2] McCutcheon Ch. Speaking Politics word of the week : woke"// The Christian Science Monitor. 25 juillet 2016.

[3] Bernstein D. Vous ne pouvez pas dire ça ! The Growing Threat to Civil Liberties from Antidiscrimination Laws (La menace croissante des lois antidiscriminatoires pour les libertés civiles). Washington : Cato Institute, 2003.

[4] Bachelard G. Le nouveau rationalisme. Moscou : Progress, 1987.

[5] Drioton É. Le Sphinx et les Pyramides de Gizeh. Le Caire : Institut Français d'Archéolgie Orientale, 1939 ; Hawass Z. The Secrets of the Sphinx : Restoration Past and Present. Le Caire : American University in Cairo Press, 1998.

[6] Heidegger M. Der Ursprung des Kunstwerkes/ Heidegger M. Holzwege. Francfort-sur-le-Main : Vittorio Klostermann, 2003.

[7] Blaga L. Les differreentielles divines. P. : Librairie du savoir, 1990.

[8] Blaga L. Trilogie de la connaissance. P. : Librairie du savoir, 1992.

[9] Blaga L. Trilogie de la culture. P. : Librairie du savoir, 1995.

[10] Tex Ch. M. L'Empire au-delà de la barrière. Histoire de la censure dans la Russie tsariste. Moscou : Rudomino, 2002.

[11] Zhirkov G. V. Histoire de la censure en Russie XIXe-XXe siècles. Aspect-Press, 2001.

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samedi, 08 octobre 2022

Graves menaces sur la liberté d’information

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Graves menaces sur la liberté d’information

par Georges FELTIN-TRACOL

Les prochaines années sont lourdes d’inquiétudes et de dangers pour la vraie presse d’opinion et la liberté des expressions les plus saines. On n’évoque donc pas ici des titres faussement rebelles comme Le Canard Enchaîné ou Charlie Hebdo. En quelques mois, plusieurs périodiques de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne se retrouvent en difficulté.

L’hebdomadaire Rivarol qui paraît depuis 1951, soit le doyen de la presse anti-conformiste et dissidente, subit les attaques du Régime. Il a perdu sa commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP). Son obtention, qu’il ne faut pas confondre avec d’éventuelles subventions ou aides versées par le ministère de la Culture, permet de bénéficier d’une TVA à 2,10 % et des tarifs postaux privilégiés pour son acheminement auprès du public. Depuis le 20 août, le groupe de grande distribution Carrefour ne le distribue plus dans ses magasins. N’allons plus faire nos courses dans cette enseigne.

Ce retrait ordonné par une instance présidée par un hiérarque du Conseil d’État, bien connu pour sa jurisprudence souvent liberticide (pensons à l’interdiction des spectacles de Dieudonné en 2015 ou, plus récemment, au covidisme ambiant), handicape le journal dont les coûts vont augmenter fortement. Ce retrait scandaleux découle d’une tribune libre de délation parue dans Le Monde du 7 mars 2022. À ce rythme de suspicion généralisée, s’abonner, acheter ou même lire Rivarol constituera une complicité morale d’apologie de crime contre l’humanité et d’incitation à la « hainnnnne »…

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Cette mesure folle constitue déjà un grave précédent. La prochaine cible se présente déjà. Il ne s’agit pas de Présent qui a cessé sa parution quotidienne début juillet. Un tribunal a prononcé pendant la période estivale la liquidation judiciaire de sa société éditrice. Une version hebdomadaire dirigée par l’Ami Xavier Eman devrait sortir dans les semaines à venir. Il ne s’agit pas non plus de l’excellent Réfléchir & Agir. Dans le numéro de cet été, le 74e, la rédaction annonçait que son 75e numéro qui vient d’ailleurs de paraître, ne sera plus disponible en magasin. La hausse des coûts de papier, des frais postaux, de l’impression, mais aussi la ponction sur le prix de chaque exemplaire par les messageries de la presse en perdition expliquent ce départ après plus de dix-sept ans en kiosque. Il faudra impérativement s’abonner, car on ne trouvera plus R&A dans les librairies amies.

Non, le prochain magazine qui risque de voir supprimer sa CPPAP est l’hebdomadaire libéral-conservateur Valeurs actuelles. Ses différentes condamnations – pour des sujets plus que véniels – prédisposent à cette éventuelle sanction. Si cette hypothèse se réalise, aucune publication qui sort quelque peu du ronron médiatique officiel ne sera à l’abri, y compris des revues par abonnement telles que Synthèse nationale ou Terre & Peuple Magazine.

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Faits & Documents annonce dans son n°507 du 1er au 15 juillet 2022 que son directeur de publication et unique rédacteur de la feuille confidentielle, Xavier Poussard, subit la vindicte de l’Élysée qui n’a pas apprécié son enquête impeccable sur Brigitte Macron. Outre une plainte au pénal pour une hypothèse immobilière vieille de cinq ans, on apprend que la Poste a bloqué l’envoi des numéros 505 et 506 et que les comptes bancaires professionnels et personnels de Xavier Poussard ont été fermés d’autorité. On attend toujours que Christophe Deloire et Reporters sans frontières dénoncent ces manœuvres. Dans l’Hexagone de Macron, il semble ainsi plus facile d’enquêter sur la fortune de Vladimir Poutine et des oligarques russes que sur les incohérences élyséenne. C’est plus rentable et moins fatigant de disserter sur l’état de santé supposé du président russe plutôt que de celui de Joe Biden ! La journaloperie franchit un cap.

Ces agressions contre une authentique presse indépendante font suite à d’autres entreprises hostiles à notre liberté de pensée. Maints comptes sur Facebook, Twitter et Youtube sont supprimés pour des motifs fallacieux. La « Vigie d’un monde en ébullition », n°22 du 1er mars 2022 abordait longuement ces sympathiques librairies à Nancy, à Paris et au Puy-en-Velay régulièrement prises à partie par la racaille antifa. Mais se préparent d’autres rétorsions plus vicieuses encore.

Franc Tireur est un hebdomadaire récent ouvertement macronien. Y sévissent ces Himalaya de la réflexion que sont Caroline Fourest et Christophe Barbier. Pour deux euros, cette feuille de chou donne à ses quelques lecteurs des textes d’une niaiserie incommensurable. Dans sa livraison du 3 août 2022, le n°38 comportait l’article d’un certain Thierry Maricourt à l’intitulé proche de la psychiatrie : « L’angoisse de la page brune ». En maquisard du lendemain matin, l’auteur dénonce « de multiples maisons de petite taille, dont le nom souvent n’indique pas leur orientation politique, [qui] relaient une pensée d’extrême droite décomplexée ». Il pointe pêle-mêle KontreKulture, Dualpha, L’Æncre, Déterna, les Éditions de la Nouvelle Librairie, Godefroy de Bouillon, Pardès, les Éditions de Chiré, Sorlot, les Nouvelles Éditions latines, Via Romana, Dominique Martin Morin, etc. Le piètre Roulletabille réalise finalement une enquête médiocre et bâclée puisqu’il ne mentionne pas Auda Isarn, les Éditions du Lore ou Les Bouquins de Synthèse nationale !

L’auteur de cet article lamentable souhaite-t-il que les libraires ne s’adressent plus à ces éditeurs et que les diffuseurs ne les distribuent plus ? Veut-il l’établissement d’une censure préalable pour certaines maisons d’édition et pour des auteurs particuliers ? La culture de la tomate édité par les Éditions brunes et sombres serait-il d’office un livre suspect ? Les mêmes qui soutiennent Salman Rushdie, qui prônent la « libération de la parole » et proposent de lutter « contre tous les tabous » s’élèvent contre de modestes maisons d’édition qui ont fait le choix de déplaire aux prescripteurs d’opinions fallacieuses.

Ces prises de position contre les publications, les éditeurs et les librairies de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne témoignent de leur immense inquiétude face au renversement en cours de ce monde dément. Ils enragent des avancées réelles contre l’indifférenciation programmée du Vivant. Poursuivons donc le combat en achetant, en lisant, en écoutant et en regardant d’autres canaux de ré-information et d’opinion !  

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 45, mise en ligne le 4 octobre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 21 septembre 2022

L'intelligence artificielle: la reine de la censure mondiale?

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L'intelligence artificielle: la reine de la censure mondiale?

Vladimir Prokhvatilov

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/seguridad/38691-2022-09-01-10-04-17

Le 10 août, le site web du Forum économique mondial (WEF) a publié l'article La solution aux abus en ligne ? L'IA plus l'intelligence humaine.

L'auteur de l'article, Inbal Goldberger, vice-présidente de la société israélienne Active Fence, "experte en intelligence", propose de combiner un réseau d'intelligence artificielle avec l'intelligence humaine pour combattre le "monde obscur des abus en ligne" de "l'extrémisme, de la désinformation et des discours de haine".

Selon Mme Goldberger, les logiciels d'intelligence artificielle (IA) ne peuvent souvent pas comprendre les "formulations verbales des groupes haineux", n'ont pas atteint "la maîtrise des langages terroristes et une compréhension subtile des campagnes de désinformation".

"Par exemple, il existe des modèles d'IA robustes pour détecter la nudité, mais seuls quelques-uns peuvent distinguer si cette nudité fait partie d'un tableau de la Renaissance ou d'une image pornographique. De même, la plupart des modèles ne peuvent pas dire si le couteau montré dans la vidéo est utilisé pour faire la publicité d'un outillage de boucherie ou d'une agression violente. Les attaquants peuvent exploiter ce trou béant".

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Les modérateurs qui suppriment le contenu "indésirable" n'ont pas la force et les connaissances nécessaires pour dresser une liste noire de tous les sites de désinformation. "Contrairement à l'IA, les modérateurs humains et les experts en la matière peuvent détecter les nuances de l'abus en ligne..... Toutefois, cette précision est limitée au domaine d'expertise particulier de l'analyste : un modérateur humain expert de la suprématie blanche en Europe n'est pas forcément capable de reconnaître un contenu malveillant en Inde ou des récits de désinformation au Kenya."

Goldberger entonne un plaidoyer pour une censure mondiale : les modérateurs seraient au mieux de leur forme en Europe, mais n'ont pas encore atteint l'Inde et le Kenya. Il est entendu que l'on ne peut faire confiance aux Indiens, aux Africains, aux Arabes, ainsi qu'aux Chinois et aux Russes eux-mêmes pour le contrôle des informations sur Internet.

Pour que la lutte contre les "contenus offensifs" soit véritablement mondiale, Mme Goldberger propose de combiner les efforts de l'IA (échelle des menaces) avec l'esprit des experts des pays.

Les réseaux mondiaux sont devenus fous: "Le Forum économique mondial de Klaus Schwab propose d'automatiser la censure des "discours de haine" et de la "désinformation" à l'aide d'une IA alimentée par des "experts du domaine"". Une telle symbiose entre l'homme et la machine est appelée intelligence hybride, mais Goldberger évite ce terme, car le domaine de l'intelligence hybride est l'un des principaux domaines de recherche et de développement des agences de renseignement américaines par le biais de l'Advanced Research Agency ( IARPA ) dans le domaine de l'intelligence dite anticipative (Anticipatory intelligence).

En 2017, l'IARPA a lancé le développement d'"un système de prévision hybride homme-machine pour des problèmes tels que les épidémies, les fluctuations boursières, les élections, les conflits interétatiques". En particulier, le projet Synergistic Anticipation of Geopolitical Events ( SAGE ) était dirigé par le chef du groupe de recherche sur l'intelligence artificielle et les bases de données de l'Université de Californie du Sud, Aram Galstyan. Il a travaillé sur la "rétroaction entre l'intelligence humaine et l'intelligence informatique". En établissant un tel retour d'information, Inbal Goldberger entrevoit les perspectives d'une censure mondiale.

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Le projet SAGE fait partie du programme plus vaste Hybrid Forecasting Competition (HFC), supervisé par l'Office of the Director of National Intelligence (ODNI) des États-Unis, qui vise à comparer les performances de "divers hybrides homme-machine dans la prévision d'événements de la vie réelle en fusionnant le jugement humain avec des informations provenant de sources telles que les bulletins d'information traditionnels, les réseaux sociaux et les chiffres financiers", a déclaré l'ODNI.

La possibilité d'utiliser le renseignement hybride à des fins de renseignement aux États-Unis a été abordée parce que de précédents projets de ce type avaient échoué. Le projet FutureMap a échoué. Le projet de prédiction de l'intelligence collaborative a échoué ; sa précision s'est avérée inférieure à 48 %, c'est-à-dire pire qu'un tirage à pile ou face.

Le projet d'intelligence proactive avec l'aide de l'intelligence hybride a également échoué. Elon Musk a maintenant évolué dans cette direction. Il a rapidement abandonné ses promesses d'envoyer des gens sur Mars et a commencé à soutenir l'idée que les gens devraient être fusionnés avec l'intelligence artificielle dans un avenir proche.

Selon le directeur de la technologie numérique de la CIA, Andrew Hellman, les services de renseignement proactifs américains ont appris à prévoir avec précision les foyers d'instabilité, les conflits et les attaques terroristes 3 à 5 jours avant qu'ils ne se produisent. Cependant, "les capacités prédictives avec un horizon d'événement de 3 à 5 jours ne peuvent être adaptées qu'aux personnes ordinaires qui vont faire un pique-nique le week-end prochain et qui s'intéressent à la météo. Pour une intelligence proactive de l'instabilité sociale et des conflits, un horizon de prévision d'au moins quelques semaines est désespérément nécessaire, mais dans le meilleur cas, de 3 à 5 semaines", déclare Sergey Karelov, un analyste informatique russe de premier plan.

Dans ce contexte des échecs de l'utilisation de l'intelligence hybride, il semble qu'ils aient décidé de ne pas essayer de prédire l'avenir, mais de le concevoir, comme l'a enseigné le lauréat du prix Nobel Dennis Gabor. C'est de l'ingénierie sociale.

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L'article d'Inbal Goldberger sur le site du WEF a fait beaucoup de bruit. "Le WEF prévoit d'utiliser la technologie de l'intelligence artificielle pour combattre 'les discours de haine et la désinformation' et désormais, tout ce qui va à l'encontre de son programme sera considéré comme de la désinformation... Appelons cela une dictature mondiale en devenir", écrit la journaliste britannique Sophie Corcoran.

"Inbal Goldberger promeut l'IA comme la reine de la censure.... Elle semble avoir complètement fusionné avec l'équipe de Biden", disent-ils sur les médias sociaux.

"Le groupe à l'origine du Grand Redémarrage promeut la censure mondiale dans le cadre du schéma 'IA plus intelligence humaine'. "Le Forum économique mondial (WEF) a proposé une nouvelle façon de censurer les contenus en ligne qui exige qu'un petit groupe d'experts entraîne l'intelligence artificielle à détecter la 'désinformation' et le contenu offensant", peut-on lire dans le titre.

D'une manière ou d'une autre, les tentatives d'introduire une censure mondiale à l'aide de l'intelligence artificielle n'ont pas été marquées par un succès pratique. Jusqu'à présent, beaucoup de bruit pour rien.

elespiadigital.com

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jeudi, 25 août 2022

La Malaisie en guerre contre le cinéma occidental: les films à contenu Lgbt sont bloqués

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La Malaisie en guerre contre le cinéma occidental : les films à contenu Lgbt sont bloqués

Par Cristina Gauri

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/malesia-cinema-occidentale-film-contenuti-lgbt-241641/

Rome, 15 août - Encore des problèmes pour le film Thor : Amour et Tonnerre, produit par Marvel : après avoir encaissé les interdictions de la Chine, qui a bloqué sa projection en salle pour un contenu jugé trop Lgbt-friendly, c'est maintenant le tour de la Malaisie, qui a interdit sa distribution car il "alimente la culture gay". Thor est en bonne compagnie : Buzz Lightyear et son baiser saphique entre les deux femmes principales - qui n'avait déjà pas réussi à passer les contrôles stricts des Émirats arabes - n'a pas non plus réussi à franchir les frontières malaisiennes. Les deux films avaient été soumis après que les sociétés de production aient refusé de faire les coupes exigées par le gouvernement de Kuala Lumpur.

La Malaisie rejette Thor et Buzz l'Éclair : "contenu Lgbt"

Le refus de distribuer les deux films s'inscrit dans le cadre d'une campagne de répression annoncée par le vice-ministre malaisien des communications, Zahidi Zainul Abidin, qui a confirmé l'engagement du gouvernement à censurer autant de contenus LGBT que possible : "Actuellement, nous nous rendons compte que de nombreux films comportant des éléments homosexuels parviennent à passer la censure", a-t-il déclaré, faisant notamment référence aux séries et aux films diffusés sur les plates-formes de diffusion vidéo. "Nous avons toujours été stricts et engagés", a-t-il déclaré. Et ce, malgré le fait que la Malaisie dispose de lois qui promeuvent et défendent la tolérance raciale et religieuse : la majorité de la population malaisienne est en effet musulmane et donc peu tolérante vis-à-vis de l'homosexualité et de la propagande LGBT dont regorgent les productions occidentales actuelles.

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Mais les plateformes de streaming échappent à l'examen

Outre les deux films susmentionnés, le gouvernement malaisien a récemment empêché la projection d'autres films, dont Rocketman, sur la vie d'Elton John, et un livre intitulé Gay Is OK ! Une perspective chrétienne. Il est plus difficile d'intervenir dans le cas des plateformes de streaming, telles que Netflix, Disney+ et Amazon Prime Video, qui ne sont pas des diffusions publiques. C'est pourquoi le ministère des Communications a lancé une campagne de sensibilisation pour que les familles exercent un contrôle plus strict sur les contenus visionnés par leurs enfants, grâce à l'utilisation du contrôle parental.

Cristina Gauri

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mercredi, 15 juin 2022

Dwingeland: Orwell dans les polders - Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

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Dwingeland: Orwell dans les polders Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

par Sjors Remmerswaal

Source: https://reactnieuws.net/2022/06/12/boek-dwingeland-orwell-in-de-polder-coen-de-jong/

Dans ce livre, le politologue Coen de Jong se sert des idées de l'écrivain anglais George Orwell pour analyser la situation politico-sociale des Pays-Bas d'aujourd'hui, par exemple pour dénoncer la camisole de force qu'est la "nouvelle normalité" résultant des mesures sanitaires et du phénomène de mode émergeant qu'est l'idéologie woke. Orwell a partagé ses observations politiques et sociales du début et du milieu du siècle dernier, qu'il a relatées dans des essais et des livres tels que La Ferme des animaux et 1984.  De Jong donne des exemples de la société néerlandaise de ces dernières années qui se rattachent parfaitement aux idées d'Orwell, qui défendait la démocratie contre les formes autoritaires de gouvernement.

Nous nous souvenons de George Orwell comme d'un penseur important, précisément parce qu'il a osé aller à l'encontre des dogmes dominants de son époque et a sévèrement critiqué le pouvoir. Orwell reconnaîtrait immédiatement presque tout de notre Nouvelle Normalité.

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La force du livre réside dans le fait que, avec Orwell en main, il critique vivement l'effondrement de la démocratie et la façon dont celui-ci s'accompagne de vagues de propagande en provenance des centres du pouvoir néerlandais. Les exemples abondent, tels que l'érosion des droits fondamentaux, une censure de grande envergure, une surveillance politique, une campagne contre les dissidents, la glorification du leadership et la mise en place de lignes d'assistance. On constate cependant que l'idéologie woke et autoritaire, utilisée par le pouvoir, bien que venant à l'origine de l'extrême gauche, a maintenant été reprise par les entreprises et les gouvernements partout dans le monde. Une fausse révolution pour renforcer l'ordre établi. En remplaçant des personnes à des postes visibles, en changeant les logos et en accrochant des drapeaux, cela suffit à dissiper toute une série d'autres critiques.

Plus grave encore est la vague croissante de censure, avec le marquage de faits et d'opinions indésirables qui équivaut à de la désinformation, puis la désignation et la honte publiques infligées à ces critiques. En partie à cause de cela, les débats publics se déplacent vers l'internet, via des groupes de discussion fermés, où le gouvernement tente frénétiquement d'entrer et, pour y parvenir, va jusqu'à enfreindre les lois néerlandaises. Il est bien connu que le gouvernement désapprouve et aimerait intervenir lorsque les gens mettent n'importe quoi sur Internet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets critiques envers la politique gouvernementale. D'où l'appel de plus en plus fort pour dire que le temps de l'internet gratuit doit être terminé. Et puis, bien sûr, il y a la fameuse législation sur la censure, qui rend difficile pour les gens de se former une opinion bien charpentée et de s'exprimer sur certains sujets en bonne connaissance de cause.

Dans son livre 1984, Orwell parle de l'Océanie où il n'y a pas de loi. "Il n'est écrit nulle part ce que les citoyens peuvent ou ne peuvent pas dire et penser. Après tout, un membre du parti ne doit pas seulement avoir les bonnes opinions, mais aussi les bons instincts". Et revenons aux Pays-Bas d'aujourd'hui, où la vérité est ce que Big Tech, les gouvernements, les politiciens et les médias de masse vous disent à tout moment, mais cette vérité peut être différente demain, mutation que vous devriez sentir à l'avance. Ce n'est pas vraiment un réconfort ! Il s'agit d'un livre écrit avec calme et clarté, destiné à un large public intéressé par la politique. Pas d'analyse approfondie de l'œuvre de George Orwell, mais beaucoup de comparaisons frappantes avec l'évolution rapide de la situation politico-sociale aux Pays-Bas. En outre, cela peut encourager les gens à lire d'autres ouvrages d'Orwell que son œuvre principale, 1984.

Pour illustrer la gravité du déclin de l'ancienne démocratie des Pays-Bas, De Jong cite l'ancien médiateur national Alex Brenninkmeijer, qui se préoccupe de la protection des droits fondamentaux des citoyens, ce qui doit leur donner la certitude d'être bien traité par l'État. C'est insuffisant selon Brenninkmeijer : "Et en cela, nous sommes uniques en Europe. Nos lois ne sont même pas testées par rapport à la constitution. Même dans un pays comme la Pologne, ils n'y comprennent plus rien".

Coen de Jong, Dwingeland, Orwell in de Polder, 2021, Éditeur Blauwburgwal, 260 pages en néerlandais, € 20,00

jeudi, 02 juin 2022

Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux

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Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux

Source: https://www.tradicionviva.es/2022/05/01/nueva-ley-de-servicios-digitales-dsa-la-union-europea-incrementara-la-censura-en-redes-sociales/

Avec la nouvelle loi sur les services numériques (DSA) de l'Union européenne, les entreprises technologiques telles que Facebook, Instagram, Twitter, Youtube et Google devront se conformer à de nouvelles exigences pour censurer les contenus indésirables dans le cadre de la nouvelle législation et notamment ce qu'elles appellent la "désinformation" sur leurs plateformes, après que des fonctionnaires du Parlement européen, de la présidence française du Conseil de l'UE et de la Commission se soient mis d'accord le 23 avril 2022 sur le nouvel ensemble de règles quant à la manière dont les grands acteurs de l'internet devront modérer et gérer les messages des utilisateurs.

La nouvelle loi est présentée sous un ensemble de bonnes intentions, telles que la "sauvegarde de la vie privée", et la prévention d'actes illégaux, comme le "terrorisme", l'"exploitation sexuelle des enfants", etc., toutes questions qui ont toujours été, logiquement, interdites par les différentes plateformes. Toutefois, le véritable objectif politique de ce type de législation, comme l'ont déjà déclaré des ONG telles qu'Amnesty et des leaders politiques mondiaux d'outre-mer, tels que Barack Obama et Hillary Clinton, sera de contrôler et de censurer ce que les Fact Checkers considèrent désormais comme de la "désinformation", ou la vaste catégorie des "discours de haine".

Le portail européen "Politico.eu" explique : "À l'avenir, les régulateurs surveilleront les efforts déployés par les géants de la technologie pour mettre fin à la diffusion de fausses informations, comme les batailles de l'information l'ont montré lors de la pandémie de coronavirus et du conflit en Ukraine. Ils s'assureront que les grandes entreprises numériques contrôlent mieux les algorithmes qui peuvent promouvoir des contenus extrêmes et dangereux".

Les entreprises seront tenues de publier des rapports semestriels détaillés sur leurs efforts de modération, y compris le nombre d'employés, l'expertise, les langues parlées et l'utilisation de l'intelligence artificielle pour supprimer le contenu indésirable. Ils seront tenus de divulguer le nombre de comptes qu'ils ont suspendus et le contenu qu'ils ont supprimé.

Des amendes pour non-conformité allant jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial toucheront les géants des médias sociaux comme Facebook et Instagram, les moteurs de recherche comme Google, les plateformes de diffusion de podcasts comme Spotify et les marchés en ligne comme Amazon. La dernière menace serait le bannissement des entreprises qui enfreignent les règles de manière répétée.

"La loi sur les services numériques est une étape importante", a déclaré Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur. "C'est la première fois en 20 ans que l'Europe s'attaque à la réglementation de l'espace numérique et de l'information."

samedi, 05 mars 2022

Des librairies prises pour cibles

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Des librairies prises pour cibles

par Georges FELTIN-TRACOL

Depuis la colère légitime et insatisfaite des « Gilets jaunes », il ne fait pas bon d’être un élu du soi-disant ensemble macronien, majoritaire par le jeu biaisé d’une forte abstention. L’actualité rapporte que des députés se font régulièrement menacer, insulter, voire frapper, par des manifestants opposés à l’actuelle tyrannie sanitaire. Les maires et les conseillers municipaux connaissent eux aussi ces désagréments inhérents à un quotidien de plus en plus difficile pour les petites gens. Le système médiatique d’occupation mentale s’en scandalise et dénonce ces intimidations violentes. Incapables de rétablir la sûreté dans bien des banlieues de l’immigration gangrenées par le trafic de drogue, les autorités hexagonales promettent une réponse prompte et implacable envers les auteurs de ces incivilités. Or, tous ces grands indignés se taisent quand certaines librairies deviennent les victimes d’attaques répétées.

Sous la présidence de « Flamby » Hollande et dans le prolongement de la « Manif pour Tous », la librairie Facta du défunt Emmanuel Ratier située dans le IXe arrondissement de Paris fut à deux reprises vandalisée. Quelques années plus tard, les pressions perdurent à l’égard des librairies non conformistes de la capitale. Charlie Hebdo du 14 avril 2021 consacrait sa deuxième page à une enquête dessinée sur les quatre dernières librairies qui résistent encore au fléau du politiquement correct. Il s’agit de la librairie Duquesne, de la Librairie française, de la librairie éponyme de l’ami Vincent, ancien de Facta, et de La Nouvelle Librairie tenue par le rédacteur en chef d’Éléments, François Bousquet. Ce dernier établissement a subi dès son ouverture bien des actes hostiles. Installée en face des jardins du Luxembourg en plein Quartier latin, cette librairie fut la cible de plusieurs séries de dégradations revendiquées par les antifas qui bénéficient d’une étonnante impunité. Si près du Sénat, n’y a-t-il donc pas de caméras de surveillance capables d’enregistrer les visages des délinquants ?

À Nancy, depuis plus d’un an existe la librairie Les Deux Cités. Sa simple présence a déclenché la vindicte rageuse de la gauche et de l’extrême gauche sans oublier la détestation officielle de la municipalité sociétaliste. Les gérants ne cachent pas qu’ils sont patriotes français et catholiques de tradition. Ils ont même osé fonder les Éditions du Verbe Haut (voir à ce propos sur Radio MZ les émissions « Vent d’Est » n° 14 du 16 juillet 2020 et n° 16 du 17 septembre 2021). Leur librairie reçoit des jets de peinture sur la vitrine, quand ce n’est pas de la glu mise dans la serrure ou des slogans injurieux peints sur la façade. Le 12 février 2022, elle accueille une séance de dédicace commune de la Française d’origine camerounaise Stella Kamnga et de Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. Un attroupement d’une trentaine d’individus masqués (en pleine rue ! Belle preuve de suivisme covidien) se forme devant la librairie. Ils scandent les habituelles inepties. Pendant ce temps, le maire, sourd, aveugle et muet devant toutes ces agressions, manifeste aux côtés de ses potes quelque peu dérangés, car protester contre une librairie honorable dénote des troubles mentaux flagrants. Il aimerait bien la faire couler, car il n’en apprécie pas le ton général. Les Deux Cités a déposé une dizaine de plaintes et de mains courantes sans que la justice n’y prête la moindre attention. On se demande bien pourquoi…

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On retrouve une situation semblable au Puy-en-Velay en Haute-Loire. Au début de l’été 2021 a ouvert la librairie Arts enracinés dans le centre historique de la ville mariale non loin de la cathédrale et du rocher Corneille d’où surplombe la statue de la Vierge Marie construite à partir de la fonte des canons pris à Sébastopol lors de la Guerre de Crimée.

La présence de cette librairie dans une ville moyenne de la France périphérique a suscité la haine des gauchistes. Ceux-ci ont monté RAFAHL (Réseau antifasciste Haute-Loire). La librairie ponote pâtit de dégradations courantes et de calomnies colportées par l’opposition de gauche au conseil municipal du Puy. Obsédé par les années 1930 et fantasmant en longueur de journée sur le début de la décennie 40, un collectif informel amasse quelques associations microscopiques comme la CGT Educ’action, Solidaire 43 - Sud Éducation, Europe Écologie - Les Verts, La France insoumise, le SNES - FSU, Génération.S de Benoît « 6,36 % » Hamon, le PCF, ATTAC, la section altiligérienne de RESF (Réseau Éducation sans frontières), la Ligue des droits de l’homme et des quelques philanthropes de l’Union communiste libertaire.

Cette ribambelle d’associations souvent subventionnées par les pouvoirs publics complaisants amalgament des incidents divers et accusent la librairie de tous leurs malheurs ainsi que de favoriser une ambiance violente en ville… Ses clients, une fois les bras chargés de bouquins, en profiteraient pour agresser de pauvres antifas qui passeraient par là, ce qui est bien sûr infondé. En réalité, les antifas, épris de drogues et de boissons alcoolisées, se battent entre eux pour des questions de bouteille, de joint, de fric et d’intimité animalière. Pour expliquer leur état déplorable, les blessés désignent ensuite d’inexistantes « phalanges littéraires de l’Ordre noir imprimé ».

Malgré l’interdiction préfectorale, le 5 février dernier, environ quatre cents crasseux envahirent la préfecture vellave afin d’exiger la fermeture de la librairie (pour quel motif légal ?) en attendant de vouloir peut-être la liste complète de ses amis et autres fidèles clients. En dehors de Lyon, la plupart provenaient de deux grands centres régionaux de contamination politico-hystérique : Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. La capitale auvergnate reste un fief socialiste. Quant à la préfecture de la Loire, l’édile, macronien contrarié, est en rupture de ban avec Les Républicains. Ces deux maires et leurs équipes laissent proliférer dans différents quartiers la constitution de foyers gauchistes.

Proches de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne, on reproche aux librairies de Paris, de Nancy ou du Puy-en-Velay de vendre des ouvrages politiquement incorrects comme des biographies de Jésus Christ, de Jeanne d’Arc ou les romans de Céline. Elles commettent par ailleurs l’horreur intellectuelle de tenir des conférences. Par exemple, au Puy, chaque samedi se déroulent à partir de 17 h « Les après-midis de la Chouette ». Faudrait-il raser les murs pour pouvoir y écouter des intervenants comme Marion Sigaut, Stéphanie Bignon, Bruno Favrit, Rémi Soulié ou votre serviteur ?

Rappelons que toutes ces actions de racailles contre des lieux de culture dissidente ne soulèvent aucune réprobation de la part des médiacrates et de ces grandes consciences morales qui invoquent en permanence les fameuses « valeurs ripoublicaines ». Soyons certains que si des militants identitaires osaient protester contre l’implantation d’une librairie gauchiste, d’un centre d’accueil pour immigrés clandestins ou d’une salle de shoot, les condamnations judiciaires tomberaient aussitôt.

La vie est un combat incessant. Les gérants de ces honorables librairies le savent. En dépit de journées fastidieuses et face à une adversité certaine, ils ne plient cependant pas. Au contraire, ils persistent et signent, fiers du travail déjà accompli, et certainement ravis d’emmerder les fanges de l’infrapolitique hexagonale.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 22, mise en ligne le 1er mars 2022 sur Radio Méridien Zéro.

jeudi, 03 février 2022

 "Raciste" : la cancel culture contre le lauréat du prix Pulitzer Wilson

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"Raciste" : la cancel culture contre un lauréat du prix Pulitzer: Edward O. Wilson

Edward Osborne Wilson, décédé en décembre dernier, est aujourd'hui accusé de racisme par le magazine Scientific American. Un autre intellectuel dans le collimateur de la cancel culture !

par Roberto Vivaldelli 

Source: https://www.ilgiornale.it/news/mondo/razzista-cancel-culture-contro-premio-pulitzer-wilson-2005591.html

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Edward O. Wilson, décédé le 26 décembre dernier, était un biologiste américain de renommée mondiale. Fondateur de la sociobiologie et professeur à Harvard depuis 1956, Wilson a fait un certain nombre de découvertes scientifiques importantes au cours de sa carrière, notamment la découverte que les fourmis communiquent principalement par la transmission de substances chimiques, les phéromones. En 1971, il a publié The Insect Societies, son ouvrage définitif sur les fourmis et autres insectes. Ce livre donne une image complète de l'écologie, de la dynamique des populations et du comportement social de milliers d'espèces. Dans le célèbre ouvrage In Human Nature (1978), pour lequel il a reçu le prix Pulitzer en 1979, Wilson discute de l'application de la sociobiologie à l'agressivité, à la sexualité et à l'éthique humaines. Un intellectuel fondamental, aujourd'hui visé par les fondamentalistes du politiquement correct qui voudraient rediscuter et réviser sa figure qui fait largement autorité.

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Wilson accusé de racisme

Quelques semaines après sa mort, comme le rapporte Il Foglio, le magazine Scientific American a publié un article controversé, contesté par de nombreux scientifiques, dans lequel le célèbre biologiste est accusé de racisme. Dans son éditorial, Monica R. McLemore, professeur associé au département des soins infirmiers en santé familiale et chercheur à l'Advancing New Standards in Reproductive Health de l'université de Californie à San Francisco, explique comment la Nouvelle synthèse de Wilson "a contribué à la fausse dichotomie entre nature et acquis" et a lancé l'idée que les différences entre les humains pouvaient être expliquées par la génétique, l'hérédité et d'autres mécanismes biologiques. "Découvrir que Wilson pensait de cette façon a été une grande déception", observe McLemore. Le biologiste américain, dit-elle, "était convaincu par des croyances problématiques".

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Ses prédécesseurs - le mathématicien Karl Pearson, l'anthropologue Francis Galton, Charles Darwin, Gregor Mendel et d'autres - n'étaient pas différents et ils ont eux aussi publié des ouvrages et des théories pleins d'idées racistes sur la répartition de la santé et de la maladie dans les populations, sans aucune attention au contexte".

Mais le plus grave est que ce procès idéologique et médiatique se déroule sans que le savant incriminé, décédé en décembre dernier, puisse au moins se défendre contre la nouvelle inquisition du politiquement correct. C'est grave, d'autant plus que les accusations proviennent d'une revue qui est généralement considérée comme scientifique et faisant autorité. Les idées et les théories de Wilson peuvent être revues, remises en question et revisitées, mais le qualifier de "raciste" et le jeter dans la poubelle de l'histoire est une abomination typique de la cancel culture.

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"Il n'est pas raciste de croire aux différences génétiques"

Le député conservateur Daniel Finkelstein a dénoncé dans le Times les délires bien-pensants du magazine américain en soulignant que la croyance en des différences génétiques n'est pas du tout synonyme de "racisme", comme les militants progressistes voudraient nous le faire croire. En novembre 1978, se souvient Finkelstein, une femme s'est approchée de ce plus grand spécialiste mondial des fourmis et a commencé à lui verser une cruche d'eau sur la tête. L'incident a eu lieu lors d'une réunion de l'Association américaine pour l'avancement des sciences. Le scientifique mis en cause était bien sûr Edward O Wilson, qui s'apprêtait à donner une conférence sur la sociobiologie, un domaine dans lequel il était un pionnier. "C'était une attaque contre la vérité, contre la liberté de pensée et contre la démarche scientifique. Et les attaques de ce genre ne sont pas encore terminées. Il reste du travail à faire pour y résister", explique M. Finkelstein. L'éditorial décousu de Scientific American en est la preuve.

mercredi, 02 février 2022

Culture woke : quiconque ose contester l'hégémonie du discours officiel doit être "annulé"

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Culture woke : quiconque ose contester l'hégémonie du discours officiel doit être "annulé"

Par Juan Manuel de Prada

Source: https://kontrainfo.com/cultura-woke-quien-se-atreve-a-desafiar-la-hegemonia-del-discurso-oficial-debe-ser-cancelado-por-juan-manuel-de-prada/


Il ne suffit plus d'organiser des conférences de presse au cours desquelles les questions des journalistes ne sont pas autorisées ; il ne suffit plus de permettre que les questions soient posées uniquement par les médias adeptes de la génuflexion permanente, condamnant les frondeurs à jouer le rôle de public muet. Il s'agit maintenant de garantir que seules les "versions officielles" concoctées à La Moncloa soient diffusées, en masquant les sources des médias plus critiques, qui seront ainsi obligés d'"écrire par ouï-dire" et pourront être plus facilement discrédités par les "vérificateurs" - ces Janissaires au service des "versions officielles"-, qui classeront toutes leurs nouvelles comme des "canulars" (ou feik nious, ce qui est plus parlant).

Au moment où les esprits s'échauffent, quiconque ose contester l'hégémonie du discours officiel doit être "annulé". Toute forme de dissidence, aussi légère soit-elle, est considérée comme illégitime, pernicieuse, dangereuse pour la paix et la tranquillité qui devraient régner parmi les masses crétinisées, dont le pouvoir s'érige en protecteur ultime. Jefferson a déclaré que "si je devais décider si nous devions avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un instant à préférer le second". Dans cette ère de la mort, le dilemme de Jefferson n'a pas de sens, car le gouvernement dispose de mécanismes suffisants pour garantir que ses "versions officielles" prévalent : il dispose de médias dépendants qui lui servent de porte-voix, de "fact-checkers" chargés de stigmatiser les médias dévoyés, de cacatoès et de perroquets qui régurgitent ses slogans et désignent les hérétiques qui osent les contester, il a des chiens de garde dans les réseaux sociaux chargés de la chasse aux sorcières et de la criminalisation des dissidents, il y a - en bref - des masses crétinisées qui réagissent de manière pavlovienne, perméables à l'agitation la plus grossière, et prêtes à diaboliser toute forme de journalisme critique.

Ainsi, le journalisme consacré à l'examen critique du pouvoir est en train de disparaître. A l'ère de la folie woke, c'est le pouvoir qui se consacre à scruter les journalistes dignes de ce nom, à les transformer en ennemis publics que les masses crétinisées peuvent harceler dans les latrines d'internet, voire aller gribouiller des injures sur le pas de leur porte. À l'ère du réveil woke, le pouvoir établit la vérité ; et, non content de cela, il dicte également qui est légitimé à la diffuser et qui doit être expulsé dans les ténèbres. Et, en même temps qu'il s'attelle à cette tâche de contrôle du journalisme gênant, le pouvoir peut mobiliser ses cacatoès et ses perroquets, subventionner ses "truthers", fouetter ses chiens de garde sur les réseaux sociaux, flatter les masses de lourdauds sectaires qui ne comprennent plus que, dans le journalisme, les faits sont sacrés mais que le jugement qu'ils méritent est différent. Maintenant, tout jugement dissident peut être purgé. Et la purge a commencé.

jeudi, 13 janvier 2022

La guerre culturelle des libéraux : comment les livres indésirables finissent à l'index

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La guerre culturelle des libéraux : comment les livres indésirables finissent à l'index

Roberto Vivaldelli

Source: https://it.insideover.com/societa/la-guerra-culturale-dei-liberal-cosi-i-libri-indesiderati-finiscono-allindice.html

L'édition américaine a-t-elle un problème avec la liberté d'expression ? C'est le titre d'un article écrit par le journaliste Pierluigi Battista publié dans le Huffington Post. La question découle de la récente controverse suscitée ces dernières semaines par le prétendu refus de la maison d'édition Random House qui, selon certaines rumeurs, aurait annulé la publication d'un recueil d'essais de Norman Mailer, prévue pour le centenaire de la naissance de l'écrivain. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Comme l'explique le New York Times, il ne s'agit pas de censure pour une fois: la collection, qui comprend des écrits inédits provenant des archives de Mailer et des extraits de lettres, de manuscrits et d'entretiens, a été acquise par l'éditeur indépendant Skyhorse après que Random House, l'éditeur de longue date de Mailer, a refusé de faire une offre. Si le fils du grand écrivain s'est avoué "déçu" par cette décision, cette fois, la culture de l'annulation n'y est pour rien.

L'hystérie des woke et la liberté d'expression

Une porte-parole de Random House a souligné dans une déclaration qu'il est "factuellement incorrect que Random House ait annulé un livre d'écrits de Norman Mailer", ajoutant que l'essai n'a jamais été sous contrat et que Random House continue de publier une grande partie des écrits de l'écrivain. La controverse est terminée ? Bien sûr que non. Comme l'explique The Newt, la décision de l'entreprise a déclenché un nouveau débat sur la cancel culture et la menace pour la liberté d'expression dans le monde anglo-saxon et au-delà. Selon de nombreux observateurs, les éditeurs ont désormais trop peur de provoquer une controverse ou de devenir la cible de campagnes vicieuses dans les médias sociaux et refusent désormais de publier des auteurs provocateurs ou polarisants.

Et ils ont raison. Skyhorse, une maison d'édition indépendante, est devenue une sorte de dernier refuge pour ces auteurs victimes du politiquement correct et de l'hystérie woke. Ces dernières années, elle a repris des titres abandonnés par d'autres éditeurs, notamment les mémoires de Woody Allen et une biographie de Philip Roth, que W. W. Norton avait retirée de la circulation après que son auteur, Blake Bailey, a été accusé d'agression et d'inconduite sexuelles. Accusé, pas condamné. "Doit-on constater l'existence d'une maison d'édition refuge comme Skyhorse ?", demande Pierluigi Battista dans son article "Y a-t-il un problème de liberté d'expression dans la grande industrie de l'édition américaine ?". La réponse est oui. Voyons pourquoi.

Le débat sur la cancel culture

Au-delà du cas spécifique de Mailer, la cancel culture existe et constitue un sérieux problème pour la liberté d'expression. L'émergence envahissante d'un néo-moralisme de salon a conduit de nombreux éditeurs à s'abstenir de publier des livres déjà sous contrat par crainte de répercussions diverses et d'être marqués à vie par les croisés du politiquement correct. Sans compter qu'en pleine vague de censure, après la polémique autour de la faible représentation des minorités dans le monde du livre, certains éditeurs ont dû nommer des consultants spécifiquement dévoués au thème de l'inclusivité: la maison d'édition HarperCollins UK, par exemple, a nommé Maheen Choonara "manager of diversity, inclusion and belonging" début 2021. La seule présence d'une telle figure en dit long sur le climat de l'édition.

Les temps sont durs, surtout pour les auteurs qui défient le politiquement correct. Comme le rappelle le Guardian, en avril dernier, plus de 200 employés de S&S aux États-Unis ont demandé à la direction de l'entreprise de retirer un contrat à sept chiffres avec l'ancien vice-président américain Mike Pence. Pas vraiment le dernier des inconnus. Pourquoi ? Il était du côté du détesté Donald Trump. Il est également arrivé que certains auteurs progressistes décident de ne pas publier leurs œuvres auprès de maisons d'édition qui comptaient dans leur catalogue des personnalités liées au monde de la droite américaine. Roxane Gay (photo), par exemple, a retiré un contrat de livre avec S&S en 2017 après que cette dernière a décidé de publier un titre du provocateur de l'"alt-right" Milo Yiannopoulos (qui a ensuite été effectivement annulé).

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Pankaj Mishra a révélé qu'il avait écrit à son éditeur, Penguin Random House India, pour lui demander de reconsidérer la réimpression d'un livre du Premier ministre Narendra Modi pendant la crise du Covid-19 dans le pays. Hachette a annulé un contrat avec l'écrivain féministe Julie Burchill pour son livre Welcome to the Woke Trials en raison de tweets qualifiés par certains d'"islamophobes", et le personnel de la même maison d'édition avait menacé de ne plus travailler avec la créatrice de Harry Potter, J.K. Rowling, en raison de ses déclarations contre l'idéologie transgenre.

Welcome_to_the_Woke_Trials.jpgSans parler de la guerre déclarée par le personnel de Penguin Random House Canada contre le dernier ouvrage du psychologue et coach de vie canadien Jordan Peterson, victime d'une "fatwa" en raison de ses prises de position contre le politiquement correct. Et ainsi de suite. Des auteurs qui sont souvent mis au pilori non pas pour la qualité de leurs écrits, mais pour avoir exprimé des opinions qui vont à l'encontre du courant libéral-progressiste dominant. C'est suffisant pour être censuré et "supprimé", avec tout le respect dû à la liberté d'expression. 

Les classiques sont victimes du politiquement correct

Les auteurs contemporains ne sont pas les seuls à être victimes de la cancel culture. Le même sort a été réservé aux grands classiques de la littérature, comme nous l'avons signalé à plusieurs reprises dans les colonnes de ce journal et de Giornale.it. En février de l'année dernière, l'université de Leicester a annoncé son intention de mettre au placard le géant littéraire Geoffrey Chaucer en faveur de "modèles de remplacement plus respectueux de la race et du genre". L'université a justifié cette décision par la nécessité de "moderniser le programme d'études et de le rendre plus approprié aux sensibilités et aux perspectives des étudiants en littérature anglaise". Le même sort a été réservé à William Shakespeare, qui a fini dans la moulinette de la culture cancelled, ses œuvres merveilleuses étant boycottées, revisitées, décontextualisées. Au plus tard en octobre dernier, le célèbre Globe Theatre de Londres - le théâtre reconstruit en 1997 où se produisait la compagnie de Shakespeare - a organisé une série de "séminaires antiracistes" pour disséquer et réfléchir aux œuvres du Barde. L'accent a été mis principalement sur La Tempête, une œuvre appartenant à la dernière phase de la production du dramaturge anglais, qui a longtemps été qualifiée de "raciste" et de "colonialiste" dans le monde anglo-saxon.

177229530-352-k123534.jpgSi même Mark Twain devient raciste

Et que dire des Aventures de Tom Sawyer, le grand classique de Mark Twain ? Les démocrates du New Jersey ont tenté de censurer le livre et d'ordonner son retrait du programme scolaire. L'objection est qu'il s'agit d'un roman sur le racisme, qui se déroule sur les rives du Mississippi au XIXe siècle, dont l'un des personnages principaux est un esclave en fuite, mais qui contient des insultes raciales. Et donc il doit être supprimé, oublié. Toujours dans le bastion démocrate du New Jersey, deux membres afro-américains de l'Assemblée ont introduit il y a quelque temps une résolution demandant aux districts scolaires de retirer Les Aventures de Huckleberry Finn, un autre joyau de Twain, en raison des "insultes raciales" qu'il contient et de la "représentation d'attitudes racistes qui pourraient perturber les élèves".

Parce que les pasdarans de la cancel culture, si personne ne l'a encore remarqué, ne reculent devant rien : tout ce qui est produit par "l'homme blanc" et la "culture patriarcale", selon leur point de vue idéologique, fondamentaliste et totalitaire, mérite d'être supprimé. Comme l'explique l'intellectuel français Alain de Benoist dans son essai La nouvelle censure. Contre le politiquement correct, publié en Italie par Diana Edizioni, "de nos jours, la censure est justifiée par le droit des minorités à ne pas être offensées. Ces minorités ne sont nullement des communautés ou des corps constitués au sens traditionnel du terme, mais des groupes d'individus disjoints qui, au nom d'une supposée origine ou orientation sexuelle du moment, cherchent à désarmer toute critique sur la seule base de leur allergie à la stigmatisation. Leur stratégie peut se résumer en trois mots : stupéfier, blâmer, imposer. Et pour ce faire, se faire passer pour des victimes".

mardi, 25 mai 2021

Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

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Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

Alexandre Douguine

Ex : https://katehon.com/ru/article/dante-aligeri-novaya-zhert...

Le 21 mai 1265, Dante Alighieri naquit en Italie, mais en Occident, cette date n'est plus célébrée.

Aujourd'hui, ce serait tout simplement dangereux de la célébrer. Comment cela se fait-il, me direz-vous? Dante est le symbole de la poésie occidentale, un classique mondialement connu. C'est vrai. Mais ce génie médiéval italien n'a pas non plus été épargné par la guillotine du politiquement correct.

Lorsque la Divine Comédie est tombée entre les mains de défenseurs des droits de l'homme, de libéraux et de mondialistes enragés, ils ont jugé l'œuvre de Dante ‘’politiquement incorrecte’’. Et c'est tout. Pas de Dante. Il est devenu une autre victime de la nouvelle culture politique. Désormais, ses œuvres ne peuvent être imprimées qu'avec des coupures et avec la mention que leur contenu est non politiquement correct.

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Techniquement, Dante a fait placer le fondateur de l'Islam dans une partie pas très agréable de l'espace sacré. Et les libéraux, qui ne se soucient généralement pas de l'Islam, ni d'aucune religion traditionnelle d'ailleurs, ont soudainement décidé qu'une telle lecture pourrait avoir un effet négatif sur le psychisme des migrants originaires de pays islamiques. Et qu'ils doivent en être protégés afin de ne pas provoquer des accès d'agressivité imprévisibles.

Cela semble absurde, mais dans notre monde, presque tout semble absurde. Il est temps de s'y habituer.

Ici, tous les protagonistes de cette censure sont dans la position de l’idiot complet :

  • Les censeurs eux-mêmes (tout d'abord, on peut imaginer le vieux Soros accompagné de la petite Greta Thunberg feuilletant La Divine Comédie, soulignant les endroits suspects) ;
  • et les Européens, qui doivent maintenant se repentir non seulement du colonialisme et du meurtre du junkie Floyd, mais aussi de Dante ;
  • et les musulmans eux-mêmes, qui semblent si faibles d'esprit qu'ils sont incapables d'apprécier la distance qui sépare le Moyen Âge chrétien de l'Europe moderne, et prennent tout au pied de la lettre et réagissent immédiatement de manière brutale - comme des maniaques incontrôlables.

Mais il est clair que la localisation de Mahomet dans l’œuvre de Dante n'est qu'une excuse. Dante est l'encyclopédie du Moyen Âge européen, le grand monument de la théologie, de la philosophie, de la poésie, de la culture. Dante est l'apogée de l'esprit chrétien de l'Europe occidentale du moyen-âge, le chantre solennel de l'Empire, de la religion et de l'amour chevaleresque. De nombreuses générations d'Européens se sont inspirées de Dante pour former leur personnalité. Selon les modèles posés par Dante, les héros de l’Europe ont construit leur destin et leur vie. Fideli d'amore - Fidèles d'Amour. Dante a exprimé les idéaux de cette société courtisane chevaleresque de l'élite aristocratique chrétienne.

C'est pour cela que Dante est exécuté aujourd'hui. Il est le porteur d'une autre Europe - une Europe de l'esprit et de l'idée, de la foi et de l'honneur, du service et du grand Amour. Les gouvernants modernes de l'Europe détestent tout cela farouchement. C'est pourquoi ils interdisent Dante, le retirent des programmes d'enseignement, l'accusent de manquer de tolérance et le soumettent à la honte.

L'Europe détruit ses fondations, érode ses piédestaux, jette hors de leurs tombes les reliques impérissables des génies.

Nous ne devons en aucun cas nous engager dans cette voie. Il s'agit de protéger non seulement nos génies russes, mais aussi les grands penseurs, artistes et poètes d'Europe. La Russie n'a jamais été un pays européen, mais nous avons toujours été capables d'apprécier la grandeur européenne - la pensée, l'art et le génie. Même si les Européens ne nous comprenaient pas, nous les comprenions. Et nous avons respecté ce qui était admirable chez eux. Aujourd'hui, alors que les Européens jettent le grand Dante à la poubelle de leur civilisation effondrée, il est grand temps de l'élever et de l’inscrire sur notre bannière.

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Dante est à nous. Nous le connaissons, l'honorons, le lisons, l'enseignons et le comprenons. Sans le vouloir, la Russie se retrouve dans le rôle de gardien et de protecteur des valeurs européennes, mais des valeurs, et non des résultats de la décadence européenne, de la décadence et de la dégénérescence. Le libéralisme et la mondialisation ne sont pas encore le lot de toute l'Europe. De plus, c'est l'Anti-Europe.  Par conséquent, en les adoptant, l’Europe renonce à ses racines. Nous n'abandonnons pas les nôtres. Et les génies européens sont proches de nous.

L'amor che move il sole e l'altre stelle

Nous devons être des Fidèles d'Amour.

Et si l'Amour s'épuise, qu'est-ce qui fera bouger le soleil et les étoiles ?

mercredi, 19 mai 2021

L'air de la censure souffle: je crains le pire...

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L'air de la censure souffle: je crains le pire...

par Diego Fusaro

Source : Diego Fusaro & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/soffia-aria-di-censura-temo-il-peggio

Le tournant autoritaire qui caractérise le mode de production capitaliste de ces derniers temps, et que l'urgence épidémiologique du coronavirus a renforcé avec un timing incroyable, trouve sa correspondance précise aussi et non pas secondairement dans la limitation croissante des espaces de liberté permis par l'ordre discursif dominant. There is no alternative, l'infâme devise de Thatcher, qui proscrit effectivement la possibilité ontologique de vivre autrement que selon le modus libéral, devient de plus en plus le critère des régimes de vérité: ou, mieux, du régime de vérité au singulier, c'est-à-dire du seul ordre de discours autorisé; celui, en fait, qui agit comme un complément idéologique aux relations de pouvoir dominantes dans le capitalisme technocratique et postbourgeois tardif. Notre époque est donc candidate pour devenir la première où la problématisation critique et le doute socratique en tant que tels sont ostracisés par la stupide catégorie dite de la "conspiration", répétée à la façon du perroquet par le troupeau domestiqué des derniers hommes de la civilisation de masse.

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Avec la catégorie du ‘’complot’’, en outre, on ne fait rien d'autre que de dénier le droit à l'existence à tout discours qui ne coïncide pas millimétriquement avec ce qui est prétendument vrai, parce que les groupes dominants en ont décidé ainsi. En bref, il est temps de s'en remettre et de l'admettre ouvertement: même l'ordre néolibéral peut s’avérer répressif et intolérant, tout comme les formes que l'on a l'habitude de définir, par rapport au XXe siècle, comme totalitaires.

L'année 2021, qui a commencé par l'exil forcé hors des réseaux sociaux même pour le président sortant des États-Unis d'Amérique Donald Trump, se poursuit maintenant de manière cohérente avec la censure des livres (interdits de librairie) qui osent critiquer le nouvel ordre érotique prôné par le projet de loi Zan, comme cela s'est produit ces jours-ci, et puis aussi avec la tempête à la Rai, dont on parle beaucoup ; une tempête provoquée par une émission de Raidue, qui avait l'audace de critiquer ce merveilleux paradis que l'on ne peut que louer et qui porte le nom glorieux d'Union européenne. "Intolérable, nous avons besoin d'un changement radical": ce n'est pas une phrase extrapolée d'un procès de la Sainte Inquisition, qui aurait culminé avec le bûcher du malheureux hérétique du moment ; c'est plutôt, selon ce que rapporte La Stampa de Turin, le commentaire éclairé du toujours lucide et réfléchi secrétaire du "parti démocratique" - jamais le nom n'a été plus orwellien - Enrico Letta. Lequel Enrico Letta, on s'en souvient, a écrit il y a quelques années un pamphlet intitulé sans équivoque Mourir pour Maastricht, qui méritera peut-être un jour une place à part dans les archives de l'histoire de l'idéologie politique: en effet, le titre prometteur n'a pas clarifié quel était le sujet de "mourir pour Maastricht" et maintenant surgit un doute plus que légitime que le sujet, rétrospectivement, était la libre pensée.

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En bref, un projet misérable comme l'Union européenne, né comme une contre-offensive impitoyable du capital vainqueur après 1989 contre les classes ouvrières d'Europe, ne pouvait que culminer avec la mort de la liberté de pensée et d'expression. La mort au nom du progrès et de la lutte contre toutes les discriminations, soyons clairs. Les mots de Letta, en réalité, laissent peu de place à la fantaisie: le changement radical qu'il invoque avec une fureur héroïque est, simplement, le réalignement immédiat et sans négociations possibles sur l'ordre du discours hégémonique; celui qui, précisément, vous laisse généreusement dire ce que vous voulez sur l'Union européenne, à condition que ce que vous voulez dire coïncide avec ce que les groupes dominants du bloc néolibéral oligarchique veulent faire dire. Nous n'en sommes qu'au début, remarquez bien. Il devient de plus en plus clair que la combinaison du capitalisme et de la démocratie n'était qu'une parenthèse éphémère de la seconde moitié du 20ème siècle: la Restauration du capital est en cours et est destinée à aller beaucoup plus loin, si elle ne rencontre pas des formes de résistance active par le bas. C'est à nous de décider ce que nous allons faire de notre histoire: continuer à souffrir en silence, en perdant un morceau de liberté et d’autonomie après l'autre, ou mettre de côté la "résilience" pour revenir à la pratique de formes saines et appropriées de résistance.

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samedi, 10 avril 2021

Aujourd'hui, Baudelaire serait la victime de la ‘’cancel culture‘’ et des ligues de vertu

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Aujourd'hui, Baudelaire serait la victime de la ‘’cancel culture‘’ et des ligues de vertu

par Giulio Meotti

Source : Il Foglio & https://www.ariannaeditrice.it/

C'est l'époque où Peter Pan est interdit aux enfants par la bibliothèque publique de Toronto, où l'éditeur néerlandais Blossom Books retire Mahomet de l'Enfer de Dante et où l'on enregistre chaque jour une censure pour satisfaire les indignés professionnels. C'est le moment où Dan Franklin, qui a publié Ian McEwan et Salman Rushdie aux éditions Jonathan Cape, déclare: "Je ne publierais pas Lolita aujourd'hui. Avec MeToo et les médias sociaux, vous pouvez susciter l'indignation en un clin d'œil. Si on me proposait Lolita aujourd'hui, je ne le ferais jamais passer et un comité de trentenaires dirait: "Si vous publiez ce livre, nous allons tous démissionner". Presque normal alors de lire Michel Schneider, biographe de Charles Baudelaire, qui dans le Point déclare que son favori, l'auteur des Fleurs du mal, serait aujourd'hui fustigé et censuré.

41Mupr6g64L._SX337_BO1,204,203,200_.jpgRédacteur des lettres à la mère de Baudelaire ("Cette maladresse maternelle me fait t'aimer davantage") et auteur du livre Baudelaire. Les années profondes, Schneider écrit qu'’’en ces temps d'insignifiance où l'on ne croit plus ni à Dieu ni au Diable, ni au bien ni au mal, ces Fleurs du mal, ce livre d'une vie condamnée en justice, mélange impur de sublime et de satanique, se sont effacées." C'est le bicentenaire de la naissance de Baudelaire et l'édition, qu'il voulait "définitive" mais n'a pas réussi à faire publier, est rééditée. "Baudelaire a vomi le progressisme et l'égalitarisme triomphants de notre monde postmoderne, et il est difficile d'entendre son dégoût et sa haine (de lui-même avant tout) sans frémir devant une telle prescience".

Voici l'édition publiée par Calmann-Lévy en 1868 et jamais réimprimée depuis. Il comprend les poèmes rejetés par la censure. Un volume restauré par Pierre Brunel, professeur émérite à la Sorbonne. "'Les Fleurs du mal' serait censuré aujourd'hui", écrit Schneider. "Leur contenu ferait probablement l'objet de demandes d'interdiction et de campagnes vindicatives de la part des ligues de vertu du féminisme radical et de la ‘cancel culture’" Ce "Dante d'un âge déchu", comme Baudelaire est appelé par Barbey d'Aurevilly, a été envoyé devant les magistrats pour "offense à la morale chrétienne", tandis que le procureur Pinard (le même que dans le procès de Madame Bovary) s'exclame: "Croyons-nous que certaines fleurs au parfum étourdissant soient bonnes à respirer ?".

Aujourd'hui, écrit Michel Schneider, on lirait dans les vers de Baudelaire un hymne au harcèlement de rue et une justification de l'inceste. "J'ai toujours été surpris que les femmes soient autorisées à entrer dans les églises", écrit Baudelaire. Ça ne passerait jamais.

"Et pour ne pas offenser les "racisés", poursuit Schneider dans le Point, ces lignes devraient être réécrites dans des éditions destinées à un "public sensible": « Je pense au nègre, décharné et céphalique qui foule la boue et regarde, d'un œil ahuri, les cocotiers... ».

008666719.jpgEt même si nous ne trouvions pas dans les vers du poète un hymne à quelque méfait idéologique, Baudelaire serait fustigé pour sa haine mesquine de la démocratie: "Nous avons tous l'esprit républicain dans les veines, comme la variole dans les os. Nous sommes démocratisés et syphilisés". Un réactionnaire baudelairien, donc. "Oui, vive la révolution!" écrit-il encore. "Toujours ! Mais je ne suis pas dupe! Je dis: vive la Révolution! Comme je le dirais: vive la destruction ! Vive l'expiation ! Vive la punition ! Vive la mort !".

De plus, un ennemi haineux de la fraternité entre les peuples: "Il est difficile d'assigner une place au Belge dans l'échelle des êtres vivants. Cependant, nous pouvons dire qu'il doit être classé entre le singe et le mollusque. C'est un ver que nous avons oublié d'écraser. Il est complètement stupide, mais il est aussi résistant que les mollusques". Mais le plus grand péché de Baudelaire est de nous rappeler que croire au progrès, à l'amélioration de l'humanité, débarrassée de ses erreurs et de ses malheurs, est l'un des meilleurs moyens de faire tourner les guillotines.

 

samedi, 17 octobre 2020

Dix professeurs de droit contre "la police de la pensée" à l'université

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Dix professeurs de droit contre « la police de la pensée » à l'université

 
 
Auteur : Le Point
Ex: http://www.zejournal.mobi

Ils dénoncent, dans une tribune, le « lynchage » dont serait victime l'un de leurs collègues de Paris-1, après un cours controversé sur le mariage pour tous.

Une dizaine de professeurs de droit (*), parmi lesquels le constitutionnaliste Olivier Beaud (Paris 2-Panthéon-Assas) et le civiliste Rémy Libchaber (Paris-1-Panthéon-Sorbonne) dénoncent, dans une tribune transmise au Point, le « lynchage médiatique » et la mise « au pilori » de leur collègue Aram Mardirossian. Cet historien du droit de Paris-1 a suscité une vive polémique après son cours d'histoire du droit de la famille, le 29 septembre, dans lequel il revendiquait haut et fort son hostilité au mariage pour tous, avant de se lancer dans une improbable comparaison chevaline : « Donc, il va y avoir forcément quelqu'un, un jour, qui va aller devant un tribunal et qui va dire : “Voilà, je suis discriminé, j'ai une jument, je l'adore, je ne peux pas l'épouser, c'est un scandale. C'est une discrimination !” » avait-il lancé à ses étudiants de L2. Le cours avait été filmé par l'un d'eux et aussitôt mis en ligne sur les réseaux sociaux, déclenchant une avalanche de réactions hostiles, sur Internet, de nombreux militants LGBT, dénonçant notamment « une comparaison scandaleuse entre homosexualité et zoophilie ».

Depuis, la boîte mail de cet enseignant-chercheur, spécialiste de l'histoire du droit arménien, agrégé des facultés de droit et directeur d'études à l'École pratique des hautes études, est saturée de messages d'insultes. Il n'a pas remis les pieds à la fac et assure ses cours en visioconférence, certains étudiants l'ayant menacé de venir « bordéliser son amphi », s'il s'aventurait à y remettre les pieds. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour examiner la possibilité d'éventuelles poursuites pour « injures homophobes » ; l'administrateur provisoire de l'université Paris-1, Thomas Clay, a « condamné » ses propos par voie de communiqué ; certains de ses collègues réclament à présent sa suspension et un renvoi en conseil de discipline.

« Une chasse à l'homme », dénoncent ses soutiens. « Nous ne sommes pas dans une défense corporatiste, pas non plus dans un débat politique pour ou contre le mariage pour tous. Ce que nous défendons, c'est la liberté académique, la liberté d'expression de l'enseignant-chercheur », confie le Pr Libchaber, l'un des coauteurs de la tribune.

« Lynchage »

Celle-ci revient d'abord sur l'affaire : « La scène médiatique s'est récemment emballée à propos de la diffusion d'extraits d'un cours donné à l'université de Paris-1, où un professeur d'histoire du droit exprimait d'une manière incisive son analyse de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe et sur l'évolution contemporaine du droit de la famille. Il fut aussitôt lynché publiquement, les médias relayant ad nauseam qu'il aurait comparé l'homosexualité à la zoophilie. Les autorités suivirent l'opinion publique, comme toujours dans ce genre de circonstances, et l'université de Paris-1 – en pleine campagne électorale – ne manqua pas de stigmatiser son enseignant avec la complicité de quelques collègues zélés. Le parquet est désormais saisi des propos litigieux », rappellent les signataires.

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« La messe est-elle dite ? À présent que l'émoi médiatique se dissipe, il est temps d'analyser objectivement les faits, de les évaluer et d'essayer de comprendre ce qui se joue devant nos yeux », suggèrent-ils. « Dans son cours, l'enseignant a évoqué le « mariage homosexuel » auquel il n'est pas favorable, tout en admettant qu'on puisse l'être. Il a relevé que l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe a été consacrée par le jeu du principe de non-discrimination, ce qui n'est guère contestable. Or, ce principe lui paraît dangereux en ce qu'il peut mener à tout : d'où un développement, a priori surprenant, sur l'éventualité d'un mariage entre un homme et un animal, qui, selon lui, pourrait être une conséquence lointaine de la combinaison entre l'usage fait de l'interdiction des discriminations et la reconnaissance hypothétique d'une personnalité de l'animal », analysent-ils.

« Café du commerce »

Les auteurs de la tribune n'approuvent pas vraiment les développements hasardeux de leur collègue et ils le disent : « En réalité, l'enseignant s'est laissé aller à une improvisation fort peu brillante, car entachée de nombreuses approximations. Son propos, par certains côtés, fait penser à une discussion de café du commerce. On pourrait en effet s'attendre à ce qu'un professeur s'exprime plus rigoureusement lorsqu'il avoue lui-même aux étudiants : “Là, je vais être un peu polémique” et que, par exemple, il ne se lance pas dans l'évocation d'un mariage entre un homme et un animal en évacuant totalement la question centrale du consentement », admettent-ils. « Sur le fond, son discours est seulement discutable, comme toujours lorsqu'on envisage l'aboutissement lointain d'une évolution que l'on s'efforce de décrypter. C'est ce qui a incité quelques personnes, qui ne sont pas forcément d'accord avec ces propos, voire qui contestent l'analyse même qui les fonde, à défendre, à travers l'enseignant critiqué, l'atteinte grave à la liberté académique résultant de la mise en cause dont il fait l'objet depuis que ses propos ont été diffusés dans des conditions d'ailleurs illégales, car les étudiants n'ont pas le droit de diffuser un cours sans l'autorisation de son auteur », dénoncent-ils.

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« Dans cette affaire, ce qui est en jeu, ce n'est rien moins que la liberté d'expression du professeur face à ses étudiants (in the classroom, disent les Américains). En réalité, le professeur cloué au pilori a seulement exprimé son opinion sur l'évolution de la législation en matière de famille et de filiation. Il a ironisé sur les effets potentiels du principe de non-discrimination, conjugué à la reconnaissance demandée par certains de la personnalité juridique des animaux, en adoptant un raisonnement par l'absurde. Dire qu'il a comparé l'homosexualité à la zoophilie, c'est n'avoir pas compris ses développements, ou les déformer volontairement. Que les médias ou les réseaux sociaux reprennent en boucle cette présentation erronée n'étonnera personne puisqu'ils ne sont, pour ceux-ci, et ne sont plus guère, pour ceux-là, que des chambres d'écho », plaident les signataires.

Droit de critique

« Cette affaire pose donc dans toute sa gravité la faculté qui doit être reconnue à un professeur de critiquer l'évolution du droit positif et d'user de provocation pour faire réfléchir les étudiants. C'est cette liberté que le lynchage médiatique dont a été l'objet cet enseignant remet en cause frontalement. Or, l'enseignant en question a déclaré à ses étudiants de façon liminaire la nature « polémique » de ses propos. Il a donc pris la précaution de distinguer soigneusement son opinion personnelle de l'exposé du droit positif et de son histoire. C'est ce qui arrive tous les jours dans les cours de droit où l'enseignant peut être amené à livrer aux étudiants son opinion sur la règle, légale ou jurisprudentielle. La liberté de l'universitaire doit lui permettre de déranger son auditoire, si sa compréhension d'un phénomène, d'une réglementation, d'un procédé, d'une technique le conduit à identifier en son sein des faiblesses, des contradictions, des dangers. Voudrait-on limiter l'office des professeurs de droit à la seule présentation, sans commentaire, du droit positif ? Ne sont-ils pas là d'abord pour stimuler la réflexion de leurs étudiants ? Par ailleurs, que deviendrait un enseignement universitaire s'il devait ménager constamment la « sensibilité » d'un auditoire d'étudiants forcément divers ? », s'interrogent pour finir les « avocats » du Pr Mardirossian.

Improvisation

« Ce qui est en jeu dans la présente mise en cause du professeur d'histoire du droit à partir d'un extrait de son enseignement, c'est ce qui doit constituer le cœur même de l'enseignement supérieur : la liberté, dans la déconstruction des mécanismes, d'en présenter la critique, même radicale, sans que l'on ait à juger de sa pertinence. Remettre en cause cette liberté, c'est succomber à une police de la pensée dont certains s'érigent en vigilants gardiens. Ajoutons que le caractère oral des enseignements, si menacé actuellement du fait de la crise sanitaire, suppose une part d'improvisation, au risque d'imperfections. Veut-on que l'enseignement supérieur se ramène à une récitation de textes écrits, soigneusement relus d'avance par un avocat spécialiste du droit de la presse, se bornant à décrire le droit en vigueur ? L'intérêt des étudiants et celui de la nation n'y trouveraient pas plus leur compte que celui des enseignants », concluent-ils.

* Signataires :

Olivier Beaud (université Paris-2),

Jean-Marie Denquin (émérite, Paris-10),

Yann-Arzel Durelle-Marc (Paris-13),

Rémy Libchaber (Paris-1),

François-Xavier Lucas (Paris-1),

Thierry Revet (Paris-1),

François-Xavier Testu (université de Tours),

Patrick Wachsmann (Strasbourg).


- Source : Le Point

mercredi, 23 septembre 2020

Neues Zensurgesetz der Merkel-Regierung klar verfassungswidrig

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Stefan Schubert:

Neues Zensurgesetz der Merkel-Regierung klar verfassungswidrig

Ex: https://kopp-report.de

»Anti-Hass-Gesetz« nennt die Genossin Christine Lambrecht ihren Frontalangriff auf die Meinungsfreiheit der Bürger. Obwohl der wissenschaftliche Dienst des Bundestages sowie unabhängige Gutachter das Gesetz als »eklatant grundgesetzwidrig« einstufen und selbst Genosse Steinmeier im Schloss Bellevue seine Unterschrift aus diesen Gründen bisher verweigert, beharrt die SPD-Justizministerin auf ihrem totalitären Ansinnen.

51+Ll8FKKfL.jpgDas geplante Gesetz ist ein Generalangriff auf die Gewaltenteilung und Rechtsstaatlichkeit in Deutschland. Facebook und Co. sollen unter Androhung immenser Bußgelder dazu genötigt werden, alle infrage kommenden Kommentare zu melden. Damit würden Facebook und Co. auf eine Stufe mit Strafverfolgungsbehörden wie Staatsanwaltschaft und Polizei gestellt werden.

Aushilfskräfte bei Facebook sollen so die Arbeit von studierten Juristen ersetzen und einordnen welcher Kommentar von der im Grundgesetz geschützten Meinungsfreiheit gedeckt und welcher Post strafrechtlich relevant ist. Die Verfassungswidrigkeit und der totalitäre Ansatz der SPD-Ministerin ist so offensichtlich, dass man dafür kein Jura-Studium benötigt.

Doch damit ist der Plan von Justizministerin Lambrecht noch nicht komplett, die sozialen Netzwerke sollen gleichzeitig gezwungen werden, die Passwörter und IP-Adressen ihrer Nutzer an das BKA weiterzuleiten.

Dem Bürger wird zudem so auch gleichzeitig das Recht einer eigenen Anzeige genommen, sprich, der Betroffene hat keinerlei Anrecht mehr zu entscheiden, ob diese Beleidigung für ihn belanglos oder so unbedeutend ist, und außerdem über keine breite öffentliche Relevanz verfügt, dass eine Nichtbeachtung im konkreten Fall die bessere und die vom Betroffenen auch gewünschte Reaktion ist. All dies will nun Genossin Lambrecht über die Köpfe der Bürger hinweg neu regeln.

Gegenüber dieser Meldepflicht im #NetzDG wirkt die (heiß umstrittene) Vorratsdatenspeicherung wie ein Kindergeburtstag. Doch eine Debatte bleibt im Mainstream vollkommen aus. Diese Erkenntnisse beunruhigen in Zeiten der Corona-Überwachungsmaßnahmen zutiefst, da deutlich wird, dass die Bundesregierung im Zusammenspiel mit den Medien zukünftige, rigide Maßnahmen nur entsprechend framen muss, dann ist den Demokratieabschaffern weiterhin der Applaus der medialen Claqueure gewiss.

Dieser Totalitarismus der Merkel-Regierung stellt auch nicht etwa ein Einzelfall dar, sondern wird strategisch in nahezu alle gesellschaftlichen Bereiche ausgedehnt. Wie weitreichend dieser sozialistische Totalitarismus in Deutschland bereits vorangetrieben wurde, belegt der Autor in seinem aktuellen Buch Vorsicht Diktatur! Wie im Schatten von Corona-Krise, Klimahysterie, EU und Hate Speech ein totalitärer Staat aufgebaut wird.

Meinungsfreiheit nur noch für die Eliten

Den Berufspolitikern der Großen Koalition in Berlin missfällt es seit Jahren, dass sie dank Internet und sozialer Medien im direkten Kontakt mit der Bevölkerung stehen, welchen sie zudem nicht steuern können. Um diese basisdemokratische Teilhabe einzuschränken, zu zensieren und zu kontrollieren, sprechen sie gefühlt seit Monaten nur noch über Hate Speech, Rassismus und die sprachlichen Gemeinheiten, die sie zu ertragen haben.

Doch wie sieht eigentlich die Faktenlage zum sogenannten »Hatespeech« aus? Die Justizministerin, die gerne auch als Verfassungsministerin bezeichnet wird, behauptet, dass »Hass und Hetze« solche Dimensionen im Internet erreicht haben, dass die Demokratie akut gefährdet sei. Wie wir alles wissen, schaffen es linksextreme Mordaufrufe meist nicht in die Talkshows und Nachrichtensendungen von ARD und ZDF, genauso wenig wie die unaufhörliche islamistische Hetze aus radikalen Moscheen und Predigern.

9783864457661.jpgWie die vom antifaschistischen Kampf Beseelten die gesamte Republik unaufhörlich wissen lassen, ist das Gesetz zur Bekämpfung von Hasskriminalität auf rechtsextreme Hetze im Netz maßgeschneidert. Nur wird bekanntlich im Mainstream nicht zwischen einer legitimen rechten Meinung und rechtsextremen Äußerungen unterschieden, und so fragt sich der interessierte Bürger, ab welcher Definition die staatliche Strafverfolgung nun eigentlich einsetzt.

Bereits bei dem Gebrauch von Begriffen wie »Grenzöffnung«, »Bevölkerungsaustausch«, »#NichtMeineKanzlerin«, oder erst ab »Volksverräterin Merkel« und dergleichen? Bei Experten macht längst das böse Wort einer »Gesinnungsjustiz« die Runde.

Wer der vorgegebenen Meinung der regierungskonformen Medien widerspricht, der wird ausgegrenzt, gesperrt, gelöscht, entlassen – dessen Bücher werden boykottiert, unbequeme Redner werden von Hochschulen vertrieben und die allgemeine Zensur greift immer weiter um sich. Ganz offen reden Journalisten und Politiker mittlerweile davon, »rechte« Meinungen zu regulieren.

Die Faktenlage gibt indes die behauptete Demokratiegefährdung durch rechtsextreme Hass-Kommentare eindeutig nicht her. Allein in Deutschland verfügt Facebook über 38,5 Millionen Nutzer, Tendenz ansteigend. Noch deutlicher wird der vollkommen unverhältnismäßige Angriff auf die Meinungsfreiheit mit einer Beispielrechnung. Wenn nur jeder zweite Facebook-Account einen Post oder Kommentar pro Tag veröffentlicht, kommen wir in einer Woche auf rund 140 Millionen Kommentare und im Monat damit auf rund 560.000.000 Posts. Auf ein Jahr hochgerechnet wären dies rund 6.7 Milliarden in Frage kommender Meinungsäußerungen. In den vergangenen Jahren ist gleichzeitig, meist massiv mit Steuergeldern finanziert, eine regelrechte Extremismusindustrie entstanden, wo linke Zeitgenossen ihre Ideologie zu einem Geschäftsmodell ausgebaut haben. Wenn jemand Renate Künast oder die SPD-Frau Sawsan Chebli beleidigt, wird dies nicht nur umgehend angezeigt, sondern auch prominent in den Medien verbreitet. Doch auf Nachfrage muss das Bundesjustizministerium zugeben, dass 2018 in den sozialen Medien bundesweit lediglich 1472 Fälle sogenannter Hasspostings registriert wurden und im Jahr 2019 die Zahl minimal auf 1524 Fälle anstieg. Die Bilanz zum Ende 2019 von Staatsanwalt Christoph Hebbecker von der Zentralstelle für Cyberkriminalität fällt entsprechend ernüchternd aus:

»Wir haben seit Beginn etwa 700 bis 800 Strafanzeigen auf diesem Weg bekommen. In etwa der Hälfte der Fälle – daran sieht man, wie genau wir da differenzieren – haben wir ein Ermittlungsverfahren eingeleitet. Das heißt, in allen anderen Fällen sind wir nach der Prüfung zu dem Ergebnis gekommen: Hier liegt kein Anfangsverdacht vor. Wir haben bislang in etwa 120 Beschuldigte identifizieren können.«

Also: Trotz Millionen von Steuergeldern, die in diese neu installierte Extremismus- wie Überwachungsindustrie geflossen sind, stehen am Ende des Jahres nur 120 verdächtigte Beschuldigte fest (von 83 Millionen Einwohnern), bei denen es zudem in den meisten Fällen noch zu keinerlei rechtskräftigen Verurteilung gekommen ist, sie dementsprechend unter die Unschuldsvermutung fallen. Und trotz dieser Einzelfälle inszenieren Politik, Staatsfernsehen und Mainstream-Medien seit Jahren eine gemeinsame Kampagne, als ob in Deutschland die Apokalypse in den sozialen Netzwerken herrschen würde.

51l1qRjUlQL.jpgZum Vergleich, seit den Grenzöffnungen 2015 hat der Generalbundesanwalt 2645 islamistische Terrorverfahren eingeleitet und das BKA weist 1,3 Millionen Straftaten durch Flüchtlinge aus, darunter Mord, Totschlag, Messerangriffe, Terroranschläge, bewaffnete Raubüberfälle, Drogenhandel, Vergewaltigung und Gruppenvergewaltigung. Eine entsprechende Reaktionen darauf von Genossin Justizministerin? – Fehlanzeige! Gab es aufgrund dieser Verbrechenswelle eine Gesetzesinitiative der Bundesregierung und eine konsequente Abschiebepolitik von kriminellen wie abgelehnten Asylbewerbern? Auch dies nicht. Wurden diese Gefahren für die Bevölkerung in den Medien entsprechend thematisiert und der Kontrollverlust und das Staatsversagen der Politik angeprangert und die Politik endlich zum Handeln aufgefordert? Wir alle kennen die Antwort!

Der propagierte »Kampf gegen Rechts« hat ein tyrannisches Regime erschaffen, unter dessen Vorwand die Bundesregierung die Bürger dieses Landes seiner elementaren Grundrechte wie Meinungsfreiheit, Versammlungs- und Demonstrationsfreiheit beraubt. Neu eingeführte Begriffe wie Hate Speech und Hasskriminalität wurden mit Komplizenschaft der Medien, linker Ideologen und steueralimentierter NGOs im Schnellschritt verbreitet, mit einer Gesetzeshülle versehen und zu einem herrschsüchtigen Zensur- und Unterdrückungsapparat ausgebaut. Längst nehmen sich Diktaturen wie das kommunistische China das deutsche Gesetz zur Verbesserung der Rechtsdurchsetzung in sozialen Netzwerken (NetzDG) als Vorbild zur Unterdrückung der Bevölkerung und zur Kontrolle des Internets, von Facebook, Twitter und YouTube.

Eines wird bei der Begutachtung dieser Vorgänge deutlich: Der Rechtsstaat wird angegriffen. Nicht von rechts, auch nicht von links, sondern durch Genossin Justizministerin und die Bundesregierung.

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Dienstag, 22.09.2020

lundi, 03 août 2020

La Purge : l’aboutissement naturel de la censure par les « éveillés » est la tyrannie

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La Purge : l’aboutissement naturel de la censure par les « éveillés » est la tyrannie

 
Article original de Brandon Smith, publié le 30 juin 2020 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Comme je l’ai déjà fait remarquer dans le passé, pour être conservateur, il faut s’en tenir à certains principes. Par exemple, il faut s’opposer aux grandes intrusions du gouvernement et de l’État dans la vie des individus, il faut soutenir notre cadre constitutionnel et défendre les libertés civiles, et il faut aussi faire respecter les droits de la propriété privée. Les sites web sont en effet une propriété privée, tout comme la maison d’une personne est une propriété privée. Il n’existe pas de droit à la liberté d’expression au domicile d’une autre personne, et il n’existe pas de droit à la liberté d’expression sur un site web.

Cela dit, il y a quelques exceptions. Lorsqu’une société ou un groupe de sociétés détient un monopole sur une certaine forme de communication, des questions juridiques entrent en jeu lorsqu’ils tentent de censurer les points de vue de tout un ensemble de personnes. Les sociétés existent grâce à des chartes parrainées par le gouvernement ; elles sont des créations du gouvernement et bénéficient de certaines protections juridiques par le biais du gouvernement, comme la responsabilité limitée et le statut de personne morale. Les entreprises sont un produit du socialisme, et non du capitalisme de marché libre ; et lorsqu’elles deviennent des monopoles, elles sont soumises à une réglementation et à des limites.

De nombreuses entreprises ont également bénéficié d’importants plans de sauvetage gouvernementaux, avec l’argent du contribuable, et la protection sociale des entreprises. Google et Facebook, par exemple, ont récolté des milliards de dollars de subventions fédérales et étatiques en quelques années. Google ne paie même pas pour l’énorme bande passante qu’il utilise. Il n’est donc pas exagéré de suggérer que si une entreprise bénéficie de la pleine protection du gouvernement, du domaine juridique au domaine financier, elle entre dans la catégorie des services publics. Si elle est autorisée à continuer à monopoliser la communication tout en étant dorlotée par le gouvernement comme étant « trop grande pour faillir », elle devient alors une menace publique.

Cela ne veut pas dire que je soutiens l’idée de la nationalisation. Au contraire, les désastres du socialisme ne peuvent pas être guéris avec encore plus de socialisme. Cependant, les monopoles sont un poison pour les marchés libres et la liberté d’expression et doivent être déconstruits ou abolis.

Au-delà des monopoles d’entreprise, il y a aussi le danger des monopoles idéologiques. Considérez ceci : la grande majorité des entreprises de la Silicon Valley qui contrôlent la part du lion des plate-formes de médias sociaux sont dirigées par des politiciens d’extrême gauche et des globalistes ouvertement hostiles aux valeurs conservatrices et modérées.

En voici un exemple : trois des plus grandes plate-formes sur Internet – Reddit, Twitch et YouTube – ont agi simultanément en un seul jour pour fermer des dizaines de milliers de forums, de diffuseurs de flux et de chaînes vidéo, dont la majorité épousent des arguments conservateurs que les médias appellent des « discours de haine ».

Il est certain qu’au moins quelques unes des chaînes fermées se placent dans une situation de supériorité raciale. Cependant, je continue de voir les médias grand public accuser tous les gens qui sont réduits au silence en ce moment de le mériter en raison du « racisme » et des « appels à la violence », et je n’ai pas encore vu qu’ils offrent une seule preuve à l’appui de ces affirmations.

Un article récent du site Salon de l’hyper-gauche est un parfait exemple de l’hypocrisie et de la folie de la justice sociale laissée à elle-même. Il s’intitule « Twitch, YouTube et Reddit punissent Trump et les autres racistes – et c’est une grande chose pour la liberté ». Voici quelques extraits avec mon commentaire :

Salon : La liberté est impossible pour tout le monde lorsque les points de vue qui prévalent déshumanisent tout le monde. Et il semble que plusieurs grandes plates-formes de médias sociaux soient d’accord, à en juger par les récentes interdictions ou suspensions de comptes racistes sur YouTube, Twitch et Reddit.

Ma réponse

La liberté ne peut pas être enlevée par le point de vue d’une autre personne. Chaque individu a un contrôle total sur le fait qu’il se « sente » ou non marginalisé et aucune désapprobation ne peut réduire une personne au silence si elle ne le permet pas. Si vous êtes faible d’esprit ou manquez de volonté, alors développez une colonne vertébrale au lieu de vous attendre à ce que le reste du monde se taise pour vous mettre à l’aise.

Vous vous souvenez de l’époque où la gauche politique était le bastion du débat sur la liberté d’expression contre la censure de la droite religieuse ? Aujourd’hui, les gauchistes ont leur propre religion – ou culte – et ils ont changé d’avis sur l’importance d’un dialogue ouvert.

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Salon : Pour ceux qui sont déshumanisés – que ce soit par le racisme, le sexisme, les classes sociales, le capacitisme, le sentiment anti-LGBTQ ou tout autre préjugé – leurs voix sont assourdies ou carrément réduites au silence, et ce faisant, ils perdent leur capacité à participer pleinement à notre démocratie. Nous devons tous vivre dans une société où la haine est découragée, discréditée et, dans la mesure du possible, complètement éliminée de notre discours. Cela ne signifie pas que nous devons qualifier toutes les idées de haineuses simplement parce que nous ne sommes pas d’accord avec elles ; cela va à l’encontre de la célèbre déclaration du président Dwight Eisenhower, « Dans une démocratie, le débat est le souffle de la vie ». Mais lorsque la haine réelle entre dans le dialogue, elle agit comme une fumée toxique dans l’air du débat, étouffant certaines voix et affaiblissant les autres.

Ma réponse

Par où commencer avec le tas fumant d’absurdités de ces « éveillés » ? Tout d’abord, il est impossible d’être « déshumanisé » par l’opinion d’une autre personne à votre sujet. Si cette personne a tort, ou si elle est idiote, son opinion n’a aucun poids et doit être ignorée. Votre valeur n’est pas déterminée par son opinion. Personne ne peut être « réduit au silence » par le point de vue d’une autre personne à moins qu’il ne se laisse faire. S’ils ont raison à votre sujet et vous disent quelque chose que vous ne voulez pas entendre, alors c’est votre problème, pas le leur. Personne dans ce monde n’a le droit d’être protégé contre les opinions d’autrui. Point final.

Cela ne devrait surprendre personne, cependant, que les gauchistes tentent activement de faire taire toute dissidence tout en accusant les conservateurs d’étouffer la liberté d’expression. C’est ce qu’ils font ; ils jouent les victimes tout en cherchant à les persécuter. Ils n’ont pas de principes. Ils ne se soucient pas d’avoir raison, ils ne se soucient que de « gagner ».

En vertu du 1er amendement, tous les discours sont protégés, y compris ce que les gauchistes qualifient arbitrairement de « discours de haine ». Vos droits sont protégés, sauf si vous diffamez sciemment une personne en particulier ou si vous menacez de recourir à une violence spécifique contre une personne en particulier. L’interprétation d’un discours général comme une « menace » en raison de la façon dont il pourrait être ressenti par certaines personnes ne tiendra pas devant un tribunal. Ou du moins, cela ne devrait pas tenir la route…

Les politiciens de gauche se sont déclarés les arbitres de ce qui constitue un « discours de haine », le problème est qu’ils considèrent tout ce qui est conservateur comme raciste, sexiste, misogyne, etc. Aucun être humain ou groupe d’êtres humains n’est assez pur ou objectif pour juger de ce qui constitue un discours juste ou acceptable. Par conséquent, toute parole doit être autorisée afin d’éviter la tyrannie.

Si une idée est injuste, alors la gauche politique a tout à fait le droit de la contrer avec ses propres idées et arguments. Il est inacceptable d’« effacer » toutes les idées opposées du discours public, et c’est exactement ce que le mouvement pour la justice sociale tente de faire. Si vous voulez effacer ces idées de votre propre maison, ou de votre site web personnel, vous êtes parfaitement en droit de le faire, mais vous n’avez pas le droit d’affirmer un monopole sur la parole et le récit politique.

En général, lorsqu’un groupe de fanatiques tente d’effacer des idéaux opposés dans la discussion, cela signifie généralement que leurs propres idéaux ne résistent pas à l’examen. Si votre idéologie est pure et correcte dans sa forme, il ne devrait pas être nécessaire de tromper les masses pour qu’elles l’acceptent en nettoyant l’internet.

Enfin, l’Amérique n’a pas été fondée en tant que démocratie, nous sommes une république, et pour cause. Une démocratie est une tyrannie de la majorité ; un enfer collectiviste où le pouvoir est centralisé entre les mains de quiconque peut rallier 50.01% de la population à sa cause. Les marxistes et les communistes aiment l’idée de « démocratie » et en parlent souvent parce qu’ils pensent qu’ils sont parfaitement équipés pour manipuler les masses et former une majorité. Mais, dans une république, les droits individuels sont protégés sans égard à ce que la majorité croit à un moment donné, et cela inclut le droit à la liberté d’expression.

Dans le même temps, Salon prétend valoriser la libre discussion, puis appelle à la destruction de la liberté d’expression et des idées opposées au nom de la protection de la sensibilité des gens à la peau fragile. En d’autres termes, la liberté d’expression est bonne, à moins que ce soit un point de vue qu’ils n’aiment pas, alors elle devient un discours de haine et doit être supprimée.

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Salon : Reddit a fait référence à une déclaration de Salon expliquant que « nous nous sommes engagés à combler le fossé entre nos valeurs et nos politiques pour traiter explicitement de la haine » et qu’« en fin de compte, il est de notre responsabilité de soutenir nos communautés en prenant des mesures plus fermes contre ceux qui tentent d’utiliser des parties de Reddit comme armes contre d’autres personnes ».

Ma réponse

En d’autres termes, ils n’aiment pas que les conservateurs utilisent leurs programmes contre eux, et comme la gauche politique est incapable de présenter des arguments valables pour défendre ses convictions et qu’elle est en train de perdre la guerre culturelle, ils jouent le tout pour le tout et cherchent plutôt à effacer tous les conservateurs de leurs programmes. L’excuse du « discours de haine » n’est qu’un faux raisonnement. Les guerriers de la justice sociale sont debout sur un tas de fumier et prétendent qu’il s’agit d’une question de morale.

Salon : Personne qui comprend le droit constitutionnel ne peut soutenir que ces décisions d’entreprises violent le premier amendement qui ne protège que la parole contre la répression gouvernementale. Le professeur Rick Hasen, de la faculté de droit de l’université de Californie à Irvine, a déclaré à Salon par courriel que « les entreprises privées qui gèrent des sites web ne sont pas susceptibles d’être poursuivies pour avoir violé le Premier Amendement. Les sociétés sont des acteurs privés qui peuvent inclure n’importe quel contenu qu’ils veulent, à moins qu’une loi ne les en empêche. »

Ma réponse

Là encore, ce n’est pas tout à fait vrai. Les entreprises sont des constructions du gouvernement et reçoivent des privilèges spéciaux de la part du gouvernement. Si les entreprises forment un monopole sur une certaine forme de communication et qu’elles tentent de censurer tous les points de vue opposés à cette plate-forme, elles peuvent être démantelées par le gouvernement pour empêcher la destruction du marché. De plus, le gouvernement peut annuler la responsabilité limitée et le statut de personne morale de ces sociétés en guise de punition pour avoir violé la confiance du public. Et enfin, toute entreprise qui dépend de l’argent des contribuables ou d’incitations fiscales spéciales pour survivre peut et doit se voir retirer cet argent lorsqu’elle tente d’affirmer un monopole.

Oui, il existe des plate-formes alternatives sur lesquelles les gens peuvent se rendre, mais qu’est-ce qui empêchera les monopoles de gauche / globalistes d’acheter tous les autres médias sociaux et plate-formes médiatiques standard comme ils l’ont fait ces dix dernières années ? Qu’est-ce qui empêchera les intérêts gauchistes/globalistes d’utiliser l’argument du « discours de haine » pour faire pression sur toutes les autres plate-formes web, y compris les fournisseurs de services et de domaines, afin d’éliminer les conservateurs ?

Enfin, ce n’est pas parce qu’une chose est techniquement légale qu’elle est forcément juste. Les entreprises exploitent la protection du gouvernement, tout en prétendant ne pas être soumises à la réglementation gouvernementale ? La gauche déteste les entreprises américaines, mais elle les défend volontiers lorsqu’elles censurent les conservateurs ? C’est de la folie.

L’auteur de Salon déblatère ensuite sur le fait qu’il a été victime de racisme – tous les Guerriers de la justice sociale mesurent la valeur personnelle au niveau relatif de victimisation d’une personne par rapport aux autres. Ses affirmations sont sans rapport avec l’argument en question, puis il poursuit…

Salon : La menace d’utiliser le pouvoir du gouvernement pour exercer des représailles contre ces entreprises, d’autre part, est une menace à la fois à la lettre et à l’esprit du premier amendement. On ne l’empêche pas, lui et ses partisans, de diffuser leurs points de vue sur d’autres plate-formes…

Ma réponse

Voici le seul domaine dans lequel je suis partiellement d’accord avec Salon. Tous mes lecteurs savent que je ne fais pas confiance à Donald Trump pour faire ce qu’il faut, surtout à cause des élitistes dont il s’entoure dans son cabinet. En fin de compte, Trump agira dans leur meilleur intérêt et non dans celui du public. Lui donner (ou à la FCC) le pouvoir de dicter les règles d’élocution sur Internet est une mauvaise idée. De plus, pour ceux qui pensent que le processus électoral est toujours important, que se passerait-il si nous donnions de tels pouvoirs au gouvernement aujourd’hui et que la gauche politique entrait à la Maison Blanche demain ? Aïe ! Alors nous n’aurons plus de place pour nous plaindre car ils feront très certainement volte-face et utiliseront le pouvoir du gouvernement pour faire taire leur opposition.

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Bien sûr, si les rôles étaient inversés et que les entreprises évinçaient des milliers de forums et de vidéos sur la justice sociale, les gauchistes crieraient au meurtre sanglant à propos de la « censure des entreprises » et de la « discrimination ». Pour l’instant, dans leur esprit, discrimination raciale = mauvais. Discrimination politique = bon.

Mais la question du monopole est toujours d’actualité, et un monopole idéologique associé à un monopole corporatif est une monstruosité qui ne peut être tolérée. Le gouvernement peut et doit démanteler de tels monopoles sans tomber dans le piège de la nationalisation.

Oui, nous pouvons aller sur les petites plate-formes qui bourgeonne et laisser Twitter, Facebook, Reddit, YouTube, etc. derrière nous. Je dis depuis des années que les conservateurs avec leur capital devraient lancer leurs propres médias sociaux alternatifs. En fait, c’est exactement ce qui est en train de se produire. Il y a eu un exode massif des utilisateurs des sites web traditionnels ces derniers temps. Je dis, laissons les guerriers de la justice sociale avec leurs chambres d’écho et peut-être que ces entreprises s’effondreront. Le slogan « Éveille-toi et va dans le mur » s’applique toujours. Mais le gouvernement ne peut plus protéger ces entreprises non plus. Alors que le gouvernement fait pleuvoir l’argent du renflouement et l’aide aux entreprises sur les sociétés de médias, voter avec vos pieds n’a pas le même effet ou n’envoie pas le même message.

L’avenir de cette situation est sombre. Je ne doute pas que les gauchistes et les globalistes tenteront de purger tous les débats conservateurs de l’internet, au point de tenter de fermer les sites web privés conservateurs par l’intermédiaire des fournisseurs de services. Le résultat final de cette purge est prévisible : la guerre civile ; une question dont je parlerai dans mon prochain article.

Les gauchistes accusent les conservateurs de haine, mais les partisans de la justice sociale semblent détester presque tout. Je ne pense pas avoir jamais vu un groupe de personnes plus obsédées par l’idée de gérer la misère des autres, et elles ne seront jamais satisfaites ou rassasiées. Ce qui est un discours normal aujourd’hui sera étiqueté comme un discours de haine demain. Cette secte doit continuer à justifier sa propre existence. Pour ma part, je ne vais pas vivre ma vie en marchant sur des œufs autour d’une clique de sociopathes narcissiques. Annuler la culture, c’est la loi de cette mafia, et leur loi est au cœur du vrai mal ici ; bien plus dangereux que les simples mots prononcés par un « suprématiste blanc » sur un forum ou une vidéo.

Brandon Smith

11:47 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gafa, censure, tyrannie, brandon smith | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 12 juin 2020

Frédéric Dufoing: “Les huit commandements de la vulgate antifa”

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Frédéric Dufoing: “Les huit commandements de la vulgate antifa”

Ex: https://linactuelle.fr 

Le lancement de Front populaire s’est accompagné d’une campagne de presse à charge contre la nouvelle revue de Michel Onfray, à tel point que les logiques d’amalgame chères à la mouvance antifa ont été reprises par une multitude d’organes de presse tels que Le Monde, Libération ou L’Incorrect – nous espérons qu’ils sont tous heureux d’être ainsi associés. Comment fonctionne cette rhétorique qui, à force de dénoncer le confusionnisme, en vient elle-même à confondre tout et son contraire au nom de procès d’intention dignes à la fois du Politburo et de la cour d’école ? Frédéric Dufoing décrypte le phénomène.


Parlons chocolat. Imaginons que vous aimiez le chocolat et vouliez en manger une tartine. Vous vous mettez alors à discuter avec d’autres amateurs de chocolat pour savoir, disons, lequel est le meilleur (le belge ou le suisse ?), avec quel pain il s’accorde le mieux, etc. L’un de vos interlocuteurs vous annonce qu’il aime aussi la confiture, un autre qu’il mange du chocolat mélangé à de la confiture ; un troisième vous invite à venir parler de votre passion du chocolat sur son site consacré à sa passion du pain où écrivent aussi des passionnés de café ; un quatrième vous explique qu’il aime le chocolat parce que c’est généralement moins sucré que le miel, et un cinquième vous dit qu’un de ses amis lecteur du Point aime le chocolat et qu’Hitler lui-même aimait le chocolat ; un septième vous rappelle que, puisque le chocolat est tout de même sucré, il peut favoriser le diabète. Vous répliquez à un huitième amateur de chocolat, et qui l’est aussi de muffins et de thé à la menthe, que vous n’aimez pas les muffins. Votre petite discussion est alors likée et même relayée sur leur site par des industriels du chocolat en mal de notoriété.

La logique de l’amalgame.

Si cette même petite discussion autour du chocolat arrive aux oreilles d’un journaliste du Monde, d’un politologue publié par Libération ou d’un auteur de L’Incorrect (et de bien d’autres revues, chaînes de télévision et autres sites internet), voire de la revue Lundi Matin ou d’un animateur du blog d’Alain Soral, vous allez apprendre que vous aimez la confiture, que vous mélangez votre chocolat avec de la confiture, que vous êtes passionné de pain et même de café, qu’au moins l’une des raisons pour lesquelles vous aimez le chocolat, c’est qu’il est moins sucré que le miel, que vous lisez le Point ou devriez le lire et que vous avez fort probablement les mêmes opinions qu’Adolf Hitler. Non content de découvrir tant de choses sur vous-même, vous serez paniqué d’apprendre que vous êtes diabétique et que vous détestez non seulement les muffins mais aussi le thé à la menthe, voire que vous détestez les muffins parce que vous détestez le thé à la menthe. Enfin, on vous signalera qu’en entretenant un tel débat, vous avez encouragé la production industrielle de chocolat ou fait, volontairement ou comme « idiot utile » (confusionniste), la promotion de l’industrie du chocolat, qui exploite des enfants et utilise des pesticides – exploitation à laquelle vous êtes sans doute indifférent (ce qui confirmerait  vos tendances hitléristes) et pesticides auxquels vous êtes sans doute favorable (sinon, pourquoi discuter aussi vainement du chocolat, sans d’ailleurs jamais préciser que vous êtes opposé à l’usage des pesticides ?).

Ce type de « raisonnements » complètement faux voire absurdes, que l’on qualifie de sophistiques, sont devenus si courants qu’ils s’imposent comme une méthode commune et banale en vue de dénoncer toute forme de pensée.

Ridicule, n’est-ce pas ? Pourtant, ce type de « raisonnements » complètement faux voire absurdes, que l’on qualifie de sophistiques, sont devenus si courants qu’ils s’imposent comme une méthode commune et banale en vue de dénoncer toute forme de pensée – qu’elle soit d’ailleurs correctement formée ou elle-même sophistique. Le meilleur exemple vient d’en être donné avec la Blitzkrieg lancée par Le Monde, Libération et L’Incorrect contre l’initiative éditoriale de Michel Onfray, la nouvelle revue Front populaire, destinée à renouer le dialogue entre souverainistes. Bien sûr, on peut légitimement reprocher beaucoup de choses à Onfray : ses postures médiatiques, ses références philosophiques, ses incohérences. On peut reprocher beaucoup de choses aussi à la démarche que propose sa revue : par exemple, ne serait-il pas plus intéressant de confronter souverainistes et anti-souverainistes ? Mais la moindre des choses serait de critiquer l’homme et sa revue avec rigueur intellectuelle, c’est-à-dire de respecter les règles qui organisent une argumentation et un débat. La plus élémentaire de ces règles consiste à écouter ce que l’adversaire dit et à ne pas lui prêter des positions ou des intentions qu’il n’a pas ou que d’autres ont eu à sa place.

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Les diverses formes de souveraineté.

Or, non seulement la revue n’est pas encore parue, et donc aucun contenu n’est disponible à ce jour, mais, de surcroît, on se demande comment on peut porter un jugement global, catégorique et uniforme sur une revue dont les contributions sont nécessairement contradictoires – c’est son principe et son très grand intérêt : elle organise un débat. On n’a pourtant pas hésité à affirmer qu’Onfray et sa revue – comme si l’un se réduisait à l’autre – défendraient une souveraineté identitaire, qualifiée « d’extrême droite ».

Comme si toute forme d’identité – objet de recherche de Claude Levi-Strauss, et titre d’un de ses ouvrages – renvoyait mécaniquement à un imaginaire racial, national, essentialiste, par opposition à l’hybridité, au multiculturalisme, à l’universalisme, au bigarré, au métissage – termes du reste opposés ou inassimilables les uns aux autres et présentant des sens très variés.

Comme si l’identité, réduite à l’une de ses versions, était illégitime et sordide face au légitime et noble internationalisme, réduit à… on ne sait plus trop quoi, car l’internationalisme soviétique, celui des anarchistes, celui de la mondialisation du XVIe siècle, celui de la mondialisation du XXe, celui du catholicisme médiéval triomphant, celui de l’islam salafiste, celui de la république des lettres ou celui toujours espéré et jamais construit du syndicalisme, ce n’est pas exactement la même chose… Il en va de même du cosmopolitisme. Lançons un concours :  qui était le plus cosmopolite entre Ivan Illich, Alexandre le Grand, Maïmonide, Gandhi, Magellan, Saartje Baartman, un immigrant wallon au Canada, un immigrant chinois en Indonésie, l’ancien esclave Olaudah Equiano, les paysans français qui demandaient l’abolition de l’esclavage dans leurs cahiers de doléances ou n’importe quel patron de multinationale qui, comme le chantait Brel, a un doigt (c’est-à-dire une villa, une entreprise ou un compte en banque) dans chaque pays ?

La souveraineté populaire n’est ni la souveraineté nationale, ni la souveraineté étatique, moins encore la souveraineté fédérale ou communale.

Comme si la souveraineté elle-même, dont il est justement question de débattre dans la revue, ne pouvait pas relever de plusieurs logiques et définitions très différentes, et pas seulement d’une référence à l’« identité » : la souveraineté populaire n’est ni la souveraineté nationale, ni la souveraineté étatique, moins encore la souveraineté (ou l’autarcie) biorégionale, fédérale ou communale, dont Onfray, en héritier de Proudhon, se dit partisan. Là-dessus, toutes ces souverainetés ne sont pas toujours aisément articulables, compatibles – la nation ayant par exemple été pendant deux cents ans le tombeau des peuples, au sens propre comme au sens figuré : les peuples meurent dans les guerres faites au nom de la nation et se voient écartés du pouvoir par cette fiction hypocrite qui est à son service, la représentation.

Comme si toute forme de compartimentation, de séparation, de distinction entre un « eux » et un « nous » était nécessairement nuisible et artificielle c’est-à-dire, puisque c’est devenu un terme repoussoir, une catégorie de souillure qu’on appelle l’« extrême droite ». On pourrait disserter pendant des heures sur les concepts de « gauche » et de « droite », qui n’ont de légitimité conceptuelle que dans la croyance que l’on a de leur existence et n’ont servi qu’à la dictature des partis et de la militance sectaire, donc de la « démocratie » représentative. On pourrait aussi disserter pendant des heures sur le terme « extrémiste », honteusement hybridé au si beau et si digne « radical ». Cependant, l’expression « extrême-droite » est devenue un tel raccourci dogmatique, un tel automatisme rhétorique, à l’instar du terme « fasciste », qu’il faut s’y arrêter un instant.

Comment avoir l’esprit nazi et prôner l’épuration tout en ayant bonne conscience?

Les huit commandements de la vulgate « antifa ».

Il est des pays où les mouvements, revues, sites, partis, associations, personnalités et produits culturels qualifiés « d’extrême droite » font l’objet d’un « cordon sanitaire », c’est-à-dire d’un refus d’expression dans l’espace public, sous prétexte que leur donner la parole reviendrait à les légitimer, à les reconnaître comme valables et normaux. Dialoguer avec l’« extrême droite », même pour la critiquer, lui permet de répandre ses idées de manière épidémique – ne parle-t-on pas, du reste, de « peste brune » ? – ou littéralement d’activer ses idées dans les cerveaux amorphes des auditeurs passifs… Car ces idées s’y trouvaient déjà, en particulier chez les gens « peu éduqués » : on vous présente régulièrement des études statistiques sur les diplômes des électeurs d’extrême droite. Les gens « peu éduqués », qui ont peu de diplômes (pour ceux qui ne le sauraient pas, on est éduqué lorsqu’on a un diplôme supérieur), c’est la version méprisable du peuple – ceux que les défenseurs de la représentation aux XVIIe et XVIIIe siècle ont réussi à écarter du pouvoir. Ainsi crée-t-on une catégorie marketing, une sorte de jugement ad hominem collectif qui associe : maladie infectieuse, souillure, bêtise, crédulité, manque d’éducation et de culture, « petit peuple » et passivité moutonnière. On ajoutera que les gens qui relèvent de cette catégorie sont irrationnels et passionnels (vieux cliché appliqué au peuple, c’est-à-dire aux pauvres depuis des siècles), tout comme ils sont motivés par la « haine » qu’amène l’« ignorance ». Relèvent donc de cette catégorie aussi bien les contaminants (autrement dit les politiques ou propagandistes) que les contaminés (électeurs ou trolls de comptoirs et de forums), mais aussi ceux qui parlent avec eux, même pour les critiquer (les confusionnistes), ou ceux qui refusent de les mépriser.

Il est des pays où les mouvements, revues, sites, partis, associations, personnalités et produits culturels qualifiés « d’extrême droite » font l’objet d’un « cordon sanitaire ».

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Les huit commandements des préposés à la détection, au fichage et au marquage épidémique des gens censés relever de l’« extrême droite » – préposés qu’on appelle des antifas – sont les suivants :

  1. Si l’on est ami avec quelqu’un qui a les opinions x, on a les mêmes opinions ;
  2. Si l’on est l’ami d’un type qui est ami avec un type qui a les opinions x, on a les mêmes opinions ;
  3. Si l’on a partagé un moment, un événement, ou discuté avec un individu qui a les opinions x, on a les mêmes opinions ;
  4. Si l’on est admiré ou cité par des individus ayant une opinion x, on a les mêmes opinions ;
  5. Si l’on a participé à une émission ou écrit dans une revue, on en partage les opinions, en tout ou en partie, anciennes, présentes et futures ;
  6. Si l’on a défendu les opinions x, on les défend encore et on les a toujours défendues, ou on les défendra toujours ;
  7. Si l’on a la même opinion qu’un individu x, on partage toutes les opinions de cet individu ;
  8. Si l’on partage les opinions d’un individu, on les défend forcément en arguant des mêmes raisons et des mêmes justifications que lui, voire en visant les mêmes buts.

Qu’est-ce qu’un fasciste ?

Quant aux idées de l’extrême droite, ses opposants se gardent bien de les définir clairement, ce ne serait d’ailleurs pas très pratique : ce qui ne s’énonce pas clairement se dénonce d’autant plus facilement. Aussi personne ne sait-il exactement ce qu’est l’extrême droite. Certains mouvements désignés sous ce vocable infâmant optent pour des politiques ultra-libérales, d’autres pour des politiques étatistes et protectionnistes. Certains s’accommodent très bien du parlementarisme, d’autres privilégient plutôt les systèmes oligarchiques.

Et s’il s’agit d’une idéologie raciste, on la retrouve absolument partout, dans tout le spectre des projets politiques. Et puis, qu’entend-t-on pas racisme ? Est-ce l’essentialisation de catégories d’humains (par les genres, les statuts, les caractéristiques physiques ou mentales, etc.) ? La croyance en l’existence de races ou de cultures hiérarchisées, dont certaines auraient comme destin de dominer ou d’exterminer les autres ? La croyance en des races ou des cultures différentes, non hiérarchisées, mais destinées à ne pas entrer en contact faute de quoi le métissage les détruirait ? La croyance en l’existence de races ou de cultures destinées à être finalement mixées, mélangées, ou dans l’idée qu’une culture prétendument plus tolérante que les autres devrait les prendre sous son aile pour les protéger ? La croyance dans la prépondérance du groupe auquel on appartient, quel qu’il soit, et donc l’hostilité viscérale envers les autres groupes, en particulier quand naît une concurrence pour l’utilisation d’un territoire ou de ses ressources ? La croyance en la nation opposée à d’autres nations – ce qui implique, si l’on est aussi raciste, l’adéquation de la nation et de la race, ou de la nation et de la culture, ou encore de l’Etat, de la nation, de la race et la culture ? L’obsession pour l’homogénéité du groupe, quel qu’il soit, et quoi qu’implique cette homogénéité ? S’il s’agit de la forme que prend la structure de la communauté, est-ce que l’on est donc favorable à un Etat totalitaire ? Ou simplement à un Etat autoritaire ? Ou à l’idée d’un chef charismatique ? Ou au contraire aux vertus de traditions rigides, respectables parce qu’elles sont anciennes ? Toutes ces définitions – et il y en a d’autres – peuvent être contradictoires, ou amener à des conclusions opposées…

Tout le monde est-il d’extrême droite ?

A tel point que, si l’on se rend sur les forums internet, on se fera traiter de fasciste si l’on est pour le port d’arme individuel (liberté à laquelle était farouchement opposé le fascisme, ainsi que les régimes les plus pro-capitalistes de l’histoire humaine) ; contre l’avortement (le fascisme y était favorable, même si sa politique nataliste et le concordat l’ont forcé à mettre de l’eau dans son vin) ; pour l’euthanasie (parce qu’on promeut potentiellement l’élimination des faibles, comme le défendaient les nazis) ; contre l’euthanasie (parce qu’on prive l’individu d’une liberté essentielle, comme le défendent les catholiques) ; contre la PMA (parce que l’on prive une femme de la liberté d’utiliser la science pour son bien-être) ; ou pour la PMA (parce que l’on favorise les mères porteuses, ce qui nuit à la liberté de la femme) ; pour la démocratie directe (parce que le peuple est raciste et irrationnel)  ou pour son contraire, à savoir le pouvoir d’un individu ou d’un groupe (parce que cela détruit les libertés individuelles). Et l’on peut continuer ainsi à l’infini.

A peu près tout le monde, sauf eux (?), est potentiellement, par une caractéristique ou par une autre, d’extrême droite, grâce à l’effet de contagion sophistique.

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Les antifas vous expliquent plus volontiers, sans davantage de clarté pour autant, ce que n’est pas l’extrême droite : pour ne pas être d’extrême droite, il faut être pour la démocratie (oui, mais laquelle ? Parlementaire ? Directe ? Participative ? Communale ? Centralisée ? Fédérale ? …), ou contre le racisme, avec ce signe imparable, paraît-il, qu’il faut être « pour les immigrés », posture assimilée au fait d’être « pour l’immigration » (oui mais laquelle ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?… Est-on moins raciste si l’on accepte les immigrés à condition qu’ils abandonnent leur culture d’origine ou qu’on contraire ils vivent dans leurs ghettos ?). Pour ne pas être d’extrême droite, il faut aussi être féministe (oui, mais quel féminisme : l’égalité ou l’équité homme/femme ? Le féminisme différentialiste ? Le féminisme évolutionniste, qui tient compte des données biologiques ? Le féminisme relativiste ou le féminisme universaliste ? Le féminisme qui nie l’existence des genres ou celui qui transformer les contenus de genres ?). Et il faut enfin parfois être contre le capitalisme, mais sans trop savoir ce que c’est, sinon à évoquer la méchante finance et les horribles multinationales. En somme, à peu près tout le monde, sauf eux (?), est potentiellement, par une caractéristique ou par une autre, d’extrême droite, grâce à l’effet de contagion sophistique.

Onfray est-il d’extrême droite ? Pour le savoir, il faut répondre à une double question antifa: est-il clairement favorable à ce qui n’est vaguement pas d’extrême droite ? Et est-il vaguement favorable à ce qui est vaguement d’extrême droite ? Si la réponse est non à la première question, et oui à la seconde, ne lisez surtout pas Front populaire. Vous pourriez être contaminé.

Frédéric Dufoing

vendredi, 05 juin 2020

En Italie, Facebook condamné pour censure et atteinte à la liberté d’expression

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En Italie, Facebook condamné pour censure et atteinte à la liberté d’expression

Secolo d’Italia (Italie) 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Fin de l’impunité pour Facebook ? Ce qui vient de se passer en Italie revêt une importance considérable : un État européen fait prévaloir ses lois sur l’arbitraire des « standards de la communauté ». Nous reprenons un article publié sur le site de la fondation Polémia le 30 mai 2020. Cette victoire italienne pourrait être la première d’une série en Europe au moment où la loi Avia va rentrer en vigueur en France.

C’est un revers historique pour Facebook en Europe. La justice italienne a en effet confirmé la supériorité de la loi nationale sur l’arbitraire des règles privées de Facebook dans le cadre d’un litige entre l’entreprise américaine et le mouvement politique CasaPound. Laurent Solly, l’ancien préfet hors-cadre nommé directeur de Facebook pour la zone Europe du Sud — comprenant l’Italie et la France — voit la censure de Facebook fragilisée par cette décision judiciaire de première importance. Nous proposons aux lecteurs de Polémia la traduction d’un article du site Secolo d’Italia : Casapound gagne encore en justice. Facebook condamné à garder leur page ouverte.

Le Tribunal civil de Rome a rejeté le recours déposé par le réseau social contre l’ordonnance [à effet immédiat] qui ordonnait la réactivation de la page principale de CasaPound Italia.

Une réponse est arrivée après plus de trois mois. L’audience au cours de laquelle Facebook a déposé la plainte s’est tenue le 14 février.

C’est le site du Primato Nazionale qui révèle le dernier épisode du bras de fer.

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Davide di Stefano.

« Nous savons donc aujourd’hui que cette plainte a été rejetée. Et que les dispositions de la juge Stefania Garrisi ont été confirmées. Cela signifie que la page CasaPound et le profil de Davide Di Stefano, défendus par les avocats Augusto Sinagra et Guido Colaiacovo, restent actifs. Facebook est également condamné à payer des frais de justice pour 12 000 euros. »

Dans une intervention signée par lui, Davide Di Stefano explique que les attendus de la sentence confirment la supériorité hiérarchique des principes constitutionnels et du droit italien par rapport aux « normes de la communauté » du géant social et aux contrats privés.

Dans la disposition du collège composé des juges Claudia Pedrelli, Fausto Basile et Vittorio Carlomagno, est indiquée « l’impossibilité de reconnaître à une entité privée, telle que Facebook Ireland, sur la base de dispositions marchandes et donc en raison de la disparité de la force contractuelle, des pouvoirs ayant substantiellement incidence sur la liberté d’expression de pensée et d’association, et qui dépasseraient ainsi les limites que le législateur lui-même s’est fixées en droit pénal ».

« L’arrêt — explique la Cour – se trouve conforté dans le fait que, comme indiqué dans l’ordonnance attaquée, CasaPound est ouvertement présent dans le paysage politique depuis de nombreuses années ».

« L’exclusion de CasaPound de la plateforme — écrivent les magistrats — doit donc être considérée comme injustifiée sous tous les profils mentionnés par Facebook Ireland ».

« Le periculum in mora [danger/dommage causé par le retard, NdT] doit être considéré comme subsistant sur la base des considérations formulées dans l’ordonnance contre laquelle il a été fait recours, qui méritent d’être pleinement partagées, sur le rôle prééminent et relevant joué par Facebook dans les réseaux sociaux. Et, donc, objectivement aussi dans la participation au débat politique ».

N’appartient donc pas à Facebook « la fonction d’attribuer de manière générale à une association une “licence” établissant le caractère licite d’une association. Étant donné que la condition et la limite de l’activité de toute association est le respect de la loi. Dont la vérification est laissée au contrôle juridictionnel général ».

Dans l’ordonnance des juges du Tribunal civil de Rome, il est fait référence aux articles 18 et 21 de la Constitution, sur la liberté d’association et la liberté de pensée. Par conséquent, et peu importe que CasaPound soit un parti ou non, la priorité de la primauté nationale, la liberté d’association et de pensée doit être garantie.

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« Il n’a pas trouvé que CasaPound relève de la définition d’une organisation incitant à la haine telle que prévue par les Standards de la Communauté [Facebook], c’est-à-dire “engagée dans la violence” par des actions de ”haine organisée” et ”de violence organisée ou d’activité criminelle” », peut-on toujours lire dans l’ordonnance.

Qui conclut en expliquant comment, « en l’absence de violations constatées et de ne pas pouvoir apprécier le caractère préventif des objectifs de l’association au regard des principes constitutionnels, la désactivation de la page Facebook est injustifiée. Elle est à l’origine d’un préjudice non susceptible de réparation en contrepartie, relatif à la participation de CasaPound au débat politique, ayant incidence sur des biens protégés par la Constitution ».

Traduction Polémia

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samedi, 16 mai 2020

Loi Avia, nouvelle tache indélébile

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Loi Avia, nouvelle tache indélébile

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: https://www.insolent.fr

On peut difficilement mettre, je crois, Mme Ruth Elkrief, et  BFM-TV auquel elle consacre ses talents, au premier rang des adversaires de la Macronie. C'est pourtant elle, si mon souvenir est exact, que j'ai entendue pour la première fois au début de ce printemps, qui parlait de la gestion lamentable des masques, comme d'une tache indélébile marquant au fer rouge ce gouvernement que le monde ne nous envie guère.

Hélas d'un point de vue objectif, cette faute difficilement effaçable ne peut être considérée ni pour la première depuis 2017, ni pour la dernière.

Les déclarations commises à Alger sur la colonisation, qualifiée pendant la campagne électorale, de crime contre l'humanité[1], ont semblé, par exemple, encore plus impardonnables, et de nature à empêcher que l'on ne puisse jamais se rallier à leur auteur.

En effet, elles constituaient le prélude à d'autres atteintes irrémédiable à la dignité française et à l'identité européenne.

L'une des plus graves a été scellée par le parti LREM avec la loi Avia dont le propos théorique prétend lutter contre la haine sur internet. Ce 13 mai, le texte a été adopté en deuxième lecture à l'assemblée, par la majorité macronienne et elle seule.

Elle s'inscrit certes dans la suite de toute la série des lois mémorielles absurdes et liberticides adoptées, l'une après l'autre, par la cinquième république depuis 40 ans, notamment depuis cette Loi Pleven de 1971 dont on ignore toujours qui l'a réellement votée.

Cependant, on doit prendre acte que, cette fois les députés de droite, ceux du groupe LR comme des non-inscrits d'étiquette RN ont pratiquement tous voté contre.

Notons aussi que des oppositions se sont levées chez les radicaux du groupe Libertés et Territoires, et au sein de la gauche qui s'est globalement abstenue. Également, le 12 mai, Mediapart publiait un dossier terrible contre la promotrice du texte.[2]

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Si le phénomène des sites internet, que nous appelons réseaux sociaux, induit la nécessité de règlements nouveaux, on pourrait se demander si la vraie question ne porte pas sur l'originalité de leur fonctionnement : dans le contexte du web 2.0, l'anonymat des intervenants fait porter sur les éditeurs juridiques des pages, une responsabilité disproportionnée. Remédier à ce travers ne devrait pas soulever de problèmes insolubles, mis personne ne semble s'en préoccuper.

En l'occurrence, pourtant, ce n'est pas à ce questionnement que répond la nouvelle loi.

Si un texte pareil était apparu au Nicaragua, ou dans une quelconque république bananière, catégorie vers laquelle semble désireuse d'évoluer le régime macronien, on pourrait se plaire à ironiser sur la signification même de ce mot. Là où il n'y a pas d'amour, est-ce nécessairement de la haine ? Montherlant, un peu oublié, c'est dommage, faisait lui-même l'apologie du mépris, qui, selon lui "fait partie de l'estime". Avec le propos de Mme Avia, conservera-t-on seulement le droit de demeurer dans l'indifférence ?

Observons avec Bruno Retailleau que "ce texte va confier aux GAFAM le soin de réguler une liberté publique, le soin de censurer. C'est la société de la surveillance généralisée que l'on nous propose". Et le chef de file des sénateurs LR renvoie à son discours de décembre 2019, lorsque la loi Avia se trouvait en discussion au sein de la chambre haute[3].

Et on tâtera bientôt, au sein des instances de censure du net, du poids des amis de l'islamo-terrorisme. La quête du politiquement correct caractérise, au plan électoral français la Macronie, au plan international les organisations patronnées par le financier Soros.  Mais le vrai processus reste formaté par les Frères musulmans. Il évoluera bientôt vers une loi contre le blasphème, revendication mondiale de l'islamisme.

J.-G. Malliarakis.

 
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Apostilles:

[1] cf. article  publié le 15 février "Macron qualifie la colonisation de crime contre l’humanité".
[2] cf. article "Laetitia Avia, la députée LREM qui horrifie ses assistants".
[3]cf. son twitt du 13 mai 2020.